Prison
Une prison, centre de détentionnote 1 ou pénitenciernote 2 est un lieu où sont enfermés certaines personnes condamnées appelées prisonniers ou détenus. Par extension, le terme « prison » désigne également la peine d'incarcération, comme dans l'expression « cinq ans de prison ».
En France, il existe plusieurs catégories d'établissements pénitentiaires, à savoir : les maisons d'arrêt, les centres de détention, les maisons centrales, les centres de semi-liberté et les centres pénitentiaires (qui, pour ces derniers, ont la particularité de réunir au moins deux types d'établissement, comme, par exemple, une maison d'arrêt et un centre de détention)1.
Objectifs
Actuellement
Les fonctions des prisons varient selon les époques et les sociétés. La plupart du temps, il s'agit :
- de punir une personne comme reconnue coupable d'une faute d'une certaine gravité ;
- de protéger la société des personnes dangereuses ;
- de décourager les gens de commettre des actes interdits par la loi ;
- d’obliger le détenu à faire pénitence ;
- d'inciter le détenu à poursuivre des études ou une activité destinée à le réinsérer ou le réhabiliter ;
- de neutraliser les opposants politiques ;
- d'empêcher des prévenus de prendre la fuite ou de compromettre leur futur procès (on parle alors de détention provisoire).
Le « paradoxe pénitentiaire » exprime la contradiction entre les fonctions de répression et de réhabilitation2.
Autrefois, la prison servait également à enfermer les malades mentaux de manière à les isoler de la société. Depuis, la majorité des pays disposent d'hôpitaux psychiatriques mais les prisons contiennent une population relativement importante de personnes souffrant de troubles mentaux.
On attribue principalement sept principes à la prison :
- correction : amendement, remplacement social ;
- classification : répartition dans des établissements pénitentiaires selon différents critères (âge, sexe, gravité de l'acte, etc.) ;
- modulation : où le déroulement de la peine passe par différentes étapes (privation de liberté, assignation à résidence suivie de libération conditionnelle avant la liberté) ;
- travail : comme obligation et comme droit (tout condamné a le droit de travailler plus que l'obligation de travailler), le travail pénitentiaire3 pourrait contribuer à la réinsertion professionnelle des détenus4 ;
- éducation : le traitement d'un condamné a pour but sa resocialisation (Erving Goffman prétendra que, au contraire, ces institutions totales loin de resocialiser les individus, pouvaient provoquer chez lui une déculturation entraînant son incapacité à se réadapter à la société ambiante) ;
- contrôle : nécessite un personnel spécialisé ;
- institutions annexes : il faut une assistance apportée au détenu lors de sa sortie de prison, au moment de la réelle resocialisation.
Le nombre de personnels d'encadrement est passé de 5 % du nombre des détenus au milieu du XIXe siècle à près de 30 % de nos jours.
Évolution dans l'histoire
Peine inexistante dans l'Antiquité
Coupe schématique de la prison du
Tullianum. Le cachot inférieur est traditionnellement celui des condamnés à mort
Dans l'Empire romain5, la prison n'existe pas en tant que telle : s'il y a privation de liberté, la détention ne s'effectue qu'à titre accessoire, c'est-à-dire en l'attente d'un jugement ou d'une exécution. En règle générale, l'enfermement est de courte durée, de quelques jours à quelques mois (bien qu'en droit romain, le juge étant chargé de fixer la date de l'exécution en cas de peine capitale, celle-ci peut de facto se transformer en sorte de peine de prison à perpétuité, non prévue par les textes).
Le système pénal prévoit la réduction en esclavage pour dettes ; c'est aussi le sort qui attend les prisonniers de guerre.
Ainsi, durant toute cette période et jusqu'au haut Moyen Âge la prison n'existe ni comme peine, ni comme institution : elle n'est pas prévue dans les budgets, et son existence se limite au carcer romain6,7 à quelques donjons et à la célèbre « prison pour dettes », laquelle constitue une détention préventive visant à contraindre le condamné à payer ses dettes et non en un châtiment. La Coutume de Normandie prévoit ainsi la « prison ouverte », c'est-à-dire l'assignation à résidence dans un quartier ou une ville en cas de non-paiement des dettes ; si le sujet désobéit à cette assignation, il peut faire l'objet d'une détention réelle. Certains historiens du droit ont néanmoins relevé quelques exceptions, certains textes, dont la Coutume de Bretagne, mentionnant la possibilité, pour des affaires exceptionnelles, d'une peine de « prison de longue durée » à titre répressif. Par ailleurs, des « maisons de force » sont parfois utilisées mais il s'agit de peines de sûreté pour les fous.
Mur étroit, pénitence pour l'Inquisition
Par ailleurs, à partir du XIIIe siècle, la prison en tant que peine répressive et « thérapeutique » se développe par les lois séculières (roi, villes qui prescrivent l'enfermement dans les prisons laïques, de la geôle au cul-de-basse-fosse)8 mais aussi, pour les seuls clercs, par le droit canon (enfermement dans les monastères), l'Église romaine n'ayant pas le droit de prononcer des peines capitales. Dans les monastères au cours du chapitre des coulpes le moine doit avouer sa faute (sa coulpe) devant ses frères : à défaut, c'est par la délation qu'est connue une faute, publiquement, dans la communauté. À la suite de la reconnaissance de la faute, la sanction tombe : elle est fixée par la règle monastique et va d'une sanction légère à l'excommunication. Celle-ci s'accompagne une peine d'enfermement; soit dans sa cellule, soit au cachot. La peine n'est pas un simple châtiment : c'est aussi le rachat et la promesse d'amendement du coupable, ce qui permet de moduler la sanction en fonction du repentir et du pardon accordé, gage de réconciliation9.
L'Inquisition, en reprenant les règles monastiques avec Bernard Gui, en particulier, dans sa lutte contre les cathares, ouvre la voie à la procédure inquisitoriale encore en vigueur au travers du juge d'instruction et à la peine de réclusion de longue durée en prison (peine discrétionnaire de l'inquisiteur, dont la durée et les modalités ne sont pas connues du condamné). Ces pratiques feront école, les officialités et tribunaux d’inquisition pouvant condamner des laïcs à la prison10.
Le mot « emmurement » signifiait mettre entre les murs et était synonyme d'emprisonnement11. Il existait le « mur étroit », soit la prison proprement dite, et le « mur large », avec un statut comparable à notre actuelle mise en résidence surveillée. La peine d'emprisonnement pouvait aussi être commuée en obligation d'effectuer un pèlerinage, le plus souvent en Terre Sainte, ou en condamnation à une amende12. Il existait toutefois une aggravation du mur étroit, le carcer strictissimus, où le condamné était enchaîné dans un cachot et privé de tout contact jusqu'à sa mort13.
Peine préventive dans l'attente du jugement
Prison de La Force,
rue Saint-Antoine à
Paris. L'ayant visité en 1783, le réformateur anglais
John Howard déclara alors : « Les débiteurs sont aujourd'hui envoyés dans la nouvelle prison de l'hôtel de la Force, et les criminels à la
Conciergerie ou au
grand Châtelet. La déclaration du roi, qui annonça ce changement, contient quelques sentiments des plus humains et des plus éclairés à l'égard de l'administration des prisons ; sur la nécessité d'y établir des infirmeries spacieuses et aérées pour y placer les malades ; sur celle qui exige que les coupables y soient séparés, qu'il y ait des cours pour les hommes, des cours pour les femmes et pour les prisonniers des différentes classes. On y annonce l'abolition entière des cachots souterrains ; et on la fonde sur ce principe, qu'il est injuste que ceux qui peuvent être innocents, subissent d'avance le châtiment des coupables »
14.
Monnaie interne à l'ancienne prison saint Lazare.
En 1670, la Grande Ordonnance voulue par Louis XIV, considère que l'emprisonnement ne constituait pas une peine mais une mesure préventive, en attendant un jugement ou un châtiment. On parle alors parfois de « prise de corps », définie par exemple par Guyot (1728-1816) dans son Répertoire de jurisprudence ainsi :
« C'est l'action par laquelle on saisit un homme au corps pour quelque affaire criminelle, en vertu d'un décret ou ordonnance du juge. […] Pour décréter un accusé de Prise de corps, il faut non seulement que le crime dont il est question mérite une peine afflictive ou infamante, mais encore qu'il y ait contre l'accusé une preuve ou du moins une demi-preuve résultante d'une information préalable. L'article 8 du titre 10 de l'ordonnance du mois d'août 1670 admet néanmoins diverses exceptions à cette règle… »
Dans l'entrée « Prison », où Guyot s'insurge contre les mauvaises conditions de détention et s'étonne de la persistance des cachots, il définit la prison en tant que :
« lieu de sûreté dans lequel on retient l'accusé qui a mérité qu'on décernât contre lui un décret de prise de corps, & le débiteur contre lequel il a été rendu un jugement qui le condamne par corps à payer une somme quelconque, à quoi il n'a pas satisfaite. La Prison n'étant pas instituée par la loi comme un séjour de peine, elle ne devroit donner à celui qui y est retenu d'autre contradiction que celle d'être privé de liberté. »
Il souligne toutefois dans cet article l'existence de quelques exceptions :
« Quoique nous ayons dit que la Prison ne doive pas être considéré comme une peine, il est pourtant vrai qu'elle s'inflige par forme de correction à ceux qui sont arrêtés d'ordre du roi, ou de la police, & qui, après avoir subi une captivité plus ou moins longue en proportion de leur délit, sont rendus à la liberté.
Il y a des cas, très rares à la vérité, où un accusé est condamné à la Prison perpétuelle ; mais ce n'est qu'une commutation d'une peine plus forte, telle que celle des galères, ou de la peine de mort, & elle est prononcée par lettres du prince. »
La hiérarchie sociale se retrouve dans les prisons d'Ancien Régime qui comprennent deux quartiers, le quartier du Commun (pauvres dormant sur la paille) et le quartier de la pistole (riches payant au geôlier des frais de geôlage pour disposer d'une chambre à part et autres commodités : vivres, boissons, livres)15.
Le régime de la pistole perdurera jusque sous la IIIe République[réf. nécessaire].
Surveiller et punir, ou la naissance de la prison
Dans son célèbre ouvrage Surveiller et punir, Michel Foucault indique que son utilisation comme peine sanctionnant la délinquance est un phénomène récent qui s'est réellement institué au cours du XIXe siècle, alors qu'auparavant la prison ne servait qu'à retenir les prisonniers dans l'attente d'une véritable peine, supplice, exécution ou bannissement. Les prisonniers étaient retenus dans un même espace avec leurs affaires personnelles et devaient payer leur nourriture. La désorganisation était telle que les suspects d'une même affaire pouvaient facilement s'entendre sur une version des faits avant leur procès.
Michel Foucault cite le Grand Renfermement ou encore La Nef des fous comme exemples particuliers de privation de liberté antérieurs à l'époque moderne. Contrairement à la prison qui établit une peine à la mesure de la faute, il s'agissait de phénomènes d'exclusion où les populations déviantes (délinquants, fous, malades, orphelins, vagabonds, prostituées, etc.) étaient enfermées pêle-mêle en dehors du regard des honnêtes gens sans autre ambition que de les faire disparaître.
L'émergence de la prison s'est faite avec une mise au secret du traitement de la délinquance. Les exécutions publiques se sont tenues dans des lieux de plus en plus discrets jusqu'à être totalement retirées de la vue de la foule. Les supplices considérés comme barbares devaient être remplacés par autre chose. Foucault indique que le choix de la prison était plutôt un choix par défaut, à une époque où la problématique était encore très majoritairement de punir le délinquant ; la privation de liberté était la technique coercitive la plus évidente et la moins barbare qui pouvait être imaginée. Il affirme que dès le début l'efficacité de la prison a été remise en cause.
La prison a immédiatement évolué, elle est devenue ce que Foucault nomme une institution disciplinaire, son organisation visant un contrôle total du prisonnier par une surveillance discrète de tous les instants16. Il a trouvé dans l'idée du panoptique de Jeremy Bentham la parfaite illustration de la nouvelle technique carcérale.
L'analyse foucaldienne a cependant été partiellement remise en question et rendue plus complète, notamment avec les travaux de sociologie de l'expérience carcérale de Gilles Chantraine. Pour cet auteur, si le châtiment n'existe plus, il a néanmoins laissé place à une autre forme de châtiment du corps, prenant une forme moins violente et en accord avec les valeurs des démocraties occidentales.
Les ambitions pour la prison ont évolué avec le temps. Peu à peu, l'idée que le prisonnier devait réparer le mal qu'il avait fait à la société a émergé dans les esprits. L'emprisonnement devait donc s'accompagner de travail, le délinquant payait en prison une dette, non pas à ses victimes mais à la société tout entière, que son comportement avait lésée. Après avoir fait son temps et payé sa dette le délinquant pouvait ressortir blanchi pour prendre un nouveau départ. Là encore l'application de cet idéal n'a pas été considérée comme une réussite.
Une quatrième vision de la prison comme lieu de rééducation est enfin apparue. La prison avait alors l'ambition de changer les délinquants pour les adapter à la vie normale en société. L'idée forte était celle du redressement, donner une forme adéquate à des délinquants qui auraient « poussé de travers ».
La prison d'aujourd'hui est un héritage de ces idéaux qui ne s'excluent pas, la prison se justifie plus ou moins en fonction des lieux et des périodes en fonction de ces quatre idéaux de l'enfermement.
Lorsque la privation de liberté s'impose au XIXe siècle comme la clé de voûte du système pénal, le débat sur les modalités d'administration de la peine d'enfermement se pose dans des termes identiques dans l'ensemble des pays occidentaux. Il s'inscrit dans le prolongement des réflexions des juristes (Cesare Beccaria) et des philanthropes (John Howard) du siècle des Lumières et donne lieu à la création d'organismes dédiés, comme la Société royale pour l'amélioration des prisons en France (1819). Cette expertise s'appuie sur un véritable « tourisme pénitentiaire »17 dont l'archétype est la série de voyages effectuée par John Howard, qui sillonne de 1773 à 1777 l'Europe entière, de la Russie au Portugal, pour examiner les différents systèmes pénitentiaires18. Aux XIXe siècle, le détour par les États-Unis s'impose comme une étape obligée de ces inspections comparatives, comme en témoigne le voyage entrepris par Alexis de Tocqueville et Gustave de Beaumont, qui fournit la matière de leur livre, Du système pénitentiaire aux États-Unis et de son application (1832). La prison génère une littérature abondante et un réseau de correspondances international qui trouve dans les années 1840 un cadre d'expression institutionnalisé avec l'organisation les premiers congrès pénitentiaires internationaux19.
Ces débats s'organisent autour de deux grands pôles : un courant philanthropique qui, porté par l'optimisme des Lumières sur les capacités d'amendement de l'être humain, veut faire de la prison un lieu de rédemption et de réforme du condamné ; un courant plus pessimiste qui, doutant de la plasticité de la nature humaine, conçoit avant tout la prison comme un lieu de pénitence où le prisonnier devra purger sa dette à l'égard de la société. Ces deux positions s'expriment déjà dans les débats révolutionnaires concernant le code pénal de 1791 : d'un côté, Lepeletier de Saint-Fargeau estime que la prison offre au condamné « avec le temps, la possibilité et l'intérêt de devenir meilleur ». De l'autre, Brillat-Savarin, qui tient la métamorphose du prisonnier en bon citoyen pour une « fastueuse utopie »20, se fait le héraut de la peine de mort.
Le principal point d'achoppement est celui des conditions de la détention. Si le panoptique de Bentham réunit, en théorie du moins, un consensus assez large, l'adoption de la cellule individuelle fait l'objet de vives controverses. Les deux principaux modèles en concurrence sont américains : celui de la prison d'Auburn combine isolement cellulaire la nuit et travail collectif, mais dans le silence, un silence imposé par le fouet constate Tocqueville21, pendant le jour ; celui de Philadelphie, élaboré par les Quakers à Cheryl Hill (1822), impose un isolement cellulaire de jour comme de nuit22 ; les promenades sont individuelles, les prisonniers menés yeux bandés jusqu'à leur cellule. Dans l'un comme l'autre cas, toutefois, on considère que l'isolement des prisonniers est indispensable pour prévenir le risque d'une corruption encore plus grande des détenus.
En France, Charles Lucas est le chef de file des détracteurs du cellulaire intégral22, jugé tellement dur qu'il hypothèque toute chance de réforme du prisonnier ; peut-être même est-il susceptible de le mener à la folie. Point sur lequel les partisans de l'isolement font intervenir l'autorité de l'Académie de médecine qui leur donne raison par la voix du docteur Lélut23. L'Église catholique prend pour sa part partie contre l'isolement total, au motif qu'elle ne permet pas l'exercice collectif du culte24. Contre Lucas figurent notamment Beaumont et Tocqueville, qui fustige, en privé du moins, les utopies des philanthropes25. S'il doute de la capacité réformatrice de la prison, hormis peut-être pour les plus jeunes des détenus, Tocqueville veut en faire, d'abord et avant tout, un organe efficace de « défense de la société »26.
Catégorisation des détenus
Le système pénitentiaire repose sur la production de catégories de classification des détenus toujours plus fines. La séparation des enfants s'impose progressivement au XIXe siècle, en mettant en concurrence deux modèles : celui de la prison pour enfants, dont la Petite Roquette devient une des références en Europe et celui de la colonie pénitentiaire, expérimenté à partir de 1837 à Mettray. La colonie pénitentiaire de Mettray de Frédéric-Auguste Demetz se présente comme un modèle alternatif qui entend régénérer les adolescents par le contact avec la nature et le travail de la terre. Elle inspire directement plusieurs projets européens, comme le « Mettray hollandais » de Willem Suringar27.
La séparation des sexes fait figure de véritable obsession chez les théoriciens pénitentiaires, préoccupés des dangers que ferait courir la promiscuité à la moralité. À l'image de Bérenger, on considère ainsi qu'il faut « que les deux sexes ne se voient jamais, ne s'entendent jamais, et n'assistent pas même en commun [...] au service divin »28. Les femmes ont ainsi leurs lieux de détention propres, comme la prison Saint-Lazare à Paris. De même, les mineurs sont enfermés dans des bâtiments ou des ailes différents des détenus majeurs.
La nature des crimes et des délits, les récompenses et les punitions sont d'autres principes de différenciation. Mouvantes au gré de la conjoncture politique, les conditions de détention des prisonniers politiques sont traditionnellement plus souples que celles des droits communs. En France, ce principe est notamment renforcé par la réforme du code pénal de 1832 à l'issue de laquelle les « politiques » sont cantonnés dans des quartiers spécifiques où le travail ne leur est pas imposé29.
En France, les détenus en détention provisoire et les détenus condamnés ne sont pas mélangés en cellule. Dans les plus grandes maisons d'arrêt, ils sont des bâtiments séparés.
Peines de substitution
La peine de prison peut :
- coûter cher à la communauté nationale ;
- ne pas remplir le rôle qui était prévu ;
- avoir des effets secondaires négatifs. La privation de liberté est durement ressentie par les prisonniers et dans certains cas, la prison peut nuire à la capacité de s'autodéterminer donc à la réinsertion du prisonnier.
Pour ces raisons, la majorité des démocraties prévoient des condamnations à des peines de substitution (appelées aussi peines alternatives) comme :
- un travail d'intérêt général (appelé « travail communautaire » au Québec) ;
- le port d'un bracelet électronique de surveillance fixe ou mobile ;
- une amende (qui peut s'ajouter à l'incarcération ; voir les cas de contrainte par corps, allongeant jusqu'à deux mois la peine de prison, notamment dans le cas de trafic de stupéfiants) ;
- un sursis à la peine de prison : il est souvent assorti d'une mise à l'épreuve (obligation de soins, de travail, de formation, d'indemnisation des parties civiles, etc.). Le non-respect de cette mise à l'épreuve entraîne une révocation du sursis. Le condamné va alors purger sa peine ferme dans un établissement pénitentiaire. À celle-ci s'ajoutera éventuellement sa nouvelle peine ;
- un ajournement de peine ;
- un placement extérieur ;
- la confiscation des objets ayant permis la réalisation des infractions.
Droit
Porte de prison à l’ancienne
Aujourd'hui, dans la majorité des pays, la seule autorité pouvant mettre en prison une personne est la justice. Cependant, d'autres formes de privation de liberté peuvent, selon les pays, être décidées par d'autres autorités (police, armée, douanes, médecins, etc.).
Prison et droits de l'homme
Les quatre droits fondamentaux de l'homme sont, d'après la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression ; le premier de ces droits est – par nature même – suspendu pendant la durée d'une peine carcérale. Mais le deuxième et le troisième (propriété et sûreté, c'est-à-dire la protection contre un emprisonnement arbitraire) sont quant à eux garantis, une fois effectués les paiements de dommage et intérêts aux victimes en ce qui concerne la propriété. En théorie, l'incarcération ne doit porter atteinte qu'à la liberté d'aller et venir[réf. nécessaire]. En France, l'enseignement dispensé dans les prisons par du personnel pourvu de la qualification requise (dans le primaire, le secondaire et même le supérieur30) permet à certains détenus d'obtenir un niveau qu'ils n'avaient pu atteindre hors du monde carcéral31.
En pratique, la peine de prison pèse sur de nombreux droits fondamentaux (expression, vie de famille, droits civiques, intimité, dignité, sexualité, accès à la santé, à l'éducation et à la culture). Progressivement, les détenus acquièrent le droit de contester les décisions de l'administration pénitentiaire, avec des variations importantes selon les pays et les époques. Ainsi, le Conseil de l'Europe a publié les Règles pénitentiaires européennes qui portent à la fois sur les droits fondamentaux des personnes détenues, le régime de détention, la santé, l’ordre et la sécurité des établissements pénitentiaires, le personnel de l’administration pénitentiaire, l’inspection et le contrôle des prisons. L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime aussi demande les soins spéciaux pour les vulnérables, y compris les personnes handicapées et LGBT selon la Convention relative aux droits des personnes handicapées et les Principes de Jogjakarta, autant que la Convention contre la torture et les autres traités sur les droits de l'homme32.
Critiques
La prison est régulièrement critiquée pour différentes raisons. Il est important de séparer les différents mouvements contestataires.
Vie dans les prisons
Pour ses conditions de vie très dures, parfois inhumaines, ainsi que pour le manque de moyens donné à l'institution carcérale tant au niveau du personnel que du matériel33, des associations comme l'Observatoire international des prisons (OIP) ou Ban Public (Paris) luttent pour l'humanisation des conditions de détention (voir Otto Kirchheimer et Georg Rusche sur la notion de less eligibility dans leur livre Peine et structure sociale). Quelques universitaires (comme Martine Herzog-Evans, Éric Péchillon ou Jean-Paul Céré) travaillent à faire émerger un droit pénitentiaire permettant un contrôle effectif des conditions de détention et une réflexion sur le sens de la peine. Cette notion explique pourquoi les conditions dans les prisons s'améliorent. En France, les dépenses de l'État pour les prisons sont passées de 1,2 milliard en 2000 à 2,7 milliards en 201034. Au premier , il y avait dans les prisons françaises, 69 077 détenus35.
Les critiques et opposants à la prison évoquent souvent une citation généralement attribuée à Albert Camus en français et à Fiodor Dostoïevski en anglais : « Nous ne pouvons juger du degré de civilisation d'une nation qu'en visitant ses prisons » ou « l'État de droit ne doit pas cesser à la porte des prisons », et « The degree of civilization in a society can be judged by entering its prisons ».
Abolitionnisme
Certains mouvements, qualifiés d'abolitionnistes s'opposent au principe même de la prison.
La lutte pour l'abolition des prisons a été très forte en France à la fin des années 1970, avec la création par des intellectuels (dont Michel Foucault et Pierre Vidal-Naquet) du Groupe d'information sur les prisons (GIP), puis du Comité d'action des prisonniers (CAP) par des détenus et des ex-détenus.
Aujourd'hui, c'est l'Envolée, journal anti-carcéral et libertaire paraissant quatre fois par an, qui donne la parole à des prisonniers et proches de prisonniers en publiant lettres et comptes rendus de procès. Un moyen pour eux de lutter « contre la justice et l'enfermement »36.
Certains, comme Thierry Lévy, pensent que les nouvelles technologies biométriques permettraient de se passer de la prison, tout en effectuant un contrôle réel et pénible sur les condamnés. Il existe une inspiration libertaire qui depuis longtemps, milite contre l'institution même de la prison, en tant qu'instrument au profit de l'exploitation. C'est dans cet état d'esprit qu'on retrouve les arguments du biologiste Thierry Lodé ou de Catherine Baker, qui estiment que la prison est une institution néfaste et criminogène37.
Dans Abolir la prison, le philosophe Tony Ferri expose le cadre d'une réforme de fond du droit pénal, afin d'en finir avec le système carcéral38.
Réductionnisme
À la différence du courant précédent, les réductionnistes ne veulent pas supprimer la prison, mais la réserver aux personnes les plus dangereuses. Partant du principe que la prison est la peine la plus chère (elle coûte 3 700 €34 par mois et par détenu en France en 2010), la moins efficace (les taux de récidive à la sortie sont plus importants que pour toute alternative à l'incarcération) et celle qui désocialise le plus les individus au lieu de permettre leur réinsertion, les réductionnistes proposent de recourir en priorité aux alternatives à l'incarcération (obligation de soins, suivi socio-éducatif, travail d'intérêt général, amende, suspension du permis de conduire, sursis avec mise à l'épreuve, etc.) pour la très grande majorité de détenus qui ne sont condamnés qu'à de très courtes peines de prison (la durée moyenne d'incarcération est de huit mois). La prison serait alors seulement le dernier recours.
Mutins
Aujourd'hui, les idées abolitionnistes sont défendues surtout dans des mouvements de prisonniers, des mutineries et les textes de revendication qui sont alors publiées (voir notamment Daniel Koehl, Révolte à perpétuité sur la mutinerie de Saint-Maur). Au quotidien, de nombreux détenus formulent également une critique sociale qui va parfois jusqu'à la grève concertée (voir notamment Fabrice Guilbaud39).
Coûts
À cause des coûts d'un prisonnier, certains recommandent d'utiliser au maximum des peines de substitution ou au moins d’alléger les conditions de détentions pour les prisonniers les moins dangereux, comme ceux condamnés pour des délits routiers. Un prisonnier coûte en moyenne 100 € par jour en France, contre une somme de l'ordre de 10 fois moindre pour le bracelet électronique40,41. La réduction des emprisonnements permet aussi d'éviter la surpopulation carcérale sans construire de nouvelle prison. En la fondation iFrap estime le coût des constructions à 3,1 milliards d’euros si l'on veut éviter la surpopulation carcérale en France42.
Par pays
Taux d'incarcération par pays pour 100 000 habitants
Les États-Unis sont le pays ayant la population carcérale la plus élevée en nombre et en proportion avec 25 % des prisonniers de la planète pour seulement 5 % de la population mondiale.[Quand ?]
Dans la fiction
Roman
Bande dessinée
Télévision
Cinéma
Notes et références
Notes
- Dans son acception générale, le terme centre de détention désigne un lieu de privation de liberté. En France, un centre de détention est un type d'établissement pénitentiaire accueillant des condamnés à de moyennes et longues peines tourné vers la réinsertion.
- Au Canada, le terme pénitencier désigne une prison sous juridiction du gouvernement fédéral, plutôt que celles sous juridiction provinciale.
Références
- Tony Ferri, Criminologie et philosophie. Sens et fonctions de la peine, Landes, Éditions La P'tite Tartine, , 378 p. (ISBN 9782491663421), p. 70-72
- Martine Herzog-Evans, La prison dans la ville, 2009, 136 p. (ISBN 9782749211046)
- Fabrice Guilbaud, « Le travail pénitentiaire : sens et articulation des temps vécus des travailleurs incarcérés », Revue française de sociologie, vol. 49, n° 4, p. 763-791, (résumé [archive]).
- Marc Baader et Evelyne Shea, « Le travail pénitentiaire, un outil efficace de lutte contre la récidive ? », Champ pénal, vol. IV, (ISSN 1777-5272, lire en ligne [archive]).
- Cécile Bertrand-Dagenbach, Alain Chauvot, Michel Matter, Jan-Marie Salamito, Carcer. Prison et privation de liberté dans l’Antiquité classique, De Boccard, , 250 p. (ISBN 978-2-7018-0127-8)
- Yann Rivière, « Carcer et uincula : la détention publique à Rome (sous la République et le Haut-Empire) », Mélanges de l’École française de Rome – Antiquité, vol. 106, no 2, , p. 579-652
- Le mot carcer désigne un « lieu d'incarcération » alors que uincula peut désigner uniquement les chaînes et custodia la garde militaire ou d'autres formes de détention que la prison.
- Jacques Chiffoleau, Claude Gauvard et Andrea Zorzi, Pratiques sociales et politiques judiciaires dans les villes de l’Occident à la fin du Moyen Âge, Rome/Paris, Collection de l’École française de Rome, , 767 p. (ISBN 978-2-7283-0777-7), p. 527-551
- Sur la violence de cette règle, voir La Religieuse, roman de Diderot et film de Jacques Rivette, en particulier la première partie du roman et du film
- Nicole Castan, André Zysberg (2002), Histoire des galères, bagnes et prisons en France, de l'Ancien Régime, édition Privat page 22, 23, 24
- Jean Sévillia, Historiquement correct, Pour en finir avec le passé unique, Perrin, Saint-Amand-Montrond 2003, p. 61.
- Jean Guiraud, L'Inquisition Médiévale, Grasset, collection « La Vie chrétienne », 1929
- Didier Le Fur, L'Inquisition : Enquête historique : France XIIIe - XVe siècle, Tallandier, p. 40
- orthographe originale, John Howard, Jean Lagrange, Louise-Félicité de Kéralio Robert, État des prisons, des hôpitaux et des maisons de force, Lagrange, (réimpr. 2011) (ISBN 978-1246400069)
- Caroline Legendre, Création et prison, Éditions de l'Atelier, , p. 39
- Heather MacDonald, « L'enfer de la prison », Revue française de criminologie et de droit pénal, vol. 5, (lire en ligne [archive])
- Marie-Sylvie Dupont-Bouchat, « Les prisons d'enfants. Du pénitencier à l'école de bienfaisance, en Belgique au XIXe siècle (1840-1914) », dans Remi Lenoir (dir.), Michel Foucault. Surveiller et punir : la prison vingt ans après. CREDHESS, Paris, 1996, p. 235.
- Michelle Perrot, « L'Europe pénitentiaire », dans Les Ombres de l'historie. Crime et châtiment au XIXe siècle. Flammarion, Paris, p. 227.
- Marie-Sylvie Dupont-Bouchat (1996), p. 232.
- Cité dans Jacques-Guy Petit, Ces peines obscures. La prison pénale en France (1780-1875), Fayard, Paris, 1990, p. 47.
- Michelle Perrot, « Tocqueville inconnu », dans Les Ombres de l'historie. Crime et châtiment au XIXe siècle. Flammarion, 2001, p. 154.
- Perrot, p. 183.
- Perrot (2001), p. 184.
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- (en) « The truth behind Sherlock's Sherrinford is finally revealed » [archive], sur Radio Times (consulté le )
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie
- Luigi Delia (dir.), Prison et droits: visages de la peine, dossier de L'Irascible n°5, Revue de l'Institut Rhône-Alpin de Sciences Criminelles, Paris, Éditions Campus Ouvert, 2015.
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- Grégory Salle, La Part d'ombre de l'État de droit, Éditions de l'EHESS, 2009.
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- Denis Langlois, Le Cachot, Maspero, 1967
- Catherine Baker, Pourquoi faudrait-il punir ?, Tahin Party, 2005, disponible gratuitement en ligne [archive] [PDF]
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- Jean-Paul Céré, La prison, Dalloz, 2007
- Jean-Paul Céré et C.E. Japiassù (dir.), Les systèmes pénitentiaires dans le monde, Dalloz, 2007
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- Thierry Lodé 2008. Le droit d'être abolitionniste
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Filmographie
Articles connexes
- Sociologie
- Lieu de détention et d'emprisonnement
- Organisme
- Divers
Liens externes
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Lutte contre la délinquance
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Hôpital
Salle de déchocage récemment utilisée.
Un hôpital est un établissement de soins où un personnel soignant peut prendre en charge des personnes malades ou victimes de traumatismes trop complexes pour être traités à domicile ou dans le cabinet de médecin1.
Dans la plupart des pays développés, par rapport au domicile et au cabinet du médecin, le centre hospitalier présente l'avantage d'avoir :
- une hygiène assurée par un personnel de nettoyage formé ;
- un accueil permanent et une surveillance continue par du personnel hospitalier médical et paramédical (infirmier ou infirmières, aides-soignant) ;
- des équipes2 de soignants, disposant de compétences particulières (médecins spécialistes) et du matériel (plateau technique) nécessaire à des examens et soins plus poussés qu'au cabinet du médecin (dont en général des blocs opératoires) ;
- d'une Pharmacie à Usage Intérieur ayant des dispositifs médicaux et des spécialités pharmaceutiques spécifiques.
En revanche, la présence et le passage de patients porteurs de nombreuses pathologies, et l'usage chronique de médicaments et biocides expose à un risque d'infection nosocomiale.
Certains hôpitaux ont un service des urgences, voire un service mobile d'urgence et de réanimation (SMUR).
Étymologie
Le nom vient du latin hospes (« hôte »), qui est aussi la racine de « hospitalité ».
Histoire
L'hôpital en France
Financement
Dans le monde, les hôpitaux sont généralement financés par l'État, par des organismes de santé (à but lucratif ou à but non lucratif), par l'assurance maladie quand elle existe ou avec l'aide d'organismes de bienfaisance, y compris par des dons de bienfaisance.
Depuis quelques années, un « système de tarification à l'activité » (dit T2A) a été mis en place dans une vingtaine de pays (dont la France depuis 2005) pour financer les courts séjours en établissements de santé (sur des bases plus ou moins similaires)3. Cette approche T2A consiste à « payer les établissements en fonction de leur activité mesurée par groupe homogène de malades », pour « améliorer l’efficience et la transparence dans le financement des soins ». Cependant, les retour d'expérience de certains pays montrent que ce système peut avoir des effets pervers. Par exemple, la T2A « incite les établissements à augmenter leur activité en induisant la demande de soins et à transférer une partie de leurs coûts vers les soins de suite ou à domicile. » Elle implique donc des réajustements périodiques et une régulation3 . Par ailleurs, « assurer la cohérence à la fois clinique et économique du classement de l'activité hospitalière et établir le niveau des tarifs correspondant sont deux défis difficiles » et « payer un prix fixe qui soit directement indexé sur les coûts moyens observés et qui reste commun à tous les types d’établissements est de plus en plus contesté »3.
La T2A concerne le financement des séjours dits de MCOO (Médecine Chirurgie Obstétrique Odontologie). Les séjours sont généralement courts (anciennement nommés : « court séjour ») par opposition au moyen séjour (actuellement dénommé Soins de suite et de rééducation et de réadaptation ou SSR). Le codage de l'activité en SSR relève également du PMSI, au même titre que le MCOO.
Cependant, en France, les consultations et actes externes peuvent faire l'objet de dépassements d'honoraires4.
Types de patients
La plupart des patients viennent à l'hôpital pour le diagnostic et / ou la thérapie, puis le quittent. Certains (généralement atteints de pathologies graves) sont « admis » et y passent la nuit ou plusieurs semaines ou mois selon l'état de leur santé.Il existe des hospitalisations dites programmées, organisées à l'avance par le médecin suivant le patient. Il existe également des admissions non programmées avec admission après un passage aux urgences où la décision d'hospitaliser est prise. Il existe également des admissions par la voie de mutation d'un service hospitalier à un autre (appartenant ou pas au même établissement de santé).
Types d'hospitalisation :
Actuellement sous l'impulsion des politiques de santé visant à une diminution des coûts, les séjours en hôpital peuvent se faire en hospitalisation complète, en ambulatoire ( soins réalisés au cours de la journée), en Hôpital de jour, plus rarement en hôpital de nuit (par ex pour réaliser des enregistrements du sommeil), ou hôpital de semaine.
Types d'hôpitaux
Général
Le type le plus connu d'hôpital est l'hôpital général. Il traite de plusieurs types de maladies et traumatismes et dispose généralement d'un service d'urgence pour faire face à des menaces immédiates pour la santé et la capacité d'envoyer des services médicaux d'urgence. Un hôpital général est souvent le principal établissement de soins de santé dans sa région, avec des lits pour soins intensifs et de soins de longue durée, et des installations spécialisées pour la chirurgie, la cardiologie et la neurologie.
S'il combine l'aide aux patients à l'enseignement aux étudiants et internes en médecine et en pharmacie, c'est un hôpital d'enseignement (ou hôpital universitaire) et il est souvent lié à une faculté de médecine et de pharmacie.
En France, les CHU (Centres Hospitaliers Universitaires) sont les centres hospitaliers régionaux ayant une convention avec une faculté de médecine5, en opposition aux CH (Centres Hospitaliers). De manière générale, les hôpitaux généraux sont regroupés selon leur taille et le volume de leur activité codée via le Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) :
| Taille 1 | Taille 2 | Taille 3 | Taille 4 |
Centre Hospitalier6 (CH) |
0 à 158 lits |
159 à 241 lits |
242 à 364 lits |
365 lits et plus |
Centre Hospitalier Universitaire (CHU)
ou
Centre Hospitalier Régional (CHR)
|
0 à 467 lits |
468 à 1175 lits |
1176 lits et plus |
|
Spécialisé
Les hôpitaux spécialisés sont des centres dont l'objectif est de faire face à des besoins médicaux spécifiques tels que la traumatologie, la réhabilitation des hôpitaux, la gériatrie, les troubles mentaux etc.
Par exemple : les hôpitaux psychiatriques gèrent les hospitalisations en santé mentale tandis que les sanatoriums sont spécialisés dans les cas de tuberculose.
Hospitalisation à Domicile (HAD)
L'hospitalisation à domicile n'est pas une hospitalisation à proprement parler : elle est un mode d'organisation des soins permettant à des patients, souvent atteint de pathologie chronique ou de longue durée, de rester chez eux. Les patients résident donc à leur domicile et bénéficient de soins avec la visite de soignants dépendant d'un organisme privé ou public qui coordonne les soins (toilette à domicile, actes infirmiers, traitement, évaluation clinique du patient) et assure le suivi.
En France, Les règles d'hospitalisation sont les mêmes que les autres types d'établissement hospitaliers. L'activité de HAD est un des « champs » du PMSI et est codé de façon particulière par le service DIM de la structure HAD. Elle renseigne notamment les diagnostics médicaux selon la classification de la CIM 10, la dépendance et les actes de soins réalisés7.
Autres cas particuliers
Clinique
Dans les pays où le secteur privé est autorisé, un centre hospitalier peut être appelé clinique s'il n'est pas public.
Hôpital militaire
Un hôpital militaire une structure de santé sous la responsabilité de l'armée. En France, c'est le Service de santé des armées qui gère ce genre d'établissement.
Hôpital de campagne
Un hôpital de campagne est un établissement de soins provisoirement érigé en cas de catastrophe, de conflit armé ou de grandes manifestations.
Dispensaire
Un dispensaire est un centre qui délivre des soins à titre gratuit.
Hospitel
Un Hospitel est un hôtel transformé ponctuellement en hôpital lors de crises sanitaires.
Services des hôpitaux
Domaines généraux
Outre les services administratifs, on retrouve des services de spécialité selon les spécificités de centre :
voir l'article Médecine pour la liste des spécialités possibles.
Domaines spécifiques
Le centre hospitalier peut aussi avoir des services spécifiques :
Notes et références
- Didier Balsan, « Une typologie des établissements de soins publics et PSPH en fonction de leur activité et de leur environnement », Document de travail, Drees, no 37, (lire en ligne [archive] [PDF], consulté le ).
- Grosjean M & Lacoste M (1999) Communication et intelligence collective: le travail à l'hôpital. Presses Universitaires de France-PUF.
- Or, Z., & Renaud, T. (2009). Principes et enjeux de la tarification à l’activité à l’hôpital (T2A). Enseignements de la théorie économique et des expériences étrangères[PDF] [archive] [document de travail]. Paris (France) : Institut de recherche et documentation en économie de la santé, mars 2009, PDF 29 p., consulté 2014-07-14.
- Emmanuelle Rey, Toulouse. Honoraires des médecins : les secteurs les plus chers, ladepeche.fr, (lire en ligne [archive]).
- Article L6142-3 du code de la santé publique.
- Ministere de la santé, « Guide_nouvelles_organisations_et_architectures_hospitalieres » [archive] (consulté le ).
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie
- René Amalberti, La conduite de systèmes à risques : le travail à l'hôpital, Paris, Presses universitaires de France, 1996, 242 p. (OCLC 36143681).
- Pierre Canouï, Aline Mauranges & Anne Florentin, Le syndrome d'épuisement professionnel des soignants : de l'analyse du burn-out aux réponses, Paris, Elsevier Masson, 1998, 211 p. (OCLC 40699562).
- Jean-Noel Fabiani, La fabuleuse histoire de l'hôpital du moyen âge à nos jours, Éditions des Arènes, 2016, 226 p. (ISBN 978-2-266-28277-2).
- Jean Lombard, Bernard Vandewalle, Philosophie de l'hôpital, Paris, L'Harmattan, 162 p. (ISBN 9782296026780).
- Mathias Wargon, avec Jean-Marie Godard, Hôpital : un chef-d’œuvre en péril, Fayard, mars 2022, 180 p. p. (ISBN 978-2-213-72051-7).
-
Alba Ventura, « INVITÉ RTL - Coronavirus : Mathias Wargon dénonce les "Madame Irma" des plateaux télé », rtl.fr, (lire en ligne [archive], consulté le )
Articles connexes
Liens externes
Maison de retraite
Une maison de retraite est une résidence collective destinée aux personnes âgées.
Ce terme remplace depuis longtemps le terme hospice, qui a désormais une connotation péjorative.
Définitions
Le terme « maison de retraite » est lui-même remplacé par d'autres synonymes car il est vrai que si la plupart des personnes âgées sont des retraités, elles sont rarement hébergées en maison de retraite dès leur départ à la retraite en France. Pour les francophones, la notion de retraite évoque le retrait du monde actif et peut avoir une signification mystique ou religieuse (retraite au désert, ermitage, etc.).
Dans le monde
Chambre dans une maison de retraite en
Angleterre, en 2014.
Chambre dans une maison de retraite en
Éthiopie, en 2018.
Belgique
- Maison de repos pour personnes âgées (MRPA) ;
- Maison de repos et de soins (MRS) ;
- Maison de repos (MR) ;
- Résidence service (RS) ;
- Centre d'accueil de jour (CAJ) ;
- Centre de soins de jour (CSJ) ;
- Centre de court séjour (CS).
Canada
Québec
Au Québec, on divise en quatre grandes catégories les résidences pour personnes âgées, soit :
- Les conciergeries, ou « résidences pour personnes autonomes » : il s’agit de complexes dans lesquels on accueille des personnes entièrement autonomes. On les qualifie parfois de résidences pour « retraités dynamiques » : aucun soin n’est prodigué, on trouve souvent un service d’infirmerie pour les problèmes bénins. Des services (salle à manger, comptoir pharmaceutique, salle communautaire, institution financière, etc.) sont habituellement intégrés dans l’édifice.
- Les pensions familiales, ou « ressources de type familial » : on parle ici d’établissements qui accueillent des personnes autonomes ou en légère perte d’autonomie, c’est-à-dire des personnes encore en mesure de s’occuper d’elles-mêmes pour l’hygiène de base, mais qui souffrent d’un déficit cognitif ou qui éprouvent des difficultés à se déplacer. Dans un appartement pour personne semi-autonome, cuisine et salle de bains sont spécialement aménagées afin d’assurer la sécurité.
- Les résidences privées : ces résidences accueillent des personnes entièrement autonomes, en perte d'autonomie ou encore des personnes non autonomes nécessitant des soins de santé. Au Québec plusieurs résidences privées sont disponibles. Cependant, le processus décisionnel doit être bien encadré afin de s'assurer de trouver l'endroit idéal pour demeurer1.
- Les centres d'hébergement de soins de longue durée (CHSLD) : ces établissements ont pour mission «d’offrir un milieu de vie substitut, de façon temporaire ou permanente, à une clientèle adulte qui ne peut plus demeurer dans son milieu de vie naturel, en raison d’une perte d’autonomie fonctionnelle ou psychosociale, malgré le support de l’entourage»2
États-Unis
Début 2020, on compte 15 600 maisons de retraite aux États-Unis. Elles accueillent environ 1,3 million de personnes, auxquelles s’ajoutent 700 000 pensionnaires de résidences médicalisées. Près de 70 % appartiennent à des opérateurs privés3.
France
Modes d'hébergement
L'hébergement varie entre une pièce individuelle et le petit appartement, comme le prévoit la loi sur la retraite en France. Les services annexes varient, eux aussi, en fonction du standing (du restaurant à la cantine) et du type de personnes hébergées (de l'environnement quasi-hospitalier pour les personnes avec invalidité physique ou mentale « lourde »4 à la résidence où le médecin traitant passant en fonction des besoins5). On peut également catégoriser les établissements suivant leur mode de financement (agréé aide sociale ou à la charge du résident ou de sa famille).
Compte tenu du coût élevé de ce mode d'hébergement et de la rareté des places disponibles face à une demande croissante, le maintien à domicile avec mise en place d'une aide personnalisée est une solution alternative. Par exemple, en France, une allocation personnalisée d'autonomie (APA).
Maison de retraite
Certaines maisons de retraite accueillent des personnes âgées pour un hébergement temporaire de quelques jours à quelques semaines, ou proposent un accueil de jour pour des personnes âgées qui ne peuvent ou ne veulent rester chez elles dans la journée. Depuis peu, il existe des informations sur les maisons de retraite, expliquant de manière claire les critères de sélection6. Il faut noter qu'en France, l'appellation « maison de retraite » est source de confusion entre les différents types d'établissements, médicalisés ou non, pouvant accueillir ou non des personnes dépendantes et ou souffrant de pathologies particulières comme la maladie d'Alzheimer ou de Parkinson.
Résidence autonomie (ex foyer-logement)
Les foyers-logements7, aussi dénommés RPA (résidence pour personnes âgées), puis RA (résidences autonomie)8 constituent une formule intermédiaire entre le domicile et la maison de retraite. Ils accueillent des personnes autonomes mais qui ont besoin d’un cadre sécurisant. Les résidents vivent dans des appartements individuels (studios ou F2). Ils ont le statut de locataire et disposent de locaux communs et de services collectifs (restaurant, blanchisserie, animations).
Résidence avec services
Souvent appelé "résidence séniors", "résidence services séniors" ou encore "résidence services séniors - rss" ; cette formule d’hébergement s’adresse à une clientèle autonome, valide ou semi-valide. Les retraités peuvent acheter ou louer un appartement dans un ensemble hôtelier spécialement conçu et équipé pour leur fournir des prestations adaptées à leurs besoins : restauration en salle à manger ou à domicile, bar, bibliothèque, salle de spectacle, animations9.
Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD)
Une maison de retraite médicalisée est généralement qualifiée d’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) lorsqu'il a signé une convention tripartite avec le conseil général (du département dans lequel il se trouve) et l’autorité compétente de l’assurance-maladie lui donnant le droit d’héberger des personnes âgées dépendantes. Certains établissements n’ont pas encore signé de convention tripartite mais répondent aux critères d’EHPAD et peuvent, en conséquence, recevoir la qualification d’« établissement médicalisé ». Un établissement est réputé médicalisé lorsqu’il a la capacité de faire face à la dégradation de l’état de santé et à la perte d’autonomie des résidents. Il n'y a pas de médecin salarié qui soigne les résidents. Le médecin coordonnateur, qui est salarié à temps partiel, ne fait pas de soin sur place, sauf urgence ; il ne fait que de la coordination. Ce sont les médecins libéraux qui soignent les résidents. Les urgences sont assurées par le système de garde de ville et les appels aux numéros d'appel d'urgence (15, 18 ou 112). La réglementation en vigueur dans ce type d'établissement impose la présence d'une aide soignante dans l'équipe effectuant le service de nuit.
Maison d'accueil et de résidence pour l'autonomie (MARPA)
Ces structures concernent les communes de moins de 2 000 habitants. Il s'agit d'une petite unité de vie dont la capacité d'hébergement est limitée à 24 personnes. Les résidents sont locataires de leur propre appartement, avec un accès privatif à leur logement et a un accès direct vers les espaces de vie collectifs et de convivialité.
Italie
Vallée d'Aoste
En Vallée d'Aoste, les maisons de retraite, appelées également maisons de repos, sont gérées par les unités de communes. À Aoste se situent deux maisons de repos historiques, le « refuge Père Laurent » et la « maison de repos J.-B. Festaz » (anciennement connue comme l'hospice de charité), fondées par le Père Laurent et par Jean-Boniface Festaz respectivement.
Luxembourg
Au Luxembourg, les maisons de retraite se nomment centres intégrés pour personnes âgées (CIPA)10. Il en existe une trentaine, exploitées par plusieurs sociétés dont la principale est un établissement public, Servior10.
Suisse
En Suisse romande, les maisons de retraite sont connues sous le nom d'établissement médico-social (EMS)11. En Suisse alémanique, ce sont des Alters- und Pflegeheime. Valérie Hugentobler, Annick Anchisi, Corinne Dallera et Agnès Strozzega relèvent que la privatisation à but lucratif du secteur de l'aide et des soins à domicile s'est développée depuis les années 199012.
Œuvres de fiction ayant pour cadre une maison de retraite
- Les Vieux de la vieille, 1960, film réalisé par Gilles Grangier
- Beignets de tomates vertes, 1991, film réalisé par Jon Avnet, d'après le roman éponyme
- Le Prince de West End Avenue, roman d'Alan Isler, 1994.
- Mars Attacks!, 1996, film réalisé par Tim Burton (où l'attaque d'une maison de retraite conduit l'invasion martienne à sa perte)
- Stuck, 2007, (le personnage principal joué par Mena Suvari tient le rôle d'une infirmière dans une maison de retraite)
- La bande dessinée Rides et son adaptation en film d'animation La Tête en l'air décrivent le quotidien d'un vieil homme dans une maison de retraite.
- Claire et les vieux, où une jeune fille va vivre avec sa grand-mère en résidence.
- Maison de Retraite (M.D.R.) film réalisé par Thomas Gilou
Controverses
[à développer]
En France, les maisons de retraite font fréquemment l'objet de controverses dans l'actualité, notamment dénoncées par les organismes de répression des fraudes, comme la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF), ou des particuliers, pour les motifs suivants :
Les résidents d’un EHPAD disposent, à l'instar des personnes vulnérables accueillies dans les autres catégories d’établissements et services sociaux et médico-sociaux, d’une protection juridique spécifique18,19.
En 2017, le gouvernement procède à une réforme de la tarification des EHPAD se traduisant par une baisse importante des recettes pour 35 à 40 % des EHPAD publics. La réforme suscite de vives critiques de l’ensemble du secteur : Fédération hospitalière de France, syndicats de salariés, organisations d’EHPAD privés non lucratifs, associations de directeurs et de familles20.
Notes et références
- « Choisir votre résidence en 7 étapesBlogue, Vivre en résidence » [archive] (consulté le )
- Gouvernement du Québec, Loi sur les services de santé et les services sociaux, article 83.
- Frédéric Autran, « Aux États-Unis, des chiffres sous-estimés dans les maisons de retraite » [archive], sur Libération, (consulté le ).
- EHPAD : établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes
- EPA : établissement pour personnes âgées
- Roger Dujardin, Connaitre et Comprendre les maisons de retraite (lire en ligne [archive]).
- Guide des maisons de retraite.
- « Un premier décret sur les résidences autonomie » [archive], sur ehpa.fr (consulté le ).
- Dépendance : les nouveaux gisements des industriels de l’« or gris » [archive] sur le Zinc
- « CIPA » [archive], sur http://www.luxsenior.lu [archive] (consulté le )
- Ordonnance sur le calcul des coûts et le classement des prestations par les hôpitaux, les maisons de naissance et les établissements médico-sociaux dans l'assurance-maladie (OCP), du 3 juillet 2002 (État le 1er janvier 2009) [archive]
- Valérie Hugentobler, Annick Anchisi, Corinne Dallera et Agnès Strozzega, « Le domicile des personnes âgées en perte d’autonomie : un nouveau « marché » potentiel », dans Laurent Nowik et Alain Thalineau (dir.), Vieillir chez soi : Les nouvelles formes du maintien à domicile, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , p. 133-150.
- Julien Moreau, « L’ex-directeur de la maison de retraite Le Lys devant la justice » [archive], sur lamontagne.fr, La Montagne, (consulté le ).
- Mathilde Golla, « Une maison de retraite sur deux trompe ses clients » [archive], sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le ).
- Mathilde Golla, « Ces maisons de retraite qui «font payer les morts» » [archive], sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le ).
- « Problèmes d'hygiène, de soins... un Ehpad fermé d'autorité dans le Rhône » [archive], sur midilibre.fr, Midi libre, (consulté le ).
- « Yonne : fermeture d'une maison de retraite pour «maltraitance» » [archive], sur leparisien.fr, Le Parisien, (consulté le ).
- Olivier Poinsot, Le droit des personnes accueillies ou accompagnées, les usagers dans l’action sociale et médico-sociale, Bordeaux, LEH Édition, , 410 p. (ISBN 9782848746470)
- Marc Payet, « Maltraitance en maison de retraite : « Le business des seniors est impitoyable », Le Parisien, (lire en ligne [archive])
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie
- Senior Plus, Guide des maisons de retraite, Paris, Senior Plus, , 288 p. (ISBN 978-2-9522399-9-8)
Articles connexes
Rue
Une rue de terre battue à
Cuba.
Une ruelle à
Hama en Syrie.
Une rue dans un village néerlandais.
La rue est un espace de circulation qui dessert habituellement des logements et/ou d'autres structures fonctionnelles dans une agglomération. Elle met en relation et structure les différents quartiers de cette dernière, s'inscrivant de ce fait dans un réseau de voies à son échelle. Au niveau local, c'est aussi un espace public, lieu de rencontres et d'échange (notamment par les commerces) où s'exerce et se construit la sociabilité des individus et des groupes sociaux. Enfin, par le biais de la manifestation, la rue peut devenir un lieu de contestation. C'est donc potentiellement un espace politique, particulièrement dans les quartiers centraux.
La rue se distingue des autres voies urbaines (voirie) comme les allées, les cours ou les boulevards et avenues par sa relative faible largeur notamment, et par l'absence de contre-allées. Une rue particulièrement étroite peut être qualifiée de ruelle. Une rue ne possédant qu'un point unique d'entrée et de sortie est une impasse ou cul-de-sac.
Dans les villes où des véhicules sont présents, les rues peuvent selon la législation applicable être en tout ou partie ouverte à la circulation motorisée. Dans ce cas, une rue est perçue par le conducteur comme une route en agglomération par opposition à une route hors agglomération, et cela indépendamment de la dénomination de cette rue: impasse, boulevard, venue, allée, voie, passage notamment. À des fins pratiques, cela a conduit à des aménagements.
De ce fait, une séparation des flux de circulation par type d'usagers peut exister:
Histoire et étymologie
Dans l'antiquité grecque, les rues n'étaient pas dallées et pouvaient devenir boueuses avec l'humidité de l'eau1.
Durant l'antiquité est rattaché le concept de plan en damier, de Hippodamos de Milet.
Le mot rue vient du latin ruga « chemin bordé de maisons ». Toutefois, le concept de rue
La notion de rue évolue à Londres puis à Paris au douzième et treizième siècle2.
Les rues médiévales sont tortueuses, étroites, obscures, encombrées2.
Au XVIe siècle son introduits des traités de police qui réglementent l'usage de la rue, et conduisent à installer de nouvelles facilités telle que l'égout ou l'eau courante2.
Jusqu'en 1880, la rue donne plus de place au piéton que cavalier, au roulier qu'au char. Toutefois dès cette époque, des accidents sont présents sous l'influence des sabots des chevaux ou des roues des chars. En 1900, Paris compte encore 80 000 chevaux en activité2.
Ensuite, l'invention du tramway, de la voiture motorisée et du camion modifie la rue2.
Dénomination et numérotation des rues
Noms de rues
Un nom de rue (et de voie en général) s'appelle un odonyme.
Les rues sont souvent nommées d'après des personnalités, des lieux ou des dates d'événements particuliers, de notoriété locale ou élargie.
Dans les villes récentes dont le plan est en quadrillage, les rues portent parfois simplement un numéro en guise de nom (ce principe est utilisé principalement à New York).
Dans les quartiers récents et périphériques, pour des raisons mnémoniques, on choisit souvent un thème commun pour toutes les rues du quartier (par exemple, noms de musiciens, noms d'oiseaux, de fleurs...).
Féminisation des noms de rues
De nombreuses villes en France, Belgique, etc. (Paris, Bruxelles, la Roche-sur-Yon, Blois, etc.) travaillent à la féminisation des noms de rues, d'espaces publics et d'équipements. En France, on estime que seules 6 % des rues portent un nom de femme. Par ailleurs, ce sont souvent des rues secondaires. L'objectif est de donner plus de place aux femmes dans le nom des rues3.
Plan de numérotation des maisons et immeubles
Selon les pays, les numéros sont attribués de manière systématique ou non. Quelques règles de numérotation fréquemment appliquées :
- numéros pairs d'un côté de la rue et numéros impairs de l'autre ;
- numéros croissants dans la direction opposée au centre-ville ;
- numéros arbitraires se suivant un à un, avec utilisation éventuelle de numéros bis et ter pour départager des subdivisions d'une parcelle portant initialement un seul numéro ;
- numéros représentant une distance (en mètres) depuis l'entrée de la rue.
En France, les numéros sont attribués par la commune ou son agglomération de façon non systématique, et indépendamment des services postaux, par côtés pairs et impairs, en numérotation métrique ou non.
Types de rue
Aménagement de la rue
La rue peut avoir différents revêtements, différents gabarits de voirie. La limite peut prendre des formes et aspects très variés : mur en limite, clôture en bois, pierre, métal, haie taillée ou vive, etc.
Le végétal peut trouver sa place en alignement d'arbres, plantations de pleine terre ou en pot, etc.
Afin d'améliorer la gestion des eaux pluviales, la déconnexion au réseau est préconisée, c'est-à-dire le traitement des eaux pluviales à la source, au plus près du point de chute, de préférence au sein d'espaces perméables assurant plusieurs fonctions, techniques et paysagères.
Évènements dans la rue
Marchés
Manifestations
Professionnels travaillant dans la rue
Services
De nombreux professionnels liés aux services publics ou d'intérêts généraux sont amenés à travailler dans la rue : éboueurs, policiers, pompiers, agents d'entretien (des espaces verts, des réseaux...), facteurs...
Les taxis sont souvent liés à l'image de la rue. Les livreurs connaissent une diversification au XXe siècle avec les livreurs à moto, cyclistes, etc.
Publicité et communication
La rue est de longue date utilisée pour faire de la publicité, de façon fixe (pré-enseignes et enseignes) ou mobile (« homme-sandwich », distributeurs de tracts...).
Activités mobiles
Les camions-restaurant (baraque à frites, food-truck...) sont des véhicules équipés d'installation pour la cuisson, la préparation et la vente d'aliments et de boissons. Ils stationnent dans des rues ou d'autres espaces publics.
Activités illégales
Ventes illégales
Les ventes illégales peuvent concerner des stupéfiants, des faux et contrefaçons, etc.
La prostitution de rue
La prostitution de rue ou tapin est une prostitution qui consiste à racoler les clients en marchant sur la voie publique ou assise (chaise personnelle, escaliers d'entrée d'immeuble, etc.), mais généralement dans une tenue aguichante. La forme la plus voyante est en général limitée par la police à certaines rues et certains horaires, souvent dans des quartiers dits « chauds », mais certaines prostituées à l'allure discrète opèrent dans les quartiers passants.
Autres professionnels travaillant dans la rue en France
Les éducateurs de rue ou éducateurs spécialisés en prévention spécialisée
Les éducateurs de rue sont des personnes travaillant dans le cadre d'une mission de service public d'aide à la jeunesse.
En prévention spécialisée (PS), bien que travaillant généralement pour des associations, ils exercent leur travail dans le cadre « d'une mission de service public ». Concrètement, les éducateurs de prévention, généralement des éducateurs spécialisés, vont à la rencontre des jeunes dans leurs lieux de rencontre, principalement la rue ; c'est pourquoi ils sont régulièrement appelés « éducateurs de rue ».
De par le niveau de compétences requis aujourd'hui, les qualifications et l'expérience des membres des équipes de préventions sont de plus en plus élevés et ceci pour des salaires équivalents à d'autres secteurs. Les travailleurs sociaux de ce secteur sont donc en général des militants et des professionnels aguerris. Un parcours professionnel riche, des formations universitaires et un travail sur soi complètent aujourd'hui souvent un diplôme. Pour ce qui est de l'éducateur spécialisé (ou son équivalent), il doit posséder une technique (3 ans) en éducation spécialisée qui se donne dans les cégeps au Québec... Il existe un équivalent : la Technique d'intervention en délinquance, qui œuvre plus spécifiquement en délinquance ou en centre d'hébergement pour jeunes.
Le samu social
Le Samu social est une structure d'aide aux sans abri. Le premier fut le Samu social de Paris, créé en 1993 par Xavier Emmanuelli. Les Samu sociaux sont joignables en France par le numéro de téléphone « 115 ».
Xavier Emmanuelli a par la suite créé le Samusocial International, une association loi de 1901 (statuts déposés le ). Le siège du Samu social a été inauguré le dans le 12e arrondissement de Paris, 35, avenue Courteline, dans l'hospice Saint-Michel.
Le but du Samu social international est de « secourir selon la philosophie de la Déclaration universelle des droits de l'homme en réaffirmant les principes de liberté, d'égalité, de fraternité et de solidarité », et de « créer, promouvoir et soutenir des dispositifs analogues à ceux mis en œuvre par le Samu Social de Paris ».
Le terme « SAMU » signifie initialement « service d'aide médicale urgente » ; ce terme a été lexicalisé (l'acronyme est devenu un mot à part entière), synonyme d'« organisme s'occupant en urgence de la détresse ». Dans le cadre du Samu social, on lui a redonné un sens acronymique (rétroacronyme) :
- « service d'aide mobile d'urgence social » ;
- « service ambulatoire d'urgences » dans le cas du Samu social international.
La brigade anticriminalité
La brigade anticriminalité (Bac) est issue des brigades de surveillance de nuit (BSN), qui comme leur nom l'indique n'opéraient que de nuit - le changement de nom a donc coïncidé avec une extension du mandat.
La brigade anti-criminalité de nuit fut créée en 1971 par le commissaire Robert Broussard, avec l'objectif de lutter plus efficacement contre la délinquance. Opérant de 22 h 30 à 6 h 30 du matin, deux cents policiers en tenue étaient en poste à Paris et pouvaient être regroupés très rapidement pour faire face aux situations de trouble de l'ordre public.
Depuis , des brigades anti-criminalité de jour luttent contre les délits sur la voie publique dans les zones les plus sensibles du pays. Les interventions des cent cinquante-six policiers en tenue qui y sont affectés s'inscrivent en complément de celles menées par les commissariats. En fonction des événements, chacune des brigades s'organise en patrouilles légères ou en unité constituée.
Il y a plusieurs types de Bac : les Bac départementales et les Bac locales (ces dernières travaillant en milieu urbain et le plus souvent dans la rue), chacune d'elles pouvant fonctionner avec un roulement de nuit et de jour. Le cycle et les horaires de travail sont adaptés aux évolutions de la délinquance, analysée quotidiennement à l'aide de la cartographie informatisée.
Usagers de la rue
Passants
Les passants peuvent être des promeneurs, des personnes se rendant sur leurs lieux d'activité (travail, loisir, lieu associatif, etc.), des écoliers sur le chemin de l'école, des consommateurs recherchant des commerces...
Rues aux enfants ou rues vivantes
Avant l'arrivée en masse de la voiture dans l'espace public, la rue avait avant tout un usage piéton.
Au XXIe siècle, certaines associations ou collectivités cherchent à redonner plus de place au piéton et aux enfants dans la rue. Ainsi, certaines villes au Royaume-Uni et en Inde ferment la rue aux voitures certains dimanche matin.
En Belgique, le code de la route prévoit une interdiction de circulation motorisée pendant certaines heures et jours pendant les vacances dans les rues réservées au jeu (en néerlandais : speelstraat ; en allemand : Spielstraße), où les enfants peuvent jouer.
En France, les rues aux enfants sont des rues temporairement fermées, pour proposer des évènements ludiques, souvent autour des modes actifs (vélo, trottinettes, etc.). C'est parfois l'occasion de tester un aménagement pour qu'il devienne plus pérenne.
En Belgique, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, les rues scolaires sont des zones piétonnes autour d'une école (primaire), fermées temporairement à la circulation motorisée aux heures de rentrée et de sortie des classes dans le but d'apaiser la rue pour les enfants arrivants à pied ou à vélo .
Sans domicile fixe
Les sans domicile fixe dorment ou errent souvent dans la rue.
Mendiants
La mendicité est un phénomène très ancien.
Culture
Les rues dans la culture
La rue est souvent symbole de rencontres, d'échanges, de partages, mais aussi de milieux plus populaires.
Les rues dans les livres
De nombreux livres abordent le thème de la rue. Par ailleurs, l'édition française « rue du monde » contient le mot rue.
Les rues dans la musique
En France, plusieurs artistes ont chanté une chanson intitulée Dans ma rue (Édith Piaf reprise par Zaz ; Doc Gyneco ; Féfé...) ; ces chansons abordant souvent des rues des milieux populaires.
Les rues dans les films et séries
Notes et références
- Mathilde Leclerc, « En ville, la lente féminisation des noms de rues », Ouest France, .
Voir aussi
Articles connexes
- Rues de villes du monde
Bibliographie
- Jean-Pierre Leguay, La Rue au Moyen Âge, 1984, Éditions Ouest-France.
- Les langages de la rue, Espaces et sociétés, n°90-91, 1997.
- La rue, Informations sociales, n°60, 1997.
- La rue, Pouvoirs, n°116, 2004 pdf [archive].
- Philippe Chaudoir, Discours et figures de l'espace public à travers les arts de rue : la ville en scène, L'Harmattan, Paris, 2000.
- Françoise Coblence et Sylvie Couderc (dir.), L’esthétique de la rue. Actes du colloque d’Amiens, Paris, L’Harmattan, 1998.
- Antoine Fleury, « La rue : un objet géographique ? » [archive], Tracés, revue de sciences humaines, n°6, 2004.
- Jean-Loup Gourdon, La rue – Essai sur l’économie de la forme urbaine, Paris, L’Aube, 2001.
- Alain Leménorel (dir.), La rue, lieu de sociabilité ?. Rencontres de la rue : actes du colloque de Rouen, 16-, Publications de l’université de Rouen, Rouen, 1997.
Liens externes
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Route
Pour l’article ayant un titre homophone, voir Root.
Effet de lumière sur une route australienne.
Une route (Écouter) est au sens littéral une voie terrestre (au niveau du sol ou sur viaduc) aménagée pour permettre la circulation de véhicules à roues. Ce terme s'applique plutôt aux voies importantes situées en rase campagne et ne peut être apparenté à une rue. Dans les pays vastes et peu peuplés, à la fin du XXe siècle, de nombreuses routes étaient encore des chemins empierrés ou damés (les "sentiers battus").
Étymologie
Le mot « route » dérive du latin « rupta (via) », « voie rompue », « voie frayée », par substantivation au féminin du participe passé « rupta » de « rumpere », « rompre » (« rumpere viam » = « ouvrir une route »)1.
Histoire
Aux
XIXe et
XXe siècles, les routes françaises étaient souvent bordées d'alignements d'arbres. Ils tendent aujourd'hui à disparaître
Les premières routes sont liées à l'invention de la roue, du char et des chariots. Les Chinois disposaient d'un vaste réseau de routes. La « route de la soie » – qui relie d'Est en Ouest la Chine à la Méditerranée – est un axe commercial très ancien. Les Celtes puis les Gaulois avaient eux aussi un large réseau de bonnes routes empierrées, au sujet desquelles César n'a émis que des compliments quand il a envahi la Gaule. Les Romains reprennent ce réseau, en font daller les axes principaux par des esclaves et à terme créent d'autres routes qui accroissent encore le réseau initial. La route romaine est une chaussée reposant sur des fondations faites de matériaux stables et résistants, recouvertes par de larges dalles. La plupart de ces voies romaines existent toujours ou ont inspiré le tracé de nos routes modernes (voir en particulier en France, les photos aériennes du réseau routier dans les alentours de villes comme Bavay ou Thérouanne).
Au Moyen Âge, dans le Nord de la France, le réseau routier constitué par les chaussées Brunehaut facilite les relations avec les régions septentrionales. Ces chaussées pourraient résulter de la rénovation de très anciennes voies datant du néolithique, préservées et entretenues d'abord par les Gaulois, puis par les Romains. L'entretien des routes est assuré par la corvée, l'impôt en nature, sous forme de prestations imposées de travail ou d'apports de matériaux (cailloux, silex, chaux). En France, sous Louis XIV et Colbert, la création d'une administration spécifique - les futurs Ponts et chaussées - relance l'effort routier. Sous Louis XV, l'Aménagement du territoire est relancé : En 1764, les « chemins ferrés » sont créés par l'inspecteur général des Ponts et Chaussées Pierre Marie Jérôme Trésaguet2. Celui-ci rénove les techniques d'empierrement des chaussées et crée le corps des cantonniers.
Route de rondins de bois en Pologne,
1914, permettant de circuler malgré la boue.
Route de rondins de bois couverts de terre (Russie, 1914).
Daniel-Charles Trudaine, contrôleur général des Ponts et chaussées met en place - sous la direction d'ingénieurs bien formés - des services qui assurent des travaux de voirie de qualité et laisse un ouvrage de référence : l'Atlas routier de Trudaine. Après les périodes troublées de la Révolution et de l'Empire, la Restauration envoie des missions en Grande-Bretagne pour y étudier les nouveaux procédés. Dans ce pays : John Loudon McAdam a publié « The present system of road making », dans lequel il expose la méthode avec laquelle il a traité près de 300 km de routes pour les rendre plus résistantes à une circulation intense. Son idée est de remplacer les fondations faites avec des pierres par le dépôt sur un sol préalablement asséché et lissé une couche de petits cailloux, liés avec du sable et de l'eau, et qui seront tassés et agglomérés par le poids du trafic roulant. Thomas Telford autre ingénieur anglais utilise les mêmes méthodes et établit des préconisations pour le tracé et la réalisation des routes.
Au XIXe siècle, les techniques anglaises se diffusent en Europe. Le premier rouleau compresseur apparaît vers 18363. Le concasseur est mis au point en 1858 par Eli Whitney Blake, et le cyclindre compresseur à vapeur en 1859 par Louis Lemoine (ingénieur). Au début du XXe siècle, avec l'essor du trafic automobile mais aussi avec le développement de la bicyclette, qui avait besoin de chaussées de meilleure qualité, ces dernières, préalablement tassées au rouleau compresseur, sont revêtues de goudrons, de pavés bitumineux ou d'asphalte, comme déjà fait pour les trottoirs depuis le début du XIXe siècle. L'État ou l'autorité locale, qui est chargé de la construction et de l'entretien de routes, trottoirs et caniveaux qui lui appartiennent, tente souvent d'en reporter la responsabilité sur les riverains. Le goudronnage des routes est demandé en France dès 1901 pour se protéger de la poussière soulevée par les voitures. En 1913, on compte mille kilomètres de routes goudronnées en France4. La chaussée en béton n'apparaît qu'entre les deux guerres.
Typologie
Les routes peuvent être classifiées selon différents critères.
De nombreux pays, en concordance avec certains accords internationaux classent les routes en trois segments autoroutes, agglomérations, et hors agglomération hors autoroute, chacun sujet à des spécificités législatives.
Statut administratif
Selon l'intérêt de la route:
Quelques exemples de classifications :
Fonctionnalité
Les routes de grande liaison, comme les autoroutes, les routes de transit, pour lesquelles la fonction d'écoulement du trafic de transit à moyenne ou grande distance est privilégiée, et les routes multifonctionnelles. Cette classification est celle qui sert de référence à la conception des routes (pour la France, voir Typologie des routes pour leur conception en France).
Contexte géographique
- Les routes urbaines sont les routes ou rues qui traversent des agglomérations ;
- Les routes interurbaines ou routes dites« de campagne », qui ne traversent des agglomérations.
Parmi les routes qui ne traversent pas des agglomérations, on distingue :
- Les routes forestières, situées en forêt,
- Les routes de montagnes, soumises à des contraintes particulières d’aménagement et d’entretien.
- On parle parfois aussi de routes littorales (par exemple l'« autoroute des estuaires » en France)
Type d’usagers
Les routes réservées à certaines catégories d'usagers (cyclistes ou piétons) ont des dénominations spécifiques :
- Le réseau « véloroute et voies vertes » doit en Europe permettre la circulation des vélos à moindre risque.
- Les routes ou rues piétonnes ou chemins piétons sont réservées aux piétons.
Importance stratégique
Des routes stratégiques peuvent avoir été conçues à des fins militaires, afin d'y pouvoir circuler rapidement avec des véhicules militaires. Les voies romaines rectilignes relèvent de cette catégorie, ainsi que les premières autoroutes en Allemagne.
Mode d’exploitation et financement
Une partie importante des impôts nationaux ou locaux sert la construction, à l'entretien et à l'éclairage des routes. En général les routes gérées par un service public sont gratuites, mais des axes urbains (ex. : à Londres pour limiter l'engorgement) ou des grands ponts (route du pont de l'Öresundsbron reliant le Danemark à la Suède) peuvent être payants (écotaxe et/ou autre péage).
La mise en œuvre du service public à l’usager, comprenant la construction de la route et son exploitation, est alors déléguée à une société concessionnaire qui investit pour construire. En France, les autoroutes sont le plus souvent clôturées et payantes (concédées à des entreprises privées comme Vinci) alors que les autres routes sont d'accès gratuit. Quelques autoroutes ou voies à chaussées séparées (comme en région Bretagne) sont gratuites et gérées par l'État ou les collectivités locales : A75, A1, A84, contournement d'agglomérations grandes ou petites (comme à Courtenay - Loiret). Leur linéaire représente un peu plus du quart de celui des autoroutes payantes (concédées).
Revêtement
Dans les pays développés, les routes sont revêtues dans leur quasi-totalité d'un mélange de bitume et de gravillons appelé « enrobé », ou de dalles de béton. Dans une majorité de pays, le réseau routier est constitué à la fois de routes revêtues et de routes non revêtues.
Des alternatives futuristes indiquent que le revêtement de la chaussée pourrait devenir source d’énergie électrique ; soit par une couverture avec des panneaux photovoltaïques à la surface adhérente, ou bien avec des générateurs piézoélectriques.
Impact sur l'environnement
Au-delà de la seule pollution routière et de la pollution lumineuse quand elles sont éclairées, les impacts des routes sont nombreux et complexes, directs et indirects (via les remembrements qu'elles induisent par exemple). Ils varient selon le contexte et sont atténués ou au contraire amplifiés selon la manière dont la route est positionnée, construite, gérée, entretenue, éventuellement déneigée ; et surtout selon ses impacts secondaires. Ils ne sont pris en compte que très imparfaitement et depuis peu (par exemple, la loi française sur les études d'impacts ne date que de 1976) ; de plus, les évaluations scientifiques prévisionnelles (ex ante) des coûts et avantages se montrent généralement très différentes (et beaucoup plus optimistes) de celles étudiant les coûts et avantages réels (ex post)5.
Lorsqu'elle est bitumée, une route est une surface imperméabilisée et participe donc à l'artificialisation des sols.
En 2011, l'Agence européenne de l'environnement (AEE)6 estimait que la fragmentation, par les routes notamment, est devenue l'une des premières causes de régression de la biodiversité en Europe. Pour la première fois, l'AEE recommande de détruire des routes anciennes et peu utilisées ou dont la circulation est en baisse, plutôt que d'en construire de nouvelles, au profit du train et d'autres alternatives et en planifiant des contournements près des zones faunistiquement importantes, au lieu de continuer à construire des routes et voies ferrées les unes à côté des autres6.
Désignation particulière de certaines routes
Le terme « route », couplé avec une destination, est utilisé pour désigner administrativement tout ou partie de sa longueur : « route de Paris », « route de Marseille », « route du petit bois », « du stade », etc. Associé à un numéro, il sert à identifier précisément un endroit et à définir son adresseN 1. Par convention locale, ce numéro est soit séquentielN 2, soit linéaireN 3.
Si l'usage réserve habituellement le terme « route » aux voies hors agglomération, il existe encore de nombreuses exceptions.
La destination est l'usage le plus courant pour désigner une route, mais d'autres appellations existentN 4 qui, parfois, ont assuré sa célébrité.
Quelques routes célèbres
- la route de la soie, au nord de l'Inde ;
- Route 66, dans l'ouest des États-Unis ;
- la Grand Trunk Road, de l'Inde à l'Afghanistan ;
- les chemins de Saint Jacques, en Espagne ;
- la voie Appienne, la voie Domitienne et la voie Agrippa, voies romaines ;
- la route nationale 7, en France ;
- la route Napoléon, en France ;
- la route nationale 12 (France), en France ;
- la route nationale 4 en Belgique ;
- la Route 128, qui ceinture la ville de Boston ;
- la Route royale (Louis XIV) ;
- la route transcanadienne, au Canada ;
- la route des Yungas, en Bolivie ;
Notes et références
Notes
- On établit ainsi une adresse postale, fiscale, etc.
- Les numéros sont attribuées dans l'ordre (1, 2, 3, etc.) aux entrées des parcelles bâties avec répartition « pair, impair » de part et d'autre de la voie.
- Le numéro indique la distance depuis le début de la voie.
- Son numéro cadastral, un métier, un usage, etc.
Références
- Article « route » [archive], Centre national de ressources textuelles et lexicales.
- Michel Rival, Grandes Inventions de L'humanité, Larousse Paris, 2005 (ISBN 978-2-0350-5450-0)
- Michel Rival, op.cit., et Paul Bissegger, « Le rouleau compresseur, une innovation du XIXe siècle en génie civil. Développement international et introduction en Suisse romande, particulièrement dans le canton de Vaud », Revue suisse d'histoire. 1990, pp. 361-381
- Jean Billard, Laboratoire central des ponts et chaussées (LCPC), « Abrégé d'histoire des routes : Au vingtième siècle jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • http://www.lcpc.fr/fr/sources/hist_routes/hr_09.dml" rel="nofollow" class="external text">Google • Que faire ?)
- Flyvbjerg B (2009), Survival of the unfittest: why the worst infrastructure gets built—and what we can do about it | Oxford Rev. Econ. Policy 25, 344 |résumé [archive]
Voir aussi
Bibliographie
Mathieu Flonneau et François Orfeuil, Vive la route ! Vive la république !, Editions De l'Aube, coll. « L'Urgence de comprendre », , 176 p. (ISBN 978-2815914512, lire en ligne [archive]).
Articles connexes
- Lexique moderne
- Lexique ancien
- Dangers
- Conception, entretien
- Autres
Liens externes
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Autoroute
Une autoroute est une voie de communication routière à chaussées séparées, réservée à la circulation à vitesse élevée des véhicules motorisés (automobiles, motos, poids lourds, cars et bus). Elle ne comporte aucun croisement à niveau et les deux sens de circulation sont séparés par un terre-plein central ou une glissière de sécurité. La chaussée est bordée sur le côté extérieur par une bande d'arrêt d'urgence (BAU).
Des entrées-sorties sont régulièrement proposées pour passer du réseau routier ordinaire à l'autoroute et réciproquement, ainsi que des aire de repos. Des aménagements spécifiques1, appelés échangeurs, permettent de passer d'une autoroute à une autre.
Une définition internationale du concept d'autoroute a été adoptée lors de la convention de Vienne sur la circulation routière ; elle est suivie par de nombreux pays européens, mais certains pays non signataires peuvent avoir une conception différente, basée sur des définitions plus locales, notamment en Amérique du Nord, en Océanie et en Asie.
Dans certains pays, les appellations voie rapide et voie express (ou semi-autoroute en Suisse) semblent plutôt réservées au réseau routier traditionnel, partiellement mis aux normes autoroutières (élargissement de voies, chaussées séparées et déviations d’agglomérations) et partiellement non mis aux normes. L'existence de voie rapide ou de voie express peut parfois être une étape intermédiaire et longue pour passer d'un réseau traditionnel à un réseau autoroutier.
Le concept d'autoroute naît en Allemagne avec l'AVUS en 1909. La première autoroute au monde (en italien : autostrada), l’autoroute des Lacs a été construite en Italie en 1924 pour relier Milan à la région des lacs (85 km).
Par analogie, on parle d’autoroutes de l’information2 pour qualifier les réseaux de communication à haut débit qui permettent l’échange abondant et rapide de données entre systèmes informatiques.
Définition
Chaque pays ou organisation peut définir ses propres standards d'autoroutes. Toutefois, certaines définitions internationales ont été données parfois dans des documents internationaux, ce qui permet d'avoir également des traductions de références de ce mot. Dans d'autres langues, on parle ainsi d' Autobahn (allemand), d'autostrada (italien), ou de motorway (anglais).
Parmi les définitions de référence internationale, on trouve :
Définitions d'autoroute (international)
Convention de Vienne sur la signalisation routière | Association mondiale de la route (AIPCR)4 |
Autoroute
Le terme « autoroute » désigne une route qui est spécialement conçue et construite pour la circulation automobile, qui ne dessert pas les propriétés riveraines et qui :
- Sauf en des points singuliers ou à titre temporaire, comporte, pour les deux sens de la circulation, des chaussées distinctes séparées l’une de l’autre par une bande de terrain non destinée à la circulation ou, exceptionnellement, par d’autres moyens ;
- Ne croise à niveau ni route, ni voie de chemin de fer ou de tramway, ni chemin pour la circulation de piétons ;
- Est spécialement signalée comme étant une autoroute5
Dans les pays qui appliquent la convention de Vienne, un symbole bleu ou vert (exemple : ) indique l'entrée des autoroutes. La sortie est indiquée par un autre symbole :
|
Autoroute
Route spécialement conçue et construite exclusivement pour la circulation automobile, qui ne dessert pas les propriétés riveraines et qui :
- Sauf en des points singuliers ou à titre temporaire, comporte, pour les deux sens de circulation, des chaussées distinctes séparées l'une de l'autre par un terre-plein non circulé ou, exceptionnellement, par d'autres moyens ;
- Ne croise à niveau ni route ou autoroute, ni voie de chemin de fer ou de tramway, ni chemin pour la circulation de piétons ;
- Est spécialement signalée et est réservée à certaines catégories de véhicules routiers automobiles.
|
Toutefois, ces définitions ont sans doute moins de poids aux États-Unis et en Amérique du Nord, où l'ITE (incluant CITE) ont défini, dans la langue anglaise, le terme de freeway.
Caractéristiques
Une autoroute présente plusieurs caractéristiques :
- elle comporte deux chaussées à sens unique, séparées par un terre-plein central (TPC) ou une double glissière de sécurité, ce qui rend très improbables les chocs frontaux ;
- chaque chaussée comporte une ou plusieurs voies de circulation, ainsi qu'une bande d'arrêt d'urgence (BAU) sur le côté extérieur de celle-ci, laquelle est en général également bordée par une glissière de sécurité ou un terre-plein et qui permet de s'arrêter en cas d'urgence sans gêner la circulation. Sur certaines portions réduites, la BAU est inexistante : la vitesse limite est alors abaissée.
Une autoroute peut être équipée de bornes d'appel d'urgence : en France, elles sont disposées tous les 2 000 mètres. Leur utilisation permet aux secours de localiser rapidement l'appelant, ce qui permet à l'usager, en cas de problème mécanique, de demander de l'assistance grâce à ces bornes. Une autoroute ne comporte aucun croisement à niveau, l'accès et la sortie se faisant par des bretelles dont le tracé comporte une partie tangentielle à la chaussée, appelée « voie d'insertion » qui permet au véhicule entrant d'adopter la vitesse du flux de circulation pour pouvoir mieux s'y intégrer (tout en cédant la priorité aux véhicules circulant déjà sur l'autoroute) et « voie de décélération » qui permet au véhicule de ralentir sa vitesse pour quitter l'autoroute, sans gêner la circulation générale. Les croisements entre autoroutes et avec le réseau routier ordinaire se font par des échangeurs6.
Cette infrastructure permet de rouler à des vitesses moyennes nettement plus élevées que celles permises sur les routes normales tout en conservant un niveau de sécurité acceptable.
L'autoroute constitue un monde clos au sens propre (délimité par des clôtures) et dispose de services aux automobilistes : station-service, aires de repos, restaurants appelés « restoroutes ».
On distingue également les notions d'autoroutes, d'autoroutes urbaines, de voies rapides, et de voies rapides urbaines.
Coûts
Cout de construction des autoroutes en 1998, M€/km selon le ministère français de l'Équipement7
|
Hors zone urbaine, facile (réalisée) | Hors zone urbaine, facile (projet) | Site très difficile | Zone urbaine |
Espagne |
1,9 |
|
× 2,6 |
3,8 |
Italie |
7,5 |
12,5 |
× 4 |
25-35 (achevées), 35-45 (en projet) |
Wallonie |
2,3 |
2,6 |
|
|
Danemark |
2,4 |
2,7 |
|
|
Suède |
2,9 |
|
× 2,4 |
5,8 |
France |
4,8 |
5,2 |
× 2,4 (achevées), × 4 (en projet) |
13,9 |
Allemagne |
5,3 |
6,4 |
× 2 |
10,6-42,4 |
Portugal |
1,8 |
|
× 2,8 |
|
Luxembourg |
9,3 |
|
× 1,9 |
8,8 |
Suisse |
13,1 |
|
× 6,4 |
65,7 |
Finlande |
|
|
|
3,3 |
Selon le Service d'études sur les transports, les routes et leurs aménagements (Sétra), un kilomètre d'autoroute coûte en France environ 6,2 millions d'euros8 ; coût auquel il faut ajouter celui de l'entretien (de 70 000 à 100 000 euros/an et par km) et de la surveillance. Selon les autoroutiers, le coût de construction d'une autoroute est compris entre 5 et 9 millions d'euros par kilomètre, mais d'après le site info-autoroute.com, il pourrait atteindre « les 25 millions d'Euros (160 MF) du km sur certaines sections »9.
Les autoroutes les plus chères d'Europe sont celles construites dans les reliefs de la Suisse, avec un coût de 65 millions d'euros au kilomètre. Le Duplex A86 entre Rueil Malmaison et Versailles avec ses 10 km pour un coût de 2,4 milliards d'euros (soit 244 millions d'euros du kilomètre) est l'autoroute la plus chère de France. [réf. nécessaire].
Trois systèmes de tarification existent en Europe10 :
- autoroutes à péage : France, Espagne, Italie, Pologne10 ;
- autoroutes à vignette : Suisse, Autriche, Hongrie, Roumanie, Bulgarie10 ;
- autoroutes subventionnées par la collectivité : Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Suède, Finlande10.
L'une des autoroutes les plus chères d'Europe à 26 millions d'euros par kilomètre est construite par la Chine sur la partie de la route européenne 763 traversant Monténégro : l’État monténégrin doit payer l'autoroute avant que celle-ci ne soit achevé, en cas de non paiement, le contrat prévoit que la Chine peut demander le paiement de l'intégralité du crédit de manière anticipée, y compris des terres de compensation, avec pour seule autorité d'arbitrage la justice chinoise11.
Signalisation
Au niveau mondial, des pictogrammes distinctifs sont utilisés pour désigner la plupart des différents systèmes d'autoroutes.
Pictogrammes
En Amérique du Nord, au Brésil, en Corée du Sud et en Australie (partiellement), les pictogrammes autoroutiers ont la forme d'un bouclier stylisé, incluant le numéro de l'autoroute et parfois d'autres informations comme, au Canada, le nom de la province traversée. Par exemple, bleu avec un entête rouge représentant un viaduc enjambant une autoroute dans le cas du Québec pour représenter le système provincial d'autoroutes.
En Europe et dans la plupart des pays du monde, les pictogrammes utilisés sur les différents réseaux autoroutiers pour représenter le type de réseau ont la même symbologie : deux bandes entrecoupées d'un pont sur fond uni de forme rectangulaire ou carrée. Ces pictogrammes d'entrée et de sortie d'autoroute sont en effet deux des signaux définis par la Convention de Vienne sur la signalisation routière signée notamment par des pays européens.
En France, le panneau C207 est carré. Il annonce le début d’une section d’autoroute et donc le début de l’application des règles particulières de circulation sur autoroute.
En dehors des boucliers et du pictogramme européen, une grande variété de signes existent.
D'autres pictogrammes sont utilisés sur autoroutes annonçant les barrières de péage, les refuges, les aires de repos ou les aires de services, etc. Certains sont définis dans la convention de Vienne, dans la catégorie Signaux d’information, d’installation ou de service.
Panneaux autoroutiers
Couleur des panneaux autoroutiers en Europe.
Dans la plupart des pays du monde, les panneaux directionnels de l'ensemble des réseaux autoroutiers sont bleus ou verts selon les pays, ces deux couleurs étant autorisées par la Convention de Vienne de 1968.
La taille des panneaux est adaptée à la vitesse, afin qu'ils puissent être lus de loin.
Visibilité des intervenants
Les personnels intervenant sur les autoroutes (personnels des sociétés d'exploitation, sapeurs-pompiers, police, ouvriers des travaux publics…) doivent avoir une tenue à haute visibilité. Dans l'Union européenne, les vêtements doivent suivre la norme EN 471 ; les vêtements doivent avoir au minimum :
- 0,80 m2 de surface fluorescente (en général jaune ou orange fluo), soit 80 dm2 ou 8 000 cm2 ;
- 0,20 m2 de surface rétro-réfléchissante (en général sous la forme de quatre bandes de 5 cm de haut, deux aux jambes et deux sur la veste), soit 20 dm2 ou 2 000 cm2.
Dans certains pays, les patrouilles et rondes des compagnies d'assistance ou d'automobile club ont aussi des couleurs facilement repérables…
Limitations de vitesse
Par construction et par conception une autoroute autorise des vitesses supérieures à une route ordinaire.
Sans ou limite temporaire |
Allemagne |
Pas de limitation générale sur 66,5 % des tronçons autoroutiers allemands (8 600 km). Parmi ces 66,5 %, environ 15 % est à limite variable/temporaire (entre 80 et 120 km/h, plus rarement 140 km/h), soit 2 000 km. Dans tous les cas la vitesse conseillée est de 130 km/h. En zone urbaine le réseau est généralement limité à 120 km/h ou à 100 km/h, soit sur 33,5 % du réseau (4 350 km)13. Jugement du BGH du 17 mars 1992 - VI ZR 62/91. |
Colombie |
Vitesse non limitée sur autoroutes, 100 km/h en afueras, 80 km/h en zones urbaines. |
140 |
Bulgarie |
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Pologne |
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130 |
Afrique du Sud |
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Autriche |
Les sections de test limitées à 140 km/h ont pris fin en mars 202014. |
Bosnie-Herzégovine |
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Chine |
Selon les provinces: 130 à 100 km/h. |
Croatie |
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Danemark |
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États-Unis |
Selon l'état: généralement 75 à 80 milles par heure (121 à 129 km/h) |
France |
110 km/h par temps de pluie (mais 50 km/h si visibilité inférieure à 50 mètres) ainsi que pour les jeunes conducteurs. |
Grèce |
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Hongrie |
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Îles Féroé |
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Italie |
110 km/h par temps de pluie, 150 km/h suivant signalisation et concessions (jamais appliqué) [réf. nécessaire]. |
Lituanie |
110 km/h en hiver. |
Luxembourg |
110 km/h par temps de pluie. |
Pays-Bas |
100 km/h en journée (entre 6h et 19h), limite de 130 km/h la nuit (entre 19h et 6h). En zone urbaine, toujours 100 km/h. |
République tchèque |
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Roumanie |
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Serbie |
60 km/h en cas de neige |
Slovaquie |
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Slovénie |
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Ukraine |
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120 |
Algérie |
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Azerbaïdjan |
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Belgique |
120 km/h sur les autoroutes principales. |
Biélorussie |
120 km/h sur les autoroutes principales, 90 km/h sur toutes les autres. |
Chili |
120 km/h sur autoroutes en zones rurales, 80–100 km/h sur autoroutes en zones urbaines. |
Côte d'Ivoire |
60 / 90 / 120 km/h |
Émirats arabes unis |
140 km/h dans l'émirat d'Abou Dabi, sauf sur l'autoroute E66 reliant Dubai à Al Ain (120 km/h). 120 km/h dans le reste du pays. 100 km/h en zones urbaines avec zones limités à 80 km/h. |
Espagne |
120 km/h sur la majorité des autoroutes en zone rurale. |
Finlande |
100 km/h en hiver. |
Iran |
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Irlande |
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Japon |
80 km/h, 100 km/h ou 120 km/h |
Macédoine |
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Maroc |
120 km/h pour les voitures légères en général, avec des limitations de vitesse inférieures dans certains tronçons et/ou pour certains types de véhicules. |
Monténégro |
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Oman |
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Portugal |
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Suisse |
100 km/h pour les autocars, 80 km/h pour les camions ainsi que tous les véhicules avec remorque15. Limitations de vitesses particulières (100 km/h ou 80 km/h) selon la configuration du lieu : tunnel, autoroute en agglomération, échangeur autoroutier, etc. |
Turquie |
|
110 |
Canada |
Selon les provinces : 120 km/h en Colombie-Britannique, 110 km/h au Nouveau-Brunswick, en Alberta, au Manitoba, en Nouvelle-Écosse et en Saskatchewan. 100 km/h en Ontario, au Québec et à Terre-Neuve. |
Estonie |
90 km/h en hiver. |
Israël |
16 |
Japon |
80 km/h, 100 km/h sur quelques-unes, 110 km/h sur d'autres. |
Mexique |
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Moldavie |
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Russie |
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Suède |
120 km/h sur certaines portions autoroutières. |
Tunisie |
90 km/h en cas de pluie. |
100 |
Chypre |
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Lettonie |
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Norvège |
De rares portions sont limitées à 110 km/h. |
Pays-Bas |
100 km/h en journée (entre 6h et 19h), limite de 130 km/h la nuit (entre 19h et 6h) |
Viêt Nam |
80 km/h en cas de pluie. |
90 |
Arménie |
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Islande |
90 km/h sur la voie rapide Reykjavik/Keflavik, 80 km/h en zone urbaine. |
Kazakhstan |
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Par continents
Afrique
Amérique du Nord
Au Canada, la gestion des autoroutes relève des autorités provinciales. Cela dit, il arrive que dans certaines provinces, les autoroutes soient peu développées tandis que dans d'autres, elles le sont. Aussi, le type de numérotation et l'icône varie grandement avec les provinces. Les autoroutes ontariennes sont numérotées entre 400 et 499. Elles sont généralement limitées à 100 km/h et la plupart sont gratuites, à l'exception de l'autoroute 407.
Au Québec, la classification d'une route en autoroute ne correspond pas à une norme établie (contrairement à ce qui se fait en Europe) : le gouvernement classe les routes au cas par cas en autoroute selon la Loi sur la voirie : « Le gouvernement peut, par décret, identifier les autoroutes de l'État. Il peut, de la même manière, déclarer qu'une route est une autoroute. Cette route devient alors, sans indemnité, la propriété de l'État à compter de la publication de ce décret à la Gazette officielle du Québec »17.
Le système d'autoroutes dans la province de Québec est un réseau qui fonctionne selon le même principe que le système Interstate highway aux États-Unis. Les autoroutes sont l'épine dorsale du système routier du Québec, qui comporte près de 20 000 kilomètres de routes. La limite de vitesse sur les autoroutes du Québec est de 100 km/h (60 km/h minimum) dans les secteurs ruraux et de 70 km/h à 90 km/h dans les secteurs urbains. Les autoroutes sont identifiées par les boucliers bleus et rouges et au-dessus, une image rouge représentant un pont qui croise une route. Les autoroutes du Québec sont numérotées de 1 à 99 dans le cas de principaux itinéraires, et de 400 à 999 dans le cas des itinéraires secondaires ou de déviation. Les itinéraires sont conçus pour que les camions puissent éviter les secteurs urbains. Dans le cas des itinéraires de déviation, le préfixe de centaines est pair (400, 600 ou 800), tandis que les itinéraires collecteurs ont des préfixes impairs (500, 700 ou 900). Un itinéraire de déviation sert à offrir un trajet alternatif qui évite un centre urbain par exemple, alors qu'un itinéraire collecteur sert à relier un secteur à une autoroute principale. Par exemple, l'A-40 est un itinéraire principal, l'A-640 est un itinéraire de déviation, et l'A-740 est un itinéraire collecteur liant l'A-40 aux autres autoroutes.
Les autoroutes impaires vont du sud au nord et sont numérotées en partant de l'ouest (ex.: l'A-5 en Outaouais est la plus à l'ouest et l'A-85 dans le Bas-Saint-Laurent est la plus à l'est), alors que les autoroutes paires vont de l'ouest à l'est et sont numérotées en partant du sud (ex.: l'A-10 entre Montréal et Sherbrooke est la plus au sud et l'A-70 au Saguenay–Lac-Saint-Jean est la plus au nord) exactement sur le même principe que les Interstate américains. Les autoroutes sont aussi identifiées en utilisant leur nom, par exemple, une section de l'A-15 à Montréal est communément appelée « autoroute Décarie ».
Les premières autoroutes aux États-Unis sont apparues dans l'agglomération new-yorkaise durant les années 1920 et 1930 ; les premières autoroutes interurbaines sont la Merritt Parkway, dans le Connecticut, et le Pennsylvania Turnpike (le trajet de Carlisle à Irwin), les deux ouvertes en 1940. L'Arroyo Seco Parkway qui relie Pasadena à Los Angeles s'est ouverte en 194118. C'est à la fin des années 1950 que l'Interstate Highway System est mise en chantier. Il offre un réseau d'autoroutes gratuites entre les principales villes du pays.
Les autoroutes inter-urbaines aux États-Unis comprennent, d'habitude, deux voies pour chaque sens. Dans les grandes villes, les voies se multiplient. Certaines autoroutes urbaines ont des voies expresses où l'accès est plus limité et où les camions sont fréquemment interdits. Quelques-unes ont des voies expresses qui sont partagées par les deux sens et sont réservées aux voitures qui entrent au centre-ville le matin et les voitures sortantes le soir (exemple : l'autoroute Kennedy à Chicago).
Les autoroutes américaines sont numérotées selon la direction qu'elles suivent et le lieu où elles se trouvent. Les numéros inférieurs se trouvent dans le Sud et dans l'Ouest du pays, et les numéros impairs indiquent les autoroutes de direction nord-sud, et les numéros pairs indiquent les autoroutes de direction est-ouest.
Au Mexique, les autoroutes sont appelées « Autopistas » et sont payantes. En milieu urbain, ces dernières prennent le nom de « Libramiento », ces tronçons sont limités à 80 km/h et comprennent entre deux et quatre voies dans chaque sens. En revanche, en milieu rural, les autopistas sont limitées à 110 km/h et sont rarement composées de plus de deux voies dans chaque sens.
Amérique du Sud
Asie
En Corée, la politique d'aire de repos et de service autoroutière a été d'intercaler entre les aires de service (chaque 40 kilomètres) des aires de repos (chaque 19,4 kilomètres) pour réduire l'accidentologie liée à la fatigue de 15% et pour les accidents tueurs de 38%19.
Europe
En Europe, les concessionnaires d'autoroutes sont très nombreux. En France, le réseau ASF est le premier concessionnaire français, et en Europe il se situe au deuxième rang après l'entreprise italienne Autostrade per l'Italia.
Les réseaux autoroutiers européens sont constitués sur des bases nationales.
Dans la plupart des pays d'Europe, les autoroutes sont classées dans des catégories séparées, avec un numéro préfixé par une lettre : A en France, Allemagne, Italie, Suisse, Pays-Bas et Belgique, M au Royaume-Uni et en Irlande. En Suède, en Finlande, en Lituanie, en Norvège, en Russie, en Biélorussie et au Danemark, toutefois, le numéro d'une route indique son importance plutôt que son format : une route normale de même importance qu'une autoroute suivra le même schéma de numérotation.
La notion de route européenne peut s'ajouter à ces différentes numérotations.
Allemagne
Histoire
En Allemagne, les Autobahnen furent d'abord conçues, planifiées et construites dans un cadre limité pendant la république de Weimar à la fin des années 1920, sur imitation de l'exemple italien, mais à part l’AVUS à Berlin on ne dépassa pas le stade des projets à cause des problèmes économiques et du manque de soutien politique. L’un des projets d'initiative privée, HaFraBa, qui prévoyait une « route réservée aux voitures » (le terme « Autobahn » ne fut créé qu’en 1929) traversant l’Allemagne du nord au sud depuis Hambourg jusqu'à Bâle en Suisse en passant par Francfort.
Quelques jours après la prise du pouvoir par les nazis en 1933, Adolf Hitler adopta avec enthousiasme un projet de construction d’autoroutes et nomma Fritz Todt comme inspecteur général. Rapidement, plus de 100 000 personnes furent mobilisées partout en Allemagne dans l'Organisation Todt. Non seulement elle procurait des emplois, mais elle améliorait l'infrastructure nécessaire pour les efforts de rétablissement économique ; le projet fut aussi un grand succès de propagande. Un autre but était de renforcer le centralisme et l'unité nationale.
Le cinéaste Veit Harlan déclare à ce sujet :
« J’ai entendu Hitler parler de façon fort pertinente, d’autoroutes. Il faisait des croquis de croisements et d'échangeurs qui, aujourd'hui, nous paraissent tout naturels alors qu’à cette époque ils étaient sans précédent. Il parlait aussi du danger de la monotonie des autoroutes qui risquait de faire sombrer les conducteurs dans l’assoupissement et il proposait des solutions pour remédier à cet écueil. Il ne voulait pas entendre parler de radio à l'intérieur des véhicules. La limitation de vitesse, à son avis, augmentait le péril du sommeil au volant20. »
La première section, de Francfort à Darmstadt, fut ouverte en 1935. Les lignes droites furent utilisées pour établir des records de vitesse par les équipes de course de grand prix de Mercedes-Benz et Auto Union jusqu'à l'accident fatal du populaire coureur allemand Bernd Rosemeyer au début de 1938. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Autobahn furent utilisées comme aérodromes auxiliaires, les avions étant garés dans les nombreux tunnels ou camouflés dans des bois avoisinants.
Pendant la guerre, de nombreuses sections étaient très endommagées par les bombardements alliés. Dans la partie occidentale, elles furent rapidement réparées, mais dans la zone orientale, contrôlée par les Soviétiques et le gouvernement polonais, elles furent négligées et restèrent longtemps des ruines à l'exception des trois corridors de transit entre la RFA et Berlin-Ouest. Dans les années 1980, fut mise en place une politique consistant à équiper la RFA de manière que chaque ménage soit situé à moins de 10 km d'une bretelle d’accès. Après la réunification, les efforts se sont portés sur la partie orientale (ex-RDA).
Densité actuelle
En 2010, le réseau était long de 11 980 km, se classant troisième derrière celui de la Chine et celui des États-Unis. Sur une grande partie du réseau, la vitesse n'est pas limitée, sauf lorsque les conditions climatiques sont difficiles ou la circulation très dense ; la vitesse est également limitée à proximité des grandes agglomérations ou en cas de nuisances sonores pour les riverains. Certaines sections sont à trois voies, plus une voie d’urgence, voire à quatre voies — par exemple la A5 au sud de Francfort —, mais il reste encore quelques rares sections sous leur forme originale à deux voies sans voies d’urgence et avec des rampes d'accès très courtes. Les autoroutes allemandes sont gratuites pour les voitures particulières. Depuis le 1er janvier 2005, les poids lourds doivent payer pour avoir le droit de les emprunter, l'objectif étant de les faire contribuer au financement de l'entretien et de l'extension du réseau.
Encombrement et vitesse de circulation
En absence de limitation précisée, aucune vitesse maximum n'est fixée sur autoroute. Cette absence de limitation de vitesse concerne 66,5 % du réseau sur les 11 980 kilomètres de réseau autoroutier que compte le pays13.
En principe, les véhicules lourds ne peuvent engager un dépassement et doubler un autre véhicule si leur vitesse n'est pas supérieure d'au moins 20 km/h à celle du véhicule de la voie de droite.
Belgique
La vitesse maximale autorisée sur les autoroutes belges et portions de routes 2×2 bandes équipées de glissière de sécurité est de 120 km/h sauf indication du contraire. Les routes et autoroutes belges sont gratuites pour tous les usagers. Une proposition visant à faire payer une vignette aux usagers étrangers (les Belges la verraient déduite de leur taxe de circulation) est à l'étude mais celle-ci est de plus en plus contestée par une très faible minorité au sein du gouvernement et beaucoup moins par la population.
Depuis les années 1988-198921, ce sont les autorités régionales qui ont en charge l'équipement et l'entretien des autoroutes et routes anciennement nationales. Cela peut mener à certaines incongruités sur les routes et autoroutes franchissant plusieurs fois les frontières régionales : les éclairages ont des horaires différents, la langue des fléchages varie, de même pour les revêtements de sol, etc. Par ailleurs, ce système crée parfois des conflits lorsqu'on estime qu'un point de ces routes doit subir des entretiens/modifications et qu'elle se situe à la frontière entre deux régions. Il arrive alors que ces régions se rejettent entre elles la responsabilité des travaux. Le Carrefour Léonard est un exemple connu, se situant à cheval sur la région de Bruxelles-Capitale et la Région flamande (cependant, à la suite de l'accord du 17 juin 1991 entre les trois Régions de Belgique sur les routes dépassant les limites régionales, le carrefour Léonard est géré par la Région flamande).
Particularité belge, les autoroutes sont équipées en continu d'éclairage. En Région flamande, cet éclairage est coupé la nuit durant les heures de faible utilisation (de minuit à 6 heures). Le gouvernement Wallon a décidé d'éclairer ses autoroutes en hiver depuis le 30 novembre 2010[réf. nécessaire]. Le réseau autoroutier belge figure parmi les plus denses d'Europe et a été construit majoritairement entre les années 1960 et 1980. Particularité linguistique, les Belges francophones ont adopté le mot d'origine néerlandaise (mais aussi anglaise) « ring » pour désigner le contournement autoroutier d'une ville (ce que les Français appellent une rocade ou un périphérique). Les principales villes équipées de ring sont Bruxelles (R0 : Ring zéro), Anvers, Charleroi ; d'autres villes ont un contournement partiel telle que Liège. De la même façon les Belges francophones ont adopté le mot français d'origine néerlandaise berme pour désigner le dispositif (talus, glissière de sécurité) séparant les deux sens de circulation.
Depuis mars 2007, certaines portions d'autoroutes belges sont limitées à 90 km/h lorsqu'on estime avoir atteint un pic de pollution. Les autoroutes sur lesquelles la règle est appliquée sont équipées d'un panneau de signalisation limitant la vitesse à 90 km/h accompagné d'une indication « SMOG ». Par ailleurs, cette règle a créé une série de problèmes lors de son instauration : automobilistes peu informés de l'entrée en vigueur de cette règle, signification du terme « smog » ambiguë (terme pouvant se rapporter au brouillard pour certains, pensant alors que la limitation était imposée en cas de présence de brouillard), panneau de signalisation placé du côté droit de l'autoroute et non au milieu également, première application de la règle moins d'un jour après le placement des panneaux de signalisation, application de la règle au jour le jour et information via les médias uniquement… On estime que, lors des contrôles sur les premières heures de l'application de cette règle, 20 à 30 % des automobilistes ont été pris en flagrant délit en excès de vitesse. Des milliers d'amendes étaient à dénombrer au début de l'application de cette nouvelle règle. Tout ceci a suscité rapidement une série de polémiques.
France
Panneau « Autoroute » français
En France, la majeure partie du réseau autoroutier est concédée à des sociétés à capitaux privés, soit 9 048 kilomètres sur 11 882 kilomètres début 2014.
La première autoroute en France est inaugurée le 9 juin 1946 entre Saint-Cloud et Orgeval (section intégrée désormais dans l’A13)22.
Sociétés d'exploitation
Depuis plusieurs années, l'État se désengage progressivement de ces sociétés :
- En 2002, l'État met sur le marché 49 % du capital des Autoroutes du Sud de la France (ASF).
- En 2004, la Société des autoroutes du Nord et de l'Est de la France (Sanef) et la Société des autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR) font à leur tour l'objet d'une privatisation partielle.
- Le , l'État annonce la vente de sa participation restante dans les trois sociétés ASF, Sanef et APRR, vente qui sera conclue en 2006 :
- Le groupement Eiffarie (Eiffage associé au fonds australien Macquarie) a repris le groupe APRR (APRR et AREA).
- VINCI a pris le contrôle du groupe ASF (ASF et Escota), dont il détenait déjà 23 % du capital.
- Le réseau du groupe Sanef (Sanef, Bip&Go et SAPN) revient au consortium HIT (Holding d’Infrastructures de Transport SAS) dirigé par l'entreprise espagnole Abertis.
- En 2006, VINCI a pris les parts d'Eiffage chez Cofiroute, car Eiffage souhaite tout investir chez APRR. Ainsi le groupe VINCI Concessions dirige le plus de kilomètres d'autoroutes en France, avec ASF, Cofiroute, Escota et Arcour.
Normes autoroutières
Le Code de la voirie routière, reprenant notamment la loi du 23, dote les autoroutes d'un statut juridique particulier. « Les autoroutes sont des routes sans croisement, accessibles seulement en des endroits aménagés à cet effet et réservées aux véhicules à propulsion mécanique » (article L122-1). Rien n'interdit donc d'imaginer une autoroute à voie unique dans chaque sens, même si cela apparaît peu probable (toutefois, certaines routes - telles que certaines sections de la Route Centre-Europe Atlantique, de l'A623 ou de l'A85 à Langeais -, rappellent par leur aménagement l'aspect de cette hypothétique autoroute à 2×1 voies même si elles n'en portent pas le statut, seule exception faite de l'A51 Marseille-Grenoble entre Pont de Claix et le col de la Croix-Haute). Les bretelles d'accès sont en particulier à voie unique ; la situation voie unique peut également exister en cas de neige ou de travaux. Des voies rapides telles que les routes limitées à 110 km/h ou les boulevards périphériques de Paris et de Lyon présentent certaines caractéristiques des autoroutes sans en posséder le statut légal (la règle de la priorité à droite est notamment conservée pour le périphérique parisien).
Contrairement à la voirie de droit commun, les riverains ne bénéficient pas d'un droit d'accès ; les points d'échanges sont limités et sans croisement. Seules certaines catégories de véhicules y ont accès (en sont notamment exclus les piétons, les cycles, cyclomoteurs, voiturettes, ainsi que les quads même lourds, et d'une façon générale les véhicules non motorisés ou particulièrement lents, cf. l'article R421-2 du code de la route). En principe, le domaine public autoroutier est réservé au seul usage routier, ce qui y interdit l'installation de câbles, conduites ou pylônes non directement liés à sa mission.
Barrière de péage de Toulouse-Sud, sur l'A61
Le système autoroutier français est en grande partie à péage. En 2017, il comporte 11 618 kilomètres d'autoroutes24. Les péages sont basés sur un forfait ou sur la distance parcourue.
En France, selon l'article R413-2 du code de la route, la vitesse maximum est fixée à 130 km/h en rase campagne (110 km/h par temps de pluie, 50 km/h en cas de brouillard dense) ; c'est l'une des vitesses limite les plus élevées d'Europe et d'Amérique du Nord.
La vitesse est limitée à 110 km/h dans les zones urbaines et dans certaines sections de tracé plus difficiles (100 km/h par temps de pluie), voire à 90 km/h dans certaines zones, comme le périphérique de Toulouse et même 70 dans des zones sensibles (virages très serrés, zone urbaine très dense). On peut trouver une section limitée à 80