Nymphe
Le mot nymphe est le terme générique pour désigner des divinités mineures dans la mythologie grecque et romaine. Les nymphes sont principalement représentées sous des traits féminins et sont associées aux différents aspects de la nature.
Étymologie
Leur nom vient du grec ancien νύμφη / nýmphē, signifiant généralement « jeune fille » et, selon les contextes, « jeune fille en âge d’être mariée », « fiancée » ou « vierge ». Les nymphes personnifient les activités créatives et productives de la nature. Elles sont quelquefois liées à un lieu ou un élément particulier, et pouvaient faire l’objet d’un culte local. Elles accompagnent parfois d’autres divinités, dont elles forment le cortège.
Le terme de « nymphe » est parfois utilisé, dans un sens plus large, pour désigner des divinités de la nature dans d’autres mythologies (ex. : les ondines et nixes de la mythologie germanique, les wilis de la mythologie slave, La Nymphe de la rivière Luo dans la mythologie chinoise, etc.).
Leur nom a donné naissance au terme « nymphomanie », car elles étaient réputées pour leurs nombreuses aventures sexuelles. De fait, les mythes les associent fréquemment aux satyres, d’où une tendance d’hypersexualité fantasmée.
Mythes
Les nymphes sont des divinités féminines de la nature, caractérisées par la beauté. Elles peuplent selon leurs affinités les forêts, vallées, bocages, sources, rivières, montagnes, grottes, etc. Elles sont souvent associées à des divinités supérieures, comme les Océanides ou les Néréides qui habitent le royaume de Poséidon.
Les nymphes sont souvent les progénitures de dieux, comme Calypso qui est la fille d'Atlas.
De leur union avec les mortels ou les dieux sont nés les héros, les demi-dieux; comme Achille, fils de la Néréide Thétis.
Pouvoirs des nymphes et ambiguïtés
La nature divine des nymphes n'est pas limitée à leur beauté. Par exemple, on attribue à Circé des capacités magiques et à Calypso la possibilité de rendre les humains immortels.
Les capacités surnaturelles des nymphes laissent entendre une ambiguïté quant à leurs nature. Dans l’Odyssée d'Homère, Calypso est tantôt appelée "nymphe", tantôt appelée "déesse". Cette ambiguïté est accentuée quand elle offre à Ulysse l'immortalité, une capacité traditionnellement attribuée aux dieux. Cela ajoute la question de l'espérance de vie des nymphes: il est établi qu'elles vivent longtemps sans être immortelles. Dans le même chant, Homère parle de Calypso comme nymphe et déesse, mais décrit Pénélope comme une nymphe; ce qui suggère que le terme n'est pas réservé exclusivement à une créature mythologique mais aussi aux jeunes femmes1.
L'attribution du terme "nymphe" à Pénélope, alors qu'elle est humaine, lui donne un pouvoir sur son entourage: en tant que jeune femme à marier, elle fait attendre les prétendants et maintient ainsi le foyer dans l'attente du retour d'Ulysse2. La capacité de figer l'environnement sous leur contrôle est un pouvoir que l'on retrouve chez d'autres nymphes précédemment citées, comme Calypso avec son pouvoir à rendre immortel1.
Pour les chercheuses Vinciane Pirenne-Delforge et Gabriella Pironti, ce statut entre-deux des nymphes remet en question la nature même des dieux grecs, la rendant bien plus complexe3.
Typologie
Il y a différentes sortes de nymphes, selon le milieu naturel où elles vivent. On distingue notamment :
Nymphes célèbres
Parmi les nymphes les plus célèbres sont comptées la néréide Amphitrite, l'épouse de Poséidon4. Daphné se transforma en arbre pour échapper à Apollon. Calypso, qui accueillit Ulysse après un naufrage. La nymphe Thétis trempa son fils Achille dans le Styx pour le rendre invulnérable. Il y a aussi l'oréade Echo qui utilisa son bavardage pour distraire Héra pendant que Zeus la trompe5.
Influences dans la Culture occidentale
La figure des nymphes est très présente dans les arts.
Dans la littérature, on les retrouve en poésie (L'après-midi d'un faune, Mallarmé, 1876; Odyssée d'Homère, Métamorphoses d'Ovide) et dans la littérature romanesque notamment dans les genres de l'imaginaire (Le Sorceleur, Percy Jackson). Les nymphes font également partie des créatures présentes dans Le Monde de Narnia, l'univers imaginé par C.S. Lewis.
Elles sont aussi très présentes dans les arts, autant en sculpture (Apollon et Daphné, Le Bernin, 1622-1625), qu'en peinture (Circé offrant la coupe à Ulysse, Waterhouse, 1891).
En musique, on retrouve souvent le mythe d'Eurydice aussi bien dans des œuvres classiques (Gluck, Orphée et Eurydice, 1762) que dans des œuvres contemporaines (Anaïs Mitchell, Hadestown, 20066).
L'univers des jeux s'inspire souvent de la mythologie, si bien que la présence des nymphes y est fréquente. On parle ici des jeux vidéo (Age of Mythology (2002), Naiad Game (2021)7), comme des jeux sur table les mettent aussi en scène (Critical Role, campagne 1, scène où une nymphe donne son cœur à Grog).
Dans l'industrie du cinéma, les nymphes sont présentes dans les films d'animation comme Hercule (Disney, 1997) et Fantasia 2000, les films comme La Belle et la Bête (Gans, 2014) et les séries télévisées (Charmed, saison 5, épisode 19: Nymph just wanna have fun, 2003).
La Nymphe d'Or est un prix du festival de télévision de Monte-Carlo.
Le monde de la mode s'empare aussi des mythes des nymphes pour nommer des parfums, comme le A Chant for the Nymph de Gucci8; ou sont intégrés dans la joaillerie, comme dans les travaux de Marc Auclert9.
Notes et références
Notes
Le mot nymphe est l'un des noms donnés aux petites lèvres de la vulve.
La grande beauté de nymphe a donné le terme de nymphomane, qui désigne un comportement de hypersexualité (appelé aussi sexualité compulsive).
Le mot nymphe est par ailleurs utilisé pour désigner un type de nénuphar, Nymphaea, qui inspira à partir des années 1900 le peintre français Claude Monet pour sa série nommée Les Nymphéas ou "paysages d'eau"10. Ces œuvres exposées au Musée de l'Orangerie continues d'inspirés les artistes contemporain, comme le vidéaste Ange Leccia11.
Le mot nymphe est aussi le nom d'une famille d'insectes, les Nymphidae, qui comporte un élément nommé Nymphes. En biologie, on appelle aussi la nymphe un stade de développement des insectes.
Références
- Irad Malkin, « The Odyssey and the Nymphs », GAIA. Revue interdisciplinaire sur la Grèce ancienne, vol. 5, no 1, , p. 11–27 (DOI 10.3406/gaia.2001.1359, lire en ligne [archive], consulté le )
- François Dingremont, « Pénélope, la meilleure des Achéennes », GAIA. Revue interdisciplinaire sur la Grèce ancienne, vol. 15, no 1, , p. 11–40 (DOI 10.3406/gaia.2012.1581, lire en ligne [archive], consulté le )
- Merryl Moneghetti, Laure-Hélène Planchet et Margaux Viel, « Convoquer les nymphes, partie 1 ou le statut d’entre-deux des nymphes » [archive], sur France Culture, (consulté le )
- Encyclopædia Universalis, « NÉRÉIDES » [archive], sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
- Ovide, Métamorphoses : Livre III - Légendes thébaines : Narcisse et Echo
- (en-US) Condé Nast, « Hadestown Will Be Your Next Musical Theater Obsession » [archive], sur Vogue, (consulté le )
- (en-US) Ana Diaz, « Summer lives on in this game inspired by a Greek water nymph » [archive], sur Polygon, (consulté le )
- (en-US) Condé Nast, « The Best Perfume for Women: All the Great Scents Come With a Story » [archive], sur Vogue, (consulté le )
- (en-US) Condé Nast, « Dior, Louis Vuitton, De Beers, and More—A Virtual Tour Through the Fall 2017 High Jewelry Collections » [archive], sur Vogue, (consulté le )
- Matthieu Garrigou-Lagrange, « Les Nymphéas ou la jeunesse retrouvée de Monet » [archive], sur France Culture, (consulté le )
- Roxana Azimi, « Les nymphéas d’Ange Leccia au Musée de l’Orangerie, à Paris », Le Monde.fr, (lire en ligne [archive], consulté le )
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Articles connexes
Bibliographie
- Paracelse, Le Livre des nymphes, des sylphes, des pygmées, des salamandres et de tous les autres esprits (Liber de Nymphis, sylphis, pygmaeis et salamandris et de caeteris spiritibus), trad. de l'all., Nîmes, Lacour, 1998, 308 p.
Sirène
Pour l’article ayant un titre homophone, voir Cyrène.
Une sirène (en grec ancien σειρήν / seirến1, en latin siren) est une créature légendaire mi-femme mi-poisson du folklore médiéval nord-européen.
Le premier à avoir mentionné les sirènes est dans le livre d'Hénoch, un apocryphe (livre hors de la bible), au chapitre 19 où les anges déchus, à cause de Satan, le diable, se sont rebellés ouvertement contre leur créateur, Dieu, et ils ont fait l'amour aux filles de la terre, qui engendrent les sirènes2.
Il ne faut pas confondre la sirène du folklore nord-européen, traitée dans le présent article, et la sirène de la mythologie grecque, mi-femme mi-oiseau, même si ces deux créatures marines féminines ont en commun l'envoûtement des marins.
Il ne s'agit en aucun cas d'une divinité de la mer.
Les sirènes dans la tradition scandinave
Pour les Scandinaves, la sirène est un monstre redoutable appelé Margygr (la « géante de mer »). L’œuvre norvégienne le Konungs skuggsjá (Miroir royal en vieux norrois) la décrit comme une avenante créature ressemblant à « une femme en haut de la ceinture, car ce monstre avait de gros mamelons sur la poitrine, comme une femme, de longs bras et une longue chevelure, et son cou et sa tête étaient en tout formés comme un être humain ». Ce monstre paraissait grand, avec un visage terrible, un front pointu, des yeux larges, une grande bouche et des joues ridées. Au VIIe siècle, le moine anglais Aldhelm de Sherborne les décrit comme des vierges à queue de poisson couverte d’écailles. Ces deux représentations vont cohabiter jusqu’au XVe siècle où les sirènes volantes laissent définitivement la place à une jolie femme aux longs cheveux et à queue de poisson. À cette époque, le naturaliste allemand Johannes de Cuba les fait vivre dans des gouffres au fond des mers. « On les trouve souvent dans les mers et parfois dans les rivières », dit de son côté l’écrivain flamand Jacob Van Maerlant.
Notons que les anglophones emploient le terme siren pour une sirène antique (mi-femme, mi-oiseau) et mermaid pour une sirène scandinave (avec une queue de poisson).
D’illustres navigateurs ont dit avoir rencontré des sirènes : Christophe Colomb, en 1493, en aurait vu trois près des côtes de Saint-Domingue, « mais elles n’étaient pas aussi belles qu’on les décrit… » Un avis qui n’est pas partagé par les marins d’un navire américain qui ont observé, vers 1850, près des îles Sandwich (Hawaï), une sirène « d’une grande beauté qui ne cédait en rien aux plus belles femmes ». Ces sirènes sont certainement des mammifères marins, tels les lamantins et les dugongs, qui vivent dans les eaux peu profondes des archipels, des lagunes et estuaires.
En 1403, près d’Edam en Hollande, un spécimen aurait été capturé par deux jeunes filles. Il s’agissait d’une femme, trouvée nue dans l’eau et ne parlant aucune langue connue, qui fut surnommée la « sirène d'Edam ». Elle vécut avec les humains pendant plusieurs années et aurait été enterrée selon les rites de la religion chrétienne.
Créée en 1835, par l’écrivain danois Hans Christian Andersen, la légende moderne de la sirène continue de faire des vagues, elle n’est plus la terrible tentatrice mais devient une héroïne romantique, qui cherche l’amour, telle Ondine qui offre son âme à l’homme qui voudra bien l’épouser. Le dessin animé de Walt Disney, La Petite Sirène, reprend des éléments issus de la culture populaire et du conte d'Andersen.
Origines du mythe
Il se peut que l’origine des sirènes se trouve dans les récits des navigateurs, qui les confondaient avec des animaux marins rares, comme les lamantins ou les dugongs3. Dans une logique évhémériste, la longue queue des lamantins, leurs mamelles, qui évoquent des seins, ainsi que leurs cris plaintifs sont rapprochés de l’apparence physique et des chants que la tradition prête aux sirènes3. Il semble probable que Christophe Colomb ait pris des mammifères marins de ce type pour des sirènes.
Dans le livre d'Hénoch au chapitre 19 où les anges déchus se sont rebellés contre Dieu, et ils ont fait l'amour aux filles de la terre, qui engendrent les sirènes :
« Puis Uriel me dit : C’est ici que les anges , qui se sont unis aux femmes, se tiendront. Leurs esprits, prenant de nombreuses apparences, ont souillé les hommes, et ils les feront errer pour qu’ils sacrifient aux démons comme à des dieux, jusqu’au jour du grand jugement, — jour où ils seront jugés pour être perdus. Quant à leurs femmes, qui ont séduit les anges, elles deviendront des Sirènes. Et moi, Hénoch, moi seul, j’ai vu la vision, la fin de tout ; et aucun homme ne verra comme moi j’ai vu. »
— Livre d'Hénoch 19:1-3
Représentation et attributs
Les bestiaires médiévaux les décrivent comme des femmes « de la tête aux cuisses » et poissons de « là jusqu’en bas avec des griffes et des ailes » dans un syncrétisme qui noue les traditions fabuleuses des mythologies grecque et germanique. Elles ont laissé à la postérité leur image gravée dans la pierre des stèles, tombeaux ou des églises romanes où elles personnifient l’âme des morts[réf. nécessaire]. Durant la période romane elle a souvent été associée à l'image de la luxure4,5.
Dans de nombreux récits, les sirènes sont représentées avec un miroir et un peigne. Selon Édouard Brasey, ces créatures océaniques se regardent dans un miroir, qui symbolise la planète Vénus dans la tradition astronomique. Aphrodite, Vénus pour les Romains, peut être rapprochée des sirènes pour plusieurs raisons. D’une part son lien à la mer, elle serait arrivée sur Terre par la mer dans un coquillage. D’autre part Aphrodite est une déesse de la beauté, ayant pour attribut un miroir, un trait qu’on retrouve chez les sirènes, attachées à leur beauté. Les sirènes tout comme Aphrodite personnifient donc la beauté, ce sont celles qu’on choisit toujours et dont le charme fait des victimes. Même si elle n’est pourvu de queue de poisson, Aphrodite serait « l’ancêtre des sirènes et la protectrice des marins »6.
Folklore
De nombreuses légendes européennes font état de sirènes, vivant non seulement dans la mer, mais aussi dans les rivières et les petits cours d’eau7. Elles portent le nom de sirènes ou des noms vernaculaires (ondines, nixes dans le domaine germanique, dragas ou donas d’aiga — dames d’eau — en Occitanie, etc.), mais leur description est généralement conforme à l'imagerie traditionnelle : des êtres moitié femme et moitié poisson. Selon certains récits, elles sont immortelles ; les deux premiers siècles de leur vie elles s’amusent et découvrent l’océan, mais ensuite elles se sentent seules et veulent aimer et se faire aimer par un humain. Elles sont généralement représentées avec une queue de poisson d'un seul tenant ou divisée en deux.
Afrique et Caraïbes
Dans le vaudou haïtien, hérite du vaudou du Dahomey, la sirène est Mami Wata après les rituels dédiés à la déesse des Eaux pour la fécondité de la femme et dont la principale demeure est l’Océan, le maître (Hougan) ou la maîtresse (Mambo) de cérémonie lui demande de répéter : « Mamui Ata » ce qui veut dire : « je serre les jambes », afin de garder pendant un moment ce que la déesse a ensemencé. Avec le temps, on nomma la déesse « Amuia Ata » et avec les déformations phonétiques successives le nom « Mamui Ata » est devenu « Mami Wata » que l’on croit être une adaptation de l’anglais. Elle est aussi appelée Iemanja dans la tradition du vaudou haïtien, un culte spécial lui est même consacré (en Haïti, elle n’est pas appelée Iemanja mais plutôt Simbi ; Iemanja est plus usité à Cuba ou au Brésil). C’est la mère des eaux, déesse crainte des pêcheurs, elle symbolise aussi bien la mer nourricière que l’océan destructeur. Mami Wata est avant tout une divinité éwé, dont le culte est très présent sur la côte atlantique du Togo (mais aussi au Nigeria, au Cameroun, au Congo-Brazzaville) où elle symbolise la puissance suprême, de même que la déesse Durga du panthéon hindouiste symbolise la shakti. Mami Wata est souvent représentée en peinture où elle figure sous les traits d’une sirène ou d’une belle jeune femme brandissant des serpents dans tous ses côtés.
D’un point de vue scientifique
« Sirène » fabriquée en Extrême-Orient,
XIXe siècle, MuCEM, Marseille.
Taxidermie (
Jenny Haniver), faux
poisson-diable, vraie
raie-guitare.
Le terme de « sirène » a embrassé un certain nombre de représentations très différentes issues de l'Antiquité, qui ont progressivement perdu en prestige et en crédibilité dans une Europe médiévale beaucoup moins tournée vers la mer. Selon l'historien médiéviste Michel Pastoureau, contrairement à la licorne, dès la fin du XIIIe siècle, pratiquement « plus personne n'y croit »8.
Des pastiches de sirènes « desséchées » ont été fabriqués dès le XVIe siècle (qui voit le retour des grands voyages), et exposés dans les foires et les musées. Au XVIIe siècle, à Leyde, un certain Pavio disséqua une sirène en présence du célèbre médecin Johannes de Laet, apportant un certain crédit scientifique à l’animal fabuleux. La tête et la poitrine étaient humaines mais, du nombril au pied, l'être était informe et sans queue. Mais c’est surtout au XIXe siècle qu’ils ont attiré les foules. Ces monstres hideux étaient fabriqués au Japon, en Inde ou en Chine. Le haut du corps est constitué d’un buste d’orang-outan ou de guenon et la queue, celle d’un gros poisson. Des fœtus atteint d'une déformation telle que la sirénomélie (une seule jambe centrale au lieu de deux) peuvent également avoir participé au mythe, mais cette grave mutation ne permet généralement pas la survie de l'enfant, ce qui limite la possibilité de se procurer de grands squelettes9.
En 1758, les sirènes ont fait l'objet d'une courte note dans le Systema naturae de Carl von Linné10 (ouvrage qui fonda la classification scientifique du vivant) sur la base d'un spécimen brésilien dont il juge la description « paradoxale », et qu'il range à côté des mammifères en « incertae sedis ». En 1831, Georges Cuvier les place, toujours avec méfiance, parmi les amphibiens (malgré la présence alléguée d'oreilles) dans son Règne animal distribué d'après son organisation11. Par la suite, ce taxon fut rapidement abandonné des classifications scientifiques faute de spécimens ou de descriptions crédibles12.
Bien que l'existence des sirènes ne soit plus envisagée par les scientifiques depuis le XIXe siècle12, certains scientifiques ont continué de s'intéresser, avec plus ou moins de sérieux13, à ces animaux fabuleux, notamment en tant que modèle d'étude virtuel ou pédagogique pour montrer le fonctionnement d'une démarche scientifique à partir d'un nombre d'informations limitées14 (cela fut également fait avec les licornes15). Le grand océanologue américain Karl Banse leur a par exemple consacré un article en 1990 dans la très sérieuse revue Limnology and Oceanography12, où il infère le mode de vie, la répartition et l'évolution hypothétiques des sirènes à partir des quelques sources qui avaient pu être considérées crédibles plusieurs siècles plus tôt. Selon lui, les sirènes seraient des mammifères marins et n'auraient donc pas d'écailles (celles-ci étant rajoutées par les artistes n'ayant pas vu de spécimen réel, comme cela se fit longtemps pour les dauphins), et leur corpulence limiterait leur répartition aux eaux les plus chaudes des tropiques (d'où la séparation en plusieurs espèces, par bassin océanique). Toujours selon Banse, les sirènes auraient un mode de vie agricole (algues, mollusques) relativement peu évolué technologiquement du fait de l'impossibilité de produire du feu sous l'eau, mais avec un système social assez avancé ; elles complèteraient éventuellement leur régime alimentaire par de la chair humaine, ce qui expliquerait leur habitude de charmer les marins pour les emmener dans les profondeurs12.
Les
siréniens sont les animaux les plus proches de ce à quoi pourrait ressembler une sirène.
À l'inverse, certaines études se sont intéressées aux problèmes biologiques qui empêchent l’existence d’êtres comme les sirènes. Plusieurs paramètres physiologiques rendent en effet impossible qu’un animal d’une telle apparence puisse être viable16 :
- La température
- Les homininés sont adaptés à la vie aérienne, et la survie dans une eau même à 20 °C ne dépasse pas 35 heures pour les humains les mieux constitués. Ainsi, des êtres tels que les sirènes devraient, pour conserver une température interne viable, suivre les stratégies des autres mammifères marins : soit adopter une importante couche de graisse sous-cutanée et des membres réduits (ce qui les ferait ressembler à des lamantins), soit adopter une fourrure épaisse et abondante, nécessitant un entretien constant (comme la loutre de mer), soit, mieux, les deux (comme les phoques). Dans tous les cas, la peau devrait être très épaisse pour conserver la chaleur, et l’allure générale potelée pour optimiser le ratio volume/surface de manière à limiter les échanges thermiques.
- L’hydrodynamisme
- Une créature à buste de femme, même pourvue d’une puissante queue, ne pourrait pas atteindre des vitesses de natation suffisantes pour échapper à un prédateur, ou attraper du poisson. Les nourrissons seraient ainsi particulièrement vulnérables (requins, orques, léopards de mer…). Pour pallier ce défaut, les sirènes devraient au moins êtres nidifuges, être chauves, avoir un visage allongé (si possible un rostre), un corps plus tubulaire (avec des seins réduits en dehors des périodes d’allaitement), des bras courts et larges et enfin une peau épaisse, lisse et luisante, si possible couverte d’un mucus hydrophobe.
Cependant, l’idée d’un primate s’adaptant à un mode de vie exclusivement aquatique n’est pas inenvisageable scientifiquement, mais cela demanderait des millions d’années d’évolution et des modifications corporelles considérables (ce fut par exemple le cas des cétacés, des siréniens et des pinnipèdes), et cet animal ne pourrait plus survivre en surface, le métabolisme nécessitant des adaptations majeures (impossible de boire de l’eau douce, par exemple).
Il existe cependant une théorie du primate aquatique17 qui postule que certains caractères propres à l’homme (absence de poils, bipédie, nez, etc.) seraient des adaptations à une vie amphibie (mais pas maritime). Cette théorie n’est cependant pas confirmée scientifiquement, et reste considérée comme fantaisiste en l’absence d’éléments paléontologiques concrets.
Sirènes dans la culture populaire
Évêque marin, merman de la Baltique (Pologne, 1431 ou 1531, dessin 1558).
- 1403, la légende de la Sirène d'Edam.
- 1517, l'histoire de l'Évêque marin amené de la Mer baltique au roi de Pologne.
- 1873, la légende de la Sirène de Zennor (en) (Cornouailles).
- 1876, dans le conte La Petite Sirène, écrit par Hans Christian Andersen, le personnage principal est une sirène.
- 1911, dans le conte Peter Pan, écrit par J. M. Barrie, des personnages de sirènes sont abordés.
- 1968, dans le film La Petite Sirène/Rusalochka, réalisé par Ivan Aksenchuk et produit par Soyuzmultfilm, le personnage principal est une sirène.
- 1968, dans le court-métrage d'animation Sirène, réalisé par Raoul Servais, une sirène, animée grâce à la musique d'un flûtiste, se fait assassiner en essayant de le délivrer du port dans lequel il est tenu prisonnier.
- 1976, dans le film Malá mořská víla de Karel Kachyna, avec Miroslava Safránková et Libuse Safránková.
- 1976, dans le film L'Ondine Triste/La Petite Sirène/Russalotschka/Rusalka, Bulgarie/RSS, Vika Novikova - Sirène, le personnage principal est une sirène.
- 1979, dans le film La Petite Sirène, réalisé par Tomoharu Katsumata et produit par Toei, le personnage principal Marina, tombe amoureuse d'un prince.
- 1984, dans le film Splash, Daryl Hannah interprète le rôle de Madison, une sirène tombant amoureuse d’un humain.
- 1989, dans le long métrage d'animation La Petite Sirène, de Studios Disney, le personnage principal, Ariel, tombe amoureuse du prince Eric.
- 1995, dans la série télévisée d'animation franco-benelux-japonaise Le Prince et la Sirène, le personnage principal est une sirène.
- 2000, dans le livre et le film Harry Potter et la Coupe de Feu, des personnages de sirènes sont abordés.
- 2003, dans l'anime et manga Mermaid Melody, les personnages principaux sont des sirènes.
- 2003, dans les deux premiers épisodes de la 5e saison de la série télévisée Charmed prénommés : Les Sirènes de l'Amour, les sœurs Halliwell doivent sauver une sirène des griffes d'une sorcière des mers.
- 2003, dans le téléfilm Sirènes, trois sirènes unissent leurs forces pour tenter de retrouver les assassins de leur père.
- 2005, dans la série télévisée Supernatural la sirène manipule et tente de tuer les protagonistes.
- 2006, dans la série télévisée australienne H2O, les personnages principaux sont des sirènes.
- 2006, dans le film Aquamarine, le rôle principal de la sirène est tenu par Sara Paxton.
- 2006, dans le long métrage d'animation Barbie : Mermaidia, la célèbre poupée mannequin tente de sauver son ami, le prince Nalu, kidnappé par une cruelle sorcière, avec l'aide de son amie sirène, prénommée Nori.
- 2009, dans le long métrage d'animation Ponyo sur la falaise de Hayao Miyazaki, c'est une libre interprétation du conte.
- 2011, dans la nouvelle littéraire Mermaid, écrit par Carolyn Turgeon, le personnage principal est une sirène.
- 2011, dans la série d'ouvrages littéraires à succès prénommé Le Royaume de Lénacie, écrit par Priska Poirier, le personnage principal Marguerite, découvre qu'elle est une syrmain, c’est-à-dire un être ayant la possibilité d’être à la fois humaine et sirène.
- 2011, dans le film Pirates des Caraïbes : La Fontaine de jouvence, on rencontre les sirènes dans la mer des Âmes perdues et les pirates doivent acquérir une larme d’une de ces créatures dans l’une des deux coupes qui contiennent l’eau de la Fontaine de Jouvence.
- 2011, début de la diffusion de la série télévisée d’animation humoristique française Zig et Sharko (aussi titrée La Sirène, la Hyène et le Requin) dont un des personnages principaux est la naïve sirène Marina, que le requin Sharko réussit à protéger dans chaque épisode, in extremis, contre les perpétuelles machinations de la hyène Zig, qui cherche à la dévorer.
- 2013, dans la série télévisée australienne Mako Mermaids, le personnage principal Zac, découvre qu'il est devenu un triton doté d'une puissante queue de poisson bleue.
- 2014, dans le film d'épouvante Mamula, le monstre est une sirène.
- 2016, dans la série télévisée The Vampire Diaries, la sirène manipule et tente de tuer les protagonistes.
- 2016, dans le livre La Sirène de Kiera Cass, le personnage principal est une sirène.
- 2018, la série télévisée américaine Siren, qui met en scène quelques sirènes qui sont en contact avec le monde des humains, le mythe de la gentille sirène est tourné de façon que les différents mythes soient réunis autour de cette créature.
- 2019, dans le film The lighthouse, réalisé par Robert Eggers, un des personnages principaux se fait hanter à plusieurs reprises par une sirène.
- 2019, dans le film Les Enfants de la Mer, réalisé par Ayumu Watanabe et adapté du Manga de Daisuke Igarashi, les personnages Umi et Sora sont des enfants aux capacités surnaturelles car ayant été élevés par des dugongs18. La chose fait référence au fait que des dugongs ont été pris pour des sirènes par le passé.
- 2020, dans le film français Une sirène à Paris
Galerie
Notes et références
- Sans étymologie sûre d'après Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Paris, Klincksieck, 1999 (édition mise à jour), 1447 p. (ISBN 978-2-25203-277-0).
- « Livre d'Hénoch » [archive], .
- Frédéric Ducarme, « Les dernières sirènes mahoraises : les dugongs » [archive], sur MayotteHebdo.com, .
- Yves Morvan, La Sirène et la luxure, Communication du Colloque "La luxure et le corps dans l'art roman", Mozac, 2008
- Teodolinda Barolini, La Commedia senza Dio: Dante e la creazione di una realtà, 2003, p.150
- Édouard Brasey, La Petite Encyclopédie du merveilleux, Paris, Éditions Le Pré aux clercs, , 435 p. (ISBN 978-2-84228-321-6), p. 70
- Les Sirènes du Gers, in Jean-François Bladé Contes populaires de la Gascogne, Paris, Maisonneuve frères et C. Leclerc, , 358 p. (lire en ligne [archive])
- Jean Lebrun invitant Michel Pastoureau, « Les textes illustres du Moyen Âge : Les bestiaires et la symbolique animale » [archive], sur France Inter, .
- « La sirénomélie » [archive], sur www.la-sirene.info.
- Carl von Linné Systema naturae V. 1. Regnum animale, 10e ed. (1758), Salvius.
- Georges Cuvier, Le Règne animal distribué d'après son organisation, pour servir de base à l'histoire naturelle des animaux et d'introduction à l'anatomie comparée, Déterville libraire, Imprimerie de A. Belin, Paris, 4 tomes, 1817-1831.
- (en) Karl Banse, « Mermaids - their biology, culture, and demise », Limnology and Oceanography, vol. 35, no 1, , p. 148-153 (lire en ligne [archive]).
- DORIS, consulté le 31 octobre 2013
- (en) Dr. M, « A (Not So Serious) Scientific Treatment of Mermaids » [archive], sur Deep Sea News, .
- Boris Leroy, « Modéliser les licornes pour mieux prédire les espèces réelles » [archive], sur http://borisleroy.com [archive].
- (en) Sheanna Steingass, « Fishful Thinking: Five Reasons why Mermaids Can’t Physically Exist » [archive], sur http://DeepSeaNews.com [archive], (consulté le )
- (en) Morgan, Elaine The Aquatic Ape, 1982, Stein & Day Pub, (ISBN 0-285-62509-8) (traduction française : Des origines aquatiques de l'homme, Sand, 1988).
Voir aussi
Bibliographie
- Édouard Brasey, La Petite Encyclopédie du merveilleux, Pré-au-Clerc, Paris, 2007
- Édouard Brasey, Sirènes et Ondines, Éditions Pygmalion, Paris, 1999. (ISBN 2857046081)
- Pierre Chavot, Monstres marins, Glénat/Chasse-marée
- Pierre Chavot, Sirènes, Au cœur du peuple des eaux, Glénat/Chasse-marée, 2008. (ISBN 2353570372)
- (en) Melissa Mia Hall, « The Siren », dans S.T. Joshi (dir.), Icons of Horror and the Supernatural : An Encyclopedia of Our Worst Nightmares, vol. 2, Westport (Connecticut) / Londres, Greenwood Press, , 796 p. (ISBN 978-0-313-33780-2 et 0-313-33782-9), p. 507-536
- Jacqueline Leclercq-Marx, La sirène dans la pensée et dans l'art de l'Antiquité et du Moyen Âge – Du mythe païen au symbole chrétien, Académie royale de Belgique, 1997 (réédition 2002)
- Oscar Wilde, Le Pêcheur et son âme
- Friedrich de La Motte-Fouqué, Ondine
- Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Le Professeur et la Sirène
- Jean Giraudoux, Ondine
- Claude Nicaise, Les Sirenes : ou discours sur leur forme et figure, éd. Anisson, 1691 [archive]
Articles connexes
Sur les autres projets Wikimedia :
Liens externes
Licorne
Cette page contient des caractères spéciaux ou non latins. Si certains caractères de cet article s’affichent mal (carrés vides, points d’interrogation, etc.), consultez la page d’aide Unicode.
La licorne, parfois nommée unicorne, est une créature légendaire à corne unique. Son origine, controversée, résulte de multiples influences, en particulier de descriptions d'animaux tels que le rhinocéros et l'antilope, issues de récits d'explorateurs. Les premières représentations attestées d'animaux unicornes remontent à la civilisation de l'Indus. Le récit sanskrit d'Ekashringa et les routes commerciales pourraient avoir joué un rôle dans leur diffusion vers le Proche-Orient.
Connue dans l'Occident chrétien depuis l'Antiquité grecque par des récits de voyageurs en Perse et en Inde, sous le nom de « monocéros », la licorne occidentale se distingue de ses consœurs asiatiques par son apparence, son symbolisme et son histoire. Sous l'influence du Physiologus, les bestiaires occidentaux et leurs miniatures la décrivent comme un animal sylvestre très féroce, symbole de pureté et de grâce, attiré par l'odeur de la virginité. Le récit de sa chasse, durant laquelle une jeune fille vierge aide les chasseurs à la capturer, se diffuse dans tout l'Occident chrétien ainsi qu'une partie du monde musulman. La représentation physique de la licorne occidentale se fixe entre le cheval et la chèvre blanche à la fin du Moyen Âge. Elle se voit dotée d'un corps équin, d'une barbiche de bouc, de sabots fendus, et surtout d'une longue corne au milieu du front, droite, spiralée et pointue, qui constitue sa principale caractéristique, comme dans la série de tapisseries La Dame à la licorne.
La licorne devient l'animal imaginaire le plus important de l'Occident chrétien depuis le Moyen Âge jusqu'à la fin de la Renaissance. La croyance en son existence est omniprésente, grâce au commerce de sa « corne » et à sa présence dans certaines traductions de la Bible. Des objets présentés comme d'authentiques « cornes de licorne » s'échangent, et sont crédités du pouvoir de purifier les liquides des poisons et de guérir la plupart des maladies. Peu à peu, ces objets sont identifiés comme des dents de narval, un mammifère marin arctique. L'existence de la licorne reste toutefois discutée jusqu'au milieu du XIXe siècle. De tous temps, cette bête légendaire intéresse des théologiens, médecins, naturalistes, poètes, gens de lettres, ésotéristes, alchimistes, psychologues, historiens et symbolistes. Son aspect symbolique, très riche, l'associe à la dualité de l'être humain, la recherche spirituelle, l'expérience du divin, la femme vierge, l'amour et la protection. Carl Gustav Jung lui consacre une quarantaine de pages dans Psychologie et Alchimie.
La licorne figure depuis la fin du XIXe siècle parmi les créatures typiques des récits de fantasy et de féerie, grâce à des œuvres comme De l'autre côté du miroir de Lewis Carroll, La Dernière Licorne de Peter S. Beagle, Legend de Ridley Scott, ou encore Unico d'Osamu Tezuka. Son imagerie moderne s'éloigne de l'héritage médiéval, pour devenir celle d'un grand cheval blanc « magique », avec une corne unique au milieu du front. Son association récente à des univers fictifs tels que, entre autres, My Little Pony, lui donne une image plus mièvre. Elle est souvent prétexte à des parodies dans la culture populaire, entre autres à travers le culte de la Licorne rose invisible.
Étymologie et terminologie
D'après l'Académie française, le substantif féminin licorne est un emprunt à l'italien l'alicorno, avec agglutination et coupure fautive de l'article défini élidéR 1,R 2,R 3 (l'al- > lal- > la l-). Le dictionnaire Le Robert soutient cette même théorie, le nom « licorne » étant vraisemblablement un emprunt du XIVe siècle à l'italien, lui-même forme altérée du latin chrétien unicornisR 4.
Une autre théorie, plus ancienne (attestée à partir de 1694), voulait que le latin unicornis ait pu donner directement le mot « licorne », après suppression de la lettre « u », et transformation du « n » en « l »H 1. En effet, l'emploi d' « unicorne » est attesté dans la langue française avant la généralisation de « licorne », notamment dans une chanson médiévale de Thibaut de ChampagneR 5.
Selon la linguiste Henriette Walter, le mot « licorne » proviendrait de deux erreurs successives : la prononciation « unicorne », sous l'influence du latin et du mot anglais unicorn, a fait croire qu'il s'agit d'« une icorne », avec l'article indéfini, d'où l'icorne avec l'article défini, ce qui a donné « licorne »R 6. Mais d'après l'Académie française, c'est le nom anglais qui est un emprunt à l'ancien français « unicorne », et non l'inverseR 3.
Le latin unicornis, signifiant « à une seule corne » (de unus, « une » et cornu, « corne »), est la traduction littérale de monokeros (μονόκερως) en grec ancien, de même sensR 7.
De nombreuses créatures issues de légendes et de récits d'explorateurs sont nommées ou surnommées « licorne », leur seul point commun étant la description d'une corne unique. C'est le cas du qilin chinois, plus connu au Japon sous le nom de kirin, de l’indrik russe, du re'em de la Bible, du tragelaphus d'Aristote, du Karkadann et du Shâdhavâr perses, du Kartazonos (καρτάζωνος) de Claude ÉlienSh 1 (dérivé d'après Odell Shepard du sanskrit « Kartajan », signifiant « seigneur du désert »Sh 1), du camphruch et du pirassouppi d'André Thevet. Après sa découverte, le mammifère marin à l'origine du commerce des « cornes de licorne » en occident, le narval, acquiert le surnom de « licorne de mer »Di 1. Le narval étant perçu comme la version aquatique de l'animal terrestre légendaire, ce surnom perdureCa 1. L’Elasmotherium, un grand rhinocerotidae éteint vu comme une origine possible des licornes asiatiques, est surnommé la « licorne géante »Le 1.
Origines
La licorne fascine le monde occidental depuis des sièclesJo 1. Les légendes et représentations universelles d'animaux à corne unique, en orient comme en occident, et surtout la dimension mystique et ésotérique de la licorne, portée par des « artistes, conteurs et rêveurs » enclins à la méditation, sont source de mystère et d'inspiration. Les œuvres qui mettent en scène une licorne possèdent souvent une forte charge symbolique, à l'image des tapisseries et des bestiaires du Moyen Âge1. Les théories concernant ses origines se révèlent plus ou moins sérieuses, à tel point que le professeur et poète américain Odell Shepard suggère avec humour dans son ouvrage The Lore of the Unicorn, publié en 1930, qu'elle doit provenir de l'Atlantide ou des montagnes de la LuneSh 2.
Un débat concerne l'influence des créatures unicornes asiatiques, peut-être connues depuis la préhistoire, sur la licorne occidentale dont l'image s'est forgée au Moyen Âge. La théorie d'une influence orientale est défendue par le psychanalyste et érudit Carl Gustav Jung (dans Psychologie et Alchimie), par l'historien d'art Richard EttinghausenEt 1, par l'essayiste et tibétologue Francesca-Yvonne CaroutchNote 1, par l'écrivain Roger Caillois, et par quelques études mettant en lien récits et représentations orientales et occidentalesR 8. Cette théorie est réfutée, entre autres, par Odell ShepardSh 3, par le théologien français Jean-Pierre Jossua (qui juge les parallèles indiens et chinois effectués par Jung et Caillois peu crédiblesJo 2) et par la thèse de doctorat en sciences sociales de Bruno Faidutti. D'après ce dernier, les travaux de Carl Gustav Jung ont entraîné une tendance au syncrétisme, et donc l'attribution du nom de « licorne » à des créatures distinctesFa1 1.
Origine orientale
Empreinte de sceau de la vallée de l'Indus, Chhatrapati Shivaji Maharaj Vastu Sangrahalaya (anciennement Prince of Wales Museum), Mumbai.
L'existence de représentations d'animaux à corne unique dans la civilisation de l'Indus est source de controverses au moins depuis la fin du XIXe siècleKe 1. La plus ancienne image connue d'un animal unicorne (en 2013) provient du Nord de la vallée de l'IndusKe 2. Daté d'environ - 2600Ke 1, son profil ne correspond à aucun animal à cornes connu dans la région (tel que le buffle ou le rhinocéros)Ke 3. Ce motif est retrouvé sur 700 ansKe 4, disparaissant vers - 1900Ke 1. Il remplit une fonction symboliqueKe 5. Il n'existe pas de preuves qu'il se soit transmis ensuite en Asie de l'Ouest ou au TibetKe 6, mais l'archéologue Jonathan Mark Kenoyer postule qu'il ait pu se transmettre physiquement au Proche-Orient à la faveur des voyages de marchands, et influencer des légendes en Asie occidentaleKe 7.
Selon Francesca-Yvonne Caroutch, la licorne est connue en Asie dès la période pré-bouddhiqueCar 1. Intégrée à la mythologie chinoise sous le nom de QilinCar 2,Car 3, elle serait mentionnée dans les Annales de BambouCar 2, et deviendrait un symbole cosmique dans la civilisation mésopotamienne, de fécondité et de fertilité dans la civilisation indo-aryenne. Elle serait présente dans d'anciennes cosmogonies et des textes religieux et philosophiques aussi bien chinois qu'indiens ou persesCar 4, notamment en Himalaya, Mésopotamie, et Crète préhelléniqueCar 5. Elle cite des créatures unicornes dans le Bundahishn, l’Atharva-Véda, l’épopée de Gilgamesh, le Rāmāyana et le Mahâbhârata de l'Inde AntiqueCar 6.
Jonathan Mark Kenoyer estime qu'il n'existe aucune preuve d'une connexion directe entre ces exemples de créatures unicornes dans l'espace asiatiqueKe 7. Certains liens entre animaux unicornes indiens et licorne occidentale reposent sur des erreurs de traduction ou des biais, à l'image de l'expression Khaggavisāṇa en pāli, traduite par « semblable à la corne du rhinocéros », mais révisée (2014) par « semblable au rhinocéros »R 9. Une peinture rupestre représentant un bovin dans une grotte de Paphlagonie a parfois été interprétée à tort comme celle d'une licorne, en raison de la présence d'un trait qui servait plus vraisemblablement de guide de tracéR 10. Certains bas-relief perses représentant un bœuf vu de profil (avec une seule corne visible) ont pu jouer un rôle dans la diffusion de la légende de la licorne : Ettinghausen estime que ces représentations ont influencé l'image du Karkadann perseEt 1, expliquant ainsi les représentations et mentions d'animaux unicornes dans le monde arabe médiévalEt 2. Il ajoute que la « position stratégique » du monde musulman par rapport à l'Inde, à la Chine, et à l'Occident chrétien, a favorisé la diffusion de la légende de la licorneEt 3. Pour lui, les représentations d'animaux unicornes dans le monde arabe sont d'origine indienne, l'Inde étant l'origine la plus vraisemblable pour le motif du combat entre le rhinocéros et l'éléphantEt 4.
Le conte indien de l'« ermite cornu », ou « Ekasringa », littérature sanskrite issue des Jātaka (récits des vies antérieures du Bouddha) et du Mahâbhârata, met en scène un ermite solitaire appelé Ekashringa, ce qui signifie « Corne unique »Car 7. Il conte le périple d'un mystique méditant et vivant dans la forêt, parmi les animaux. En buvant à la même source qu'une antilope divine, il donne naissance à un enfant doté d'une corne unique sur la tête et de pouvoirs surnaturels2. Ce conte est souvent cité pour son influence sur la licorne occidentale : certains éléments se retrouveraient dans les croyances perses, elles-mêmes à l'origine des récits gréco-romains concernant le monocéros3,R 8. Ettinghausen estime aussi que ce conte a influencé les érudits arabesEt 5. D'après Caroutch, différentes versions existent au Japon, en Chine, en Inde et en PerseCar 8. Le conte d'Ekashringa aurait, toujours d'après Caroutch, forgé après de nombreux remaniements la légende de l'apparition merveilleuse d'un animal portant une corne unique en ivoire, qui ne peut être capturé que par une jeune filleCar 9.
Origine occidentale
De Monocerote (de la licorne), gravure dans
Historiae Animalium par
Conrad Gessner, 1551.
Odell Shepard souligne la difficulté à remonter l'histoire de la licorne occidentale au-delà des récits de Ctésias, au IVe siècle av. J.-C.Sh 3. Au crédit d'une origine préhistorique, l'une des peintures naturalistes de la grotte de Lascaux avait été qualifiée de « licorne » en raison de deux traits rectilignes évoquant une corne sur son front. Il s'agit vraisemblablement de la reproduction déformée d'un lynxR 11.
Les observations mal comprises d'animaux réels expliquent en grande partie les multiples descriptions de la licorne occidentale, mais l'histoire de cette créature se révèle longue et complexe, notamment en raison de sa symbolique. Création du haut Moyen ÂgeFa1 2, la licorne occidentale est une chimère. Elle ne provient pas de la mythologie gréco-romaine ni d'une religion puisqu'elle ne présente aucun lien avec la création du mondeNote 2, les gestes héroïques, ou la fondation d'une ville. Elle naît d'un mélange entre traditions orales et écrites, récits de voyage (depuis Ctésias au VIe siècle av. J.-C. jusqu'au XIXe siècle) et descriptions des naturalistesFa1 3. Pour Bruno Faidutti, son origine est à rechercher dans les premiers bestiaires inspirés du Physiologus et dans les textes gréco-romains, eux-mêmes issus d'observation d'animaux exotiquesFa1 2. D'après Odell Shepard, la légende de la licorne occidentale est issue du mélange entre la description de Ctésias, qui en a fait un animal féroce ne pouvant être chassé par des techniques conventionnellesSh 4 et le récit de sa capture par une vierge dans le Physiologus.
Animaux réels aux sources de la légende
Ctésias décrit l'Hémione, un
âne sauvage asiatique, comme ayant une corne unique.
Il est fréquent, pour les explorateurs, de confondre des animaux connus avec une créature à corne unique. Pour Odell Shepard, le monocéros3,R 8 de Ctésias mélange des récits sur le rhinocéros indien, dont la corne est traditionnellement créditée de propriétés thérapeutiques, sur l'onagre (ou âne sauvage), réputé dans l'Antiquité pour sa vitesse et sa combativité (cité par exemple dans l'Anabase de Xénophon), et sur l'antilope du TibetSh 5. La découverte de la survie jusqu'à une époque relativement récente de certaines espèces disparues de rhinocéros laineux comme ceux du genre Elasmotherium laisse à penser que ce genre d'animaux a aussi pu influencer la légende (soit de leur vivant, soit par leurs squelettes imposants)R 12.
Narval
Licorne, narval et « licorne fossile » comparés dans le Museum Museorum, en 1704.
Le narval a joué, bien malgré lui, un rôle central dans la longue croyance en la licorne occidentale. La grande dent unique et spiralée de ce mammifère marin s'est longtemps vendue comme « corne de licorne » en Europe, depuis la fin du Moyen Âge jusqu'à la Renaissance, en particulier au XVIe siècle, fournissant une preuve matérielle de l'existence de l'animal légendaireR 13. La première mention d'un narval cornu figure dans l’Atlas Minor, un ouvrage savant daté de 1607H 2. Une autre description détaillée du narval paraît en 1645 grâce à Thomas Bartholin, mais sans faire de lien entre « licorne de mer » et licorne terrestreBa 1.
En 1704, un dessin du Museum Museorum de Michael Bernhard Valentini, première étude des collections d’Europe, compare l'objet alors vendu comme « corne de licorne » médicinale (unicornu officinale), une représentation de narval (unicornu marinum), un squelette reconstitué de « licorne fossile » (probablement un Elasmotherium) et une représentation équine de la licorne, titrée unicornu fictiumH 3,Fa1 4. La défense du narval reste longtemps considérée comme une corne et non comme une dent, probablement en raison du refus de la dissymétrie énoncé par Carl von Linné dans son Systema naturaeDi 2. Le narval est depuis nommé la « licorne de mer ». Il est admis à partir du XVIIIe siècle que la plupart des « cornes de licorne » vendues comme antidote sont en réalité des dents de narvalDi 3. La découverte du narval fait s'effondrer le cours des « cornes de licorne » et met fin à leur commerce, mais la croyance en l'existence de la licorne perdure, même chez certains érudits, jusqu'au milieu du XIXe siècleSh 6.
Rhinocéros et Elasmotherium
La confusion entre la licorne et le rhinocéros est fréquente, particulièrement dans l'Antiquité et au Moyen Âge, en raison d'erreurs de traduction à partir du latinR 14. Le rhinocéros indien, plus petit que l'africain, est le seul animal terrestre existant à posséder une seule corne, avec le rhinocéros de Java. L'animal décrit par Pline l'Ancien au Ier siècle s'en rapprocheH 4. Par ailleurs, des rhinocéros sont vus à Rome dès le Ier siècle av. J.-C. Les Étymologies d'Isidore de Séville, au VIe siècleH 5, sont une source de confusion avec le rhinocéros, puisque l'auteur décrit la capture du monocéros avec l'aide d'une vierge, ainsi qu'un combat furieux face à l'éléphantFa1 5. Marco Polo décrit un rhinocéros à Java comme étant une licorne, dans le Devisement du monde4.
Ulisse Aldrovandi soupçonne l'erreur de Marco Polo : « Quant au monocéros de Paul de Venise (Marco Polo), je pense que personne ne pourra me reprocher d’y voir un rhinocéros. En effet, ils se ressemblent assez, d’après les marques qu’il en donne : sa taille proche de celle de l’éléphant, bien sûr, mais aussi sa laideur, sa lenteur, et sa tête porcine, caractéristiques qui décrivent bien le rhinocérosAl 1 ». La corne des rhinocéros est réputée posséder des propriétés médicinales, tout comme celle de la licorne. Cette confusion est fréquente, en particulier chez les érudits qui écrivent de faux récits de voyages en s'inspirant des sources de l'antiquité classiqueR 15.
Il existe aussi un groupe d'animaux éteints, le genre Elasmotherium, dont les espèces étaient des sortes d'énormes rhinocéros eurasiens natifs des steppes jusqu'à la fin du Pléistocène, et présents en Europe et en Russie. Parfois surnommé « licorne géante », ce type d'animal possédait une très grande corne unique au milieu de la tête, généralement située entre les yeux. Selon Willy Ley, la description de cet animal pourrait s'être transmise oralement dans certaines légendes russesLe 1 ; des restes fossilisés pourraient aussi avoir alimenté la légende (comme les fossiles de dinosaures pour les dragons)5. Le témoignage d'un voyageur arabe du Xe siècle, Ibn Fadlân, laisse à supposer la survie d’Elasmotherium pendant les temps historiques, puisque sa description correspond au karkadann de la Perse, et à la licorne zhi de la ChineR 8. L'extinction d'Elasmotherium pourrait être plus récente qu'on ne l'avait précédemment supposéR 16,R 12, bien que la datation de cette extinction à 30 000 ans dans le passé reste controverséeR 17.
Le Rhinocéros laineux pourrait pour sa part avoir disparu il y a seulement 8 000 ans6, cependant il portait deux cornes, au niveau du nez (à la manière du rhinocéros blanc actuel).
Antilopes
Diverses variétés d'antilopes, dont l'oryxR 18 et l'élandR 19, peuvent avoir contribué à propager la légende de la licorne, notamment par le commerce de leurs cornes, attesté au Tibet avec l'antilope locale7. Claude Élien fait référence à ce type d'animaux en décrivant une corne noire et annelée chez le monocérosSh 7. L'oryx d'Arabie, antilope blanche portant deux longues cornes minces pointées vers l'arrière, ressemble à un cheval unicorne vu de côté et à distanceR 18. Aristote lui attribue une seule corne dans son Histoire des animauxH 6, ainsi que Pline l'Ancien, dans son Histoire naturelle (livre XI, chapitre CVI).
Mammifères vivants avec une corne ou un bois
Oryx égyptien avec une corne déformée.
Il arrive qu'une seule des deux cornes d'un mammifère se développe. Les deux cornes peuvent aussi se mêler et fusionner, ce qui donne l’impression que l’animal n’en porte qu’une. Quelques animaux à corne unique sont bien attestés. Naturels mais rarissimes, ils ne constituent pas une espèce, leurs cas relevant de la tératologie. Ces cas sont documentés depuis l'Antiquité. F. Y. Caroutch cite notamment le bélier de PériclèsCar 10 :
« Un jour, dit-on, on apporta à Périclès, de son domaine rural, la tête d’un bélier qui n’avait qu’une corne. Quand le devin Lampon vit cette corne qui avait poussé, solide et vigoureuse, au milieu du front de la bête, il déclara : « Le pouvoir des deux partis qui divisent la cité, celui de Thucydide et celui de Périclès, passera entre les mains d’un seul homme, celui chez qui ce prodige est apparu. » Anaxagore, lui, fit ouvrir le crâne et montra que le cerveau n’avait pas occupé toute sa place : il avait pris la forme allongée d’un œuf et avait glissé de toute la boîte crânienne vers l’endroit précis où la corne s’enracinait. »
— Plutarque, Vie de PériclèsH 7
Le devin Lampon interprète ce présage comme la victoire du parti de Périclès sur celui de Thucydide, mais le philosophe Anaxagore dissèque le crâne et montre qu'il s'agit d'une malformationR 20. Ces cas restent connus de nos jours, puisque le Centre des sciences naturelles de Prato, en Italie, abrite depuis 2007 un chevreuil doté d'un bois unique au milieu du front : le directeur du parc a déclaré à cette occasion que ce type de naissance pourrait être à l'origine de la légende de la licorneP 1, même si les maladies qui la provoquent comme l'Holoproencéphalie ne permettent généralement pas la survie de l'animal jusqu'à l'âge adulte.
Créations artificielles
La création artificielle de mammifères dotés d'une corne ou d'un bois unique a pu jouer un rôle dans la croyance en la licorne8. Cependant, Bruno Faidutti réfute que ces cas aient pu avoir une influence réelle sur la construction de son imageFa2 1. Des cas de « licornes » créées artificiellement sont documentés9 tant en Occident qu'en Orient, ou en Afrique. Au contraire de la licorne occidentale, les licornes artificielles asiatiques sont, à l'origine, des chèvres angora dont les cornes sont liées par le fer et le feu. Cette corne artificielle est courte, ressemblant à deux chandelles tresséesDi 1. Cette pratique a depuis disparu, en raison de sa cruauté envers les animauxFa2 1.
En Occident, le cas le plus connu de « licorne artificielle » est celui d'os fossiles déterrés à Einhornhöhle (dans le massif du Harz, en Allemagne). Ces ossements sont reconstruits par le maire de Magdebourg, Otto von Guericke, comme une licorne en 1663Sh 8. Cette prétendue licorne, assemblage hétéroclite d'un crâne de rhinocéros laineux et d'os de mammouth sur lesquels sont fixés une défense de narval, n'a que deux jambes. Le squelette est examiné par Gottfried Wilhelm Leibniz, qui a douté de l'existence de la licorne et l'atteste dans une publication de 1690, lui apportant de la notoriétéFa2 2. Il est cependant vite considéré comme un canularFa2 3.
Beaucoup plus récemment, en 1982, les cornes d'un bouc nommé Lancelot sont modifiées artificiellement pour n'en former qu'une. Il est présenté comme « une licorne vivante » dans plusieurs cirques américains10. Ses créateurs s'attribuent la redécouverte d'une technique perdue. Face aux protestations de militants des droits animaliers, ils finissent par retirer l'animal1. Un autre bouc aux cornes modifiées apparaît dans un bar à thème de Washington en 20061.
Description
Les « licornes » occidentales et asiatiques diffèrent par leur description, leur seule caractéristique commune étant la présence d'une corne unique, qui est la plus importante caractéristique de la licorneSu 1.
Licornes occidentales
Licorne dans un manuscrit du
Livre des propriétés des choses de
Barthélemy l'Anglais, au début du
XVe siècle.
BNF, Fr.22532, f.310v.
Roger Caillois, Le Mythe de la licorne |
[…] une cavale prodigieuse, blanche de robe, ressemblant à la haquenée des demoisellesDi 4.
|
D'après Bruno Faidutti, la licorne occidentale « eut une âme avant d'avoir un corps »Fa1 6, son sens symbolique (pureté féminine) ayant précédé la relative uniformisation de son apparence physique (couleur blanche, apparence de petit cheval, longue corne spiralée et droite)Fa1 7. Roger Caillois la décrit comme une alliance entre la fine monture des damoiselles et la corne du narval, qui trône parmi les trésors royauxCa 2. Les auteurs grecs ne représentaient pas visuellement le monocéros, source d'inspiration des bestiaires médiévauxFa1 8. La généralisation de la forme à la fois caprine et chevaline et de la couleur blanche dans les représentations artistiques résultent du symbolisme et des allégories attribués à la licorne au Moyen ÂgeFa1 9. La robe blanche de cette licorne qui acquiert du cheval sa taille et sa noblesse s'impose pour un animal symbole de pureté et de modestieFa1 10.
La licorne n'a pas toujours été décrite comme un animal pacifique : son attirance pour les jeunes filles vierges et son attribut phallique peuvent aussi en faire un symbole viril, soutenu par la violence contenue parfois attestée chez cet animal, qui selon certains auteurs n'hésite pas à tuer la jeune fille qui cherche à l'approcher si elle n'est pas vierge11.
Le problème des différences de description de la licorne dans le monde occidental se pose dès l'Antiquité, où l'on relève jusqu'à sept animaux « unicornes » : le rhinocéros, l'âne sauvage, le « bœuf indien », l'oryx, le bison, le « cheval indien » et le monocéros proprement ditSh 9. Barthelemy l'Anglais (XIIIe siècle) remarque cette disparité :
« Certaines ont un corps de cheval, une tête de cerf, une queue de sanglier, et ont une corne noire (…) On les appelle souvent monocéros ou monoceron. Une autre variété de licornes est appelée églisseron, c’est-à-dire chèvre cornue. Elle est grande et haute comme un cheval, mais semblable à un chevreuil ; sa corne est blanche et très pointue (…) Une autre espèce de licorne est semblable à un bœuf, tachée de taches blanches ; sa corne est noire et brune, et elle charge son adversaire comme le fait un taureau »
— Barthélemy l'Anglais, Livre des propriétés des choses (Début XIIIe siècle)H 8.
Les différences dans les descriptions de licornes fournies par les explorateurs de la Renaissance conduisent soit à réfuter son existence, soit à supposer de multiples espècesFa1 11. La corne unique n'est pas toujours le point commun entre tous ces animaux, puisqu'il existe aussi des mentions de licornes à deux cornesFa1 12. Au milieu du XVIe siècle, des récits d'explorateurs mentionnent également des licornes aquatiques, telles que le Pirassouppi et le CamphruchFa1 13.
Licornes orientales
Le Karkadann (de Kargadan, perse : كرگدن « seigneur du désert »), animal unicorne de Perse dont la description physique est extrêmement variableEt 6 et dont le nom signifie « rhinocéros », est nommé entre autres dans les Mille et une NuitsEt 7, et mentionné par Ibn BattutaEt 8. Comme la licorne occidentale, sa chasse est réputée dangereuseEt 9. Il peut être capturéEt 10, et fait l'objet de représentations de combats féroces contre d'autres animaux, en particulier l'éléphant (aux XIIIe et XIVe sièclesEt 11). Sa corne a divers usages médicinaux, et est très précieuseEt 12.
Le qilin, surnommé « licorne asiatique », est souvent représenté dans l'art ancien comme un reptile à queue de bœuf proche du cerf, portant deux cornes recouvertes de fourrure sur le front, parfois une seule dans les textes. Sa symbolique est très positive, puisqu'il représente l'arrivée des grands sages, notamment par son association à ConfuciusR 21. Symbole de perspicacité, il est traditionnellement représenté dans les tribunaux chinois du système impérial sur la tenture séparant la salle d'audience et le cabinet du magistratR 22. Il fait partie des cinq animaux sacrés associés aux éléments avec le dragon azur, l'oiseau vermillon, le tigre blanc et la tortue noireCar 4. Dans sa version japonaise, il se nomme Kirin12. Ce nom est également présent en turcR 23. Au Tibet, deux animaux unicornes entourent souvent la roue du Dharma en remplaçant les bichesR 24.
Le shâdhavâr, parfois qualifié de « licorne perse », est une créature carnivore et traîtresse du folklore arabe, semblable à une gazelle portant une seule corne qui se ramifie, symboliquement plus proche des sirènes mythologiques que de la licorne occidentaleEt 13. Sa première représentation figure dans un manuscrit du XVe siècle attribué au Perse Al-Qazwini (1203-1283)Et 14.
Histoire
Des animaux unicornes sont décrits dès l'Antiquité gréco-romaine, mais la licorne n'appartient à aucune légende populaire vivante, et ne marque ni les arts plastiques, ni les récits créatifs, ni la mythologie de l'AntiquitéSh 10,Fa1 2. Elle ne figure que dans des récits de voyages et des descriptions d'animaux recopiées les unes sur les autresSh 10. Son image se fixe à la fin du Moyen Âge, son invention pouvant être datée du début de la Renaissance de l'occident chrétien, époque où des ouvrages entiers lui sont consacrésFa1 2. Par son omniprésence dans l'Art et les récits des lettrés, la licorne européenne forme l'animal imaginaire le plus important de l'époque.
Sources grecques
Les sources grecques se rattachent à l'histoire naturelle. La plupart de ces textes attestent l'existence d'un animal unicorne en Inde. Le plus ancien texte de la littérature occidentale évoquant la licorne date d'entre -416 et -398. Il est dû au médecin grec Ctésias, qui résida dix-sept ans à la cour de Perse, avec Darius II et Artaxerxès II. À son retour en Grèce, il rédigea une Histoire de l'Inde nommée Ἰνδικά / Indiká13 dont il reste des fragments rapportés au IXe siècle par Photios Ier de ConstantinopleSh 3. Ils décrivent, parmi les peuples et animaux fabuleux de l'« Inde » :
« […] des ânes sauvages de la grandeur des chevaux, et même de plus grands encore. Ils ont le corps blanc, la tête couleur de pourpre, les yeux bleuâtres, une corne au front longue d'une coudée. La partie inférieure de cette corne, en partant du front et en remontant jusqu'à deux palmes, est entièrement blanche ; celle du milieu est noire ; la supérieure est pourpre, d'un beau rouge, et se termine en pointe. On en fait des vases à boire. Ceux qui s'en servent ne sont sujets ni aux convulsions, ni à l'épilepsie, ni à être empoisonnés, pourvu qu'avant de prendre du poison, ou qu'après en avoir pris, ils boivent dans ces vases de l'eau, du vin, ou d'une autre liqueur quelconque. Les ânes domestiques ou sauvages des autres pays n'ont, de même que tous les solipèdes, ni l'osselet, ni la vésicule du fiel. L'âne d'Inde est le seul qui les ait. Leur osselet est le plus beau que j'aie vu ; il ressemble pour la figure et la grandeur à celui du bœuf. Il est pesant comme du plomb et rouge jusqu'au fond comme du cinabre. Cet animal est très fort et très vite à la course. Le cheval, ni aucun autre animal, ne peut l'atteindre »
— Ctésias, ἸνδικάH 9
Ctésias semble croire fermement en l'existence de l'animal qu'il décrit14. Au IVe siècle av. J.-C., le philosophe Aristote classe les animaux par le nombre de leurs cornes et de leurs sabots, peut-être en s'appuyant sur Ctésias. Il en distingue deux qui auraient une corne, l'âne indien et l'oryx :
« On peut encore remarquer que certains animaux ont des cornes, et que les autres n'en ont pas. La plupart de ceux qui sont pourvus de cornes ont le sabot fendu, comme le bœuf, le cerf et la chèvre ; on n'a jamais observé d'animal au sabot non-fendu à deux cornes. Mais il y a un petit nombre d'animaux qui ont une seule corne et le sabot non-fendu, comme l'âne des Indes. L'oryx n'a qu'une corne, et il a le sabot fendu. »
— Aristote, Περι ζώων μορίωνH 6,15
Mégasthène est, vers 300 av. J.-C., envoyé comme ambassadeur à la cour de Chandragupta Maurya, roi des Indes, à Pataliputra sur les bords du GangeH 10. Il y reste une dizaine d'années, et rédige son livre IndicaH 11. Il décrit un animal solitaire des montagnes appelé « Kartazoon » ou « kartajan » d'après la langue du pays. Pour la première fois, cet animal unicorne est décrit comme doux avec les autres animaux. Querelleur envers les siens, son agressivité ne s'adoucit qu'à la saison des amours. Sa corne est utilisée comme remède contre les poisonsH 12. Strabon le cite en disant qu'« il existe dans les régions sauvages de l'Inde des chevaux à tête de cerf surmontée d'une seule corne »H 13.
Comme le note Richard Ettinghausen, les sources grecques de Claude Ptolémée et d'Aristote se sont transmises à des érudits arabes. Al-Jahiz (776-867) et Sharaf al-Zamān Ṭāhir al-Marwazī (1056-1124) y font référence dans leurs propres écritsEt 15.
Sources romaines
La croyance se perpétue à l'époque romaine, Jules César attestant lui-même la présence d'une sorte de cerf unicorne dans la forêt hercynienneSh 11. La description de Pline l'Ancien, au Ier siècle, sert de base à de nombreux ouvrages plus tardifs :
« La bête la plus sauvage de l’Inde est le monocéros ; il a le corps du cheval, la tête du cerf, les pieds de l’éléphant, la queue du sanglier ; un mugissement grave, une seule corne noire haute de deux coudées qui se dresse au milieu du front. On dit qu’on ne le prend pas vivant. »
— Pline l'Ancien, Naturalis HistoriæH 4.
Au IIe siècle, Philostrate l'Athénien reprend le récit de Ctésias dans sa Vie d'Apollonios de Tyane, sans prêter foi aux vertus médicinales de la corne :
« Dans les marais qui bordent le fleuve on prend des onagres. Ces animaux ont sur le front une corne, dont ils se servent pour combattre à la manière des taureaux, et cela avec beaucoup de courage. Les Indiens font de ces cornes des coupes, et leur attribuent des propriétés merveilleuses : il suffit d'avoir bu dans une de ces cornes pour être pendant tout le jour à l'abri de toute maladie, pour ne pas souffrir d'une blessure, pour traverser impunément le feu, pour n'avoir rien à craindre des poisons les plus violents : ces coupes sont réservées aux rois, et les rois seuls font la chasse à l'onagre. Apollonius dit avoir vu un de ces animaux, et s'être écrié : « Voilà un singulier animal ! » Et comme Damis lui demandait s'il croyait à ce que l'on contait des cornes de l'onagre, il répondit : « Je le croirai quand on me montrera quelqu'un de ces rois de l'Inde qui ne soit pas mortel. Lorsqu'un homme peut me présenter, ou présenter au premier venu une coupe qui, loin d'engendrer les maladies, les éloigne, comment supposer qu'il ne commence pas par s'en verser à longs traits jusqu'à s'enivrer ? Et en vérité personne ne pourrait trouver mauvais qu'on s'enivrât à boire à une telle coupe. »
— Philostrate d'Athènes, Τὰ ἐς τὸν Τυανέα ἈπολλώνιονH 14
Au début du IIIe siècle, Claude Élien reprend peut-être les récits de CtésiasFa1 14, ou ceux de Mégasthène :
« J’ai appris qu’il naissait en Inde des onagres dont la taille n’est pas inférieure à celle des chevaux. Tout leur corps est blanc, sauf leur tête, qui se rapproche du pourpre, et leurs yeux, qui diffusent une couleur bleu foncé. Ils ont sur le front une corne qui atteint bien une coudée et demie de long : la base de la corne est blanche, la pointe rouge vif, et la partie médiane d’un noir profond. (…) d’après Ctésias, les ânes indiens qui possèdent une corne (…) sont plus rapides que les ânes, et même plus rapides que les chevaux et les cerfs (…). Voici jusqu’où va la force de ces animaux : rien ne peut résister à leurs coups et tout cède et, le cas échéant, est complètement broyé et mutilé. Il leur arrive même fréquemment de déchirer les flancs de chevaux, en se ruant sur eux, et de leur faire sortir les entrailles (…). Il est pratiquement impossible de capturer un adulte vivant, et on les abat avec des lances et des flèches (…). »
— Élien, Περὶ Ζῴων ἸδιότητοH 15
Influence des érudits d'Alexandrie
Selon Odell ShepardSh 12 et Jean-Pierre JossuaJo 3, les érudits d'Alexandrie placent la licorne au cœur du symbolisme chrétien. Au IIIe siècle, de nombreux récits sur les animaux assortis d'une morale circulent. Le premier bestiaire chrétien, le Physiologus, y trouve son origine. Il exerce une influence considérable sur la diffusion de la légende de la licorne dans le monde occidentalSh 13,Jo 4.
Le Physiologos (en latin Physiologus), recueil de brefs récits vraisemblablement rédigé en grec ancien en Égypte au IIe siècleZu 1, raconte pour la première fois la capture d'un monocéros par des chasseurs utilisant une jeune vierge comme appât, entre autres descriptions d'animaux et de créatures imaginairesFa1 15. Le texte est présenté comme une technique de chasse, non comme un mytheFa1 15. Sa description pourrait être plus ancienneCar 11. Les différents auteurs du Physiologos ont pu créer de toutes pièces le récit de la capture de la licorne par une femme vierge en tant que symbole de l'incarnation du ChristSh 14. Ce récit peut aussi trouver sa source dans la symbolique d'attraction sexuelle entre la corne phallique de la licorne et la vierge pure, moralisée et adaptée à une vision chrétienneSh 14. Enfin, d'après Odell Shepard, ce récit pourrait être une pure création d'allégoristes chrétiensSh 15. Le récit du Physiologus est traduit dans un très grand nombre de langues, dont l'arabe, le syriaque, le latin, l'arménien, le vieux haut-allemand, l'islandais, l'ancien français, le provençal, le guèze, l'italien et le vieil anglaisSh 16. Traduit en latin au IVe siècle, il inspire d'innombrables auteurs de bestiaires occidentaux au Moyen ÂgeR 15 :
« Le psalmiste dit : « Ma corne sera portée dans les hauteurs comme celle de l'unicorne ». Le Physiologue a dit que l'unicorne a la nature suivante : c'est un petit animal qui ressemble au chevreau, et qui est tout à fait paisible et doux. Il porte une corne unique au milieu du front. Les chasseurs ne peuvent l'approcher à cause de sa force. Comment donc est-il capturé ? Ils envoient vers lui une vierge immaculée et l'animal vient se lover dans le giron de la vierge. Elle allaite l'animal et l'emporte dans le palais du roi. L'unicorne s'applique donc au Sauveur. « Car dans la maison de David notre père a fait se dresser une corne de salut ». Les puissances angéliques n'ont pas pu le maîtriser et il s'est installé dans le ventre de Marie, celle qui est véritablement toujours vierge, et le verbe s'est fait chair, et il s'est installé parmi nous »
— PhysiologosZu 2
La version latine la plus répandue cite la chasse de la même manière, en terminant ce court récit par une morale chrétienne : « Il en va de même aussi de notre Seigneur Jésus Christ, unicorne spirituel, qui, en descendant dans le ventre de la Vierge, prit chair en elle, fut pris par les Juifs et condamné à mourir sur la croix. À ce sujet David dit : Et il est aimé comme le fils des unicornes [Ps. 28, 6] ; et à nouveau dans un autre psaume, il dit de lui-même : ‘Et ma corne sera relevée comme celle de l’unicorne.’ » [Ps. 91.11]R 15
Cosmas Indicopleustès, marchand d'Alexandrie qui vit au VIe siècle et voyage dans « les Indes », écrit une cosmographie dans laquelle il cite la licorne. Il en fournit une représentation à partir de quatre figures en cuivre, qu'il aurait vues dans le palais du roi d’Éthiopie :
« La licorne est redoutable et invincible, ayant toute sa force dans la corne. Chaque fois qu'elle se croit poursuivie par plusieurs chasseurs et sur le point d'être prise, elle bondit sur un roc escarpé et se lance d'en haut ; pendant sa chute elle se retourne ; sa corne amortit le choc et elle reste indemne »
— Cosmas Indicopleustès, Χριστιανικὴ ΤοπογραφίαH 16
D'après Ettinghausen, ce « conte » pourrait être inspiré d'observations sur des chèvres ou des antilopes sauvages persesEt 16.
Au Moyen Âge
Chasse au monocéros dans le
Bestiaire Harley,
British Library, Harley 3244, f.42v.
Tous les récits médiévaux et leurs illustrations évoquant la licorne sont d'inspiration chrétienneFa1 16. Le monocéros est étudié sporadiquement au XIe siècle, sans laisser de traces notablesFa1 17. Dès la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle, la licorne devient l'un des thèmes favoris des bestiaires et de la tapisserie (dans une moindre mesure, des sculptures) dans l'occident chrétienDi 1,Ca 3. Elle n’apparaît toutefois que dans les ouvrages pour lettrés, soit une infime partie de la population médiévale. Il n’en est pas fait mention dans les contes et chansons du folklore populaireNote 3,Fa1 18. Elle se retrouve aussi sur quelques vitraux, dont les plus anciens connus sont dans la basilique de San Saba, à RomeFi 1.
Des créatures unicornes sont mentionnées et représentées dans le monde musulman médiéval. Le philosophe persan d'expression arabe classique Abû Hayyân al-Tawhîdî parle d'une créature nommée Manāfi, ne pouvant être capturée que par une jeune femme viergeEt 17. La description de la technique de chasse contient parfois des références à AllahEt 17. Le Physiologus s'est en effet diffusé en langue arabeEt 18. Richard Ettinghausen cite la croyance populaire médiévale selon laquelle la réputation de la corne de licorne pour détecter les poisons viendrait de la médecine arabe, mais il n'existe aucune source écrite pour l'attesterEt 19.
Bestiaires
Les premières licornes européennes apparaissent dans des bestiaires inspirés du Physiologus, malgré des efforts de certains religieux pour interdire sa diffusionNote 4. L'influence des textes gréco-romains, comme celui de Pline l'Ancien, est moindreFa1 15. La licorne acquiert un symbolisme chrétien justifiant sa présence dans les œuvres religieuses, bien qu'elle soit issue de descriptions païennesSh 16. Selon les versions, la jeune femme désireuse d'attirer une licorne doit parfois être nonne, de naissance noble, pure de cœur, d'une grande beauté, vierge de tout contact avec un homme14, ou tenir un miroirFa1 19. La licorne est créditée du pouvoir de reconnaître les vierges par l'odorat, ou grâce à ses propres dons magiques14. Le théologien Alain de Lille explique cette attirance des licornes pour les femmes vierges via la théorie des humeurs : la licorne, « chaude » de nature, est irrésistiblement attirée par une jeune fille « frigide »Sh 17.
Citant le Psysiologus, Pierre de Beauvais compare Jésus-Christ à « une licorne céleste qui descendit dans le sein de la Vierge », et fut pris, puis crucifié à cause de son incarnation. La corne ornant le front de la licorne est symbole de Dieu, la cruauté de la licorne signifie que personne ne peut comprendre la puissance de Dieu, sa petite taille symbolise l'humilité de Jésus-Christ dans son incarnationBi 1,Sh 4. Le Liber Subtilitatum de Divinis Creaturis (Livre des subtilités des créatures divines) de l'abbesse Hildegarde de Bingen, rédigé au XIIe siècle, est à la fois le plus riche des bestiaires médiévaux et le plus éloigné de la tradition grecque, puisqu'il s'attache aux propriétés des animauxFa1 20. Elle recommande un onguent à base de foie de licorne et de jaune d’œuf contre la lèpreH 17. Le port d’une ceinture en cuir de licorne est censé protéger de la peste et de la fièvre, tandis que des chaussures en cuir de cet animal éloigneraient les maladies des piedsR 25.
Le Bestiaire divin de Guillaume Le Clerc de Normandie, au XIIIe siècle, contient l'un des récits les plus détaillésFa1 21 :
« […] Elle est si téméraire, agressive et hardie qu'elle s'attaque à l'éléphant avec son sabot dur et tranchant. Son sabot est si aigu que, quoi qu'elle frappe, il n'est rien qu'elle ne puisse percer ou fendre. L'éléphant n'a aucun moyen de se défendre quand la licorne attaque, elle le frappe comme une lame sous le ventre et l'éventre entièrement. C'est le plus redoutable de tous les animaux qui existent au monde, sa vigueur est telle qu'elle ne craint aucun chasseur. Ceux qui veulent tenter de la prendre par ruse et de la lier doivent l'épier pendant qu'elle joue sur la montagne ou dans la vallée, une fois qu'ils ont découvert son gite et relevé avec soin ses traces, ils vont chercher une demoiselle qu'ils savent vierge, puis la font s'assoir au gite de la bête et attendent là pour la capturer. Lorsque la licorne arrive et qu'elle voit la jeune fille, elle vient aussitôt à elle et se couche sur ses genoux ; alors les chasseurs, qui sont en train de l'épier, s'élancent ; ils s'emparent d'elle et la lient, puis ils la conduisent devant le roi, de force et aussi vite qu'ils le peuvent »
— Guillaume Le Clerc de Normandie, Bestiaire divin16.
Brunetto Latini (1230-1294) donne dans son Livre du Trésor la description d'une licorne redoutable dont le corps ressemble à celui d'un cheval, avec le pied de l'éléphant, une queue de cerf et une voix épouvantable. Sa corne unique est extraordinairement étincelante et a quatre pieds de long, elle est si résistante et acérée qu'elle transperce sans peine tout ce qu'elle frappe. La licorne y est cruelle et redoutable, personne ne peut l'atteindre ou la capturer avec un piège. La description de la chasse est la même que dans les autres bestiaires16. Philippe de Thaon, fournit vers 1300 une interprétation qui se veut chrétienneH 18 :
Ancien français
« La met une pulcele, Hors del sein sa mamele: Et par l'odurement, Monosceros la sent, Dunc vient a la pulcele, Si baise sa mamele, En sun devant se dort ».
|
FrançaisNote 5.
« On place une pucelle, Qui découvre la mamelle de son sein : Et par l'odeur, Le monocéros la sent, Donc il vient à la pucelle, Puis embrasse sa mamelle, Et s'endort devant elle ».
|
Giovanni da San Geminiano parle dans son Summa de Exemplis et Rerum Similitudinibus Locupletissima d'une odeur de virginité qui rend la licorne douce comme un agneau lorsqu'elle se réfugie dans le giron d'une jeune viergeH 19.
Récits de Marco Polo
Livre des merveilles montrant l'âne, l'éléphant et la licorne. Fr. 2810, f.59v Rinoceronti/unicorni. Vers 1410-1412.
Le Devisement du monde (1298), de Marco Polo, contient plusieurs références à la licorne. Il y décrit un animal :
« (…) à peine moins gros qu’un éléphant, avec le poil du buffle, le pied comme celui de l’éléphant, une très grosse corne noire au milieu du front. Il ne fait aucun mal aux hommes ni aux bêtes avec sa corne, mais seulement avec la langue et les genoux, car sa langue est couverte d'épines très longues et aiguës. Quand il veut détruire un être, il le piétine et l’écrase par terre avec les genoux, puis le lèche avec sa langue. Il a la tête d'un sanglier sauvage et la porte toujours inclinée vers la terre. Il demeure volontiers dans la boue et la fange parmi les lacs et les forêts. C’est une vilaine bête, dégoûtante à voir. »
— Marco Polo, Devisement du mondeH 20.
Cette description ressemble beaucoup à celle du Rhinocéros de Sumatra, petit, velu et se couvrant régulièrement de boue : Sumatra fait en effet partie des régions visitées par l'explorateur17.
C'est également à Marco Polo que l'on doit la description d'une ancienne race de chevaux unicornes en Inde, prétendument issue du célèbre Bucéphale d'Alexandre le Grand :
« On pouvait trouver en cette province [l'Inde] des chevaux descendus de la semence du cheval à corne unique du roi Alexandre, nommé Bucéphale ; lesquels naissaient tous avec une étoile et une corne sur le front comme Bucéphale, parce que les juments avaient été couvertes par cet animal en personne. Mais toute la race de ceux-ci fut détruite. Les derniers se trouvaient au pouvoir d’un oncle du roi, et quand il refusa de permettre au roi d’en prendre un, celui-ci le fit mettre à mort ; mais de rage de la mort de son époux, la veuve anéantit ladite race, et la voilà perdueH 21… »
Des représentations de Bucéphale portant une corne noire au front, symbole de puissance et de divinité, apparaissent au Moyen ÂgeR 26. Bucéphale est censé se nourrir de chair humaine, comme les cavales de Diomède, mais seul Alexandre peut le monter, ce qui rappelle symboliquement la légende de la licorne attendrie par une viergeFa1 22.
Contes médiévaux
Plusieurs contes médiévaux, chargés ou non d'une morale, citent la licorne. Le dit de l’unicorne et du serpent, rapporté par Jacques de Voragine entre 1261 et 1266, met en scène un homme nommé Barlaam, qui vit dans le désert près de Senaah où il prêche souvent contre les plaisirs illusoires du mondeFa1 23. Instruisant Josaphat, le fils du roi, il lui raconte la parabole suivante :
« Ceux […] qui convoitent les délectations corporelles et qui laissent mourir leur âme de faim, ressemblent à un homme qui s'enfuirait au plus vite devant une licorne qui va le dévorer, et qui tombe dans un abîme profond. Or, en tombant, il a saisi avec les mains un arbrisseau et il a posé les pieds sur un endroit glissant et friable ; il voit deux rats, l’un blanc et l’autre noir, occupés à ronger sans cesse la racine de l’arbuste qu'il a saisi, et bientôt ils l’auront coupée. Au fond du gouffre, il aperçoit un dragon terrible vomissant des flammes et ouvrant la gueule pour le dévorer ; sur la place où il a mis les pieds, il distingue quatre aspics qui montrent la tête. Mais, en levant les yeux, il voit un peu de miel qui coule des branches de cet arbuste ; alors il oublie le danger auquel il se trouve exposé, et se livre tout entier au plaisir de goûter ce peu de miel. La licorne est la figure de la mort, qui poursuit l’homme sans cesse et qui aspire à le prendreH 22. »
La Dame à la licorne et le Chevalier au lion, conte courtois de Blanche de Navarre, daté du début du XIVe siècle, raconte qu'une princesse belle et chaste reçoit une licorne du Dieu d’amour, et se fait appeler « la blanche dame que la licorne garde ». Elle épouse un seigneur qui part un jour à l’aventure et capture, puis apprivoise un lion. La Dame se fait dire que son chevalier est mort, un mauvais seigneur en profite pour l’enlever. Le chevalier au lion, de retour, part à l’assaut du château du ravisseur, libère sa dame et tous deux quittent le château maudit, la dame montée sur sa licorne et le chevalier sur son lionH 23.
De la Renaissance au XVIIIe siècle
À la Renaissance, la licorne rejoint des traités de médecine à propos de l’usage de sa « corne », ainsi que des études bibliques discutant de sa présence dans les textes sacrés, en plus des ouvrages décrivant les animaux, des récits de voyages où les explorateurs affirment l'avoir rencontrée. Quelques traités d’alchimie, d'astrologie, d’héraldique, et des commentaires sur les textes gréco-romains, la mentionnent égalementFa1 24.
Commerce et usages de la corne de licorne
La fameuse « corne de licorne » se voit associer, depuis la fin du Moyen Âge, des pouvoirs magiques et des vertus de contrepoison qui en font l'un des remèdes les plus chers et les plus réputés durant la RenaissanceFa1 3. Sa principale utilisation médicinale est liée à son pouvoir de purification, mentionné pour la première fois au XIIIe siècle. La corne est alors recherchée par toute la royauté d'Europe pour purifier les mets des poisons ; la croyance veut qu'elle se mette à fumer en contact avec un plat empoisonnéFi 2. Ces légendes sur ses propriétés, circulant dès le Moyen Âge, sont à l’origine du commerce florissant de ces objets, qui deviennent de plus en plus communs jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, où leur origine réelle est connueDi 3. La « corne de licorne », de forme torsadée, s’échange, circuleR 27, et est consommée de différentes façonsH 24. Le cours de la « corne de licorne » atteint son apogée au milieu du XVIe siècle, où elle est considérée comme le meilleur contrepoison existant avec la pierre de bézoardR 28. Son prix ne cesse de baisser au cours des années suivantes, pour s'effondrer au XVIIe siècle, quand la découverte du narval se fait connaîtreR 28.
Récits de voyages et d'exploration
Frontispice de l'ouvrage
De unicornu observationes novae par
Thomas Bartholin, 1678.
De la fin du Moyen Âge à la Renaissance, à l'époque des grandes explorations, de nombreux voyageurs assurent avoir vu des licornes. Ils en font des descriptions très précises, souvent contradictoires, qui amènent les interprètes à croire que ces licornes forment une famille comprenant des races différentesFa1 11 ou à douter de la réalité de leur existenceFa1 11. Les récits d'explorateurs concordent parfois pour situer les licornes. L'Inde est très souvent citée, de même que l'Éthiopie. D'après Faidutti, ces deux pays forment les « terres d'élection des licornes »Fa1 25. Des témoignages isolés mentionnent plusieurs lieux du Moyen-Orient, Madagascar, le Caucase, l'Asie du Sud-Est et, plus exceptionnellement, les côtes est américaines, ainsi que le Groenland et l'AntarctiqueFa1 26. La licorne survit aux différentes phases d'exploration de la Renaissance, contrairement à d'autres animaux « fabuleux » comme le dragon et le griffon, qui rejoignent mythologies et récits folkloriquesFa2 4. Lorsque les régions où sont censées vivre les licornes sont entièrement explorées, d'autres récits mentionnent la bête dans des lieux plus inaccessibles encoreFa1 26, comme le TibetH 25,H 26, l'Afrique du Sud, et surtout le centre de l'AfriqueFa1 26.
Lors d'un séjour à La Mecque en 1503, l'explorateur italien Ludovico de Verthema rapporte avoir vu deux licornes dans un enclosH 27. Elles auraient été envoyées au Sultan de La Mecque par un roi d’Éthiopie en gage d’alliance, comme la plus belle chose qui soit au monde, un riche trésor et une grande merveilleH 27. « Le plus grand est fait comme un poulain d’un an, et a une corne d’environ quatre paumes de long. Il a la couleur d’un bai brun, la tête d’un cerf, le col court, le poil court et pendant sur un côté, la jambe légère comme un chevreuil. Son pied est fendu comme celui d’une chèvre et il a des poils sur les jambes de derrière. C’est une bête fière et discrèteH 27. »
Ambroise Paré cite le chirurgien Louis Paradis, qui décrit une licorne en ces termes : « son poil était couleur de castor, fort lissé, le cou grêle, de petites oreilles, une corne entre les oreilles fort lissée, de couleur obscure, basanée, de longueur d’un pied seulement, la tête courte et sèche, le mufle rond, semblable à celui d’un veau, les yeux assez grands, ayant un regard fort farouche, les jambes sèches, les pieds fendus comme une biche, la queue ronde et courte comme celle d’un cerf. Elle était tout d’une même couleur, excepté un pied de devant qui était de couleur jaune »H 28. En 1652, Thomas Bartholin décrit « un animal de la grandeur d’un cheval moyen, de couleur grise comme un âne, avec une ligne noire sur toute la longueur du dos, et une corne au milieu du front longue de trois spithamesBa 2 ». En 1690, le Dictionnaire universel d’Antoine Furetière donne cette définition de l'unicorne : « Il a une corne blanche au milieu du front, de cinq palmes de longueur… ». Un voyageur portugais décrit des licornes éthiopiennes en ces termes : « La licorne, qu’on trouve dans les montagnes de Beth en la Haute Éthiopie, est de couleur cendrée, et ressemble à un poulain de deux ans, hormis qu’elle a une barbe de bouc, et au milieu du front une corne de trois pieds, qui est polie et blanche comme de l’ivoire et rayée de raies jaunes, depuis le haut jusqu’en basH 29 ».
Le jésuite portugais Jerónimo Lobo cherche les sources du Nil, quand il rapporte sa rencontre avec des licornes dans un récit, daté de 1672 : « C’est là que l’on a vu la véritable licorne… Pour la licorne, on ne peut la confondre avec le rhinocéros qui a deux cornes, pas droites mais courbées. Elle est de la grandeur d’un cheval de médiocre taille, d’un poil brun tirant sur le noir ; elle a le crin et la queue noire, le crin court et peu fourni… avec une corne droite longue de cinq palmes, d’une couleur qui tire sur le blanc. Elle demeure toujours dans les bois et ne se hasarde guère dans les lieux découverts. Les peuples de ces pays mangent la chair de ces bêtes comme de toutes les autresH 30. »
D'après Olfert Dapper et Arnoldus Montanus (1673), sont censés vivre près de la frontière canadienne « des animaux ressemblant à des chevaux, mais avec des sabots fendus, le poil dru, une corne longue et droite au milieu du front, la queue d’un porc, les yeux noirs et le cou d’un cerf »H 31. Plus loin dans le même ouvrage, Dapper et Montanus décrivent « des chevaux sauvages au front armé d’une longue corne, avec une tête de cerf, ayant le poil de la belette, le cou court, une crinière pendant d’un seul côté, les pattes fines, des sabots de chèvres »H 31.
Descriptions de licornes aquatiques
Au milieu du XVIe siècle apparaissent des récits d'explorateurs mentionnant d'étranges licornes aquatiques. À la fin du XVIe siècle, le cosmographe André Thevet décrit le Pirassouppi, une « sorte de licorne à deux cornes », qu'il situe en ArabieFa1 12. Le navigateur portugais Garcias da Horto mentionne, entre le promontoire de Bonne-Espérance et celui des CourantesFa1 27, un animal amphibie avec la tête et le crin d’un cheval, une corne de deux empans de long, mobile, tournant tantôt à dextre, tantôt à sénestre, se haussant et se baissant. Cet animal combat furieusement contre l’éléphant, sa corne est fort prisée contre les veninsH 32. Rédigé en portugais, son récit est traduit en français en 1602H 32.
Le Camphruch, observé par André Thevet en 1575, se rapproche de l'animal décrit par HortaFa1 28. Alors qu'il voyage en Indonésie, il décrit une licorne aquatique dont le museau tient du phoque et du chat. L’avant du corps est semblable à celui d’une biche, avec une abondante crinière grise qui recouvre le cou. L'animal porte une longue corne torsadée et ses jambes postérieures sont palmées. Le camphruch chasse le poisson en l’empalant sur sa corne, qui a la particularité d’être mobile et de pouvoir soigner le poison, ce qui la rend très recherchéeH 33. Quelques années plus tard, le nom est simplifié en Camphur dans les encyclopédiesFa1 27.
Ouvrages savants et encyclopédies
Pierre Pomet mentionne cinq espèces de licornes dans son
Histoire générale des drogues.
Jan Jonston mentionne huit espèces de licornes dans
Historia naturalis de quadrupedibusH 34.
Des ouvrages savants consacrés à la licorne paraissent de la fin du XVIe siècle jusqu'au XIXe siècle. Dans de multiples encyclopédies, la licorne cohabite avec les animaux réels. Ces ouvrages évitent pour la plupart toute référence aux bestiaires médiévaux, et se basent sur les multiples récits et témoignages, souvent disparates, des explorateurs ayant prétendument croisé des licornesFa2 5. Ils dissertent sur l'existence de l'animal, son apparence et ses propriétésFa2 5. L’Historia animalium de Conrad Gessner, parue en 1551H 35, considérée comme l'une des premières compilations d’histoire naturelle, connaît de nombreuses rééditions. Elle consacre six pages à la licorne et surtout aux propriétés médicinales de sa corne, mais ne se prononce pas sur la réalité de l'existence de l'animal. En 1607, le révérend Edward Topsell publie à Londres The History of Four-Footed Beasts (L'histoire des bêtes à quatre pattes)H 36 une traduction anglaise à peine modifiée de l’Historia animaliumFa2 6.
Ulysse Aldrovandi (1522-1607), naturaliste originaire de Bologne dont le plus ancien exemplaire connu de l'ouvrage De quadripedibus solipedibus date de 1616, devient la référence en matière de zoologie en remplaçant le travail de GessnerFa2 7. Il explique comment un marchand juif de Venise a démontré l'authenticité d'une corne de licorne en la confrontant à des animaux venimeuxAl 2, sépare les « ânes cornus » De asinis cornutisAl 3 des « licornes proprement dites » (De monocerote sive unicorni proprie dicto)Al 4, et reste neutre sur la question de l'existence des licornesAl 5.
L’Historia naturalis de quadrupedibus de Jan Jonston (1652) présente huit espèces de licornes, avec des noms latinsH 34. Au moins deux des illustrations de la planche qui accompagne la description présentent des ressemblances certaines avec des espèces de rhinocéros.
Entre 1735 et 1744, Carl von Linné cite les licornes sans y croire dans son Systema naturae, au sein d'un appendice intitulé « Animalia Paradoxa », et qui regroupe principalement des légendes auxquelles certains accordaient encore quelque crédit à l'époque ; cette section sera abandonnée à partir de la 6e édition (1744). Il y solde ainsi le compte des licornes : « Monoceros [rhinocéros] des anciens, corps de cheval, pieds d'un "animal sauvage", corne droite, longue, torsadée en spirale. Il s'agit d'une invention des peintres. Le Monodon d'Artedi [= narval] a le même type de corne, mais les autres parties de son corps sont très différentes »18.
En 1751, c'est le Baron d’Holbach qui est l'auteur de l'article « Licorne » dans L'Encyclopédie, court et prudent :
« animal fabuleux : on dit qu’il se trouve en Afrique, & dans l’Ethiopie ; que c’est un animal craintif, habitant le fond des forêts, portant au front une corne blanche de cinq palmes de long, de la grandeur d’un cheval médiocre, d’un poil brun tirant sur le noir, & ayant le crin court, noir, & peu fourni sur le corps, & même à la queue. Les cornes de licorne qu’on montre en différens endroits, sont ou des cornes d’autres animaux connus, ou des morceaux d’ivoire tourné, ou des dents de poissons.19 »
Il ajoute que la « substance osseuse, semblable à de l’ivoire ou à une corne torse & garnie de spirales [qu'on rapporte parfois de Sibérie] n’appartient point à l’animal fabuleux à qui on a donné le nom de licorne ; mais […] elle vient de l’animal cétacé, qu’on nomme narhwal. »19 ; d'autres prétendues cornes de licornes, trouvées parfois lors de fouilles en Europe, sont selon lui des restes d'anciens poissons géants (en réalité des fossiles d'Elasmotherium).
Constellation de la licorne
La constellation de la Licorne aurait été nommée par l'astronome néerlandais Petrus Plancius en 1613, et cartographiée par Jakob Bartsch en 1624. Elle apparaîtrait sur des travaux de 1564 et Joseph Scaliger rapporte l'avoir vue sur un ancien globe céleste perse. D'après Camille Flammarion, il s'agit d'une constellation moderne qui n'est pas associée à une quelconque mythologie, mais nommée ainsi par simple analogie avec l'image de la licorne légendaire à cette époqueH 37.
XIXe siècle
En parallèle avec l'évolution de la croyance en son existence, la licorne rejoint peu à peu un riche bestiaire imaginaire qui la place au fond d'une forêt ou dans un pays parallèle, en compagnie des féesFa1 29. Le Vaillant Petit Tailleur, conte collecté par les frères Grimm, met en scène un jeune homme frêle issu du peuple qui doit tuer ou capturer une licorne féroce dans la forêt, et y parvient par la ruseFa1 30. De l'autre côté du miroir, roman de Lewis Carroll paru en 1871, parle de la licorne au chapitre 720. Le Lion et la Licorne s'y affrontent, en référence aux symboles héraldiques de l'Angleterre et de l’Écosse20.
Gustave Flaubert décrit poétiquement la licorne dans La Tentation de saint Antoine :
« J’ai des sabots d’ivoire, des dents d’acier, la tête couleur de pourpre, le corps couleur de neige, et la corne de mon front porte les bariolures de l’arc en ciel. Je voyage de la Chaldée au désert tartare, sur les bords du Gange et dans la Mésopotamie. Je dépasse les autruches. Je cours si vite que je traîne le vent. Je frotte mon dos contre les palmiers. Je me roule dans les bambous. D’un bond, je saute les fleuves. Des colombes volent au-dessus de moi. Une vierge seule peut me brider. »
— Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine
Un folklore tardif (1834), basé sur l'homophonie, veut qu'un seigneur du Maine soit un jour revenu d'une lointaine expédition avec une licorne, et l'ait perdue. Il se serait mis à hurler « Ma licorne ! Ma licorne ! », d'où le nom du village : Malicorne-sur-SartheH 38. Victor Segalen décrit dans son œuvre symboliste inachevée, La Queste à la Licorne, présentée comme un manuscrit médiéval de la fin du XVe siècle, le voyage de Messire Beroald de Loudun pour trouver la licorne en orient et en occident. Il la décrit comme une « cavale blanche très parfaite »R 29.
La licorne se retrouve sur de nombreux filigranes depuis la fin du XIXe siècle jusqu'à la première moitié du XXe siècle. Ils possèdent des interprétations symboliques inspirées des signes de reconnaissance de sociétés secrètes, comme les cathares, les alchimistes, les sociétés antichrétiennes, maçonniques ou rosicruciennesR 30,R 31.
XXe siècle et XXIe siècle
Licornes-jouet, typiques de la production de biens de consommation au
XXIe siècle.
D'après Faidutti, les travaux de Carl Gustav Jung (1944) ont particulièrement diffusé l'idée selon laquelle la licorne est un archétype imaginaire qui aurait existé de tous temps et dans toutes les civilisationsFa1 7. Cependant, l'ouvrage de Jung s'attache davantage à voir dans la licorne une représentation universelle de la nature duelle, changeante, double et paradoxale de la psyché humaineE 1.
La licorne est désormais associée à la culture de l'imaginaire, sans doute parce qu'elle provoque la rêverieFa2 8. Très populaire dans les courants New AgeFa1 31 et chez les artistes féeriques, bien que sans existence biologique, elle peut être décrite avec davantage de précision par une majorité de personnes que des animaux réels comme l'ornithorynque et le dodoFa2 9. Elle inspire une abondante production, incluant jouets, décorations de chambres d'enfants, posters, calendriers, ou encore figurines21, en particulier à destination des petites filles.
Bien qu'elle ne soit mentionnée nulle partR 32, ou de façon extrêmement marginaleFa1 32, dans la matière de Bretagne, la licorne est fréquemment associée, dans l'imaginaire collectif, à Merlin, à la forêt de Brocéliande, et aux légendes celtesFa1 32,22.
Le , plusieurs périodiques annoncent que, dans un but apparent de propagande, les autorités de Corée du Nord déclarent avoir découvert à Pyongyang une ancienne tanière de licornesP 2. The Guardian indique, toutefois, que l'information a été relayée avec une erreur : la licorne étant spécifique aux légendes occidentales, il s'agit d'une traduction erronée du mot « Qilin ». Les archéologues nord-coréens suggéraient, non pas que cette créature légendaire ait réellement existé, mais qu'ils avaient découvert un site associé à la légende du roi JumongP 3.
De nos jours, même si plus aucun scientifique ne croit à l'existence des licornes, elles restent parfois utilisées comme exemple méthodologique en biologie, entre autres pour modéliser la répartition de la population d'une espèce cryptique23. L'attirance des jeunes enfants pour les licornes a inspiré un médecin, qui raconte une histoire de pic (piqûre ?) de corne de licorne tout en pratiquant une ponction veineuse sur sa jeune patienteR 33.
Évolution de la croyance
Licorne d'après une gravure romantique du
XIXe siècle.
Plusieurs facteurs expliquent la longévité de la croyance en la licorne. Son apparence est plus vraisemblable que celle de créatures mythologiques comme la chimère ou le griffonDi 1. La mention écrite de licornes dans certaines traductions de la Bible forme un argument d'autorité en faveur de son existence, en particulier pendant la RenaissanceSh 18. Sa « corne » circule chez des apothicairesDi 1. Personne ou presque n’ayant l’occasion de voir des animaux exotiques en Europe, les érudits de l'époque admettent l’existence du monocéros dans un lointain paysDi 3,Fa1 33. Certains textes relèvent vraisemblablement de mensonges, plusieurs médecins affirmant avoir vu des licornes terrestres ou testé les propriétés médicinales de leur corneFi 3.
Bruno Faidutti identifie deux périodes historiques marquées par un vif débat autour de l'existence de la licorne dans l'occident chrétien : un débat d'ordre sémantique lié à la classification des espèces animales de la fin du XVIe siècle jusqu'au XVIIe siècle, et un débat principalement lié à l'observation d'antilopes unicornes en Afrique au XIXe siècleFa2 10. De 1550 à 1620 environ, le débat est selon lui « extrêmement ouvert, et les opinions exprimées très variées et souvent sceptiques »Fa2 11. La controverse resurgit à partir de 1785 ; le caractère « fabuleux » de la licorne n'est véritablement consensuel qu'au début du XXe siècleFa2 11. Depuis, le syncrétisme a entraîné une tendance à nourrir une vision reconstruite et fantasmée de la licorne, et à en défendre une vision mystique, de façon quasi-politique (?)Fa1 34.
Interprétations bibliques
Les
re'em d'après une gravure du
Hierozoycon, sive de Animalibus Scripturæ de Samuel Bochart en
1663.
L'introduction de la licorne dans certaines traductions bibliques est en partie responsable de son inclusion dans la mythologie chrétienne et de son symbolisme médiévalSh 19. Dans les livres de la Bible hébraïque, le mot hébreu re'em (רְאֵם), équivalent de l'arabe rim aujourd'hui traduit par « bœuf sauvage » ou « buffle », apparaît à neuf reprises comme une allégorie de la puissance divineR 34. Les traducteurs de la Bible du roi Jacques et ceux de la Bible de Martin Luther rendent le mot « re'em », respectivement, par « unicorn » et « einhorn », qui signifient « licorne »Sh 20,Fa1 35.
Au IIIe siècle av. J.-C. et IIe siècle av. J.-C., quand les juifs hellénisés d'Alexandrie traduisaient les différents livres hébreux pour en faire une version grecque appelée Septante, ils utilisaient pour traduire re'em le mot « monocéros » (μoνoκερως), qu'ils devaient connaître par Ctésias et AristoteR 34. À partir du IIe siècle, le judaïsme rabbinique a rejetéla tradition hellénistique et est revenu à l'hébreu (le texte massorétique). Mais, la Septante devient l'Ancien Testament du Christianisme : dans sa version latine, la Vulgate, le mot est traduit soit par unicornis, soit par rhinocerotisSh 18. Selon Yvonne Caroutch, les kabbalistes auraient remarqué (?) les lettres de la licorne (en tant que Re'em) : resch, aleph et mem, celles de la corne étant (Queren) qoph, resch et nunCar 12.
Ce passage est fréquemment cité pour justifier du caractère indomptable de la licorne :
« Le (re'em) voudra-t-il te servir, passer la nuit chez toi devant la crèche ?
Attacheras-tu une corde à son cou, hersera-t-il les sillons derrière toi ? »
— Job (39, 9-10)
Le Livre de Daniel utilise l'image d'un bouc avec une grande corne entre les yeuxH 39 dans le contexte d'une métaphore du royaume d'Alexandre le GrandR 34.
Aeneas Sylvius Piccolomini, le futur Pape Pie II, semble croire en l'existence de la licorne (1503)Fi 4. Plusieurs penseurs de la renaissance, dont Conrad GessnerH 40, ont imaginé que la licorne n'aurait pas pu monter dans l'Arche de Noé au moment du DélugeFa1 36. Selon un conte russe, la licorne refuse de monter dans l'Arche et préfère nager, sûre de survivre. En quarante jours et autant de nuits, elle reçoit des oiseaux fatigués sur sa corne. Alors que les eaux commencent à baisser, l'aigle se pose à son tour sur sa corne. La licorne, épuisée, coule et se noie24. Selon la tradition talmudique, la grande corne de la licorne, signe d'orgueil, l'empêche de trouver une place dans l'ArcheH 41,H 42. D'après des interprétations de la tradition hébraïque, la licorne ne prend pas place dans l'Arche de Noé, mais ses qualités lui permettent de survivre au Déluge. Certaines versions plus récentes ajoutent qu'elle y parvient en devenant le narval14. Dans la gravure ci-contre, extraite d'un exemplaire des Antiquités judaïques de Flavius Josèphe publié en 1631, la licorne est le seul animal à ne pas être en couple parmi ceux que Noé s'apprête à sauver des eaux.
Remises en cause de l'existence de la licorne
Les premiers textes remettant en cause l'existence de la licorne paraissent au milieu du XVIe siècle. En 1562, François Rabelais, par ailleurs médecin, évoque la licorne de façon humoristique dans PantagruelFi 4. En 1566, le Vénitien Andrea Marini publie Discorso contro la falsa opinione dell'Alicorno (en français : Discours contre la fausse opinion de la licorne), un ouvrage critique dans lequel il s'étonne que le commerce des cornes de licornes provienne de l'Angleterre et du DanemarkH 43. Ambroise Paré remarque dans son Discours de la licorne, en 1582, une forte disparité dans les descriptions de l'animal, présenté comme tantôt un cerf, tantôt un âne, un cheval, un rhinocéros, voire un éléphant, avec des différences physiques importantes tant pour la couleur (pelage blanc, noir ou brun) et la taille de la corne, que la forme des piedsPa 1. Il qualifie la licorne de « chose fabuleuse »Pa 2. Ambroise Paré met aussi en doute l'utilisation de la corne de licorne comme contrepoison, et procède à une expérience au cours de laquelle il place un crapaud, animal alors réputé venimeux, dans « un vaisseau plein d’eau où la corne de licorne avait trempé ». Il retrouve l'animal trois jours plus tard, « aussi gaillard que lorsqu'il l'y avait mis »Pa 3. Son ouvrage multiplie ainsi les exemples et les preuves inspirées de la méthode expérimentale pour réfuter l'existence de la licorne, et surtout pour combattre l'usage médicinal de sa corne, très répandu à l'époqueCa 4.
En 1751, l'article résolument sceptique, voire incrédule du Baron d’Holbach dans l'influente Encyclopédie de Diderot et d'Alembert achève sans doute de ridiculiser cette croyance dans la société européenne19. Trente ans plus tard, c'est à peine si Buffon la mentionne encore (« la licorne, […] que la plupart des Auteurs regardent comme un animal fabuleux ») dans sa non moins influente Histoire Naturelle, générale et particulière (Supplément, Tome VI, 1782)25.
Défenses de l'existence de la licorne
Dent de narval à la bibliothèque et au cabinet de curiosités du monastère de Strahov, 2015
L'ouvrage d'Ambroise Paré lui attire les foudres de certains théologiens et médecins. La Réponse au discours d'Ambroise Paré touchant l'usage de la licorne (1583), texte anonyme et haineux, le compare à LuciferFi 5 et affirme que « S’il y a des licornes… ce n’est pas pour ce que l’Écriture Sainte le dit, mais pour ce que réellement et de fait il y en a, l’Écriture Sainte le dit »H 44. Un apothicaire français tenant un cabinet de curiosités, Laurent Catelan, consacre en 1624 son Histoire de la nature, chasse, vertus, proprietez et usage de la lycorne à la défense de l'existence des licornes, en opposant les arguments d'Ambroise Paré aux siensH 45. Il attribue aux licornes un caractère violent et féroce, la capacité à se nourrir de poisons qui se concentrent dans leur corne, un odorat permettant de reconnaître la virginité et l’eau empoisonnée, et une corne elle-même empoisonnée à l'intérieur, attirant à elle tous les poisons présents dans l’eau par sympathieH 45. D'après lui, la licorne s'évanouit de joie lorsqu'elle rencontre une vierge et se laisse mourir de faim si elle est capturéeH 45.
En 1797, G. Reusser publie cinq pages « Sur l’Existence de la licorne » dans le Magasin encyclopédiqueH 46. En 1836, J.F. Laterrade publie une « Notice en réfutation de la non-existence de la licorne »H 47. Le même débat a lieu en langue allemande, J.W. von Müller publiant les 60 pages de Das Einhorn von geschichtlichen und naturwissenschaftlichen en 1853H 48.
Le septième volume de La revue de l'orient, en 1845, fournit une description encyclopédique de la licorneH 49. En 1853, l'explorateur Francis Galton la cherche en Afrique australe, offrant de fortes récompenses pour sa capture : « Les Bushmen parlent de la licorne, elle a la forme et la taille d’une antilope, avec au milieu du front une corne unique pointée vers l’avant. Des voyageurs en Afrique tropicale en ont aussi entendu parler, et croient en son existence. Il y a bien de la place pour des espèces encore ignorées ou mal connues dans la large ceinture de terra incognita au centre du continent »H 50. Odell Shepard cite un scientifique entraîné, qui croit avoir découvert une peinture de licorne en Afrique du Sud à la même époqueSh 6. Le Glossaire archéologique du Moyen Âge de Victor Gay, paru en 1883H 51, est, d'après Faidutti, le dernier ouvrage francophone à mentionner la licorne comme réelleFa2 12.
Croyance en une existence « spirituelle »
Si personne ne croit plus en l'existence physique de la licorneFa1 32, une croyance en des licornes « spirituelles » perdure de nos jours dans le courant New Age. L'ésotériste américaine D. J. Conway propose d'invoquer une licorne comme guide jusqu'au pays des fées, pour obtenir une croissance spirituelle et une amélioration de ses valeurs moralesE 2. Diana Cooper et Tim Whild présentent la licorne (2016) comme un ange gardien immatérielE 3, un « être énergétique » et un « guide spirituel »E 4. Adela Simons assure (2014) que les licornes vivent sur une fréquence vibratoire différente de l'être humain, et que leur (prétendue) présence dans la Bible est une preuve de leur existenceE 5. L'adepte du chamanisme et psychothérapeute Steven Farmer cite la licorne parmi les animaux-totem, attribuant à son apparition le message de la nécessité de poursuivre des activités artistiquesE 6.
Symbolisme
Jeune femme sauvage en compagnie d'une licorne. Gravure pour une carte à jouer du
Maître E. S., vers 1460-1467.
Avant que Carl Gustav Jung ne lui consacre une quarantaine de pages dans Psychologie et Alchimie en 1944, la licorne n'intéresse pas tant psychanalystes et symbologuesFa1 1. Souvent associée à la forêtR 35, lelle est avant tout rapprochée de la femme, comme le démontrent de multiples récits la décrivant en compagnie d'une jeune viergeFa1 37,Jo 5. Son pelage blanc rappelle la lune, astre symbole de la féminitéFa1 37. Sa pureté et sa chasteté s'opposent au lion, au pelage beige ou doré et à la crinière flamboyante, animal solaire et masculin par excellenceFa1 37. D'après les bestiaires médiévaux, la licorne a pour ennemi naturel l'éléphant, et s'oppose plus tard au lionFa1 37. La « lettre du Prêtre Jean », un faux de la fin du XIIe siècle, raconte le combat entre un lion et une licorne en ces termes « Le lyon les occit moult subtillement, car quand la licorne est lassée, elle se mect de costé ung arbre, et lion va entour et la licorne le cuyde fraper de sa corne et elle frappe l'arbre de sy grant vertus, que puys ne la peut oster, adonc le lyon la tueH 52. »
Spiritualité et religion
Jean-Pierre Jossua souligne le succès rencontré par la symbolique religieuse de la licorneJo 5. Le Physiologus compare en effet Jésus-Christ à « une licorne spirituelle », la corne de la créature à l'unicité de la nature divine du Christ, et la petite taille de la licorne à l'humilité du ChristR 36. Les bestiaires suivants rapprochent la jeune femme vierge accompagnant la licorne de MarieR 36,Fi 6. Une interprétation britannique de 1929 voit dans la corne de licorne l'unité entre Dieu et son fils JésusSu 1.
D'après les auteurs du Dictionnaire des symboles, la licorne peut renvoyer au Christ ou à la ViergeR 37. Sa corne symbolise une flèche spirituelle, un rayon solaire et une épée de dieu, la révélation divine et la pénétration du divin dans la créatureR 37. Selon la morale d'un bestiaire toscan daté de 1468, « la licorne symbolise les hommes violents et cruels auxquels rien ne peut résister, mais qui peuvent être vaincus et convertis par le pouvoir de DieuH 53 ». Jung mentionne aussi un ancien traité d'alchimie de Priscillien, selon lequel Dieu est « unicorne » : « Unicornis est Deus, nobis petra Christus, nobis lapis angularis Jesus, nobis hominum homo Christus »H 54. Selon différents auteurs, la corne de la licorne capte l'Esprit Saint et féconde la madone dans les « Annonciations à la licorne », symbolisant l'incarnation du Verbe de Dieu dans le sein de la Vierge MarieR 37,R 36. L'iconographie de la chasse à la licorne met l'accent sur la persécution du ChristR 36, la trahison envers Jésus-Christ, son flanc percé par une lance comme dans l'épisode biblique de la PassionFa1 16.
Pour Francesca-Yvonne Caroutch, toutes les licornes seraient des créatures spirituelles issues de la projection de l'expérience intime, fondamentale, du retour de l'unité. C'est l'animal de la tradition par excellence, elle lie la terre au ciel, le visible à l'invisible, les forces telluriques et cosmiques, le conscient et l'inconscient, les opposés, les polarités, elle est puissance et verticalité. Elle travaille sur les énergies subtiles, grâce à l'œil intérieurCar 13. D'après le Dictionnaire des symboles, la licorne est à elle seule puissance, faste et pureté, une pureté agissante et une sublimation miraculeuse de la vie charnelleR 37,Car 13.
Dualité
Dès l'époque des interprétations chrétiennes, la licorne revêt des symboliques opposées, puisqu'elle peut figurer Jésus-Christ ou représenter un danger à fuir dans les PsaumesR 36. Cette dualité de la licorne est évoquée par Voltaire :
« Cette licorne que vous l'avez vu monter est la monture ordinaire des Gangarides ; c'est le plus bel animal, le plus fier, le plus terrible et le plus doux qui orne la terre »
— Voltaire, Œuvres complètes
D'après Caroutch, la nature ambivalente de la licorne, désignant la fusion des polarités, lui permet d'être soleil ou lune, soufre ou mercure, fertilité ou virginitéCar 13. Selon le dictionnaire des symboles, les œuvres d'art qui présentent deux licornes s'affrontant renvoient à un violent conflit intérieur entre deux de ses valeurs : virginité et féconditéR 37. D'après Jung, la licorne en tant que symbole de la nature double et changeante de tout être vivant, apparaît dans l’allégorie ecclésiastique sous diverses formes pour représenter une « complexio oppositorum » (ensemble formé par des contraires) ou « materia prima » alchimique qui, étant double ou hermaphrodite, est destinée à se transformerJu 1. De la même manière, Jung met la licorne en parallèle avec le symbolisme du serpent chez les gnostiques, serpent qui représente l’essence de toute chose dont la nature changeante et multiforme correspond « à une idée clé dans l’alchimie »Ju 2.
Vue comme un animal pur et indomptableDi 1, le pouvoir de la licorne de déceler les impuretés renvoie (selon d'Astorg) à la fascination que la pureté exerce sur les cœurs corrompus26. Pour Caroutch, c'est une créature farouche, veillant sur le jardin de la connaissance. Androgyne, la licorne évoque la restauration de l'état édénique. Elle est l'animal tantrique qui transmute les souillures et l'un des animaux gnostiques proposant la libération par la connaissanceCar 13.
La licorne est l'un des rares animaux à corne qui ne soit pas présentés comme maléfiques, bien qu'il en existe aussi des représentations démoniaques. Elles possèdent alors généralement une corne courbéeFa1 38, et se laissent chevaucher par des démons ou des sorcièresR 27. Deux textes occidentaux, au moins, présentent des licornes dangereuses et menaçantes : la version chrétienne de la légende de Barlaam et Josaphat, et le conte du Vaillant Petit TailleurFa1 39. Selon Carl Jung, la licorne peut symboliser le mal, c'est-à-dire l'inconscient, parce qu'elle est dès l'origine un animal fabuleux et monstrueuxJu 3.
Amour et sexualité
La licorne symbolise aussi l'amour : Bertrand d'Astorg voit dans la licorne les grandes amoureuses qui refusent l'accomplissement de l'amour qu'elles inspirent et qu'elles partagent26. Lorsqu'elle est représentée avec sa corne dressée vers le ciel, elle évoque la puissance et la fertilitéDi 3. Son symbolisme sexuel est explicite, car cet animal est femelle et vierge, mais sa corne de forme phallique est un attribut mâle. Selon le Dictionnaire des symboles, cette corne peut symboliser une étape de la différenciation et la sublimation
sexuelle. Elle est comparable à une verge frontale, un phallus psychique renvoyant à la fécondité spirituelleR 37. Gilbert Durand renvoie la corne de la licorne à la puissance virileR 38. La licorne est parfois associée à la lascivité et à la luxure, comme le prouvent quelques statues et des bas-reliefs où elle place sa corne entre les seins nus d'une femmeFa1 40.
Alchimie
Cerf et licorne dans une forêt —
3e figure du
Traité de la pierre philosophale de
Lambspring.
D'après Faidutti, la licorne apparaît rarement et plutôt tardivement dans le pourtant riche bestiaire de la symbolique alchimiqueFa1 41. Une représentation de la licorne et de la Vierge figure dans l'une des versions XVIe siècle du manuscrit enluminé de l'Aurora consurgensH 55. Elle apparaît aussi, avec des significations différentes, dans deux livres d'emblèmes du tournant du XVIe siècle et du XVIIe siècle. Dans le poème alchimique De lapide philosophico (De la pierre philosophale) attribué à un certain Lambspring, publié pour la première fois en 1598 et illustré en 1625H 56, la triade forêt / cerf / licorne représente allégoriquement les trois parties de l'homme corps / âme / esprit qui, dans la théorie paracelsienne, sont utilisés pour représenter les trois « principes » constituants de la matière : le mercure, le soufre et le selR 39. Le cerf ailé se retrouve également associé à la licorneR 40. Dans une illustration de la Philosophia reformata (1622) de Johann Daniel MyliusH 57, la licorne sous un rosier symbolise l'une des sept étapes du grand œuvre alchimiqueFa1 41.
Jung évoque la croyance que les jeunes vierges calment la licorne, qu’il met en parallèle avec l’image d’un lion blessé sur les genoux d’une reine, pour dire que la licorne, comme le lion, symbolise la force masculine sauvage et pénétrante du « spiritus mercurialis » alors que la jeune vierge ou la reine, symbolisent l’aspect féminin et passif de ce même mercureJu 4. Le cerf est un symbole du mercure philosophique, associée à l'or de la licorne, du lion, de l'aigle et du dragonJu 3. Selon Francesca-Yvonne Caroutch, la licorne est l'un des emblèmes favoris des alchimistes, parce qu'elle neutralise tout venin, tout poison, elle œuvre à la transmutation alchimique en spiritualisant la matièreCar 13.
Tour à tour soleil et lune, semence et matrice, la licorne incarnerait le solve et coagula, pour dissoudre le corps et coaguler l'esprit, spiritualiser le corps et donner corps à l'espritCar 14. D'après Caroutch, dans la tradition hermétique, la licorne serait associée à l'œuvre au blanc, et l'escarboucle visible sous sa corne unique annoncerait le phénix de l'œuvre au rougeCar 15. Seul un sage accompli serait sûr de reconnaître la licorne, car elle peut déceler tout ce qui est altéré, impur, pollué ou maléfiqueCa 5. Selon le dictionnaire des symboles, elle désigne le chemin vers l'or philosophal aux hermétistes occidentauxR 37.
Psychanalyse
Les travaux de Carl Gustav Jung sur la licorne inspirent une grande variété d'interprétations, opposant notamment l'approche jungienne à l'approche lacanienne dans le domaine de l'interprétation des rêvesE 1. Hélène Renard décrit la licorne onirique comme source de force lors de difficultés passagères, en se fondant sur l'ouvrage le Mystère de la Licorne de Francesca-Yvonne CaroutchE 7.
Au cours d'un colloque de 1960, Serge Leclaire, premier disciple de Jacques Lacan, relate le rêve d'un de ses analysants. Ce rêve est connu en psychanalyse sous le nom de « Rêve à la licorne » : « La place déserte d'une petite ville : c'est insolite ; je cherche quelque chose. Apparaît, pieds nus, Liliane – que je ne connais pas – qui me dit : il y a longtemps que je n'ai pas vu de sable aussi fin. Nous sommes en forêt et les arbres paraissent curieusement colorés de teintes vives et simples. Je pense qu'il doit y avoir beaucoup d'animaux dans cette forêt, et comme je m'apprête à le dire, une licorne croise notre chemin ; nous marchons tous les trois vers une clairière que l'on devine, en contrebas. »E 8
Dans une première analyse, Leclaire extrait de ce qu'il appelle un texte inconscient ou texte hiéroglyphique, c'est-à-dire une chaîne constituée des mots Lili-plage-sable-peau-pied-corne, dont la contraction radicale donne Li-corne. Ce point de départ considéré comme ne dépassant pas le niveau préconscient, donna lieu à un approfondissement ultérieur par son auteur et à de nombreux commentaires et interprétations par différents psychanalystesE 9.
Représentations picturales de la licorne
D'après Jean-Pierre Jossua, le succès des représentations de licornes repose sur l'image du couple qu'elles forment en association avec une jeune femme viergeJo 6. La licorne inspire en effet de très nombreuses représentations dans l'occident chrétien : dans son ouvrage Spiritalis unicornis, catalogue des représentations médiévales, le franciscain Jürgen Werinhard Einhorn (Einhorn signifiant "licorne" en allemand) recense plusieurs milliers d'images de licorne pour le seul Moyen ÂgeR 41. L'association femme-licorne perdure après le Moyen Âge ; le peintre français Gustave Moreau (1826-1898) y recourt ppel dans une perspective érotique (voir ci-contre)Jo 7.
D'après Bruno Faidutti, les deux thèmes artistiques médiévaux les plus populaires sont la scène de la chasse à la licorne et celle de la purification des eaux à l'aide de sa corneFa1 42. Un thème artistique mineur, moins populaire, est celui du combat de la licorne contre l'éléphant et/ou le lionFa1 42. Dans les bestiaires médiévaux et l'iconographie du XVe siècle, la licorne est volontiers associée aux hommes, femmes et bêtes sauvagesH 58,Jo 8, ou chevauchée par des sylvainsFa1 43. Le symbolisme et les allégories favorisent la couleur blanche. C'est à la Renaissance que la licorne devient une créature plus fine, plus proche de la taille du cheval que de la chèvre, ne gardant que les sabots fendus et la barbichette en souvenir de son passé de « chevreau ». La robe blanche de cette licorne qui acquiert du cheval sa taille et sa noblesse s'impose pour un animal symbole de pureté et de modestieFa1 10.
Dans le monde musulman, des animaux unicornes composites sont attestés, souvent sous l'apparence de la licorne ailée, en combinant parfois des attributs de félinEt 20. Les représentations de licorne ailée lui confèrent également les attributs symboliques de PégaseR 27.
Miniatures médiévales
D'après Jean-Pierre Jossua, le récit du Physiologus donne naissance à une imagerie de licornes foisonnante, notamment dans les miniatures médiévalesJo 9. Il estime que cette imagerie de séduction d'un animal sauvage, évoquant sensualité et tendresse, est pour beaucoup dans le succès de la licorne médiévale, le texte religieux l'accompagnant étant de son point de vue plutôt superficielJo 10.
Les premières licornes médiévales inspirées des descriptions de Physiologos et de Ctésias ressemblent rarement à un « cheval blanc », pouvant être proches de chèvres, moutons, biches, voire de chiens, d'ours, et même de serpentsFa1 8. Leurs couleurs varient, et incluent le bleu, le brun et l'ocreFa1 8. Leur taille est plus proche de celle du chevreau que du chevalFa1 8. Des manuscrits basés sur la Topographie chrétienne de Cosmas Indicopleustès rapprochent la licorne d'une chèvre noire ou blanche, avec une barbichette et une longue corne droiteFa1 44. La scène de la chasse à la licorne se généralise au XIIe siècleR 36.
Comme le souligne Bruno Faidutti, la majorité des miniatures médiévales reprennent une mise en scène inspirée du Physiologus : la bête est séduite par une vierge traîtresse, pendant qu'un chasseur lui transperce le flanc avec une lanceFa1 45. Liée à la virginité des jeunes filles, cette scène de « capture de la licorne » semble issue de la culture de l’amour courtois26, du respect de la femme, des loisirs délicats, de la musique et de la poésieDi 1 :
- Représentations de la chasse à la licorne dans les bestiaires médiévaux
-
-
-
-
-
-
-
-
La Mise à mort de la licorne. Bestiaire (BNF, Italien 450), f.13v., XIVe siècle.
Tapisseries
D'après Faidutti, la licorne est emblématique des tapisseries de la RenaissanceFa1 46, en particulier de celles des ateliers de Flandres, qui la représentent le plus souvent en compagnie d'une dame ou d'animauxFa1 24. Les deux plus célèbres sont probablement La Dame à la licorne et La Chasse à la licorne, qui inspirent de nombreux commentaires et des travaux plus ou moins sérieuxFa1 47,E 10.
La Chasse à la licorne est une série de sept tapisseries exécutées à la fin du XVe siècle, qui représentent un groupe de nobles poursuivant et capturant une licorne. Leur origine reste controverséeFa2 13. La série fut achetée par John Davison Rockefeller, qui en fit don au Musée des Cloisters, où elle se trouve de nos joursR 42.
Les six tapisseries de La Dame à la licorne, datées de la même époque, sont exposées au Musée de Cluny à Paris. Probablement commandées pour Antoine Le VisteFi 7, elles constituent les plus célèbres pièces de ce musée et attirent de très nombreux visiteursFa1 48. Les circonstances de leur commande restent peu claires, mais elles pourraient avoir constitué des cadeaux de mariageFa1 49. Sur chacune d'elles, un lion et une licorne sont représentés à droite et à gauche d'une dameFa1 50. Ces tapisseries font l'objet de très nombreuses spéculations au moment de leur redécouverte et de leur restauration, au XIXe siècleFa2 14. Cinq de ces représentations illustrent un sens, vraisemblablement en suivant une progression du plus matériel au plus spirituelR 43. La sixième tapisserie, sur laquelle on peut lire la formule « À mon seul désir » sur une tente, est plus difficile à interpréter, mais semble relever d'une représentation moralisante d'un « sixième sens »R 44,R 43. La cinquième tenture de saint Étienne, dans le même musée, montre le corps du Saint exposé aux bêtes, dont une licorneFi 7. Il existe d'autres tentures bruxelloises avec des licornes, telle celle de Guillaume Tons l'Ancien, datée de 1565R 45.
- Représentations de la licorne dans les tapisseries de la Renaissance
-
-
-
Représentations féeriques modernes
Licorne, telle qu'on se la représente généralement depuis la fin du
XIXe siècle.
L'apparence de la licorne dans les œuvres du XIXe siècle et postérieurement, inspirées par la féerie, accentue encore la proximité avec le cheval blanc, puisqu'elle perd parfois sa barbichette et ses sabots fendus. Dépeinte comme une créature solitaire, pure et bénéfique, inspirée par l'idéologie New Age, la licorne porte désormais au front une corne de couleur blanche, dorée ou argentéeFa1 51. Elle est décrite comme « un cheval magique avec une corne », scintillante sous la lumière de la lune, cette corne dorée ou argentée renvoie au monde féerique et à la magie21.
Bruno Faidutti et Yvonne Caroutch citent la description de Bertrand d'Astorg à titre d'exemple :
« C'était une licorne blanche, de la même taille que mon cheval mais d'une foulée plus longue et plus légère. Sa crinière soyeuse volait sur son front ; le mouvement faisait courir sur son pelage des frissons brillants et flotter sa queue épaisse. Tout son corps exhalait une lumière cendrée ; des étincelles jaillissaient parfois de ses sabots. Elle galopait comme pour porter haut la corne terrible où des nervures nacrées s'enroulaient en torsades régulièresCar 16 »
Héraldique et logos
La licorne est une figure héraldique imaginaire. D'après Michel Pastoureau, jusqu'au XIVe siècle, elle est quasiment absente des blasons, probablement en raison de l'isolement de la culture héraldique (?)R 46. Elle est le plus souvent représentée blanche. Sa silhouette était plus proche de celle du chevreau à l'origine, ne se rapprochant du cheval qu'à partir du XVe siècle, mais conservant une barbiche caractéristiqueFa1 52. Elle est surtout utilisée comme support dans l'ornement extérieur de l'écuFa1 53H 59. Elle est beaucoup plus rare à l'intérieur de l'écu, bien qu'il existe des exemples dans les pays germaniquesFa1 53.
Bruno Faidutti cite le blason du chevalier de la table Ronde Gringalas le Fort, de sable à la licorne d’argent accornée et ancornée d’azur, comme l'un des plus vieux exemples de blason à la licorne connusFa1 52. Cet animal devient l’un des emblèmes les plus utilisés par les seigneurs et chevaliers à partir du XVIIe siècleFa1 54. Elle symbolise leurs vertusFa1 53. D'après un traité d'armoiries londonien publié en 1610, « sa noblesse d’esprit est telle qu’elle préfère mourir qu’être capturée vivante, en quoi la licorne et le vaillant chevalier sont identiques »H 60. De même, Marc de Vulson de La Colombière (1669) écrit que « cet animal est l’ennemi des venins et des choses impures ; il peut dénoter une pureté de vie et servir de symbole à ceux qui ont toujours fui les vices, qui sont le vrai poison de l’âme »H 61. Bartolomio d'Alvano, capitaine au service des Orsini, tire parti de cette symbolique en faisant broder une licorne plongeant sa corne dans une source sur son étendard, avec la légende « Je chasse le poison »R 27.
Dans les armoiries de Grande-BretagneSu 1, le lion représente l’Angleterre et la licorne l’ÉcosseFa1 53. La présence combinée de ces deux créatures symbolise l’union impériale des deux couronnes. Lewis Carroll cite une chanson enfantine anglaise, dans De l’autre côté du miroir, rappelant l’origine de ces supports d’armes20 :
The Lion and the Unicorn were fighting for the crown: The lion beat the unicorn all around the town
|
Le lion et la licorne se disputaient la couronne Le lion battit la licorne tout autour de la ville
|
Pour la couronne d’or et pour la royauté, Le fier Lion livrait combat à la Licorne. Elle fuit devant lui à travers la cité, Sans jamais, toutefois, en dépasser les bornes.
|
|
Traduction littérale |
Traduction de Jacques Papy |
Armoiries de la ville d'
Amiens.
En France, la licorne figure dans les armoiries de la ville d'AmiensH 62 et est l'emblème de l'Amiens Sporting Club, club de football professionnel de cette même ville, en Picardie. Elle est représentée sur le logo du club, qui dispute ses matches à domicile au stade de la Licorne27. La licorne est également présente dans le blason de la ville normande de Saint-LôH 63, et celui de la ville alsacienne de SaverneH 64, qui a inspiré une célèbre brasserieR 47.
Avec le développement de l'imprimerie, la licorne devient l’animal le plus représenté sur les filigranes de papier, et le plus répandu après le phénix dans les marques et les enseignes d’imprimeurs, dans toute l’Europe. Bruno Faidutti suppose qu'elle symbolise la pureté du papier, et donc celle des intentions de l'imprimeurFa1 55.
Dans la culture populaire
La licorne rose invisible.
La licorne reste une source d'inspiration pour les auteurs et créateurs de culture populaire, notamment d’œuvres relevant des littératures de l'imaginaire, du cinéma de fantasy, du merveilleux, du fantastiqueR 48 et du jeu de rôle sur tableR 49.
Dans La Fille du roi des Elfes de Lord Dunsany, la rencontre avec des licornes marque l'entrée d'un royaume enchantéFa1 56. Dans The Last Unicorn (La Dernière Licorne ), roman de fantasy de l'Américain Peter S. Beagle publié en 1968, une licorne vit paisiblement dans sa forêt lorsqu'elle entend deux chasseurs dire qu'elle serait la dernière28. Elle part à la recherche d'autres licornes, affronte une sorcière, est métamorphosée en femme, et retrouve son apparence origienlle au terme d'un combat contre un taureau de feu28. Elle libère ses semblables avant de regagner sa forêt28. L'adaptation en film d'animation du roman est sortie en 1982. D'après André-François Ruaud, cette œuvre oscillant entre merveilleux et naïf rencontre un « succès renversant », bien qu'il faille attendre trente ans pour la parution de sa traduction françaiseR 50.
Dans Les Dames à la licorne, publié en 1974, René Barjavel et Olenka de Veer imaginent que Foulques Ier d'Anjou a épousé une licorne, dont sont issus les rois d'Angleterre et d'Europe30. Le Signe de la Licorne de Roger Zelazny s'inscrit dans le cycle des Princes d'AmbreR 48. Le monde de Narnia compte des licornes ; dans Le Lion, la Sorcière blanche et l'Armoire magique, premier film de la série d'adaptation sorti en 2005, Peter Pevensie monte une licorne durant la première bataille31. Anne McCaffrey a créé une série de science-fiction autour d'Acorna, une licorne humanoïde trouvée dérivant dans un vaisseau spatial32. D'après un article de NooSFere, les licornes des romans de l'imaginaire « n'échappent pas totalement à la fatalité de la violence, car elles ne sont évoquées que dans des contextes tragiques »32. Ainsi, dans le premier tome de la saga Harry Potter, le meurtre des licornes fait découvrir la présence de Voldemort32 ; les licornes de cet univers de fiction se distinguent par les propriétés de leur sang, qui est un élixir de longue vie33.
En bande dessinée, Le Secret de La Licorne, dans la série de Tintin par Hergé, renvoie à un navire nommé La Licorne, dont la figure de proue représente une telle créature. Unico, un manga d'Osamu Tezuka, met en scène une petite licorne possédant de nombreux pouvoirs magiques, qu'elle emploie en faveur d'une personne qui l'aime et qu'elle aime en retour34.
Au cinéma, L'Enfant et la Licorne de Carol Reed (1955) évoque les croyances enfantines35. Dans le film de Blade Runner (1982), le personnage principal rêve d'une licorne, équivalent du mouton électrique évoqué dans le texteR 51. Les licornes du film Legend (1985), qui en sont l'un des sujets principaux, sont jouées par de fins chevaux blancsFa1 31 ; symbolisant l'équilibre entre le bien et le malR 48, elles vivent dans les forêts et au bord des rivièresFa1 31 ; c'est grâce à une corne de licorne que le démon Darkness est vaincuFa1 31. Nico la licorne est, à l'origine, un roman jeunesse américain de Franck Sacks paru en 199636, dont a été tiré un film en 1998. Il raconte l'histoire d'un jeune garçon de onze ans handicapé depuis un accident de voiture, qui sauve une ponette d'un cirque, laquelle donne naissance à une licorne douée de pouvoirs magiquesP 4. Dans U, film d'animation français sorti en 2006, la découverte de l'amour sépare une jeune fille de sa licorne37.
À la télévision, She-Ra, la princesse du pouvoir présente Éclair, le cheval d'Adora qui se transforme en Fougor, licorne ailée douée de paroleE 11. La série d'animation américaine Princesse Starla et les Joyaux magiques montre des adolescentes chevaliers d'Avalon montant des licornes38. Dans My Little Pony, les licornes sont l'une des trois races principales peuplant le monde d'Equestria, avec les poneys et les pégases39. Dans l'univers de Pokémon, Galopa est proche d'une licorne de feu40.
La licorne fait partie du bestiaire des jeux de rôle. Inclus au bestiaire de Donjons et Dragons, un numéro de Dragon magazine distingue une espèce principale, la licorne sylvestre, et dix sous-espèces. La plupart vivent pour protéger les forêts, leurs capacités proviennent de leur corne41. La licorne est l'une des montures des elfes sylvains dans l'univers de Warhammer.
Ces dernières années, la licorne est particulièrement représentée dans la culture internet, souvent de manière parodique, comme en témoignent le culte de la Licorne rose invisible (parodie de religion, reposant sur le paradoxe selon lequel la licorne est à la fois rose et invisible), les web séries décalées Charlie the Unicorn et Planet Unicorn, les œuvres dérivées de My Little Pony : Les amies, c'est magique ou encore l'univers de Robot Unicorn Attack, jeu vidéo de plates-formes très kitsch développé en Flash, qui semble directement tiré d'un rêve de petite filleR 52. D'après Amélie Tsaag Valren, son image subit une déchéance symbolique depuis les années 1980, les licornes perdant la richesse de leur légende originelle dans les productions de culture populaireR 52. Elles sont perçues comme des créatures mièvres, qui font fantasmer les petites fillesR 52. Dans le langage courant, le mot « licorne » est devenu une métaphore de l'extraordinaireP 5.
Notes
- Les travaux de F. Y Caroutch sont contestés. Selon Pierre Julien, Le livre de la licorne est affaibli « par le désordre de l'exposé, par l'absence de références et par des erreurs » - Julien 1992, p. 89-90. Bruno Faidutti met en garde contre l'« érudition aussi foisonnante qu'approximative » de F. Y. Caroutch : « à la différence de Malraux comme de Jung, madame Caroutch ne vérifie pas ses sources, et ses références sont généralement inexactes » : Faidutti 1996, p. 16.
- Bien qu'on la trouve fréquemment représentée dans des peintures du jardin des délices.
- Ce qui explique la quasi-absence de toponymes liés à la licorne, au contraire des centaines de « pierres aux fées », grottes de nains ou lutins, et autres repaires de loups-garous, attestés dans la toponymie occidentale.
- Un bestiaire provençal influencé par l'Église évangélique vaudoise fait de la licorne une incarnation du Diable qui ne peut être soumise que par la Sainte Vierge, bien que ce cas reste isolé : Shepard 1930, p. 26.
Références
Sources primaires historiques
- Ambroise Paré, Discours d'Ambroise Paré : avec une table des plus notables matières contenues esdits discours ; De la mumie ; De la licorne ; Des venins, Paris, Gabriel Buon, (lire en ligne [archive]). Édition commentée Ambroise Paré, Voyages et apologie suivis du Discours de la licorne, vol. 2 de Monumenta musica Europea: Renaissance, Éditions Gallimard, , 2e éd., 224 p.
- Arnaud Zucker, Physiologos, le bestiaire des bestiaires : Texte traduit du grec, introduit et commenté par A.Z., Grenoble, Jérôme Millon, coll. « Atopia », , 325 p. (ISBN 978-2841371716, lire en ligne [archive])
Travaux d'analyse
- « Licorne » [archive], dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales (sens 1) (consulté le ).
- Définitions lexicographiques [archive] et étymologiques [archive] de « licorne » (sens A) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le ).
- Réponse [archive] à la question d'Alex S. (France) du , dans Dire, ne pas dire, sur le site de l'Académie française [consulté le 1er février 2017].
- Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, (ISBN 9782850365324), licorne.
- Claude Lachet, Anthologie de l'amour courtois, Flammarion, coll. « Littérature et civilisation », , 466 p. (ISBN 2081407108 et 9782081407107, lire en ligne [archive]).
- Henriette Walter, Honni soit qui mal y pense : L'incroyable histoire d'amour entre le français et l'anglais, Paris, éditions Robert Laffont, (ISBN 2-221-08165-X), p. 113.
- Charles Alexandre, Dictionnaire français-grec ancien, Hachette Livre, (lire en ligne [archive]).
- (en) Giacomo Benedetti, « The story of Ekaśṛṅga in the Mahāvastu with its parallels », Journal of Asian Civilizations, vol. 38, no 1, , p. 1-51.
- (en) Dhivan Thomas Jones, « Like the Rhinoceros, or Like Its Horn? The Problem of Khaggavisāṇa Revisited », Buddhist Studies Review, vol. 31, no 2, , p. 165-78 (lire en ligne [archive]).
- (en) Catherine M. Draycott, « Unicorn’s horn or guideline ? On the meaning of an unusual diagonal line in an unfinished relief of a bovine on the Kalekapı tomb at Donalar, Paphlagonia », dans W. Wootton, B. Russell et E. Libonati (eds.), Art in the Making: Approaches to the Carving of Stone, (lire en ligne [archive]).
- Nybelin Orvar, « Essai d'interprétation de « la Licorne » de Lascaux », Bulletin de la Société préhistorique française. Comptes rendus des séances mensuelles, t. 62, no 8, , p. 276-279 (lire en ligne [archive]).
- (en) Eric Dinerstein, The Return of the Unicorns: The Natural History and Conservation of the Greater One-Horned Rhinoceros, Columbia University Press, coll. « Biology and Resource Management Series », , 384 p. (ISBN 0231501307 et 9780231501309), p. 82.
- (en) Aleksander Pluskowski, « Narwhals or Unicorns? Exotic Animals as Material Culture in Medieval Europe », European Journal of Archaeology, vol. 7, no 3, , p. 291–313 (ISSN 1461-9571, DOI 10.1177/1461957104056505, lire en ligne [archive], consulté le ).
- Bernard Ribemont, « Du rhinocéros à la licorne: question de dénomination », Études de Langue et Littérature françaises de l'Université de Hiroshima, vol. 24, , p. 223-239 (lire en ligne [archive]).
- Jean Meyers, « Le « rhinocéros » de frère Félix Fabri : Autopsie d’un passage de l’Evagatorium (II, 7, fol. 39 B-40 A) », Rursus, no 3, (lire en ligne [archive], consulté le ).
- (en) V. Zhegallo, N. Kalandadze, A. Shapovalov, Z. Bessudnova, N. Noskova et E. Tesakova, « On the fossil rhinoceros Elasmotherium (including the collections of the Russian Academy of Sciences », Cranium, vol. 22, no 1, , p. 16.
- (en) Paula Jo Reimer et Svetlana Vladimirovna Svyatko, « Comment on Shpansky et al. 2016,‘The Quaternary Mammals from Kozhamzhar Locality (Pavlodar Region, Kazakhstan). 2016 », American Journal of Applied Sciences, vol. 13, no 4, , p. 477-478 (DOI 10.3844/ajassp.2016.477.478).
- (en) Jaroslav Stetkevych, « In search of the unicorn : the onager and the oryx in the arabic ode », Journal of Arabic Literature, vol. 33, no 2, , p. 79–130 (ISSN 1570-064x, DOI 10.1163/157006402320379371, lire en ligne [archive], consulté le )
- (en) Charlotte H. Beck, « Unicorn to Eland: The Rilkean Spirit in the Poetry of Randall Jarrell », The Southern Literary Journal, vol. 12, no 1, , p. 3–17 (DOI 10.2307/20077623, lire en ligne [archive], consulté le ).
- Paul Veyne, « Prodiges, divination et peur des dieux chez Plutarque », Revue de l'histoire des religions, vol. 216, no 4, , p. 387-442 (lire en ligne [archive]).
- (en) Sanping Chen, Multicultural China in the Early Middle Ages, University of Pennsylvania Press, coll. « Encounters with Asia », , 296 p. (ISBN 0812206282 et 9780812206289), p. 51.
- Maurice Louis Tournier, L'imaginaire et la symbolique dans la Chine ancienne, L'Harmattan, , 575 p. (ISBN 9782738409768, lire en ligne [archive]), p. 147-151.
- Denis Sinor, « Sur les noms altaïques de la licorne », Wiener Zeitschrift für die Kunde des Morgenlandes, vol. 56, , p. 168–176 (lire en ligne [archive], consulté le ).
- (es) Xosé Luís Couceiro et Camilo Flores Varela, Homenaxe ó Profesor Camilo Flores, vol. 2, Univ. Santiago de Compostela, (ISBN 8481217883 et 9788481217889, lire en ligne [archive]), p. 353.
- Claude Lecouteux, Les monstres dans la pensée médiévale européenne: essai de présentation, vol. 10 de Cultures et civilisations médiévales, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, , 183 p. (ISBN 9782840500216), p. 45.
- Einhorn 1998, p. 130-131.
- Guy de Tervarent, Attributs et symboles dans l'art profane : dictionnaire d'un langage perdu : (1450-1600), Librairie Droz, coll. « Titre courant » (no 7), , 535 p. (ISBN 978-2-600-00507-4, OCLC 39046556, lire en ligne [archive]), p. 281-287.
- (de) Guido Schönberger, Narwal-Einhorn, Stüdien über einen seltenen Werkstoff, vol. IX, Städel Jahrbuch, 1935-1936.
- Olivier Boilleau, La Queste à la Licorne ou l’héritage symboliste dans l’œuvre poétique de Victor Segalen : Thèse de doctorat en littérature française, sous la dir. de Jean-Yves Tadié, Lille, Atelier National de Reproduction des Thèses, Université de Paris-IV Sorbonne, (présentation en ligne [archive]).
- (en) Harold Bayley, Lost language of Symbolism, t. II, Londres, Kessinger Publishing, LLC, (ISBN 978-0766176010), p. 98-99
- (en) Harold Bayley, New Light on the Renaissance Displayed in Contemporary, Londres, Emblems, (ISBN 978-1-4357-5196-5), p. 14-15
- (en) Elizabeth S. Sklar et Donald L. Hoffman, King Arthur in Popular Culture, McFarland, , 272 p. (ISBN 0786412577 et 9780786412570), p. 12.
- Isabelle Célestin-Lhopiteau et Antoine Bioy, Aide-mémoire - Hypnoanalgésie et hypnosédation: en 43 notions, Dunod, , 256 p. (ISBN 2100597337 et 9782100597338), p. 159.
- (en) J. L. W., « The unicorn in the messianic imagery of the greek bible », Journal of theological studies, vol. 45, no 1, , p. 117-136 (lire en ligne [archive]).
- Alain Couret, Frédéric Ogé et Annick Audiot, Homme, animal, société, vol. 2 de Histoire et animal: études, Presses de l'Institut d'études politiques de Toulouse, , 552 p., p. 183.
- Fabienne Pomel (dir.), Cornes et plumes dans la littérature médiévale: Attributs, signes et emblèmes, Presses universitaires de Rennes, , 426 p. (ISBN 2753546991 et 9782753546998), « La licorne », p. 138-141.
- Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1060 p. (ISBN 978-2-221-08716-9, OCLC 39853668), « Entrée « licorne » ».
- Gilbert Durand, Les Structures anthropologiques de l'imaginaire, Dunod, (ISBN 2100014153), p. 560.
- Bernard Joly (préf. Jean-Paul Dumont), La rationalité de l'alchimie au XVIIe siècle, Paris, Vrin, coll. « Mathesis », , 408 p., 22 cm (ISBN 2-711-61055-1 et 978-2-711-61055-6, BNF 35515811, lire en ligne [archive]), partie 3, chap. III (« La perfection et l'unité de la Pierre »), p. 257-258 qui reprend Ernst Kämmerer Le problème du corps, de l'âme et de l'esprit chez Paracelse et chez quelques auteurs du XVIIe siècle in Paracelse Cahiers de l'Hermétisme, Albin Michel, 1980.
- Bernard Marillier, Le cerf: symboles, mythes, traditions, héraldique, Éditions Cheminements, coll. « Hermine », (ISBN 2844784534 et 9782844784537), p. 111-112.
- Einhorn 1998.
- (en) Margaret Beam Freeman, The Unicorn Tapestries, Metropolitan Museum of Art, , 244 p. (ISBN 0870991477 et 9780870991479).
- Élisabeth Delahaye, « Les tapisseries de La Dame à la licorne, allégories des sens, Abstract », Communications, no 86, , p. 57–64 (ISSN 0588-8018, DOI 10.3917/commu.086.0057, lire en ligne [archive], consulté le ).
- Elisabeth Taburet, La Dame à la licorne, Réunion des Musées nationaux, , 128 p. (ISBN 271185034X et 9782711850341), p. 47-48.
- Marcel Roethlisberger, « La Tenture de la Licorne dans la Collection Borromée », Oud Holland, vol. 82, no 3, , p. 85–115 (lire en ligne [archive], consulté le ).
- Michel Pastoureau (préf. Jean Hubert), Traité d’héraldique, Paris, Picard, , 366 p., p. 156-157.
- Philippe Voluer et Daniel Cardot, La brasserie Licorne: histoire de la bière et de la brasserie à Saverne, , 111 p. (ISBN 2363290283 et 9782363290281).
- Gilbert Millet et Denis Labbé, Les mots du merveilleux et du fantastique, vol. 40 de Le français retrouvé, Belin, , 493 p. (ISBN 2701133424 et 9782701133423, ISSN 0291-7521), « licorne ».
- (en) Daniel Mackay, The Fantasy Role-Playing Game: A New Performing Art, McFarland, , 215 p. (ISBN 0786450479 et 9780786450473), p. 22.
- André-François Ruaud, Le Panorama illustré de la fantasy & du merveilleux, t. 2: De Tolkien à Moorcock, Les moutons électriques, (ISBN 2361833891 et 9782361833893), p. 352.
- (en) T. Shanahan, Philosophy and Blade Runner, Springer, , 217 p. (ISBN 1137412291 et 9781137412294), p. 15.
- Amélie Tsaag Valren, « La licorne, de Lewis Carroll à Mon petit Poney : histoire d'une déchéance symbolique », Cheval Savoir, no 35, (lire en ligne [archive]).
- Mireille Didrit et Raymond Pujol, Note de recherche d'Ethnozoologie : Licorne de Mer ou Licorne de Terre : le Narval, Université Paris-V - Sorbonne, maîtrise d'anthropologie sociale et culturelle, (lire en ligne [archive]).
- Ettinghausen 1950, p. 73-74 ; 149.
- Ettinghausen 1950, p. 1-2.
- Ettinghausen 1950, p. 73.
- Ettinghausen 1950, p. 81.
- Ettinghausen 1950, p. 95-96.
- Ettinghausen 1950, p. 10-21.
- Ettinghausen 1950, p. 21 ; 32.
- Ettinghausen 1950, p. 21.
- Ettinghausen 1950, p. 35-45.
- Ettinghausen 1950, p. 46-51.
- Ettinghausen 1950, p. 26-36.
- Ettinghausen 1950, p. 52-58.
- Ettinghausen 1950, p. XI ; 64-66, 157.
- Ettinghausen 1950, p. 65.
- Ettinghausen 1950, p. 74-75.
- Ettinghausen 1950, p. 93.
- Ettinghausen 1950, p. 59-61.
- Ettinghausen 1950, p. 76.
- Ettinghausen 1950, p. 109-110.
- Bruno Faidutti, Images et connaissance de la licorne : (Fin du Moyen Âge - XIXe siècle), t. 1, Paris, Thèse de doctorat de l'Université Paris XII (Sciences littéraires et humaines), , 390 p. (lire en ligne [archive])
- Faidutti 1996, p. 16.
- Faidutti 1996, p. 24.
- Faidutti 1996, p. 13.
- Faidutti 1996, p. 11.
- Faidutti 1996, p. 121.
- Faidutti 1996, p. 99.
- Faidutti 1996, p. 102.
- Faidutti 1996, p. 102-111.
- Faidutti 1996, p. 120.
- Faidutti 1996, p. 134-135.
- Faidutti 1996, p. 105.
- Faidutti 1996, p. 280.
- Faidutti 1996, p. 173-174 ; 231.
- Faidutti 1996, p. 39.
- Faidutti 1996, p. 27.
- Faidutti 1996, p. 54-55 ; 122.
- Faidutti 1996, p. 64.
- Faidutti 1996, p. 29.
- Faidutti 1996, p. 35.
- Faidutti 1996, p. 28.
- Faidutti 1996, p. 33.
- Faidutti 1996, p. 103.
- Faidutti 1996, p. 66-67 ; 81.
- Faidutti 1996, p. 18.
- Faidutti 1996, p. 281.
- Faidutti 1996, p. 281-282.
- Faidutti 1996, p. 231.
- Faidutti 1996, p. 173-174.
- Faidutti 1996, p. 316.
- Faidutti 1996, p. 75.
- Faidutti 1996, p. 204.
- Faidutti 1996, p. 202.
- Faidutti 1996, p. 29-30.
- Faidutti 1996, p. 5-6.
- Faidutti 1996, p. 68-69.
- Faidutti 1996, p. 283.
- Faidutti 1996, p. 76.
- Faidutti 1996, p. 88.
- Faidutti 1996, p. 85-90.
- Faidutti 1996, p. 96.
- Faidutti 1996, p. 140-141.
- Faidutti 1996, p. 72.
- Faidutti 1996, p. 51.
- Faidutti 1996, p. 104.
- Faidutti 1996, p. 17.
- Faidutti 1996, p. 14.
- Faidutti 1996, p. 15.
- Faidutti 1996, p. 14-15.
- Faidutti 1996, p. 77.
- Faidutti 1996, p. 149-151.
- Faidutti 1996, p. 204-206.
- Faidutti 1996, p. 128.
- Faidutti 1996, p. 130.
- Faidutti 1996, p. 127.
- Faidutti 1996, p. 131-132.
- Bruno Faidutti, Images et connaissance de la licorne : (Fin du Moyen Âge - XIXe siècle), t. 2, Paris, Thèse de doctorat de l'Université Paris XII (Sciences littéraires et humaines), , 362 p. (lire en ligne [archive])
- Faidutti 1996, p. 295-296.
- Faidutti 1996, p. 267.
- Faidutti 1996, p. 266-272.
- Faidutti 1996, p. 299-300.
- Faidutti 1996.
- Faidutti 1996, p. 153.
- Faidutti 1996, p. 147.
- Faidutti 1996, p. 300.
- Faidutti 1996, p. 304.
- Faidutti 1996, p. 125-126.
- Faidutti 1996, p. 135.
- Faidutti 1996, p. 134.
- Faidutti 1996, p. 137.
- Louis-Paul Fischer et Véronique Cossu Ferra Fischer, « La licorne et la corne de licorne chez les apothicaires et les médecins », Histoire des sciences médicales, t. XLV, no 3, , p. 265-274 (lire en ligne [archive])
- (en) Jonathan Mark Kenoyer, « Iconography of the Indus Unicorn : Origins and Legacy », dans Connections and Complexity: New Approaches to the Archaeology of South Asia, Left Coast Press, (ISBN 1598746863 et 9781598746860)
- Jean-Pierre Jossua, La licorne : images d'un couple, Éditions du Cerf, , 128 p. (ISBN 978-2-204-02299-6 et 978-2-204-02120-3, OCLC 12356953)
compte-rendu par
Blaise Ollivier, « La Licorne : invention littéraire et production religieuse [note critique] », Archives des sciences sociales des religions, vol. 61, no 2, , p. 169-173 (lire en ligne [archive]).
- (en) Willy Ley, The Lungfish and the Unicorn; an Excursion into Romantic Zoology, Modern Age Books,
- (en) Odell Shepard, Lore of the Unicorn : Folklore, evidences and reported sightings, Houghton Mifflin, (réimpr. 2007, Bibliobazaar), 336 p. (ISBN 978-0-486-27803-2, OCLC 28377099, lire en ligne [archive])
Ouvrage du domaine public. Malgré son ancienneté, la rigueur et l'exhaustivité du travail de recherche de Shepard sont soulignés dans divers travaux universitaires plus récents, entre autres ceux de
Bruno Faidutti.
- Shepard 1930, p. 14.
- Shepard 1930.
- Shepard 1930, p. 6.
- Shepard 1930, p. 25.
- Shepard 1930, p. 7-11.
- Shepard 1930, p. 9.
- Shepard 1930, p. 15.
- Shepard 1930, p. 295.
- Shepard 1930, p. 13.
- Shepard 1930, p. 18.
- Shepard 1930, p. 17-18.
- Shepard 1930, p. 22-23.
- Shepard 1930, p. 23.
- Shepard 1930, p. 26-27.
- Shepard 1930, p. 26.
- Shepard 1930, p. 24.
- Shepard 1930, p. 27.
- Shepard 1930, p. 20-22.
- Shepard 1930, p. 22.
Travaux relevant de l'ésotérisme ou de la psychanalyse
- Francesca Yvonne Caroutch, Le livre de la Licorne, Pardès, , 243 p. (ISBN 978-2-867-14066-2)
Compte rendu par
Pierre Julien, « Mystérieuse et contradictoire licorne : Yvonne Caroutch, Le Livre de la Licorne. Symboles, mythes et réalités [compte-rendu] », Revue d'Histoire de la pharmacie, vol. 80, no 292, , p. 89-90 (lire en ligne [archive]).
- Francesca Yvonne Caroutch, Le mystère de la Licorne: à la recherche du sens perdu, Dervy, , 534 p. (ISBN 978-2-850-76845-3)
- Francesca Yvonne Caroutch, La Licorne : Symboles, Mythes et Réalités, Paris, éditions Pygmalion, , 365 p. (ISBN 978-2-857-04787-2)
- Caroutch 2002, p. résumé éditeur.
- Caroutch 1989, p. 150.
- Caroutch 1997, p. 39.
- Caroutch 2002, p. 8-9.
- Caroutch 1997, p. 536.
- Caroutch 1989, p. 6.
- Caroutch 1989, p. 7.
- Caroutch 2002, p. 10.
- Caroutch 2002, p. 7.
- Caroutch 1997, p. 7-8.
- Caroutch 1989, p. 143-168.
- Caroutch 1997, p. 35.
- Caroutch 1997, p. présentation éditeur.
- Caroutch 1989, p. 25.
- Caroutch 1997, p. 353.
- Autres références psychanalyse et ésotérisme
- (en) Michael Vannoy Adams, The mythological unconscious, Spring Publications, (ISBN 9780882145952, OCLC 689549100, lire en ligne [archive]), Dreaming of a unicorn : a comparison of Lacanian and Jungian interpretation.
- (en) D. J. Conway, Magickal Mystical Creatures: Invite Their Powers Into Your Life, Llewellyn Worldwide, coll. « How-to Series », , 259 p. (ISBN 156718149X et 9781567181494), p. 22.
- Diana Cooper et Tim Whild (trad. de l'anglais par Martin Coursol), Le guide des archanges vers l'ascension : 55 étapes vers la lumière [« The archangel guide to ascension »], éditions Ada, (ISBN 9782897670818, OCLC 990819344, lire en ligne [archive]).
- (en) Diana Cooper, The Wonder of Unicorns, Findhorn Press, , 208 p. (ISBN 1844093255 et 9781844093250).
- (en) Adela Simons, A Unicorn in your Living-Room: A guide to Spiritual Illumination, Troubador Publishing Ltd, , 224 p. (ISBN 1783064641 et 9781783064649), p. 4.
- (en) Steven Farmer, Animal Spirit Guides, Hay House, Inc, , 455 p. (ISBN 1401932126 et 9781401932121), p. 389-390.
- Hélène Renard, Dictionnaire des rêves, Éditions France Loisirs (ISBN 2-7441-2720-5), p. 425.
- Serge Leclaire, « Le rêve à la Licorne », dans Psychanalyser, Paris, Le Seuil, (ISBN 9782020006361).
- Jean-Pierre Lehmann, Destins des traces - Che vuoi ?, Éditions L'Harmattan, , 278 p. (ISBN 2747586901 et 9782747586900, lire en ligne [archive]), chap. 23, p. 28-30.
- Bourniquel 1964, p. 136.
- Peggy A. Bulger, « The Princess of Power: Socializing Our Daughters Through TV, Toys, and Tradition », The Lion and the Unicorn, vol. 12, no 2, , p. 178-192 (lire en ligne [archive]).
Sources de presse
- (en) Tom Kington, « Unicorn' found in Tuscany wildlife park » [archive], The Guardian, (consulté le ). Voir aussi (it) « L'unicorno esce fuori dalla fiaba E si trasforma in realtà a Prato » [archive], Corriere fiorentino, (consulté le ).
- « La Corée du Nord affirme avoir trouvé une ancienne tanière de licorne » [archive], sur Le Huffington Post, (consulté le ) ; Sébastien Falletti, « Kim Jong-un et le secret de la licorne » [archive], sur Le Figaro, (consulté le )
- (en) Helen Pidd, « "Unicorn lair 'discovery' blamed partly on mistranslation" » [archive], The Guardian, .
- Vincent Ardillière, « C'est mon choix », Les Inrockuptibles, nos 431-435, , p. 42.
Autres références
- Dudley 2008, p. 94.
- Dudley 2008, p. 15-16.
- Dudley 2008, p. 16.
- Dudley 2008, p. 83-84.
- (no) Torfinn Ørmen, Drager : mellom myte og virkelighet [« Dragons: between myth and reality »], Oslo, Humanist forlag, , 1re éd. (ISBN 9788290425765), p. 252.
- (en) Tong Haowen und Liu Jinyi, The Pleistocene-Holocene extinction of mammals in China, Peking, Dong Wei - Proceedings of the Ninth Annual Symposium of the Chinese Society of Vertebrate Paleontology, , p. 111–119.
- Dudley 2008, p. 89-90.
- Dudley 2008, p. 90.
- Dudley 2008, p. 91.
- (en) Elena Passarello, Animals Strike Curious Poses, Random House, , 256 p. (ISBN 1473549493 et 9781473549494), chap. Lancelot.
- Jean Lebrun invitant Michel Pastoureau, « Les textes illustres du Moyen Âge : Les bestiaires et la symbolique animale » [archive], sur France Inter, .
- Dudley 2008, p. 12-14.
- Ctésias n'a en réalité jamais séjourné en Inde
- (en) Joni Richards Bodart, They Suck, They Bite, They Eat, They Kill: The Psychological Meaning of Supernatural Monsters in Young Adult Fiction, Scarecrow Press, coll. « Scarecrow studies in young adult literature » (no 43), , 300 p. (ISBN 0-810-88227-2 et 978-0-810-88227-0, OCLC 746833535), p. 202-204.
- Aristote et Pellegrin 2014, p. 1156-1157
- Bianciotto 1980.
- Pierre Racine, Marco Polo et ses voyages, Perrin, , 456 p. (ISBN 9782262031329)
- Carl von Linné, Systema naturae per regna tria naturae : secundum classes, ordines, genera, species cum characteribus, differentiis, sinonimis, locis : Regnum animale, t. 1, Leyde, .
- Paul Henri Thiry d'Holbach, « Licorne », Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, vol. 9, , p. 486 (lire en ligne [archive]).
- (en) Lewis Carroll, Through the Looking-Glass, and What Alice Found There. Traduction française : Lewis Carroll (trad. Michel Laporte, ill. Natalie Shau), Alice de l'autre côté du miroir, Livre de Poche Jeunesse, , 160 p. (ISBN 2013231164 et 9782013231169), « VII ».
- Dudley 2008, p. 5.
- Pour des exemples en langue française, voir, entre autres : Vincent Dutrait, Arnaud Crémet, André-François Ruaud et Fabrice Collin, Le grimoire de Merlin: et autres créatures fantastiques…, Deux Coqs d'Or, , 176 p. (ISBN 2013940106 et 9782013940108), Denis Nerincx, La Licorne de fiel, In Libro Veritas, 129 p. (ISBN 978-2-352-09001-4) ; Élodie Loisel, Le souffle de Merlin, vol. 3 de Le secret des druides, Éditions AdA (ISBN 2897673745 et 9782897673741) ; Marc Cantin (ill. Stan, Vince), Une licorne pour cinq !, Flammarion, , 90 p. (ISBN 2081243237 et 9782081243231) ; Cornen, La licorne de Brocéliande, Editions de la Fibule, , 36 p. (ISBN 2952362165 et 9782952362160).
- Boris Leroy, « Modéliser les licornes pour mieux prédire les espèces réelles » [archive], sur http://borisleroy.com [archive].
- (en) Matti Megged, The Animal that never was : in search of the unicorn, New York, Lumen Books, , 162 p. (ISBN 0-930-82920-4 et 978-0-930-82920-9, OCLC 803116113).
- Georges-Louis Leclerc de Buffon, Histoire Naturelle, générale et particulière : Supplément, t. 6, Paris, (lire en ligne [archive]).
- d'Astorg 1963.
- Nadine-Josette Chaline, Amiens, 1900-2000: un siècle de vie, Éd. des Falaises, coll. « Mémoires de ville », , 199 p. (ISBN 2848110104 et 9782848110103, ISSN 1633-3829), p. 180.
- Peter S. Beagle (trad. de l'anglais), La dernière licorne, Denoël, coll. « Lune d'encre », , 31 p. (ISBN 9782207249598).
- René Barjavel, Les Dames à la licorne, Presses de la Cité, , p. 190.
- René Barjavel et Olenka de Veer, Les dames à la licorne: roman, Presses de la Cité, , 338 p..
- (en) Craig Graham, Peter's Destiny: The Battle for Narnia, HarperCollins, coll. « The Chronicles of Narnia Series », , 96 p. (ISBN 0060852364 et 9780060852368)
Voir couverture.
- Nathalie Labrousse, « La fantasy, un rôle sur mesure pour le maître étalon », Asphodale, NooSFere, no 2, (ISBN 2-84727-016-7, « lire en ligne [archive] » sur le site NooSFere).
- J.K. Rowling, Les animaux fantastiques : Newt Scamander, Gallimard Jeunesse, , 96 p. (ISBN 978-2070549283).
- Osamu Tezuka (trad. Sylvain Chollet), Unico, vol. 1, Toulon, Soleil manga, , 226 p. (ISBN 978-2-84946-124-2 et 2-84946-124-5).
- Jean Tulard, Le Nouveau guide des films - Intégrale, Groupe Robert Laffont, , 9658 p. (ISBN 2221124863 et 9782221124864), « Enfant et la licorne (L') ».
- (en) Frank Sacks, Nico The Unicorn, Tom Doherty Associates, , 160 p. (ISBN 0812551710 et 9780812551716).
- Grégoire Solotareff et Serge Elissalde, « U de Grégoire Solotareff et Serge Elissalde » [archive], sur http://www.gillesciment.com [archive] gillesciment.com (consulté le )
- (en) Michael N. Salda, Arthurian Animation: A Study of Cartoon Camelots on Film and Television, McFarland, (ISBN 1476606145 et 9781476606149, lire en ligne [archive]), p. 100-103.
- (en) Martin Garcon et Masoud Nosrati, « Horse Symbolism Review in Different Cultural Backgrounds », International Journal of Economy, Management and Social Sciences, (ISSN 2306-7276, lire en ligne [archive])
- (it) Loredana Lipperini, Generazione Pokémon: i bambini e l'invasione planetaria dei nuovi "giocattoli di ruolo", Castelvecchi, , 235 p. (ISBN 9788882102494), p. 19-20.
- (en) John Wybo II, « Unique Unicorns », Dragon (TSR), no 190, .
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Pierre Pellegrin (dir.) et Aristote, Aristote, Œuvres complètes, Paris, Éditions Flammarion, , 2923 p. (ISBN 978-2-0812-7316-0), Histoire des animaux.
- [Beer 1977] (en) Rüdiger Robert Beer (trad. de l'allemand par Charles M. Stem), Unicorn: Myth and Reality, New York, Ash & Grant, (ISBN 9780884055839 et 0-904-06915-X, OCLC 842205280, présentation en ligne [archive])
- Jocelyn Benoist (dir.) et Véronique Decaix (dir.), Licornes : celles qui existent et celles qui n'existent pas, Paris, Vendémiaire, coll. « Retour au Moyen Âge », , 396 p. (ISBN 978-2-36358-362-8).
- [d'Astorg 1963] Bertrand d'Astorg, Le mythe de la Dame à la licorne, Éditions du Seuil, coll. « Pierres vives », , 197 p. (ISBN 978-2-020-02598-0, OCLC 150415334)
Compte-rendu par
Camille Bourniquel, « Le mythe de la licorne », Esprit, no 324, , p. 135–137 (lire en ligne [archive], consulté le )
- [Dudley 2008] (en) William Dudley, Unicorns, Capstone Press, coll. « The mysterious and unknown », (ISBN 1-601-52389-0 et 978-1-601-52389-1, OCLC 868662201)
- [Einhorn 1998] (de) Jürgen Werinhard Einhorn, Spiritalis unicornis: Das Einhorn als Bedeutungsträger in Literatur und Kunst des Mittelalters, W. Fink, , 2e éd. (1re éd. 1976), 685 p. (ISBN 3-770-53143-4 et 978-3-770-53143-1, OCLC 803949697)
- [Epstein 1997] (en) Marc Michael Epstein, Dreams of subversion in medieval Jewish art and literature, Penn State Press, (lire en ligne [archive]), chap. 5 (« The horn of His annointed From history to eschatology »), p. 96-112
- [Giblin 1991] (en) James Giblin (ill. Michael McDermott), The truth about unicorns, HarperCollinsPublishers, , 113 p. (ISBN 978-0-060-22478-3 et 978-0-060-22479-0, OCLC 22420172)
- [Gotfredsen 1999] (en) Lise Gotfredsen (trad. Anne Brown), The Unicorn, Abbeville Press, , 192 p. (ISBN 0-789-20595-5 et 978-1-860-46267-2, OCLC 60163909)
- [Hathaway 1980] (en) Nancy Hathaway, The unicorn, New York, Avenel, (réimpr. 24 novembre 1987, Random House) (ISBN 0-517-44902-1 et 978-0-517-44902-8, OCLC 10711105)
- [Lavers 2009] (en) Chris Lavers, The Natural History of Unicorns, Granta Books, (ISBN 978-1-847-08062-2, OCLC 263296102)
- [Pastoureau et Taburet-Delahaye 2013] Michel Pastoureau et Elisabeth Taburet-Delahaye, Les secrets de la licorne, Paris, Réunion des Musées Nationaux, , 141 p. (ISBN 978-2-711-86112-5, OCLC 862797760)
- [Restelli 1992] (it) Marco Restelli, Il Ciclo dell’unicorno : Miti d'Oriente e d'Occidente, Marsilio Editore, coll. « Saggi », , 177 p. (ISBN 8-831-75532-3 et 978-8-831-75532-0, OCLC 28996406)
- [Schrader 1978] (en) Dorothy Lynne Schrader, Le dit de l'unicorne (The unicorn story), The Florida State University (doctorat de littérature médiévale),
Articles connexes
Liens externes
- (de) Pascal Gratz, « De Monocerote - Zur Rezeptionsgeschichte des Einhorns » [archive],
- (en) Aaron J. Atsma, « Equus Unicorn [La licorne en Grèce antique] » [archive], Theoi Greek Mythology.
- (en) Emil G. Hirsch et I. M. Casanowicz, « Unicorn » [archive], Jewish Encyclopedia, (consulté le )
- Michel Pastoureau invité de Jean Lebrun, « Les textes illustres du Moyen Âge : Les bestiaires et la symbolique animale » [archive], sur France Inter, .
- Michel Pastoureau et Mathilde Wagman, « Les mystères de la licorne » [archive], sur France Culture, .
Dragon
Peinture d'un dragon oriental par le japonais
Hokusai (1844).
Le dragon est une créature légendaire représentée comme une sorte de gigantesque reptile, ailes déployées et pattes armées de griffes1. Dans de nombreuses mythologies à travers le monde, on retrouve des créatures reptiliennes possédant des caractéristiques plus ou moins similaires, désignées comme dragons2.
Présentation
Par son apparence reptilienne, le dragon est intimement lié à la terre. Cependant, il se détache du monde terrestre par sa capacité à voler, ce qui le distingue des rampants, à l'image des serpents (le plus souvent malfaisants) que l'on retrouve de par le monde (nâga, aspic…)3. Ces derniers s'opposent, au contraire, aux créatures aériennes, physiquement ou symboliquement : en Égypte, Horus dieu faucon fils d'Osiris l'adversaire d'Apophis le serpent, en Asie, Garuda aigle géant combattant les serpents nâga…
Ses représentations varient cependant énormément en fonction des civilisations. Symbole de vie et de puissance en Chine, protecteur en Indonésie, protecteur de trésors en Grèce antique ou encore maléfique et ravisseur de princesses en Europe médiévale.
Une distinction principale est à faire entre les dragons occidentaux et les dragons orientaux, comme les ryuu (竜) japonais ou lóng (龍trad. 龙simpl.) chinois.
Étymologie
Le mot dragon existe déjà en ancien français et vient du latin draco qui signifie « grand serpent, dragon », lui-même issu du grec δράκων / drákōn (génitif δράκοντος / drákontos), « serpent, grand animal marin »5,6. Les termes grec et latin font référence à tout grand serpent, pas nécessairement mythologique5. Le mot grec δράκων est vraisemblablement dérivé du verbe δέρκομαι / dérkomai qui signifie « je vois » (dont l'aoriste est ἔδρακον / édrakon)6.
Le terme est entré dans la langue anglaise au début du XIIIe siècle à partir du vieux français.
Origines
Dragon des jardins de l'hôtel Les Pagodes de Beauval à
Seigy, France.
Des origines mal définies
Il est difficile de déterminer une origine géographique ou historique aux dragons. Leur apparition semble dater des premières civilisations, peut-être même du Paléolithique supérieur. En appliquant des outils statistiques à divers types de dragons à travers le monde7, puis à divers récits racontant le combat contre le monstre8, Julien d'Huy a en effet pu montrer l'existence d'un signal phylogénétique très similaire pour les dragons et pour les récits de combat, ces deux ensembles s'organisant en une progression géographique qui laisse supposer une origine africaine du motif. Parti d'Afrique, le motif aurait ensuite atteint l'Asie du Sud-Est, avant de se diffuser en Australie puis en Amérique et, dans une dernière vague, vers l'Europe paléolithique9.
Le proto-dragon, tel qu'il a pu être statistiquement reconstruit, était en partie serpent ; il gardait les sources et autres points d’eau, pouvait voler et apparaissait lorsque la pluie et le soleil s’interpénètrent. Il possédait des écailles et des cornes, ainsi qu’une pilosité humaine. Il s'opposait à la foudre et au tonnerre. Enfin, il pouvait provoquer des inondations et des tornades. Il est intéressant de noter que cet ensemble de traits se retrouve encore dans les mythologies — et dans les arts rupestres, pour certains très vieux — du monde entier9, ce qui laisse supposer que cette reconstruction serait au moins partiellement vraie.
Les plus anciennes traces connues de représentations du dragon remontent quant à elles à la Mongolie au Néolithique10, et au IVe millénaire av. J.-C., dans une tombe néolithique de Xishuipo, site archéologique de la province du Henan, en Chine : formée de coquillages, sa forme se détache nettement aux côtés du défunt. La découverte de cette tombe date des années 198011. Une autre représentation, vieille de 2 500 ans, constituée de briques de couleur, fut découverte sur les murs de la porte d'Ishtar, une des monumentales portes de Babylone.
Il s'agit là d'une figure religieuse imaginaire, tout comme le sont le sphinx, les sirènes ou toute autre créature fabuleuse. Celles-ci s'appuient davantage sur des espèces animales existantes, que l'homme hybride à sa fantaisie, que sur la découverte d'un squelette gigantesque (il est d'ailleurs décrit comme « un animal fantastique […] avec des griffes de lions, des ailes et une queue de serpent » dans le Larousse12). On trouve ainsi des monstres aux formes semblables, mais néanmoins différents, dans presque toutes les cultures antiques, et ces mythes se sont par la suite « contaminés » les uns les autres, pour s'approcher de la figure actuelle, désormais universelle.
Dinosaures et autres fossiles
Le dinosaure Iguanodon bernissartensis, reconstitution d'artiste, 1896.
Contrairement à ce qui est parfois représenté dans la fiction, les premiers humains n'ont jamais côtoyé les dinosaures non-aviens dont 65 millions d'années les séparant, et c'est pourquoi la relation entre dinosaures et dragons est controversée3. Toutefois, l'hypothèse selon laquelle les fondateurs des premières civilisations ont pu trouver des ossements de dinosaures dégagés par l'érosion est envisagée, et certains cas sont attestés : ainsi, des ossements découverts dans le Sichuan sont attribués à un dragon par l'historien Chang Qu (en), vers 300 av. J.-C.13,14. De même, un œuf fossilisé d'autruche (décrit comme Struthiolithus chersonensis) était attribué au XIXe siècle à un dragon par des paysans chinois15,16.
Grands reptiles
De grands reptiles, comme les crocodiles, pourraient aussi avoir contribué à la diffusion du mythe. En effet, il arrivait que le crocodile du Nil, dont l'aire de répartition était beaucoup plus importante à l'époque antique, atteigne la rive nord de la Méditerranée14.
Le Varan de Komodo et des cousins comme le Megalania prisca (éteint mais qui a probablement côtoyé l'homme), peuvent également avoir inspiré des légendes de dragons.
Protée
Dans La Gloire du Duché de Carniole (Die Ehre dess Hertzogthums Crain), Janez Vajkard Valvasor décrit les mythes et légendes slovènes faisant du Protée anguillard un bébé dragon. En effet, lors des crues, cet animal cavernicole est expulsé des grottes où il vit. Les populations locales en concluaient que de grands dragons vivent sous la croute terrestre et que ce petit animal en est la larve17.
Dragons occidentaux
Dans la tradition occidentale (mythologie grecque, celtique et nordique), il s'agit d'une créature reptilienne ailée et soufflant le feu, que nombre de héros ou dieux devront combattre afin d'établir l'ordre sur le monde. Ce sont avant tout des créatures liées à la terre et au feu, symbole de la puissance des forces naturelles. Ils rejoignent par ces caractéristiques les anciennes créatures chthoniennes à l'allure de serpent des mythologies indo-européennes : Apollon combattait Python18, Krishna rivalisait avec Kaliya19, Rê luttait contre Apophis…
Ils garderont par la suite cet aspect sauvage à des fins plus matérielles la plupart du temps associées à la surveillance de quelque chose. Cette caractéristique est inscrite dans le nom même du dragon : l'origine du mot grec drákōn (δράκων) dérive de drakeîn (δρακεῖν), aoriste du verbe dérkomai (δέρκομαι) signifiant « voir, regarder d’un regard perçant ».
Le christianisme fait du dragon le symbole du mal, de la Bête de l'Apocalypse, l'incarnation de Satan et du paganisme. L'Apocalypse de Jean décrit le combat du Dragon contre le Messie. La légende dorée, les histoires des saints sauroctones évoquent de nombreux saints, martyrs et archanges triomphant du dragon qui est l'incarnation du mal.
Dragons asiatiques
Tête de dragon dans une
danse du dragon chinoise traditionnelle (Helsinki, 2000).
Contrairement à leurs homologues européens, les dragons asiatiques, bien qu'associés aux forces de la nature, sont dangereux mais pas vraiment hostiles. Ils ne montrent pas le caractère souvent violent des dragons occidentaux. Ils diffèrent aussi de par leur apparence : ils sont plus fins et aériens et ne possèdent pas spécialement d'ailes.
On retrouve une représentation fort semblable du dragon notamment en Chine, au Japon, en Corée et au Viêt Nam. Ses caractéristiques physiques et symboliques ne varient que de façon minime entre ces civilisations : esprits associés au climat, ils sont puissants et vénérés. On les associe régulièrement au pouvoir en place.
Dans la culture amérindienne
La mythologie amérindienne ne semble pas faire part de légendes concernant les dragons au sens où nous les concevons. Dans la croyance des Aztèques le serpent bénéficiait d'un statut important de par, entre autres, sa capacité à muer. On retrouve la racine coatl (serpent en nahuatl) dans le nom de plusieurs divinités : Cihuacóatl (femme serpent) ou Coatlicue (la dame aux serpents) mais également Quetzalcóatl (serpent à plumes, aussi présent dans la mythologie maya par exemple, sous le nom de Kukulkan) ou Mixcoatl (serpent de nuages) dans lesquels se remarque un caractère beaucoup plus aérien par les qualificatifs employés.
Analyse cryptozoologique
Dans un cadre cryptozoologique, plusieurs théories ont été émises, tentant d'expliquer les particularités morpho-physiologiques des dragons tel que décrit dans la littérature, en fonction des savoirs scientifiques actuels, et éventuellement d'en prouver l'existence. Elles ne sont toutefois que supposées, ne reposant sur aucune recherche de preuves réelles comme c'est le cas pour l'existence d'autres cryptides tel que le Yéti. Ces hypothèses sont souvent regroupées sous le terme de dracologie ou dragonologie.
Il existe cependant un lézard, appelé dragon volant, de la famille des Agamidae qui plane d'arbre en arbre dans les forêts primaires de Bornéo. Ils ne possèdent pas d'ailes mais l'ouverture de ses côtes lui permet d'étendre la peau de sa cage thoracique comme des voiles et passer ainsi d'arbre en arbre.
Certaines questions sont récurrentes dans ce genre de projets, telles que :
- si les dragons existaient, comment pourraient-ils cracher du feu ?
- auraient ils 4 ou 6 membres? Quelle serait l'ontogenèse des ailes ?
- quelle affiliation existe-t-il entre les différentes formes de dragons visibles dans les différents folklores ? Quelle est leur phylogenèse20 ?
Le dragon dans l'art et la culture populaire
Dragon moyenâgeux de nuit,
Efteling, Pays-Bas.
Le dragon a été repris dans la littérature moderne et le cinéma, ainsi que dans les jeux de rôle (essentiellement ceux d'inspiration médiévale-fantastique).
Littérature
La littérature de fantasy donne souvent une part importante aux dragons. Le plus souvent l'image qui en ressort est en adéquation avec celle donnée par les mythes et le folklore européen. En ce sens les histoires modernes le représentent comme extrêmement intelligent, doué de parole et parfois associé à la magie. Le sang du dragon possède également des propriétés magiques comme dans l'opéra Siegfried, celui-ci devient capable de comprendre les oiseaux de la forêt. Il est généralement le gardien d'un trésor caché dans une citadelle ou une grotte (voire d'une princesse dans les contes).
Cependant avec l'engouement du public pour les mangas et la culture asiatique, les dragons orientaux ont tendance à entrer dans l'imaginaire collectif occidental. Par exemple le roman de l'écrivain allemand Michael Ende, L'Histoire sans fin, adapté en film par la suite, étonna les lecteurs occidentaux en montrant un sage dragon dénué d'ailes et possédant une gueule de lion dans le livre, et de chien dans le film.
Univers de la Terre du Milieu
Illustration du dragon
Smaug, allongé sur son trésor, par David Demaret.
Dans l'univers de la Terre du Milieu de l'écrivain J. R. R. Tolkien, les dragons sont des créatures maléfiques nées des œuvres de Morgoth au cours du Premier Âge en Angband. Le premier d'entre eux, surnommé le « Père des Dragons » s'appelle Glaurung. Ils sont parfois appelés vers, car les premiers dragons étaient aptères (sans ailes) et se déplaçaient en rampant (par exemple, Glaurung laisse une traînée de cendres derrière lui) ; le mot est resté pour décrire les dragons, même ailés - lesquels ne sont apparus que lors de la guerre de la Grande Colère, à la fin du Premier Âge.
L'antagoniste principal du roman Le Hobbit est le dragon Smaug, qui a spolié les nains de leur royaume sous la Montagne Solitaire et a volé leur trésor.
Les dragons de Tolkien allient une avarice prodigieuse à une grande ruse. Ils aiment à amasser des richesses pour s'en faire un lit et dormir dessus, tel Glaurung à Nargothrond ou Smaug en Erebor.
Univers de Pern
Dans la série de romans La Ballade de Pern d'Anne McCaffrey, les dragons sont les protecteurs d'une société du futur, sur une autre planète ayant régressé à une organisation féodale. Ils sont créés par les humains à partir de créatures indigènes, grâce à l'ingénierie génétique.
Autres œuvres
Le dragon est un élément essentiel dans d'autres œuvres, notamment :
- séries de fantasy
- divers
Cinéma
Le cinéma (et par extension tout support audiovisuel) est un vecteur important de l'imaginaire collectif moderne, et les dragons n'y font pas exception. Ils y apparaissent fréquemment, a fortiori depuis l'avènement des effets spéciaux élaborés et l'engouement du public pour les films fantastiques à grand budget.
- Les Nibelungen (1924) de Fritz Lang : Siegfried terrasse le dragon et devient invincible en se baignant dans son sang.
- Le Dragon du lac de feu (1981) : l’abominable pacte conclu entre un roi et un dragon prêt à tout pour conserver son trône en échange de jeunes filles vierges.
- Excalibur (1981) : dans cette adaptation de la légende arthurienne, Merlin est le détenteur de pouvoirs fabuleux tous issus du Dragon. Merlin utilise par exemple le souffle du Dragon pour permettre à Uther Pendragon de prendre la place du duc de Cornouailles.
- L'histoire sans fin (1984) : Bastien mène une quête avec l'aide d'un dragon à travers Fantasia.
- Cœur de dragon (1996) : au Moyen Âge, l'amitié improbable entre un chevalier de l'ancien code et le dernier des dragons.
- Donjons et Dragons (2000) et Donjons et Dragons, la puissance suprême (2006) : inspirés du jeu de rôle.
- Le Règne du feu (2003) : au début du XXIe siècle, des travaux dans Londres réveillent les dragons qui envahissent la terre et détruisent toute la civilisation humaine. Seules quelques poignées d'hommes résistent.
- Les chroniques du dragon (2008,TV) : l’histoire du paisible royaume de Carpia ravagé par les exactions d’un dragon de feu.
- Dragons, Dragons 2 et Dragons 3 (How To Train Your Dragon, 2010)-(How To Train Your Dragon 2, 2014)-(How To Train Your Dragon 3: The Hidden World, 2019) : films d'animation en 3D et 2D des studios Dreamworks mettant en scène l'amitié entre un Viking et un Dragon alors que les deux peuples sont ennemis.
- Moi, Arthur, 12 ans, chasseur de dragons21 (2010), film américain où le sujet principal est le dragon Dark Smoke, seigneur maléfique d'un jeu nommé Elixir Quest.
Jeux de rôle et jeux vidéo
Dragon tel que représenté dans certaines œuvres actuelles, accompagné d'autres créatures de
fantasy comme les
elfes (dessin inspiré de la licence
Warcraft).
De par la puissance qu'ils inspirent, les dragons sont une figure récurrente dans l'univers ludique, qu'il se déroule sur papier ou par l'intermédiaire d'un support audiovisuel. Bien que dans plusieurs jeux ils n'occupent qu'une place secondaire au sein d'un bestiaire, la majeure partie du temps ce sont des créatures impressionnantes faisant partie intégrante du scénario et du toile de fond du jeu. La présence de dragons dans les jeux vidéo se remarque d'autant plus que ceux-ci possèdent souvent un nom éponyme.
Cette section « Anecdotes », « Autres détails », « Le saviez-vous ? », « Autour de... », « Divers », ou autres,
est peut-être inopportune.
En effet,
en tant qu'encyclopédie, Wikipédia
vise à présenter une synthèse des connaissances sur un sujet, et non un empilage d'anecdotes, de citations ou d'informations éparses
(mai 2020).
Monster Hunter
Dans Monster Hunter, des monstres fantastiques sont les principaux adversaires des chasseurs. Toutefois, ces monstres sont en grande majorité des wyvernes et non pas des dragons (pas de pattes antérieures) : Rathalos, Rathian, Diablos et Astalos sont quelques exemples. On trouve également quelques léviathans : des reptiles similaires aux dragons (pattes antérieures et postérieures) mais sans ailes et avec un corps allongé. L'Agnaktor et le Lagiacrus constituent deux exemples de cette catégorie. Enfin, il existe tout de même quelques vrais dragons dans la série, mais il faut les chercher du côté des monstres les plus puissants, dits "dragons anciens" (cette appellation ne regroupe pas que des dragons) : Kushala Daora, Teostra et Chameleos sont trois exemples.
Donjons et Dragons
Dans Donjons et Dragons, le dragon est l'une des figures les plus emblématiques de ce jeu de rôle, à la fois de par la puissance qu'il dégage et du développement de son histoire (un ouvrage entier, le Draconomicon, est consacré au dragon). Puissance parfois quasi-divine, les dragons participent souvent aux grands changements des différents mondes constituant le multivers de Donjons et Dragons. Il existe trois types de dragons d'alignements différents, chromatiques (mauvais) et métalliques (bons) et les dragons de gemmes (neutres). Des dragons plus particuliers existent par ailleurs.
Drakkhen
Dans Drakkhen, une diégèse vidéoludique, les dragons sont présentés comme des puissances guerrières et mystiques assurant la stabilité du monde et l'efficience de la magie. Le jeu débute lorsque le dernier dragon du monde humain est assassiné, et propose aux joueurs de restaurer l'ordre perdu en se rendant sur une île gouvernée par des princes dragons, s'apparentant chacun à un élément (terre, eau, air et feu). Les créatures mythologiques seront le centre d'un puzzle politique, pouvant rendre, une fois résolu, le fragile équilibre de l'univers.
Fire Emblem
Dans la série Fire Emblem, les dragons occupent une place de choix, généralement dotés d'une puissance considérable. Ils sont à la fois le symbole de force et pouvoir et le moyen de l'obtenir. Ils représentent un peuple neutre, souvent désireux de ne pas se mêler des conflits entre peuples Laguz et Humains. Naga, le Dragon Divin, est depuis toujours le protecteur des Humains, tandis que la résurrection dans Fire Emblem: Awakening de Grima, le Dragon Déchu, manque de provoquer la fin du monde et de la race humaine.
Prophecy
Dans Prophecy, les dragons sont les premières créatures sorties du néant primordial. Ce seront eux qui donneront naissance au monde, humains compris. Ils font figures de divinités pour ceux-ci.
Scales
Dans Scales, les dragons sont des créatures ancestrales regroupées en familles et se livrant à une guerre secrète au sein de l'humanité ignorante, un peu à la façon de Vampire : La Mascarade avec les vampires. D'autres créatures mythologiques ou féériques les côtoient également.
Rêve de Dragon
Dans la mythologie du jeu de rôle Rêve de Dragon, le monde entier est issu du rêve des dragons, même les créatures vivantes.
Warcraft
Dans Warcraft, les dragons ne sont non pas les créateurs, mais les gardiens du monde, à son commencement. Ils sont, comme souvent, dotés d'une extrême puissance. Il y a 5 volées des Dragons avec Neltharion chef du vol noir, Alexstrasza reine du vol rouge, Nozdormu chef du vol de bronze, Malygos chef du vol bleu et Ysera reine du vol vert.
Les proto-dragons sont une forme plus ancienne et primitive des dragons, notamment présents sous le règne de Galakrond, un proto-dragon titanesque dont les restes sont encore visibles en jeu dans la Désolation des Dragons en Norfendre.
Dofus et Wakfu
Dans Dofus' et Wakfu, l'objectif présenté est de retrouver les précieux Dofus, des œufs de dragon aux pouvoirs magiques. Il existe différents types de Dragons. La plupart venant du peuple Eliatrope, et les autres venant des Deux premiers Dragons créés par le Dieu Osamodas.
Warhammer
Dans le jeu de bataille Warhammer, les dragons font partie des premières créatures amenées par les anciens lors de la création. Les bouleversements causés par l'effondrement de la porte des Anciens a conduit cette espèce sur la voie de l'extinction. Ils servent parfois de montures aux différents peuples lors de leurs combats.
Pokémon
Dans la série Pokémon, parmi tous les types de créatures, l'un d'eux est le type Dragon. Les Pokémons de type Dragon sont rares et très puissants, bien que plus longs à entraîner et à faire évoluer. Lors des affrontements entre Pokémons, le type Dragon est efficace contre d'autres Pokémons de ce type, et est particulièrement vulnérable face aux créatures de types Glace, Fée, et Dragon lui-même. Près de la moitié des Pokémons légendaires est du type Dragon22.
The Elder Scrolls V: Skyrim
Dans The Elder Scrolls V: Skyrim, les dragons occupent une place très importante dans l'histoire. Ce sont d'anciennes créatures très puissantes ramenées à la vie par Alduin, un dragon venu du passé23. Le héros incarné est un mortel à l'âme de dragon, appelé Dovahkiin, dont la destinée est de vaincre Alduin24. Dans le DLC Dragonborn (extension payante), le héros peut même chevaucher un de ces dragons.
Cependant, même s'ils sont nommés ainsi, du fait qu'ils n'ont pas de pattes supérieures, ils s'apparentent davantage aux vouivres.
Autres jeux
Liste non exhaustive d'autres jeux dont les dragons sont le thème principal :
Dragons renommés
Notes et références
- Dictionnaire de l'Académie française, neuvième édition
- David Jones, An Instinct for Dragons, 2002, Routlege
- "Les dragons, Mythes et légendes", G.Ragache & F.Phillipps, Hachette Jeunesse, 1990.
- Beowulf; a heroic poem of the 8th century, with tr., note and appendix by T. Arnold [archive], 1876, p. 196.
- Ogden 2013.
- Δράκων [archive], Henry George Liddell, Robert Scott, A Greek-English Lexicon, at Perseus project
- Julien d'Huy, « Le motif du dragon serait paléolithique : mythologie et archéologie », Préhistoire du Sud-Ouest, no 21(2), , p. 195-215 (lire en ligne [archive]).
- Julien d'Huy, « Mythologie et statistique. Reconstructions, évolution et origines paléolithiques du combat contre le dragon », Mythologie française, no 256, , p. 17-23 (lire en ligne [archive]).
- Julien d'Huy, « Une méthode simple pour reconstruire une mythologie préhistorique (à propos de serpents mythiques sahariens) », Les Cahiers de l'AARS, no 17, , p. 95-104.
- https://www.franceinter.fr/emission-le-grand-bain-pleins-feux-sur-les-dragons [archive], 4,30 - 4,45 m
- Métropolitan museum, La Chine de 8000 à 2000 [archive] ACN
- Le Nouveau Petit Larousse Illustré, 1940 et Le Petit Larousse illustré 1999
- http://www.abc.net.au/science/articles/2005/04/14/1334145.htm [archive]
- (no) Torfinn Ørmen, Drager : mellom myte og virkelighet [« Dragons: between myth and reality »], Oslo, Humanist forlag, , 1re éd., 252 p. (ISBN 978-82-90425-76-5), p. 252.
- C. R. Eastman, « On remains of Struthiolithus chersonensis from northern China with remarks on the distribution of struthious birds » dans Bulletin of the Museum of Comparative Zoology, n°32, 1898, pp. 125-144, Harvard College.
- Éric Buffetaut, « Dragon's eggs from the "Yellow Earth" : the discovery of the fossil ostriches in China » dans Revista Chilena de Historia Natural, 2021, p. 2068.
- (en) « The Dragon Chronicles / The Olm and Other Troglobites / Nature / PBS » [archive], sur Nature, (consulté le ).
- Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne [archive]] (I, 4, 1)
- Sister Nivedita & Ananda K.Coomaraswamy: Myths and Legends of the Hindus and Bhuddhists, Kolkata, 2001 (ISBN 81-7505-197-3)
- Dragons : et s'ils avaient existé..., Justin Hardy, Animal Planet.
- « I Was a 7th Grade Dragon Slayer (2010) - IMDb » [archive] [vidéo], sur imdb.com (consulté le ).
- ttp://www.pokepedia.fr/index.php/Dragon_(type) [archive]
- « Alduin » [archive], sur Wiki The Elder Scrolls (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Édouard Brasey, Le petit livre des dragons, Paris, le Pré aux clercs, , 63 p. (ISBN 978-2-84228-331-5)
- Zeev Gouarier, Philippe Hoch, Patrick Absalon (sous la direction de), Dragons, Au jardin zoologiques des mythologies, Éditions Serpenoise, Metz, , 316 p.
- Alexandre Hislop, Les deux Babylones, 1916
- (en) Daniel Beresniak et Michel Random, Le dragon, Paris, Editions du Félin, coll. « Les Symboles », , 111 p. (ISBN 2-86645-036-1 et 978-2866450366)
- (en) Jean Markale, Le Mont Saint-Michel et l'énigme du dragon, Paris, Pygmalion/G. Watelet, coll. « Histoire de la france secrète », , 305 p. (ISBN 2-85704-236-1 et 978-2857042365)
- Michel Meurger (préf. Jean Céard), Histoire naturelle des dragons : un animal problématique sous l'œil de la science, Rennes, Terre de brume, coll. « Terres fantastiques », (1re éd. 2001), 263 p. (ISBN 2-84362-292-1, « présentation en ligne [archive] » sur le site NooSFere).
- (en) Gilles Ragache (ill. Francis Phillipps), Les dragons, Paris, HachetteJeunesse, coll. « Mythes et Légendes », , 93 p. (ISBN 978-2-01-292080-4 et 2-01-292080-2)
- Pierre Carnac, Les trois âges du Dragon (in Atlantis no 306, novembre-décembre 1979)
- Marie-France Gueusquin, Le Mois des Dragons (Bibliothèque Berger-Levrault, collection « Arts et Traditions populaires »)
- Michèle Curcio, Le Dragon (Édition Sand, collection « Astrologie chinoise ») (ISBN 9580604053 et 978-9580604051)
- (en) Jonathan Evans, « « As Rare As They Are Dire » : Old Norse Dragons, Beowulf, and the Deutsche Mythologie », dans Tom Shippey (dir.), The Shadow-Walkers : Jacob Grimm's Mythology of the Monstrous, Turnhout / Tempe (Arizona), Brepols / Arizona center for Medieval and Renaissance studies, coll. « Medieval and Renaissance texts and studies / Arizona studies in the Middle Ages and Renaissance » (no 291 / 14), , X-433 p. (ISBN 978-0-86698-334-1, 0-86698-334-1 et 2-503-52094-4), p. 207–269.
- Daisy de Palmas Jauze, Saints et dragons, la sauroctonie en France du IIe au VIIe siècle, 2012, éditions du Panthéon, 262 p. (ISBN 9782754712538)/ Les dragons de la Fantasy: legs du passé et renouveau, 2014, éditions du Panthéon, 275 p. (ISBN 9782754722179).
Articles connexes
Sur les autres projets Wikimedia :
Liens externes
Cheval ailé
Un cheval ailé est un cheval possédant une paire d'ailes, généralement à plumes et inspirées de celles des oiseaux. Cette forme fantastique et imaginaire du cheval est présente depuis la plus haute Antiquité dans l'art et les récits de mythes, de légendes, différentes religions, et les traditions du folklore populaire. Originaire du Proche-Orient ancien, le cheval ailé arrive en Europe avec le Pégase de la mythologie grecque. Il est très présent dans la mythologie arabe, et en Inde, tant dans les traditions hindouistes que le bouddhisme. Il est attesté en Chine, chez les Étrusques, en France dans le folklore du Jura, en Corée avec Chollima, en Afrique et en Amérique du Nord.
Étudié par Spinoza et différents psychanalystes, le cheval ailé associe la symbolique du cheval classique, celle de l'animal chtonien et psychopompe, à celle de l'oiseau, animal de légèreté et d'élévation spirituelle. L'origine de l'iconographie et des traditions qui le mentionnent est certainement liée à l'image cosmogonique de l'animal-éclair fécondant la Terre, soutenue par la diffusion du cheval domestique. S'il est toujours lié au rêve et à l'imagination, des pratiques chamaniques où le chaman chevauche un animal ailé pour passer par différents états de conscience pourraient également jouer un rôle dans la diffusion de son mythe.
Le plus connu des chevaux ailés, Pégase1, a vu son nom s'étendre pour désigner par extension tout type de cheval ailé dans le monde occidental. C'est également une figure héraldique imaginaire assez fréquente, et un sujet répandu dans toutes les formes d'art. Différentes œuvres modernes de fantasy, les comics et les jeux de rôle comptent des chevaux ailés. Luno the White Stallion est le sujet d'une série de cartoons. La saga de Harry Potter en présente plusieurs, notamment les sombrals. Les chevaux ailés sont devenus populaires auprès des petites filles depuis la fin du XXe siècle, en particulier grâce à des licences de jouets comme ceux de My Little Pony et de Bella Sara.
Création et description
Landwirtschaft & Nutztierhaltung & Biologie & Pferd, gravure dans un Manuscrit allemand de
1680 réalisée par Georg Simon Winter, et montrant un cheval ailé d'un point de vue biologique
Le cheval ailé est un animal fantastique et chimérique, tout comme le sphinx, le centaure ou encore le griffon. Il est composé d'éléments qui existent réellement, un cheval et les ailes d'un oiseau. Sa figure imaginaire est créée par combinaison d'éléments existants. Bien qu'aucun cheval ailé n'existe dans le monde physique, il possède une forme de réalité dans le domaine du rêve, du surnaturel et de la mythologie : la réalité physique est constitutive de la réalité interne2. Dans Éthique, le philosophe Spinoza prend l'exemple du rêve de cheval ailé pour montrer que, dans l'état de rêve, rien ne permet d'affirmer qu'il n'existe pas face au cheval sans ailes. Il prend également l'exemple d'un enfant qui, ayant déjà vu un cheval mais n'ayant pas forcément l'idée qu'un cheval avec des ailes ne peut exister, croira à sa réalité. Enfin, il distingue la perception de l'entendement (percevoir un cheval ailé) de la volonté (juger qu'il existe un cheval ailé), en disant qu'un enfant qui n'a que l'entendement d'un cheval ailé croira à son existence3,4.
Le cheval ailé est le plus souvent représenté blanc. Depuis le XXe siècle tout particulièrement, certaines représentations de chevaux ailés dans la culture populaire leur attribuent des ailes membraneuses comme celles des chauve-souris, et une couleur noire. C'est le cas des Sombrals de la saga Harry Potter, du Hellhorse de Dreadknight5 et de Valinor, monture du Black Knight dans les comics américains6.
Attestations mythologiques, légendaires et religieuses
La figure du cheval ailé s'associe naturellement au ciel et aux mythes
cosmogoniques.
Le cheval ailé s'associe tout naturellement au ciel, et donc aux récits cosmogoniques qui racontent la création et l'organisation du monde et des éléments. Parmi les thèmes récurrents des cosmogonies figurent le lait produit par une vache céleste, et la divinité qui, en faisant tomber la pluie, fertilise la Terre. Ce dieu fécondant a généralement l'apparence d'un bélier, d'un taureau ou encore celle d'un oiseau ou d'un cheval ailé symbolisant un éclair aussi vif qu'une flèche. La plupart des phénomènes climatiques changeants prennent des formes d'animaux dans les anciennes croyances7. L'observation de forces naturelles, de l'eau, de la foudre ou des oiseaux est citée comme origine possible du mythe de Pégase8.
Selon le germaniste Marc-André Wagner, le cheval ailé est apparu un premier temps chez les proto-Hittites, provenant de l'Orient ancien. Les animaux légendaires porteurs d'éclairs apparaissent dans cette région, où le cheval s'est peu à peu substitué au taureau dans ce rôle. Pégase serait la récupération grecque d'un mythe asiatique de cheval-éclair. Le cheval ailé est devenu très fréquent dans les mythologies, et davantage encore dans les œuvres d'art antiques1. Ludolf Malten pense que le mythe du cheval-éclair a pris forme vers les IIe millénaire av. J.-C. et IIIe millénaire av. J.-C. en Asie mineure, parallèlement à la diffusion du cheval domestique9. Pégase est de loin le plus connu des chevaux ailés, au point que son nom (propre) est venu à désigner par défaut les créatures de ce type dans l'héraldique, ou encore dans les univers de fantasy et les jeux de rôle10. Il n'est toutefois pas le seul cheval ailé dont l'histoire, les écrits et les mythes ont retenu le nom.
Gréco-romains
Cheval ailé en bronze fabriqué dans un atelier de Grèce du Nord-Ouest au troisième quart du
VIe siècle av. J.-C..
Pégase, de loin le plus représentatif des chevaux ailés gréco-romains, proviendrait d'un ancien dieu des orages dans la mythologie hittite, portant l'épithète de Pihassassa. Une partie de son mythe serait passée des peuples louvitophones aux anciens Grecs11. Jacques Desautels y voit une conséquence de la domestication du cheval par les Grecs12. Son mythe connait une large diffusion dans le monde antique ; repris par les Romains, il est partiellement christianisé au IVe siècle d'après l'historien des religions Marcel Simon13.
Les textes relatifs à la mythologie grecque mentionnent que le héros Pélops reçoit de Poséidon un char attelé de deux chevaux ailés14. Dans le même passage consacré à la description des scènes mythologiques qui ornent le Coffre de Cypselos, Pausanias suggère de reconnaître deux Néréides dans un char tiré par des chevaux aux ailes d'or, dans une représentation qui pourrait montrer la remise par Héphaistos du second armement d'Achille à Thétis après la mort de Patrocle14. Lorsque Platon décrit le temple de Poséidon sur l'île mythique de l'Atlantide, la statue du dieu se trouve selon lui debout dans un char attelé de six chevaux ailés15. Ales equus est peut-être une métaphore pour le dieu du vent Zéphyr16 :
« Récemment séparées de moi, les autres boucles, mes sœurs, pleuraient ma destinée, lorsque s'offrit à ma vue fendant l'air du battement de ses ailes, le frère de Memnon l'éthiopien, le cheval ailé de la Locrienne Arcinoé ; il me prend, vole au milieu des ténèbres du firmament et me dépose sur le chaste sein de Vénus. C'était elle, la maîtresse du Zéphyrion, qui avait chargé son serviteur de cette mission »
— Catulle, Poésies (traduction de G. Lafaye)17
Hippalectryon
L’hippalectryon est une créature hybride fantastique de Grèce antique, dont la partie antérieure est celle d'un cheval et la partie postérieure celle d'un coq, ailes, queue et pattes comprises. Il porte un plumage jaune ou roux selon les traductions. Mythes et légendes qui pourraient lui être rattachés restent inconnus. Cette créature peu commune apparaît dans 85 objets d'art antique grecs, le plus ancien datant du IXe siècle av. J.-C. On le retrouve plus fréquemment au VIe siècle av. J.-C. dans la peinture sur vase ou plus rarement en sculpture, monté par un jeune cavalier désarmé. Il orne probablement quelques pièces de monnaie antiques. Au Ve siècle av. J.-C., il est mentionné par Eschyle, et surtout par Aristophane qui en fait l'une de ses injures préférées. Sa fonction demeure assez mystérieuse, comme bête apotropaïque et prophylactique, il pourrait avoir été consacré à Poséidon et chargé de protéger les navires. D'autres études y voient une bête grotesque amusant les enfants, ou une simple décoration fantastique sans fonction particulière18.
Pégase
Pégase s'avère être l'une des créatures fantastiques les plus célèbres de la mythologie grecque19. De nature divine20, il est généralement représenté en blanc. Il naît avec son frère Chrysaor du sang de la gorgone Méduse décapitée par le héros Persée21. D'après les poètes gréco-romains, il monte au ciel après sa naissance et se met au service de Zeus, le roi des dieux, qui le charge de lui apporter les éclairs et le tonnerre sur l’Olympe. Ami des Muses, Pégase est le créateur de la source Hippocrène qu'il fait jaillir d'un coup de sabot. Capturé par le héros Bellérophon près de la fontaine de Pirène grâce à l'aide de la déesse Athéna et du dieu Poséidon, il permet à ce héros de le monter afin de vaincre un monstre, la Chimère, et de réaliser de nombreux autres exploits. Son cavalier est toutefois victime de son orgueil et chute de son dos en tentant d’atteindre le mont Olympe. Pégase retrouve Zeus qui finit par le transformer en constellation, et le placer dans le ciel22.
Pégase éthiopien
Pégase éthiopien sur un manuscrit de 1350, bibliothèque nationale des Pays-Bas.
Les pégases éthiopiens sont mentionnés par Pline l'Ancien comme une tribu de chevaux ailés et cornus qui vivrait en Éthiopie, en Afrique sub-saharienne. Leur figure est reprise dans des bestiaires médiévaux23.
Mythologie germano-scandinave
Le cheval ailé est rare sinon absent de la mythologie nordique et des traditions germaniques, bien que la fonction chamanique du cheval, qui implique un vol magique, y soit présente24. Des chevaux capables de voler, comme Árvak et Alsvid, Hrímfaxi et Skínfaxi ou même Sleipnir, ne possèdent pas d'ailes. Contrairement à l'imagerie moderne, en particulier sous l'influence des comicsNote 1 et de certains sites webNote 2, les Valkyries de la mythologie nordique ne montent pas de chevaux ailés ni de cygnes25 malgré leur rapport étroit avec cet oiseau. Les sources originales parlent de « montures de nuage » qui secouent leur crinière en faisant tomber la rosée et la grêle26.
Hófvarpnir, le cheval de la déesse Gná, est capable de se déplacer dans l'air comme sur la mer :
-
Je ne vole pas
Bien que je pense
Traverser les cieux
Sur Hofvarpnir
Celui que Hamskerpir eut
Avec Garðrofa
- — Gylfaginning (35)27
Jacob Grimm note que Gná n'est pas considérée comme une déesse ailée, mais que sa monture pourrait avoir été un cheval ailé28, un rapprochement rejeté par les études plus récentes. Son frère Wilhelm Grimm relève a son époque que Falke, monture de Thidrek (Théodoric de Vérone) dans une légende germanique, porte un nom signifiant « faucon », ce qui laisse à supposer qu'il possède des ailes29,30. Ce rapprochement est lui aussi absent des travaux plus récentsNote 3.
Mythologie hébraïque et mithraïsme
Chez les hébreux, les récits apocalyptiques et légendaires évoquent souvent des chevaux ailés qui émergent de la mer31. Selon l'un des hymnes du mithraïsme, Mithra s'élève au ciel dans un char d'or tiré par quatre chevaux « qui volent »32.
Europe chrétienne
La venue du Christianisme en Europe fait reculer cet animal fabuleux issu de traditions « païennes » antérieures, mais ne l'élimine pas pour autant. La créature est parfois diabolisée, ainsi la monture du démon Adramelech est représentée comme un cheval ailé, dans les interprétations récentes de la démonologie33. Une preuve de survivance de cette croyance malgré le Christianisme est la présence de chevaux ailés dans le folklore du Jura.
Folklore jurassien
Le folklore français compte des chevaux ailés dans le Jura, tous répertoriés par les folkloristes du XIXe siècle, notamment Désiré Monnier. Le cheval blanc de Chisséria ou « Pégase de Ségomon » est propre au canton d'Arinthod34,35. Il apparaît dans les airs sous la forme d'un cheval blanc36, parfois accompagné d'esprits follets, de sylphes et de sylphides, ou chevauché par un chasseur armé qui parcourt le ciel37. Le cheval blanc de Foncine, ou « Pégase de Foncine », est le sujet de nombreux témoignages. Réputé apparaître plus volontiers au crépuscule, « l'heure de toutes les apparitions merveilleuses », de nombreux bergers affirment avoir eu le plaisir de voir « cet élégant coursier » blanc paître aux sources de la Saine38, puis s'envoler avec « une admirable légèreté » vers la cime de la montagne sacrée, ce qui les envahit d'émotions. Le maire de Foncine-le-Haut lui-même atteste que ce cheval est très connu à son époque39.
Un sylphe cavalier, décrit comme un roi au sabre levé, monterait un cheval blanc ailé et superbement harnaché dans les cieux. Il est cité près des lacs du haut-Jura comme ceux de Bonlieu et de Narlay40. Le blanc palefroi s'abattrait dans la plaine sans la toucher et repartirait aussi promptement que l'éclair41. D'autres ont aperçu son cheval seul, attaché par la bride à une roche escarpée comme à un râtelier. En dehors de la roche, en l'air, il porte le crin hérissé, la queue tendue, attendant avec impatience que son maître vienne afin de recommencer au plus tôt ses courses à travers le ciel42,43.
Contes populaires européens
Le cheval ailé apparaît dans certains contes populaires européens, datés de différentes époques après la christianisation. Celui de Geoffrey Chaucer intitulé Cambuscan présente un cheval mécanique de cuivre capable de voler, sans préciser s'il possède des ailes. Le roi de Sarray le reçoit du souverain d'Arabie et d'Inde : c'est la création d'un puissant magicien, qui l'a rendu capable de voler aussi vite et aussi loin que l'aigle44. Plus classique est le cheval ailé du conte Le Dragon doré, recueilli en Gascogne par Jean-François Bladé45.
Contes slaves
Dans le folklore slave oriental, le cheval fantastique Sivko-Bourko n'est pas expressément décrit comme pourvu d'ailes, toutefois il est capable de sauter à une hauteur surnaturelle. Le cheval magique de Neznaïko, vole, quant à lui, « au-dessus de la forêt immobile ».
Mythologie arabe et traditions islamiques
La mythologie arabe ignore nombre de créatures issues de la grecque comme le centaure et la licorne, mais accorde une grande place au cheval ailé, souvent en lien avec l'élément du vent. Il est omniprésent dans l'imaginaire du monde musulman46 et imprègne le vocabulaire hippologique arabe lui-même, une vingtaine de mots employés pour désigner les membres du cheval appartiennent au champ lexical de l'ornithologie46. Selon Eugène Daumas, les Arabes ont une croyance selon laquelle les chevaux de robe alezane sont même capables de voler dans les airs47.
Bouraq
Le bouraq est une monture sacrée qui porte le prophète, selon les hadiths. Monture du prophète Mahomet, il est généralement représenté comme une jument ailée à tête de femme et queue de paon. Le bouraq fait voyager Mahomet de La Mecque à Jérusalem puis de Jérusalem au ciel. Le Sahih al-Bukhari décrit le bouraq comme « un animal blanc et long, plus grand qu'un âne mais plus petit qu'une mule, qui pose son pied aussi loin que le regard peut porter »48. Le bouraq est aussi la monture d'Abraham lorsqu'il rend visite à sa femme Agar et à son fils Ismaël. Abraham vit à Jérusalem avec Sarah, sa première femme, mais le bouraq le transporte en une matinée à La Mecque pour voir sa famille, et le ramène en une soirée à Jérusalem auprès de sa femme49.
Haizum
L'archange Gabriel monterait un cheval ailé nommé « Haizum », selon certaines traditions50. Ce cheval ailé est capable de voler partout dans l'espace connu51.
Mamoun
Mamoun, cheval d'ambre et de musc pur doté d'ailes en pierres précieuses, est créé par Allah pour le père de l'humanité Adam et lui permet de s'élever au ciel52. Adam le monte, guidé par l'archange Gabriel, et s'envole vers le ciel où il apprend la grandeur de Dieu.
Contes arabes
L'image de cet animal fabuleux se retrouve largement dans le conte des Mille et une nuits intitulé Le Cheval enchanté : un roi reçoit à sa cour un Indien qui lui présente un cheval mécanique d'ébène, capable de s'envoler en tournant une cheville. Au Caire, dans les années 1830, un conte oral met en scène un cheval blanc ailé. Il est le parrain d'un enfant et préside à sa naissance puis le veille toute sa vie, en le portant, en lui offrant du vin et des gâteaux, des vêtements, et l'ombre de ses ailes. Il meurt le même jour que celui qu'il veille. Une sculpture de la mosquée du Caire de l'époque montre ce cheval ailé portant l'enfant qu'il aime sur le cou, avec ses ailes tombantes et affaissées53. L'envoleur de chevaux, récit sorti de l'imagination de la québécoise Marie José Thériault, raconte l'histoire d'un Arabe que chacun prend pour un bandit, qui tire une ville de la misère en faisant apparaître un troupeau de chevaux volants54. Cette histoire est inspirée par le séjour de l'auteure à Tanger, en 195355.
En Asie
Omniprésent en Asie, le mythe du cheval ailé se retrouve dans les épopées du Tibet et de la Mongolie, qui évoquent des chevaux qui volent tels des oiseaux31. En Iakoutie, le cheval chamanique est doté d'ailes22. Le peuple nomade des Xianbei, établi dans l'actuelle Mongolie dans l'Antiquité, connaît une « bête céleste à forme équine » qui donne certainement naissance à une abondante production artistique56. Ponkhiraj, cheval ailé blanc, est le roi des oiseaux dans les contes populaires du Bangladesh. Un conte oral en wakhi met aussi en scène un poulain merveilleux qui ne doit pas toucher le sol pendant les 40 premiers jours de sa vie, ou bien ses ailes se briseront57.
Chine - Tianma
Tianma est le cheval (ma) céleste (tian) du folklore chinois. Capable de voler58, il protège aussi les vers à soie. Durant la dynastie Zhou, Tianma désigne la constellation du cheval céleste59. Il est associé à la dynastie Han avec l'empereur Han Wudi, qui apprécie le cheval d'Asie centrale60. Cet animal est crédité de nombreux pouvoirs rappelant le dragon : né des eaux, il est métamorphe et transcende les barrières entre les espèces animales autant que les distances géographiques. Son apparence est variable selon les récits, l'un d'eux le présente comme un tigre qui galope dans les nuages, un autre comme un serpent doté d'une tête de cheval, un autre enfin comme proche de l'oiseau et doté d'ailes61.
Corée - Chŏllima
Un cheval blanc céleste apparaît dans la légende fondatrice d'un des trois royaumes coréens, celui de Silla. Quand le peuple recueille les prières du roi, un cheval émerge d'un éclair en portant un œuf brillant. L'animal merveilleux retourne dans les cieux, puis l'œuf s'ouvre et Pak Hyeokgeose, premier roi de Silla, en sort62.
Chŏllima, célèbre cheval issu de la mythologie coréenne, est présent dans de nombreux aspects de la vie quotidienne des coréens bien qu'il soit certainement issu d'une légende chinoise similaire. D'après sa légende, il est capable de parcourir 250 km par jour63. Il est souvent représenté comme un cheval ailé. Les statues de la capitale de la Corée du Nord, Pyongyang, symbolisent l'héroïsme et l'esprit combatif du peuple coréen avançant à la vitesse de Chollima. En Corée du Nord, il est un symbole particulièrement fort puisqu'en 1958, il donne son nom au mouvement Chollima initié par Kim Il Sung, un système chargé de motiver les travailleurs à accroître leur productivité pour obtenir un développement économique rapide64. Chollima est aussi le surnom de l'équipe de football de Corée du Nord65, et le nom d'une ligne de métro, la ligne Chollima.
Tchal-Kouyrouk
Issu de l'épopée d'Ër-Töshtük, branche du cycle de Manas qui forme l'épopée nationale du Kirghizistan, Tchal-Kouyrouk (« Queue gris cendré ») est un cheval merveilleux capable de voler, de marcher au fond des eaux et de parler. Il assiste son maître et veille sur lui en toutes circonstances, non sans lui avoir recommandé de suivre ses conseils. Son cavalier doit le fouetter jusqu'au sang en lui arrachant un morceau de chair « gros comme un mouton » pour que des ailes lui sortent des flancs, le rendant capable de franchir d'énormes distances66. Ses pouvoirs sont supérieurs à ceux de l'homme, bien qu'il doive endurer les pires supplices pour que ses facultés soient opérationnelles67.
Tulpar
Le nom de Tulpar désigne le cheval ailé dans la mythologie des tatars, notamment dans l'actuel Kirghizistan68. Les « tulpars » des contes kirghizes sont des chevaux capables de voler en portant un héros sur leur dos. Ce mot ne renvoie pas au nom d'un animal ou d'un groupe d'animaux en particulier, mais à un qualificatif. Manas, héros bien connu de l'épopée de Manas, doit capturer le cheval « tulpar » Kak-Kula, un animal chassé plutôt que domestiqué69. Sur son dos, Manas enlève la princesse Haïlek et l'emmène au lac Songköl68. Plus tard, Kak-Kula perd sa qualité de tulpar alors que le cheval de l'adversaire de Manas, Karay-Boz aux quarante ailes, est clairement un tulpar70. Un autre tulpar des contes kirghizes porte le nom de « Blanc-espiègle »71.
Inde, hindouisme et bouddhisme
Le dieu de la lune Tchandra avec ses dix chevaux, dont l'un est ailé.
Le cheval ailé abonde dans les textes et l'Art de l'Inde72. Selon le Dictionnaire des symboles, « tous les chevaux ailés y apparaissent » (ainsi qu'en Grèce antique), c'est particulièrement vrai en ce qui concerne le bouddhisme. Les associations entre cheval et oiseau y sont typiquement assorties d'une symbolique ourano-solaire73. Le cheval ailé se retrouve tant dans les Jātaka bouddhistes que les Jātaka Valahassa ou les Vidura pandita Jātaka74. Le cheval volant (mais non ailé) Uchchaishravas, issu du barattage de la mer de lait conté dans le Mahabharata, semble être leur prédécesseur et source d'inspiration à tous75 : il vole en suivant la course du soleil dans les cieux76.
Védisme - Tarkshya
Dans le Rig-Véda, les coursiers du char d'Indra sont des chevaux ailés au pelage noir brillant et aux pieds blancs. Leurs yeux brillent comme le soleil, ils s’attellent d'eux-mêmes à leur char au joug d'or. Leur rapidité dépasse la pensée31.
Les traditions indiennes védiques comptent aussi Tarkshya, personnification du soleil77. Tarkshya est présenté dans les plus anciens textes comme étant un cheval, puis il devient un oiseau doué de parole dans des écrits plus récents, comme dans le Mahabharata où il se confond avec Garuda78. Personnification du soleil dans les croyances liées au Védisme77, Tarkshya semble avoir reçu ce rôle et ce symbolisme à des époques très anciennes79. Il est l'une des montures de Surya, et se fait aussi connaître sous le nom d'Ashva, qui signifie simplement « cheval »80, ou encore celui d'Arishtanemi dans le Rig-Véda81.
Hindouisme - Kalki et Arvā
Kalki, dixième incarnation à venir de Vishnou, est souvent représenté sur le dos d'un cheval blanc ailé. Avec cette monture, il détruira l'ancien monde pour laisser place au nouveau82.
Le dieu hindou de la lune Chandra possède parmi ses dix chevaux blancs célestes Arvā, ou Arvan, qui est mi-cheval et mi-oiseau. Les représentations lui attribuent souvent des ailes83 et il est généralement chargé de tracter le chariot du dieu. Le nom du cheval des démons Daityas est également Arvā, lui aussi est mi-cheval et mi-oiseau84 : il s'agit peut-être de la même monture que celle du dieu, un « cheval de la lune »85.
Bouddhisme - Balāha
Statue du cheval Balāha à Neak Pean, Siem Reap,
Cambodge.
Selon la conception bouddhiste (bien que la croyance soit issue de l'hindouisme), le Raja chakravartin, bodhisattva bienveillant, est entouré de sept joyaux dont l'un est un cheval de classe Balāha, capable de voler75,86, et de se déplacer sans effort dans toutes les directions. Cette particularité a sans doute poussé les artistes à lui attribuer des ailes dans leurs représentations87. Elles sont connues jusqu'au Japon.
L'histoire bouddhiste du cheval Balāha existe en différentes versions, en langue chinoise et indienne. Un bodhisattva vient, sous la forme d'un cheval volant doué de parole et de raison (souvent blanc88, parfois décrit comme ailé89) délivrer des marchands hindous échoués sur une île, qui ont par erreur fait confiance à des rākshasas, démons anthropophages. Dans les Jātaka Valāhassa, ce cheval est le futur Bouddha lui-même, dans l'une de ses précédentes incarnations. Une version plus récente attribue cette métamorphose au bodhisattva Avalokiteśvara, et l'île y est la future Ceylan90. Ce récit se diffuse avec le bouddhisme et, depuis son Inde originelle, est représenté jusqu'au Cambodge et au Japon88.
Autres traditions
Quelques attestations de chevaux ailés se retrouvent en Afrique. Le cheval Bagzan élevé par l'élite des touaregs du Niger est crédité de nombreux pouvoirs surnaturels, dont celui de voler, ce qui n'est pas sans rappeler Pégase91. Dans le folklore des Bambara du Mali, des chevaux ailés montés par les génies kwore mènent aux contrées de la pluie fécondante92.
Dans le folklore Navajo, il est fait mention d'un cheval céleste qui peut être convoqué grâce à un chant magique : Alexander Eliot le voit comme l'éloge le plus poétique fait au cheval93. Toutefois, le cheval est apparu tardivement dans la culture amérindienne, puisqu'il avait disparu de ce continent avant l'arrivée des colons européens.
Symbolique
Allégorie du triomphe sous la forme d'un char tracté par des chevaux ailés, 1564.
Le cheval ailé est associé à l'air94 pour la légèreté de sa course et la richesse de son souffle, ainsi qu'à la foudre31. Ses ailes en font un véhicule merveilleux capable de porter l'humain entre les mondes58 et représentent aussi l'immortalité, par analogie avec les humains immortels qui se voient pousser des ailes95.
Il est très présent symboliquement durant toute l'Antiquité, où il devient un signe de Renommée comme en témoignent les pièces de monnaie frappées à son effigie, tant à Syracuse que sous Alexandre le Grand, et dans d'autres régions de Grèce96. Pégase est un symbole de sagesse et surtout de Renommée jusqu'à la Renaissance. Il devient celui de la poésie et le créateur de sources merveilleuses dans lesquelles les poètes viennent puiser l’inspiration, tout particulièrement au XIXe siècle où de nombreux poèmes exaltent cette fonction. Par le biais d'une personnification de l'eau, d'un mythe solaire, de l'alchimie ou encore de l'imagination mise en valeur dans les travaux des psychanalystes continuateurs de Carl Jung, une profonde symbolique ésotérique en relation avec l'énergie spirituelle qui permet d'accéder au domaine des dieux, le mont Olympe, lui est attachée97.
Rêve, quête et imagination
Pégase et le cheval ailé ont fait l'objet d'études par le biais de la psychanalyse et de la psychologie analytique, notamment grâce aux élèves de Carl Gustav Jung. Une conférence réunissant des psychanalystes y est consacrée en 1984. De manière générale, c'est un symbole de quête lié à l'inconscient, aux instincts et à l'intuition, dont les ailes symbolisent « le pouvoir transformateur et transcendant de l'imagination »98. Il est beaucoup plus fréquent dans les rêves que la licorne99. Wilhelm Stekel évoque l'un de ses patients qui voit la moitié d'un cheval ailé tenter de s'extraire du sol où il gît en battant d'une aile unique. Cet homme gagne sa vie comme journaliste, mais aurait voulu devenir romancier. Selon son interprétation, le rêve symbolise son ambition et son impuissance : le cheval ailé est coupé à moitié à cause des limites imposées par la fonction de journaliste, car le métier de journaliste de son patient ne lui permet d'exprimer que la moitié de son imagination100.
Animal chamanique
Musicien mongol jouant du
morin khuur, la
viole à tête de cheval. La création de cet instrument est étroitement liée au
chamanisme et à un cheval ailé.
Le cheval ailé ou volant est également associé au chamanisme, une pratique très présente en Asie centrale101. La création du morin khuur (viole à tête de cheval), un instrument traditionnel mongol, est relatée par une légende impliquant un cheval ailé. Un berger nommé Khökhöö Namjil chante si bien qu'un jour, l’ezen (esprit-maître) demeurant sur la montagne voisine lui apparaît et lui remet un cheval ailé magique, nommé Jonon Khar. Chaque soir, Jonon Khar vole pour permettre à son cavalier de rejoindre sa bien-aimée. Mais une femme jalouse fait couper les ailes de ce cheval qui tombe du ciel et meurt. Sur les conseils de l'esprit de son cheval, Khökhöö Namjil utilise ses os pour créer un violon orné d’une tête de cheval, et joue des chansons racontant la vie de sa monture102. L'épopée de Niourgoun le Yakoute, guerrier céleste, composée au XVIIIe siècle en Iakoutie, est remplie de références chamaniques. Niourgoun convoque à volonté un cheval de couleur rouge foncé, capable de parler. Ses ailes sont sa crinière et sa queue. Sur son dos, le cavalier et guerrier vit très clairement un vol chamanique22. Tchal-Kouyrouk, issu de l'épopée nationale du Kirghizistan, intervient lui aussi avec ses ailes qui sortent des flancs dans un récit dont l'inspiration chamanique n'est pas à démontrer103,104. Le témoignage d'une chamane de Madagascar comporte beaucoup de visions de licornes, centaures et chevaux ailés, alors qu'elle assure n'avoir aucune connaissance à l'époque des récits mettant en scène ce type de créature105.
Les ailes du cheval en font une créature surnaturelle qui échappe aux limites du monde connu. Elles le relient à l'extase du chaman qui monte au ciel sur une créature ailée, généralement un oiseau. Dans toutes les pratiques chamaniques, l'homme qui entreprend un voyage spirituel est assisté d'un « animal qui n'a pas oublié comment on acquérait des ailes », faute de quoi il ne peut s'élever106.
Représentations artistiques
Les chevaux ailés sont fréquemment représentés dans l'art, en particulier dans l'Antiquité.
Arts asiatiques
Marc-André Wagner relève que les premiers remontent au XIXe siècle av. J.-C., chez les proto-hittites, d'où ils arrivent chez les Assyriens au Ier millénaire av. J.-C., puis dans les régions de l'Ionie et de Carie, en Asie mineure1,Note 4. Chez les Assyriens, des sceaux-cylindres datés du XIVe siècle av. J.-C. ou du XIIIe siècle av. J.-C. montrent toutefois clairement de telles créatures hybrides (soit quelques siècles plus tôt que la date avancée par M.-A. Wagner)107.
Dans l'actuel Afghanistan, une fresque du VIe siècle montre une divinité solaire vêtue typiquement à la mode d'Asie centrale dans un chariot à deux roues, attelé de quatre chevaux ailés blancs : elle se rapporte peut-être à Surya ou plus vraisemblablement à Mithra32.
En Chine, la figurine d'un petit cheval ailé en bronze nommé Fei Ma (signifiant cheval ailé) a été retrouvée dans la tombe d'un général du Ier siècle av. J.-C.. La sépulture de Wu Sansi (en), au nord du pays, compte une monumentale sculpture de cheval ailé de pierre108. Le Fei long ma, est le cheval (ma) dragon (long) ailé (fei) du bestiaire chinois. Il est représenté comme gardien du tombeau de Gaozong de la dynastie Tang à Qianzhou. Il est arraché de son socle par un tremblement de terre signalé dans les Annales, ses quatre pieds se sont brisés au niveau des sabots109. L'une des plus célèbres œuvres d'art chinoises est celle du cheval au galop volant, qui sans être ailé lui-même repose d'un pied sur un oiseau110.
Les Xianbei de Mongolie créent de nombreux objets d'art aux chevaux ailés56. En Inde, le cheval ailé semble être, comme l'éléphant ailé, une création locale, bien que certaines théories revendiquent sa filiation avec Pégase74. Il est peu fréquent en sculpture, mais des exemples parlants sont ceux de la balustrade de la stūpa de Sānchî, et les sculptures d'Amaravati72.
Arts européens
La première apparition du cheval ailé sur le continent Européen s'effectue logiquement en Grèce, sur les monnaies corinthiennes du VIIe siècle av. J.-C., sous l'influence de l'Asie mineure1. Le plus largement représenté est Pégase, sur des poteries, pièces de monnaie et sculptures. Les chevaux ailés représentés sur des casques et des boucliers ne figurent cependant pas tous Pégase en particulier. Ils revêtent une fonction prophylactique, notamment pour les guerriers111. Une œnochoé représentant la déesse Niké sous des traits de petite fille, dans un char attelé de quatre chevaux ailés, est conservée à Berlin112.
Une œuvre des étrusques, les chevaux ailés de Tarquinia, forme l'une des plus intéressantes parmi la production artistique de ce peuple. Ce haut-relief ornait un temple du IVe siècle av. J.-C.113, il était peut-être attelé à un char et l'inspiration d'origine proviendrait du Pégase, témoignant de l'influence grecque sur les Étrusques. Des hybrides de cheval et d'oiseau de proie sont représentés à l'époque antique et sous les Mérovingiens114
La Renaissance artistique en Europe entraîne un regain d’intérêt pour la mythologie grecque, et donc pour les représentations de Pégase qui étaient absentes au Moyen Âge. Les figures de chevaux ailés resurgissent régulièrement au fil de l'histoire, par exemple lors de la Seconde Guerre mondiale, à Pegasus Bridge où les parachutistes anglais en arborent un comme emblème115.
Héraldique
Blason de la commune de
Bargen, Suisse.
Le cheval ailé se retrouve comme figure héraldique imaginaire sous le nom de Pégase, même quand sa représentation n'a pas de rapport connu avec le Pégase de la mythologie grecque. Ainsi, la famille Creuzé de Lesser fait figurer sur son blason un cheval ailé d'or, contourné et couché, probablement une création naturaliste qui répond à la symbolique de l'époque des troubadours116. L'hippogriffe est lui aussi représenté sur des blasons, généralement comme support.
Poésie
En poésie, de nombreux recueils utilisent la thématique du cheval ailé pour la lier à Pégase, qui en est l'un des symboles. L'écrivain et poète néerlandais Louis Couperus écrit ainsi le recueil Le Cheval ailé en 1923117 et René Herval en intitule un autre de la même manière en 1966118. Victor Hugo fait beaucoup appel à l'image du cheval ailé, notamment dans le trente-quatrième poème des Orientales en référence à la légende de Mazeppa. L'animal qui emporte Mazeppa est présenté comme un génie ayant forme de cheval ailé, qui fait accéder son cavalier à un niveau supérieur de conscience. L'homme, mortel, est transporté vers un royaume d'éternité, sur le dos de sa fabuleuse monture119. Hugo consacre par ailleurs plusieurs écrits à Pégase, notamment deux poèmes dans Les Chansons des rues et des bois : Le Cheval qui ouvre le recueil, et Au cheval qui le clôture :
- Extrait du poème Le Cheval
- Le cheval luttait ; ses prunelles,
- Comme le glaive et l’yatagan,
- Brillaient ; il secouait ses ailes
- Avec des souffles d’ouragan.
- Il voulait retourner au gouffre ;
- Il reculait, prodigieux,
- Ayant dans ses naseaux le soufre
- Et l’âme du monde en ses yeux.
Cette association perdure puisque Lyubomir Levchev, poète bulgare vainqueur du William Meredith Award for Poetry 2013, a intitulé l'un de ses recueils Green-Winged Horse, soit « Le cheval aux ailes vertes »120.
Culture populaire
Le cheval ailé reste très présent dans la culture populaire. Il apparaît surtout dans des romans de fantasy et de fantastique, des films et des séries d'animation, et les jouets pour les petites filles. La figure de la licorne ailée est elle aussi présente dans la culture populaire.
Littérature de fiction
L'hippogriffe de l'Arioste
Roger délivrant Angélique, par Louis-Édouard Rioult, huile sur toile, Paris, Musée du Louvre.
L'hippogriffe est une créature hybride mi-cheval et mi-aigle qui ressemble au cheval ailé avec la tête et les membres antérieurs d'un aigle121. Il est clairement nommé et défini pour la première fois dans l'œuvre de l'Arioste, le Roland furieux (Orlando furioso), au début du XVIe siècle. Dans ce roman de chevalerie inscrit dans la continuité du cycle carolingien, l'hippogriffe est une monture naturellement née de l'accouplement d'une jument et d'un griffon, extrêmement rapide et capable de voler autour du monde, chevauchée par les magiciens et de nobles héros. Le paladin Roger délivre la belle Angélique sur son dos. Symbole des pulsions incontrôlées, il emporte Alstophe jusque sur la lune121. Cette créature semble avoir fait très peu l'objet de croyances. Au début du XXIe siècle, la saga de Harry Potter a fortement re-popularisé les hippogriffes, notamment à travers le personnage de Buck122.
Littérature d'enfance et de jeunesse
Si le livre pour enfants de l'allemande Bertha Lask, À travers les âges : voyages d'un enfant sur un cheval ailé, traduit en français en 1933 appartient plutôt au registre du merveilleux123, la plupart des mentions de cette créature dans les ouvrages de fiction modernes relèvent des genres fantasy et fantastique, pour la jeunesse. Ainsi, dans Le Neveu du magicien de C. S. Lewis, appartenant au cycle de Narnia, Fledge (Fraise), un cheval ailé de couleur rouge124, joue un rôle prééminent. D'autres créatures du même type peuplent l'univers de Narnia. Elles n'y ont à priori pas été envoyées par le lion Aslan, mais font partie de la douzaine de créatures parmi les plus rapides125. Dans le roman The Winged Colt of Casa Mia (jamais traduit en français) de Betsy Byars, un poulain nommé « Alado » (« Ailé », en espagnol) naît avec des ailes dans un ranch américain, et doit apprendre à s'y adapter126. Moins connus sont Katy and the Winged Horse, dont l'héroïne souvent malade reçoit un petit cheval ailé de sa grand-mère, qui prend vie127 ; et Johnny and the Winged Horse, qui raconte l'histoire d'un petit garçon touché par une forte décharge électrique, plongé dans un monde fantastique avec pour compagnon un cheval ailé128.
La série de romans Harry Potter de J. K. Rowling présente différentes espèces de chevaux ailés. Les sombrals, les plus connus, sont des animaux noirs dépourvus de chair et de pelage, qui ne peuvent être vus que par ceux qui ont déjà vu la mort et fait leur deuil. Ils possèdent un excellent sens de l'orientation et sont d'une extrême rapidité, mais les sorciers les voient comme un signe de malchance129.
The Witches of Winged-Horse Mountain forme le quatrième tome des aventures de l'apprentie sorcière Beatrice Bailey, dans la série d'ouvrages jeunesse de Sandra Forrester130. Le roman City of Stars, dans la série des aventures de Stravaganza par Mary Hoffman, présente aussi une telle créature131. La série de romans jeunesse Beast Quest consacre quant à elle son tome 16 (paru en 2011) à la capture d'un cheval ailé132.
Dans la série de romans Tara Duncan de Sophie Audouin-Mamikonian, les montures des guerriers sont des chevaux ailés appelés pégases. L'héroïne a un pégase comme familier, du nom de Galant. La relation entre Tara est Galant est de nature presque amoureuse133.
Films et animation
La présence de chevaux ailés dans les films et l'animation remonte à longtemps, puisque dès 1924 un tel animal est mis en scène dans le film Le voleur de Bagdad de Raoul Walsh et Douglas Fairbanks, ce qui représente une performance considérable pour l'époque. On le retrouve dans la version de 1940 du même film135. En 1932, un épisode d’Oswald le lapin chanceux s'intitule The Winged Horse136. Dans la série d'animation américaine Luno the White Stallion (1963, TerryToons), Luno est un jouet qui devient un cheval ailé vivant lorsque le petit Tim prononce la phrase « Oh winged horse of marble white, take me on a magic flight » ce qui pourrait être traduit par « Oh, cheval ailé de marbre blanc, emmène-moi pour un vol magique ». Il l'emmène alors vers différentes aventures137.
Dans le manga et la série d'animation Unico d'Osamu Tezuka (1976-1983), Unico peut prendre la forme d'une grande licorne ailée pour aider ceux qui lui ont offert leur amitié. Une autre série d'animation du même auteur, Magie bleue, met en scène Magic, un poney bleu sans ailes mais capable de voler, décrit comme « la fille de Pégase »138. Dans la série d'animation américaine She-Ra, la princesse du pouvoir, l'héroïne She-Ra monte un cheval nommé Éclair, qui se transforme en licorne ailée lorsqu'elle le touche avec son épée : Fougor (Swift Wind en version originale) est alors son nom139. Dans la série d'animation américaine Princesse Starla et les Joyaux magiques, Starla chevauche aussi une licorne ailée qui porte des crins d'or, et s'appelle Sunstar140. Les différents films et séries d'animation tirés de la licence de jouets My Little Pony présentent des poneys ailés et les alicornes, portant à la fois une corne et des ailes. Dans Barbie et le Cheval magique, un cheval ailé rose nommé Brietta aide la princesse AnnikaNote 5.
Pégase est lui aussi très présent dans les films et l'animation, notamment dans Fantasia et Hercule des studios Disney, dans les deux versions du Choc des Titans en 1981 et en 2010, dans Saint Seiya où Seiya est le chevalier de Pégase, ou encore en tant qu'Helios, petit ami de Mini-Bunny Tsukino dans le quatrième arc de Sailor Moon (SuperS).
Maison d'éditions
Une maison d'éditions suisse nommée Éditions du Cheval ailé a été active de 1944 à 1947. Elle est connue pour avoir publié essentiellement des textes d'anciens responsables du Régime de Vichy.
Comics
Dans les comics américains, Aragorn est la monture ailée du troisième Chevalier noir (Dane Whitman), héros de Marvel. Plus tard, il est donné à Brunnhilde, une Valkyrie d'Asgard, et vit dans la forteresse d'Asgard avec les autres chevaux ailés141. Ces chevaux ailés sont bénis par Odin, ils ont le pouvoir de choisir une cavalière pour faire d'elle une Valkyrie. Brightwind, l'une de ces montures, est sauvé par Dani Moonstar de l'attaque d'un groupe de chasseurs et la choisit pour cavalière. Plus tard, quand sa cavalière devient familière de la Mort, il change d'apparence et devient complètement noir, prenant le nom de Darkwind142. Dane Whitman redevient plus tard le Chevalier noir et se voit attribuer un nouveau cheval ailé, noir aux ailes de chauve-souris : Valinor. Enchanté à Avalon, ce cheval est soigné par le Docteur Strange et se retourne contre son ancien maître6. Le Chevaliner noir se voir confier un nouveau cheval ailé, cette fois blanc : Strider143. Le Dreadknight monte quant à lui un cheval ailé noir chimérique et proche d'un dragon, le Hellhorse5.
Jouets
Le cheval ailé est populaire en jouet, essentiellement pour les petites filles. Les plus connus sont ceux de la licence My Little Pony (en France « Mon petit poney » et au Québec « Ma petite pouliche ») d'Hasbro, déclinés sous de nombreuses formes. La première génération de ces jouets, de 1982 à 1993, propose des poneys pégases, des poneys libellules aux ailes en plastique translucide amovibles, ou encore des poneys papillons dont les ailes sont recouvertes de motifs colorés. Ces jouets sont très appréciés des collectionneurs. De nouvelles gammes ont vu le jour au fil du temps, inspirées notamment par la série d'animation de 2010 qui compte des poneys ailés et volants144 comme Rainbow Dash145 et Fluttershy146, ainsi que des licornes ailées (alicornes). Si My Little Pony est une licence de jouets qui a donné ensuite des films et séries d'animation, l'inverse arrive également. Les produits dérivés de She-Ra, la princesse du pouvoir incluent un jouet avec Fougor139, et ceux de Princesse Starla et les Joyaux magiques comptent la licorne ailée Sunstar.
Une autre licence de jouets plus récente, Bella Sara, inclut des jeux de cartes et des peluches comptant de nombreux chevaux ailés, avec un site internet interactif qui permet de voir les créatures des cartes comme dans un jeu vidéo147.
Dans la collection de poupées Barbie, Glimmer le cheval volant est un jouet à piles orange et pailleté, créé en 2007 par Mattel148. Il fait du bruit et produit des lumières lorsqu'il galope, des lumières clignotent sur ses ailes et le bruit du vent se fait entendre lorsqu'il s'envole. Il répond quand on le brosse ou lui donne à manger. De la même manière, Playmobil propose différents chevaux ailés, de couleur rose149, blanche avec une coiffeuse de princesse150 ou encore dorée, avec un carrosse151. Il existe aussi des peluches de chevaux ailés, et des doudous, notamment ceux d'Anna Club plush. Ainsi que des chevaux à bascule ailés152.
Notes et références
Notes
- Plusieurs chevaux ailés, dont Aragorn, servent de montures aux Valkyries de l'univers Marvel.
- Plusieurs sites web affirment que les Valkyries nordiques montent des chevaux ailés, voir ici [archive] ou encore là [archive].
- Notamment de la thèse de Marc-André Wagner, consacrée au cheval dans les croyances germaniques.
- Les animaux hybrides ailés (lion ailé, taureau ailé, sphinx…) sont fréquents dans l'art du Proche-Orient ancien.
- Barbie and the Magic of Pegasus en version originale.
Références
- Wagner 2006, p. 138.
- Vannoy Adams 2001, p. 221-227.
- (es) Atilano Domínguez, La ética de Spinoza, Fundamentos y Significado: Actas Del Congreso Internacional, Almagro, 24-26 de Octubre, 1990, Univ. de Castilla La Mancha, (ISBN 8477291136 et 9788477291138), p. 67.
- Lorenzo Vinciguerra, Spinoza et le Signe : la genèse de l'imagination, Librairie Philosophique Vrin, coll. « Bibliothèque d'histoire de la philosophie », (ISBN 2711617726 et 978-2711617722), p. 53.
- (en) Jeff Rovin, The encyclopedia of super villains, Facts on File Publications, , 416 p. (ISBN 9780816013562, lire en ligne [archive]), p. 113.
- (en) « Valinor » [archive], Comic Vine (consulté le ).
- De Gubernatis 1872, p. xvi.
- Bulletin de la Société de linguistique de Paris, vol. 92, Honoré Champion, (présentation en ligne [archive]), p. 195.
- (de) Ludolf Malten, « Bellerophontes » dans Jahrbuch des deutschen Archaologischen Instituts, 40, 1925, p. 121-160.
- « Le premier battement d'ailes de Pégase », Cheval Savoir, no 37, (lire en ligne [archive]).
- Novella Vismara et Éric Raimond, « Dieux et héros de Lycie », dans Les Dossiers d'archéologie, Faton, no 29-32, 2002, p. 32-37 (ISSN 1141-7137).
- Jacques Desautels, Dieux et mythes de la Grèce ancienne : la mythologie gréco-romaine, Presses Universitaires de Laval, , 648 p. (ISBN 9782763771533, lire en ligne [archive]), p. 275.
- Marcel Simon, Le christianisme antique et son contexte religieux, Mohr Siebeck, , 23e éd., 878 p. (ISBN 3161438027 et 9783161438028, lire en ligne [archive]), « Bellérophon chrétien », p. 297-311.
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne [archive]] 2. 31. 9 ; 5. 17. 7 et 5. 19. 8.
- Platon, Critias, 115-116 Lire en ligne [archive].
- Angelo Colombo, Les anciens au miroir de la modernité: traductions et adaptations littéraires en Italie au début du XIXe siècle, Presses Univ. Franche-Comté, 2005, (ISBN 2848670932 et 9782848670935), p. 60-61.
- Catulle, Poésies, traduction de G. Lafaye, Paris, les Belles Lettres, 1970, p. 71-72.
- P. Perdrizet, « L'hippalectryon. Contribution à l'étude de l'ionisme », Revue des études anciennes, t. 6, , p. 7-30 (lire en ligne [archive]).
- Jacques Desautels, Dieux et mythes de la Grèce ancienne : la mythologie gréco-romaine, Presses Universitaires de Laval, (ISBN 9782763771533).
- Vannoy Adams 2001, p. 214.
- Wagner 2006, p. 142.
- Wagner 2006, p. 143.
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle, VIII, 72 : AETHIOPIA produit… De nombreuses monstruosités — [y compris] les chevaux ailés armés de cornes, appelés Pegasi.
- Wagner 2005, p. 139-153.
- Bibliothèque universelle et revue suisse, vol. 23, (lire en ligne [archive]), p. 551.
- Helgakvida hjördvardssonar, strophe 28, cité par Wagner 2005, p. 67.
- (en) Jesse Byock, The Prose Edda, Londres, Penguin Classics, , poche (ISBN 978-0-14-044755-2 et 0140447555), p. 44.
- (en) Jacob Grimm, Teutonic Mythology : traduction de la quatrième édition par James Steven Stallybrass, vol. 2, Londres, George Bell and Sons, , p. 896-897.
- De Gubernatis 1872, p. 338.
- (en) Louis Charbonneau-Lassay (trad. D. M. Dooling), The bestiary of Christ, Parabola Books, 1991, p. 376.
- Sevestre et Rosier 1983, p. 16-17.
- (en) Jenny Rose, Zoroastrianism: An Introduction, coll. Introductions to Religion, I.B. Tauris, 2011, (ISBN 1848850883 et 9781848850880), p. 130.
- Joseph-Jacques Odolant-Desnos, Mythologie pittoresque ou histoire méthodique universelle des faux dieux de tous les peuples anciens et modernes, E. Picard, , 549 p. (lire en ligne [archive]), p. 97-98.
- Monnier 1854, p. 240.
- René Alleau, Guide de la France mystérieuse, vol. 1 de Guides noirs, Tchou, , 1023 p., p. 261.
- Charles Thuriet, Traditions populaires de la Haute-Saône et du Jura, Laffitte, , 652 p., p. 268.
- Monnier 1854, p. 241.
- Frédéric Moreau, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté et des hameaux qui en dépendent, classés par département : département du Jura, vol. 3, Bintot, (lire en ligne [archive]), p. 121.
- Monnier 1854, p. 132.
- Monnier 1854, p. 68.
- Société des traditions populaires, Revue des traditions populaires, vol. 23, Paris, Librairie orientale et américaine, Lechevalier, , p. 307.
- Monnier 1854, p. 69.
- Gabriel Gravier, Franche-Comté, pays des légendes : Arrondissements de Pontarlier (Doubs), de Saint-Claude et de Lons-le-Saunier (Jura), vol. 2 de Franche-Comté, pays des légendes, Éditions Marque-Maillard, (ISBN 9782903900007), p. 70.
- (en) Haldeen Braddy, Geoffrey Chaucer: Literary and Historical Studies, Kennikat Press, 1971, (ISBN 0804690006 et 9780804690003), 170 p.
- Bladé, Jean-François, Contes populaires de la Gascogne, Paris, Maisonneuve frères et C. Leclerc, , 358 p. (lire en ligne [archive]).
- Ahmed Kharraz, Le corps dans le récit intime arabe, éditions L'Harmattan, 2013, (ISBN 2296537278 et 9782296537279), p. 42.
- Eugène Daumas, et Abd al-Kádir ibn Muñyi Al-Din, Les chevaux du Sahara et les mœurs du désert, L. Hachette et cie, 1866, p. 162.
- Sahih al-Bukhari 5, 58, 227.
- (en) Reuven Firestone, Journeys in Holy Lands, SUNY Press, 1990, (ISBN 978-0791403310) p. 117.
- (en) Asiatic Society of Japan, Transactions, vol. 11, The Society, (lire en ligne [archive]).
- (la) (ar) Lodovico Marracci, Muḥammad, Alcorani Textus Universus […], Vol. 1, Ex Typographia Seminarii, 1698, p. 21 [lire en ligne [archive]].
- Louis Charbonneau-Lassay, Le bestiaire du Christ: la mystérieuse emblématique de Jésus-Christ : 1157 figures gravées sur bois par l'auteur, Archè, 1940, p. 334.
- Louis Désiré Véron, Revue de Paris, Volumes 5 à 6, Bureau de la Revue de Paris, 1834, p. 282-283.
- Marie José Thériault, L'Envoleur de chevaux: et autres contes, Les éditions du Boreal, , 174 p. (ISBN 289052163X et 9782890521636).
- « Marie José Thériault, la passion des mots » dans Le métier du double: portraits de traductrices et traducteurs littéraires, coll. Nouvelles études québécoises, Les Éditions Fides, 2005, (ISBN 2762126657 et 9782762126655), p. 298-299.
- (en) Emma C. Bunker, Nomadic Art of the Eastern Eurasian Steppes: The Eugene V. Thaw and Other New York Collections, Metropolitan Museum of Art, 2002, (ISBN 0300096887 et 9780300096880), p.
- A. L.. Grûnberg et I. M. Stéblin-Kamensky, La langue wakhi: Tome I : Corpus de littérature orale, Les Éditions de la MSH, 1988, (ISBN 2735102882 et 9782735102884), p. 132.
- (en) Richard E. Strassberg, A Chinese Bestiary: Strange Creatures from the Guideways Through Mountains and Seas (Shan Hai Jing), University of California Press, coll. « Philip E. Lilienthal book - Asian studies », (ISBN 0520218442 et 9780520218444), p. 130.
- (en) Richard Rutt, The book of changes (Zhouyi): a Bronze Age document, Richmond, Routledge, , poche (ISBN 978-0-7007-1491-9), p. 331.
- (en) George Kuwayama, Chinese ceramics in colonial Mexico, Los Angeles, University of Hawaii Press, (ISBN 978-0-87587-179-0, LCCN 97070221, lire en ligne [archive]), p. 32.
- Sterckx 2002, p. 184.
- (en) Iryŏn (trad. Dal-Yong Kim), Overlooked Historical Records of the Three Korean Kingdoms, 지문당, 2006, (ISBN 8988095944 et 9788988095942), p. 33.
- (en) Johannes Schönherr, North Korean Cinema: A History, McFarland, 2012, (ISBN 0786465263 et 9780786465262), p. 127.
- (en) Hy-Sang Lee, North Korea: A Strange Socialist Fortress, Greenwood Publishing Group, 2001, (ISBN 0275969177 et 9780275969172), p. 27-29.
- (en) David Goldblatt, The Football Book, Dorling Kindersley Ltd, (ISBN 1405346809 et 9781405346801, lire en ligne [archive]), p. 275.
- Pertev Boratav, Aventures merveilleuses sous terre et ailleurs de Er-Töshtük le géant des steppes : traduit du kirghiz par Pertev Boratav, Gallimard/Unesco, , 312 p. (ISBN 2-07-071647-3).
- G. Charrière, Mythes et réalités sur la plus noble conquête de l'homme et sur son plus perfide ennemi : Revue de l'histoire des religions, vol. 186, (lire en ligne [archive]), p. 8.
- Hervé Beaumont, Asie centrale: Le guide des civilisations de la route de la soie, Éditions Marcus, coll. « Poche-voyage Marcus », , 634 p. (ISBN 9782713102288), p. 407.
- Gilles Veinstein, Les Ottomans et la mort: permanences et mutations, vol. 9 de Ottoman Empire and its heritage, BRILL, , 324 p. (ISBN 9789004105058), p. 42.
- Central Asiatic journal, Volumes 26 à 27, O. Harrassowitz, 1982.
- Rémy Dor, Contes kirghiz de la steppe et de la montagne, Publications orientalistes de France, coll. « D'étranges pays », , 166 p. (ISBN 9782716901666), p. 96.
- Murthy 1985, p. 11.
- Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, (1re éd. 1969) [détail des éditions] p. 230.
- Murthy 1985, p. 67.
- Murthy 1985, p. 11-12.
- (en) Richard Leviton, Encyclopedia of Earth Myths: An Insider's A-Z Guide to Mythic People, Places, Objects, and Events Central to the Earth's Visionary Geography, Hampton Roads Publishing, 2005, (ISBN 1612832989 et 9781612832982), p. entrée « White horse » - livre numérique.
- (en) Martin Haug, The Aitareya Brahmanam of the Rigveda: containing the earliest speculations of the Brahmans on the meaning of the sacrificial prayers, and on the origin, performance and sense of the rites of the Vedic religion, vol. 2, Bharatiya Publishing House, , p. 295.
- Proceedings - Indian History Congress, 1961, p. 71.
- (en) Sir George Christopher Molesworth Birdwood, The Industrial Arts of India, vol. 1, Chapman and Hall, , p. 52.
- (en) Shakti M. Gupta, Surya, the Sun God, Somaiya Publications, , 71 p..
- (en) Roshen Dalal, Hinduism: An Alphabetical Guide, Penguin Books India, (ISBN 0143414216 et 9780143414216), p. 37.
- (en) Donald Frederick Lach, Asia in the Making of Europe: A Century of Advance : South Asia, Volumes 2 à 3, University of Chicago Press, 1998, (ISBN 0226467678 et 9780226467672), p. 756.
- (en) Sir George Christopher Molesworth Birdwood, The Industrial Arts of India, Volume 1, Chapman and Hall, 1880, p. 80.
- (en) Gaṅgā Rām Garg, Encyclopaedia of the Hindu World, Volume 3, Concept Publishing Company, 1992, (ISBN 8170223768 et 9788170223764), p. 651.
- (en) John Dowson, A Classical Dictionary of Hindu Mythology and Religion, Geography, History, and Literature, volume 6 de Trübner's oriental series, VI, Trübner & Company, 1870, p. 24.
- Biswas 1987, p. 32.
- Murthy 1985, p. 12.
- (en) Julia Meech-Pekarik, « The Flying White Horse: Transmission of the Valāhassa Jātaka Imagery from India to Japan » dans Artibus Asiae, Vol. 43, No. 1/2, 1981, p. 111-128.
- K. Bharatha Iyer, Animals in Indian Sculpture, Taraporevala, 1977, p. 40.
- Victor Goloubew, « Le Cheval Balaha », Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient, t. 27, , p. 223-237 (lire en ligne [archive], consulté le ).
- Bernus Edmond, « Le cheval Bagzan des Touaregs : Pégase ou Bucéphale ? » dans Cavalieri dell'Africa : storia, iconografia, simbolismo, Atti del Ciclo di Incontri, Milan (ITA), 1995 p. 75-86.
- Germaine Dieterlen, Essai sur la religion Bambara: Thèse, Presses Universitaires de France, 1951, p. 169.
- Alexander Eliot, L'Univers fantastique des mythes, Les Presses de la Connaissance, 1976, (ISBN 2858890072 et 9782858890071), 320 p.
- Murthy 1985, p. 8.
- Sterckx 2002, p. 185.
- Institut national d'histoire de l'art et Association des professeurs d'archéologie et d'histoire de l'art des universités, Histoire de l'art, Numéros 5 à 8, éditions C.D.U.-S.E.D.E.S, 1989, p. 60.
- Patrick Rivière, L'Alchimie science et mystique, Éditions De Vecchi, (ISBN 9782732806327).
- Maureen Smith, Denise Levertov: le don de poésie, L'Harmattan, coll. « critiques littéraires », , 175 p. (ISBN 9782747508612, lire en ligne [archive]).
- Tristan-Frédéric Moir, Images et symboles du rêve, Fernand Lanore, 2008 (ISBN 2851573543 et 9782851573544), p. 132.
- Vannoy Adams 2001, p. 217.
- Wagner 2006, p. 49.
- (en) Peter K. Marsh, The Horse-head Fiddle And The Cosmopolitan Reimagination Of Tradition in Mongolia, Routledge, 2009, (ISBN 041597156X et 9780415971560), p. 36.
- Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, (1re éd. 1969) [détail des éditions] p. 223.
- Collectif, Annales de la revue de l'histoire des religions : Musée Guimet, vol. 185-188, Paris, Librairie Ernest Leroux, (lire en ligne [archive]), p. 8.
- Johanne Razanamanay-Schallier, La Chamane Sauvage libérée des traditions: Initiation aux pouvoirs chamaniques, Fernand Lanore, 2009, (ISBN 2851575856 et 9782851575852), p. 80.
- Jérôme Piétri et Jean-Victor Angelin, Le Chamanisme en Corse ou la Religion du Néolithique, Éditions L'Originel, , 189 p. (ISBN 9782910677022, lire en ligne [archive]), p. 84, 116.
- « Cylinder seal: winged horse with claws and horns » [archive], Metropolitan Museum of Art (consulté le ).
- Édouard Chavannes, « Note préliminaire sur les résultats archéologiques de la mission accomplie en 1907 dans la Chine du Nord » dans Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 52e année, no 3, 1908. p. 187-204 [lire en ligne [archive]]. Consulté le 31 juillet 2013.
- Le Nouveau commerce, 1980, p. 31.
- Noël Nel, « L’art chinois d’accommoder le cheval à l’hirondelle », Cheval attitude, no 4, (lire en ligne [archive]).
- La Revue du Louvre et des musées de France, Conseil des musées nationaux, 1983, p. 168.
- Revue archéologique, Puf, 1863, p. 3.
- Anne Pouget, Ab urbe condita: À partir de la fondation de Rome, Editions L'Harmattan, (ISBN 2296122590 et 9782296122598), p. 11.
- Collectif, Dialogues d'histoire ancienne: 1990, Presses Univ. Franche-Comté, 1990, (ISBN 9782251604350), p. 302-304 [lire en ligne [archive]].
- Lamarque 2002, p. 111.
- Lamarque 2002, p. 119.
- Louis Couperus (trad. du néerlandais par J. Barbier ; préf. de Julien Benda), Le Cheval ailé, Monde nouveau, 1923.
- René Herval, Le Cheval ailé, Maugard, , 180 p..
- Bruno Sibona, Le cheval de Mazeppa: Voltaire, Byron, Hugo : un cas d'intertextualité franco-anglaise, éditions L'Harmattan, 2006, (ISBN 2296003206 et 9782296003200), p. 183-184.
- (en) Lyubomir Levchev (trad. Valentin Krustev, ill. Stoimen Stoilov), Green-Winged Horse : New and Selected Poems, Little Red Tree Publishing LLC, 2013, (ISBN 1935656236 et 9781935656234), 256 p.
- Wagner 2006, p. 124.
- (en) Brenda Rosen, The Mythical Creatures Bible: The Definitive Guide to Legendary Beings, Sterling Publishing Company, Inc., 2009, (ISBN 9781402765360), 400 pages, p. 119 [lire en ligne [archive]].
- Bertha Lask (ill. Natan Isaevich Alʹtman), À travers les âges: voyages d'un enfant sur un cheval ailé, coll. Mon camarade, Éditions sociales internationales, 1933, 125 p.
- (en) Clive Staples Lewis (ill. Pauline Baynes), Le Neveu Du Magicien / the Magician's Nephew, Gallimard jeunesse, 2001, (ISBN 207054642X et 9782070546428), 210 p.
- (en) Devin Brown, Inside Narnia: A Guide to Exploring The Lion, the Witch and the Wardrobe, Baker Books, 2005, (ISBN 0801065992 et 9780801065996), p. 190.
- (en) Betsy Byars (ill. Krystyna Turska), The Winged Colt of Casa Mia, Penguin Books, 1979, 126 p.
- Jennifer Watson, Katy and the Winged Horse, Muira Enterprises Limited, 1969, 59 p.
- (en) John Pagano, Johnny and the Winged Horse, Dorrance, 1970, (ISBN 080591479X et 9780805914795), 52 p.
- J.K. Rowling, Les Animaux Fantastiques, Pottermore, (ISBN 1781100969 et 9781781100967).
- (en) Sandra Forrester, The Witches of Winged-Horse Mountain, coll. The adventures of Beatrice Bailey, Barron's Educational Series, 2004, (ISBN 0764127845 et 9780764127847), 248 p.
- (en) Mary Hoffman, City of Stars, Stravaganza Series, Bloomsbury Publishing, 2008, (ISBN 0747595704 et 9780747595700), 452 p.
- Adam Blade et Blandine Longre, Beast Quest, t. 16 - Le cheval ailé, Hachette Jeunesse, , 96 p. (ISBN 2012026591 et 9782012026599).
- Jacques Poirier, L'animal littéraire: des animaux et des mots, Editions universitaires de Dijon, (ISBN 2915611637 et 9782915611632, lire en ligne [archive]), p. 191.
- « Le voleur de Bagdad (1924) de Raoul Walsh » [archive], L’œil sur l'écran - blog du Monde (consulté le ).
- « Dossier pédagogique - Le voleur de bagdad » [archive], Académie de Lyon (consulté le ).
- « The Winged Horse » [archive], The Big cartoon database (consulté le ).
- (en) « Luno » [archive], The big cartoon database (consulté le ).
- Magie Bleue, ep. 1., diffusé sur La cinq en 1990 [vidéo] Vidéo du premier épisode [archive] sur Dailymotion.
- (en) « A Psychedelic Stallion: MOTUC Swiftwind Review » [archive], MTV Geek (consulté le ).
- [vidéo] Extrait de l'épisode 2 [archive] sur YouTube.
- (en) Mark Gruenwald (ill. Peter Sanderson et Stan Lee), The official handbook of the Marvel universe, vol. 1, Marvel Comics Group, (ISBN 0871352087 et 9780871352088), p. 30.
- (en) « Brightwind » [archive], Comic Vine (consulté le ).
- (en) « Strider » [archive], Comic Vine (consulté le ).
- « My Little Pony » [archive], Hasbro (consulté le ).
- « Rainbow Dash » [archive], Hasbro (consulté le ).
- « Fluttershy » [archive], Hasbro (consulté le ).
- « Bella Sara » [archive] (consulté le ).
- « Exposition Petites & grosses bêtes : Les animaux fantastiques » [archive], Les arts décoratifs.
- « Cheval ailé - référence de l'article 6265 » [archive], Playmobil.fr (consulté le ).
- « Cheval ailé et coiffeuse de princesse - référence de l'article 5144 » [archive], Playmobil.fr (consulté le ).
- « Carrosse avec cheval ailé - référence de l'article 5143 » [archive], Playmobil.fr (consulté le ).
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Articles connexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Désiré Monnier, Traditions populaires comparées, J. B. Dumoulin, , 812 p. (lire en ligne [archive]).
- Angelo De Gubernatis, Zoological Mythology Or The Legends of Animals, vol. 1, Trübner and Company, , 432 p.
- Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, (1re éd. 1969) [détail des éditions]
- Dr Jacques Sevestre et Nicole Agathe Rosier, Le Cheval, Larousse, (ISBN 9782035171184).
- (en) K. Krishna Murthy, Mythical Animals in Indian Art, Abhinav Publications, (ISBN 0391032879 et 9780391032873)
- (en) T. K. Biswas, Horse in early Indian art, Munshiram Manoharlal Publishers, , 104 pages
- Isabelle Rochas, Le mythe du cheval ailé au cours des siècles : Mémoire ou thèse sous la direction de Bernard Denis - num 1994NANT060V, , 166 p. (présentation en ligne [archive])
- (en) Peter E. Blomberg, On Corinthian Iconography: The Bridled Winged Horse and the Helmeted Female Head in the Sixth Century Bc, vol. 25 de Boreas (Uppsala), Ubsaliensis S. Academiae, , 106 p. (ISBN 9155437028 et 9789155437022)
- (en) Michael Vannoy Adams, « The myth of Bellerophon and Pegasus », dans The mythological unconscious, New York, Other Press, , 488 p., poche (ISBN 978-1-892746-96-2, lire en ligne [archive])
- Philippe Lamarque, La figure héraldique du cheval, Cheminements, coll. « Hermine », (ISBN 2844780768 et 9782844780768).
- (en) Roel Sterckx, The Animal and the Daemon in Early China, SUNY Press, (ISBN 0791489159 et 9780791489154).
- Marc-André Wagner, Le cheval dans les croyances germaniques: paganisme, christianisme et traditions, vol. 73 de Nouvelle bibliothèque du moyen âge, Paris, Honoré Champion, , 974 p. (ISBN 978-2-7453-1216-7, lire en ligne [archive]).
- Marc-André Wagner, Dictionnaire mythologique et historique du cheval, Monaco, Éditions du Rocher, coll. « Cheval Chevaux », , 201 p. (ISBN 978-2-268-05996-9).
Phénix
Le phénix, parfois écrit phœnix ou phoenix (du grec ancien φοῖνιξ / phoînix, au sens probable de « rouge sang »), est un oiseau mythique, doté d'une grande longévité et caractérisé par son pouvoir de renaître après s'être consumé dans les flammes. Il symbolise ainsi le cycle de mort et de résurrection. Il est appelé par une périphrase moderne "l'oiseau de feu" (à ne pas confondre cependant avec la créature de la légende slave).
Appartenant à l'antiquité gréco-romaine, le phénix est plus ou moins comparable à des oiseaux fabuleux de la mythologie perse (le Simurgh ou Rokh), chinoise (le Fenghuang), amérindienne (l'Oiseau-tonnerre) ou aborigène en Australie (l'Oiseau Minka).
Selon l'historien grec Hérodote, le phénix est originaire d'Arabie et rattaché au culte du Soleil dans la cité d'Héliopolis en Égypte, où il était vénéré : il le décrit comme une sorte d'aigle au plumage rouge et or. D'autres auteurs le montrent multicolore, tel Solin, compilateur de Pline l'Ancien (Polyhistor, chapitre 34)1.
« Là aussi naît le phénix, qui a la grandeur de l'aigle, la tête ornée de plumes formant un cône, des caroncules à la gorge, le cou rayonnant d'or, le reste du corps de couleur pourpre, si ce n'est la queue, qui est d'azur éclatant et semée de plumes incarnat. »
Il n'existait qu'un seul phénix à la fois, qui vivait de cinq cents ans à des milliers d'années selon les auteurs.
Il se reproduit lui-même à l'identique : sentant sa fin venir, il construit un nid d'aromates, cannelle, encens et autres, où il se consume. Des cendres renaît un oisillon. Mais la tradition la plus ancienne est moins poétique : il y renaît de son cadavre.
Étymologie
Le terme grec φοῖνιξ / phoînix possède plusieurs sens : il désigne l'oiseau lui-même, mais aussi la couleur rouge2, le toponyme et l'ethnonyme « phénicien »,et encore phoenix dactylifera, le palmier-dattier3. Son étymologie reste discutée : on a proposé une origine égyptienne — le nom du héron sacré bnu (prononcé *boin- ?), adapté en phoînix par le grec — ou une origine sémitique, plus particulièrement phénicienne, ou encore une origine grecque (« rouge sang »).
Par régions et époques
Grèce antique
La première mention se trouve dans un fragment énigmatique attribué à Hésiode :
« La corneille babillarde vit neuf générations d'hommes florissants de jeunesse ; le cerf vit quatre fois plus que la corneille ; le corbeau vieillit pendant trois âges de cerf ; le phénix vit neuf âges du corbeau et nous vivons dix âges de phénix, nous, Nymphes aux beaux cheveux, filles de Zeus armé de l'égide4. »
Hérodote, dans le Livre II d'Histoires (vers 445 av. J.-C), est le premier à donner le nom de phénix à un des oiseaux sacrés de l'Égypte : le benou. Ce héron perché sur la pierre benben ou sur le saule d'Héliopolis, manifestation des dieux solaires Rê et Osiris. Il fournit quelques éléments du mythe :
« On range aussi dans la même classe un autre oiseau qu'on appelle phénix. Je ne l'ai vu qu'en peinture ; on le voit rarement ; et, si l'on en croit les Héliopolitains, il ne se montre dans leur pays que tous les cinq cents ans, lorsque son père vient à mourir. S'il ressemble à son portrait, ses ailes sont en partie dorées et en partie rouges, et il est entièrement conforme à l'aigle quant à la figure et à la description détaillée. On en rapporte une particularité qui me paraît incroyable. Il part, disent les Égyptiens, d'Arabie, se rend au temple du Soleil avec le corps de son père, qu'il porte enveloppé dans de la myrrhe, et lui donne la sépulture dans ce temple. Voici de quelle manière : il fait avec de la myrrhe une masse en forme d'œuf, du poids qu'il se croit capable de porter, la soulève, et essaye si elle n'est pas trop pesante ; ensuite, lorsqu'il a fini ces essais, il creuse cet œuf, y introduit son père, puis il bouche l'ouverture avec de la myrrhe : cet œuf est alors de même poids que lorsque la masse était entière. Lorsqu'il l'a, dis-je, renfermé, il le porte en Égypte dans le temple du Soleil5. »
L'historien, qui pourrait tirer ses informations d'Hécatée de Milet, considère le phénix comme un oiseau réel, et certains détails ne cadrent pas avec les conceptions égyptiennes, telle l'apparition tous les 500 ans6. On a suggéré une mauvaise compréhension du symbole7 : Hérodote aurait interprété comme une filiation physique la relation entre le bénou et les divinités dont il est le bâ (la manifestation temporaire)8. On a aussi pensé que ce phénix serait issu du mythe oriental de l'oiseau du soleil, symbolisant la « grande année », c'est-à-dire la durée nécessaire à un cycle équinoxial complet ; son association à la période sothiaque égyptienne serait postérieure, datable de l'empire romain, sous les Antonins9.
Empire romain
Chez Ovide (Les Métamorphoses, Livre 15)10, chez Pline l'Ancien (Histoire naturelle, vers 77, passim)11 et chez Tacite (Annales, IIe siècle, Livre 6, 28)12, le phénix se décompose pour renaître, comme chez Hérodote ; puis, chez Martial (Épigrammes, entre 85 et environ 102, Livre 5)13 et Stace (Les Silves, sûrement entre 89 et 96, Livres 2, 3 et 5)14 apparaît le thème du bûcher et de ses épices, sans doute par analogie avec les pratiques funéraires des Romains. L'effigie du phénix comme symbole de l'âge d'or, de la félicité ou du renouvellement des temps, figure sur les monnaies impériales de Trajan à Constantin Ier et ses fils.
« il n’y a qu’un oiseau qui retrouve la vie dans sa mort, et qui se recrée lui-même : les Assyriens le nomment phénix ; il ne vit ni d’herbes ni de fruits, mais des larmes de l’encens et des sucs de l’amome. Après avoir rempli le cours de cinq longs siècles sur la cime tremblante d’un palmier, il construit un nid avec son bec et ses ongles ; il y forme un lit de nard, de cannelle, de myrrhe dorée et de cinnamome, se couche sur ce bûcher, et finit sa vie au milieu des parfums ; alors, de ses cendres renaît, dit-on, un jeune phénix, destiné à vivre le même nombre de siècles. Dès que l’âge lui a donné la force de soutenir un fardeau, il enlève le nid qui fut à la fois son berceau et la tombe de son père ; et, d’une aile rapide, arrive dans la ville du soleil ; il le dépose à la porte sacrée du temple. »
— Ovide , Les Métamorphoses
Culture juive
Le Midrach Rabba15, commentaire rabbinique de la Genèse, rapporte que, lorsqu'Adam et Ève mangèrent de l'arbre de la connaissance, tous les animaux mangèrent eux aussi du fruit interdit et ainsi la mort fut décrétée pour tous ; cependant un seul oiseau appelé Khôl (עוף החול) ne mangea pas de ce fruit. Il en fut récompensé par une vie éternelle. Et Rabbi Yanay explique que sa vie se déroule ainsi : il connaît une période de mille ans au terme de laquelle le feu jaillit de son nid et le consume, ne laissant qu'un œuf dont il grandit de nouveau. Il ne se confond pas avec le Ziz mythologique.
Culture chrétienne
Au Ier siècle, Clément de Rome, troisième évêque de Rome après saint Pierre16, parle de cet oiseau au chapitre XXV d'une des Épîtres aux Corinthiens17 qui lui sont attribuées. Le phénix devient le symbole de la résurrection du Christ18, en même temps qu'un emblème de l'Empire romain. L'interprétation chrétienne s'est largement inspirée du mythe païen où le phénix renvoie à un cycle immanent, à l'inverse de la transcendance et du temps linéaire chrétiens.
Le Physiologos, bestiaire anonyme chrétien du IIe ou IVe siècle livrant des interprétations moralisatrices sur les animaux décrits, rattache également la résurrection du phénix à celle du Christ19.
Brunetto Latini, dans le premier livre de son Li livres dou Tresor (de), consacre une rubrique de son bestiaire au phénix, reprenant ce qu'en disaient les auteurs antiques20.
Point de vue ornithologique
Georges Cuvier (1769-1832) voyait en lui le faisan doré (Chrysolophus pictus). Il a également été identifié avec l'oiseau de paradis et le flamant rose.
C. von Linné, dans sa classification des êtres vivants, évoque les créatures mythologiques telles que le troglodyte, le satyre, l'hydre, le phénix (Amoenitates academicae, 1763). Il dit de ce dernier : " Espèce d'oiseau dont il n'existe qu'un seul individu au monde, et qui, quand il est décrépit, renaît rajeuni, selon la légende, d'un bûcher de plantes aromatiques, pour revivre les temps heureux d'autrefois."
Dans les arts et la culture
Phénix en héraldique, armes des
Maurocordato et des Malet de Lussart
Le phénix, figure héraldique imaginaire, est un oiseau sur un bûcher en flammes. Il ressemble beaucoup à l'aigle héraldique et il est même parfois défini comme une de ses variantes. Il est représenté de face, tête de profil, ailes étendues, sur son bûcher, appelé « immortalité ».
Ci-contre les armes des Malet de Lussart : « d'azur à un phénix sur son immortalité, regardant le soleil, le tout d'or », qui illustre bien la parenté avec l'aigle, réputé seul capable de regarder le soleil en face dans la mythologie grecque.
Un autre exemple du Phénix est le blason de la commune de Sermaize-les-Bains.
Le Fénix figure également sur le blason de la naçào, la nation portugaise juive à Amsterdam, qui avait dû fuir l'Inquisition espagnole puis portugaise, en y « laissant des plumes », pour se réfugier sur les terres plus tolérantes des Provinces-Unies, dès le XVe siècle21.
Le Phénix est aussi l'emblème de villes américaines, comme San Francisco en Californie, ou Atlanta en Géorgie, qui ont été détruites par les flammes au cours de leur histoire.
Littérature
Semis de roses et phénix. Mosaïque de pavement romaine trouvée à Daphnée (actuelle Turquie).
Ve siècle. Musée du Louvre.
De nombreux auteurs anciens en parlent à des époques et dans des genres divers, d'Hésiode et Hérodote pour les Grecs, aux Romains, dont Pline l'Ancien et Tacite (voir supra).
Deux grands poèmes lui sont consacrés, l'un chrétien, l'autre païen : le Carmen de ave phœnice22, attribué à Lactance (qui vécut de 250 à 325), puis le Phoenix de Claudien; l'oiseau est présent aussi dans son épopée inachevée De raptu Proserpinae (écrite entre 395 et 397)23.
Dante Alighieri évoque le phénix au chant XXIV de l'Enfer (1304-1307 au plus tôt), première partie de sa Divine Comédie24.
À la Renaissance, Guillaume Du Bartas lui consacre un long développement dans le Cinquième Jour de La Sepmaine ou la Création du monde (v. 551-598) :
« Le celeste Phœnix commença son ouvrage
Par le Phœnix terrestre, ornant d'un tel plumage
Ses membres revivans que l'annuel flambeau
De Cairan jusqu'en Fez ne void rien de plus beau. »
Puis Rabelais le mentionne dans Le Cinquième Livre (V, 29, Comment nous visitasmes le pays de Satin), publié en 1564 :
« J’y vy quatorze Phœnix. J’avois leu en divers autheurs qui n’en estoit qu’un en tout le monde, pour un age ; mais, selon mon petit jugement, ceux qui en ont escrit n’en veirent onques ailleurs qu’au pays de tapisserie, voire fut-ce Lactance Firmian. »
Au XVIIIe siècle, le phénix alimente l'imaginaire de plusieurs auteurs de récits fantastiques ou merveilleux, par exemple Voltaire dans le conte philosophique de La Princesse de Babylone : un phénix âgé de 26.900 ans explique à l'héroïne qu'il naquit à l'époque où tous les animaux pouvaient parler et converser en paix avec les hommes ; plus tard, mourant, il lui demande de porter ses cendres en Arabie Heureuse et de lui préparer un bûcher, pour qu'il puisse renaître25.
Dans Le Livre des êtres imaginaires (1957), l'écrivain argentin Jorge Luis Borges consacre une entrée au phénix, listant les évocations de cet animal dans différentes œuvres à travers les siècles. Il en dédie une autre au phénix chinois.
J. K. Rowling, dans son best-seller Harry Potter (1997 – 2007), fait d'un phénix nommé Fumseck le compagnon du professeur Dumbledore. Une plume de cet animal a servi à la fabrication des baguettes de Harry et Voldemort, son rival. L'Ordre du Phénix (titre du tome 5) tire ses origines de distinctions honorifiques en Allemagne et en Grèce.
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Articles connexes
- L'Oiseau de feu, légende russe ; La Plume de Finist-Clair-Faucon, conte traditionnel russe
- Le Fenghuang, phénix chinois
- Phénix, l'oiseau de feu, manga fleuve d'Osamu Tezuka
- La Fenice, opéra de Venise
- Le phénix scène nationale Valenciennes
- Phenix, groupe de Heavy Metal français
- Phénix, ancien prototype de réacteur surgénérateur situé à Marcoule (Gard) ; Superphénix, ancien réacteur nucléaire de Creys-Malville (Isère)
- Ordre du Phénix de Hohenlohe, décoration allemande, fondé en 1757
- Ordre du Phénix, décoration grecque, fondé le
- L'Ordre du Phénix, titre du tome 5 de la saga Harry Potter
- Ordre du Phénix, organisation fictive de la saga Harry Potter
- Phénix, constellation de l'hémisphère sud
- Phoenix et Dark Phoenix, alias de Jean Grey, personnage X-Men de l'univers Marvel Comics
Bibliographie
- Marie-Béatrice Baudet, «Le phénix, un art de la renaissance encore bien vivant », 2020, https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/08/21/le-phenix-un-art-de-la-renaissance-encore-bien-vivant_6049573_3451060.html [archive]
- Louis Charbonneau-Lassay, Le Bestiaire du Christ, Milano, Arche, 1940.
- Paul-Augustin Deproost, « Les métamorphoses du phénix dans le christianisme ancien », Folia Electronica Classica no 8, juillet- [lire en ligne [archive]]
- Marcel Detienne, Les Jardins d'Adonis. La mythologie des aromates en Grèce, Gallimard, Paris, 1989 (1re édition 1972), p. 57-68.
- Silvia Fabrizio-Costa (éd.), Phénix : mythe(s) et signe(s), Frankfurt, Peter Lang, 2001.
- Laurence Gosserez, « Le phénix coloré (d'Hérodote à Ambroise de Milan) », Bulletin de l'association Guillaume Budé vol. 1 (2007), p. 94-117.
- Laurence Gosserez, « La création du monde et le phénix » (Ovide, Métamorphoses, XV, 405 ; Ambroise, De Excessu fratris, II, 59), dans Ovide. Figures de l'hybride. Illustrations littéraires et figurées de l'esthétique ovidienne à travers les âges. Études réunies par Hélène Casanova-Robin, Honoré Champion, Paris, 2009, p. 307-319.
- Laurence Gosserez (dir.), Le Phénix et son Autre. Poétique d'un mythe des origines au XVIe siècle, avec la collaboration d'Hélène Casanova-Robin, Martine Dulaey, Françoise Lecocq, Lise Revol-Marzouk, Simone Viarre, Philippe Walter, PUR, Rennes, 2013.
- Laurence Gosserez (op. cit.), « Le phénix, le temps et l’éternité », p. 21-45 ; « Figurations latines du phénix de l’élégie érotique à l’épitaphe », p. 47-59 ; « Le phénix, exemple de résurrection dans l’apologétique », p. 83-90 ; « Le phénix de Lactance : naissance de l’élégie triomphale chrétienne », p. 119-146 ; « Un contrepoint païen, le phénix de Claudien », p. 147-152 ; « Le phénix mystique d’Ambroise de Milan », p. 153-168 ; « La rémanence du grand phénix oriental chez Ambroise de Milan, la colombe et les transpositions du Physiologus », p. 169-182 ; « Le phénix et l’amour, des origines égyptiennes à Dracontius », p. 267-276.
- Thomas P. Harrison, « Bird of Paradise: Phoenix Redivivus », Isis, vol. 51, no 2 (), p. 173-180.
- Rainer Henke Der Vogel Phönix Im Altertum : Mythos und Symbolik, Aschendorff Verlag, 2020. Compte rendu de F. Lecocq à paraître dans la revue Kentron 37, 2022 (15 pages).
- Jean Hubaux et Maxime Leroy, Le mythe du phénix dans les littératures grecque et latine, Liège et Paris, 1939.
- Françoise Lecocq :
- « L’empereur romain et le phénix », Phénix : mythe(s) et signe(s), S. Fabrizio-Costa (éd.), Peter Lang, Berne, 2001, p. 27-56.
- « Le renouveau du symbolisme du phénix au XXe s. », Présence de l’Antiquité grecque et romaine au XXe siècle, éd. R. Poignault, coll. Caesarodunum n° XXXIV-XXXV bis, 2001, p. 25-59.
- « Les sources égyptiennes du mythe du phénix », L’Égypte à Rome, F. Lecocq (éd.), Cahiers de la MRSH-Caen no 41, 2005, 2° éd. rev. et corr. 2008, p. 211-266.
- « L’iconographie du phénix à Rome », Images de l’animal dans l’Antiquité. Des figures de l’animal au bestiaire figuré, Revue Schedae, 2009, no 6.1, en ligne [1] [archive], p. 73-106.
- « L’œuf du phénix. Myrrhe, encens et cannelle dans le mythe du phénix », L’animal et le savoir, de l’Antiquité à la Renaissance, Revue Schedae, 2009, no 17.2, en ligne [2] [archive], p. 107-130.
- « Le roman indien du phénix ou les variations romanesques du mythe du phénix », Présence du roman grec et latin, R. Poignault (éd.), coll. Caesarodunum n° XL-XLI bis, Clermont-Ferrand, 2011, p. 405-429.
- « Le phénix dans l'œuvre de Claudien : la fin d'un mythe. Pour une lecture politique du phénix : quelques arguments nouveaux », Claudien. Mythe, histoire et science, F. Garambois-Vasquez (éd.), Presses universitaires de Saint-Étienne, coll. Antiquité. Mémoires du Centre Jean Palerne XXXVI, 2011, p. 113-157.
- « Kinnamômon ornéon ou phénix ? L’oiseau, la viande et la cannelle », Prédateurs dans tous leurs états. Évolution, biodiversité, interactions, mythes, symboles, XXXIe Rencontre Internationale d'Archéologie et d'Histoire d’Antibes, J.-P. Brugal, A. Gardeisen, A. Zucker (éd.), Éditions APDCA, Antibes, 2011, p. 409-420.
- « Parfums et aromates dans le mythe du phénix », in Liber aureus. Mélanges d'antiquité et de contemporanéité offerts à Nicole Fick, S. Laigneau-Fontaine et F. Poli (éd.), Nancy, ADRA, coll. Études anciennes 46 (diffusion Paris, De Boccard), 2012, 2 vol., 648 p., vol. I, p. 179-206.
- « ‘Le sexe incertain du phénix’ : de la zoologie à la théologie », Le phénix et son autre : poétique d'un mythe des origines au XVIe s., L. Gosserez (éd.), Presses universitaires de Rennes, coll. Interférences, 2013, p. 177-199. (ISBN 978-2-7535-2735-5)
- « Caeneus auis unica (Ovide, Mét. 12, 532) est-il le phénix ? », Le phénix et son autre : poétique d'un mythe des origines au XVIe siècle, L. Gosserez (éd.), Presses universitaires de Rennes, coll. Interférences, 2013, p. 201-210. (ISBN 978-2-7535-2735-5)
- « L’oiseau Phénix de Lactance : uariatio et postérité (de Claudien au poème anglo-saxon The Phoenix », La uariatio : l’aventure d’un principe d’écriture, de l’Antiquité au XXIe siècle », H. Vial (éd.), Paris, Classiques Garnier, 2014, p. 185-201. (ISBN 978-2-8124-1779-5)
- « Y a-t-il un phénix dans la Bible ? À propos de Job 29:18, de Tertullien, De resurrectione carnis 13, et d'Ambroise, De excessu fratris 2, 59 », Kentron 30, 2014, p. 55-81. https://journals.openedition.org/kentron/463 [archive]
- « The Dark Phoenix : Rewriting an ancient Myth in Today's popular Culture », Ancient Myths in the Making of Culture, M. Budzowska & J. Czerwinska (éd.), Peter Lang, Warsaw Studies in Classical Literature and Culture, 3, Frankfurt am Main, Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Wien, 2014, p. 341-354.
- « Un bilan de la recherche contemporaine sur le mythe du phénix », Roda da fortuna 2015, 4/1, p. 257-273. http://media.wix.com/ugd/3fdd18_547a25199a384e0ab5f8a313098d4f09.pdf [archive]
- « Inventing the Phoenix. A Myth in the making through Words and Images », in Animals in Greek and Roman Religion and Myth, P. A. Johnston, A. Mastrocinque et S. Papaioannou (éd.), Cambridge Scholars Publishing, 2016, p. 449-478 (la version originale, sans les erreurs ajoutées par l'éditeur, est en ligne sur academia.edu et researchgate).
- « The Palm Tree, the Phoenix and the Wild Boar : Scientific and Literary Reception of a Strange Trio in Pliny the Elder (Natural History 13, 42-43) and in Satyricon (40, 3-8) », The Metamorphoses of ancient Myths, eds. M. Budzowska, B. İdem Dinçel, J. Czerwińska, K. Chiżyńska, Peter Lang, 2017, p. 55-78.
- « Les premières peintures du phénix, à Pompéi », Actes du XXIXe colloque de l'Association française pour la peinture murale antique (Louvres, 2017), J. Boislève, A. Dardenay, F. Monier (éd.), Bordeaux, Ausonius (collection Pictor, 7), 2019, p. 277-294.
- « The Flight of the Phoenix to Paradise in Ancient Literature and Iconography », Animal Kingdom of Heaven. Anthropozoological Aspects of the Late Antique World, I. Schaaf (éd.), Berlin, De Gruyter, Millennium Studien 80, 2019, p. 97-130 (fichier accessible en ligne sur https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/9783110603064-006/html [archive]).
- « L’oiseau bénou-phénix et son tertre sur la tunique historiée de Saqqâra. Une interprétation nouvelle », ENiM [archive] 12, 2019, p. 247-280.
- « Deux oiseaux solaires en un : le coq, le phénix et l'héliodrome », Inter litteras et scientias. Recueil d'études en hommage à C. Jacquemard, B. Gauvin, M.-A. Lucas-Avenel (éd.), Caen, Presses universitaires, 2019, p. 81-95.
- « Le phénix dans le Physiologus byzantin du pseudo-Epiphane et dans le Physiologus de Vienne : erreur textuelle et interprétation étymologique », RursuSpicae, 2 | 2019 [archive].
- « Deux faces du phénix impérial : Trajan et Hadrien sur l'aureus de 117/118 », Mémoires de Trajan, mémoires d'Hadrien, dir. S. Benoist, A. Gautier, C. Hoët-Van Cauwenberghe, R. Poignault, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 2020, p. 57-70.
- « Les réinterprétations textuelles et iconographiques des attributs du phénix, de l'Égypte à Rome », Images sources de textes, textes sources d'images, Yona Dureau éd., Les Ulis, EDP Sciences, 2020, p. 63-80.
- « L'oiseau couleur du temps : le symbolisme chronologique du mythe du phénix, de l'Égypte ancienne à la Rome païenne et chrétienne », 2020, en ligne sur https://eduscol.education.fr/odysseum/phenix-loiseau-couleur-du-temps [archive]
- « Le phénix à l’écran : oiseau, machine volante, personnage et symbole », 2020, en ligne sur https://eduscol.education.fr/odysseum/le-phenix-lecran-oiseau-machine-volante-personnage-et-symbole [archive]
- « L'invisible phénix dans la trilogie The Hunger Games de Suzanne Collins (romans et films) : animal, personnage et symbole », Représentations animales dans les mondes imaginaires : vers un effacement des frontières spécistes ?, revue Fantasy Art and Studies, 9 : Amazing Beasts / Animaux fabuleux, , p. 57-72, en ligne sur https://books.google.fr [archive].
- « Le mythe du phénix dans la fantasy jeunesse », Cahiers Robinson 49 : Fantasy et Enfance, Artois Presses Université, 2021, p. 103-116.
- « Herodotus' Phoenix between Hesiod and Papyrus Harris 500, and its Legacy in Tacitus », Myth and History: Close Encounters, ed. Menelaos Christopoulos, Athina Papa-chrysostomou and Andreas Antonopoulos, series MythosEikonPoiesis, vol. 14, Berlin, De Gruyter, 2022, p. 337-352.
- Joseph Nigg, The Phoenix : An Unnatural Biography of a Mythical Beast, University of Chicago Press, 2016.
- Roelof van den Broek, The Myth of the Phoenix according to Classical and Early Christian Tradition, Études préliminaires aux religions orientales dans l'Empire romain, vol. 24, Leyde, 1972.
- Francesco Zambon, Alessandro Grossato, Il mito della fenice in Oriente e in Occidente, Venezia, Marsilio Editori, 2004.
Liens externes
Notes et références
- Chapitre XXXIV, trad. pour la première fois en français par M. A. Agnant.
- « Dans le vocabulaire grec des couleurs, phoînix connote le rouge pourpre, un pourpre qui, en l'occurrence, tend vers l'or et signifie l'éclat lumineux le plus intense. » Marcel Detienne, Les Jardins d'Adonis, p. 58 (citant Louis Gernet). Cf. Hérodote, II, 73, qui décrit ainsi la couleur des plumes du phénix : « les unes sont couleur d'or, les autres d'un rouge vif ».
- Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Paris, Klincksieck, 1999 (édition mise à jour), 1447 p. (ISBN 978-2-25203-277-0) à l'article φοῖνιξ, p. 1217-1219.
- Fragment 304 West = Plutarque, Sur la disparition des oracles (XI). Traduction citée par Paul-Augustin Deproost.
- Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne [archive]] (II, 72). Extrait de la traduction de Philippe Larcher, 1850.
- Arpád Miklós Nagy, « Le Phénix et l'oiseau-benu », actes du colloque international de Caen, p. 68 et suivantes. Cité par Gosserez, p. 96.
- Marialouise Walla, Der Vogel Phoenix in der antiken Literatur und der Dichtung des Laktanz, Vienne, 1969, p. 81-82. Cité par Gosserez, p. 97.
- Nagy, op. cit., p. 169. Cité par Gosserez, p. 97.
- Van den Broek, p. 119.
- Lire le texte d'Ovide ici.
- Lire les textes de Pline ici [archive], ici [archive], ici [archive], ici [archive], ici [archive] et ici [archive].
- Lire le texte de Tacite ici.
- Lire le texte de Martial ici.
- Lire les extraits du texte de Stace (en latin) ici [archive], ici [archive] et ici [archive].
- Genèse Rabba Chapitre 19 Paragraphe 5
- selon Irénée, Adversus haereses, III, iii.
- Le symbolisme du Phénix sur Interbible. [archive]
- « Les animaux fabuleux » [archive]
- Anonyme, Physiologos. Le bestiaire des bestiaires : Texte traduit du grec, introduit et commenté par Arnaud Zucker, Jérôme Millon, coll. « Atopia », , 325 p. (ISBN 978-2-84137-171-6)
- Lire le texte de Brunetto Latini (en ancien français) ici [archive].
- J. Blamont, op. cit., p. 84
- Lire le poème de Lactance ici [archive].
- Lire le texte (en anglais) de ici
- Lire le texte de Dante ici.
- Lire les extraits de La Princesse de Babylone ici, ici, ici et ici.
Lion ailé de Vulci
Date |
|
Type |
|
Matériau |
|
Lieu de création |
|
Dimensions (H × L) |
106 × 74 cm
|
Mouvement |
|
No d’inventaire |
Ma 3667
|
Localisation |
En réserves du musée du Louvre ou en mouvement (d)
|
Le Lion ailé de Vulci est une statue en pierre trouvée sur le territoire de la cité étrusque de Vulci, non loin de Tarquinia, en Étrurie méridionale, dans l'actuelle province de Viterbe, dans le Latium.
Histoire
Cette sculpture, conservée actuellement au musée du Louvre, sous le numéro d'inventaire Ma 3667, est datée des années 550-540 av. J.-C. Elle se rattache à un ensemble d'œuvres similaires représentant des monstres et animaux fantastiques, destinées à la décoration de l’entrée des tombes ou des chambres funéraires, découvertes lors des fouilles dans les nécropoles étrusques de la région.
Description
Vraisemblablement inspirée de modèles grecs et orientaux, cette statue de 106 centimètres de hauteur et 74 de longueur, sculptée dans du nenfro, une pierre volcanique caractéristique de l’Étrurie méridionale, appartient à un type de sculptures funéraires à sujets animaliers (lions, lions ailés, mais aussi sphinges, panthères, centaures, monstres marins) hérités du bestiaire orientalisant, qui se développe surtout à Vulci et dans sa région au VIe siècle av. J.-C.
La tête dressée, le lion adopte un pose curieuse intermédiaire entre station debout et assise, révélant une fois de plus le souci esthétique étrusque des attitudes plus symboliques que réalistes.
Bibliographie
- Alain Hus, Recherches sur la statuaire en pierre étrusque archaïque, Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, fasc. 198, Paris, De Boccard, 1961.
Articles connexes
Sources