Théâtre d'ombres
Ombres chinoises
Personnages d'un théâtre d'ombres chinoises.
Le théâtre d'ombres consiste à projeter sur un écran, formé par un cadre en bois et des feuilles de papier ou un drap, des ombres produites par des silhouettes découpées et montées sur des baguettes, des silhouettes d'acteurs, des jeux de mains, que l'on interpose dans le faisceau lumineux qui éclaire l'écran. Il est possible de jouer avec ce faisceau lumineux, en ajoutant des couleurs ou en y variant l'intensité. Les plus connues sont probablement les ombres chinoises Pi ying et les wayang kulit d'Indonésie. Dans le langage courant, on utilise d'ailleurs souvent l'expression ombres chinoises pour désigner le théâtre d'ombre. Il s'agit d'élaborer un théâtre pratique, commode et transportable ; au-delà de la projection de silhouettes, le théâtre d'ombres est un art complexe qui fait intervenir différentes performances comme l'esthétique visuelle et l'animation d'une part, et d'autre part la musique, la déclamation et le chant.
Historique
Tout comme sa cousine la marionnette dont ils partagent la même structure (le castelet), le théâtre d'ombres a des origines très anciennes. La tradition fait de l'Inde ou de la Chine son lieu de naissance (la fameuse « ombre chinoise »). C'est de là qu'à la faveur des grandes migrations il aurait gagné le Proche-Orient pour ensuite arriver en Europe.
Utilisé d'abord à des fins religieuses (évoquer l'âme des morts) et d'exorcisme, il est rapidement devenu une forme particulièrement séduisante de spectacle populaire, mettant en scène aussi bien de grands poèmes épiques que des satires politiques ou grivoises, comme le célèbre Karagöz de Turquie par exemple.
La tradition du théâtre d'ombres est encore vivace en Asie (Chine, Cambodge, Thaïlande, Malaisie, Java, Bali), le Karaghiosis en Grèce et le Karagöz en Turquie, et dans une plus faible mesure en Europe occidentale ou en Amérique du Nord au Québec grâce à des compagnies comme le Théâtre de la Pire Espèce à Montréal.
Asie
Cambodge
L’apparition du théâtre d’ombre dans ce pays remonte à plus d’un millénaire. Il existe deux types de théâtres traditionnels qui sont d’origine indienne :
Le Sbeik Touch qui signifie « le petit cuir ». Il appartient à la culture khmère et raconte des histoires de la vie quotidienne, de la condition humaine (théâtre comique et parodique). C’est un art populaire joué dans les quartiers (qui remonte au IXe siècle), composé de deux parties : un scénario et de l’improvisation pour la première, une création in situ pour la seconde. Ce théâtre commençait à la tombée de la nuit et finissait au lever du soleil.
Le Sbeik Thom qui signifie « le grand cuir ». Il est constitué de grandes silhouettes non amovibles et était joué à la cour. C’est un théâtre dansé qui se joue à la fois devant ou derrière l’écran. On a des dialogues entre les ombres derrière et des acteurs devant.
Ces deux théâtres ont disparu après le régime des Khmers rouges1.
Chine
La Chine est réputée pour être le berceau du théâtre d'ombres. En effet, les documents les plus anciens attestant de cette forme de spectacle nous viennent de ce pays. Dans l'ouvrage Ombres et Silhouettes d'Hetty Paërl, Jack Botermans et Pieter van Delft, on cite un document datant de 121 avant Jésus Christ et d'autres du XIe siècle. D'autres sources (Les théâtres d'ombres de Denis Bordat, Théâtres d'ombres de Stathis Damianakos) vont dans le même sens.
Les figurines chinoises mesurent environ trente centimètres de hauteur et sont composées de 8 à 12 pièces différentes. Elles sont en cuir finement découpé et mis en couleur. Les têtes des personnages sont amovibles et permettent donc de mettre en place des changements vestimentaires pour les marionnettes. Elles offrent un contraste saisissant selon qu'elles sont projetées (colorées, lumineuses) ou non (ternes et sans attrait).
Les figurines sont projetées sur un écran composé d'une toile et éclairé par une lampe à huile. Un petit orchestre vient appuyer la mise en scène par un accompagnement musical souvent de nature rock.
Le répertoire ancien reprenait des légendes traditionnelles ou religieuses, des drames ayant eu lieu entre des dieux, des histoires magiques… Aujourd'hui, les pièces sont tirées essentiellement du folklore local.
Inde
Indonésie
Syrie
Le théâtre d'ombres syrien est inscrit sur la liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente le 2.
Thaïlande
Théâtre d'ombres de la Thaïlande (Nang Yai)
Au sein de la culture dramatique thaïlandaise, se distinguent plusieurs sortes de théâtre.
Depuis la période d'Ayutthaya (1350-1767) se sont créés quatre styles différents de théâtre : le Khon et le Lakhon avec des acteurs costumés et deux théâtres de marionnettes, le Nang Talung et le Nang yai.
Le Nang Yai est un théâtre d'ombres populaire du centre de la Thaïlande, où de grands personnages (marionnettes) sont projetés sur un écran blanc et manipulés par des acteurs cachés en dessous de l'écran. Les marionnettes appelées Hun sont manipulées par en dessous. Leurs mouvements sont à l'origine des danses dans les théâtres Khon et Lakhon.
Proche du Nang Yai, mais situé dans le sud de la Thaïlande, le Nang Talung, possède des marionnettes plus petites, dont certaines parties du corps sont mobiles (jambes, bras, bouche…). Les manipulateurs, acteurs et chanteurs, cachés du public, donnent par leurs chants et leur talent d'acteur, aux représentations un tempo saisissant.
Iran
On trouve du théâtre d'ombres mentionné dans la poésie iranienne dès le IXe siècle ainsi que dans des récits de voyages du XVIe siècle. L'aspect visuel étant simplifié, une grande place est accordée à la voix ainsi qu'au travail auditif.
On y trouve par exemple le spectacle kheymeh shab bazi, qui était à l'origine un spectacle d'ombres, à l'ambiance joyeuse et légère. La dimension vocale et sonore y contribuaient beaucoup, ce qui fait que l'écoute était un élément central. Yassaman Khajehi, maître de conférences en Études théâtrales dit : "Moins qu'on ne voit les corps, on les entend".
Europe
France
Différentes sources citent le théâtre d'ombres de Dominique Séraphin véritable fondateur en France des ombres chinoises. Installé à Versailles en 1772 il divertit plusieurs fois la famille royale. L'idée d'un théâtre d'ombres lui serait venue par un théâtre enfantin dirigé par Audinot. Le succès, provoqué par l'intérêt pour les ombres comme par différents patronages de différents personnages influents comme l'abbé de l'Epée, le prince de Condé, André Chénier, René Just Haüy, Lavoisier ou encore Buffon, provoque l'ouverture d'un théâtre d'ombres au Palais Royal dans la galerie de Pierre le .
À la fin du XIXe siècle et début du XXe siècle, le théâtre d'ombres connut un grand succès au cabaret du Chat Noir avec des artistes comme Henri Rivière et Caran d'Ache. De véritables petits chefs-d'œuvre furent donnés comme La Tentation de Saint-Antoine ou La Marche à l'étoile d'Henri Rivière (cf. plus bas à la section Bibliographie), L'Épopée de Caran d'Ache sur des poèmes musicaux de Georges Fragerolle.
Le Chat Noir fit des émules à Paris mais aussi en province : à Châteauroux, le Pierrot Noir, cabaret artistique et littéraire créé en 1897 par Maurice Brimbal, était doté d'un théâtre d'ombres dont le répertoire comportait des pièces du Chat Noir mais également des créations originales. Il connut un grand succès pendant son existence éphémère (1897-1911)3.
Un conte persan, extrait du spectacle
Contes en Ombres de La
Cie humpty-dumpty.
En Italie, le Musée de Precinema collezione Minici Zotti à Padoue abrite une collection de 70 ombres françaises comparables aux ombres employées dans le cabaret du Chat Noir, avec un théâtre original, plusieurs toiles de fond peintes et deux lanternes magiques pour projeter les scènes. Jusqu'à maintenant, les pièces de théâtre d'ombres identifiées sont : La Marche à l'étoile, Le Sphinx, L'Âge d'or et Le Carnaval de Venise. On croit que les théâtres ont été créés par le Prestidigitateur Alber à la fin du XIXe siècle.
Belgique
En Belgique, plusieurs compagnies sont spécialisées dans cet art dont le Clair de Lune Théâtre et la Compagnie de l'Ombre.
Allemagne
La réalisatrice de films d'animation allemande puis britannique Lotte Reiniger est une pionnière des films d'animation de silhouettes en Allemagne, au milieu des années 1920. Ses courts-métrages inspirés de contes, dont Les Aventures du prince Ahmed, firent sa réputation. Entièrement conçu de silhouettes de papier découpé, ce film est inspiré des contes des Mille et une nuits.
Grèce
Le Karaghiosis est la forme traditionnelle du théâtre d'ombres grec. Il est directement inspiré du Karagöz turc.
Turquie
Le Karagöz est la forme traditionnelle du théâtre d'ombres turc. Il fait partie du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO depuis 2009.
Bibliographie
- Petit théâtre des ombres chinoises . Par M. T.-T., 1825, [voir en ligne [archive]]
- Le Séraphin de l'enfance, recueil de pièces d'ombres chinoises dédiées à la jeunesse, Dembour et Gangel, Metz, 1843. [voir en ligne [archive]]
- Guignollet, Le Théâtre Des ombres Chinoises, nouveau Séraphin des enfants, Le Bailly, 1880. [voir en ligne [archive]]
- Paris qui roule / George Bastard ; avec dessins de Tiret-Bognet et ombres chinoises de Louis Bombled, G. Chamerot, Paris, 1889, [voir en ligne [archive]]
- Paul Eudel, Les Ombres chinoises de mon père, Édouard Rouveyrer, Paris, 1885.[voir en ligne [archive]]
- La Tentation de saint Antoine, féérie à grand spectacle, en 2 actes et 40 tableaux, par Henri Rivière. [Paris, Chat noir, .] Musique nouvelle et arrangée de MM. Albert Tinchant et Georges Fragerolle, 1888,[voir en ligne [archive]]
- Le rêve de Joël : légende / poème et musique de Georges Fragerolle ; composition en couleurs de Louis Bombled, [voir en ligne [archive]]
- Les théâtres d'ombres chinoises : renseignements complets et inédits sur la manière de fabriquer soi-même et d'employer un théâtre d'ombres et les personnages / par le prestidigitateur Alber, Paris, 1889 [voir en ligne [archive]]
- La Marche à l'étoile, mystère en 10 tableaux, poème et musique de Georges Fragerolle, dessins de Henri Rivière, Paris, 1890, [voir en ligne [archive]]
- Victor Effendi Bertrand, Les Silhouettes animées à la main, Charles Mendel, Paris, 1892. [voir en ligne [archive]]
- Jacques Ferny et Fernand Fau, Le secret du Manifestant, drame express en cinq actes, Fromont, Éditeur, Paris, 1894 [voir en ligne [archive]]
- Le Sphinx, épopée lyrique en 16 tableaux, poème et musique de Georges Fragerolle, ombres et décors de Amédée Vignola, 1896, Paris, [voir en ligne [archive]]
- Louis Lemercier de Neuville, Les Pupazzi Noirs, Charles Mendel, Paris, 1897. [voir en ligne [archive]]
- Paul Eudel, Le mort récalcitrant, chez Cléon Sapin, libraire, Paris, 1898, ombres animées en un acte, [1] [archive]
- Emile Lagarde, Ombres chinoises, Guignol, Marionnettes, Librairie Mondiale, Paris, vers 1900 [voir en ligne [archive]]
- La Pierre qui chante : (pièce d'ombre en 10 tableaux pour voix et piano) poème et musique de Georges Fragerolle ; dessins de Louis Martin, éditée par Mazo, Paris, 1905/1911. [2] [archive]
- Yassaman Khajehi, Du crieur public au personnage vocal: entendre les corps du théâtre de marionnette traditionnelle iranienne, entretien avec Sandrine Le Pors
- Sandrine le Pors, A l'Oreille
- Maja Saraczynska, L'Objet, le corps: de la symbiose à la confrontation
Liens externes
Le roi de Thulé, légende du Nord en 10 chants. Musique de Jean Fragerolle, poésie de Desvaux-Vérité, dessins de P. Boissart, édité par Mazo, Paris, 1909. [3] [archive]
- Louis Lemercier de Neuville, dessins de Jean Kerhor, Ombres chinoises, Le Bailly, Paris, 1911. [voir en ligne [archive]]
- Henriot, Les Poilus à travers les âges, monographie imprimée, Berger-Levrault, Paris, 1918 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6527621c.r=Les+Poilus+%C3%A0+travers+les+%C3%A2ges%2C+ombres.langFR# [archive]
- Paul Jeanne, dessins et illustrations d'Eugène Lefebvre, Bibliographie des Marionnettes, éditions de la Très Illustre Compagnie des Petits Comédiens de Bois, Paris, 1926, [voir en ligne [archive]]
- Parisot, de Percy, 1915, sur le front, Le Poilu4,5
- Paul Jeanne, Les Théâtres d'ombres à Montmartre De 1887 À 1923, Les éditions des presses modernes, Paris, 1937., voir sur Gallica : [4] [archive]
- Denis Bordat et Francis Boucrot, Les Théâtres d'ombres, histoire et techniques, L’Arche, Paris, 1956.
- Jeanne Cuisinier, Le Théâtre d’ombres à Kelantan, Préface de Jean Filliozat, Gallimard, Paris, 1957.
- Pascale Remise, Magie lumineuse, du théâtre d'ombre à la lanterne magique, Balland, Paris, 1979.
- Hetty Paërl, Jack Botermans, Pieter Van Delft, Ombres et Silhouettes, Chêne Hachette, Paris, 1979.
- La revue BTJ 198 Notre théâtre d'ombres [présentation en ligne [archive]]
Notes et références
- NikoMagnus, « À propos des ombres chinoises... » [archive], sur www.theatredelalanterne.net (consulté le ).
- « Sept nouveaux éléments inscrits sur la Liste de sauvegarde urgente » [archive], sur UNESCO (consulté le )
- Lacour Francesca, « Le Pierrot Noir : un "cabaret artistique" de la Belle Epoque à Châteauroux », Revue de l'Académie du Centre, , p. 48-95.
- « Le poilu, pièce d'ombres de de Percy, Parisot » [archive], sur wifeo.com (consulté le ).
Annexes
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Articles connexes
Liens externes
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Ombres chinoises est un essai de Simon Leys, pseudonyme de Pierre Ryckmans, publié en 1974, après un séjour de six mois en Chine. La trilogie : Les Habits neufs du président Mao (1971), Ombres chinoises (1974) et Images brisées (1976), évoque la Révolution culturelle chinoise et dénonce le « mensonge maoïste ». Ombres chinoises est traduit en neuf langues et consacre la réputation internationale de Simon Leys.
Présentation
Pierre Ryckmans est nommé attaché culturel à Pékin afin de participer à l'ouverture de l'ambassade belge le 1. Chargé, en tant que sinologue, d'élaborer des rapports détaillés, il parcourt le pays. Sa connaissance de la langue et des modes de vie lui permettent d'éviter l'habituelle surveillance policière2. À la suite de ses voyages, il rédige Ombres chinoises3. Simon Leys indique dans l'avant-propos de l'ouvrage :
- « Dieu sait pourtant combien l’existence serait agréablement simplifiée si nous pouvions nous persuader que seule la Chine morte doit faire l’objet de notre attention ! Comme il serait commode de garder le silence sur la Chine vivante et souffrante, et de se ménager à ce prix la possibilité de revoir une fois encore cette terre tant aimée… »4.
Pierre Boncenne décrit Ombres chinoises comme un « habile patchwork, analyses et choses vues ou entendues, anecdotes sur la vie quotidienne, évocation littéraire, données économiques, intermède sur les moyens de transport, compte rendu d'un banquet diplomatique, listes d'ouvrages en librairie, exemples de programmes scolaires, visites de sites, propos politiques, conversation à bâton rompus, portraits de gens de la rue et du Parti... »2. Selon la biographie de l'auteur sur le site de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, Ombres chinoises dénonce le « mensonge maoïste » et la « complicité de ses thuriféraires occidentaux »5.
L'ouvrage est publié en 1974, Patrick Nothomb explique ce décalage de deux ans par la demande de Jacques Groothaert (en) (ambassadeur de la Belgique à Pékin), afin de ne pas gêner le gouvernement belge 6.
Le , un des célèbres Après-midi de France Culture ayant pour thème « la conspiration du silence », dénoncée par Simon Leys dans Ombres chinoises est organisé de Pierre Descargues et Claude Hudelot, en présence de Leys, du général Jacques Guillermaz, de René Viénet, de Francis Deron sous le pseudonyme d'Edmond Redon, et de François Godement7.
Accueil critique
Ce deuxième ouvrage de ce qui sera une trilogie, fera connaître Simon Leys à un plus vaste public et notamment, par sa traduction en anglais (Chinese Shadows), en 1977 aux États-Unis8.
Pour le philosophe Jean-François Revel, « Simon Leys, au milieu de l'océan de bêtises et d'escroqueries intellectuelles qui baignait les côtes poissonneuses de la maolâtrie intéressée de l'Occident, nous a un jour fait parvenir le message de la lucidité et de la moralité. Sa trilogie, Les Habits neufs du président Mao, Ombres chinoises, Images brisées, est bien l'acquis à jamaisnote 1 dont parle Thucydide »2. L'universitaire Jean-Philippe Beja, qualifie Ombres chinoises, d'« ouvrage remarquable », il aurait dû être le vadémécum des visiteurs de la Chine9. L'historien et sinologue Lucien Bianco se dit enthousiasmé par l'ouvrage10. Le philosophe Miguel Abensour s'interroge à propos de l'ouvrage de Simon Leys : « Quel est le secret du constant bonheur d’expression qui porte ces pages légères, apparemment décousues, voire frivoles, quel est le secret de leur qualité presque poétique ? : Le rire » répond Miguel Abensour6.
Pour le sinologue Benjamin Schwartz (en), dans The New Republic, le livre est instructif et bien écrit : « Leys nous livre ce qui est probablement la critique hostile la plus vive et la plus spirituelle jamais écrite ». Il ne conteste pas l'amour que Leys porte à la culture chinoise mais n'apprécie pas que l'on puisse faire des généralisations aussi faciles sur une population aussi vaste11.
Signalant la parution de l'ouvrage dans Le Monde diplomatique de , le sinologue Jean Daubier le met dans le même panier que Révo. cul. en Chine pop. : « Ces livres sont marqués du sceau de la rancœur et de l'hostilité la plus systématique envers la Chine. Ils contiennent en outre des attaques personnelles très basses contre plusieurs journalistes français. Qu'un éditeur se donne le ridicule de publier des écrits aussi inqualifiables, cela le regarde. Les commenter en détail ici, ce serait leur donner une importance qu'ils n'ont pas. »12.
Récompense
Éditions
L'ouvrage a été traduit en neuf langues5.
- Ombres chinoises, essai, Paris, Union Générale d'Edition, coll. «10-18», 1974.
- Chinese Shadows. New York: Viking Press, 1977.
Notes et références
Note
- La méthode de l'historien Thucydide est de chercher à expliquer la cause des événements afin que cela constitue un acquis à jamais.
Références
- Roger Lévy, Simon Leys. Ombres chinoises [archive] Persée, 1975
- Pierre Boncenne, Le Parapluie de Simon Leys, 2015, page 77 et suivantes.
- (en) Ian Buruma, Isabel Hilton (en), Perry Link, 'Whoever Talks About China Talks About Himself'. Remembering Sinologist Pierre Ryckmans, Foreign Policy, August 12, 2014 : « Chinese Shadows was based on recollections and insights gained by the scholarly Sinologist during a six-month stint as the cultural attaché to the Belgian embassy in 1972 ».
- Bernard De Backer Simon Leys. Un sinologue ombrageux et aimant [archive] La Revue nouvelle, novembre 2014
- Simon Leys. Biographie [archive], sur le site de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique : « Récit personnel d'un séjour en Chine, Ombres chinoises (1974) est une dénonciation du mensonge maoïste et de la complicité de ses thuriféraires occidentaux. Traduit en neuf langues et couronné de nombreux prix, Ombres chinoises devait consacrer la réputation internationale de son auteur. »
- Laurent Six, Aux origines d’Ombres chinoises : une mission de six mois au service de l’ambassade de Belgique en République populaire de Chine [archive], Textyles, 34, 2008, pp. 65-77.
- Philippe Paquet, Simon Leys : navigateur entre les mondes [archive], p. 392
- Camille Boullenois, La révolution culturelle chinoise sous le regard des Français (1966-1971), L'Harmattan, 2013, 215 p., p. 14-15
- Jean-Philippe Beja Simon Leys, un regard lucide sur la Chine contemporaine [archive] : « Puis, il y a eu Ombres chinoises, ce livre qui aurait dû être le vade-me-cum de toute personne se rendant dans l’Empire du Milieu. Lorsque je me suis rendu en Chine pour la première fois en 1975, il était toujours dans mon sac. Chaque fois que j’entendais un cadre du Parti faire un rapport sur les énormes succès remportés par la Chine grâce à « l’application vivante de la pensée maozedong », me venait à l’esprit une page de ce remarquable ouvrage. »
- Lucien Bianco Un Alain Badiou n'est possible qu'en France [archive] « J'avais apprécié Les Habits neufs du président Mao, les Ombres chinoises m'ont enthousiasmé. J'ai écrit à Simon Leys, je lui ai envoyé les articles que le Monde finira par publier trois mois plus tard. Lors d'un voyage à Paris, il m'a invité, je l'ai reçu dans ma maison proche de Limours, au sud de Paris. J'ai écrit dans The China Quarterly (en) (alors la principale revue spécialisée) une recension enthousiaste de son livre. »
- (en) Benjamin I. Schwartz, compte rendu du livre de Simon Leys, Chinese Shadows, in The New Republic, août 1977, p. 40 : « Leys provides us with what is probably the most spirited and witty hostile report ever written ».
Articles connexes