Bibliothèque
Une bibliothèque (du grec ancien βιϐλιοθήκη : biblio, « livre » ; thêkê, « dépôt ») est le lieu où est conservée et lue une collection organisée de livres. Il existe des bibliothèques privées — y compris de riches bibliothèques ouvertes au public — et des bibliothèques publiques. Les bibliothèques proposent souvent d'autres documents (journaux, périodiques, enregistrements sonores, enregistrements vidéo, cartes et plans, partitions) ainsi que des accès à internet et sont parfois appelées médiathèques.
La majorité des bibliothèques (municipales, universitaires) permettent gratuitement la consultation sur place ainsi que le prêt de documents. D'autres, comme la Bibliothèque publique d'information et la bibliothèque nationale de France notamment, n'autorisent que la consultation sur place. Elles peuvent alors être divisées en salles de lectures, ouvertes au public, et en magasins bibliothécaires, fermés, pour le stockage de livres moins consultés. D'autres espaces, ouverts ou non au public, peuvent s'ajouter.
En 2010, avec plus de 144,5 millions de documents, dont 21,8 millions de livres, la plus grande bibliothèque du monde est la bibliothèque du Congrès à Washington D.C.. Néanmoins, la collection cumulée de livres des deux bibliothèques nationales russes atteint 32,5 millions de volumes et la collection de la British Library 150 millions d'articles. D'après l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture1 la plus vieille bibliothèque du monde encore en activité est la bibliothèque Al Quaraouiyine de Fès au Maroc, elle renferme quatre mille manuscrits d'une valeur inestimable ayant appartenu à des scientifiques universels comme le géographe Al Idrissi, le botaniste Al-Ghassani, ou encore le médecin Avenzoar2.
Histoire
Antiquité
Les bibliothèques apparaissent avec le besoin d'organiser la conservation et le travail des textes. Ces lieux dépendent des pouvoirs religieux et politiques, en proportion variable selon les civilisations. À Ninive, les archéologues ont retrouvé dans une partie du palais des rois d'Assyrie, vingt-deux mille tablettes d'argile, correspondant sans doute à la bibliothèque et aux archives du palais. En Égypte, les « maisons de vie », situées à proximité des temples, abritaient des bibliothèques où officiaient des bibliothécaires-enseignants dont les cours étaient réputés, y compris hors du pays. En Grèce, la tradition attribue l'ouverture de la première bibliothèque à Athènes aux Pisistratides, quoique cette assertion ait été remise en cause3.
La plus célèbre bibliothèque antique est celle d'Alexandrie, en Égypte, créée au IIIe siècle av. J.-C. Les rois hellénistiques ayant du mal à légitimer leur pouvoir aux yeux des Égyptiens autochtones, ils se devaient de mener une politique d'évergétisme, afin d'apparaître comme bienfaiteurs. Ils constituaient et entretenaient de grandes bibliothèques ouvertes au public, dans des complexes culturels (musée, gymnase). Le coût de ces équipements était très élevé car, outre le prix d'achat ou de copie des livres et du papyrus, que l'on ne trouvait qu'en Égypte, il fallait recopier les ouvrages régulièrement puisqu'ils s'abîmaient rapidement. Les rois entretenaient également des esclaves lecteurs pour faciliter le travail des usagers de la bibliothèque. Athènes et Pergame possédaient aussi de grandes bibliothèques, comptant plusieurs centaines de milliers de volumen. Des bibliothèques un peu plus modestes existaient à Rhodes et à Antioche.
À Rome, certaines maisons privées pouvaient comporter une bibliothèque à côté du triclinium. Celle du grammairien Tyrannion aurait contenu 30 000 volumes, tandis que celle du médecin Serenus Sammonicus en aurait contenu 60 0004. Celle de Pison à Herculanum, située dans la villa des Papyrus en est un autre exemple. Il existait aussi des bibliothèques ouvertes au public, souvent gérées de manière privée ou, en tout cas, fondées sur des initiatives individuelles. Ces créations étaient largement justifiées par des objectifs de prestige politique. Par exemple, Lucullus en avait installé une dans ses jardins, Jules César voulait en ouvrir une pour les mêmes raisons et son projet fut repris par son allié Asinius Pollio, qui installa une bibliothèque publique sur le mont Aventin, à côté du Temple de la Liberté en 39 avant notre ère5. Peu après, l'empereur Auguste en fonda deux autres. Rome comptait ainsi trois grandes bibliothèques au début du premier millénaire. Sous l'Empire, ce nombre s'accroît à vingt-huit bibliothèques en 377. Si certaines étaient des établissements autonomes, des bibliothèques étaient souvent intégrées aux thermes. Dans d'autres grandes villes de l'Empire, il existait aussi des bibliothèques. Le grand architecte Vitruve, qui s'était intéressé à la construction de ce genre d'édifice, recommandait qu'il soit orienté vers l'est afin de capter la lumière du matin et de réduire l'humidité susceptible d'endommager les livres6.
En Chine, la diffusion des textes prend de l'importance durant les Royaumes combattants (IVe – IIIe siècle av. J.-C.), un moment d'effervescence intellectuelle comparable à la Grèce classique. Les cours seigneuriales entretenaient des lettrés, mais apparaissent aussi des écoles compilant leurs classiques. Qin Shi Huang unifia l'empire (-221), fonda la bibliothèque impériale, selon une méthode de tri plutôt autoritaire puisqu'il brûla certains livres et les lettrés qui s'en réclamaient (confucianisme). La dynastie Han perpétua l'institution pendant quatre siècles, le confucianisme devint idéologie officielle, sans pour autant réprimer les autres écoles. Dans l'histoire des idées chinoises, elle joua un rôle aussi essentiel que la bibliothèque d'Alexandrie pour la transmission de la philosophie occidentale. La catégorie de taoïsme par exemple, est due à un bibliographe Han, aussi imprécise et pourtant féconde que le titre de métaphysique donné à un livre d'Aristote.
Moyen Âge
La tradition de la Rome antique n'a pas totalement disparu au Haut Moyen Âge. Elle se prolonge sans aucune interruption dans l'Empire romain d'Orient. La ville de Constantinople est dotée d'une bibliothèque par Constantin Ier. Cependant, la querelle iconoclaste provoque une dispersion des livres (730-840). En Occident, Cassiodore crée en 550 une importante bibliothèque à Vivarium en Calabre. Toutefois, au Moyen Âge, ce sont essentiellement les monastères qui entretiennent et enrichissent les bibliothèques, au sein desquelles sont conservés les textes utiles à la liturgie et à la prière ; mais aussi des textes non religieux, ou d'autres cultures (grecque, arabe, byzantine, etc.). C'est une volonté de préserver, de traduire le savoir sous toutes ses formes, comme le Coran, des œuvres païennes issues de l'Antiquité, des écrits scientifiques, philosophiques, d'agricultures, de batailles, de médecine (réactualisée par les savants arabes du Moyen Âge), sur les plantes, etc., qui animent alors les érudits des monastères. On peut citer les moines bénédictins (issus de toutes les couches de la société) consacrant souvent leur temps de travail à des scriptoria (singulier : scriptorium), ateliers de copie des livres alors rares et précieux en Occident. Les scriptoria étaient généralement couplés à une bibliothèque. La plus importante d'Occident, celle du monastère du Mont-Cassin, comptait deux à trois mille volumes. Il faut citer aussi celles de Saint-Gall ou de Cîteaux.
Dès leur création au XIIe siècle, les universités prennent le relais et complètent l'action des monastères. Les universités qui se créent peu à peu dans toute l'Europe ont souvent leurs propres bibliothèques. Il convient d'y ajouter les nombreux collèges, qui sont aussi des lieux d'études et ont des bibliothèques. Les rois créent à leur tour leurs propres bibliothèques, qui prennent parfois une grande ampleur, comme celles de Saint Louis ou de Charles V. Certaines d'entre elles sont à l'origine des bibliothèques actuelles, comme la Bibliothèque vaticane, fondée par Sixte IV. D'importantes bibliothèques se créent également dans le monde islamique, avec le développement de la culture islamique au VIIIe siècle, permettant en particulier la diffusion de la culture grecque, traduite en langue arabe, ainsi que celle de la culture arabe anté-islamique7. La bibliothèque Al Quaraouiyine à Fès au Maroc est souvent citée comme la plus ancienne bibliothèque au monde encore en activité8. Récemment rénovée, elle comporte vingt mille manuscrits dont 3 800 très précieux remontant au VIIIe siècle9,10.
Au Moyen Âge, le mot « librairie » (issu du latin impérial) est utilisé en français dans le sens de bibliothèque, qui perdurera jusqu'à la Renaissance (ex : la « librairie de Montaigne »).
Renaissance et époque moderne
Page de garde d'un catalogue.
Le développement de l'Humanisme à partir du XIVe siècle entraîne, avec l'intérêt particulier porté à l'« utilité publique », l'ouverture de bibliothèques publiques et le développement de bibliothèques privées. L'invention de l'imprimerie modifie, à partir du XVIe siècle, le contenu de ces bibliothèques. À la fin du XIVe siècle à Florence, Niccolò Niccoli lègue sa bibliothèque privée pour qu'elle soit ouverte au public. L'organisation de cette bibliothèque est confiée à Cosme l'Ancien et la première bibliothèque publique est ouverte dans le couvent dominicain de San Marco. Parallèlement, tout au long des XVe et XVIe siècles, Cosme puis Laurent de Médicis et leurs descendants, au premier rang desquels Cosme Ier de Médicis, enrichissent une bibliothèque privée, où les manuscrits tiennent encore le premier rang, qu'ils font aménager par Michel-Ange, pour l'ouvrir finalement au public en 1571 : c’est la bibliothèque Laurentienne (biblioteca Mediceo Laurenziana), qui existe encore aujourd'hui. Cosme l'Ancien voulait y concentrer les productions de la pensée humaine et les rendre accessibles aux gens lettrés.
En Hongrie, la Bibliotheca Corviniana était, à la Renaissance, la plus grande collection de livres d'Europe après celle du Vatican11.
En France, François Ier institue le dépôt légal, obligation pour les imprimeurs libraires de déposer un exemplaire de chacune de leurs publications à la bibliothèque du roi. Les bibliothèques s'ouvrent progressivement au public à partir de la fin du XVIe siècle (à Salins en 1593), très timidement au début, assez largement au XVIIIe siècle. Les grandes bibliothèques comme la bibliothèque du roi connaissent une réputation prestigieuse et deviennent un lieu de visite obligée pour les voyageurs de marque, en particulier au nord de l'Italie. En Angleterre au XVIIe siècle (par exemple la Bibliotheca Smithiana12), en Europe centrale au XVIIIe siècle, des libraires ouvrent en annexe à leur boutique une bibliothèque de prêt13. Plusieurs bibliothèques privées, données ou léguées par leurs propriétaires, deviennent des bibliothèques publiques, comme la bibliothèque Inguimbertine de Carpentras.
Le modèle européen de bibliothèque se déplace dans les colonies, en particulier dans les futurs États-Unis, où de nombreuses bibliothèques universitaires actuelles sont issues des établissements d'enseignement fondés dès le XVIIe siècle sur le modèle de ceux du Vieux Continent. À Florence, la collection léguée par Antonio Magliabechi en 1714 à la ville (trente mille volumes) constituent le début de ce qui deviendra ensuite la Bibliothèque nationale centrale de Florence (BNCF), devenue publique dès 1737. François II de Toscane décide d'y faire déposer aussi un exemplaire de tout ce qui s'imprime à Florence (1737) puis dans toute la Toscane (1743). Elle reçoit toujours une partie du dépôt légal italien.
Époque contemporaine
Le développement des bibliothèques de tous types s'accélère entre la fin du XVIIIe et le XXIe siècle. Le transfert de collections privées au public se poursuit. En France, ce transfert se fait en grande partie à la suite de la confiscation des biens du clergé, des aristocrates et des institutions d'Ancien Régime dissoutes (y compris les académies) par la Révolution française14, dont les bibliothèques sont réunies, dans chaque département, dans un seul dépôt. Ces dépôts sont confiés aux villes en 180314 et constituent le noyau de base d'une partie des bibliothèques municipales au XIXe siècle. Toutefois, les villes vont parfois très tardivement s'occuper de ces bibliothèques et leur donner accès. Lorsqu'on finit par nommer un bibliothécaire (non payé), en général la bibliothèque est logée dans l'hôtel de ville, même si certaines villes construisent un bâtiment spécifique (Amiens, 1823). Les cabinets de lecture privés se développent, et proposent soit la consultation sur place soit une forme de location de livres ou de journaux. Les abonnements sont assez chers, ce qui en réserve l'emploi à la bourgeoisie. Mais parallèlement, et pendant tout le XIXe siècle, on voit de nombreuses créations ou tentatives de création de bibliothèques populaires : ligues catholiques et protestantes, mouvements ouvriers. Déterminant fut le rôle d'Alexandre Vattemare (1796-1864), fondateur du premier système d'échanges culturels internationaux et promoteur des bibliothèques publiques15. Le développement des études supérieures entraîne celui des bibliothèques universitaires, en particulier en Allemagne qui y consacre de grands efforts ; la France suit, mais avec un retard important.
Les bibliothèques connaissent un développement significatif au XXe siècle, sous l'impulsion de l'Américain Melvil Dewey, suivi par Paul Otlet et Henri La Fontaine, et du Français Eugène Morel. Il se traduit notamment par une amélioration des catalogues et des classifications, par un mouvement de normalisation de description, mais aussi par une volonté de renforcer l'accueil et le service auprès du public. Aux États-Unis, les bibliothécaires instaurent ainsi, dès qu'ils le peuvent, l'accès direct aux documents. Cette politique d'accès libre s'exporte en France dès la fin de la Première Guerre mondiale grâce à l'action de bibliothécaires américains dans les régions dévastées, mais se répand lentement : dans les années 1980, la plupart des documents des bibliothèques universitaires françaises sont encore en communication indirecte. Dans le même esprit, les bibliothèques diversifient peu à peu leurs activités, avec des expositions, des lectures (heure du conte), des conférences et colloques, des animations diverses. Toujours sous l'impulsion de Melvil Dewey et Eugène Morel se développe, dès la fin du XIXe siècle, une formation professionnelle des bibliothécaires, couplée avec une meilleure coopération entre bibliothèques. Ces deux phénomènes favorisent l'émergence d'une profession autonome de mieux en mieux formée, ce qui ne supprime toutefois pas le bénévolat. Le développement des bibliothèques publiques s'amplifie à partir des années 1970, en relation avec l'augmentation de la part de la population poursuivant des études supérieures, la politique culturelle de l'État et des collectivités territoriales et les possibilités offertes par l'informatique. En effet, dès les débuts de cette nouvelle technique dans les années 1950, les ingénieurs ont eu l'idée de l'adapter aux bibliothèques. Toutefois, les phases d'expérimentation ont duré assez longtemps, de sorte que l'informatisation effective ne date souvent que des années 1980, et ne s'est imposée que lentement. Désormais, la plupart des bibliothèques des pays développés sont informatisées, mais ce n'est pas le cas général ; en revanche, de nombreuses bibliothèques en sont à la réinformatisation. Après une période pendant laquelle le modèle de construction était celui d'un bâtiment accueillant à la fois la bibliothèque et le musée, comme à Grenoble, le XXe siècle voit la construction de bâtiments spécifiques, comme la bibliothèque Carnegie à Reims, parfois de grande taille comme la bibliothèque de La Part-Dieu, à Lyon, au milieu des années 1970.
Types
La bibliothèque Schoelcher à Fort-de-France dans les années 1920-1930.
Les bibliothèques présentent une grande diversité. Ce sont tantôt des établissements à part entière, tantôt des services faisant partie d'un autre établissement. Certaines sont très largement ouvertes, d'autres accessibles à un public restreint. Certaines bibliothèques sont gérées par les pouvoirs publics, d'autres par des organismes de droit privé. Cependant, le critère principal dans la typologie des bibliothèques est celui de leur fonction. Dans chaque pays, les bibliothèques nationales recueillent et conservent les documents qui font l'objet du dépôt légal ; elles conservent souvent aussi d'autres documents. Elles assurent généralement le rôle d'agence bibliographique nationale, en assurant la description de la production imprimée nationale et la diffusion de bibliographies nationales. Certains pays peuvent avoir plusieurs bibliothèques nationales.
Centre de Ressources des Langues - Université Toulouse Jean Jaurès
Il existe également des bibliothèques régionales dans certains pays. De statut varié (certaines sont aussi universitaires), elles assurent la conservation à long terme d'un grand nombre de documents. Elles peuvent servir de « bibliothèques de recours » pour la population de la région et participer à des réseaux de coopération (de) avec les plus petites bibliothèques. Tel est le cas des bibliothèques cantonales en Suisse (RERO ou SLSP) ou des bibliothèques de Land en Allemagne, ou des bibliothèques régionales en République tchèque.
Le terme de bibliothèque publique, calqué sur l'anglais public library, est rendu aussi en français sous la forme « bibliothèque de lecture publique ». Ces bibliothèques sont destinées à l'ensemble de la population locale pour lui permettre de s'informer et de se divertir. Elles sont souvent gérées par les collectivités locales, mais peuvent fonctionner sous forme d'associations ou concédées au secteur privé ; elles peuvent aussi être gérées par l'État. Stricto sensu, on peut compter les bibliothèques universitaires dans les bibliothèques publiques, car elles sont elles aussi ouvertes à tous les publics. L'utilisation du terme « bibliothèque publique » est donc fluctuante. Ainsi les bibliothèques de comités d'entreprise sont des bibliothèques de lecture publique à statut privé. Les bibliothèques d'enseignement et de recherche apportent leur appui aux activités pédagogiques et scientifiques qui se déroulent dans l'établissement dont elles font partie. Il s'agit d'une part de bibliothèques d'école (telles que la Bibliothèque des sciences expérimentales de l'École normale supérieure de Paris), de collège, suivant les noms employés dans les différents pays, ainsi que des bibliothèques universitaires.
Des bibliothèques libres16 comme en Savoie disséminent la mise à disposition libre de livres dans la ville. Un réseau international, appelé Bookcrossing, s'est même développé autour de cette idée d'abandonner des livres dans les espaces publics. D'ailleurs, du mobilier urbain, à l'instar de cabines téléphoniques17, a même été transformé pour abriter ces bibliothèques libres.
Les bibliothèques spécialisées, comme leur nom l'indique, développent des collections dans une discipline ou autour d'un thème18. Il existe ainsi des bibliothèques musicales, médicales, juridiques. Cette dénomination inclut parfois (surtout en anglais, special collections) les bibliothèques ou services de bibliothèques conservant les collections patrimoniales.
Ces différents types de bibliothèques ne sont pas toujours cloisonnés et une même bibliothèque peut avoir plusieurs fonctions :
- une bibliothèque nationale peut s'ouvrir à un large public et jouer le rôle d'une bibliothèque publique ;
- certains pays, y compris la France, ont des bibliothèques publiques et universitaires ;
- une bibliothèque de lecture publique peut disposer d'une section spécialisée ou d'un département patrimonial.
En 2018, le Catalogue collectif de France19 recense 5 045 bibliothèques publiques de tous types en France métropolitaine et 96 en outre-mer.
Les bibliothèques scolaires, qui offrent des services dans des établissements d'enseignements, constituent également un autre type de bibliothèque.
Les bibliothèques des comités d’entreprise qui offrent des services aux employés de l’entreprise privés et à leurs familles20.
Les bibliothèques de prisons qui sont considérés comme un "vecteur de revalorisation personnelle et d’insertion scolaire, professionnelle et sociale"21.
Autres types de bibliothèques (France) qui sont issus des initiatives citoyennes ou associatives. On trouve: Le réseau Culture et bibliothèques pour tous, le réseau Bibliothèques sans frontières et enfin les microbibliothèques22.
Activités
Les activités des bibliothèques s'articulent essentiellement autour des collections et du public.
Activités liées aux collections
Ces activités sont les plus traditionnelles :
- Acquisitions : achat ou collecte par don, dépôt ou dépôt légal de nouveaux documents, bulletinage ;
- Signalement : catalogage, description, indexation matière (description par des mots du contenu afin de permettre les recherches) des documents possédés par la bibliothèque et choix des indices de classement pour les collections de libre accès. Les thésaurus documentaire les plus utilisés en France sont Rameau (Répertoire d’autorité matière encyclopédique et alphabétique unifié) et les vedettes-matière « Blanc-Montmayeur Danset »23. La classification la plus répandue pour le classement des documents en libre accès est la classification décimale de Dewey. La classification décimale universelle, autrefois répandue dans les bibliothèques universitaires, est en très forte régression. La classification de la Bibliothèque du Congrès est largement utilisée dans le monde, surtout dans le monde universitaire ou dans certaines bibliothèques spécialisées. Les bibliothèques disposent de plus en plus souvent pour leurs imprimés et périodiques d'un catalogue informatisé de leurs collections, parfois accessible par Internet. Certaines publications ou certains ouvrages anciens peuvent y être scannés et mis en ligne.
- Conservation : pour les collections courantes, équipement, reliure, réparation ; pour les collections patrimoniales, conservation préventive (conditions hygrométriques convenant aux supports, conditionnement), conservation curative (restauration, désacidification) ;
- Traduction : les bibliothèques sont aussi des lieux ou des étudiants, enseignants, chercheurs ou autres professionnels viennent traduire dans leur langue ou dans une autre langue des éléments d'ouvrages ou des ouvrages anciens24 ;
- Élimination : couramment appelée « désherbage », « pilon » ou « élagage » (en Belgique francophone) par les bibliothécaires, cette activité consiste à retirer des collections les documents ne devant pas être conservés, en raison de leur état physique, de l'obsolescence de leur contenu, de leur inadéquation avec les missions de la bibliothèque ou du manque d'intérêt du public. Parfois ces documents éliminés ne sont pas détruits mais proposés et offerts aux usagers, à des universités ou confiés à un service public ou privé d'archives.
Activités liées au public
Ces activités se sont fortement développées depuis la fin des années 1970 :
- Prêt, retour et rangement des documents ;
- Renseignements sur place à la bibliothèque et, parfois, à distance (par téléphone, courrier, fax ou internet et messagerie), notamment à travers des services de référence virtuelle comme Askal ou BiblioSésame ou référence nomade.
- Action culturelle (expositions, contes pour enfants, rencontres avec des écrivains, conférences, colloques, expositions virtuelles).
- Action sociale (ateliers d'alphabétisation pour la lutte contre l'analphabétisme, ateliers pour la recherche d'emplois, initiations aux T.I.C. (Technologies de l'Information et de la Communication), partenariats avec le monde associatif).
Internet et livre numérique
BLI:B, bibliothèque néerlandophone Forest, avenue Van Volxem 364, 1190 Forest.
BLI:B, bibliothèque néerlandophone Forest, avenue Van Volxem 364, 1190 Forest.
La majorité des bibliothèques ont maintenant leur propre portail Internet, ou au moins une page d'accès accordée par leur administration de tutelle, avec leur catalogue en ligne, consultable à distance. Pour les plus importantes, leur catalogue est intégré au portail, de même que leur bibliothèque numérique et des outils comme des bibliographies, des listes de nouveautés, des expositions virtuelles, ainsi que l'accès pour chaque lecteur à l'état de son abonnement (documents empruntés et date limitée de retour).
Dans la plupart des pays, le développement de l'Internet a fait stagner le taux d'inscription en bibliothèque et les prêts sont généralement en baisse. Mais la lecture sur Internet augmente, notamment pour les livres anciens tombés dans le domaine public, scannés et mis en ligne par Google ou d'autres opérateurs. Les salles de lecture et les postes multimédias restent pourtant très convoités. En France, les usagers non inscrits sont en nette augmentation et viennent plus longtemps, mais il est difficile de savoir si c'est le signe d'un déclin ou d'un nouveau départ pour les bibliothèques et leur rôle de recueil et diffusion de la connaissance25.
Pour prendre en compte les nouveaux modes de consommation du livre, dont le principal est la lecture numérique, la France, sous l'égide du ministère de la Culture, a décidé de lancer le Prêt numérique en bibliothèque (PNB). Ce projet a vu le jour en 2011 et il est désormais accessible dans les bibliothèques de certaines villes depuis septembre 2014, après une phase de test mi-201426.
Les bibliothèques, grâce à leur système de prêt numérique, permettent aux communautés éloignées l'accès aux livres. Toutefois, quelques bibliothèques limitent l'inscription de leur usager à un territoire délimité27.
Au Québec, il existe plusieurs institutions qui offrent le prêt numérique. Notamment, la Bibliothèque et Archives nationales du Québec, la bibliothèque de Québec et les bibliothèques de la Ville de Montréal. Pour la plupart, le système d'emprunt se fait par l'entremise l'application PretNumérique28.
Aux États-Unis, les bibliothèques voient leurs moyens financiers se réduire en raison des nouvelles technologies et du désengagement des États : « Depuis quelques décennies, les dirigeants politiques, guidés par la logique du marché, prétendent qu’elles seraient devenues obsolètes : mieux vaudrait selon eux investir dans les nouvelles technologies. Dans la plupart des régions, les bibliothèques manquent donc cruellement de ressources et sont abritées dans des bâtiments vétustes. Malgré une fréquentation en hausse, elles ont dû réduire leurs horaires et rogner sur les jours d’ouverture. Le nombre de postes de bibliothécaire n’a cessé de diminuer, tout comme les budgets alloués à l’achat de livres, journaux et films »29.
Bibliothécaire
Traditionnellement, les personnes chargées de gérer la bibliothèque et d'assurer les services au public sont appelées « bibliothécaires ». Toutefois, le titre de bibliothécaire est réservé dans de nombreux pays au personnel d'encadrement justifiant de diplômes universitaires de second cycle en sciences de l'information. En France, le terme de bibliothécaire reste employé de manière générique pour désigner toutes les personnes assurant les activités de bibliothèque, quels que soient leur statut réel et leur profession.
Dimension sociologique de la bibliothèque
Dès l’Antiquité, lors de son élaboration, la bibliothèque est conçue selon une perspective de stockage et conservation du savoir, dans une optique de protection du pouvoir (à l'image de la grande bibliothèque d'Alexandrie). Elle est alors réservée aux érudits, avec la pratique de la lecture silencieuse et du travail de recherche.
Les missions des bibliothèques sont nombreuses, et ces premières sont notamment des missions culturelles.
La conservation et la diffusion-communication de la culture sont les tâches essentielles des bibliothèques.
Les bibliothèques, dans leurs missions culturelles se sentent donc impliquées dans toutes les missions qui sont liées au livre, à la lecture, et à la culture : de la conservation du patrimoine à la constitution des fonds et au développement des collections mais aussi de la promotion et de la diffusion de la création culturelle, et surtout leur mise à disposition des lecteurs. Donc il s'agit pour elles de diffuser la mémoire et l'actualité de la pensée, la création littéraire et artistique, l'innovation scientifique et technique30…
Les bibliothèques répondent à plusieurs besoins quotidiens, qu'il s'agisse d'information (tout n'est pas sur internet) ou de création (on n'a jamais autant publié qu'aujourd'hui), mais aussi d'égalité car par leurs missions culturelles il faut souligner que ces bibliothèques publiques ne ciblent pas certains publics mais s'adressent à tous31.
Dans les années 1960 - 1970, la France s'empare d'une conception libérale avec la perspective d'accueillir le public. Cette conception tient ses origines du modèle anglo-saxon de la Public Library dans le courant du XIXe siècle. C'est un objectif de démocratisation, d'ouverture de la bibliothèque à toute la population. Néanmoins, de nombreux sociologues de l’éducation l'ayant analysée comme facteur de reproduction sociale (exemple de Pierre Bourdieu32,33), analysent la bibliothèque selon le même principe34. Ils constatent que malgré une volonté d'ouverture au public (via la gratuité de l'entrée), cet espace institutionnel demeure fortement marqué par la domination de la culture scolaire et savante35. Elle agit comme un véritable lieu de domination symbolique, son accès est rendu difficile selon la distance de l'usager par rapport à la culture légitime. Serge Paugam, dans son ouvrage Des pauvres à la bibliothèque36, observe la fréquentation de la bibliothèque par la classe populaire et les étudiants, et y analyse les pratiques de ce "nouveau" public. Il démontre les difficultés de ce public populaire à s'approprier les codes et prescriptions en recherche d'information, compare l'entrée à la bibliothèque à l'entrée dans le monde de la classe dominante. La construction des Idea Stores vient de ce constat et tente d'y trouver une solution.
Les chercheuses en sciences de l'information et de la communication Valentine Mazurier et Anne Lehmans observent la construction d'une altérité, d'une diversité dans les espaces documentaires que sont les bibliothèques et les centres de documentation et d'information37. Dans ces derniers, elles décrivent l'écart entre les pratiques de recherche d'information privées et les pratiques scolaires.
Missions et influence des bibliothèques
Comme est énoncé dans le manifeste de l’UNESCO [archive] qui a été adopté à Paris le 29 novembre 1994 sur les bibliothèques publiques les quatre missions sont : l’information, l’alphabétisation, l’éducation et culture. Selon ce manifeste, ces quatre missions principales peuvent être remplies par les actions suivantes :
« créer et renforcer l'habitude de lire chez les enfants dès leur plus jeune âge ;
soutenir à la fois l'auto-formation ainsi que l'enseignement conventionnel à tous les niveaux ;
fournir à chaque personne les moyens d'évoluer de manière créative ;
stimuler l'imagination et la créativité des enfants et des jeunes ;
développer le sens du patrimoine culturel, le goût des arts, des réalisations et des innovations scientifiques ;
assurer l'accès aux différentes formes d'expression culturelle des arts du spectacle ;
développer le dialogue interculturel et favoriser la diversité culturelle ;
soutenir la tradition orale ;
assurer l'accès des citoyens aux informations de toutes catégories issues des collectivités locales ;
fournir aux entreprises locales, aux associations et aux groupes d'intérêt les services d'information adéquats ;
faciliter le développement des compétences de base pour utiliser l'information et l'informatique ;
soutenir les activités et les programmes d'alphabétisation en faveur de toutes les classes d'âge, y participer, et mettre en œuvre de telles activités, si nécessaire. »38
Dans son ouvrage Exigeons de meilleures bibliothèques, le professeur en bibliothéconomie R. David Lankes a précisé le rôle que doivent remplir selon lui les bibliothèques. Il résume les principaux leviers d'action comme suit :
- Service d’achats groupés : les bibliothèques ont toujours été un véhicule par lequel les communautés mettent en commun leurs ressources pour faire de gros achats et ce à travers la mise en commun des ressources permet le partage des livres les plus demandés.
- Stimulant économique : les bibliothèques peuvent générer de la richesse et de la valeur ajoutée au sein d’une communauté en stimulant l’économie locale et donc permettent de générer des bénéfices directs et indirects en faveur de leurs communautés et de leurs faire économiser leur argent.
- Centre d’apprentissage : l’apprentissage fait toujours partie de la mission des bibliothèques. Cette dernières s’engage dans des programmes d’enseignement de la littératie.
- Filet de protection social : offrir des services et rendre disponible des ressources aux gens qui n’ont pas les moyens de se le payer et fournir de l’information à ceux qui ne peuvent pas y avoir accès.
- Gardienne du patrimoine culturel : les bibliothèques ont un rôle crucial dans la sauvegarde et à la préservation du patrimoine culturel (des documents des œuvres d’art, manuscrits, etc.)
- Troisième lieu : qui se définit comme un espace communautaire ou troisième lieu de rencontre des membres d’une communauté qui doit être distinctif et original (exemple : des cafés dans les bibliothèques universitaires).
- Berceau de la démocratie : ce rôle se traduit par la participation de la bibliothèque à tenir informé des citoyens pour assurer la vitalité et le maintien d’une démocratie à travers la transparence, l’accès et l’éducation.
- Symbole des aspirations de la communauté : les bibliothèques sont devenues des institutions ambitieuses et ont un impact sur la vie des gens, le bâtiment peut être un symbole à la communauté39.
Grandes bibliothèques
Les plus grandes bibliothèques dans le monde comprenant plus de dix millions de volumes (en 2009) sont40 :
- Bibliothèque du Congrès à Washington : trente millions de volumes (mais 21,8 millions selon son site internet) sur 144,5 millions de documents41,42,43
- Bibliothèque publique de New York : 20,4 millions de volumes sur 51,3 millions de documents selon son site internet44
- Bibliothèque nationale de Chine à Pékin : 37 millions de documents dont quinze millions de monographies en décembre 2017 selon son site internet45
- Bibliothèque d'État de Russie à Moscou : 47,4 millions d'items dont trente millions de volumes dans la collection principale46
- Bibliothèque nationale allemande (Deutsche Nationalbibliothek) à Francfort et à Leipzig (outre le Deutsches Musikarchiv à Berlin) : seize millions de monographies, trente-neuf millions de documents47
- Bibliothèque nationale de France à Paris : 15,5 millions de volumes sur trente-cinq millions de documents48
- Bibliothèque de l'Université Harvard à Cambridge, Massachusetts : quinze millions de volumes
- British Library à Londres : 14,5 millions de volumes et e-books sur 170 millions de documents49
- Bibliothèque de l'Académie des sciences de Russie à Saint-Pétersbourg : 14,2 millions de volumes
- Bibliothèque publique de Boston, Massachusetts : quatorze millions de volumes
- Bibliothèque nationale Vernadsky d’Ukraine à Kiev : 15,5 millions de volumes 50
- Bibliothèque INION à Moscou : 12,8 millions de volumes
- Bibliothèques publiques des Metropolitan London Boroughs à Londres : 12,1 millions de volumes
- Bibliothèque nationale russe à Saint-Pétersbourg : douze millions de volumes sur 37 millions de documents51,52,53
- Bibliothèque de l'université Yale à New Haven, Connecticut : douze millions de volumes
- Bibliothèque de l'université d'État Lomonossov à Moscou : onze millions de volumes
- Bibliothèque d'État de Berlin (Staatsbibliothek zu Berlin) : douze millions de volumes (mais y compris les tomes de journaux et de revues selon son site internet)54
- Bibliothèques nationales centrales de Rome et Florence : onze millions de volumes (mais douze millions au total selon leurs sites internet)55,56
- Bibliothèque RASLNS à Moscou : onze millions de volumes
- Bibliothèque et archives du Canada à Ottawa et Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Montréal : vingt millions de volumes57,58
- Bibliothèque de l'université de l'Illinois à Urbana-Champaign : 10,5 millions de volumes
- Bibliothèque publique du comté de Los Angeles, Californie : 10,4 millions de volumes
- Bibliothèque de l'université de Californie à Berkeley : dix millions de volumes
- Bibliothèque nationale de la Diète du Japon (Kokuritsu Kokkai Toshokan) à Tokyo : dix millions de volumes
- Bibliothèque d'État de Bavière : plus de dix millions de volumes en 2012.
- Bibliothèque publique de Shanghaï : plus de dix millions de volumes en 2010.
Lors d'une conférence de l'UNESCO en 1964, il fut agréé internationalement qu'un livre est défini comme une publication imprimée non périodique d'au moins quarante-neuf pages59. Au même titre que les bibliothèques nationales chargées du dépôt légal, allemande, italienne, voire française, et surtout canadienne, implantées sur plusieurs sites, la Bibliothèque nationale russe additionne en réalité les collections de la Bibliothèque d'État de Russie à Moscou et de la Bibliothèque nationale russe à Saint-Pétersbourg, soit 78,4 millions de documents et une collection cumulée de 32,5 millions de volumes, qui en fait alors la première au monde. Certains chiffres doivent être nuancés, dès lors que certaines bibliothèques, notamment en Europe de l'Est, comptent également chaque tome annuel de périodiques comme un volume, mais pour les deux bibliothèques nationales russes, ceux-ci sont bien distingués des volumes de livres et brochures dans le décompte des collections46.
Le périmètre des collections n'est pas non plus identique entre les bibliothèques : la British Library conserve ainsi les collections nationales de timbres (huit millions) et de brevets industriels (cinquante-huit millions) qui dans d'autres pays sont conservées par d'autres institutions. Depuis quelques années, ces établissements, mais aussi des moteurs de recherche sur internet développent une pratique de numérisation de livres ainsi que des sites Web qui conduiront bientôt à relativiser l'importance de ces données, en prenant en compte les services offerts par ces bibliothèques aux utilisateurs éloignés.
La British Library of Political and Economic Science, qui est la bibliothèque de la London School of Economics, constitue la plus grande bibliothèque des sciences sociales au monde avec plus de quatre millions de volumes imprimés.
Bibliothèques imaginaires
En littérature
Des bibliothèques, réelles ou non, apparaissent dans de nombreuses œuvres de fiction60. De nombreux écrivains ont développé le thème d'une bibliothèque idéale, donc imaginaire. Le poète et nouvelliste argentin Jorge Luis Borges en est l'un des exemples les plus illustres61. Toutefois certaines bibliothèques imaginaires sont constituées de livres réellement écrits, tandis que d’autres, qualifiées de Biblia abiblia par Max Beerbohm62, renferment des ouvrages n’ayant jamais existé63.
- Dans les premières, on peut citer :
- Dans les secondes :
- la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Victor, dont le chapitre VII de Pantagruel de Rabelais donne le catalogue ;
- la bibliothèque de Babel est une nouvelle de Jorge Luis Borges, elle-même inspirée de la nouvelle La Bibliothèque universelle de Kurd Lasswitz ;
- la bibliothèque du comte de Fortsas, qui a fait l’objet d’une véritable mystification en juillet 1840, avec l’annonce d’une vente aux enchères et l’édition d’un catalogue65 ;
- la bibliothèque de M. Ed. Guénoud, dont des livres « seront vendus le 1er avril prochain à la salle des Bons-Enfants »66 ;
- la bibliothèque de Benjamin Jordane67 ;
- la bibliothèque de Turgot, porte dérobée recouverte d'un trompe-l’œil représentant une bibliothèque d'ouvrages fictifs aux titres prêtant à sourire : Histoire naturelle et morale des Araignées avec la Description de leurs Amours, le Code Complet d’une Nation raisonnable ou encore l'Histoire littéraire du Limousin en deux volumes68 ;
- la bibliothèque de Poudlard dans la saga Harry Potter de J.K. Rowling ;
- la bibliothèque de la Citadelle de Villevieille de la série de roman Le Trône de fer de Georges R.R. Martin ;
- la Base de bibliothèque du Kanto de la série de light novel Library wars de Hiro Arikawa ;
- Vingt‑quatre heures dans l'incroyable bibliothèque de M.Lemoncello / Chris Grabenstein .
On peut citer également les bibliothèques disparues, mais utilisées dans les œuvres de fiction :
En manga
- la bibliothèque pour enfants "La rose trémière" du manga le Maître des livres ;
- la bibliothèque centrale d'Afshak du manga Magus of the Library.
En jeu vidéo
- la bibliothèque de l'Université Barrockstadt parcourue par l'héroïne du jeu Syberia69.
- Apocrypha est un plan d’existence dans les jeux Elder Scrolls, qui est une bibliothèque sans fin posée au milieu d'une eau marécageuse noire et toxique70.
En série télévisée
Notes et références
- (en-US) « 20 Most Beautiful Libraries In The World » [archive], sur arrestedworld.com (consulté le ).
- (en) « This 1,157-year-old library gets a facelift », CNN Travel, (lire en ligne [archive], consulté le ).
- (en) Rudolph Pfeiffer, History of Classical Scholarship : From the Beginning to the End of the Hellenistic Age, Oxford, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-814342-0).
- (en) Stephen Greenblatt, The Swerve : How the World Became Modern, New York, W. W. Norton, , 356 p. (ISBN 978-0-393-34340-3), p. 60-61.
- Frédéric Barbier, Histoire des bibliothèques : D’Alexandrie aux bibliothèques virtuelles, Paris, Armand Colin, , 304 p. (ISBN 978-2-200-61625-0, DOI 10.3917/arco.barbi.2016.01, lire en ligne [archive]).
- Greenblatt, p. 62
- Houari Touati, L'Armoire à sagesse : Bibliothèques et collections en Islam, Paris, Aubier, coll. « Collection historique », 2003.
- Marie-Amélie Blin, « La plus vieille bibliothèque du monde va bientôt rouvrir », Le Figaro, (lire en ligne [archive], consulté le ).
- « La plus vieille bibliothèque du monde est à nouveau ouverte au public » [archive], sur Archimag (consulté le ).
- (en) Kareem Shaheen, « World's oldest library reopens in Fez : 'You can hurt us, but you can't hurt the books' » [archive], The Guardian, (consulté le ).
- « La Corvina (Bibliotheca Corviniana) » [archive], sur unesco.org.
- Joseph Smith, Bibliotheca Smithiana, , 855 p. (lire en ligne [archive]).
- (de) Alberto Martino, Die deutsche Leihbibliothek, Wiesbaden, 1990, p. 61.
- Association des bibliothécaires français, Le métier de bibliothécaire, Éd. du Cercle de la librairie, (ISBN 978-2-7654-1397-4 et 2-7654-1397-5, OCLC 847564128), p. 35-36.
- J.-L. Dargent, « Alexandre Vattemare 7 novembre 1796 - 7 avril 1864 », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), no 8, , p. 333-339 (ISSN 1292-8399, lire en ligne [archive]).
- « Bibliothèques libres Chambéry » [archive], association Savoie Récup (consulté le ).
- « Des cabines téléphoniques transformées en bibliothèques », Le Figaro, (lire en ligne [archive], consulté le ).
- Christian Jacob, « Rassembler la mémoire: Réflexions sur l'histoire des bibliothèques », Diogène, vol. 196, no 4, , p. 53 (ISSN 0419-1633 et 2077-5253, DOI 10.3917/dio.196.0053, lire en ligne [archive], consulté le ).
- Catalogue collectif de France [archive], BNF.
- Anne-Marie Bertrand, Les Bibliothèques, Paris, La Découverte, coll. « Repères », , 123 p. (ISBN 2-7071-2874-0), p. 57-58
- « Bibliothèques de prison » [archive] , sur https://www.enssib.fr [archive], (consulté le )
- Association des bibliothécaires de France, sous la dir. de Charlotte Hénard, Le métier de bibliothécaire., France, Éditions du Cercle de la librairie, , 13e éd., 546 p. (ISBN 978-2-7654-1578-7), p. 91-92
- Martine Blanc-Montmayeur et Françoise Danset, Choix de vedettes matières à l'intention des bibliothèques, Paris, éd. du Cercle de la librairie, coll. « Bibliothèques », 1987, multiples rééditions.
- Anna Svenbro et Yves Aubin (dir.), Quel espace pour la traduction en bibliothèque ? [archive] (mémoire d'étude, présenté pour l'obtention du diplôme de conservateur de bibliothèque), Enssib, janvier 2009, 89 p.
- Gazette des communes, des départements et des régions, no 1986, 15 juin 2009, p. 22-31.
- « PNB » [archive], sur bds.cg72.fr (consulté le ).
- Benoit Epron et Marcello Vitali Rosati, L'édition à l'ère numérique, Paris, La Découverte, , 127 p. (ISBN 978-2-7071-9935-5 et 2707199354, OCLC 1039707362), p. 101.
- « Votre bibliothèque au bout des doigts » [archive], sur pretnumerique.ca (consulté le ).
- Eric Klinenberg, « Facebook contre les lieux publics » [archive], sur Le Monde diplomatique, .
- Pascale Villate et Jean-Pierre Vosgin, Le rôle social des bibliothèques dans la ville, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, , 270 p. (ISBN 978-2-86781-727-4), p. 23-24.
- Frédéric Barbier, Histoire des bibliothèques, d'Alexandrie aux bibliothèques virtuelles, Armand Colin, , 304 p. (ISBN 978-2-200-61625-0), p. 4.
- Pierre Bourdieu, « L'école conservatrice: Les inégalités devant l'école et devant la culture », Revue Française de Sociologie, vol. 7, no 3, , p. 325 (ISSN 0035-2969, DOI 10.2307/3319132, lire en ligne [archive], consulté le ).
- Pierre Bourdieu, Les Héritiers, Les Éditions de Minuit, coll. « Le sens commun », (ISBN 9782707300812).
- « Sociologie des publics des bibliothèques » [archive], sur enssib.fr (consulté le ).
- Vincent Goulet, « « Les bibliothécaires sont-ils vecteurs d’inégalité ? » », 63ème congrès de l’Association des Bibliothécaires de France ABF, (lire en ligne [archive]).
- Serge Paugam et Camila Giorgetti, Des pauvres à la bibliothèque, enquête au Centre Pompidou, Paris, Presses Universitaires de France, , 185 p. (ISBN 978-2-13-061902-4, lire en ligne [archive]).
- Valentine Mazurier et Anne Lehmans, « Altérité et spatialité informationnelle : construction-déconstruction de l’altérité dans les espaces documentaires », Revue COSSI, n°1-2017 (lire en ligne [archive]).
- « Manifeste de l’UNESCO sur la bibliothèque publique » [archive], sur abpq.ca, Association des bibliothèques publiques du Québec (consulté le )
- R. David Lankes, Exigeons de meilleures bibliothèques: Plaidoyer pour une bibliothéconomie nouvelle« Préface à l’édition en langue française», Montréal, Les Ateliers de [sens public], , 237 p. (ISBN 978-2-924925-07-2, lire en ligne [archive] [PDF]), p. 25-56
- (en) Godfrey Oswald, Library World Records, , 2e éd., p. 289.
- (en) « About the Library - General Information » [archive], Bibliothèque du Congrès, (consulté le ).
- (en) « About the Library » [archive], Library of Congress (consulté le ).
- (en) « General information » [archive], Library of Congress (consulté le ).
- (en) « Collections: The Heart of the Library » [archive], New York Public Library (consulté le ).
- (en) « Overview of Library Collections » [archive], Bibliothèque nationale de Chine (consulté le ).
- (en) « Collections » [archive], Bibliothèque d'État de Russie (consulté le ).
- (de) Zwei Null Eins: Jahresbericht 2019, (lire en ligne [archive]), p. 44.
- « La BnF en chiffres » [archive], sur BnF - Site institutionnel (consulté le ).
- (en) « Facts and figures of the British Library » [archive], British Library (consulté le ).
- (en) « The National Library of Ukraine n.a. Vernadsky » [archive], Ukrainain Cultural Foundation (consulté le ).
- (en) « Collections » [archive], sur nlr.ru (consulté le ).
- (en) « Russian Books » [archive], sur nlr.ru (consulté le ).
- (en) « European Books » [archive], sur nlr.ru (consulté le ).
- (de) « Zahlen und Fakten » [archive], sur staatsbibliothek-berlin.de, Staatsbibliothek zu Berlin (consulté le ).
- (it) « Collezioni » [archive], sur bncrm.beniculturali.it, (consulté le ).
- (it) « Patrimonio Librario » [archive], Bibliothèque nationale centrale de Florence (consulté le ).
- Bibliothèque et Archives Canada, « À propos de la collection » [archive], sur bac-lac.gc.ca, (consulté le ).
- « Collections » [archive], sur banq.qc.ca, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (consulté le ).
- Oswald, p. 14
- Anne-Marie Chaintreau et René Lemaître, Drôle de bibliothèques... Le thème de la bibliothèque dans la littérature et le cinéma, éditions du Cercle de la librairie, 1993.
- Stéphane Mahieu, La bibliothèque invisible : Catalogue des livres imaginaires, Paris, Éditions du Sandre, , 168 p. (ISBN 978-2-35821-098-0), p. 9 :
« Au même titre que le catalogue de [la bibliothèque de l'abbay de Saint-Victor de] Rabelais, [le prologue de Borges au recueil Fictions est] un texte fondateur de la bibliophilie de l’invisible. L’inflation de livres imaginaires dans la seconde partie du dernier siècle […] provient pour beaucoup de la lecture de Borges […]. »
- Books Within Books (1914) [archive] (en).
- Le Catalogue d'une vente publique d'ouvrages de cette sorte a été dressé par Jean-Charles Mornay. Voir Jean-Benoît Puech, Du vivant de l'auteur, Seyssel, Champ Vallon, coll. « Recueil », (ISBN 9782876731028), p. 43-49.
- Voir Umberto Eco (trad. de l'italien), De Bibliotheca (conférence prononcée le 10 mars 1981 pour célébrer le 25e anniversaire de l'installation de la bibliothèque communale de Milan dans le palais Sormani), Caen, l’Échoppe, , 31 p. (ISBN 2-905657-09-X).
- Vincent Puente, Histoire de la bibliothèque du comte de Fortsas, Paris, Éditions des Cendres, 2005.
- Guillaume Apollinaire, Le Flâneur des deux rives.
- Jean-Benoît Puech, La Bibliothèque d’un amateur, Gallimard, coll. « Le Chemin », .
- « Les facéties d'un intendant - Archives départementales de la Haute-Vienne » [archive], sur archives.haute-vienne.fr (consulté le ).
- Daniel Ichbiah, Sybéria : le guide officiel découvrez l'univers envoûtant de Sybéria, Campus press, coll. « Campus games », (ISBN 978-2-7440-1458-1, lire en ligne [archive]).
- « Apocrypha - La Grande Bibliothèque de Tamriel » [archive], sur lagbt.wiwiland.net (consulté le )
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie
Première approche
- Anne-Marie Bertrand, Les Bibliothèques, Paris, La Découverte, coll. « Repères », , 123 p. (ISBN 2-7071-2874-0).
- Anne-Marie Moulis, Les Bibliothèques, Toulouse, Milan, Éd. Milan, coll. « Essentiels Milan », , 63 p. (ISBN 2-84113-372-9).
- Denis Pallier, Les Bibliothèques, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? » (no 944), , 12e éd. (1re éd. 1961), 128 p. (ISBN 978-2-13-057064-6).
Ouvrages plus spécialisés
- Jacques Bosser, Bibliothèques du monde, Paris, La Martinière (ISBN 2-7324-2745-4).
- Martine Poulain (dir.), Les Bibliothèques publiques en Europe, Paris, éditions du Cercle de la librairie, coll. « Bibliothèques », 1992 (ISBN 2-7654-0494-1).
- Lucien X. Polastron, Livres en feu : Histoire de la destruction sans fin des bibliothèques, Paris, Denoël, 2004 (ISBN 2-2072-5573-5).
- Hélène Caroux, Architecture et lecture : Les Bibliothèques municipales en France 1945-2002, Paris, Éditions Picard, 2008 (ISBN 978-2-7084-0813-5).
- Virgile Stark, Crépuscule des bibliothèques, Les Belles Lettres, 2015.
- Georges Didi-Huberman, À livres ouverts, Paris, Éditions de l'INHA, coll. « Dits », 2017 (ISBN 978-2-917902-41-7).
- Ouvrage pour les professionnels :
- Association des bibliothécaires de France, Yves Alix (dir.), Le Métier de bibliothécaire, Paris, éditions du Cercle de la librairie, 2010 (ISBN 978-2-7654-0977-9).
Articles connexes
Liens externes
Médiathèque
Une médiathèque est un établissement, généralement public, qui conserve et donne accès à différents types de médias, permettant la consultation sur place et l'emprunt à domicile. La caractéristique première d'une médiathèque est sa variété de supports. Son fonctionnement est semblable à celui d'une bibliothèque mais elle se diversifie par les différents matériaux mis à la disposition du public pour s'informer. Il est donc possible d'y consulter des vidéos ou bien encore des documentaires.
Certaines municipalités lui préfèrent l'appellation de « bibliothèque multimédia » sur le modèle anglo-saxon de « multimedia library ».
Historique
Le concept de médiathèque s'est développé dans les années 1980, quand les contenus audiovisuels (documents sonores et enregistrements vidéo) ont été considérés comme des témoignages culturels au même titre que l'écrit.
Le terme de médiathèque a été retenu pour mieux refléter la diversité des œuvres et des ressources collectées et présentées au public, notamment sous forme de disques microsillon , cassettes audio pour la musique, cassettes vidéo (Betacam et VHS) pour le cinéma.
Dans les années 1980 et 1990, les médiathèques ont naturellement accueilli les supports numériques (CD audio, DVD vidéo) qui sont venus compléter les supports traditionnels (imprimés, microfilms, disques vinyle, etc.).
Quelques médiathèques françaises et étrangères
La médiathèque de Sendai au Japon.
En France, on peut citer, à titre d'exemple, les médiathèques suivantes :
À l'étranger, citons la médiathèque de Sendai, au Japon
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie
Articles connexes
Liens externes
Discothèque
Vue de la piste de danse du Side Show en 2013, une discothèque située au
Cap (
Afrique du Sud).
Une discothèque — appelée aussi boîte de nuit (abrégé en boîte) ou nightclub (abrégé en club) — est un établissement de loisirs musical et dansant privé, généralement nocturne et réservé aux personnes majeures.
Apparue dans les années 1960 et donnant naissance à de multiples subcultures, la discothèque se distingue généralement du simple débit de boissons par la présence en plus d'un bar d'une piste de danse et d'une cabine réservée au DJ permettant de mixer un set en direct un ou plusieurs styles de musique par le biais d'un puissant système de sonorisation, en lien avec une scénographie multimédia (audiovisuelle et lumière).
Une discothèque peut également faire office de salle de concert. Lieu privé, elle dispose d'un service de sécurité qui en filtre l'accès.
La plupart des discothèques répondent à des genres musicaux spécifiques et ciblent certaines communautés, ou en dédient certains soirs à un thème musical particulier.
Étymologie en français
Le mot « discothèque » est attesté en français dès 1928, et signifie à cette époque un espace ou un meuble situé dans la maison où l'on range des disques microsillons. L'établissement ou le local où l'on peut danser s'appelle un « dancing » dès les années 1920. Dans les années 1950, le mot discothèque englobe à la fois le meuble, mais aussi une boutique où l'on peut écouter des disques avant de les acheter, ainsi qu'un établissement de prêts de disques, un local au sein d'une station de radio où sont rangés les disques, et, enfin, une boîte de nuit (1958). Cette dernière occurrence tend à s'imposer à partir des années 1970, en concurrence avec les anglicismes dancing et nightclub1.
Histoire
Prémices
Situé dans les sous-sols du Grunewald Hotel à
La Nouvelle Orléans, ouvert en 1912, The Cave est considéré comme le premier nightclub américain.
En Europe, avant 1914, les lieux nocturnes réservés à la musique dansante sont codifiés à la fois par les mœurs, les usages, les coutumes et la législation. La séparation entre les sexes est telle qu'une femme ne peut entrer non accompagnée dans un cabaret, un music-hall ou un café concert. On y sert de la nourriture, on y est placé, il y a une scène réservée aux musiciens et aux artistes performeurs pour les attractions, et enfin une piste de danse située entre les tables. L'entrée donne droit à un jeton. Ces lieux étaient très surveillés par des informateurs de police (vol, recel, prostitution, trafic de stupéfiants, etc.)2. L'une des plus anciennes salles de cette époque encore en activité est la Scala (Paris), ouverte en 1874.
Aux États-Unis, entre 1900 et 1920, les ouvriers américains se réunissaient dans les honky tonks ou les juke joints pour danser sur la musique qui était jouée soit au piano ou par un jukebox. Le Webster Hall situé à Manhattan, toujours actif, est ouvert en 1886, d'abord comme lieu de socialisation, où sont organisés des soirées dansantes à thème, des bals de débutantes, des rencontres sportives et des réunions politiques. Pendant la prohibition américaine, les speakeasies, tels le 21 Club, situés au sous-sol d'établissements respectables, constituaient des lieux de plaisirs clandestins particulièrement prisés. Avec l'abrogation de la prohibition en février 1933, ils évoluèrent en dancings, par exemple à New York, le Stork Club (1921), El Morocco (1931) ou encore le Copacabana (1940), accueillant des big bands. À Harlem, le Cotton Club et le Connie's Inn étaient des lieux très connus avec leur clientèle composée principalement de blancs.
Dans le Paris de l'entre-deux-guerres, la mode est d'abord aux dancings, irrigués par la musique américaine jazz Nouvelle-Orléans et charleston, et argentine, grâce à la vogue du tango. Des lieux ouvrent, appelés « boîtes de nuit », proposant restauration, concert et piste de danse, tels que Le Bœuf sur le toit, Le Grand Écart, d'autres évoluent comme Maxim's qui possède un premier étage dansant3. Dans les années 1930, la mode revient aux bals-guinguettes, le plus célèbre reste le Balajo, situé rue de Lappe, mais on trouve aussi la Java, le dancing de La Coupole, plus corseté, ou encore Le Palace, ancien cinéma reconverti en music-hall à revues, déclinant des thèmes où la clientèle devait venir déguisé4. Après guerre, les caveaux parisiens s'ouvrent au jazz dansant, celui de la Huchette est le plus ancien. Le terme « boîte de nuit » est utilisé dès les années 1930 par la presse parisienne.
Pour Peter Shapiro, auteur de Turn The Beat Around, les origines du clubbing contemporain remontent aux soirées clandestines organisées par la Swingjugend berlinoise et les Zazous parisiens dans les années 1941-1944 : « L’idée fondamentale de la discothèque, c’est un deejay jouant une suite spécifique de disques (et pas seulement ce qui est populaire) face à un public ciblé, ce qui était justement le cas chez ces jeunes gens, épris de jazz et de musique noire, habillés de façon capricieuse et exubérante, et qui se rassemblaient de façon clandestine pour écouter, autour d’un gramophone, les plus beaux vinyles swing qu’ils étaient parvenus à sauver de la barbarie nazie »5.
Le disc jockey arrive en boîte
En 1953, alors qu'elle travaillait au Whisky à Gogo à Paris, Régine décide de peindre les lumières de toutes les couleurs, de les animer à la main, et de remplacer le juke-box par un double tourne-disque pouvant diffuser la musique de façon ininterrompue, et surtout sous son contrôle. Régine a une prédilection pour le cha-cha-cha6. Le premier club officiel de l’histoire méconnue de la discothèque est en effet le Whisky à Gogo de Paris, fondé par Paul Pacini en 1947, suivi par Chez Castel, qui parviennent alors à réunir une faune interlope, entre célébrités, créatures inverties, fêtards sans le sou et figures de la nuit7.
De 1956 à 1962, Lucien Leibovitz, sans doute l’un des premiers disc jockey ou « disquaire », mot employé à cette époque, est résident au Whisky à Gogo situé à Cannes également ouvert par Pacini : « Lucien était ce que l’on nommait alors un « opérateur ». Le disc-jockey n’avait pas de statut. Il était habillé en blouse blanche avec un éclair sur la pochette marqué « opérateur » et son rôle était de passer des disques dans le club, qui était le premier night-club en France à utiliser le disque en remplacement d’un orchestre. Déjà, à cette époque, il disposait de deux platines [équipées d'un inverseur] et faisait des enchaînements entre les morceaux, si possible en gardant le même rythme »7.
Dans les années 1950 et même quelques années après, la plupart des bars et des clubs privés utilisaient des juke-boxs ou faisaient chanter en direct des groupes de musique. En Angleterre, dès 1946, des bals itinérants circulent à travers le pays et font danser les gens à partir de disques, de platines et de haut-parleurs.
Explosion de la culture jeune
La génération qui a 20 ans en 1960, vivant dans les centres urbains ou dans les périphéries, et qui a accès à la télévision et à la radio, va revendiquer son droit à des loisirs émancipateurs : le tournant s'observe lors des concerts, où, face à la scène sur laquelle joue des groupes de rock, le jeune public, au lieu de rester sagement assis, se lève, gesticule, crie, entre en transe. La télévision montre ces images, et les médias qualifie cette jeunesse de yéyés, puis deux nouvelles danses apparaîssent, le twist et le jerk, premières formes de danse en solitaire, qui s'imposent au cours de la décennie suivante. En attendant, à New York, l’arrivée et le succès du twist accompagne l’émergence de la scène club qui, peu à peu, remplace les clubs jazz de la ville, comme principaux lieux de danse8. En janvier 1965, la chaîne nationale américaine NBC lance Hullabaloo, une émission programmée l'après-midi, qui met en scène dans son générique des jeunes filles de toutes origines gesticulant et, pendant les lives, des filles postées sur des estrades, pratiquant le gogo dancing. La chaîne nationale française avec Âge tendre et tête de bois et la chaîne britannique BBC avec Top of the Pops, ouvrent également leurs antennes à des groupes de musiciens entourés de jeunes gens dansant9.
À Paris, les salles de concert s'adaptent à ce besoin de liberté : en 1961, le Golf-Drouot, un ancien mini-golf en salle, se reconvertit en salle de concert avec piste de danse centrale. Le 30 septembre 1965, James Arch ouvre le Bus Palladium à Paris, une discothèque rock ouverte à tous10.
En juin 1966, ouvre à Saint-Tropez, le Voom Voom club, grâce de nouveau à Pacini, qui fait appel pour une scénographie son et lumière novatrice à Nicolas Schöffer, prend en résidence des disc-jockeys, et accueille des groupes de rock, surtout britanniques9.
Ailleurs qu'en France, vers 1963, à Londres, Mark Birley (en), frère du mannequin féminin Maxime de la Falaise, ouvre une discothèque réservée uniquement à ses membres, le Annabel's (en) sur Berkeley Square11. Le twist a par ailleurs été important en Europe car il a aidé le rock’n’roll à pénétrer le grand public, quelque temps après avoir été adopté par la jet set, notamment dans les clubs sélect et prétentieux de Paris ou de Rome8. Une autre discothèque populaire ouvre à Munich en 1967, le Blow Up, ciblant une clientèle jeune désireuse de danser, lieu moins sélect qui fait bientôt fureur dans tout le pays12. À Paris, la première véritable discothèque populaire ouvre en 1969, boulevard de Bonne-Nouvelle, c'est Le Memphis, anciennement le Miami dancing, c'est un espace ouvert à tous, qui n'a rien à voir avec un club privé ou une salle de concert, on y vient pour danser jusqu'à 5 heures du matin13. Cependant, la première génération rock 'n' roll préférait les bars et tavernes à la fois rustiques et rudimentaires aux discothèques, et ces dernières n'atteignirent pas de popularité flagrante avant les années 1970 et l'émergence du disco.
La fièvre des années 1970
Jeunes gens dans une discothèque d'
Allemagne de l'Est (1977), par Eugen Nosko (Deutsche Fotothek).
Pendant une courte période, au tout début des années 1970, par les échanges entre les communautés venues de Jamaïque et celles implantées à New York, les principaux éléments modernes de la « culture dance » ont été inventés : le djing, le scratching, le remix, le dub, le maxi single8. La disco émerge de ce terreau, c'est au départ une subculture, très liée aux communautés gay, hispaniques, afroaméricaines, italoaméricaine, etc., lesquelles vont se rencontrer sur le dancefloor, sans craindre d'être conspuées14. De son côté, DJ Kool Herc organise le 11 août 1973 en tant que MC une jam session dans une salle de loisirs sur Sedgwick Avenue en plein Bronx : breaking, scratching, break dancing, rapping, c'est le début historique de la culture hip-hop15. La disco est née à Manhattan à une époque où la ville est ruinée, presque à l'abandon, avec des DJ comme David Mancuso et ses soirées « Love Saves The Day » à The Loft, Nicky Siano (en) à The Gallery, Frankie Knuckles au Continental Baths (en). D'autres DJ comme Francis Grasso invente le calage tempo, Michael Cappello et Steve D’Acquisto exécutent des mixes de plusieurs dizaines de minutes. En 1974, Mancuso, Grasso, Knuckles, et une trentaine de DJ de l'East Coast décident de constituer un music pool (en) : il s'agit d'un accord avec les studios et éditeurs de musique, qui leur envoient des morceaux en priorité. En retour, ces DJ s'engagent à faire graver leurs mixes, tandis que les stations radios prennent le relais. Venu du Bronx, Knuckles mixe également au Loft, où il ramène son ami Larry Levan. La disco se démocratise intensément, et touche bientôt toutes les communautés. La Fièvre du samedi soir (1977), et son double-album du même nom (Saturday Night Fever) symbolise un phénomène devenu planétaire et en même temps le début de son déclin16.
En Europe, les boîtes de nuit se multiplient. En 1973, à Ibiza, largement colonisé par les communautés hippies marquées par le psychédélisme, une ferme est transformée en superclub par un entrepreneur espagnol, Ricardo Urgell : le Pacha Club devient le premier d'une longue série. Le Chalet du lac de Saint-Mandé devient la plus grosse discothèque de France en 1975, décorée par Philippe Starck. 1976-1977 représente un tournant pour les superclubs et ce qui préfigure la house music et le son garage : ouverture du Paradise Garage et du Studio 54 à New York, du Warehouse à Chicago (où officient Knuckles et Ron Hardy), du Palace à Paris, de la Main bleue à Montreuil animée au départ par les communautés afro-antillaises. La dance music, élaboré par les DJ, devient un véritable business. Le rythme s'accélère sous l'impulsion de machines de plus en plus performantes. Les morceaux se nourrissent alors de multiples influences grâce au sampling : soul, funk, rythmes latino, rock, musique électronique16...
Années 1980 - 1990
C’est l’époque pendant laquelle le disco s’en est retourné vers l’underground. Le disco a notamment fusionné avec le punk rock, autre grand paria de la même époque, grâce à des groupes comme New Order, Talking Heads ou Gang Of Four. Et puis, comme la mode du disco était définitivement révolue, le genre a pu muter sous différentes formes, comme la house ou la techno, sans être enfermé dans des règles de genre trop restrictives8. L'ouverture du club The Haçienda à Manchester en 1982 symbolise cette première tentative de fusion, en même temps qu'elle est une réponse de l'Europe à New York et aux superclubs américains17.
Dans les années 1990, le clubbing ne connaît plus de frontières et devient la proie d'entreprises multinationales : Ministry of Sound (Londres) ouvre différents lieux, d'abord à Sydney puis Berlin, déclinant sa formule. À Paris, ouvre Le Queen sur les Champs-Élysées ; à Tokyo, ouvre le Juliana's (en) ; à Liverpool, le Cream ; ou encore à Ibiza, le Pacha 2. Le Bunker de Berlin devient l'un des temples de la techno hardcore.
En France, la première free party teknival se tient à Beauvais en 1993.
Évolutions depuis les années 2000
Dans les années 1980, la France comptait officiellement 400018 à 6 000 discothèques, puis environ 2 500 vingt ans plus tard, période durant laquelle se produit toujours une forte chute19. Depuis 2004, il est estimé approximativement un nombre de 30 à 50 fermetures annuelles par Ludovic Rambaud, un temps rédacteur en chef de DJ Mag19. Rien qu'entre 2008 et 2010, 800 discothèques françaises disparaissent20. À la fin des années 2010, la France compte officiellement 1 500 discothèques ou boite de nuit20. En parallèle, quelques lieux hybrides sont apparus, mélangeant bar ou restaurant avec une ambiance musicale marquée19. Plusieurs paramètres sont accusés de ces fermetures tels l'apparition d'internet avec sa simple diffusion de musique, la baisse du pouvoir d'achat, l'interdiction de fumer ou simplement un changement dans les comportements des jeunes19.
Suivant les types de musiques jouées, la clientèle est très différente. La clientèle techno ou house peut par exemple se rendre en discothèque que pour y écouter un genre musical précis ou un artiste précis ou DJ particulier. Ces derniers se produisant rarement dans d'autres lieux (tels que salles de concert), la discothèque devient donc dans ce cas là l'équivalent d'une salle de concert où l'on va autant pour danser que pour écouter des morceaux de musique spécifiques et qui ne se diffusent pas dans les circuits traditionnels et populaires.
À partir de 2020, la pandémie de covid-19 entraine la fermeture temporaire des discothèques dans la plupart des pays du monde21.
Caractéristiques d'une discothèque
Performance artistique en discothèque avec des costumes de l'artiste
Beo Beyond (années 2010).
Une discothèque est un lieu où l'on peut danser, écouter de la musique, rencontrer des gens, consommer des boissons (souvent alcoolisées) et parfois des snacks. L'état d'ivresse, l'agressivité manifeste et la consommation de substances psychotropes y sont en principe interdits. Un service de sécurité assure l'intendance (voir ci-dessous). On y trouve des sanitaires, parfois surveillées par un personnel qui peut être rémunéré par le client en échange de services. La discothèque peut disposer de salons privées, d'un carré VIP réservé à des invités ou clients privilégiés. Depuis que l'interdiction de fumer du tabac par combustion s'est généralisée, on y trouve un fumoir. En termes d'animations, interviennent parfois des danseurs et danseuses professionnels ou d'autres formes d'expressions artistiques. Par exemple, des soirées sexy show ou chippendales sont parfois organisées dans certaines discothèques, dont l'origine est la pratique du gogo dancing. Des élections de miss ou boy, des soirées à thème (mousse, déguisée, etc.), des DJ prestigieux ou des groupes de musiciens peuvent y être invités pour des performances ou sessions en direct. Certains établissements prévoient un code vestimentaire, d'autre non. Une certaine clientèle adopte un code vestimentaire assez radical appelé le clubwear. L'accès au lieu se fait alors à la discrétion du physionomiste.
Fonctions officielles et officieuses
Une discothèque, tout comme le dancing et le bal d'autrefois, outre sa fonction première qui reste distractive (danser et boire en musique), constitue un lieu de socialisation, de rencontre entre les personnes, au-delà des genres, origines et milieux sociaux. C'est encore un lieu de séduction et de rencontres amoureuses, mais beaucoup moins qu'avant.
Par exemple, les slows ou « quart d'heure américain » ont aujourd'hui totalement disparu de la plupart des discothèques. En 1969, Je t'aime… moi non plus, chanté par Jane Birkin et le compositeur Serge Gainsbourg, s'était classé au sommet des hit-parades occidentaux22,23.
Depuis le début des années 2000, l'essor d'internet et des sites de rencontres en ligne, ainsi que la généralisation du téléphone portable, contribuent sans doute à reléguer cette fonction de socialisation amoureuse au second plan.
Sécurité en discothèque
En France, une discothèque est classée comme établissement recevant du public, répondant au type P. Elles sont de fait, d'un point de vue juridique, soumises aux lois relatives à la sécurité du 7 juillet 1983. Les discothèques sont alors contrôlées pour leur niveau de sécurité tous les deux ou trois ans, en fonction de leur capacité d'accueil.
Le videur
La discothèque est un lieu propice aux échauffourées : les boissons, les possibles rivalités amoureuses ou entre bandes, les trafics possibles, la foule, l'atmosphère festive favorisent la survenance de bousculades voire de violences. Un membre important du personnel de discothèque est le videur (également assimilé aux fonctions de portier ou physionomiste) dont la fonction est d'assurer la tranquillité et la bonne réputation de l'établissement. Sa fonction consiste à empêcher d'entrer (par exemple si le nombre maximal de personnes autorisées à l'intérieur est atteint) ou à obliger à sortir les individus indésirables, soit par leur comportement, soit par leur réputation ou leur apparence (les discothèques pouvant imposer une certaine tenue : on parle de « tenue correcte exigée »). Quand la persuasion ne suffit pas, le videur doit employer des moyens plus radicaux faisant appel à ses capacités physiques et de combativité, tout en privilégiant la discrétion. Le personnel de sécurité est aussi formé en principe à venir en aide aux clients victimes de malaise. Un défibrillateur doit être présent à l'intérieur des locaux, ainsi que des extincteurs, accessibles et en état de fonctionnement.
Incidents et drames
L'histoire des lieux dansants, très ancienne, est jalonnée de drames, en particulier d'incendies.
L'une des premières catastrophes moderne lié au concept de discothèque, reste en France, l'incendie du dancing « le 5-7 » à Saint-Laurent-du-Pont, en Isère, survenu la nuit de la Toussaint 1970, qui fait 146 morts, des jeunes âgés de 16 à 25 ans. L'établissement avait été mis en service peu de temps auparavant et ne répondait pas aux normes de sécurité. Il flamba en quelques minutes, et les jeunes victimes restèrent pour la plupart coincées derrière les tourniquets d'entrée qui empêchaient la resquille, ainsi que derrière les portes de secours qui avaient été verrouillées. Ce drame provoque une énorme émotion en France et à l'étranger. Des centaines de discothèques sont fermées et de nouvelles règles très strictes sont imposées en matière de sécurité aux établissements recevant du public. Un mémorial se dresse aujourd'hui à l'endroit du drame. Derrière la stèle où sont inscrits les noms des victimes, les restes des deux tourniquets autrefois situés à l'entrée avant le drame sont exposés à la demande des familles touchées par cette catastrophe.
Pandémie de Covid-19
En France et dans d'autres pays, au cours de la pandémie de covid-19 en 2020 et 2021, les discothèques sont considérés comme des lieux propices à la contamination et pour cette raison, ce sont les établissements qui sont fermés pendant la plus longue période, devant les restaurants et les bars24.
Piqûre sauvage
Le phénomène des piqûres sauvages (également appelé agression à la piqûre, agression à la seringue ou encore piqûres en boîtes de nuit) est un phénomène initialement signalé au Royaume-Uni et en Irlande où des personnes, généralement des jeunes femmes, ont été victimes d'une injection subreptice de produits non identifiés, supposément des sédatifs, généralement dans un environnement bondé tel que la piste de danse d'une boîte de nuit25,26. Certaines victimes ont présenté des symptômes tels qu'une sédation et une amnésie typiques des drogues du viol27. Aucun résultat toxicologique vérifié n'a été publié montrant la présence d'agents incapacitants connus chez les victimes présumées. La prévalence de cas réels est inconnue et a été controversée, certains experts exprimant des doutes quant à la facilité avec laquelle de telles injections pourraient être effectuées sans que cela soit immédiatement évident pour la victime28,29.
Géographie des discothèques
Cette liste permet de retrouver par pays des discothèques disparues ou encore actives.
En 2020, la France compte entre 1500 discothèques ou boîtes de nuit18, contre 4000 quarante ans plus tôt30.
Notes et références
- « Discothèque » [archive], définitions du CNRTL.
- Colette, L'Envers du music-hall, Flammarion, 1913.
- F. de Miomandre (1932), pp. 15, 17.
- Florence Tamagne, Le Crime du Palace, Paris, Payot, 2017, pp. 61-63.
- Peter Shapiro, Turn The Beat Around, cité par Jean-Yves Leloup, dans Trax, juin 2006.
- Régine, Moi, mes histoires, Paris, Éditions du Rocher, 2006, préface.
- Leloup (2008), entretien avec Frédéric Leibovitz publié dans Tsugi.
- Interview : Peter Shapiro, aux origines du clubbing [archive], par Jean-Yves Leloup, dans Global Techno, 16 octobre 2008.
- Francesco Guzzetti (2017), « Yéyé Style ».
- « Le Bus Palladium, vies et mort d'un club rock » [archive], France Culture, 1er mai 2022.
- (en) « Why there'll always be an Annabel's » [archive], The Telegraph, 2O janvier 2015.
- (de) Mirko Hecktor, Moritz von Uslar, Patti Smith, Andreas Neumeister, Mjunik Disco – from 1949 to now, Munich, Blumenbar Verlag, 2008, pp. 212, 225.
- Villa Schweppes [archive], site officiel.
- Albert Goldman, Disco, New York, Hawthorn Books, 1978 — introduction.
- (en) Tukufu Zuberi, « Birthplace of Hip Hop », dans History Detectives, saison 6, épisode 11, New York City, sur le site de PBS — présentation en ligne [archive].
- (en) Tim Lawrence, « Disco and the Queering of the Dance Floor » [archive], dans Cultural Studies, 25, 2, 2011, pp. 230–243.
- Charlotte Brunel, « Culture Club, la nuit affole la mode : L'Haçienda… nuits électriques », L'Express Styles, no supplément à L'Express n° 3253, 6 au 12 novembre 2013, p. 115
- https://www.ladepeche.fr/2020/01/11/le-crepuscule-des-boites-de-nuit,8654548.php [archive]
- Raphaël Richard, DJ made in France, Rosières-en-Haye, Camion Blanc, , 329 p. (ISBN 978-2-35779-340-8), p. 298 et sv.
- Boîtes de nuit : la fin d'une époque [archive], La Dépêche, 11 janvier 2020.
- « Discothèques fermées à cause du Covid-19 : alors, quand est-ce qu’on danse ?» [archive], Le Parisien, 6 mars 2021.
- (fr) Top France, cliquer sur les onglets «1969» et «06/09/1969» [archive].
- (en) Archive Chart [archive]. UK Singles Chart. The Official Charts Company, 11 October 1969 #277.
- « La fermeture des discothèques est pour l’instant justifiée car ces établissements présentent des risques particuliers » [archive], Le Conseil d'Etat, 21 mai 2021
- Ng K. Needle Spiking: What is it and why is it happening? The Independent, 21 October 2021 [archive]
- Brown L, Rahman-Jones I. Injection spiking: How likely is it? BBC News, 22 October 2021 [archive]
- Specia M, Kwai I. ‘Needle Spiking’ of Women in Britain Stirs Alarm Over New Kind of Assault. The New York Times, 25 October 2021 [archive]
- Gallagher C. Gardaí investigate claim woman ‘spiked’ in nightclub with needle. The Irish Times, 27 October 2021 [archive]
- Francis E. Reports of ‘needle spiking’ in Britain drive young women, students to boycott bars. The Washington Post, 29 October 2021 [archive]
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie
- Francis de Miomandre, Dancings, Paris, Flammarion, 1932.
- « Bars et boîtes de nuit », par Léon-Paul Fargue, dans Voilà, l'hebdomadaire du reportage, 2 février 1935.
- Alain Pacadis, Nightclubbing. Chroniques et articles 1973-1986, Paris, Denoël, 2005, (ISBN 9782207255384).
- Jean-Yves Leloup, « Une histoire du clubbing et de la discothèque : Lucien Leibovitz, aux origines du mix », dans Global Techno, 14 juin 2008 — lire en ligne [archive].
- Peter Shapiro (2005), Turn the Beat Around. Histoire secrète de la disco, traduit de l'anglais par Étienne Menu, Paris, Allia, 2008, (ISBN 9782844852922).
- Karim Hammou, « Danser à Paris dans les années 1970-80 », dans Sur un son rap, OpenEdition, 20 septembre 2011 — lire en ligne [archive].
- Antoine de Baecque, Les Nuits parisiennes. XVIIIe – XXIe siècle, Seuil, 2015.
- Jean-Claude Lagrèze, Paris capitale underground, éditions de La Martinière, 2016.
- Bill Brewster et Frank Broughton (1999), Last night a DJ saved my life. La saga du disc-jockey, traduit de l'anglais par Cyrille Rivallan, Le Castor astral, 2017, (ISBN 9791027800582).
- Francesco Guzzetti, « Yéyé Style. Les night-clubs en France et en Italie : artistes, architectes et culture de la jeunesse dans les années 1960 », dans In Situ. La revue des patrimoines, 32, 2017 — lire en ligne [archive].
Vidéographie
- John Badham, La Fièvre du samedi soir, film, 1977.
- Jennie Livingston, Paris Is Burning, documentaire, 1991, 78 min.
- Danny Boyle, Trainspotting, film, 1997.
- Mark Christopher, Studio 54, film, 1998.
- Whit Stillman, Les Derniers Jours du disco, film, 1998.
- John Fortenberry, Une nuit au Roxbury, film, 1998.
- Sean Bidder, Pump Up the Volume: The History of House Music, documentaire, Channel 4, 2001, 145 min.
- Michael Winterbottom, 24 Hour Party People, film d'après la vie de Tony Wilson, 2002.
- Maja Classen, Feiern (en), documentaire, 2006, 81 min.
- Jacques Braunstein, Night Clubbing. 50 ans de nuits parisiennes, documentaire, Paris-Première, 2010, 52 min.
- Billy Corben, Limelight, documentaire sur Peter Gatien (en), 2011, 103 min.
- Mia Hansen-Løve, Eden, film, 2014.
Articles connexes
Liens externes
Théâtre
Le théâtre (Écouter) est à la fois l'art de la représentation d'un drame ou d'une comédie, un genre littéraire particulier, et l'édifice dans lequel se déroulent les spectacles de théâtre1. On parle aussi de genre dramatique.
Le mot en grec ancien : θέατρον, « theatron », désignait également auparavant la scène ou le plateau, c'est-à-dire toute la partie cachée au public par le rideau2.
Au sens figuré, « théâtre » désigne un lieu où se déroule une action importante (par exemple, un théâtre d'opérations militaires).
Aujourd'hui, à l'heure des arts dits pluridisciplinaires, la définition de l'art du théâtre est de plus en plus large (jusqu'à se confondre avec l'expression spectacle vivant), si bien que certains grands metteurs en scène n'hésitent pas à dire que pour qu'il y ait théâtre, il suffit d'avoir un lieu, un temps, un acte et un public3.
Il s'agit de spectacles dans lesquels des comédiens, mis dans les circonstances et les situations créées par un texte et la vision d'un metteur en scène/réalisateur, incarnent des personnages pour un regard extérieur (le public), dans un temps et un espace limités. Les dialogues écrits sont appelés pièces de théâtre, mais il peut y avoir également du théâtre sans texte écrit ou même sans aucune parole. Il existe aussi des œuvres de théâtre musical, le genre étant particulièrement représenté dans les célèbres quartiers de Broadway aux États-Unis ou du West End à Londres, mais aussi de plus en plus autour des Grands boulevards à Paris4.
Dans la création contemporaine, les frontières entre les différents arts de la scène (théâtre, mime, cirque, danse...) sont de plus en plus ténues, si bien que certains professionnels n'hésitent pas à remplacer le mot théâtre par les mots spectacle pluridisciplinaire ou spectacle vivant, mettant ainsi l'accent sur le métissage des disciplines.
Histoire
Dès les débuts de l'humanité, le « théâtre » désignait l'acteur qui racontait, qui revivait une expérience de chasse, de conflit, pour la partager avec son groupe. Dans la civilisation occidentale on considère les cortèges en l'honneur du dieu grec Dionysos comme les premières représentations théâtrales, bien avant le VIe siècle av. J.-C.5. C'est en effet d'abord à l'époque grecque antique qu'apparaît le Theatron (θέατρον, qui vient de θεάομαι : regarder, contempler). Le terme désigne alors l'hémicycle destiné aux spectateurs. Un théâtre est donc à l'origine un lieu d'où le public observe un spectacle. À la Renaissance, la signification s'étend non seulement à l'ensemble de l'édifice de spectacle, scène comprise, mais également à l'art dramatique. Ce n'est qu'après la période du théâtre classique que le terme devient par antonomase le texte qu'il soit lu ou joué.
Le théâtre est né en Grèce, où des concours tragiques existent depuis le VIe siècle av. J.-C. Il est apparu à Rome à la fin du IIIe siècle av. J.-C. Les représentations font partie des « jeux » (ludi), fêtes officielles de la cité. À Rome, on édifie d'abord des théâtres en bois, où seuls les spectateurs des premiers rangs sont assis, puis des théâtres en pierre : théâtre de Pompée en 55 av. J.-C., de Balbus en 13 av. J.-C., de Marcellus en 12 ou 11 av. J.-C. En Campanie, par exemple à Pompéi, on construit des théâtres en pierre dès le IIIe siècle. À l'époque impériale, chaque ville romaine a son théâtre, comme Ostie en Italie, Orange en Gaule ou Sabratha en Afrique.
Dans le théâtre romain, plus anciennement dans le théâtre grec, les acteurs portaient un masque : cet accessoire leur permettait d'être mieux vus des spectateurs assis sur les gradins parfois éloignés et d'en être mieux entendus, leur voix étant amplifiée comme par des porte-voix. Il y avait des masques tragiques (un visage triste) ou comiques (un visage fendu d'un large rire) ainsi que des masques doubles (un côté tragique, un côté comique) ; les acteurs qui se servaient de ces derniers devaient jouer de profil. L'acteur, exclusivement masculin, porte aussi des vêtements aux rembourrages voyants et cloturaux ainsi qu'une coiffure très haute, censés évoquer le gigantisme des dieux et des héros qu'il incarne.
Au Moyen Âge, des troupes itinérantes jouent des pièces de genre dites des « Miracles », des "Mystères" et des « drames liturgiques », d'abord dans les églises puis dans leurs porches, sur leurs parvis et sur les places publiques. Elles ont pour vocation de raconter la vie des Saints mais sont très longues, alors pour maintenir le spectateur éveillé on y glissait en intermède quelques petites farces.
Aujourd'hui, le théâtre amateur tend à se développer partout en province.
Les genres
Un genre théâtral est le résultat d'une création comique correspondant à une forme particulière : le spectateur, connaissant un genre donné, sait à quoi s'attendre, et selon la présentation de l'œuvre (tragédie, comédie…), il a une vision stéréotypique de l'œuvre.
Le genre est donc, avant tout, une convention qui donne un cadre, une forme précise. C'est un premier échange implicite entre l'artiste et le spectateur. Il inclut diverses formes théâtrales dont la farce, la comédie, la pantomime, la tragédie, le drame romantique, le drame bourgeois, la tragédie lyrique, le vaudeville, le mélodrame, les mystères médiévaux, le théâtre de marionnettes, le théâtre forum, le théâtre d'improvisation, le théâtre en plein air, le théâtre de rue, le théâtre expérimental, le théâtre installation performance, la danse-théâtre (ou théâtre-danse), le web-théâtre avec les expérimentations d'e-toile, le café-théâtre d'improvisation, le théâtre de l'absurde, le conte, la revue.
Le théâtre de société, théâtre amateur joué dans les demeures privées de riches propriétaires, par, et pour, des proches de ces derniers, est une forme théâtrale qui s'est développée plus particulièrement à partir du XVIIIe siècle. Notamment en Suisse romande sous l'influence de Voltaire, installé près de Genève, et de Germaine de Staël, au château de Coppet. Des témoignages exceptionnels (costumes et décors) ont été conservés au château d'Hauteville6.
Molière disait, traduisant ainsi une devise de Santeul : le but de la comédie est de corriger les mœurs (castigat ridendo mores), ce qui vaut aussi pour la tragédie. Ces deux formes théâtrales ont en effet une portée édifiante.
- La comédie se propose de « corriger les vices des hommes en les divertissant », dit Molière. Ce célèbre dramaturge français, tout en faisant rire les spectateurs, tournait en ridicule les travers humains. Il le dit lui-même : « On veut bien être méchant, mais on ne veut pas être ridicule. » Il s'est ainsi moqué entre autres du pédantisme dans Les Femmes savantes, des faux dévots et des crédules dans Tartuffe ou l'Imposteur, de l'avarice dans L'Avare et des faux savants — il y vise en particulier la médecine — dans Le Malade imaginaire.
- La tragédie tente, elle aussi, de corriger les vices des hommes, ou plutôt leurs passions, de deux manières :
- d'abord en montrant les dégâts que peuvent provoquer les passions : dans les tragédies, les passionnés se font tuer, tuent ou se suicident (comme dans Phèdre où cette dernière s'empoisonne à cause d'un amour illégitime), deviennent fous, tel Oreste à la fin d'Andromaque de Racine (hors de la scène, par respect de la règle de bienséance) ;
- ensuite, les dramaturges comptent sur la « catharsis » (du grec κάθαρσις : purification), ou purgation des passions : les spectateurs d'une tragédie sont ainsi censés se purger, se purifier des passions en les vivant par procuration, en éprouvant terreur et pitié, comme l'écrit Aristote dans sa Poétique.
Depuis quelques années est apparu un genre nouveau : le théâtre témoignage. Les premiers spectacles abordaient la question des drames vécus par les personnes ayant subi des licenciements économiques (Les yeux rouges pour les employés de Lip ; 501 blues pour ceux de Levis). Puis sont apparus des spectacles témoignant des horreurs des génocides de la fin du XXe siècle : Olivier Py et son Requiem pour Srebrenica, ou encore Jacques Delcuvellerie avec Rwanda 94.
Les auteurs célèbres
Auteurs ayant eu le plus d'influence et d'audience dans le domaine du théâtre de façon permanente depuis leur vie.
Théâtre antique
|
Théâtre baroque
|
Théâtre classique
|
Théâtre du XVIIIe siècle
|
Théâtre romantique
|
Vaudeville
|
- Voir aussi les listes détaillées Dramaturges par ordre alphabétique et Dramaturges par ordre chronologique.
Il n'y a pas d'autrices ou d'auteurs pour le théâtre contemporain à cause de la proximité temporelle : nous n'avons pas le recul nécessaire, à notre époque, pour déterminer les auteurs qui seront confirmés comme des auteurs célèbres.
Scène
Disposition et vocabulaire
Mise en scène
Atelier de construction d'une scène de théâtre.
La scène 1 de l'acte 1 est nommée « l'intersigne » ou scène d’exposition.[réf. souhaitée]
Le théâtre prend sa conception actuelle au début du XXe siècle, grâce à des pionniers et des pédagogues comme Constantin Stanislavski et Bertolt Brecht (pour l'enseignement du théâtre et la place du comédien), Vsevolod Meyerhold (entraînement physique), Edward Gordon Craig (laboratoire expérimental et importance de la marionnette), Adolphe Appia (espace théâtral en trois dimensions), Jacques Copeau (honnêteté, sincérité, simplicité avec le Théâtre du Vieux-Colombier), ou Antonin Artaud (la souffrance d'exister avec le Théâtre de la cruauté)7.
Le metteur en scène au théâtre prend une réelle dimension à la fin du XIXe siècle. Il acquiert la place de « maître du plateau ». Ce bouleversement est notamment provoqué par Constantin Stanislavski, auteur et metteur en scène russe né en 1863 à Moscou, qui va, à 35 ans, créer avec Vladimir Nemirovitch-Dantchenko le Théâtre d'art de Moscou. Il y crée8 des spectacles de Tchekhov notamment (Les Trois Sœurs, 1900) et y enseigne une nouvelle pratique du théâtre basée sur le travail corporel, le travail physique et le refus du jeu conventionnel. Ce « système » (nom donné, par les contemporains, à sa façon de travailler), également intitulé « La Méthode (théâtre) », qu'il décrit dans son livre, La Formation de l'acteur, influence ses successeurs, dont Valère Novarina, Claude Régy ou encore Jean Vilar qui, dans la préface du roman, expose qu'« il n'est pas de comédien authentique qui n'ait, un jour ou l'autre, emprunté, sciemment ou non, quelques-uns des sentiers » du livre de Stanislavski.
En constituant leurs écoles, Constantin Stanislavski ou Vsevold Meyerhold, en particulier, veulent mettre fin au mythe du talent et de l'inspiration. Le théâtre se construit, selon eux, sur des bases scientifiques. Si l'on devient acteur, si l'on devient actrice, c'est grâce à une pédagogie et une pratique rigoureuses - ils ne seront pas d'accord sur ce qu'est cette pédagogie et cette pratique, mais c'est un autre question7.
Pour la préparation d’une production et les représentations, le metteur en scène peut faire appel à plusieurs autres personnes, notamment :
Le jeu, l'acteur
Métier d'acteur
L'acteur de théâtre ne joue généralement qu'un seul rôle à la fois, clairement défini et cohérent. L'acteur sait qu'il n'est pas réellement le personnage, même s'il doit s'identifier à lui. Les rôles de théâtre ne sont donc pas constituants. Cependant, afin de rendre celui-ci fort et cohérent, un acteur peut s'investir dans son rôle avec sa personnalité et son vécu. Le fait de créer un passé au personnage à l'aide d'événements déjà vécus par l'acteur est théorisé par Constantin Stanislavski comme le « revivre » et l'exploration de la mémoire affective. Il n'empêche que certains sont accusés de jouer tous leurs personnages de la même manière, de cabotiner. Ce problème du paradoxe sur le comédien est exposé par Diderot. Contrairement à Stanislavski, Diderot croit que le meilleur comédien est celui qui garde une distance entre son personnage et lui et qui ne joue pas la pièce en allant puiser dans ses propres émotions. La vision du jeu théâtral de Diderot le rapproche donc de Brecht et de sa théorie de la distanciation.
Les humains, vivant en société, deviennent nécessairement des acteurs sociaux, qui changent de rôle constamment (au travail, en famille, entre amis, etc.). Cela renvoie à la notion de Theatrum mundi qui soutient que la vie est un spectacle, que le monde est une scène, que les êtres humains sont des comédiens et que Dieu est l'auteur et le metteur en scène de cette grande pièce de théâtre9.
.
Acteurs célèbres
Portrait de Jean-Baptiste Poquelin, dit
Molière.
Dynasties d'artistes de théâtre
Le public en France
À rebours de la plupart des autres spectacles, où l'on admet, et quelquefois recherche, une certaine décontraction des individus composant le public, il s'est construit au XXe siècle une discipline de spectacle acceptée de tous. Par exemple, au XIXe siècle, il était très courant que le public siffle un spectacle de théâtre ou se mette à se disputer ; ce n'est plus le cas aujourd'hui. Aujourd'hui prime le respect du travail présenté, et la recherche d'une communion entre les personnes présentes10.
Cette exigence n'est pas toujours bien vécue lorsque le spectacle n'est pas intéressant : le spectateur se mettant à remuer, à tousser, quitter la salle, etc, toutes attitudes qui ne sont pas considérées comme correctes ; en cas de spectacle ennuyeux, seulement deux attitudes sont admises : dormir sur son siège, ou partir à l'entracte. Ces règles sont si bien acceptées qu'il est exceptionnel, de nos jours, de voir des spectateurs siffler, manifester bruyamment un désaccord, encore moins envahir la scène. Pour préserver le travail des acteurs et actrices, pour ceux qui prennent plaisir au spectacle, il est même exceptionnel de les voir applaudir à contre-temps, c'est-à-dire avant la fin. Le public recherche avant tout un plaisir partagé par toute la salle, des bruits d'émotions, un pari, que les émotions de chacun viendront conforter les émotions de tous et non les contredire10.
La salle est importante pour déterminer comment faire collectif. Le public français est réflexif, c'est-à-dire qu'un individu donné comprend intuitivement comment fait le public où il est pour faire public. Pour cet individu, cela a des conséquences importantes sur sa sensation d'être à l'aise ou pas, quel que soit le spectacle présenté. Chaque théâtre « suggère » comment se comporter. Par exemple, à la Comédie-Française, « il faut » parler doucement et se tenir à certaines règles vestimentaires ; au Théâtre national de Chaillot, « il faut » être plus libre. Le théâtre n'est pas seulement un rapport à une œuvre, mais il est aussi une façon d'être ensemble, il est aussi la manifestation d'une solidarité sociale10.
Théories sur le théâtre
Pourquoi, s'ils jouent déjà naturellement des rôles, les humains se sont-ils mis à jouer du théâtre ? De façon générale, comme le rappelle Aristote dans La Poétique, les gens réagissent différemment dans la vie, et face à une œuvre d'art. Un cadavre en décomposition horrifie, mais une nature morte ravit. Il y a donc un pouvoir propre à la représentation (mimésis), au jeu, qui permet d'appréhender avec plaisir ce qui autrement pose problème.
Le théâtre est donc joué pour faire face aux mystères et conflits qui inquiètent.
Les gens de théâtre cherchent ainsi à créer un miroir social, un reflet plus ou moins caricatural de la société, qui permet de mieux la comprendre, et de mieux dénoncer ses failles : ce rôle politique était particulièrement évident dans la Grèce antique, avec la comédie ancienne. Mais cette citation du Hamlet de Shakespeare peut aussi être mentionnée : « for any thing so overdone is from the purpose of playing, whose end, both at the first and now, was and is, to hold, as 'twere, the mirror up to nature ». Le théâtre est aussi un miroir tendu à la nature : le spectateur, comme l'acteur, vient chercher une réponse, se construire une identité.
Le théâtre peut avoir un effet cathartique, servant d'exutoire aux passions qui ne sont pas autorisées par la société. Le théâtre peut aussi être un divertissement, sans autre objectif que de changer les idées à ses spectateurs, par l'utilisation du comique notamment.
Augusto Boal, qui aborda une manière de faire du théâtre résolument politique, c'est-à-dire qu'il faisait jouer à des gens des situations conflictuelles en changeant la position des personnages : par exemple, le directeur qui avait licencié tel salarié jouait le rôle du salarié. Cela permettait selon lui de régler certains conflits. C'est l'origine de ce qu'on a appelé le théâtre forum, et en Belgique le théâtre-action.
Peter Bu propose une définition générale du théâtre permettant d'inclure toutes ses formes.
Institutions
Festivals
Le festival le plus renommé en France est le Festival d'Avignon. Le plus grand festival européen, et peut-être mondial est le festival international d'Édimbourg. Il existe de nombreux festivals, notamment en période estivale. Certains se concentrent sur un genre particulier (Aurillac pour le théâtre de rue, ou celui de Charleville-Mézières pour le théâtre de marionnettes, Mimos de Périgueux pour le théâtre gestuel, par exemple) ou bien restent « généralistes » en tentant la plupart du temps de programmer un spectacle avec une tête d'affiche pour attirer le public.
Formation en France
Une majorité des comédiens en activité a suivi une formation, que ce soit par le conservatoire national supérieur d'art dramatique, un Conservatoire de musique, danse et art dramatique ou un cours privé11.
Théâtre et internet
Internet est considéré par certains comme un concurrent du théâtre voire un adversaire qui encourage le goût de la dématérialisation de relations, contraire à la proximité humaine propre au théâtre. Certains ont considéré les sites de théâtre sur Internet comme « des officines responsables de la régression du théâtre »12.
D'autres personnes estiment qu'Internet apporte beaucoup au théâtre : une popularisation par la diffusion d'opinions sur les pièces, une démocratisation par la pression à la baisse des tarifs initiée par les billetteries en ligne et un accès facilité à l’information (programmation, réservation).
Ainsi, en septembre 2006, la Comédie-Française a ouvert ses portes aux acteurs du web, que ce soit pour publier sur le Web des avis sur les pièces, ou pour proposer des tarifs réduits aux spectateurs.
Le Théâtre des Osses, compagnie suisse fondée en 1978 et devenue Centre dramatique fribourgeois en 2003 ouvre un site d'archives13.
Notes et références
- (fr) Larousse en ligne [archive].
- (fr) « Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935) théâtre »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • http://www.cnrtl.fr/definition/academie8/th%25C3%25A9%25C3%25A2tre" rel="nofollow" class="external text">Google • Que faire ?).
- Peter Brook, L'Espace vide, , première phrase: "Pour qu'il y ait théâtre, il suffit d'avoir un lieu, un temps, un acte et un public". Ne serait-ce plutôt: "Pour qu'il y ait théâtre, il suffit d'avoir un lieu, un temps, un acteUR et un public"? Cf Peter Bu in Michel Corvin (dir.), Dictionnaire encyclopédique du théâtre, Paris, Bordas, 1995.
- Les comédies musicales parisiennes [archive], Office du Tourisme et des Congrès de Paris, site parisinfo.com.
- (en) Sarah Stanton, Martin Banham, « Middle East and North Africa », Cambridge paperback guide to theatre, Cambridge University Press, Cambridge, 1996, p. 241. (ISBN 978-0-521-44654-9).
- Béatrice Lovis, « Le théâtre de société au château d’Hauteville : étude d’un corpus exceptionnel (XVIIIe siècle-XXe siècle », Revue suisse d’art et d’archéologie, vol. 74, nos 2017/3-4, , p. 239-260 (ISSN 0044-3476). -- Marc-Henri Jordan, « Les décorations du théâtre de société de la famille Cannac au château d’Hauteville, œuvres du peintre lyonnais Joseph Audibert (1777) », Revue suisse d’art et d’archéologie, vol. 74, nos 2017/3-4, , p. 261-284 (ISSN 0044-3476).
- Irène Perelli-Contos, « Stanislavski et Meyerhold : pionniers de la pédagogie théâtrale », Études littéraires, vol. 20, no 3, , p. 13–25 (ISSN 0014-214X et 1708-9069, DOI https://doi.org/10.7202/500812ar, lire en ligne [archive], consulté le ).
- Ce travail de création est détaillé dans Cahiers de régie sur la Cerisaie et les Trois sœurs. Constantin Stanislavski. Préface d’Alain Françon. Présentation de Camille Combes-Lafitte. Textes de Stanislavski traduits par Jacqueline Razgonnikoff. Textes de Tchekhov traduits par André Markowicz et Françoise Morvan. Éditions Aux forges de Vulcain/Sciences, 2011.
- Jean-Claude Vuillemin, « Theatrum mundi : désenchantement et appropriation », Poétique, vol. 158, no 2, , p. 173 (ISSN 1245-1274 et 1968-3871, DOI 10.3917/poeti.158.0173, lire en ligne [archive], consulté le ).
- Dominique Pasquier, « « Faire public au théâtre aujourd’hui » », Terrains/Théories, no 7, (ISSN 2427-9188, DOI 10.4000/teth.973, lire en ligne [archive], consulté le ).
- Sophie Benamon, « Comment devient-on comédien? » [archive], sur lexpress.fr, (consulté le ).
- Selon Georges Terrey, président des Théâtres privés français en 2004.
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
Articles connexes
Autres formes de théâtre, ou de spectacle vivant
Récompenses
Bibliographie
- Collectif, « Théâtre des commencements... », Études françaises, numéro préparé par Lise Gauvin, vol. 15, n° 1-2, avril 1979, 196 p. (lire en ligne [archive]).
- Michel Corvin (dir.), Dictionnaire encyclopédique du théâtre, Paris, Bordas, 1995, 2 vol. (ISBN 978-2-04-027132-9) - (ISBN 978-2-04-027134-3)
- André Degaine, Histoire du théâtre dessinée, De la préhistoire à nos jours tous les temps et tous les pays, Paris, Nizet, 1992 (ISBN 978-2-7078-1161-5)
- Jean Duvignaud, Sociologie du théâtre, Paris, PUF, 1965 [rééd. Quadrige, 1999 (ISBN 978-2-13-050244-9)]
- Jacqueline de Jomaron, Le théâtre en France, Paris, Armand Colin, 1992 [rééd. Le Livre de Poche, 1998 (ISBN 978-2-253-06396-4)]
- André G. Bourassa et Frédéric Kantorowski, Bibliographie générale d'études théâtrales, Montréal, Université du Québec, 1995-2006 (en ligne [archive])
- La sortie au théâtre [archive], sous la direction de Pascale Goetchel et de Jean-Claude Yon, 2014, Publications de la Sorbonne
- Christophe Barbier, Dictionnaire amoureux du théâtre, Plon, 2015 (ISBN 978-2-25-921980-8)
- Dany Porché, Ego-dictionnaire des mots du théâtre, Ed. Dumane, Pietraserena, 2017 (ISBN 978-2-915-94319-1)
- Laurent Bourdelas, Limousin terre de théâtre, Ed. Mon Limousin, 2019.
Liens externes
Spectacle
Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom.
Sur les autres projets Wikimedia :
Un spectacle peut être :
- Une vue d’ensemble qui attire le regard (« le spectacle de la nature », « se donner en spectacle ») ;
- Un divertissement offert à un public, notamment :
- spectacle vivant : théâtre, danse, concert, opéra, cabaret, cirque, prestidigitation, tauromachie, conte, art performance, etc. ;
- spectacle filmé : cinéma, télévision ;
- spectacle pyrotechnique : feu d'artifice ;
- compétition sportive.
Articles connexes
Catégorie :
Cirque
Pour les articles ayant des titres homophones, voir CIRC et Sierck.
Un cirque est une troupe d'artistes, traditionnellement itinérante, qui comporte le plus souvent des acrobates, propose des numéros de dressage et de domptage d’animaux et donne des spectacles de clowns, de jonglerie et des tours de magie. Plus généralement au XXIe siècle, le cirque est un spectacle vivant populaire organisé autour d’une scène circulaire. Le terme cirque vient du latin circus, en référence à une enceinte circulaire.
Ses caractéristiques ont eu beaucoup d’évolutions dans le temps. Aujourd'hui, le cirque existe sans sa scène circulaire, en salle ou dans des lieux particuliers, aux côtés de pièces de théâtre, de danse, etc. La dénomination cirque s'est « réduite » à la seule pratique d'une discipline de cirque (acrobatique, aérienne, équilibres, manipulation/jonglage, etc.). Avec l'apparition des écoles de cirque en France et à l'étranger à la fin du XXe siècle, les artistes de cirque se sont émancipés de la famille traditionnelle et très peu d'entre eux sont des enfants de la balle. La dénomination est d'ailleurs un sujet de discorde depuis les années 1970 entre les puristes du cirque traditionnel et les ceux qui utilisent le même mot pour exercer un art, finalement, très différent.
Historique
La conception occidentale du cirque s’inspire d’une façon ou d'une autre des jeux antiques romains ainsi que des bateleurs et troubadours du Moyen Âge. Le terme cirque vient du mot latin circus, « cercle », relative à l'enceinte circulaire où se pratiquaient les activités du cirque antique.
La première représentation d’un cirque moderne à Londres date du 1 et est l'œuvre de Philip Astley. Vétéran de retour d’Amérique, il décide de représenter des spectacles équestres avec des démonstrations d'acrobatie dans la Philip Astley's riding school, école équestre dans laquelle est construite la première piste circulaire pour pouvoir tenir les chevaux depuis le centre, au bout de la chambrière (fouets à long manche utilisé par les dresseurs de chevaux) dont la longueur a déterminé la dimension internationale du diamètre de la piste, 13,50 m2. Le mariage du monde équestre militaire et du monde forain autour du cercle est établi lorsqu'Astley égaye son spectacle par des bateleurs, pantomimes et autres voltigeurs, ajoutant des sièges et un toit conique à son anneau en 17733. Cette nouvelle forme de spectacle, fondée essentiellement sur des exercices équestres, est ensuite introduite en France en 1774 par Astley qui y ouvre le premier établissement circassien stable et fixe, l'Amphithéâtre Anglais, établissement repris en 1807 par Antonio Franconi et ses descendants4. C'est seulement au XIXe siècle lors des vagues de colonisation que sont introduits en France et en Allemagne les premiers animaux sauvages, le domptage étant créé selon la tradition en 1819 par l'écuyer Henri Martin qui soumet un tigre de la ménagerie Van Aken en Bavière et imagine une méthode alliant la violence et la douceur5. Déjà à l'époque Monsieur Loyal, maître du manège et présentateur du spectacle de cirque, véritable fil rouge et repère entre les numéros, était déjà présent6.
Cirque à l'ancienne
Cirque Franconi : exercices d'
écuyère, époque du Consulat.
Le régime libéral de la Troisième République en France favorisa la démocratisation des loisirs. Si le théâtre restait le type de spectacle le plus légitime, le cirque fit alors l'objet d’un fort engouement car il touchait deux types de publics : les aristocrates qui se reconnaissaient dans les écuyers incarnant l'aristocratie du cirque et l'art équestre, élément central dans l’identité collective de la noblesse depuis le Moyen Âge, et le peuple attiré par le spectacle des troupes ambulantes qui sillonnaient la France7. Sous l’impulsion de Théodore Rancy, les cirques « en dur » se multiplièrent alors dans les grandes villes françaises8.
La famille Franconi fonda successivement, à Paris, trois théâtres de cirque portant le nom de « Cirque Olympique » :
Dans leur premier, les Franconi présentaient, à l'époque napoléonienne, des animaux sauvages dans leur spectacle de cirque à l'ancienne constitué de numéros équestres et acrobatiques. Le cirque existe depuis toujours, mais des gladiateurs de jadis il ne reste plus que le souvenir, car acrobates, jongleurs, mimes et clowns les ont remplacés. Dans le troisième, la création en 1831 de la pantomime à grand spectacle « Les Lions de Mysore » marqua l'avènement du domptage au cirque. Le dompteur Henri Martin fut engagé, avec ses fauves, par les frères Franconi qui montèrent pour lui cette pantomime dans laquelle les félins du dompteur marseillais étaient présentés derrière un treillage placé sur le devant de la scène.
En 1856, Théodore Rancy fonda son premier cirque (chapiteau ambulant) à Rouen, puis construisit les suivants en dur : à Genève (1875), Lyon (1882), Le Havre (1887), Boulogne-sur-Mer (1888), Amiens (1889), Rouen (1893), etc.
À la fin du XIXe siècle, Paris connut plusieurs cirques sédentaires en activité :
- le cirque des Champs-Élysées (1841-1898), connu sous les noms de cirque de l'Impératrice ou de Cirque d'Été ;
- le cirque Napoléon (1852), l'actuel Cirque d'Hiver acquis par les Bouglione seniors en 1934 ;
- le cirque Fernando (1875-1972) qui devient le cirque Medrano en 1897, « le Théâtre des clowns » ;
- le Nouveau Cirque (1886-1926), cirque-piscine construit rue Saint-Honoré (doté d'une piste transformable en piscine pour les pantomimes nautiques) ;
- le cirque Molier, fondé en 1880 par Ernest Molier (1850-1933)9, près du bois de Boulogne, rue Benouville à Passy. Lors des deux représentations annuelles, artistes et aristocrates se mélangent sur la piste, pour des numéros où les chevaux ont la part belle10 ;
- l'Hippodrome au pont de l'Alma, inauguré en 1877, mêlant lions, éléphants et courses de chars, qui ferme en 1892, et auquel succède en 1894 l'Hippodrome du Champ-de-Mars, puis, en 1900, l'Hippodrome de Montmartre.
Le dernier cirque stable à ouvrir ses portes dans la capitale française fut le cirque Métropole (1906-1930) connu sous l'enseigne de cirque de Paris, lequel mit souvent des dompteurs en vedette.
Cirque traditionnel
L'éléphant Jack à l'Hippodrome de Paris (1885).
Le cirque-ménagerie succéda au cirque équestre du XIXe siècle.
Fondé en 1854 par une famille anglaise, les Pinder, le Cirque Britania traverse la Manche dès 1868 et prend le nom de cirque-hippodrome des frères Pinder. Les convois étaient tirés par des chevaux.
La fusion cirque-ménagerie fut popularisée par le cirque anglais de Lord George Sanger entre 1856 et 1870, à l'époque où sa collection d'animaux exotiques a été la plus importante parmi les ménageries ambulantes de Grande-Bretagne.
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, Barnum et ses successeurs, aux États-Unis, donnèrent un nouvel essor au cirque.
Scènes de cirque autour de 1891.
- En 1871, Phineas Taylor Barnum, avec ses associés William Cameron Coup et Dan Castello, exploita le premier Cirque Barnum englobé dans un ensemble voyageant par le train et réunissant musée de curiosités, ménagerie, convoi et chapiteau.
- Allié avec James Anthony Bailey, en 1881, il créa le premier chapiteau à 3 pistes qui prit le nom de « Barnum & Bailey Circus » en 1887. Le cirque géant effectuera une grande tournée dans toute l'Europe de 1897 à 1902.
- Les frères Ringling, en 1907, rachetèrent le cirque Barnum & Bailey pour l'associer au leur, le Ringling Bros. Circus, fondé en 1884, et former, en 1919, le plus grand chapiteau du monde : le Ringling bros. and Barnum & Bailey circus, The Greatest Show on Earth.
Le Cirque Carl Hagenbeck, fondé à Hambourg en 1887 sous le nom de « Cirque international et Caravane cingalaise », a voyagé dans le monde entier, avec une ménagerie importante, en complétant ses représentations par des exhibitions zoologiques et ethnologiques, et a existé jusqu'en 1953.
Le Wild West Show de Buffalo Bill, créé en 1884, effectua une tournée en Europe en 1889 et en 1905. Le spectacle de l'Ouest américain marqua longtemps les esprits notamment en France où Sampion Bouglione père récupéra un stock d'affiches du véritable héros du Far West, acquit en 1926 un grand chapiteau d'occasion et lui donna le nom de « Stade du Capitaine Buffalo Bill ».
Le Cirque Sarrasani, créé en 1902 à Dresde en Saxe, impressionna l'Allemagne et l'Amérique du Sud par le prestige de son directeur le « Maharadjah » Hans von Stosch-Sarrasani, Chevalier de l'Ordre Impérial Persan du Lion et du Soleil, par l'organisation de ses installations (caravanes, écuries, ménageries, tentes et chapiteaux) et par le faste de ses spectacles qui se déroulaient, à partir de 1918, sous l'un des plus beaux chapiteaux de structure ronde et sur une piste de 17,5 mètres de diamètre.
En 1919, les frères (Friedrich, Rudolf, Karl et Eugen) Knie transformèrent l'arène familiale à ciel ouvert en un cirque sous chapiteau sous l’enseigne « Cirque Variété National Suisse Frères Knie ».
Le cirque s’est transformé en spectacle exotique grâce à la présence d’animaux sauvages et en fait sa notoriété (ou sa publicité) par leur exposition lors d'une parade ou dans une ménagerie :
Entre les deux guerres mondiales, les cirques français annexèrent à leur établissement une ménagerie, jusque-là spectacle forain. L'inverse se produisit également, les ménageries foraines ajoutant un spectacle de cirque à leur établissement. C'est aussi à cette époque que les cirques français motorisèrent leurs convois routiers. Ainsi s'imposèrent en France : le Zoo-Circus des frères Court (1921-1932), premier grand cirque voyageur français, le Cirque des 4 frères Amar (1924), celui des 4 frères Bouglione (1933), Pinder (1928-1972, direction Spiessert).
Le cirque-ménagerie se caractérise par la présence de dompteurs ou de dresseurs d'animaux au sein des fratries ou des familles de circassiens.
- Alfred (frère de Jules) Court forma en 1923 au Zoo-Circus son premier groupe mixte de fauves intitulé « La Paix dans la Jungle ».
- Les frères Amar furent tous dompteurs : Ahmed, l'aîné des Amar, présenta des tigres et des éléphants, Ali des ours blancs, Chérif des lions et Mustapha, après un accident avec un tigre, assura la direction du cirque.
- Les Bouglione seniors se spécialisèrent : Sampion comme dresseur de chevaux, Joseph comme dresseur d'éléphants, Firmin comme dompteur de fauves et Alexandre comme administrateur du cirque.
- Roger Spessardy (frère de Charles Spiessert) fut dompteur de fauves chez Pinder et dirigea la ménagerie.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, il circulait cinquante-quatre cirques, toutes catégories confondues, par les routes de France11.
Après la Seconde Guerre mondiale, les cirques français s'associèrent à la radio et à la télévision, tels le Radio-Circus12 puis Grand Cirque de France (période 1949-1965) des Grüss-Jeannet et Pinder ORTF (1961-1969) avec le label de La Piste aux étoiles. Pour corser leurs programmes, ils mêlèrent le spectacle de cirque avec des éléments étrangers à la piste : des présentateurs vedettes, des prestations d'artistes de music-hall, des exhibitions de champions sportifs et des jeux radiophoniques.
Autour des années 1970, les cirques français les plus importants furent Amar (1973-1982, direction Firmin Bouglione junior), Bouglione (les Bouglione juniors : Sampion, Emilien et Joseph), Pinder (1972-1983, direction Jean Richard), Rancy (1962-1978, création Sabine Rancy), Jean Richard (1968-1983), Zavatta (1978-1991, création Achille Zavatta) ainsi que le cirque à l'ancienne de la famille Grüss (1974, direction Alexis Grüss junior).
Le cirque italien American circus entama, avec son chapiteau à trois pistes, une tournée en France, à la fin de l'année 1979, qui fut suivie d'autres jusqu'en 1986. En 1981, le Cirque Bouglione prend le nom d'American Parade, puis d'American Circus pour contrecarrer son concurrent.
Des faillites retentissantes (Amar13 en 1973, Jean Richard en 1978 et en 1983, Rancy en 1978 et en 1987, Achille Zavatta en 1991) et l'affaire American circus14 en 1979 marqueront la « fin » du cirque traditionnel en France et permettront son renouveau15.
Quelques cirques sédentaires (cirques fixes ou cirques d'hiver) subsistèrent16, mais les établissements voyageurs furent très nombreux17 :
- en Europe
- en Allemagne : Busch-Roland, Hagenbeck, Althoff, Krone, Sarrasani, Barum ; Roncalli ;
- en Espagne : Feijóo-Castilla ;
- en Grande-Bretagne : Bertram Mills, Chipperfield, Billy Smart ;
- en Italie : Togni, Orfei, Casartelli, Bellucci ;
- en Suisse : Knie, Nock, Conelli, Monti ;
- en Belgique : De Jonghe (qui tourna aussi au Congo belge) ;
- en Amérique du Nord
Nouveau cirque et cirque contemporain
Dans les années 1970, le mouvement du nouveau cirque fait son apparition en France. Il est porté par la démocratisation du cirque avec l’ouverture d’écoles de cirque agréées par la Fédération française des écoles de cirque. Le cirque s’ouvre et se remet en question et pratique l'humour. Ainsi, le personnage du clown a-t-il évolué vers de nouvelles formes. Ce genre de spectacle qui s'est davantage théâtralisé (comme Archaos, Cirque Baroque, Cirque Plume, Zingaro, la Compagnie Mauvais Esprits, le cirque de Phare Ponleu Selpak, La Famille Morallès, Cirque ici - Johann Le guillerm, etc.) a remis en question les conventions du cirque, dit désormais cirque traditionnel, qui demeure cependant bien vivant, assimilant certaines des innovations du nouveau cirque. Les spectacles d'Arlette Gruss, par exemple, adoptent des costumes et des musiques proches de celles des québécois du Cirque du Soleil tout en continuant à présenter des numéros des disciplines traditionnelles, en particulier des exercices de dressage. De plus avec la création des écoles, des rencontres régionales et nationales sont instaurées, ce qui donne au cirque des touches sportives et artistiques.
La nouvelle génération d'artistes des années 1990 revendique désormais davantage que le nouveau cirque, et s'appelle plus volontiers cirque contemporain ou "cirque de création" (dans les années 2000). Les frontières deviennent de plus en plus floues, et les spectacles s'inspirent de plus en plus du mouvement de la performance ou encore de danse contemporaine tout en s'éloignant du côté spectaculaire ou sensationnel caractéristique du cirque traditionnel ou même du nouveau cirque.
La fin de Barnum
En janvier 2017, le cirque Barnum annonce qu'il va fermer ses portes au mois de mai de la même année, après 146 ans d'activité. Cette décision, due à la baisse des recettes, elle-même liée au fait que ce cirque ne montre plus de spectacle utilisant des animaux sauvages, est saluée par les défenseurs des animaux18.
Liste de spécialités présentées
- Clown (Auguste, clown blanc, bouffons, burlesques...)
- Contorsion
- Dressage et domptage d'animaux (aras et perruches, autruches, chameaux et dromadaires, chats, chiens, colombes, éléphants, grands félins, girafes, lamas, otaries, ours, serpents, singes...)
- Équestre
- Équilibrisme
- Fakir
- Illusionnisme
- Jonglerie
- Antipodisme
- Assiettes tournantes ou assiettes chinoises, tapis
- Balles et ballons, anneaux, massues
- Bâton de feu, bâton indien, bolas, poï, cordes, météore (pyrotechnie)
- Bâton du diable
- Boîte à cigares, gobelets
- Cerceaux, hula hoop
- Chapeau
- Contact
- Diabolo, diabolo-toupie
- Fouet
- Lancer de couteaux
- Lasso
- Passing
- Rebond
- Monsieur Loyal
- Mime
- Ventriloquie
Liste de cirques renommés
Allemagne
Australie
Belgique
Canada
Chine
Espagne
États-Unis
France
Italie
Royaume-Uni
Russie
Suisse
Musiques et orchestres d'un cirque
Les formations les plus traditionnelles sont composées d'instruments à vent, tels que trompettes, trombones, saxophones et tuba, d'un xylophone et d'une batterie marquant notamment les roulements de tambour introduisant le suspense avant un exploit périlleux d'une prouesse acrobatique, suivi de chaque exploit réussi renforcé par un coup de cymbale.
L'orchestre est le plus souvent situé un peu en retrait au-dessus de l'entrée des artistes, permettant au chef et musiciens d'avoir une bonne vue d'ensemble sur la scène et l'évolution de ces derniers afin de faire concorder la musique et le rythme au fur et à mesure.
Festivals et manifestations
Festivals
Belgique
- European Circus, festival de cirque de Liège (Belgique) : annuel, depuis 1991.
- Festival UP! (anciennement Pistes de Lancement), biennale internationale de cirque de l'Espace Catastrophe (Bruxelles, Belgique) : biennal, en mars, depuis 1998.
- HOPLA!, fête des arts du cirque de Bruxelles (Belgique) : annuel, en avril, depuis 2008.
Canada
- Fête de parc ReCirque de Sherbrooke (Québec, Canada) : annuel, en juin, depuis 2005.
- Mondial des amuseurs public de Trois-Rivières (Québec, Canada) : annuel, en juillet, depuis 1992.
- Montréal complètement cirque (Québec, Canada) : annuel, en juillet, depuis 2010.
- Turbo Fest (Québec, Canada) : annuel, en janvier, depuis 2007.
- Festival du Cirque de Dieppe (Nouveau-Brunswick, Canada) depuis 2012.
France
- L'Atelier du Plateau fait son cirque, Paris : programmation de cirque annuelle, en octobre, depuis 2002.
- Festival Cirko Galop, Muizon, annuel depuis 2004, cirque traditionnel, Famille Lamarche, Cheval Art Action
- Balles habiles à Belleville, Paris : convention de jonglerie et festival d'arts de la rue annuel, dernier week-end de mai, depuis 1997.
- Caravane de cirques, organisé par la Grainerie (fabrique des arts du cirque) et le Lido, chaque printemps à Balma, Toulouse et l'agglomération toulousaine.
- Circa, festival du cirque actuel d'Auch : annuel, fin octobre, depuis 1988.
- Les Élancées, festival des arts du geste d'Istres : annuel, en février, depuis 1999.
- Festisis, festival du cirque et des arts vivants de la région du Val d'Aisne, Pargny-Filain : annuel, en juillet, depuis 1998.
- Festival international du Cirque du Val d'Oise
- Festival des arts du cirque du Grand-Quevilly : annuel, en mai, depuis 1988.
- Festival européen des Artistes de cirque, Saint-Paul-lès-Dax : annuel, en novembre, depuis 1999.
- Festival international du cirque de Bayeux : tous les deux ans, début mars, depuis 2005.
- Festival international du cirque de Grenoble puis Voiron : annuel, fin novembre, depuis 2002.
- Festival international du cirque de Massy : annuel, depuis 1993.
- Festival international du cirque de Tours : depuis 2007.
- Festival mondial du cirque de demain, Paris : annuel, dernier week-end de janvier, depuis 1977, fondé par Isabelle et Dominique Mauclair, présidé par Alain Pacherie (Cirque Phénix).
- Fête du chapiteau bleu de Tremblay-en-France : annuel, fin juin, depuis 2006.
- Furies, festival de cirque et de théâtre de rue de Châlons-en-Champagne : annuel, depuis 1990.
- Hip Cirq Hop, festival de cirque et de hip-hop de Bagneux : annuel, fin juin depuis 2009.
- Les inattendus, festival des arts du cirque et de la rue de Manderen : annuel, le premier week-end du mois d'août.
- Janvier dans les étoiles, festival de cirque contemporain de La Seyne-sur-Mer : annuel, fin janvier, depuis 2000.
- Le Jongleur est dans le pré, convention de jonglerie de Nonville : annuel, en septembre, depuis 2000.
- Midi-Pyrénées fait son cirque en Avignon : annuel, en juillet dans le cadre du festival off d'Avignon, depuis 2006, organisé par Circuits (scène conventionnée d'Auch), la Grainerie (fabrique des arts du cirque de Balma) et le Lido (centre des arts du cirque de Toulouse).
- Le Nouveau festival d'Alba-la-Romaine : 1re édition en juillet 2013.
- Parade(s), festival des arts de la rue de Nanterre : annuel, en mai, depuis 1990.
- Pistes d'automne, Pistes de printemps, Festival international de clowns et de cirque nouveau du Centre régional des arts du cirque de Lomme : annuel, en automne et en avril, depuis 1993.
- Pisteurs d'étoiles, festival de cirque d'Obernai : annuel, en avril-mai, depuis 1996.
- La Route du Cirque, festival de cirque contemporain de Nexon : annuel, en août, depuis 2000.
- Rencontre des jonglages, La Courneuve : annuel, en avril, depuis 2008.
- Second Geste, festival des arts du cirque de Saint-Pair-sur-Mer : annuel, en novembre.
- La Semaine cirque, festival de cirque de Carmaux : annuel, en février, depuis 2004.
- Solstice, festival des arts du cirque d'Antony : annuel, en juin, depuis 2001.
- Sous le chapitô, festival de cirque de Bagnolet incluant le Festival des clowns, des burlesques et des excentriques : annuel, en avril, depuis 2005.
- Tant qu'il y aura des mouettes, rencontres Cirque & Musique, à Langueux, par la compagnie Galapiat : annuel, en avril, depuis 2008.
- Village de Cirque, Paris : annuel, en octobre, depuis 2005, organisé par la coopérative De rue et de cirque (2R2C).
- Histoire de Cirque, Hautmont : annuel, en juin, depuis 2017, parcours spectacle contant l’histoire du cirque au travers de spectacles du cirque Lydia Zavatta, du cirque Bouglione, d’un cirque d’orient, d’un cirque médiéval, de voltigeurs...
Autres pays
- Festival international du cirque d'Albacete (Espagne) : 1re édition en 2008.
- Festival international du cirque de Budapest (Hongrie) : tous les deux ans, depuis 1996.
- Festival international du cirque de Monte-Carlo (Principauté de Monaco) : annuel, depuis 1974.
- Festival international d'acrobatie de Wuqiao (Chine) : tous les deux ans, depuis 1987.
- Festival de cirque contemporain de Chicago - "Chicago Contempary Circus Festival" (États-Unis)
Salons
- Salon Mondial du Cirque, Paris : 1re édition du 11 au 13 avril 2008.
À la télévision
- La Piste aux étoiles, la plus célèbre émission française de cirque de la télévision de 1950 à 1976, animée par Roger Lanzac puis Pierre Tchernia. Parution en DVD, octobre 2005.
- Les émissions télévisées de Jean Richard consacrées au cirque :
- 1,2,3… en piste (1re chaîne), émission présentée par Marcel Fort et Jacqueline Monsigny,
- Messieurs les Clowns (2e chaîne couleur),
- Calvacade Circus (1973),
- Cirques du Monde (1974).
- Le Plus Grand Cabaret du monde, émission diffusée par France 2 depuis 1999, animée par Patrick Sébastien.
- Le Festival mondial du cirque de demain, émission diffusée sur Arte.
- La Caravane de l'étrange ou Carnivàle, la série télévisée en deux saisons produite par HBO.
- Le grand chapiteau des animaux, série documentaire (2010) diffusée sur Arte.
- Une saison au cirque, série documentaire (2014-2015) diffusée sur France 4 et tournée au Cirque Arlette Gruss.
- Quel Cirque !, série documentaire (2015) diffusée sur Arte et présentée par la fil-de-fériste Sarah Schwarz.
Musées du cirque
L'art et le cirque
Le cirque a inspiré de nombreux artistes peintres : Joseph Faverot, Rouault, Picasso, Chagall, Degas, Renoir, Toulouse-Lautrec, Seurat, Matisse, Fernand Léger, Edmond Heuzé, Roger Guit, Alexis Kalaeff, Emmanuel Bellini, Frédéric Menguy, Paul Klee, Calder, Jacques de Sadeleer20.
-
-
-
-
-
Le Cirque de Georges Seurat (1891).
-
Au Cirque : cheval et singe dressés de Henri de Toulouse-Lautrec (1899).
Arts plastiques, expositions
- Aires de Cirques, exposition itinérante proposée par le plasticien-musicien Patrick Sapin de la Cie EmyWay. 70 sculptures d'assemblages d'objets autour des arts du cirque. Nombreuses expositions en France depuis 2002.
- Le Cirque (Mémoire à la bibliothèque municipale et Présence au centre culturel), Boulogne-Billancourt, 1996. Commissariat : Marilys de la Morandière, Irène Boisaubert, Pascal Jacob et Christian William. Catalogue : Le Cirque, Regards sur les arts de la piste du XVIe siècle à nos jours, Pascal Jacob, Éditions Plume, Paris (1996) (ISBN 2841100553).
- Jours de cirque, Grimaldi Forum Monaco, 2002. Commissaire général : Zéev Gourarier. Catalogue : Jours de cirque, Actes Sud, Paris (2002) (ISBN 274273838X).
- La Grande Parade, au Grand Palais à Paris en 2004, a rassemblé quelque 200 œuvres - tableaux, photos et vidéos. Commissaire général : Jean Clair. Catalogue : La Grande Parade, Éditions Gallimard (2004) (ISBN 2070117820).
- Au cirque, le peintre et le saltimbanque, Musée de la Chartreuse de Douai, 2004. Commissariat général : Françoise Baligand et Zéev Gourarier. Catalogue : Au cirque, le peintre et le saltimbanque, Somogy Éditions d'Art, Paris (2004) (ISBN 2850567361).
- Mes rêves en jouets. Le Cirque, Sylvie et Gilles Legrand, Brigitte Chamousset, Jet Réalisations, 2000. Edition bilingue anglais-français. Jouets de l'univers du cirque, toutes époques, avec les références, marques, matériaux, tailles, pays, années. (ISBN 2912168201).
- Picasso et le cirque, Fondation Pierre-Gianadda, Martigny (Suisse), 2007. Catalogue : Picasso et le cirque, Fondation Pierre Gianadda (2007) (ISBN 9782884431026).
- Toulouse-Lautrec et le cirque, au Musée Toulouse-Lautrec d'Albi en 2006, et Toulouse-Lautrec au cirque, au Mus