Orque (créature)
Un orque sauvage,
illustration de farmerownia.
Les orcs, ou orques, humanoïdes à l'aspect repoussant et aux mœurs barbares, forment un peuple imaginaire typique du genre de la fantasy.
Créatures inspirées d'une variété de mythes et légendes, les orques acquièrent leurs traits distinctifs dans l’œuvre littéraire du professeur d’université anglais J. R. R. Tolkien. Également philologue, cet écrivain baptise ses créations d'après les orcnēas, monstres énigmatiques brièvement mentionnés dans le poème épique anglo-saxon Beowulf.
Par la suite, conformément à l'archétype défini par Tolkien, les orques apparaissent comme ennemis indistincts, voire comme antihéros1, dans la fantasy littéraire ainsi que dans des jeux de rôle, wargames, jeux vidéo et films situés dans un cadre médiéval-fantastique, témoignages de la notoriété de ces créatures dans la culture populaire.
Caractéristiques générales
De carrure massive et râblée, d'un teint variant du noir au jaunâtre avec une dominante verdâtre, les orques présentent généralement des physionomies bestiales accentuées par leurs arcades sourcilières proéminentes, leurs oreilles pointues et les crocs démesurés qui dépassent de leurs énormes gueules prognathes.
Leurs mœurs sanguinaires ne démentent pas cet aspect brutal. Les orques apprécient la chair humaine et ne dédaignent pas le cannibalisme en dehors des jours fastes. Formant un peuple assez primitif, ils vénèrent le combat sous toutes ses formes, de la bagarre à la guerre en passant par le pillage. Par conséquent, en dépit de leur nature impulsive et sauvage, les orques constituent fréquemment des fantassins appréciés des puissances maléfiques. Ils emploient également d'énormes loups et sangliers comme montures.
Étymologie
Le vocable orcnēas apparaît dans un passage de Beowulf, poème rédigé en saxon occidental, dialecte du vieil anglais. Le passage en question évoque Caïn, le premier meurtrier biblique, ainsi que sa descendance composée d'une variété de créatures monstrueuses, incluant notamment Grendel et sa mère, les horribles ennemis du héros Beowulf.
- þanon untydras ealle onwocon
- eotenas ond ylfe ond orcnēas
- swylce gigantas þa wið gode wunnon
- lange þrage he him ðæs lean forgeald
—Beowulf.
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Parmi les vocables évoquant la lignée de Caïn, eotenas (ent ou Jötunn) est généralement traduit par « géants2 » et ylfe (aelf) par « elfes3 ». Toutefois, l'étymologie d’orcnēas reste obscure, tant et si bien que quatre théories ont été avancées4. « Esprits maléfiques » ou « monstres »5.
Le terme est également rapproché de þyrs (ogre) et heldeofol (démon de l’enfer) ainsi que d’orcus. En latin, le nom Orcus est « lié au monde des morts » mais sa signification précise demeure également inconnue malgré des tentatives d'assimilation à Pluton ou Dis Pater7.
Probablement dérivé d'Orcus, le terme orco en italien moderne désigne un monstre dans le dix-septième chant du poème épique italien de L'Arioste, Orlando furioso (Roland furieux, 1516). Cet « orco » est décrit comme une créature bestiale et aveugle probablement inspirée du cyclope de l'Odysséen 1,9.
Au XVIe siècle, Joachim du Bellay, Guillaume de Saluste Du Bartas et Philippe Desportes emploient le terme « orque » au sens de monstre marin distinct de l'épaulard10.
À compter de la publication des Contes de ma mère l'Oye de Charles Perrault en 1697, le terme « ogre » se popularise en langue françaisen 2,12 ; il s'agit de l'actuelle traduction française du terme italien orco13, bien que certaines éditions françaises d’Orlando furioso emploient la traduction « orque » plutôt qu'« ogre »8.
Féru de termes archaïques, Théophile Gautier mentionne des « orques » parmi d'autres créatures fantastiques dans Le Capitaine Fracasse, roman de cape et d'épée publié en 1863n 3,15, notamment lorsque le baron de Signognac s'écrie : « En effet, cette semaine je n'ai défait aucune armée, je n'ai combattu ni orque, ni dragon, je n'ai pas fourni à la mort sa ration de cadavres, et la rouille est venue à mon glaive16 (...) »
Œuvre littéraire de J. R. R. Tolkien
Grand admirateur du poème Beowulf, œuvre qu'il a étudiée et traduite, le philologue et professeur d’université J. R. R. Tolkien considère comme centrale la place qu'y occupe le thème des créatures monstrueuses17.
Ainsi, l'écrivain anglais réemploie le terme orc18, dérivé d’orcnēas, pour désigner les créatures maléfiques qui servent Morgoth puis son lieutenant Sauron, les deux principaux antagonistes dans ses œuvres littéraires Le Silmarillion et Le Seigneur des anneaux (l’orthographe « orque » est utilisée dans les traductions françaises).
Dans son roman Le Hobbit, Tolkien désignait initialement ces créatures comme des « gobelins », en s'inspirant notamment des créatures figurant dans les œuvres littéraires du critique écossais Andrew Lang et du pasteur calviniste George MacDonald17. Tolkien privilégie le vocable « orques » dans Le Seigneur des anneaux19,20, les deux termes étant interchangeables.
L’origine des Orques n’est pas totalement claire, J. R. R. Tolkien ayant plusieurs fois changé d’avis sur le sujet. L’explication retenue par Christopher Tolkien, dans la version publiée du Silmarillion, avance que les Orques étaient originellement des Elfes, capturés, torturés puis monstrueusement déformés par Morgoth, le « Noir Ennemi du Monde ».
Tolkien décrit ses orques comme des créatures humanoïdes laides et pourvues de crocs jaunâtres, généralement d'une taille inférieure à celle d'un homme. Beaucoup ont des jambes ou des bras tors, et leur sang est noir. Outre les mentions dans ses œuvres, l'écrivain anglais précise leur apparence dans une de ses lettres :
« Ils sont (ou étaient) courts, larges, ont le nez plat, la peau jaunâtre, une grande bouche et les yeux bridés : en fait, des versions dégradées et repoussantes des moins agréables (pour les Européens) des types mongols21. »
— J. R. R. Tolkien, Lettre à Forrest J. Ackerman
Par ailleurs, les Uruks (« grands orques » en noir parler) constituent une race d'orques particulièrement robuste, et qui ne craint pas la lumière du jour.
Jeux de rôle et wargames
Donjons et Dragons
Co-auteur de Donjons et Dragons, le premier jeu de rôle (publié en 1973)22, Gary Gygax revendique pleinement l'influence des créatures éponymes du Seigneur des anneaux sur les orques de D&D. Ces « monstres similaires aux orques de Tolkien » tiennent « utilement » le rôle de « méchants » dans le cadre de son monde imaginaire ludique. En outre, Gygax rappelle l'étymologie latine commune des « ogres » et des orquesn 4 ; le jeu de rôle distingue les deux sortes de créatures en les intégrant chacune dans son bestiaire.
Dans Donjons et Dragons et les Règles avancées de Donjons et Dragons (Advanced Dungeons & Dragons, dit « AD&D »), les orques sont de féroces humanoïdes de taille moyenne. Bien qu’ils soient d’aspect aussi variable que les humains, la majorité présentent une peau grisâtre, un front bas et très incliné, un visage simiesque (louchant davantage vers le faciès porcin dans les illustrations des premières éditions du jeu24), une mâchoire imposante et des canines semblables à des défenses de sanglier. Leur pilosité hyper-développée est rêche, leurs oreilles semblables à celles d’un loup et leurs yeux rouges.
Agressifs et violents, les orques vivent généralement de razzias et de maraudage. Organisés en société tribale, ils recherchent toujours de nouveaux territoires à piller.
Leurs ennemis héréditaires sont les elfes : dans la cosmologie standard de D&D, les légendes orques racontent comment le dieu elfe Corellon Larethian a éborgné le dieu orque Gruumsh lors d'un duel légendaire.
Avec les gobelins, les orques représentent les adversaires les plus populaires des groupes de joueurs.
La description, la définition et les caractéristiques de jeu des orques ont évolué au cours des éditions du jeu. En particulier, leur alignement, qui était loyal mauvais dans la seconde édition d’Advanced Dungeons & Dragons, est devenu chaotique mauvais dans la troisième édition de D&D.
Les différents décors de campagne de D&D présentent plusieurs variétés d'orques. Ainsi, dans Eberron, les premiers druides apparurent parmi ce peuple ancien et proche de la nature, même s’ils restent barbares et divisés en nombreuses tribus. Moins prolifiques que dans l'univers D&D de base, les orques d’Eberron représentent rarement une menace pour leurs voisins. Par ailleurs, dans le contexte de Birthright, il n’y a pas d’orques mais des créatures assez semblables, les orogs, qui vivent surtout sous terre et menacent les royaumes souterrains des nains. De même, dans l'univers de Spelljammer, les orques sont remplacés par une race plus intelligente, les Scros.
Warhammer
Un orque de Warhammer,
fan art de Cornel Zueger.
Dans Warhammer Battle, le jeu de batailles rangées entre des armées de figurines, et Warhammer le jeu de rôle fantastique, les orques sont des humanoïdes sauvages présentant une carrure massive, une peau verte, une gueule prognathe et offrant une très grande résistance aux blessures.
Leur société est intégralement basée sur la guerre, les raids et la puissance physique. Ils sont toujours dirigés par les plus forts de la tribu, par une sorte de cercle vertueux : les orques grandissent quand ils sont puissants, et deviennent plus puissants quand ils grandissent. Cependant, leurs querelles intestines les rendent difficiles à commander.
Les illustrations ornant les ouvrages de contextes et de règles ludiques de Warhammer ont contribué à populariser la figure de l'orque à peau verte24, en sus du vocable « peaux vertes » (Greenskins) qui désigne l'espèce des « gobelinoïdes » incluant les gobelins, les snotlings et les orques eux-mêmes.
Il existe un autre type d’orque, qui ressemblerait plutôt à un type de classe sociale chez les orques : les orques noirs. Il s'agit des orques les plus grands et donc les plus puissants de la tribu, aisément reconnaissables grâce à leur peau plus sombre.
Warhammer 40,000
Les Orks de Warhammer 40,000, un jeu de batailles rangées dans un univers space fantasy, ont la même apparence physique que ceux de l'univers médiéval-fantastique originel de Warhammer. Dans la troisième édition du jeu, la science du 41e millénaire a toutefois expliqué leur métabolisme : il semblerait que les Orks vivent en symbiose avec des champignons et algues qui leur donnent leur couleur verte, et leur incroyable résistance et potentiel de régénération. Leur culture est semblable : les plus forts dirigent, et deviennent plus grands et plus forts grâce à l’énergie psychique des Orks sous leur commandement.
Les précédentes éditions du jeu donnaient d’autres explications sur le métabolisme des orks.
Les Orks sont divisés en clans, qui ont chacun des particularités culturelles mais aussi physiologiques. Un chef ork ressort cependant du lot : Ghazkull Mag Uruk Thraka, redouté par tous les ennemis des orks dans la galaxie entière. L’essentiel des connaissances des Orks est innée ; ainsi, des Orks spéciaux nommés « Brikolos » naissent avec un savoir inhabituel, comme la médecine ou la mécanique. La technologie ork est rudimentaire et très hasardeuse, mais souvent efficace. Presque toutes les réalisations ork sont faites avec des matériaux de récupération.
Le terme « Brikolos » désigne l’ensemble des « castes » spécialisées : les Mékanos (armurerie, véhicule et tout ce qui touche à la mécanique et à la physique : ce sont les « scientifiks »), les Médikos (médecins et scientifiques), les Bizarboyz (psykers dangereux car incapables de contrôler leurs pouvoirs) et les Fouettards (qui ont la charge des sous-espèces orkoïdes, les gretchins, ou grot, et les snotling). Ces Orks apprennent par l’erreur, en faisant des expérimentations, même si le patient (pour le Médiko) ou le testeur (pour le Mékano) n’est pas d’accord (ce qui est souvent le cas…).
L'Œil noir
Dans L'Œil noir, les Orks, monstres bipèdes à forme humaine, sont cousins des Gobelins, mais plus grands et plus dangereux qu’eux. L’Ork moyen est d’une intelligence médiocre, avec la tête rentrée dans ses larges épaules musclées, le front fuyant et un épais pelage sombre qui va du brun foncé au noir de jais. Les canines de sa mâchoire inférieure pointent comme les défenses d’un sanglier. Les femelles se distinguent des mâles par une constitution moins massive et par l’absence de poils sur la poitrine.
- Habitat
- Méfiants et rusés de nature, les Orks vivent en tribus ou en hordes. Leur zone d’implantation recouvre tout le territoire d’Aventurie. Ils vivent aussi bien sur la terre que dans des installations de cavernes souterraines. Ils n’aiment pas la forte lumière du jour, c’est pourquoi on les rencontre rarement à l’extérieur autour de midi.
- Mode de vie
- Bien qu’ils n’aient pas un besoin absolu de vêtements, les Orks aiment à s’envelopper d’étoffes aux couleurs criardes. Leur arme préférée est le sabre recourbé. Les Orks utilisent toutes les armes, les ustensiles et les armures dont les hommes ont coutume de se servir. Incapables de fabriquer ces objets par eux-mêmes, ils sont continuellement à la chasse au butin. Un héros qui tombe entre les mains d’un groupe d’Orks, s’il ne se fait pas massacrer sur-le-champ, peut être sûr de se faire dépouiller de tout ce qu’il porte sur lui. Il n’est rien qu’une horde d’Orks ne puisse utiliser.
Earthdawn
Dans Earthdawn, les Orks du pays de Barsaive ont un lourd héritage : avant le Châtiment, ils étaient la seule race réduite en esclavage à la fois en Barsaive et dans l’Empire théran. Ils en gardent une grande rancune envers les autres Donneurs-de-Noms. La cohabitation forcée au sein des kaerns et la lutte contre l’Empire ayant aboli l’esclavage en Barsaive, certains Orks ont pu s’intégrer comme paysans, marchands, artistes, et autres professions. Mais les préjugés demeurent, entretenus par la violence des tribus orques d’Écorcheurs (des pillards à cheval, descendants d’esclaves révoltés).
Les Orks d’Earthdawn sont grands, avec une peau très variable : vert olive, beige, rosée, cuivrée ou d’ébène. Ils ont de grandes canines inférieures et une pilosité épaisse, mais clairsemée.
Flintloque
Dans Flintloque, les Orques de Valon sont devenus des pseudo-Anglais, transformés par la magie nouvelle de Mordred. Ils ont donc adopté le mode de vie de l’Angleterre géorgienne avec ses raffinements, sa discipline, son amour du roi (un Ogre allemand)… et ses bagarres de pubs, et sa crasse digne de Dickens, et sa passion du jeu. Ils sont quasiment le seul rempart du monde face à l’invasion des armées elfiques (les Français de ce monde), si l’on excepte les armées mort-vivantes d’Alexandre.
Les Irlandais quant à eux, sont représentés par les Orcs des marais, plus grands et sentimentaux. Certains ont rejoint les rangs de la Grande Armée de Mordred pour libérer leur terre, mais beaucoup cherchent l’aventure avec Albion.
Jeux vidéo
Warcraft
Dans la série des jeux vidéo Warcraft, les orques (appelés ici orcs) sont de grandes et massives créatures humanoïdes à la peau verte ou brune, à la gueule garnies de crocs.
Leur monde natal, qui porte le nom de Draenor, est aujourd'hui dévasté à cause de la soif de pouvoir d'un sorcier orc du nom de Ner'zhul. La civilisation orque était riche et empreinte de chamanisme, le chamanisme orc étant spécialisé dans la maîtrise des éléments. Mais un jour les démons de la Légion Ardente menés par Sargeras entreprirent la corruption des orcs qui apparaissaient à ses yeux comme des soldats disciplinés. Les orcs devinrent quasi-primitifs, les plus puissants ayant le droit de manipuler les énergies démoniaques. Le sorcier Medivh, un humain d’Azeroth (la terre de Warcraft) ouvrit la voie aux orcs qui envahirent ce monde au nom de la légion ardente. Néanmoins ils furent vaincus, certains se réfugièrent dans des montagnes, le reste fut mis en esclavage par les humains. Thrall, un orc esclave des humains depuis sa naissance développa un grand savoir stratégique, il se rebella et prit le contrôle de la Horde (ensemble des clans orcs qui ne sont pas sous l’influence des démons). Avec l’aide d’un héros orc, Grom Hurlenfer, il délivra son peuple de la corruption des démons, et se réfugia sur le continent de Kalimdor pour y bâtir une nouvelle nation orque. Ayant pris connaissance des origines chamaniques de son peuple, Thrall y réintégra le chamanisme.
Les orcs de Warcraft s'éloignent du stéréotype de l’orc stupide. En dépit de leur apparence et de leurs mœurs grossières, ils possèdent une certaine sagesse et cultivent leur propre sens de l'honneur. Leur plus grande gloire est de mourir au combat et ils vouent un véritable culte à leur chef de guerre, Thrall. Ce dernier, siégeant sur son trône à Orgrimmar, lance dans plusieurs quêtes les personnages joueurs membres de la Horde. Dans Cycle of Hatred de Keith R. A. DeCandido, l'un des romans composant l'univers étendu du jeu vidéo, Thrall devient une personnalité importante et plus complexe. Le chef orc fait non seulement preuve de loyauté vis-à-vis de son peuple mais démontre également une grande hauteur de vue en accordant sa confiance à Lady Jaina Proudmoore, dirigeante de la cité humaine de Theramore. En dépit de multiples provocations de part et d'autre, Thrall parvient à préserver la trêve entre la Horde et l'Alliance25.
Sur le plan militaire (omniprésent chez les orcs), les guerriers sont rois. Les chamans font office de guides spirituels mais aussi de puissants invocateurs capables de déchaîner les puissances élémentaires. Les chasseurs orcs partagent un lien particulier avec les bêtes. Enfin, les démonistes sont mal vus de leurs congénères car ils rappellent les liens unissant autrefois démons et orcs.
Might And Magic
Avant le cinquième jeu, les orques étaient simplement des créatures se battant au côté des barbares (sauf dans l'épisode 4, où on les retrouve dans la faction du Chaos). Ils se distinguaient en tant que tireurs de haches. Dans Heroes of Might and Magic V: Tribes of the East et les suites subséquentes, nés des suites d’une expérience qui visait à injecter du sang de démon à des humains, ils étaient réduits en esclavage et servaient les royaumes humains. Ils finirent par se rebeller et à s’organiser en armées. Ils furent repoussés par les humains. Certains s’enfuirent vers les déserts du sud, d’autres vers les steppes du nord-est mais le plus grand nombre se réfugia dans la barrière d’îles de l’est. C'est donc une faction tout entière et non plus une simple créature.
The Elder Scrolls
Dans la saga The Elder Scrolls, univers fictif de fantasy imaginé lors du développement du jeu vidéo Arena, les orques constituent un peuple guerrier peuplant Orsinium (Monts du Wrothgarian et de la Queue de Dragon), territoire enclavé par Haute-Roche.
Jadis similaires aux elfes, les orques vénèrent toujours Trinimac . Cette figure tutélaire appartenait au panthéon elfique jusqu'à ce que Boéthia, prince Daedra de la conspiration et de la traîtrise, ne le dévore. Malacath devint alors le prince Daedra des parias, ce qui modifia sensiblement l'apparence des orques.
Les orques sont grands (environ 2 mètres), de couleur verdâtre et puissamment bâtis. Ils vivent dans des camps fortifiés, dirigés par un chef qui possède toutes les femmes du camp (sauf sa mère qui est la Savante de la forteresse), certaines ont des postes sociaux importants, comme l'épouse chasseresse ou l'épouse forgeronne. Les enfants mâles de toutes ces relations peuvent provoquer leur père (le chef) en combat singulier, si le fils l'emporte il devient chef à son tour.
La culture belliqueuse des orques explique le mépris que les autres peuples de Tamriel manifestent envers eux, les percevant comme barbares. Ils n'en demeurent pas moins les meilleurs forgerons du continent et des experts en maniement des armes à deux mains et du port d'armure lourde. Très friande de leur savoir-faire, la Légion recrute nombre d'orques qui découvrent ainsi le monde.
Les orques se sont bien intégrés dans l'Empire et celui-ci fait désormais jouir Orsinium du statut de province. Les Orques sont considérés comme les humanoïdes les plus puissants après les géants et les trolls. Ils sont très fiers de leur peuple et se battront jusqu'à la mort dans un combat même perdu d'avance. Ils sont aussi appelés Orsimers.
The Battle for Wesnoth
Dans The Battle for Wesnoth, jeu vidéo de stratégie sous licence GNU GPL, les orcs sont de grands et robustes humanoïdes à l'hygiène déplorable. Cruels et belliqueux, ils vivent au nord du grand continent, selon un système clanique dirigé par la loi du plus fort26.
Les orcs détestent presque toutes les autres races, sentiment partagé en retour, sauf par les gobelins et les trolls. Les elfes les haïssent particulièrement car ils brûlent les forêts26.
Le Donjon de Naheulbeuk
Dans Le Donjon de Naheulbeuk, parodie des univers médiévaux-fantastiques des jeux de rôle, les orcs sont issus d'une farce de Khornettoh (dieu de la Violence et du Sang) à Slanoush (dieu du Vice et de la Perversion). Khornettoh prit un humain que Slanoush venait juste de créer : il lui écrasa la tête, lui tira les oreilles, le fit griller dans la lave et le plongea dans un marécage maudit. Il lui redonna vie avec des baffes : ainsi fut créé le premier orc.
L'orc est une créature verte, de taille humanoïde mais plus musclée et pourvue de crocs implantés au hasard. Il a un goût prononcé pour la violence, c'est pourquoi il est généralement employé par les maîtres de donjon.
Notes et références
Notes
- En 1839, le traducteur A. Mazuy rapproche l’orco de l'Arioste d'une « espèce de cyclope emprunté à l'antiquité ». Mazuy se base sur les similitudes entre ce récit particulier du Roland furieux et les mésaventures d'Ulysse avec Polyphème8.
- D'après le médiéviste et philologue romaniste Gaston Paris, « ogre » dérive de l' « orco » italien, lui-même issu du terme Orcus11.
- « [...] je combattrais parmi des tourbillons de flamme et de fumée des orques, des endriagues et des dragons14 (...) »
- « Orc (from Orcus) is another term for an ogre or ogre-like creature. Being useful fodder for the ranks of bad guys, monsters similar to Tolkien's orcs are also in both games23. »
Références
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Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
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Orques dans la fantasy, les jeux de rôle, jeux de guerre et jeux vidéo
Liens externes
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- Allan Tramontana, « La figure de l’Orque vert : histoire et origine » [archive], sur JRRVF / J.R.R. Tolkien en Version Française, (consulté le ).
- (en) Aeon, « Archetypology 101 : Fact, Fiction, & Fallacies. Episode 8 : To Be Orc Not To Be » [archive], sur www.rpg.net, (consulté le ).
- (en) Tyellas, « The Unnatural History of Tolkien's Orcs » [archive], sur Ansereg (consulté le ).
Lutin
Un lutin au chapeau rouge typique, réalisation par
Godo, octobre 2011, technique mixte crayon et
tablette graphique.
Créature
Groupe |
Folklore populaire |
Sous-groupe |
Petit peuple |
Caractéristiques |
Humanoïde farceur de petite taille |
Habitat |
Sous terre, dans des grottes ou dans les foyers des humains |
Proches |
Nain, nuton, gobelin, gnome |
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Le lutin est une créature humanoïde nocturne de petite taille, issue au sens strict du folklore et des croyances populaires de certaines régions françaises comme le Berry, la Normandie et la Picardie. Les Ardennes et la Wallonie connaissent un génie domestique très proche sous le nom de nuton. En Bretagne, les korrigans sont assimilés à des lutins, tandis que dans les Alpes, le nom de servan est employé. Probablement inspiré des divinités du foyer et de « petits dieux » païens tels que les sylvains, les satyres et les Pénates, son nom dérive de l'influence linguistique du dieu romain Neptune ou du celte Nuada, tous deux liés à l'eau. L'influence des croyances envers les revenants peut expliquer une partie de ses caractéristiques. Dès le Moyen Âge, il apparaît dans les récits et les chroniques déjà doté de particularités qui restent connues à notre époque. Les paysans se transmettent des siècles durant les rites visant à s'attirer ses bonnes grâces, ou au contraire à le chasser.
En plus de sa taille réduite, le lutin est réputé pour son espièglerie, son don de métamorphose et d'invisibilité, son côté facétieux bienfaisant ou malfaisant, son obsession pour les femmes à l'origine du mot « lutiner », sa susceptibilité, et surtout son habitude de s'occuper des foyers humains, en particulier des écuries. Les croyances évoluent en englobant de nouvelles créatures au fil du temps, puis elles gagnent l'Amérique du Nord avec les colons français. Elles rejoignent un archétype, le « fripon », et permettent à Carl Gustav Jung de définir l'enfant intérieur comme la part enfantine de chaque être humain.
La confusion entre le lutin, le nain des pays germaniques et l'elfe des pays scandinaves est fréquente depuis le Xe siècle en Europe de l'Ouest, le mot « lutin » étant spécifique aux langues romanes, et surtout à la France. Des centaines de petites créatures aux noms différents peuvent être désignées comme des « lutins », désormais un terme générique pour le petit peuple masculin en France. Après une période de fort recul des croyances et traditions au XXe siècle, La Grande Encyclopédie des lutins de Pierre Dubois marque les débuts d'un regain d’intérêt et d'une abondante production littéraire et artistique à leur sujet. Le lutin est désormais vu comme un personnage de la fantasy, et comme l'assistant du père Noël.
Étymologie et terminologie
Le mot « lutin » (prononcé [ly.tɛ̃] écouter la prononciation française), tout comme ses nombreuses variantes dans l’aire francophone, relève d’une origine qui suscite encore la controverse parmi les philologues1.
Attestations
Les premières attestations du mot remontent au XIe siècle, notamment « nuitum » dans un laaz de Rachi, rabbin champenois, qui l'emploie dans son commentaire sur le Talmud3. Vers 1150, neitun (« monstre marin »), qui semble être une forme reconstituée par l'éditeur, apparaît dans le Roman de Thèbes4. Entre 1171 et 1181, Chrétien de Troyes emploie le mot netun dans Yvain ou le Chevalier au Lion5. On retrouve le « nuiton » chez Benoît de Sainte-Maure, une forme sans doute issue de l'influence du mot « nuit »6 et, dès 1176 à 1181, la forme « luitun » chez Wace, dans le Roman de Rou7, probablement par attraction avec le verbe « lutter ». La forme luiton est employée dans Perceforest8. D'après Walther von Wartburg, « l'ancien français écrivait d'abord netun, puis nuiton (d'après nuit), puis luiton, luton (d'après luiter, forme ancienne de lutter), et enfin lutin qui d'ordinaire, au Moyen Âge, désigne un génie malfaisant »9,10.
Émile Littré décrit le luitin, ou lutin, comme une « espèce de démon de nature plutôt malicieuse que méchante qui vient tourmenter les hommes », précisant que luitonNote 1 et nuiton, issus du vieux français, seraient employés jusqu'au XVIIe siècle11.
En wallon, le mot poursuit une évolution parallèle, les formes dialectales « lûton » (la plus rare, signalée entre autres à Huy, Durbuy et Ellezelles) et « nûton » (la plus courante, signalée dans tout le pays de Namur) mènent au terme moderne nuton12,13.
Théories
Selon la théorie la plus répandue, le dieu Neptune est à l'origine étymologique du lutin.
D'après la théorie de Walther von Wartburg, encore largement acceptée, tous les noms communs anciens du lutin sont issus du dieu latin de la mer Neptunus, déchu de son ancienne fonction divine par la christianisation, et devenu un démon païen des eaux lui-même à l'origine des petites créatures aquatiques maléfiques nommées « neptuni »14,10. Cette perception est peut-être issue du judaïsme à l'origine15. Un sermon en latin tardif d'Éloi de Noyon, au VIIe siècle, cite Neptunus parmi les démons auxquels il est interdit de rendre un culte, attestant de sa persistance dans les croyances ou les superstitions16,17. Cette étymologie est jugée « indiscutable » par de nombreux philologues18, d'autant qu'elle explique le lien fréquent entre le lutin, le monde marin, et les chevaux, deux des attributs du dieu Neptune19.
Citant les traditions médiévales qui comparent le netun/luiton au saumon ou à un pêcheur, Claude Sterckx20 et Jean Markale21 voient le dieu celte des eaux Nudd (ou Nuada, Noddens, Nutt) à l'origine de cette étymologie, ajoutant que Neptunus n'est qu'une interpretatio romana. Claude Lecouteux, qui un temps a défendu la première théorie en disant que le lutin connaît une trop vaste diffusion pour être une simple « importation celtique »22, s'est plus tard appuyé sur la thèse d'Anne Martineau, qui juge la théorie étymologique celte plus probableNote 2, pour suggérer que les mots Neptunus et luiton avaient une origine et un sens différents avant de se rejoindre dans le mot « lutin ». Le premier serait un génie domestique, le second un démon aquatique issu de Nuada ou d'un autre dieu pan-indo-européen. Ceci expliquerait la coexistence des deux termes au XIIIe siècle, et le fait que les lutins du cycle arthurien aient peu de rapports avec l'eau, alors qu'on observe l'inverse dans la littérature épique et les autres romans1.
Pierre Dubois cite bon nombre d'anciennes théories linguistiques, liées au mot « nuit »Note 3, à l'anglais « little » qui signifie « petit »Note 4, au hutin qui désigne un querelleurNote 5, voire à l'utinet, un marteau de tonnelier. Collin de Plancy voyait en son temps le mot « lutte » à l'origine du lutin23 et Pierre Dubois ajoute, non sans humour, que selon Petrus BarbygèreNote 6, les lutins sont les descendants du petit roi bretteur Lutt24.
Terminologie et champ sémantique
Nains,
gnomes et lutins, très proches dans leur descriptions et leurs rôles, sont fréquemment confondus.
Claude Lecouteux regrette l'absence d'une définition du champ sémantique des lutins, ce qui provoque de très nombreuses idées fausses à leur sujet, et une perte dans la compréhension des traditions et des mythes qui leur sont liés. Dans la famille des lutins et des nains peuvent être regroupés un très grand nombre de petits êtres, issus de différentes traditions dans des régions du monde variées, tels que les farfadets, servans, sottais, kobolds, nutons, matagots, gripets, korrigans ou nisses25. Le lutin joue un rôle similaire aux « esprits du foyer » des pays anglo-saxons, la traduction du mot en anglais peut d'ailleurs donner brownie, elfe, fée, gnome, gobelin, hobgoblin, leprechaun, pixie, ou encore Puck26... Depuis le Moyen Âge, les lutins sont également nommés des « follets », soit « petits fous », en raison de leurs sautes d'humeur27. Ils sont perçus comme des êtres masculins, sous des noms qui peuvent varier en « lubins », « lupins », « letiens », « luitons », « luprons » et « ludions »28, mais des « lutines » et « lupronnes » sont signalées29. Ils sont à l'origine du verbe « lutiner », qui signifie « taquiner » et « tourmenter » dans le vocabulaire galant28, et en Wallonie, donnent naissance à l'expression populaire « être pris du lûton », soit « être ensorcelé »22. Le dictionnaire de Furetière signale enfin d'anciennes expressions désormais inusitées : un enfant « acariâtre et méchant » était nommé « petit lutin », et un « vieillard scélérat », « vieux lutin », à la fin du XVIIe siècle30.
Origine et transformations linguistiques
Extrait de La Grande Encyclopédie des lutins par Pierre Dubois |
Les lutins [...] lutinent, taquinent, turlupinent, encoquinent, se faufilent, intriguent, se métamorphosent, grouillent, pincent, s'esclaffent, enfourchent et chevauchent des espèces voisines; s'éparpillent sous différentes identités, émigrent, prolifèrent, disparaissent dans un trou... et réapparaissent par un autre en cent dissemblables exemplaires28.
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L'origine des lutins est intimement liée à la croyance envers les génies de la maison31, situés dans « l’espace intermédiaire entre la civilisation des hommes, l’élément sauvage et le monde surnaturel ». Dans les contes populaires « qu'on les nomme lutins, nains, korrigans, génies, trolls ou encore gnomes, ils appartiennent à la vaste catégorie des divinités de la Nature dont ils incarnent l’âme »32. Les lutins sont influencés par le christianisme, et par un amalgame avec les croyances liées aux revenants.
Christianisation des petits dieux païens
Les anciennes croyances celtiques, gallo-romaines et latines comptent un abondant panthéon de « grandes » divinités, telles Zeus, Lug ou encore Neptune, et de « petites » divinités, qui gèrent les rapports entre l'homme, son foyer, les forces surnaturelles et la nature. Claude Lecouteux cite notamment le dusius gallo-romain, « dieu du lucus devenu un génie tutélaire »Note 7, le dieu des forêts Sylvanus (et ses sylvains), les satyres (dont le côté lubrique se retrouve dans certaines créatures du petit peuple33). Pierre Dubois et d'autres spécialistes ajoutent leur équivalent romain les faunes, Faunus, Pan, les Pénates, les Lares, ou encore les genii catabuli, « génies de l'écurie »28,34. Dans les foyers romains, par exemple, il est d'usage de se référer au Lare, le « dieu de la maison », en toute occasion35.
L'évangélisation progressive des populations provoque de grands bouleversements dans le panthéon, les autorités chrétiennes interdisant d'abord le culte des « grandes » divinités païennes, tandis que des églises et des chapelles sont bâties sur l'emplacement des temples païens. Mais les « petits dieux » du foyer, proches des préoccupations quotidiennes du peuple (avoir des récoltes abondantes, des animaux en bonne santé, une maison bien tenue, etc.), ne s'effacent pas totalement dans les campagnes en raison de l'attachement profond des paysans envers eux. Les cultes deviennent clandestins, secrets, les noms se transforment, les caractéristiques des petites divinités sont transférées dans d'autres créatures issues de Neptune ou du dieu celte Nudd, qui sont les ancêtres des lutins34.
Pour Anne Martineau, « Nudd ou Neptunus qu'il soit, finalement, qu'importe : les deux étymologies s'accordent sur le fait que le lutin est une ancienne créature des eaux »36. Claude Sterckx ajoute qu'« ils sont vraisemblablement tombés bien bas par rapport à ce que devait être leur prototype pré-chrétien »37.
Croyances mortuaires
Claude Lecouteux défend depuis de nombreuses années une thèse selon laquelle une partie des caractéristiques des lutins et des nains sont issues de croyances relatives à la mort, aux revenants39 et au double40, ce qui explique qu'ils soient peu bavards, qu'ils détestent être vus et que leur habitat soit souvent localisé sous terre41. Le royaume des lutins et des nains, si souvent évoqué, serait donc celui des morts42. Un indice se trouve dans cette croyance du Finistère, collectée par Paul Sébillot, selon laquelle « quelques-uns des lutins sont d'anciens valets de ferme qui, ayant négligé les chevaux qui leur étaient confiés, sont condamnés à venir les soigner après leur mort »43,44. Le lutin serait alors perçu comme un « génie domestique qui tente d'obtenir le salut par son travail acharné »45. Or, dans toutes les croyances, les ancêtres morts qui se manifestent à leur famille et leurs connaissances peuvent se montrer dangereux46. Un autre indice est la présence du « crieur », en allemand « schrat », dont « le folklore français a conservé le souvenir de personnages, tour à tour esprits, nains, lutins et revenants, dont la principale caractéristique est d'émettre des cris ou de produire des bruits » pour attirer les vivants dans des pièges39.
Cet amalgame avec les croyances mortuaires pourrait être dû au christianisme et à l'interdiction du culte des dieux païens : il est plus simple à un lutin de petite taille clandestinement vénéré de se cacher dans quelque lieu souterrain. Les croyances populaires liées aux petits dieux joyeux et protecteurs auraient donc intégré des croyances mortuaires (donnant la petite taille et l'habitat des lutins), et d'autres issues des dieux chtoniens déchus Nudd et Neptune (donnant leur rapport premier avec l'eau). Outre la taille des lutins, leur physique « difforme », un archétype propre aux êtres chtoniens, serait issu de ces croyances mortuaires47. Une autre possibilité serait que les ancêtres des lutins aient initialement été de petites créatures chtoniennes, maîtres du royaume des morts, mais qu'en raison de la place prise par le Christ, cette origine ne transparaisse plus que dans quelques indices48.
Le lutin est influencé par Hennequin, personnage mortuaire inquiétant de la chasse fantastique, en ce qui concerne son capuchon pointuNote 8. L'importance du chapeau des lutins est toujours visible dans des fêtes populaires comme le carnaval de Malmedy, et son sotê chapeauté49.
Confusions linguistiques et syncrétisme
Le
nain (ici, une sculpture à
Wrocław en Pologne), très proche du lutin, est à l'origine propre au monde germanique.
Le « nain » est, à l'origine, spécifique au monde germanique, tandis que le « lutin » appartient davantage au monde roman36, et l'ancien français entretient la distinction entre « nuiton » et « nain »50. Mais les auteurs des textes médiévaux doivent rendre un vocable intelligible à la majeure partie de leur lectorat, raison pour laquelle le « zwerc », nain allemand, est rendu en français par « lutin »51, et inversement le lutin français devient un zwerc en allemand. Dès le Xe siècle, la distinction faite entre les lutins, les nains, les elfes et les gnomes s'estompe en France52, au fil du temps les termes deviennent des synonymes53.
Les gloses des textes latins du Xe siècle « attestent la fusion de créatures différentes ». Claude Lecouteux remarque que sous le terme de vieux haut-allemand scrat, correspondant au nain crieur, sont assimilées des créatures que d'autres textes peuvent associer au lutin, telles que Faunus, Sylvanus, et les satyres. Cette confusion de vocabulaire perdure pour de très nombreuses raisons, en premier lieu l'évolution des croyances colportées par l'oralité, certaines créatures disparaissant et léguant leurs caractéristiques à d'autres. Les noms se mélangent fortement : un exemple en est la mandragore qui, de plante, devient la bête mandrigoule de la Drôme, le chat matagot, puis un nain ou un lutinNote 9. Pour ne rien arranger, une créature d'un même nom peut être perçue différemment en fonction de l'époque, la littérature populaire entretenant cette confusion54, et traduisant un important syncrétisme55. Il existe toutefois une tendance à rendre les termes en français par « nain » ou par « gnome » pour le petit peuple « s'il est en relation avec les profondeurs de la terre et ses richesses, et par « lutin » s'il habite une maison ou ses alentours »56.
Vers 1135, Hugues de Saint-Calais, évêque du Mans, désigne par le nom de Faunus ce qui est vu plus tard comme un lutin tapageur57, tandis que Marie de France traduit le nanus monticulus, soit « nain des montagnes », en « follet »58. Le regroupement entre lutins et nains est particulièrement visible depuis le XIXe siècle et la diffusion des contes populaires50. En 1891, l'Allemand Karl Grün écrit que les lutins se rapprochent des elfes et des lémures, mais aussi des kobolds et des lares, et que dans ce dernier cas, ils prennent le nom de « follets » ou de « farfadets ». Ce commentaire amuse beaucoup Pierre Dubois, constatant les difficultés qu'ont toujours rencontrées les spécialistes pour établir une « classification » des lutins59.
Description
Des différences existent entre les lutins présentés dans les romans, souvent stéréotypés, et ceux des croyances populaires, beaucoup plus diversifiés60. La grande majorité des témoignages à leur sujet proviennent de Bretagne61. Bien qu'ils soient facilement confondus avec les nains, les lutins s'en distinguent par quelques particularités62. Leur espièglerie, leurs taquineries et leur rire sonore sont bien connus63, tout comme leur susceptibilité64. Ils passent le plus clair de leur temps à s'amuser et courir derrière les filles65. Collin de Plancy cite à ce propos un proverbe populaire à son époque :
« Où sont fillettes et bon vin,
C'est là que hante le lutin. »
— Collin de Plancy, Dictionnaire infernal66.
Mais les lutins se montrent à l'occasion travailleurs et guerriers65. Certains récits mentionnent leur force extraordinaire, tel ce fabliau allemand du XIIIe siècle, cité par Pierre Dubois, dans lequel un schretel combat un ours67. D'autres textes les attachent à des paladins en aventure, et en font de redoutables bretteurs malgré leur taille réduite68.
Il est délicat de saisir les caractères du lutin en raison du très grand nombre de rôles qu'il peut jouer : lié tantôt à la forêt, à l'eau, à l'air, aux dunes ou aux prés, protecteur du foyer, des enfants et des animaux puis démon nocturne, bandit voleur ou lubrique insatiable, il a survécu à travers les contes et récits du folklore populaire, transmis par la tradition orale des siècles durant28. Il est généralement nocturne, « le monde lui appartient depuis onze heures jusqu'à deux heures après minuit », et il se défend férocement contre les ivrognes qui l'insultent69. Enfin, dans les récits, le lutin meurt parfois d'accident ou de chagrin, et n'est pas « tout à fait immortel »70.
Claude Lecouteux a mis au jour une étroite association entre les croyances mortuaires, le petit peuple, l'eau et les chevaux71. Il rapporte aussi la distinction « commode bien que peu pertinente » faite par plusieurs chercheurs entre les « lutins terrestres », et les « lutins des eaux »62.
Apparence et habits
Apparence classique du lutin : petite taille, poulaines et bonnet pointu.
À l'origine, les lutins n'ont pas de taille caractérisée50. Leur première description est celle de l'Anglais Gervais de Tilbury, vers 1210, lequel affirme que les nuitons ont l'aspect de vieillards et la face ridée, sont vêtus de haillons cousus ensemble, et mesurent un demi-pouce, soit moins de deux centimètres72. Les lutins, tout comme les nains, sont presque toujours perçus comme « vieux et petits », mais pas toujours autant que ceux de Tilbury. Si les récits médiévaux ne précisent pas qu'ils sont barbus, des témoignages du XIXe siècle, wallons en particulier, insistent là-dessus64. Pierre Dubois dit que « rien n'est plus compliqué que décrire un lutin », mais évoque une taille « d'un demi-pouce à trente centimètres », la présence de cheveux touffus et d'une barbe « qui pousse à l'âge de 300 ans », d'habits en haillons verts et bruns, de poulaines, et d'un bonnet pointu rouge ou vert sur la tête28.
Les habits du lutin ont une importance particulière, bon nombre d'histoires rapportent qu'ils sont vêtus de haillons et que leur offrir des vêtements neufs provoque leur départ73. Claude Lecouteux en cite une à Ibourg au XIXe siècle. Des lutins s'occupent du cheval gris d'un paysan, un valet les surprend et révèle leur présence au propriétaire de l'animal. Celui-ci, pour les remercier, leur offre des habits, mais les lutins ne reparaissent plus jamais74. Des récits similaires concernent les Brownies d’Irlande et d’Écosse. Un Brownie des Highlands bat le grain pour des fermiers jusqu'au jour où, croyant ainsi le remercier, ces derniers lui offrent un bonnet et une robe. Il s'enfuit avec, ajoutant qu'ils sont « bien bêtes » de lui avoir donné avant qu'il n'achève sa tâche75,Note 10. Cette particularité est probablement issue d'une très ancienne tradition orale, puisque les mêmes thèmes se retrouvent chez le petit peuple de la légende arthurienne76.
Citant le départ du lutin de la chronique de Zimmern (1566), Claude Lecouteux suppose que la couleur du bonnet offert, le rouge, contraint le lutin à partir. Il existe aussi une histoire où le pooka révèle que les habits qui lui sont offerts représentent le salaire qui met un terme à sa pénitence77.
Portrait psychologique
Plusieurs créatures du petit peuple, dont des lutins, sont visibles sur
Fairy Feller's Master-Stroke, une huile sur toile de
Richard Dadd réalisée entre 1855 et 1864, conservée à la
Tate Gallery de Londres.
Les lutins sont très inconstants, d'où le nom des follets (petits fous) et des sotês et massotês (petits sots)27 : ils peuvent rendre de multiples services un jour et commettre les pires bêtises le lendemain69. Leur asocialité est connue depuis le Moyen Âge puisque Marie de France parle d'un folet capturé par un paysan, et prêt à lui donner tout ce qu'il voudra « s'il ne le montre pas aux gens ». La plupart sont furieux lorsque des humains les voient, la pire des situations étant qu'une personne leur adresse la parole, et exige d'eux une réponse. Paul Sébillot et Henri Dontenville les disent « peu loquaces », Sébillot ajoutant même qu'un lutin des dunes bretonnes viendrait défier en duel quiconque l’appelle. Les nutons ardennais prennent peu la parole, et toujours pour livrer des messages désagréables, à tel point que « nuton » est devenu un synonyme de « misanthrope » et « taciturne »78. En Picardie, deux follets, les fioles, jettent à l'eau les personnes qu'ils entendent siffler79.
Capacités
Tous les récits de lutins leur prêtent des capacités magiques, comme celle de dire l’avenir et de lancer des sorts62,70. Leurs sortilèges sont particulièrement craints dans les Ardennes. Un récit bien connu parle d'un paysan wallon fauchant son blé pour le rentrer avant l'orage, lorsqu'il voit le nuton de son foyer l'aider en portant un épi à la fois. Énervé par ce qu'il juge comme une aide inutile, il s'en moque. Le nuton sort de son mutisme et lui lance cette malédiction :
« Paume à paume (Épi par épi), je t'ai enrichi, paume à paume je te ruinerai ! »
— Collecté par Jérôme Pimpurniaux80,Note 11
Le lien du lutin avec la nature se traduit par sa capacité à rendre une terre fertile ou stérile. Ici, un champ de
blé en
Seine-et-Marne.
La variante « Épi par épi, je t'ai enrichi, gerbe par gerbe je te ruinerai » est citée par Albert Doppagne81 et surtout Pierre Dubois, qui en a fait le symbole du lien du petit peuple avec la Nature, et de l'importance à le respecter, ajoutant que rien n'est jamais acquis ou définitif avec eux82. Dans la suite du récit en effet, le paysan wallon perd toutes ses possessions et finit ruiné83. Une histoire très semblable met en scène un donanadl, lutin tyrolien qui, assis entre les cornes de la plus belle vache de la Grünalm (« la toute verte », vallée des Alpes tyroliennes), voit le propriétaire du troupeau tenter de l’assommer. Il le maudit en disant « La Grünalm sera dépourvue d'eau et d'herbe, et d'eau encore plus ! ». Peu après, les sources se tarissent et l'herbe ne repousse plus84.
Les lutins peuvent aussi se rendre invisibles62, le plus souvent grâce à un objet tel qu'un bonnet ou une cape. Ils utilisent leurs pouvoirs au bénéfice des gens vertueux, comme dans ce conte picard d'Acheux collecté par Henry Carnoy, où un bossu aide une bande de lutins à connaître le dernier jour de la semaine, lesquels lui ôtent sa bosse pour le remercier. Un autre bossu ayant appris l'affaire croise une autre bande de lutins et mélange les jours : ils le punissent en l'affublant d'une deuxième bosse85. Un récit flamand parle de lutins établis dans une ferme à Linden, qui bâtissent une tour sur une église en un mois contre un peu de nourriture86. Enfin, s'ils sont réputés agités et courent souvent dans tous les sens selon les croyances, les lutins peuvent aussi se déplacer sur une grande distance bien plus rapidement que les humains87.
Métamorphose
La capacité à se métamorphoser et à changer de taille est l'une des particularités les plus typiques des lutins dans les récits à leur sujet. Elle se retrouve aussi chez les nains des traditions populaires, en étroite relation avec la croyance médiévale du double58. Leur portrait psychologique (taciturnes, détestant être vus...) explique que la plupart du temps, ils semblent de petite taille88. Cependant, il est probable qu'à des époques plus lointaines, en cas de menace, les lutins peuvent grandir instantanément et flanquer une correction à leur agresseur. Les auteurs de textes médiévaux auraient dédoublé le lutin originel du folklore en un « nain petit et faible », toujours vu en premier, et son « protecteur »89. Un exemple en est la chanson Dieudonné de Hongrie90.
Les lutins prennent aussi l'apparence d'animaux62, voire se changent en objets70. Leurs métamorphoses animales sont variées, incluant surtout le cheval et la grenouille (le Teul ar Pouliez breton dans sa mare étant un exemple), puis le chat et le serpent. Des traces de génies de la maison adorés sous forme de serpent sont présentes depuis des époques très reculées en Europe, l'animal partageant un trait commun avec le lutin, qui est sa réputation d'aimer le lait91. Le lutin a également la capacité de changer autrui en animaux, particulièrement en équidés : au XIXe siècle, un sotrê de Lorraine aurait métamorphosé un fermier en âne92. Un certain nombre de textes, dont Les Évangiles des quenouilles, lient le feu follet au lutin (luiton) en disant que ce dernier apparaît parfois sous la forme d'une petite lumière93.
Changelings
Tout comme les fées, certains lutins enlèvent, dit-on, des bébés humains au berceau et les remplacent par l'un des leurs, le changeling. Ce dernier a parfois l'apparence d'un bébé lutin, d'autre fois celle d'un très vieux lutin94. Pour se protéger des enlèvements, plusieurs méthodes sont citées, l'une d'elles étant de coiffer l'enfant d'un bonnet rouge, qui traditionnellement était réservé aux bébés morts-nés. Le lutin, croyant l'enfant déjà mort, est censé ne pas l'importuner. Un récit lorrain parle d'une mère qui s'empare du bonnet rouge d'un sotrê retrouvé au pied du berceau de son enfant disparu, et s'en sert de monnaie d'échange95. Un récit daté de 1885, dans le Morbihan, parle d'une servante fée qui guide une bande de lutins volant les biens et les enfants des habitants. Une mère, se doutant que son enfant a été remplacé, pose douze œufs en rond sur la pierre de son foyer, et voit le changeling rire puis dire « J'ai bientôt cent ans, oncques n'ai vu tant de pots blancs »96.
Liens avec le foyer
Illustration anonyme (1915) du conte de Grimm
Les lutins (
Die Wichtelmänner).
Les petits nainsNote 12 de la montagne
Verdurenette, Verduret
La nuit font toute la besogne
Pendant que dorment les bergers
— Comptine collectée par Émile Jaques-Dalcroze, Chansons populaires romandes : Chanson à la lune (1904), La ronde des petits nains97
Selon la croyance, le « lutin du foyer » vit à l'origine dans la nature (des habitats souterrains sous les collines, dans les bois ou entre les racines de grands arbres98), et choisit de s'établir dans une habitation humaine (en général une ferme) pour se mettre au service de ses habitants99, causant parfois des troubles, et jouant la nuit dans la cheminée100. Ils sont nommés « lutins domestiques », ou « follets qui font office de valets », selon Jean de La Fontaine. Le nom du servan alpin, daté du XIXe siècle, provient de cette fonction99.
Tâches accomplies par les lutins
Les « lutins du foyer » s'occupent d'une foule de travaux, en particulier pour les chevaux dont ils prennent grand soin99, mais aussi pour les bovins. Les sotrés vosgiens soignent le bétail, changent sa litière et donnent aux vaches un fourrage appétissant ; le follet de Suisse romande dérobe aux autres des brins d'herbe fraîche pour les donner à sa vache favorite, et en Basse-Bretagne, Teuz-ar-pouliet, l'espiègle de la mare, baratte aussi le lait101. Les lutins surveillent, protègent et tiennent propre la maison dont les habitants lui témoignent un grand respect, font la cuisine, consolent les enfants tristes, en résumé, ils s'occupent de toutes les tâches domestiques du foyer avec une extrême efficacité, bien plus grande que les hommes. Ils peuvent s'y mettre à plusieurs, ne sortent et se montrent que la nuit, et ne dorment jamais, d'où le proverbe français « Il ne dort non plus qu'un lutin »62,99. Ils fréquenteraient les caves et les greniers, le dessous des lits et les armoires98, et fuiraient tout contact avec les objets en fer102. Les textes rapportent qu'ils se nourrissent de grenouilles rôties103, mais aussi qu'ils réclament uniquement de la nourriture en échange de leurs services. La plupart du temps, il s'agit de lait (parfois caillé) ou de bouillies à base de lait. L'amour immodéré du lait est d'ailleurs le seul détail alimentaire permettant de reconnaître à coup sûr un lutin91.
Illustration de
Walter Crane pour le conte
Les lutins, publiée dans
Household Stories by the Brothers Grimm par
Macmillan and Company en 1886.
Moyens de les chasser
Un
tomte s'occupant des
écuries, sur une gravure de Carta Marina en 1539, publiée dans
Historia de gentibus septentrionalibus par
Olaus Magnus en 1555.
Cette relation avec les habitants du foyer n'est jamais un acquis. Très susceptible, le lutin est attentif à la moindre marque d'irrespect et se retourne en un instant contre les personnes qu'il servait. Il peut aussi se défendre férocement : un récit de Plouaret rapporte qu'un charretier ivre défie un soir le lutin de l'écurie, estimant qu'il lui fait une concurrence déloyale. L'homme est retrouvé au matin « complètement brisé », ayant le rire terrible du petit être résonnant en lui, tremblant de tous ses membres104. Enfin, le lutin est l'une des causes potentielles du cauchemar105,106.
Ces raisons expliquent que les gens désirent parfois chasser les lutins de leur foyer105, plusieurs méthodes étant citées aux côtés de l'habituelle utilisation d'objets (eau bénite) et de prières chrétiennes. L'une des plus classiques consiste à placer un récipient rempli de fines graines (il s'agit de millet, de pois ou de cendres en Auvergne, selon Paul Sébillot107) sur le chemin du lutin : s'il le renverse, il est forcé de tout remettre en place avant l'aube et le chant du coq, et ne revient plus jamais108. Une autre, connue pour se débarrasser de ceux qui « lutinent » les filles depuis le XVe siècle, est de parvenir à les dégoûter. Les Évangiles des quenouilles parlent de porter du pain sur soi, « et quant volenté te prent de pissier, fay ton aise, et toudis mengue de ton pain »109. Le folklore belge conseille de s'accroupir sur du fumier en position de défécation, et de manger une tartine dans cette position. Le lutin pousse alors une exclamation de dégoût comme « Ah ! Ti cakes èt magnes » (« Ah ! Tu défèques en mangeant »), et s'enfuit pour toujours110. La plupart des lutins sont connus pour leur réaction d'horreur face à ce qui évoque les besoins naturels, c'est pourquoi, dans le Limbourg, on les prévenait avant d'épandre le fumier111. En Italie, un moyen de faire fuir le « Linchetto » trop entreprenant est de manger du fromage assise sur les toilettes, en disant « Merde au Linchetto : je mange mon pain et mon fromage et lui chie à la figure »112. Une histoire belge parle d'une jeune fille harcelée par un lûton, dont les parents posent des coquilles d’œuf en rond emplies de brindilles. En les voyant, le lûton dit « J'ai vu Bastogne haut boir, Frèyir plein champ, mais jamais je n'ai vu tant de pots mélangeants », et part à jamais113.
Le sôté et d'autres lutins du foyer peuvent se venger de tentatives ratées pour les chasser en ruinant toute la maisonnée110. Dans un conte près de Saint-Philbert-du-Pont-Charrault, une femme se débarrasse de fadets qui venaient près de son âtre en chauffant le trépied sur lequel ils se posent. Plus tard, la fée Mélusine remplace l'un des enfants de la femme par un changeling en son absence, pour les venger114.
Les paysans ont toujours cherché à capturer des lutins. Une méthode québécoise consiste à répandre de la farine fine au sol, et à suivre les traces qu'ils ont laissées jusqu'à l'endroit où ils se cachent dans la journée108.
Liens avec l'eau
Le lutin aquatique remonte au XIIIe siècle, apparaissant dans Huon de Bordeaux, la Chanson de Gaufrey et la Geste de Garin de Monglane115. Malabron est un bon représentant, tout comme le Klabautermann des pays germaniques63. Sans doute parce qu'ils sont « les plus primitifs », ce sont aussi les plus négatifs dans les récits à leur sujet, en particulier à l'époque médiévale. Leur apparence est peu détaillée, et ils sont réputés pour leur anthropophagie116. Si les nains de la légende arthurienne sont quasiment sans rapport avec l'eau, d'autres monstres plus ou moins liés aux lutins y sont présents. Le Chapalu, félin aquatique ennemi du roi Arthur, est décrit comme le « roi des lûtons »117 et Christine Ferlampin-Acher lie le chat noir du lac de Lausanne, mentionné dans la Vulgate Merlin comme une bête aquatique capable de changer de taille jusqu'à devenir un « diable gigantesque », à un avatar du lutin issu des légendes celtiques118.
Les tours favoris des lutins, en dehors du foyer, sont presque toujours en rapport avec les équidés et l'eau : si le houzier des Ardennes et le poulain Fersé de Haute-Bretagne attirent les hommes dans l'eau pour leur jouer des tours sans gravité119, les Pie-Pie-Van-Van de la Meuse, et d'autres, cherchent à les noyer104. Paul Sébillot cite quelques lutins aquatiques positifs, tel le petit bonhomme rouge des côtes dieppoises, qui garde les filets des pêcheurs120. Sur la Loire et l'Allier, sévissent les Letiens121, dont les mariniers racontaient les histoires, et qui leur permettaient d'expliquer les mauvaises plaisanteries qu'on faisait subir aux jeunes mariniers122.
Liens avec les chevaux
Dessin de
John Bauer (1882-1918) représentant un lutin à cheval.
Plusieurs chercheurs ont remarqué des liens très étroits entre lutins et chevaux, « si étroits que, dans les chansons de geste médiévales comme dans le plus moderne folklore, lorsque le lutin prend forme animale, il adopte presque toujours celle-là »123. La raison semble liée, en plus du lien à l'élément liquide et au dieu Neptune déjà évoqué, au fait que le cheval, animal familier des hommes, est aussi le plus approprié pour se rendre dans les univers féeriques et pour jouer les « tours » caractéristiques du lutin, tels que jeter un cavalier dans une mare de boue, une rivière ou une fontaine. Dans la littérature médiévale, Malabron et Zéphyr se changent fréquemment en chevaux123,124. Le « nain » FrocinNote 13, qui affuble le roi Marc'h d'oreilles de cheval dans la version de la légende fournie par Béroul au XIIe siècle, est vraisemblablement issu du lutin folklorique125. Le roman de Thèbes et d'autres textes évoquent aussi la paternité d'un fabuleux poulain noir pour le netun, noitun ou luiton126, ce dernier étant bien connu à l'époque pour s'occuper des écuries127. Guillaume d'Auvergne affirme au XIIIe siècle qu'au matin, les crins des chevaux sont retrouvés tressés, et couverts de petites gouttes de cire. François Le Poulchre ajoute en 1587 qu'un cheval rentré souillé à l'étable peut être retrouvé « estrillé et net le lendemain, sans que de créature il eust été touché pour en oster l'ordure »128. Paul Sébillot fournit de nombreux témoignages : en Normandie, le lutin mène les chevaux boire, dans la Beauce et en Franche-Comté, il les étrille, les soigne, et les nourrit, ce qui en Haute-Bretagne les fait hennir au moment où le Maît' Jean apporte leur nourriture. Le fouletot franc-comtois vole le foin pour le donner à sa bête préférée, si le maître n'en a pas dans son fenil. En Normandie, le lutin vole les plus beaux épis d'avoine pour ses favoris101, il en est de même en Acadie, où il prend le grain des chevaux gras pour le donner à ceux des plus pauvres paysans129.
« Nœud de fée » dans la crinière d'un cheval
pie-alezan tovero, pâture
ulmeusienne, en
Picardie. Jadis, cette particularité était souvent considérée comme la preuve qu'un lutin a chevauché l'animal durant la nuit.
L'elficologue Pierre Dubois cite de nombreux témoignages de lutins visitant les écuries durant la nuit, et laissant pour traces de leur passage des torsades dans les crinières, qu'ils utilisent afin de se confectionner des étriers (les fameux nœuds de fées), et galoper toute la nuit65. Paul Sébillot en relève dans la Manche en 1830, cette croyance est très ancrée dans le Nord de la France, particulièrement la Bretagne et la Normandie130. Preuve du forfait des lutins, le propriétaire retrouve son animal couvert de sueur au matin131. Les chevaux aux « nœuds de fées » sont prisés sur les marchés bretons, et les juments réputées pour devenir de bonnes poulinières131. La tradition rapporte qu'il ne faut surtout pas démêler les crinières de ces juments : dans le Berry, cela les fait avorter65,131, en Franche-Comté cela provoque une mort dans l'année132, et en Acadie, les lutins se vengent en maltraitant les chevaux133. Des témoignages de crinières emmêlées sont recueillis par les paysans de Haute-Bretagne123 et du Québec134 jusqu'au début du XXe siècle.
Maint’nant, au travail ! Comme un fou
Vers les ch’vaux le voilà qui file,
À tous leur nouant à la file
Les poils de la tête et du cou.
Dans ces crins tordus et vrillés
Va comme un éclair sa main grêle,
Dans chaqu’ crinière qu’il emmêle
Il se façonn’ des étriers.
Puis, tel que ceux du genre humain,
L’une après l’autre, i’ mont’ chaqu’ bête,
À ch’val sur l’cou — tout près d’la tête,
En t’nant un’ oreill’ de chaqu’ main
— Maurice Rollinat, Paysages et paysans (1899), Le Lutin
Ces phénomènes ont été de tous temps attribués aux lutins ou à des créatures similaires, jusqu'à la découverte d'une explication scientifique, celle d'une plique polonaise, défaut d'entretien longtemps considéré comme une maladie128,131,135.
La diabolisation du lutin conduit toutefois à une inversion progressive de son rôle envers les chevaux : dans le Berry, d'animal favori, le cheval devient sa victime, et « seuls l'âne et le bœuf échappent aux tourments des lutins, grâce à leur rôle dans la Nativité »136. Les deux croyances coexistent parfois, le sôtré étant capable d'agacer les chevaux ou de les soigner. Un objet déjà utilisé pour se protéger des changelings, tel qu'une pierre percée (contre le foulta de Suisse romande) ou une série de coquilles d’œufs (contre le chorriquet à Treffiagat), peut être déposé dans l'écurie pour en chasser les lutins131. En Ontario, des graines de lin sont mélangées à la ration des chevaux, pour forcer les lutins à trier129. Les traditions canadiennes parlent de créer une girouette à forme équine que le lutin vient ensuite chevaucher, ou de faire détresser les crinières par une femme enceinte. En Haute-Bretagne, des séances d'exorcisme sont menées, mais sont mal acceptées par les populations à en croire ce témoignage collecté par Paul Sébillot : « si on brûle les crins avec un cierge bénit, le lutin ne revient jamais, mais les bêtes sont, par suite de son départ, exposées à dépérir »137.
Parallèlement « les silhouettes du lutin et du cheval tendent à se confondre et à se fondre en un seul personnage dont le rôle est d'égarer, d'effrayer et de précipiter dans quelque mare ou rivière ceux qui les montent »138. Paul Sébillot rapporte des croyances populaires quant à plusieurs lutins-chevaux jouant ce rôle, notamment le Bayard de Normandie, le Mourioche de Haute-Bretagne, Maître Jean, le Bugul-noz et la jument blanche de la Bruz123. Dans les îles anglo-saxonnes, Puck prend cette forme pour effrayer la population139.
Créatures désignées comme « lutins »
Les
laminak de la mythologie basque, parfois décrits comme des lutins, tiennent un rôle de bâtisseurs nocturnes dans certaines légendes.
King Olaf and the Little People, par Julia Goddard, 1871, publié dans
Wonderful Stories from Northern Lands. Londres, Longmans, Green, and Co. Les petites créatures, semblables à la description des lutins, y sont nommées des
elfes (
elves en anglais).
Paul Sébillot parle des lutins comme d'une « grande tribu », et Anne Martineau en dénombre « 30 000 espèces » rien qu'en France53. En 1992, si Pierre Dubois dit que le mot « lutin » désigne communément (et à tort) l'ensemble du petit peuple en France140, il insiste aussi sur le fait que les lutins forment « une race à part entière », à ne pas confondre, notamment, avec les nutons de Wallonie et des Ardennes françaises dont l'habitat et les légendes sont différents, ni les kobolds, les gobelins, les leprechauns et les gnomes, distincts de plus par l'étymologie28. La plupart des récits de lutins sont spécifiques à la France et se trouvent notamment en Bretagne, dans les Ardennes, dans les Alpes et en Picardie, mais quelques textes en évoquent dans le comté de DevonNote 14, le Yorkshire, les Flandres, l'Allemagne et l'Italie98. Dans le Berry et selon George Sand, les lutins sont surtout nommés des follets141. Pierre Dubois inclut parmi les lutins proprement dits les chorriquets, bonâmes, penettes, gullets, boudigs et bon noz, dont le rôle est surtout de soigner les chevaux et le bétail, et y ajoute le Bona d'Auvergne, qui se déguise en joueur de cabrette29. Bien d'autres créatures sont qualifiées de « lutins », comme le fullettu de Corse, qui avec sa main d'étoupe et sa main de plomb, s'attaque aux gens couchés142. En Provence et en Languedoc, le gripet et le fantasti s'occupent du bétail et des écuries143. Les Pyrénées connaissent Truffandec, génie du foyer plutôt nocturne et diabolique144, et le Pays basque les laminak145.
L'Alsace a de nombreuses histoires de lutins, comme celle de Mikerlé dans la vallée de Guebwiller146. La Suisse utilise le nom de « follet ». Dans l'Allier, le « fol » joue de vilains tours, comme le farfadet du pays poitevin147. Le nom de « fadet » est attesté dans la Vienne, les Deux-Sèvres et le Poitou148.
En Bretagne
Le
korrigan, « lutin de Bretagne », renvoie étymologiquement au nain (
korr)
149,150.
La langue bretonne a un très grand nombre de mots pour le petit peuple, et dans cette « région infestée de lutins » où existent des milliers de témoignages, il est commun de les distinguer par leur habitat53,151. Pierre Dubois attribue aux korikaneds les bois, aux korils, courils, corrics, kriores, kéréores et kannerez noz les landes, aux poulpiquets les vaux, aux teuz les prés, aux boléguéans les tumuli, aux hoseguéannets les cercles de pierres et aux boudics, boudiguets et bouffon noz les fermes152. La Bretagne connaît aussi des fadets et farfadets, duz, korrigs, komaudons, fomiquets, chorriquets... Au fil du temps, ces petites créatures jadis distinctes sont venues à être toutes désignées sous l'unique nom de « korrigan »150.
Le petit peuple breton est « relativement sympathique » selon Paul Sébillot153. Il participe efficacement à toutes les tâches ménagères et domestiques, calme les enfants, prépare les repas, s'occupe des chevaux en échange de « bons égards », et ne joue des tours qu'à ceux qui lui manquent de respect154,155. Anatole Le Braz ajoute que des surnoms respectueux tels que nantrou (« monsieur ») ou Moestre Yan (« maître Jean ») lui sont donnés29.
Sur l'île d'Yeu, les fras habiteraient le dolmen des « Petits-Fradets » et sèmeraient des herbes qui font parler les bêtes à minuit, croyance commune à toute la Bretagne156. Collin de Plancy a rassemblé des témoignages concernant la disparition des boléguéans du tumulus de Saint-Nolff, où ils étaient autrefois des milliers :
« Cette désertion des boléguéans est un malheur pour la commune. Du temps qu'ils vivaient ici, qu'ils nous parlaient (car ils parlent le langage du peuple chez lequel ils habitent), qu'ils nous conseillaient, nous étions heureux, tout nous prospérait. Avions-nous perdu quelque chose, un couteau, une pièce de monnaie, un bouton, il nous suffisait de dire : Boléguéan, j'ai perdu tel objet ; et le lendemain, au lever du jour, on était sûr de trouver l'objet sur le seuil de sa porte. Nous manquait-il un bœuf pour traîner notre charrue, les boléguéans, toujours bons et obligeants, se faisaient un plaisir de nous en prêter un ; seulement il fallait demander en détail les parties principales de l'animal ; si l'on oubliait soit la tête, soit les pieds, soit la queue, ils nous le prêtaient sans tête, sans pieds ou sans queue. [...] »
Les lutins bretons auraient été admis dans les églises de Basse-Bretagne153, mais ils restent capables de malice, forçant ceux qui les croisent durant la nuit à danser jusqu'à épuisement, par exemple. Enfin, ils échangent les enfants des humains avec leur changeling157. Un certain nombre d'entre eux sont aquatiques, tels les korandons de Bilfot, qui se promènent sur les falaises et ne parlent à personne158. Ian an Ôd (Jean du rivage), Pautre Penn-er-Lo, le Begul an Aod ou encore le Colle Pohr-En-Dro sont plus dangereux, puisqu'ils imitent des personnes qui se noient pour attirer des humains dans l'eau, ou mettent des gens en confiance avant de les pousser à se noyer159.
En Wallonie et Champagne-Ardenne
Le nuton (ou lûton, nûton) des Ardennes franco-belges partage la même origine que le lutin, mais les grottes, cavernes et souterrains forment l'essentiel de son habitat selon le folklore local, à l’instar des nains du monde germanique160. Il était jadis d'usage de leur déposer des objets endommagés le soir, avec un peu de nourriture, et la tradition veut qu'ils soient retrouvés réparés au matin. Si les croyances populaires ont largement reculé, les expressions demeurent, en général pour désigner la misanthropie ou, à Warmifontaine, la gourmandise. Les coings de Comblain-au-Pont sont nommés « pommes de nutons ». Des tours et des « trous de nutons » sont toujours visibles dans les toponymes belges, tout comme les « étrons de nuton », des blocs de pyrite dans l'entre-Sambre-et-Meuse112,161.
À Celles, non loin de Dinant, on retrouve une pierre votive vouée à une divinité populaire du nom de « NVTTO » dont elle est la seule évocation connue162. Si sa dédicace demeure controversée, elle permet de risquer l’hypothèse que les nutons seraient en Ardenne belge liés à la mythologie populaire, et cela dès la période gallo-romaine162. Le pays de Malmédy a pour sa part gardé la trace de très anciennes toponymies avec son trô dès dûhons (trou des duhons), dont l'étymologie est issue des duses. Ces créatures sont comparables aux nutons163,164,165, tout comme le sottai, nommé sotê dans le pays de Liège, massotê à Grand-Halleux164,165, et sotrê dans les Vosges166, ou encore le felteu, attesté dans un récit du Bassigny167.
D'autres lutins sont plus effrayants, notamment les Annequins, qui se manifestent sous la forme de feux-follets168, et les Pie-Pie-Van-Van ardennais. Le croqueur d'os, toujours dans les Ardennes, est un nécrophage repoussant qui vivrait sous les cimetières169.
En Franche-Comté, dans les Alpes et en Suisse
Le
servan alpin et le donanadl tyrolien guideraient les troupeaux de bovins sur les chemins montagnards.
La croyance envers le servan (ou sarvan, sarvin, chervan en patois), est commune à toutes les Alpes, au Valais et au nord de l'Italie170. Ce lutin bénéfique, protecteur du foyer et surtout du bétail qu'il guide en montagne171, se voit encore offrir des libations de lait par les pasteurs au XIXe siècle172. Les paysans lui donnent la première crème du matin pour se protéger de ses tours170. Dans le Tyrol, un esprit servant très proche, de petite taille, d'apparence âgée et vêtu de guenilles, le donanadl, est réputé vivre près d'Hochfilzen et rendre de multiples services similaires. Les paysans le remercient en lui offrant de la nourriture dans les chalets173. Le chablais connaît le chaufaton, un lutin domestique qui provoque les cauchemars106. Dans le Jura, en Bourgogne et en Suisse romande, les contes mettent en scène des ioutonsNote 15, fouletots et foultas174,175. Le iouton est connu pour se mettre en colère si les hommes oublient son bol de lait, d'après un témoignage collecté aux Planches-en-Montagne en 1852176. Moins sympathique est le hutzêran du canton de Vaud, lutin hurleur qui fait tomber les branches et tourbillonner les feuilles177.
En Amérique du Nord, dont le Québec
La croyance envers les lutins a gagné l'Amérique du Nord avec les colons français, particulièrement la province de Québec, où ils prendraient la forme d'animaux (entre autres le chien et le lapin). Les chats blancs sont les plus réputés pour être des lutins, bien que tout animal vivant près des foyers humains puisse être considéré comme tel. Ils sont bons ou mauvais, leur est attribué le contrôle bénéfique de la météo et le rasage de la barbe du maître de maison avant qu'il ne s'éveille le dimanche, mais aussi, s'ils sont fâchés, son harcèlement à travers des tours tels que l'émoussage d'une faux et le remplissage des chaussures avec des cailloux. Ils détesteraient le sel, et éviteraient de le traverser s'ils en trouvent répandu au sol178. Les lutins acadiens, québécois et ceux de Nouvelle-Angleterre partagent tous un lien avec les chevaux, mais une tradition importée d’Écosse ou d'Irlande est relevée à Kippens : celle de sortir avec du pain dans ses poches pour éviter leurs tours179. Le folklore américain propre à Detroit connaît le nain rouge (en français dans le texte), originaire de Normandie180.
En Nouvelle-Calédonie
Les auteurs français qui étudient les traditions populaires de Nouvelle-Calédonie y mentionnent des lutins181 notamment dans les croyances des kanaks, pour qui la forêt est sacrée182.
Évolution des croyances
Les lutins sont connus à travers des contes et des récits populaires ou plus littéraires, mais ils font également l'objet de croyances quant à leur existence, depuis le Moyen Âge et à toutes les époques53. Une importante évolution se produit dans la vision de ces créatures : le Neptunus aquatique primitif est vu comme un dangereux démon, mais le génie du foyer, très serviable bien qu'inconstant et susceptible, est l'archétype du lutin. Il « figure au nombre des démons païens que le christianisme se doit d'extirper »50, mais la croyance populaire perdure durant des siècles. De manière générale, les récits de lutins provoquent quatre types de réactions chez les personnes qui les connaissent : l'acceptation totale et le partage de la croyance, le refus pour des motifs rationnels mais l'acceptation pour des motifs émotionnels, la considération comme une source d'amusement destinée aux enfants, et enfin le rejet total, incluant la négation de toute connaissance des « anciennes traditions ». L'histoire des mutations culturelles inclut naturellement des phases de totale acceptation des croyances envers les lutins, et des phases de rejet183.
Selon Claude Lecouteux, « Au Moyen Âge et à la Renaissance, la notion de génie domestique est bien vivante et on attribue donc aux follets et lutins la paternité des mauvais tours ; au XIXe siècle, les génies et lutins sont tombés dans le domaine de la légende et du conte, du moins en grande partie selon les régions ; on recourt donc à une autre explication, celle de la sorcellerie et du diable »184.
Moyen Âge
L'une des premières attestations de croyance envers les lutins est le fait de Burchard de Worms, qui vers 1007 parle des Pilosus et des Satyrus, sortes de génies domestiques qui apparaissent dans les caves des maisons, auxquels il est d'usage d'offrir des chaussures ou des arcs de petite taille. Il est probable qu'il a cherché à les nommer en latin, alors qu'ils portent un autre nom en langue vernaculaire185.
En 1210, Gervais de Tilbury écrit dans Les Divertissements pour un empereur un chapitre titré « Des faunes et des satyres » qui forme le premier témoignage détaillé concernant le petit peuple médiéval. Il y parle de follets nommés nuitons en français et portunsNote 16 en anglais, confondus sous sa plume avec les faunes, satyres et incubes. Ces êtres habitent avec les paysans fortunés dans leur demeure, et ne craignent ni l'eau bénite ni les exorcismes, ce qui les dissocie du Diable186. Ils assistent « les gens simples des campagnes », et se chargent facilement et sans effort des travaux les plus rudes. Sans être nuisibles, il leur arrive de taquiner les habitants. Ils entrent dans les maisons la nuit dès que la porte est fermée, et se réunissent autour du feu pour manger des grenouilles grillées187. Ils ont toutefois la vilaine habitude de s'agripper aux cavaliers anglais chevauchant de nuit, pour conduire leur monture dans les marécages, avant de s'enfuir en riant72. L'insistance avec laquelle Gervais de Tilbury affirme que les nuitons sont généralement inoffensifs et ne craignent pas les objets religieux laisse à supposer que cette opinion ne devait pas être partagée à son époque53. Il ajoute que les démons prennent l'apparence des « lares », soit des « esprits des maisons »31.
La religion chrétienne a une influence non négligeable sur la perception des lutins. L’Église, toutefois, ne parvient pas à éradiquer ces créatures issues de la mentalité païenne, malgré ses efforts, ni la croyance selon laquelle les défunts se transforment en « esprits » puis continuent à se manifester. L'au-delà est « le refuge marginal d'où surgissent aussi bien des enfants verts que des nains, des génies maléfiques ou bénéfiques »188. Claude Lecouteux rapporte un texte didactique du XVe siècle, selon lequel les gobelins, ou nuituns, seraient des Diables inoffensifs, créateurs d'illusions et de fantasmes, que Dieu laisse errer nuitamment189. Pierre Dubois évoque l'abandon d'un monastère dominicain en 1402, à la suite de la présence d'un lutin en colère qu'aucune prière ne pouvait faire fuir98.
Temps modernes
Les croyances perdurent, puisqu'en 1586, Pierre Le Loyer parle des esprits follets ou lutins « qui font bruit et tintamarre dans les maisons particulières » en ajoutant que « ce n'est point une fable »190. Un an plus tard, François Le Poulchre établit une sorte de classification élémentaire des lutins, en disant que les créatures liées au feu sont colériques et causent des misères aux hommes, tout comme celles de la terre et de l'eau. Seules celles de l'air sont d'après lui fréquentablesNote 17 « et prennent soin des biens » : il s'agit des génies domestiques191. À la même époque, en Allemagne, le Hinzelmann, décrit comme un kobold mais possédant de nombreux traits du lutin français, est réputé faire grand tapage au château de Hudemühlen192.
Plusieurs chroniques parlent d'un bail résilié au parlement de Bordeaux en 1595 à cause de lutins193, une affaire similaire est évoquée en 1599 (à moins qu'il s'agisse de la même), mais le locataire est finalement débouté au motif qu'il existe une foule de moyens pour se débarrasser du petit peuple, et qu'il lui suffit de les employer194. Pierre Dubois ajoute qu'une des voisines dit s'être retrouvée enceinte d'un lutin à la suite de l'affaire98.
En 1615, un « lutin tapageur » se manifeste près de Valence dans le Dauphiné, tous les jours « sauf le dimanche et les jours de fête ». Il remplit une tapisserie de feuilles de choux, couvre le visage d'un potier de raclure d'étain, rit bruyamment et joue du fifre. Le seigneur de Valence parvient à le chasser en faisant venir six ou sept prêtres pour bénir la maison et l'exorciser195. Une affaire similaire se déroule dans une maison à Rumilly en 1622, où une bande de lutins renverse la vaisselle et les livres, et jette des pierres sur les habitants. Un prêtre bénit les lieux et ils s'enfuient196. Le dictionnaire de Furetière, dans son édition de 1690, dit que « lorsqu'une chose que l'on vient de manier disparaît de la maison, il faut que ce soit le lutin qui l'ait prise ». Il ajoute que ce dernier est une sorte de démon ou d'esprit follet, que l'on croit revenir dans les maisons pour y faire du désordre, des malices, ou de la peine30.
En 1728, un Français de passage à Hechingen arrive dans la ville le jour où une ordonnance princière impose la chasse annuelle aux « esprits malfaisants de la maison ». Tous ces témoignages tendent à prouver que la croyance aux lutins est partagée tant par les gens simples que par les puissants et les érudits, même si elle connaît des exceptions : Jean de La Fontaine, bon connaisseur de ces croyances, situe l'origine des lutins dans le Mogol, par dérision sans doute194.
Les premières arrivées de colons français dans l'île de Terre-Neuve ne sont pas datées avec précision mais remonteraient au XVIIIe siècle197. Issus de plusieurs communautés françaises et notamment de Quimper en Bretagne, ils apportent avec eux leurs croyances envers les lutins, qui survivent jusqu'au début du XXe siècle dans le folklore populaire198. Elles gagnent le Michigan où une population française s'est établie199, donnant le personnage du nain rouge. Il semblerait que seules les personnes immigrées de la première génération croient réellement en ces personnages, leurs enfants n'en gardant que la connaissance200.
XIXe siècle
De nombreux érudits du XIXe siècle continuent de croire aux lutins, parmi lesquels Robert Louis Stevenson, qui affirme que les Brownies inspirent une partie de son travail201, William Butler Yeats, qui s'intéresse également au spiritisme et aux phénomènes paranormaux202, et peut-être Théodore Hersart de La Villemarqué, imprégné de la mentalité bretonne où la croyance envers le petit peuple est fortement ancrée203. La relation avec les lutins n'est toutefois pas toujours simple, puisqu'en 1821, le sieur Berbiguier de Terre-Neuve publie à son compte Les farfadets ou Tous les démons ne sont pas de l'autre monde, dans lequel il détaille son obsession et son combat incessant contre des créatures démoniaques qu'il nomme les « farfadets », sortes de lutins maléfiques visibles de lui seul. Il est considéré comme un précurseur du fantastique, ou un archétype du fou littéraire204.
Influence du spiritisme et de la théosophie
La popularité de la doctrine spirite et d'autres qui en sont dérivées, comme la théosophie, entraîne une nouvelle vision de ces êtres. Allan Kardec nomme « esprits légers » tous les « follets, lutins, gnomes et farfadets », ajoutant qu'ils sont « ignorants, malins, inconséquents et moqueurs »205,206. Dans son autobiographie, la médium Lucie Grange affirme qu'elle a un lutin domestique du nom d'Ersy Goymko dans son foyer, lequel ressemble à un jeune homme blond de 22 ans207.
Collectages campagnards
La plupart des nombreux témoignages recueillis au XIXe siècle concernent les campagnes194, grâce notamment au travail de collectage effectué par les folkloristes208.
« Moi, dit Kéradec, j'ai été longtemps sans croire aux revenants, aux lutins, aux fantômes et autres apparitions de tout genre dont on parle aux veillées d'hiver. Quand on racontait devant moi quelque histoire semblable, je haussais les épaules de pitié et me moquais de ceux qui y croyaient, et je disais : — Ah ! j'aurais bien voulu être là ! Qu'il m'arrive donc une bonne fois de voir un revenant, et il trouvera à qui parler, et je vous en donnerai des nouvelles ! Et autres vanteries semblables. Aujourd'hui je ne ris plus de ces récits ; je ne les crois pas tous — il s'en faut mais je me donne bien de garde de me moquer de ceux qui y croient, et si j'ai changé à cet égard, c'est que j'ai eu d'excellentes raisons pour cela : j'ai entendu, j'ai vu. »
— Traditions populaires des bretons : la veillée de Noël209.
En 1857, Alfred Fouquet révèle des récits populaires du Morbihan. À Saint-Marcel, des lutins sortis des « grottes druidiques » troublent les voyageurs, les paysans et les bergers dès la nuit tombée par « mille clameurs confuses, mille notes aiguës, murmurées ou chantées », et les égarent jusqu'au lever du jour. Deux vieilles filles que les lutins tourmentent chaque nuit résident dans une petite chaumière, non loin. Un jour, elles passent leur demeure à l'eau bénite. Les lutins grimpent sur le toit en gazon, et en jettent par la cheminée afin d'atteindre le lit et de chanter « Tout n'est pas bénit !... tout n'est pas bénit !... tout n'est pas bénit ! »210. Le château de Callac abritait jadis, dit-il, un lutin qui « lutinait » une vieille femme. Quand elle s'endormait en filant sa quenouille, il « roulait de grosses boules dans la pièce supérieure, brouillait son fil, poussait au feu son fuseau, flambait sa filasse à la chandelle de résine, mettait force sel dans sa soupe de lait, dérangeait sa coiffe à pignon, nouait ses cheveux, ou lui traçait au charbon de belles moustaches noires ». Un soir où il lui rit au nez en lui passant au cou un grand trépied de fer, la vieille jura de s'en débarrasser et plaça derrière la porte de sa cuisine une grande jatte remplie de mil. Le lutin la renversa et fut forcé de le ramasser jusqu'au chant du coq. Furieux, il ne reparut plus jamais211.
En Picardie, Henry Carnoy collecte la littérature orale à partir de 1879, dont une partie a pour thématique Les lutins. Paul Sébillot, auteur du Folklore de France écrit à l'arrivée du XXe siècle une œuvre immense dans laquelle les lutins sont présents partout : « dans les bois, les eaux, les grottes et les maisons »208. Lors de ses collectages en Bretagne, Anatole Le Braz rassemble lui aussi des témoignages, à une époque où chaque maison « a son lutin »154.
XXe et XXIe siècles
« J'aime mieux croire aux lutins qu'à vos cryptogames. Les lutins, au moins, on les a vus. »
— Charles Le Goffic, L'âme bretonne212
Les croyances perdurent dans les campagnes au début du XXe siècle, approximativement jusqu'à la Première Guerre mondiale en France213, et jusqu'aux années 1920 pour le Québec200. Léon Le Berre décrit dans son ouvrage Bretagne d'hier les veillées de sa jeunesse, lorsque les paysans se livrent mutuellement des preuves de l'existence des lutins214. Dans les années 1970, Albert Doppagne recueille le témoignage d'une femme wallonne de 60 ans qui affirme avoir vu les nutons courir sur l'appui de fenêtre de sa maison215. En Savoie à la même époque, la croyance envers le servan est presque aussi répandue que celle relative aux fées216.
Le XXe siècle correspond néanmoins à une très forte réduction de ces croyances populaires. Les traditions telles que le bol de lait offert à l'intention des petits êtres du foyer disparaissent217. D'après Hervé Thiry-Duval, l’industrialisation va de pair avec la disparition des veillées paysannes où les conteurs transmettaient ces histoires, ce qui empêche la diffusion des légendes du petit peuple. Il s'ensuit « une assez longue période où les gens montrent même comme une espèce de honte vis-à-vis de ce passé rustique »218. Durant toutes ces années, l'image de ces petites créatures perdure toutefois à travers les nains de jardin31.
Les adolescents et les jeunes s'intéressent beaucoup plus aux extraterrestres et aux phénomènes liés aux OVNIS qu'aux lutins de leurs parents et grands-parents219. En 1980, le folkloriste Gary Reginald Butler collecte des informations sur les lutins à Terre-Neuve, et n'obtient pour réponse des habitants qu'un vague souvenir d'avoir entendu ce mot durant leur jeunesse : il en conclut que la croyance est arrivée « à son stade final de disparition »198, et que les lutins québécois ne sont plus connus que « des gens les plus âgés »220. Il relève une confusion quant à la nature de ces êtres, et en conclut que la culture télévisuelle des années 1980 affecte les dernières croyances populaires en donnant aux lutins une origine extraterrestre221.
Dans les années 1950, le folkloriste Claude Seignolle collecte des traditions populaires comportant des histoires de lutins222, mais c'est surtout le travail de Pierre Dubois qui remet le petit peuple à l'honneur en France. Constatant la disparition des récits et des croyances, il entreprend un vaste travail de collectage et de diffusion à la fin du XXe siècle, affirmant lui-même « croire aux fées, aux lutins et aux fantômes »223. Désormais, en France, les personnes qui croient réellement en l'existence des lutins sont extrêmement rares. Blaise Amir-Tahmasseb prend cette croyance en exemple pour expliquer l'importance du doute et de l'esprit critique : la plupart des Français n'ont pas plus de preuve de l'existence des atomes ou de la rondeur de la Terre qu'ils n'en ont des lutins, mais ils tendent à accepter l'existence des deux premiers et à réfuter celle des lutins, en s'en remettant à différentes autorités et à l'opinion générale, qui est que les lutins n'existent pas224.
Extrait de l'épisode Ironie du sort de Desperate Housewives |
Lynette : Je connais quelqu'un, qui connaît quelqu'un, qui connaît un lutin. Si l'un de vous fait une seule bêtise, je vous préviens que j'appelle le Père Noël illico pour lui dire que vous voulez des claques pour Noël. Vous allez prendre ce risque225 ?
|
Désormais, les lutins sont vus comme les employés du Père NoëlNote 18, pour lequel ils fabriquent des jouets226, se rapprochant ainsi de la version moderne du nisse scandinave. « Esprits follets et espiègles indissociables de la nature », ils représentent « l'esprit de Noël »227, époque où les contes et les histoires du petit peuple « foisonnent »228.
Psychanalyse et symbolique des lutins
Scène de
Peer Gynt par
Theodor Kittelsen (1913). La pièce de théâtre d'
Ibsen met en scène de nombreux lutins qui conduisent le personnage principal à découvrir sa vérité intérieure.
Pour le psychanalyste Carl Gustav Jung, Les gnomes et lutins sont des dieux nains « chthoniens », des homoncules comme les Cabires, et un symbole des « forces créatrices infantiles »229 qui « aspirent éternellement à passer des profondeurs vers les hauteurs »230. Ils possèdent de nombreux traits psychologiques propres aux enfants, se montrant alternativement joueurs, sages ou cruels231. Selon la psychologie analytique, ils sont l'une des manifestations symboliques de l'archétype de l'enfant intérieur (ou puer aeternus : « enfant éternel » en latin), la part enfantine qui existe en chaque adulte, quel que soit son sexe. Lorsqu'il représente également le développement harmonieux et spontané de la psyché, l'enfant intérieur est le germe de la totalité psychique232.
Les personnages de lutins peuvent personnifier la part d'ombre qui continue de vivre sous la personnalité consciente et dominante. L'une de ces manifestations est le Fripon divin (ou trickster dans la culture des Indiens des Amériques, Kokopelli chez les Amérindiens). C'est dans Le Fripon divin : un mythe indien, écrit en collaboration avec l'anthropologue américain Paul Radin et le mythologue hongrois Károly Kerényi, que le psychiatre suisse Carl Gustav Jung étudie la symbolique du trickster, le mettant en relation avec des mythes du monde entier. Dans Introduction à l'essence de la mythologie (1968), les trois hommes étudient les variations de l'archétype du Fripon divin dans la mythologie, les arts et la littérature. Paul Radin le définit comme l'un des mythes centraux de l'humanité : « Il n'est guère de mythe aussi répandu dans le monde entier que celui que l'on connaît sous le nom de « mythe du Fripon » dont nous nous occuperons ici. Il y a peu de mythes dont nous puissions affirmer avec autant d'assurance qu'ils appartiennent aux plus anciens modes d'expression de l'humanité ; peu d'autres mythes ont conservé leur contenu originel de façon aussi inchangée. (...) Il est manifeste que nous nous trouvons ici en présence d'une figure et d'un thème, ou de divers thèmes, doués d'un charme particulier et durable et qui exercent une force d'attraction peu ordinaire sur l'humanité depuis les débuts de la civilisation »231.
Histoire littéraire et représentations dans les arts
Malgré la fixation du mot luiton aux XIIe et XIIIe siècles, ces personnages sont beaucoup plus rares dans les récits que ne peuvent l'être les fées ou les magiciens. Il faut attendre le renouvellement de la chanson de gestes, inspirée par le cycle arthurien, pour qu'ils prennent une place plus importante233, et exercent une véritable fascination234.
Un certain nombre de personnages médiévaux présentés comme des nains ont les caractéristiques du lutin : c'est le cas de Tronc dans Ysaÿe le Triste, qui joue des farces en bondissant en selle derrière les cavaliers ennemis116. Les caractéristiques du lutin originel tendent toutefois à s'effacer235 sous la plume des auteurs médiévaux, puisqu'ils se mettent au service des nobles et des chevaliers pour devenir les nains du roman arthurien236, et changent de régime alimentaire99.
Malabron
Malabron, issu de la chanson de Gaufrey et de Huon de Bordeaux, est « semblable à un nuiton » qui nage plus vite que le saumon237. Il est capable de prendre l'apparence d'un poisson à volonté, grâce à une peau dont il se revêt, et de se rendre invisible avec une cape. Il se change aussi en bœuf ou en cheval. Effrayant, il est couvert de fourrure, bossu, doté d'yeux rouges et de dents pointues63. Contrairement au « roi de féerie » Aubéron, il ne semble pas issu de la tradition celtique238.
Zéphyr
Zéphyr (ou Zéphir), personnage du roman de Perceforest au XIVe siècle, est la première « image accomplie du lutin » selon Claude Lecouteux63, Christine Ferlampin-Acher précisant qu'il est issu de « données folkloriques et littéraires » : présenté comme un ange déchu, à la fois « bon et cruel, pitoyable et effrayant, facétieux », au début du roman, il joue des tours en prenant la forme de chevaux, d'oiseaux et de cerfs, en se cachant dans des cadavres et en lançant des enchantements pour tromper les gens. Il ne sort que la nuit et habite la boue, la vase et les eaux sales. Christianisé, il se repentit en punissant les hommes malfaisants, et en devenant le protecteur de Troïlus239,116.
Du XVIe au XXe siècle
Le personnage de Puck, présenté comme un sylphe ou un elfe (elf) dans la version originale du Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare, est souvent désigné comme un lutin dans les traductions françaises. Farceur et doté du pouvoir de commander aux éléments240, il est très largement issu du folklore populaire des îles britanniques.
La littérature française fait régulièrement référence au lutin, entre autres dans Pantagruel de Rabelais en 1532241, chez Étienne Pasquier en 1586242 et chez Montesquieu en 173438.
En Italie, le personnage d'Arlequin, présent dans la commedia dell'arte à partir du XVIe siècle, est probablement issu d'Hellequin, qui lui-même partage des points communs avec le lutin, comme sa capacité à se rendre invisible et son habitude de jouer des tours aux cavaliers. Arlequin transforme d'ailleurs tous les meubles en lutins dans Les Bains de la Porte Saint-Bernard243, une pièce de théâtre du XVIIe siècle. Claude Lecouteux suppose que cette pièce « fait la somme de tous les êtres de la mythologie populaire encore suffisamment connus pour être parlants »244 :
Perturbateurs de l'univers
Qui faites votre délice
De mettre tout à l'envers ;
Esprits enclins à la malice,
— Les Bains de la Porte Saint-Bernard, Scène VI245
Madame d'Aulnoy écrit Le Prince Lutin, où le jeune Léandre est changé en lutin par la fée Gentille, et se voit remettre un chapeau qui le rend invisible. Le personnage du lutin est ici beaucoup plus pudique que ceux du folklore246.
Sans faire explicitement référence aux lutins français, Walter Scott, figure majeure du romantisme anglais, remet au goût du jour le folklore de l'Écosse à travers des œuvres comme les Chants populaires de la frontière écossaise, son ouvrage de recherche sur la démonologie, et ses romans évoquant plus d'une fois le petit peuple et les Brownies247. En France, le rationalisme et l'héritage du siècle des Lumières font que les contes et traditions sont peu mis en avant au début du XIXe siècle, le romantique Charles Nodier étant l'un des premiers à publier ce type d'histoire248, avec Trilby ou le lutin d’Argail en 249, qui est plus tard adapté en vaudeville par Eugène Scribe et Pierre-Frédéric-Adolphe Carmouche.
Le conte de Grimm en allemand Die Wichtelmänner, paru en 1812, est traduit en français par Les LutinsNote 19. En 1863, Édouard Cazeneuve publie un concert nommé Les esprits follets et en 1880, l'opéra de Paris joue La Korrigane de Charles-Marie Widor et François Coppée31. Une très ancienne danse scandinave nommée chorea elvarum (littéralement « danse des elfes » en latin)251 est adaptée au piano par Henri Celot en 1875, sous le nom de « danse des lutins »252.
Depuis le XXe siècle
En 1906 et 1907, le tomte (traduit par « elfe » ou par « lutin » en français) qui réduit Nils Holgersson à sa taille dans Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, « l'un des plus grands livres pour enfants de la littérature mondiale », popularise largement le petit peuple en étant traduit « dans toutes les langues du monde ou à peu près »253. Les Schtroumpfs, créés par le dessinateur belge Peyo en 1958, sont souvent nommés les « petits lutins bleus »254. Ainsi leur bonnet, au départ pointu255, fait référence à un attribut couramment associé aux lutins. En 1985, Ridley Scott réalise le film de féerie Legend, dont le lutin Gump est l'un des personnages en version française256.
En Belgique dès les années 1970, Albert Doppagne s'intéresse plusieurs fois aux nutons257 et en France, Claude Lecouteux, professeur de la Sorbonne bien connu pour sa spécialisation dans les fantômes, démons et génies du Moyen Âge, publie régulièrement au sujet des lutins depuis 1988258. En 1998, un organisme nommé les Lutins du court métrage est créé en France pour promouvoir les films courts.
La série télévisée néerlandaise pour enfants Kabouter Plop, dont le personnage central éponyme, un kabouter connu depuis 1997, a donné naissance à quatre parcs à thème, a fait son apparition le en Belgique francophone, sous le titre Lutin Plop259.
Dans les pays anglo-saxons, l'« effet Tolkien » des années 1970 correspond à la naissance du jeu de rôle et à « un retour en force des fées et des lutins, fers de lance inattendus de la contre-culture260 ». Il faut attendre la fin des années 1990 pour observer le même phénomène dans les pays francophones, grâce entre autres au succès des ouvrages de Pierre Dubois. Plusieurs films mettent en scène les lutins du père Noël, parmi lesquels Elfe (Elf en anglaisNote 20, Le Lutin au Québec) en 2003, et le court-métrage d'animation des studios Disney Lutins d'élite, mission Noël fin 2009.
Le plasticien Armand Langlois a créé une grande scène animéeNote 21 où cohabitent des trolls, des korrigans, des elfes entourés de menhirs d'arbres et de ruines. Leur histoire est gravée sur de grandes pierres et ces textes développent l'idée que le petit peuple contribue à la bonne marche de la nature.
Pierre Dubois
Pierre Dubois est à l'origine « du retour du petit peuple et du réveil des fées en France »261 grâce à ses nombreuses interventions (conférences, radio, télévision...) sur le sujet, et à ses écrits. Son Grand Fabulaire du petit peuple, des fiches illustrées avec René Hausman au dessin, paraît dans Spirou en 1984, mais c'est surtout La Grande Encyclopédie des lutins, parue en 1992 chez Hoëbeke, qui connaît un succès certain, vendue à 80 000 ou 90 000 exemplaires en France262, elle obtient le prix du livre des Arts de la société des gens de lettres le 263 et attire l'attention de Bernard Pivot264. Cette encyclopédie, première du genre en français, est traduite dans de nombreuses langues, dont le japonais262, et rééditéeNote 22. Pierre Dubois est publié dans plusieurs pays265 et met souvent les lutins au centre de son œuvre, avec Laïyna en 1987 et 1988, L'Agenda des lutins en 1993, Les Lutins entre 1993 et 1997, Les Contes du petit peuple en 1997, Le Grimoire du petit peuple en 2004 et 2005, et La légende du Changeling de 2008 à 2012. Le héros du Changeling, Scrubby, est un lutin échangé à la naissance contre un bébé humain266.
Édition et illustration depuis les années 2000
Erlé Ferronnière a eu l'occasion de dessiner des lutins pour l'ouvrage
Halloween: sorcières, lutins, fantômes et autres croquemitaines267
Bon nombre d'ouvrages ayant pour thème le petit peuple sont parus depuis les années 2000 : Hervé Thiry-Duval publie un « guide d'élevage des lutins » en 2005268, Marie-Charlotte Delmas Fées et lutins : les esprits de la nature en 2006269, Édouard Brasey Le petit livre des lutins270 et La petite encyclopédie du merveilleux en 2008, entre autres. Des anthologies thématiques de contes et de légendes sont rassemblées, Lutins et lutines par Françoise Morvan en 2002271, et Nos bons voisins les lutins par Claude Lecouteux en 2010272.
Parallèlement, de nouvelles études et des travaux universitaires apparaissent sur le sujet. Claude Lecouteux continue à travailler sur ses thématiques, et Françoise Morvan consacre une thèse entière aux lutins bretons en 2005273. Christine Ferlampin-Acher274 s'y intéresse également.
Des dessinateurs illustrent le petit peuple, à la suite des Anglais Brian Froud et Alan Lee. Au Bord des Continents publie en 1996 le Carnet de Route d'un Chasseur de Lutins de Laurent Lefeuvre, influencé par une rencontre avec Pierre Dubois vers 1993275. Il travaille ensuite sur une série d'ouvrages à propos de lutins aux éditions P'tit Louis276. Au Bord des Continents a publié en 2009 Le Guide du Lutin Voyageur277, et révélé Jean-Baptiste Monge, avant qu'il ne s'établisse à son compte puis crée en 2010 une marque avec le lutin M. Dumblebee278. Pascal Moguérou se spécialise dans les korrigans279, thème qu'illustre par ailleurs un collectif dans Les Contes du Korrigan. Erlé Ferronnière, Brucero, Godo ou encore Jim Colorex, passionnés par la féerie, représentent des lutins à l'occasion.
Notes
- Littré : « On a dit luiton, qui est la forme archaïque, jusque dans le XVIIe siècle, par exemple « Notre ami monsieur le luiton...» chez La Fontaine »
- Voir Martineau 2003, p. 83-138, pour qui la découverte d'un ex-voto dédié au dieu Neutto serait en faveur de la thèse Nudd.
- particulièrement en wallon, où nuit se dit neutt ou nutte.
- Théorie de Charles Grandgagnage, voir Dictionnaire étymologique de la langue wallonne: avec un glossaire d'anciens mots wallons et une introduction, volume 2, Partie 1, coll. « Bibliothèque des dictionnaires patois de la France », Slatkine Reprints, 1969.
- Les deux mots sont liés, mais « hutin » est vraisemblablement issu du lutin, non l'inverse. Voir entre autres Ménard 2000, p. 380.
- Petrus Barbygère est un personnage fictif, auteur des non moins fictives Chroniques Alfiques, que Pierre Dubois a mis en scène dans une bande dessinée avec Joann Sfar.
- Ce mot de bas-latin se retrouve en Belgique à l'origine d'un trô dès dûhons, et en Basse-Bretagne avec le Teuz-ar-pouliet, soit « duse de la mare ».
- Selon Étienne de Bourbon, les personnages de la Maisnie Hellequin se demandaient à tour de rôle « sedet mihi bene capucium », soit « le capuchon me va-t-il bien ? »
- Collin de Plancy, Dictionnaire infernal : « Démons familiers assez débonnaires qui apparaissent sous la forme de petits hommes sans barbe », cité par Dubois 1992, p. 165.
- Cette particularité du petit peuple a notamment inspiré J.K. Rowling pour créer les elfes de maison.
- Il y a des variantes à cette formule, comme « Pâte à pâte, t'as flouri, djâbe à djâbe tu d'flourihrès » (« Pâte à pâtes, tu as fleuri, gerbe à gerbe tu défleuriras ! »). Voir Lecouteux 2010, p. 273
- Bien que la chanson dise « nain », Anne Martineau suppose qu'il s'agit de lutins.
- « Frocin » est un nom issu de la grenouille.
- Les pixies, notamment, peuvent avoir une forme masculine. Voir entre autres Brasey 2008, p. 38-42
- Même étymologie que « lutin » et « nuton ».
- D'après Lecouteux, Portunus est l'un des surnoms de Neptune.
- On note ici que le sympathique lutin Zéphyr du roman de Perceforest, au XIVe siècle, porte un nom lié à l'air
- On notera que dans les pays non-francophones, une autre créature du petit peuple est invoquée dans ce rôle : dans les pays scandinaves, c'est le nisse ou le tomte, et dans les pays anglophones, l'elfe, par exemple
- En anglais, ce sont des elfes : The Elves and the Shoemaker, et en néerlandais des kabouters : De kabouters.
- En anglais, les « lutins du père Noël » sont nommés des elfes (elfs).
- Cette scène de 100 m2 a été exposée à la mairie de La Celle Saint Cloud en 2009, à Saran en 2010 et les textes ont servi de support au Centre de Lecture de la Mairie de Paris dans le cadre de cours sur la biodiversité, à la médiathèque de Tulle en 2010, puis en 2011 à la médiathèque de Denain.
Références
- Claude Lecouteux, « les génies des eaux, un aperçu », dans Dans l'eau, sous l'eau : le monde aquatique au Moyen Âge, vol. 25 de Cultures et civilisations médiévales, Presses Paris Sorbonne, (ISBN 9782840502166), p. 265
- Extrait du Littré cité dans la thèse de Francisco Vicente Calle Calle, Les représentations du diable et des êtres diaboliques dans la littérature et l'art en France au XIIe siècle, Volume 2, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 1997 (ISBN 2284006779 et 9782284006770), p. 566
- בכורות (folio 44b), cité dans Wagner 2005, p. 260
- Le Roman de Thèbes, v. 6005-6008 : « Ptolémée avait un cheval noir... un cheval arabe d'outre mer, engendré par une jument et un Netun » (engendrez d'ive et de Neitun) », cité par Wagner 2005, p. 261
- Chrétien de Troyes, Yvain ou le Chevalier au Lion, v. 5267. Voir l'étude de Claude Gonthier, Yvain, ou, Le chevalier au lion, coll. « Parcours d'une œuvre », Beauchemin Éditions, 2007 (ISBN 2761651316 et 9782761651318), p. 233
- « Parce que ces créatures sont réputées se manifester après le crépuscule ». Voir Lecouteux 1988, p. 93
- Wace, Roman de Rou, III, v. 4575. Voir A. J. Holden, Le Roman de Rou de Wace, Volume 2, société des anciens textes français, A. & J. Picard, 1973, p. 57
- Ferlampin-Acher 2002, p. 239
- Oscar Bloch et Walther von Wartburg, Dictionnaire étymologique de la langue française, Presses universitaires de France, , 6e éd. (1re éd. 1932), 682 p.
- Bloch 1981, p. 341-352
- Émile Littré, « Lutin » [archive], sur Dictionnaire de Français Littré, définitions, citations, synonymes, usage… d'après l'ouvrage d’Émile Littré (1863-1877) (consulté le )
- Sterckx 1994, p. 51, citant entre autres O. Colson dans Wallonia X, 1902, p. 35-36
- Évolution du terme d'après Émile Dantinne : Neptunus, neptuni, netum, nuiton (qui donne nuton), luiton (qui donne luton), luitin et enfin lutin. Voir Dantinne 1958-1960, p. 173-199
- Walther von Wartburg cité par Martineau 2003, p. 83
- Voir commentaires de Wagner 2005, p. 261
- Lecouteux 1988, p. 94
- Sterckx 1994, p. 51
- Ménard 2000, p. 380
- Ferlampin-Acher 2002, p. 456
- Sterckx 1994, p. 64
- Jean Markale, L'épopée celtique en Bretagne, Payot, 1971 (ISBN 2228317411 et 9782228317412), p. 180, cité par Dubois 1992, p. 63
- Lecouteux 1988, p. 176
- « Les lutins s'appelaient ainsi parce qu'ils prenaient quelquefois plaisir à lutter avec les hommes » : Jacques Albin Simon Collin de Plancy, Dictionnaire infernal, édition, P. Mongie, 1826, p. 489 [lire en ligne [archive]]
- L'existence de ce roi du petit peuple n'est évoquée dans aucun autre ouvrage. Voir Dubois 1992, p. 63.
- Lecouteux 2010, p. 21-24.
- (en) « Lutin » [archive], Webster's Online Dictionary (consulté le )
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- Lecouteux 2010, p. 9
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- Lecouteux 2010, p. 13-14
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- Joël Schmidt, Dieux, déesses et héros de la Rome antique, coll. « Splendeurs », Paris, éditions Molière, 2003 (ISBN 2847900055 et 9782847900057), p. 16-20
- Martineau 2003, p. 83
- Sterckx 1994, p. 52
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- Lecouteux 1988, p. 182
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- Collin de Plancy, Dictionnaire infernal, également cité par Brasey 2008, p. 13
- Der schretel und der Wazzerbär, cité par Dubois 1992, p. 63
- Voir notamment le récit de Hodekin dans Dubois 1992, p. 65
- Saint-Suliac et ses légendes, Dinan, Huart, 1861. Cité par Le Stum 2001, p. 97
- Dubois 1992, p. 65
- Doulet 2002, p. 299
- Gervais de Tilbury, Otia Imperalia III, 61, traduction de Claude Lecouteux : Lecouteux 2010, p. 36
- Martineau 2003, p. 88
- Les lutins d'Ibourg, traduit dans Lecouteux 2010, p. 284
- Les derniers Brownies, traduit dans Lecouteux 2010, p. 286-287
- Martineau 2003, p. 89
- Martineau 2003, p. 127
- Martineau 2003, p. 98
- Jacques Borgé et Nicolas Viasnoff, Archives du Nord, coll. « Archives de la France », Balland, 1979, p. 55, cité à titre d'exemple par Hervé Thiry-Duval
- Jérôme Pimpurniaux, Guide du voyageur en Ardenne, t. 2, 1858, p. 258
- Doppagne 1977, p. 19
- Dubois 1992, p. 6, le cite très souvent lors de ses contes oraux
- Ce récit est très fréquemment cité, entre autres par André Dhôtel dans Lointaines Ardennes, Arthaud, 1979 (ISBN 2700302699 et 9782700302691), p. 126 ; Anne Martineau : Martineau 2003, p. 103, et Claude Lecouteux : Lecouteux 2010, p. 273
- Cité par Lecouteux 2010, p. 296-298
- Volk en Taal III, 1890, p. 89, cité par Lecouteux 2010, p. 214-215
- Henry Carnoy, Littérature orale de la Picardie, Paris, 1883, cité par Lecouteux 2010, p. 184-194
- Martineau 2003, p. 103
- Martineau 2003, p. 104-105
- Martineau 2003, p. 105
- Martineau 2003, p. 106-107
- Martineau 2003, p. 96
- Martineau 2003, p. 104
- Ferlampin-Acher 2002, p. 386
- Martineau 2003, p. 113-114
- Doulet 2002, p. 356
- Doulet 2002, p. 135-136
- Éditions de la Baconnière, 1965. Cité par Martineau 2003, p. 91
- Dubois 1992, p. 63
- Martineau 2003, p. 90
- La cheminée est un lieu chthonien, que fréquentent aussi les âmes en peine. VoirLecouteux 1995, p. 73
- Paul Sébillot, Le Folklore de France: La Faune et la flore, volume 3 de Le Folk-lore de France, Maisonneuve et Larose, 1968, p. 115
- Martineau 2003, p. 131
- Voir Gervais de Tilbury plus bas. Cette particularité est également citée pour le nuton par Jérôme Pimpurniaux. Voir Martineau 2003, p. 90
- Martineau 2003, p. 99
- Martineau 2003, p. 107
- Abry et Joisten 1976, p. 125-132
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- Pierre Le Loyer, Discours des spectres, ou visions et apparitions d'esprits, comme anges, démons et âmes, et monstrans visibles aux hommes, etc., Paris, Buon, 1608. Cité par Lecouteux 2010, p. 308-309
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- Bien dire et bien aprandre : bulletin du Centre d'études médiévales et dialectales de l'Université Lille III, numéro 24, 2006, p. 107
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- Carl Gustav Jung, Carl Gustav Jung, Psychologie et alchimie [détail des éditions], p. 205.
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- Postulat de la thèse d'Anne Martineau : Martineau 2003, p. 89, voir aussi introduction et conclusion
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- Sterckx 1994, p. 58
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- Michel Le Bris dans Le Bris et Glot 2002, p. 72-73
- Michel Le Bris dans Le Bris et Glot 2002, p. 80
- Charles Nodier, Trilby ou le lutin d’Argail : Conte écossais, Terre de brume, (1re éd. 1882), 63 p., préface
- Eugène Scribe et Pierre-Frédéric-Adolphe Carmouche, Trilby ou le lutin d'Argail: Vaudeville en un acte, Duvernois, 1823, p. 30
- Comte de Résie, Histoire et traité des sciences occultes: ou, Examen des croyances populaires sur les êtres surnaturels, la magie, la sorcellerie, la divination, etc. depuis le commencement du monde jusqu'à nos jours, volume 1, Vivès, 1857, p. 215-216
- Lecouteux 2010, p. 313
- Michel Le Bris dans Le Bris et Glot 2002, p. 154
- Jacques Sadoul, 93 ans de BD, J'ai lu, 1989, p. 91
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- voir entre autres Lecouteux 1988 et Lecouteux 1995
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- Richard Ely, « La Grande Interview de l’Elficologue Pierre Dubois – extrait n°7 » [archive], Peuple féerique, (consulté le )
- Voir interview de son éditeur Lionel Hoëbeke : « L'école de la féerie » [archive], Lechoixdeslibraires.com., (consulté le )
- Série en cinq tomes, voir la chronique de Christophe Van De Ponseele, « Interview Dubois - Fourquemin : Sur les traces du Changeling » [archive], Khimaira, (consulté le )
- Patrick Jézéquel, Bénédicte Morant, Jean-Baptiste Monge et Erlé Ferronnière, Halloween: sorcières, lutins, fantômes et autres croquemitaines, Avis de tempête, 1997 (ISBN 2911684052 et 9782911684050), 140 p.
- Thiry-Duval 2005
- Delmas 2006
- Brasey 2008
- Morvan 2002
- Lecouteux 2010
- Morvan 2005
- Ferlampin-Acher 2002
- Laurent Lefeuvre et Stéphanie Richard, Carnet de Route d'un Chasseur de Lutins, Au bord des continents, 1996, voir préface de Pierre Dubois.
- Le Guide des lutins comestibles de Brocéliande en 2005, Comment cuisiner lutins et fées en 2006, 30 Recettes de Lutins Délicieux en 2007 et 30 Recettes de Lutins Vénéneux en 2007
- Raphaël Grosjean, Le Guide du Lutin Voyageur, Au Bord des Continents, juin 2009, 72 p.
- Richard Ely, « M. Dumblebee, le nouveau défi de Jean-Baptiste Monge ? » [archive], Peuple féerique, (consulté le )
Annexes
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Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
Fictions et recueils
Études
Articles
- Émile Dantinne, « Les mystérieux habitants de nos cavernes : les Nutons de Wallonie et leur origine », Les Chercheurs de la Wallonie, t. XVII, 1958-1960, p. 173-199
- C. Abry et C. Joisten, « De lutins en cauchemars. À propos d'un nom chablaisien du lutin domestique : le chaufaton », dans Le Monde alpin et rhodanien, , p. 125-132
- Raymond Bloch, « Quelques remarques sur Poséidon, Neptune et Nethuns », Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 125, no 2, , p. 341-352 (lire en ligne [archive])
- Philippe Ménard, « Les lutins dans la littérature médiévale », dans Jean Dufournet (dir.), Si on a parlé par moult vertu. Mélanges de littérature médiévale offerts à Jean Subrenat, Paris, Honoré Champion, coll. « Colloques, congrès et conférences – Le Moyen Âge », , 584 p. (ISBN 9782745304032), p. 379-392.
- Jean-Luc Duvivier de Fortemps, « Le nuton, nain de l'Ardenne fantastique » [archive], sur Les Chemins de la Pierre, La Maison du Tourisme du Pays de la Haute-Lesse, (consulté le ), p. 3
- Gwendal Fossois (photogr. Exposition Artcurial), « Peyo, ce n'était pas que les Schtroumpfs », L'Express, Paris, (lire en ligne [archive] [Article en ligne])
Fée
Peinture d'inspiration
préraphaélite représentant une fée.
Take the Fair Face of Woman, and Gently Suspending, With Butterflies, Flowers, and Jewels Attending, huile sur toile,
Sophie Anderson (1823 - 1903), collection privée, Londres.
Créature
Groupe |
Créature du folklore |
Habitat |
Nature |
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Une fée est un être légendaire, généralement décrit comme anthropomorphe et féminin, d'une grande beauté, capable de conférer des dons aux nouveau-nés, de voler dans les airs, de lancer des sorts et d'influencer le futur. L'idée que l'homme se fait des fées varie selon les cultures et les pays : revenantes, anges déchus, élémentaires ou même humaines, minuscules ou immenses, toutes sont étroitement liées aux forces de la nature et au concept de monde parallèle. La Befana, la Dame blanche, les sirènes, les nymphes, Morgane, Viviane et une grande variété d'êtres et de créatures généralement féminines peuvent être considérés comme des « fées ». Les Anglo-Saxons utilisent le nom « fairies » pour désigner les fées, mais également toutes les petites créatures anthropomorphes du folklore païen telles que les lutins, les nains et les elfes.
Issues des croyances populaires et de mythologies anciennes, de la littérature inspirée du folklore et des contes celtiques ainsi que d'anciennes divinités, les fées sont une création de l'Occident médiéval. Elles jouent des rôles très variés. Si certaines aident, soignent, guident des personnes ou leur fournissent des armes enchantées, d'autres fées sont plus connues pour leurs « tours », leur habitude de danser en cercle et d'enlever des personnes, en particulier les nouveau-nés humains qu'elles remplacent par un changelin. Douées de facultés magiques, elles se déguisent et modifient l'apparence de ce qui les entoure.
Dès le XIIe siècle, deux grandes figures féeriques se distinguent dans la littérature d'Europe de l'Ouest : la fée marraine et la fée amante. Bien connues de la littérature médiévale, les fées disparaissent des récits à l'arrivée de la Renaissance, pour réapparaître sous de nouvelles formes dans Le Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare, et les contes merveilleux qui modifient leur taille, leur apparence et leur symbolique. Les petites fées anglo-saxonnes sont popularisées durant l'époque victorienne, notamment par la peinture féerique. Les fées font toujours partie intégrante des croyances populaires dans les régions de culture celte, en Islande et dans toute la Scandinavie, où des précautions à tenir envers elles sont popularisées par le folklore. Elles restent connues des folklores allemand, français et wallon, bien que les croyances aient largement reculé au XXe siècle. De tous temps, des personnes ont affirmé voir les fées, communiquer avec elles et invoquer leur aide ; en Angleterre, l'affaire des fées de Cottingley entraîne un long débat sur la réalité de leur existence.
Les fées sont désormais des personnages incontournables de la littérature fantastique et fantasy et du cinéma, entre autres grâce à Walt Disney qui les a largement popularisées aux États-Unis, et à des films comme Dark Crystal. Elles intéressent des chercheurs comme Katharine Mary Briggs, des illustrateurs tels que Cicely Mary Barker, Brian Froud et Alan Lee, ainsi que des conteurs comme l'elficologue Pierre Dubois à qui l'on doit, en France, la redécouverte du folklore qui leur est lié.
Étymologie, terminologie et expressions populaires
Le mot « fée » (prononcé [fe] écouter la prononciation française) provient du latin Fata, nom du genre féminin qu'il ne faut pas confondre avec le pluriel neutre de fatum, désignant une déesse de la destinée1 (une Parque)2 et de genre féminin. D'après Alfred Maury, le vocable fata, utilisé par les Gallo-romains pour désigner les anciennes divinités, est resté dans la mémoire populaire. Fata a donné « fée » en langue d'oïl, fadas en occitan et hadas en gascon3. Cette racine latine est directement issue des trois Parques de la mythologie romaine, également connues sous le nom de fatae4, dont l'équivalent dans la mythologie grecque est le groupe des trois Moires, divinités gardiennes du Destin (moïra en grec ancien, signifiant « lot », « part qui revient à chacun »). Ce dernier terme est dérivé d'un verbe signifiant à la fois « recevoir sa part » et « être séparé de »5. L'étymologie latine et grecque laisse à penser que la fée est liée au destin, ou bien possède une capacité à l'influencer, ainsi qu'un don de prédiction.
En français moderne, « fée » possède un genre grammatical féminin qui accentue la caractéristique sexuée féminine. Dans d'autres cultures occidentales, « fée » est traduit par un mot sans lien avec la racine latine fata. En effet, les cultures irlandaises et scandinaves utilisent respectivement les racines alfr (gaélique) et älf (norrois)Note 1 ; cette dernière racine étant celle du mot « elfe ». On constate alors que la définition de la nature et du rôle des fées est beaucoup moins restrictive, autant dans l'étymologie que dans le folklore féerique, et peut englober toutes les créatures du petit peuple.
D'après Alfred Maury, le terme « fée » était autrefois utilisé comme adjectif. Issu du latin fatum et du bas latin fatatus, il est devenu « faé »Note 2 sous la forme médiévale en ancien français, puis « fé »Note 3, signifiant « destiné » et « enchanté »3. On l'utilisait pour qualifier tout lieu, objet ou être surnaturel6, l'adjectif prenant alors le sens « d'enchanté », c'est-à-dire touché par une magie, ou selon le dictionnaire d'Antoine Furetière de 1694, comme une « chose enchantée par quelque puissance supérieure, des armes fées, qui ne peuvent être percées »7. Cet usage s'est perdu et ne subsiste que dans quelques langues régionales, mais l'anglais l'utilise encore avec le vocable faery6, également orthographié fairy écouter la prononciation américaine. On utilisait également le verbe « féer » dans le sens d'« enchanter » ou « être enchanté »Note 4.
De nombreuses épithètes sont utilisées pour désigner les fées, telles que « bonnes », « bonnes-dames » et « bonnes et franches pucelles » en français8, « bon peuple », « peuple des Fées » (wee folk, good folk, people of peace, fair folk…) ou d'autres euphémismes en langue anglaise9, laissant à supposer qu'il est dangereux ou irrespectueux de prononcer leur nom10.
Les fées sont par ailleurs à l'origine de nombreux proverbes et expressions populaires liés à leurs qualités supposées, comme leur habileté manuelle: « avoir des doigts de fée »11, une « fée du logis »12, un « travail/ouvrage de fée »12.
Caractéristiques
La notion de « fées » a donné naissance à des mythes, des histoires et des études sur une très longue période13. Elles sont majoritairement vues comme des êtres anthropomorphes dotés de pouvoirs magiques, qui interviennent dans la vie des humains2. Cependant, l'oubli ou l'assimilation des divers folklores ont créé une confusion entre des créatures aux noms et aux caractéristiques opposées, issues de langues et de traditions distinctes. Les fées sont donc multiformes et de nombreuses classifications ont été établies à leur sujet.
Créatures décrites comme « fées »
Pierre Dubois dans La Grande Encyclopédie des fées |
Ce sont les déités des lieux, des sources, des montagnes, des prés et des bois, les maîtresses de nos songes, les Reines d'Avallon, les Serpes de l'obscur, les Nymphes de l'aurore ; celles qui font et défont les saisons. Mais ces « Puissantes », dont certains hésitent à prononcer le nom, possèdent un cœur de femme que brise le moindre manquement10.
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Le nom « fée » désigne des créatures différentes en fonction des pays et des racines linguistiques.
Conception française et germanique
Selon la conception française et germanique des fées, ce sont des êtres féminins dotés de pouvoirs surnaturels influant sur la destinée humaine. Laurence Harf-Lancner propose la définition de « femme surnaturelle, habitante d'un Autre Monde qui délaisse son lointain royaume pour s'intéresser de près aux affaires des mortels et diriger leur destinée »14. Le Dictionnaire Bouillet les présente au XIXe siècle comme jouissant d'un pouvoir surhumain, mais soumises quelquefois à des lois étranges et humiliantes.
L'elficologue Pierre Dubois, spécialiste français du sujet et auteur de La Grande Encyclopédie des fées parue en 1996, les présente comme des marraines, devineresses et enchanteresses représentant les forces de la nature, bien distinctes des elfes et des lutins, esprits masculins, souvent farceurs pour ces derniersNote 5. Il distingue les fées qui contrôlent le ciel, par exemple en faisant tomber la neige, la pluie et l'orage, ou qui annoncent les saisons telles le printemps et la période de l'Avent, la Befana et la Guillaneu étant des exemples15. Les « fées du foyer » sont celles qui vivent dans les demeures humaines qu'elles protègent, mais peuvent aussi terroriser les habitants ou mettre le désordre, telles les gianes et les martes16. Cette distinction avait été déjà envisagée par Katharine Mary Briggs17. Il distingue ensuite les fées venues d'autres mondes, souvent nocturnes, comme les dames blanches, les banshees et les lavandières de nuit18. Restent les fées des eaux, celles de la végétation, et les fées aériennes liées au rêve comme Margot, Morgane et Viviane19. Bien qu'il voie les fées comme féminines, il mentionne aussi des hommes-fées (ou « féetauds ») dont parlait Paul Sébillot, le plus illustre représentant étant le roi Obéron20.
Dans les croyances germaniques, elles-mêmes influencées par des emprunts à la littérature celtique et romane, Claude Lecouteux distingue trois types d'êtres surnaturels : les géants, les nains et les fées21.
Conception anglo-saxonne
La notion de fée dans le monde anglo-saxon est différente de celle qui prévaut dans la Francophonie. Le terme français « fée », repris en langue allemande, ne désigne pas toujours le même type de créature que les termes anglais « fairies » et « faeries ». Pour la spécialiste anglaise Katharine Mary Briggs, le mot fairies (« fées ») peut décrire toute créature magique (un cheval-fée, une biche-fée, etc.), l'ensemble du petit peuple, ou un type spécifique de créatures plus éthérées22. Certaines créatures anglo-saxonnes décrites comme fées possèdent le pouvoir de se métamorphoser, c'est le cas des selkies (peuple des phoques) et des kelpies (chevaux ondins). Les chiens noirs, eux aussi « fées », semblent plus constants dans leur forme23. Le nom de « fairies » concerne le petit peuple issu de la mythologie celtique dans son ensemble, incluant les lutins, les nains et les elfes du folklore germanique, les trolls, les gnomes, les korrigans, etc.17. Dans la culture anglo-saxonne ainsi que la germanique, c'est la « fée des dents » qui remplace les dents de laits perdues par les enfants par de l’argent. En Italie, ce personnage coexiste avec la petite souris24.
Archétypes féeriques
L'étude du folklore et de la littérature ont permis de distinguer les différents rôles attribués aux fées, notamment via les travaux des universitaires Katharine Briggs (An Encyclopedia of Fairies25) et Laurence Harf-Lancner (Le Monde des fées dans l'Occident médiéval26). Selon elle, deux grands archétypes féeriques peuvent être identifiés dès le Moyen Âge : celui de la fée dite « fata », ou fée marraine, et celui de la fée amante. Ils semblent s'être différenciés au XIIe siècle, par le biais de la littérature inspirée du folklore et des contes celtiques, alors qu'ils étaient auparavant fondus en un seul27. Les deux étaient connues du folklore vers l'an mille, ainsi que le rapporte Burchard de Worms4. Cette distinction ne fait toutefois pas l'unanimité chez les spécialistes, notamment en ce qui concerne les fées de la légende arthurienne, dont les rôles sont multiplesNote 6. Les contes merveilleux ont popularisé la fée marraine et son antithèse, la fée Carabosse.
Durant le Moyen Âge germanique et selon Claude Lecouteux, les fées peuvent se faire tour à tour anges gardiens, médecins, guides et éducatrices, possèdent des objets merveilleux et des dons magiques, ainsi qu'une capacité à surgir à point nommé pour aider les héros (fonction adjuvante)21. Dans certains textes médiévaux tels Artus de Bretagne, les fées sont le « double tutélaire d'un héros assurant le cycle saisonnier »28. Lecouteux a examiné la croyance médiévale du double, dont il semble voir des réminiscences issues d'un chamanisme primitif dans le lai de Lanval29.
Fée fata ou fée marraine
Selon Laurence Harf-Lancner, la fée fata, ou fée marraine, est vraisemblablement issue d'un mélange entre la figure des trois Parques de la mythologie romaine et des triades tutélaires celtiques liées à la fertilité et l'abondance, dont le souvenir est demeuré vivace au Moyen Âge. Cette créature tutélaire se penche sur le berceau d'un nouveau-né pour apporter protection et grâces magiques, c'est une fée « matrone » comme dans le conte La Belle au bois dormant et sa forme plus ancienne, Perceforest. Elle était semble-t-il vénérée vers l'an mille4. Ces fées maternelles élèvent et éduquent de jeunes héros, avant de leur remettre des armes merveilleuses30.
Fée amante
« Belles à nulle autre pareille, et qui plus est enchanteresses, et qui plus est éternelles ! À qui d'autre peut mieux rêver le rêveur de rêves qui n'a que le rêve pour aimer et être aimé au-dessus de ses moyens ? Qui d'autre pour lui entrouvrir l'or des aventures, des serments d'immortalité, accomplir ses espérances d'enfance lorsqu'il se voulait chevalier, chasseur de dragon, amant pour toujours d'une fée belle à nulle autre pareille ? »
— Pierre Dubois, Lanval31
Burchard de Worms met en garde contre la croyance selon laquelle des femmes de la forêt sorties de nulle part viennent donner du plaisir aux hommes, puis disparaissent : ce témoignage aux alentours de l'an mille est l'un des plus anciens concernant la fée amante27. Elle est décrite comme une magnifique jeune femme surnaturelle qui éveille chez les chevaliers et les héros un désir d'amour immédiat. Des histoires où les hommes héroïques se font aimer de telles créatures féminines se retrouvent partout dans le monde, aussi bien en Grèce antique que chez les Inuits ou les Amérindiens2. La fée amante est toutefois une création littéraire occidentale du XIIe siècle4. Ses amours sont toujours assujetties à une condition (dans le lai de Lanval, il s'agit de ne pas en parler et dans la légende de Mélusine, de ne pas chercher à la voir le samedi). Si l'interdit n'est pas respecté, la fée peut se venger cruellement, allant jusqu'à donner la mort à ses amants2. La Belle Dame sans merci, héroïne d'un poème de John Keats, la reine des fées dans Thomas le Rhymer et celle de Tam Lin sont des exemples de fées amantes piégeant les hommes par leur amour.
Vieille fée et mauvaise fée
La
Befana, vieille fée de Noël qui apporte des cadeaux aux enfants italiens.
Les contes ont popularisé la figure de la fée Carabosse, ou vieille fée, antithèse de la fée marraine, qui maudit les nouveau-nés. Cependant, les vieilles fées se rencontrent également dans le folklore français, où si elles semblent éternellement vieilles32, elles ne se révèlent pas toujours maléfiques. Pierre Dubois en cite plusieurs en Europe, comme la Befana33, tante Arie34 et les trottes-vieilles, qui apportent les cadeaux de Noël. Toutefois, la plupart sont maléfiques, telles la chauchevieille35, Meiga36, et les fées déchues (Fausserole, Teugghia)37, parfois issues de la diabolisation des esprits du terroir. Les Sluagh sont souvent décrites comme des fées mortes-vivantes. Au Maroc, Aïcha Kandicha, sorte de fée ogresse de la culture musulmane, est comparable à la fée Carabosse38.
Esprits élémentaires et forces de la nature
Bon nombre de fées personnifient des forces de la nature et peuvent avoir pour fonction de la protéger ou de symboliser ses attraits comme ses dangers39. Il est universellement reconnu que les fées ne sont jamais liées aux zones urbaines, mais plutôt à la nature, et particulièrement aux forêts, collines et points d'eau40. Gaston Bachelard, notamment, a attribué aux Éléments naturels une existence autre que physique, ayant trait à leur symbolisme, à leur côté poétique et aux créations imaginaires qu'ils suscitent, comme celle des fées41. Certains cultes à la nature sont à l'origine de croyances féeriques, un peu partout dans le monde42.
Fées des eaux
Les fées des eaux sont universellement connues, et incluent les sirènes, les nixes, les ondines, la vouivre, les Marie Morganes43, la Rusalka, Vila, et même Mélusine, Morgane ou la Dame du lac à l'origine. Claude Lecouteux cite un grand nombre d'êtres anthropomorphes cachées sous les eaux à guetter le passage d'imprudents pour les dévorer, dans le folklore germanique21. Il semblerait que les naïades, les Néréides et les sirènes de la mythologie grecque soient aussi à l'origine de la « fée des eaux »44. La folkloriste Françoise Morvan a étudié ces créatures féminines qui, depuis des siècles, hantent les traditions populaires et donnent naissance à des récits étranges, qui ont eux-mêmes servis de source au romantisme européen45. La mer primordiale étant un élément féminisé, la perception symbolique des rivières, sources et lacs est alors la même, celle d'un élément féminin qui influence la représentation des fées aquatiques comme superbes femmes à la longue chevelure flottante. Les fées des eaux ont toutes été diabolisées par le christianisme médiéval46.
Fées des végétaux
Les fées des végétaux, de la minuscule pillywiggin anglaise protectrice des fleurs à la dame verte de Franche-Comté47, sont très nombreuses. Le culte des arbres est attesté avant la christianisation, preuve que le règne végétal est personnifié et considéré (en quelque sorte) comme « fée » depuis l'Antiquité48. Alfred Maury assure que le respect religieux avec lequel les anciens Celtes pénétraient dans les forêts est dû à leur considération comme demeure des divinités49. Les dryades et hamadryades, à l'origine divinités mineures du culte des arbres et de la forêt dans la mythologie grecque, sont parfois vues comme des fées50. La blanche biche des légendes médiévales, qui apparaît au milieu des forêts et pousse les hommes à la suivre, est encore une fois liée aux fées51 puisque dans ce type de légende, la poursuite d'un gibier blanc (biche, cerf, lièvre ou sanglier) en pleine forêt mène à leur royaume52.
Cette association des fées aux forêts est due au fait qu'il suffit d'entrer dans une forêt pour ressentir l'impression de « s'enfoncer dans un monde sans limite », d'après Gaston Bachelard. Pierre Dubois interprète cette sensation comme une ouverture aux rencontres féeriques53.
La croyance populaire associe les forêts de Huelgoat, de Fouesnant, de Brocéliande (la forêt de Paimpont), du Dartmoor et du Devon (Wistman's Wood), ainsi que les landes écossaises et Irlandaises (telles Glendalough) aux demeures des fées, assurant que ces créatures s'y trouvent encore52.
Changelings
Un changeling (ou changelin) est un être féerique substitué à un enfant, dont la légende est connue dans toute l'Europe de l'Ouest. Les raisons d'un tel échange sont multiples, il peut s'agir d'un tour joué par les fées, du paiement d'une dette contractée par les parents de l'enfant ou de la fascination des fées pour les bébés humains.
Classifications
Selon l'illustrateur et spécialiste anglais Brian Froud, « la classification des fées est notoirement difficile parce que les fées sont des êtres fluides et se métamorphosent, changeantes comme l'humeur ou les pensées de qui les observe »54. Ce serait même dangereux selon Pierre Dubois, qui affirme que tenter de classifier le petit peuple serait « la plus grave des impolitesses »55. De nombreuses classifications ont toutefois été établies depuis celle de Paracelse : l'allemand Karl Grün, l'auteur des Esprits élémentaires paru en 189156, classe ainsi les fées en « déesses du Destin » (à l'origine des personnages qui visitent les demeures au Nouvel An), esprits élémentaires féminins des forêts, collines, rochers et eaux (Makrâlle, Dame Abonde…), et « femmes réputées être des fées », devenues des apparitions aériennes ou des sorcières57.
L'une des classifications les plus influentes chez le petit peuple est la division entre la Cour Seelie (ou parfois « Cour de l'Eté » ou « des Lumières ») et la Cour Unseelie (ou parfois « Cour de l'Hiver » ou « des Ténèbres »), d'après le folklore écossais et dont parle Brian Froud58. Cette distinction accentue l'étrangeté de ces créatures, et se différencie d'une distinction plus manichéenne présente dans les folklores scandinave et écossais, qui transposent sur le petit peuple les valeurs d'une morale humaine (bien et mal) et différencient créatures « bienveillantes » et « malveillantes »17.
Paracelse
L'alchimiste Paracelse associe un certain nombre de créatures féeriques aux quatre éléments, dans Astronomia magna et Le livre des nymphes, des sylphes, des pygmées, des salamandres et de tous les autres esprits59. Il voit dans les nymphes des habitantes des eaux et dans les sylphes ceux de l'air.
« Le mot inanimatum désigne six familles d'hommes sans âme… Ces hommes sans âme sont d'abord ceux des quatre familles qui habitent les quatre Éléments : les nymphes, nymphae, filles de l'eau ; les fils de la terre, lémures, qui habitent sous les montagnes ; les esprits de l'air, gnomi ; les génies du feu, vulcani. Les deux autres familles sont composées d'hommes qui sont également nés sans âme; mais qui, comme nous, respirent en dehors des Éléments. Ce sont d'une part les géants et d'autre part les nains qui vivent dans l'ombre des forêts, umbragines… […] Tous ces êtres sans âme sont produits à partir de semences qui proviennent du ciel et des Éléments, mais sans le limon de la terre… Ils viennent au monde comme les insectes formés dans la fange [par génération spontanée]. »
— Paracelse, La grande astronomie60
Seelie
Les fées Seelie sont vues comme plus gentilles envers les humains. « Seelie » signifie « béni » ou « saint », il est semblable au mot allemand « selig » et au mot de vieil anglais « sælig » (l'ancêtre du mot anglais « silly » : « joyeux », « inoffensif » ou « bénéfique »). En irlandais, le mot s'épèle « seleighe ». Elles rechercheraient l'aide des humains, mettant en garde ceux qui les ont offensées involontairement et répondant en retournant des faveurs. Pourtant, une fée qui appartient à cette cour se venge des insultes et demeure capable de malice61. Selon Briggs, elles apprécient jouer des tours mais restent dans le fond très gentilles et généreuses62. Le meilleur moment de la journée pour les voir serait le crépuscule58. Le hobgoblin est l'une des fées Seelie les plus communes (Puck du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare est probablement le plus connu). Le brownie, les selkies et les leprechauns sont aussi des fées Seelie.
Unseelie
Les fées Unseelie (du gaélique Seelie, béni, avec le préfixe privatif un) sont les plus malintentionnées envers les humains. Généralement hideuses, solitaires, capables d'attaquer des personnes sans raison, elles se soumettent rarement à une quelconque autorité63. La nuit, ces fées formeraient des bandes pour attaquer les voyageurs : projetés dans les airs, ils sont battus et forcés à tirer des projectiles elfiques vers des troupeaux de vaches58,64. Tout comme les fées Seelie ne sont pas toujours bienveillantes, les fées Unseelie ne sont pas toujours mauvaises, mais lorsqu'elles ont le choix, elles préfèrent blesser les humains plutôt que de les aider. Les Fuathan, le Red Cap, les boggarts et les buttery spirits font partie des fées Unseelie65.
Trooping fairies et solitary fairies
Carterhaugh, en Écosse, serait le lieu où la troupe des fées de la légende de
Tam Lin vient à passer.
William Butler Yeats a partagé les fées en solitary fairies « fées solitaires » et en trooping fairies « fées en troupe » dans Fairy and Folk Tales of the Irish Peasantry (1888)66, toute sa conception de l'univers féerique étant basée sur cette classification, qui n'avait jamais été évoquée par les folkloristes irlandais auparavant67. James Macdougall (dans Folk Tales and Fairy Lore) et Katharine Mary Briggs mentionnent cette distinction. Les fées qui apparaissent en groupe pourraient constituer des colonies17. Katharine Mary Briggs a fait remarquer qu'un troisième classement pourrait être nécessaire pour les « fées domestiques » qui vivent dans les maisons, même si elles se joignent à d'autres fées pour danser par exemple68. L'aristocratie du monde féerique appartient aux trooping fairies58. Leur nom provient du fait qu'elles circulent en de longues processions (des troupes), telle celle dont Tam Lin a été libéré69. Une fée de ce groupe peut être grosse ou petite, amicale ou sinistre68. Au contraire des trooping fairies, les solitary fairies vivent seules et sont réputées mauvaises et malicieuses, les brownies exceptés puisqu'ils aideraient aux tâches ménagères68.
Fées issues de cultures non-occidentales
La fée est originellement spécifique à l'Europe de l'Ouest, mais l'utilisation du nom et la symbolique attachée font que le mot « fée » a pu être utilisé pour désigner des créatures issues de cultures différentes, remplissant les mêmes fonctions. En Malaisie, sous le nom de pari-pari (en Malais) ou peri (en Indonésien), on retrouve des créatures exquises, ailées, entre les anges et les esprits maléfiques, qui visitent parfois le royaume des mortels, viennent en aide aux personnes dotées d'un cœur pur et sont liées à la nature. Walter Scott dit, sans certitude, qu'elles étaient originellement des fées dans son ouvrage Démonologie et sorcellerie, paru en 183270. Les créatures liées à la mythologie Shinto et au folklore japonais, telle que le kappa, sont également très proches des fées et remplissent les mêmes fonctions71, tout comme Matergabia et les Poludnitsa de la mythologie slave, ou encore les Suchi du Pakistan.
Apparence et nature des fées
L'apparence et la nature supposées des fées ont largement évolué au fil du temps, et présentent des différences en fonction des pays. L'écrivain C. S. Lewis a noté que celles-ci peuvent être perçues comme des revenantes, une forme de démon, une espèce totalement indépendante des humains, ou même des anges72.
Dans la littérature médiévale française, les fées sont des femmes parfaites qui ne présentent aucun attribut physique différent des humains : celles du XIIe siècle apparaissent grandes, blondes, et d'une beauté sans égale. Elles sont distinguées davantage par leurs habitudes et occupations que par leur physique. Les ailes et la baguette magique sont des ajouts des auteurs de l'époque classique[Quand ?]6. Le Dictionnaire Bouillet, au XIXe siècle dit qu'on les représente tantôt sous la figure d'une femme jeune, belle, couverte d'habits magnifiques, tantôt comme une vieille ridée et couverte de haillons, parfois armées d'une baguette magique, instrument de leur puissance surnaturelle. Enfin, sans être immortelles, elles ont une existence de plusieurs milliers d'années, mais pour J.M. Barrie, "Chaque fois qu'un enfant dit: "Je ne crois pas aux fées.", il y a, quelque part, une petite fée qui meurt.". La plupart du temps, les fées semblent porter des vêtements correspondant à leur époque, toutefois, les lais des XIIe et XIIIe siècles les présentent dévêtues, en relation avec l'érotisme de la fée amante32. En Angleterre, les vêtements des fées sont verts73, tout comme ceux des dames vertes en Franche-Comté.
La présence d'ailes et d'une
baguette magique chez les fées est attestée dès le
XVIIIe siècle, et en est devenue une caractéristique populaire. Scène du film de 1918
Queen of the Sea.
Dans les croyances germaniques, les fées peuvent être très laides et posséder des attributs monstrueux tels que des écailles et des cheveux en soies de porc, ou alors se révéler comme des femmes d'une beauté incomparable21. Dans la culture populaire anglo-saxonne (notamment en Angleterre), les fées sont souvent dépeintes comme de jeunes femmes, parfois ailées et généralement de petite taille (un héritage du XVIe siècle et notamment du Songe d'une nuit d'été qui a popularisé cette idée74). Elles étaient à l'origine représentées très différemment, de la grande créature lumineuse et angélique à la petite créature ratatinée à l'allure de troll. Leur taille va du minuscule, comme les pillywiggins qui mesureraient un centimètre, à celle d'un enfant humain75. Toutefois, cette petite taille est le résultat de leur magie plutôt qu'une caractéristique naturelle76. Les ailes, qui sont un élément si commun dans les représentations d'artistes à l'époque victorienne, et plus tard un attribut indissociable de la fée anglo-saxonne, sont très rares dans le folklore. Les fées, même de très petite taille, sont censées voler grâce à la magie, parfois sur des tiges de séneçon ou sur le dos des oiseaux77. Au début du XXIe siècle, ces fées sont souvent représentées avec des ailes d'insecte ordinaire, comme le papillon.
Il existe aussi dans le folklore français quelques attestations de fées mâles (ou « féetauds78 » au masculin), en particulier d'après Paul Sébillot.
Revenantes
La
dame blanche est à la fois vue comme une fée et comme un fantôme (
Apparition d'une dame blanche au chevet d'un mourant, Labeauce et Minne, 30 septembre 1857).
Une croyance populaire, rapportée par Katharine Mary Briggs, décrit les fées comme une forme de revenantes79. La banshee irlandaise, bean sí en gaélique irlandais et bean shìth en gaélique écossais, est quelquefois dite être une fée, d'autres fois un fantôme80, tout comme la dame blanche81 qui prédit la mort des rois39. Le Cauld Lad of Hylton du Nord de l'Angleterre, décrit comme un petit garçon assassiné, est un autre esprit de la maison semblable aux brownies82, apparaissant la plupart du temps sous la forme d'un Barghest ou d'un elfe83. Un conte mentionne un homme, capturé par les fées, et qui constate un jour, alors qu'il en regarde une fixement, que la fée est l'un de ses voisins morts84. Cette conception de la fée en tant que revenante serait l'une des plus courantes dans les pays anglo-saxons, bien que la plupart des personnes s'étant exprimées sur le sujet aient également mentionné leurs doutes85. Il existe d'étroites similitudes entre le monde féerique, tel qu'il est perçu par le folklore, dans lequel s'élèvent des châteaux et vivent des fées en tous points semblables à des femmes magnifiques, et le sidh de la mythologie celtique, que l'on nomme également l'« Autre Monde », et où les morts sont en tous points semblables aux êtres humains86.
Élémentaires
Les fées peuvent être vues comme des esprits de l'air ou des êtres éthérés (
Fairies Looking Through A Gothic Arch par
John Anster Fitzgerald).
Une autre perception des fées en fait une espèce distincte des humains et des anges, dotée d'intelligence87. En alchimie, tout particulièrement, on trouve la mention d'élémentaires comme les gnomes et les sylphes, tels qu'ils ont été décrits par Paracelse88. Cette conception est rare dans le folklore, mais quelques occurrences décrivant les fées comme des esprits de l'air ont connu une certaine popularité89.
Le révérend Robert Kirk de la paroisse d'Aberfoyle, à Stirling en Écosse, a écrit un ouvrage majeur consacré aux connaissances féeriques en 1691, La République mystérieuse des elfes, faunes, fées et autres semblables, dans lequel il les décrit en tant qu'élémentaires :
Fée anglaise volant sur le dos d'un insecte (illustration pour
Princess Nobody par
Richard Doyle,
vers 1884).
Robert Kirk dans La République mystérieuse des elfes, faunes, fées et autres semblables | Traduction française |
These Siths or Fairies they call Sleagh Maith or the Good People […] are said to be of middle nature between Man and Angel, as were Daemons thought to be of old; of intelligent fluidous Spirits, and light changeable bodies (lyke those called Astral) somewhat of the nature of a condensed cloud, and best seen in twilight. These bodies be so pliable through the sublety of Spirits that agitate them, that they can make them appear or disappear at pleasure90.
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Ces Sith ou fées, on les appelle Sleagh Maith ou Bonnes Gens […] seraient de nature intermédiaire entre l'homme et l'Ange, comme les anciens le pensèrent des démons ; d'esprits intelligents et curieux, de corps légers et fluides (comme ceux dits astrals), quelque peu de la nature d'un nuage condensé, et plutôt visibles au crépuscule. Ces corps sont tellement souples de par la subtilité des esprits qui les agitent, qu'ils peuvent se faire apparaître ou disparaître à volonté91.
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Anges ou démons
« Entre le bien et le mal, l'archange et le daymon, la légende découvre un être. Cet être, c'est la Fée. Entre l'Eden et les Enfers, la légende rêve d'un monde. Ce monde est peuplé par les Fées. Entre la lumière et les ténèbres, la légende crée un crépuscule. Ce crépuscule devient la Féerie. »
— Pierre Dubois, La Grande Encyclopédie des fées92
Une autre croyance voit dans les fées une classe particulière d'anges déchus93. Cette croyance peut expliquer la tradition selon laquelle les fées ont dû payer une dîme à l'enfer, parce qu'elles étaient considérées comme des anges déchus, mais pas tout à fait comme des démons94. L'association des fées aux anges, moins courante qu'avec les revenants, a cependant acquis une certaine popularité, en particulier dans les cercles théosophiques tel que le rapporte l'anthropologue et théosophe Walter Evans-Wentz95,96. Les sources décrivant la nature des fées ont parfois soutenu les deux thèses d'ange déchu (troisième point de vue) et de démon (quatrième point de vue) simultanément, ou bien ont noté que la question est controversée95.
Nature humaine
Une croyance plus rare voit dans les fées des êtres humains, mais cachés. Un conte populaire dit comment une femme avait caché certains de ses enfants au regard de Dieu, puis se mit à les chercher en vain car ils étaient devenus le peuple des fées. L'histoire des Huldres scandinaves présente un fort parallèle, bien qu'elle soit plus développée97. En Irlande, les fées seraient les enfants qu'Adam et Ève n'ont pas présentés à Dieu70.
Pouvoirs et attributs
Habitudes et comportements
Les habitudes des fées sont connues depuis les premiers écrits du Moyen Âge, en passant par la matière de Bretagne, les contes de fées et le folklore plus récent. Ainsi, la rencontre fortuite avec une fée ne se révélerait pas toujours bénéfique. L'un de leurs passe-temps favoris est de jouer des tours inoffensifs, par exemple en emmêlant les cheveux des dormeurs (les nœuds de fée), en volant de petits objets ou en conduisant un voyageur à s'égarer. Des comportements beaucoup plus dangereux leur sont attribués : l'enlèvement par des fées provoquerait une forme de mort subite, et le cadavre de la victime demeurerait dans les bois avec l'apparence de la personne enlevée98. Les fées sont également réputées forcer de jeunes hommes et femmes à danser toute la nuit, jusqu'à ce qu'ils dépérissent par manque de repos. Ce tour était considéré alors comme l'une des causes de la tuberculose99. Celles qui chevauchent des animaux domestiques (comme les vaches, les porcs ou les canards) pourraient provoquer chez eux l'apparition de mystérieuses maladies ou même de paralysies100.
Monde parallèle et enlèvements
Les fées sont étroitement liées au concept de monde parallèle, tel qu'il est évoqué dans la mythologie celtique et à travers le mot irlandais sidh. Elles peuvent habiter de merveilleux palais, le plus souvent situés au fond des eaux ou sur une île, telle la mythique Avalon86. Dans les récits à leur sujet, ces lieux merveilleux de l'Autre Monde peuvent être découverts par un homme lors d'un voyage ou d'une quête, mais les fées peuvent aussi enlever des humains pour les y conduire. Selon le folklore, personne n'est à l'abri d'un enlèvement féerique et celui-ci peut ne durer qu'un temps ou pour toujours, et se révéler plus ou moins dangereux pour le kidnappé. Une femme qui venait de donner naissance et ne s'était pas encore rendue à l'église était considérée comme particulièrement vulnérable101. Les histoires divergent quant au sort des captifs : certains mènent une vie joyeuse, d'autres sont à l'inverse tourmentés, d'autres enfin désirent ardemment revoir leurs vieux amis102. Au XIXe siècle, dans Lady Isabel and the Elf Knight, le chevalier-elfe est un avatar de Barbe-Bleue et Isabel doit le tuer afin de sauver sa vie. Tam Lin révèle que le personnage-titre, bien que vivant au milieu des fées et possédant leurs pouvoirs, est en fait un « chevalier terrestre » qui mène une vie agréable mais craint que les fées lui fassent payer la dîme de l'enfer103. Sir Orfeo raconte comment la femme de ce dernier est enlevée par le roi de Faerie, et parvient à s'échapper par la ruse, grâce à son excellent jeu de harpe. Sir Degaré raconte l'histoire d'une femme qui vient à bout de son amant féerique, lequel est démasqué comme un mortel dans les versions ultérieures de l'histoire. Dans Thomas le Rimeur, Thomas s'échappe avec moins de difficulté mais passe sept ans au pays des elfes104.
Dessin de
John Bauer représentant deux
trolls en compagnie d'un enfant humain qu'ils ont enlevé.
Une part considérable des légendes associées aux fées mentionne les histoires de changelings, leurre ou enfants de fées que ces dernières abandonnent à la place de bébés humains qu'elles enlèvent dans leur royaume105.
Nourriture
Une croyance partagée dans bon nombre de folklores veut que consommer la nourriture des fées scelle l'impossibilité de quitter leur royaume, tout comme dans le mythe de Perséphone et Hadès. Cette consigne est souvent donnée aux captifs qui se libèrent du pouvoir des fées grâce à d'autres personnes venues les délivrer : s'ils ont consommé la nourriture des fées, ils ne peuvent pas être libérés106. Dans le lai de Guingamor, ce dernier semble pouvoir quitter le royaume des fées bien qu'il y ait mangé, mais lorsqu'il mange une pomme après avoir franchi la rivière qui sépare les deux royaumes, les trois siècles qui se sont écoulés sur Terre le rattrapent107.
Distorsion temporelle
L'un des aspects les plus dangereux du séjour en contrées féeriques réside dans le fait que le temps s'y écoule différemment. Dans la mythologie celtique, Oisín est mis à mal non par son séjour, mais par son retour : quand il descend de cheval, les trois siècles qui sont passés dans le monde réel le rattrapent, le faisant tomber en poussière108. Le roi Herla (Herla cyning), originellement un aspect d'Odin christianisé sous les traits d'un roi, dans un conte de Walter Map, rend visite à un nain dans sa demeure souterraine et en revient trois siècles plus tard. Bien que certains de ses hommes soient tombés en poussière lorsqu'ils mirent pied à terre, Herla et les hommes qui restèrent en selle furent condamnés à ne jamais pouvoir descendre. Ce conte est l'une des origines de la chasse sauvage du folklore européen109,110. On retrouve ce thème dans le lai de Guingamor107, et de nombreuses autres légendes.
Métamorphoses et illusions
Une caractéristique commune à toutes les fées est l'utilisation de la magie afin de déguiser leur apparence et celle de ce qui les entoure. L'or des fées est universellement connu pour être peu fiable, apparaissant comme de l'or quand il est donné en paiement, puis se révélant comme des feuilles, des ajoncs, des fleurs, des épices, des gâteaux ou une grande variété d'objets inutiles111. L'illusion est également implicite dans le conte Fairy Ointment et ses variantes fréquentes en Europe du Nord112,113, qui racontent comment une femme humaine est convoquée pour assister à une naissance féerique, ou parfois à l'accouchement d'une femme mortelle capturée par les fées. Invariablement, elle se fait remettre une pommade pour les yeux de l'enfant et on lui demande de l'oindre. Par hasard, ou quelquefois par curiosité, la femme utilise la pommade sur l'un de ses yeux, parfois les deux. À cet instant, elle prend conscience que tout autour d'elle n'était qu'illusion, qu'elle n'assiste pas une riche dame dans une maison cossue, mais sa propre servante qui s'était enfuie, dans une grotte misérable. Elle s'enfuit sans révéler sa nouvelle capacité, mais trahit tôt ou tard le fait qu'elle soit capable de voir les fées. Ces dernières se vengent en la rendant aveugle de l'œil clairvoyant, ou des deux si elle a utilisé la pommade sur les deux114. L'onction serait pratiquée par les fées afin de guérir certaines maladies, notamment la folie115.
Dissuasion
Les meuniers écossais protégeaient leur moulin et leur four des pillages nocturnes en répandant la rumeur qu'ils sont de connivence avec les fées. Ici, un
moulin à eau restauré sur les
Orcades.
La fée peut aussi être invoquée pour protéger certains lieux. Le meunier, considéré comme « peu futé » par les Écossais, avait toutefois la capacité de contrôler les forces de la nature, comme le feu dans le four et l'eau durant la cuisson, par le biais de plusieurs machines. Les communautés superstitieuses ont cru que le meunier était de connivence avec les fées, qui en Écosse sont souvent malicieuses et à craindre. Personne n'osait mettre le pied au moulin ou au four durant la nuit car il est bien connu que les fées apportent leur blé à moudre dès la nuit tombée. Tant que les gens du pays croyaient cela, le meunier pouvait dormir tranquille, sachant que personne n'oserait tenter de le voler. John Fraser, le meunier de Whitehill, près d'Hamilton, a affirmé s'être caché et avoir vu les fées essayer en vain de moudre. Il a décidé de sortir de sa cachette et de les aider, là-dessus, l'une des femmes-fée lui aurait donné un gowpen (une double poignée de grain) et lui dit de la mettre dans son girnal (magasin) vide, car les réserves resteraient alors pleines pendant une longue période, quoi qu’il en sorte116.
Lieux réputés fréquentés par les fées
Les fées sont associées à bon nombre de lieux qu'elles fréquenteraient, ou même qu'elles auraient bâti. Le cercle des fées117, en réalité un phénomène mycologique, a longtemps été attribué à la danse des fées qui s'y déroulerait. On nomme chemin des fées (fairy path) les passages qu'elles empruntent, et fort de fées les castros circulaires que les fées habiteraient en Irlande. En Bretagne, le monument mégalithique La Roche-aux-Fées aurait été bâti par elles et vénéré en conséquence118, il est le sujet du conte La Fée des Houx. Bon nombre de dolmens étaient, jusqu'à une époque récente, réputés être leur demeure119. Paul Sébillot a relevé un nombre impressionnant de « grottes aux fées », « pierres des fées », « chambres des fées » ou « trous des fées » d'un bout à l'autre de la France, témoignant d'anciennes croyances120. La croyance populaire associe toujours les forêts de Huelgoat, Fouesnant, Brocéliande (administrativement forêt de Paimpont), du Dartmoor et du Devon ainsi que les landes écossaises et Irlandaises à des demeures féeriques52. Le Val sans Retour serait le domaine de la fée Morgane. Plusieurs lieux sont revendiqués comme étant le domaine de la fée Viviane, notamment le lac du château de Comper. Lieu traditionnel du surnaturel, souvent néfaste, le carrefour est un lieu traditionnellement favorable à la rencontre avec des fées, parfois malfaisantes
Recommandations et protection contre les fées
Bon nombre de recommandations visent à éviter soigneusement les lieux que les fées sont réputées fréquenter, et une grande partie du folklore consacré aux fées évoque les moyens de se prémunir de leur malice ou de les conjurer. Les objets en fer forment le charme de protection le plus répandu (le fer agit comme un poison sur les fées et elles fuient ce métal)117. Elles sont également réputées gênées par les personnes portant leurs vêtements à l'envers, mais aussi par l'eau courante, le millepertuis perforé, le trèfle à quatre feuilles et le son des cloches, en particulier celles des églises96.
Certaines croyances sont contradictoires, comme celle à propos du sorbier des oiseleurs qui dans certains cas forme une protection contre les fées, mais dans d'autres est sacré pour elles. Le rôle des cloches est tout aussi ambigu, alors qu'elles sont censées protéger contre les fées, celles qui montent à cheval — telle la reine des fées — ont souvent des cloches sur leurs harnais. Ce pourrait être un trait distinctif de la cour Seelie, qui les utiliseraient pour se protéger contre la cour Unseelie121. Une autre part ambiguë du folklore concerne le chant du coq, censé chasser les fées alors que certains contes racontent que ces créatures élèvent des volailles122. De nombreuses histoires révèlent comment empêcher les fées de voler les bébés et de les remplacer par un changeling, ou encore d'enlever les personnes âgées de la même manière98. Les hommes et femmes qui voient des fées sont bien avisés de ne pas les regarder de trop près, parce qu'elles sont très susceptibles quant aux atteintes à leur vie privée123. C. S. Lewis parle d'un chalet plus redouté pour ses fées que son fantôme124.
Creuser dans les collines des fées est particulièrement imprudent. Des propriétaires ont fait abattre le coin d'un mur de leur maison parce qu'il bloquait le chemin des fées125. Des chalets ont été construits avec les portes avant et arrière alignées, de sorte que les propriétaires puissent, au besoin, les laisser ouvertes afin que la troupe des fées passe durant la nuit126. Des sites tels que les forts de fées sont laissés intacts : même la coupe de broussailles y est réputée causer la mort de ceux qui ont accompli l'acte127. Les arbres des fées, tels que l'aubépine, sont dangereux à abattre. L'un de ces arbres a été préservé en Écosse, empêchant l'élargissement d'une route pendant 70 ans128. Pour éviter les fées des eaux tels que Peg Powler et Jenny Greenteeth, il suffit de fuir les plans d'eau qu'elles habitent58.
Rôle du pain et du sel
En Terre-Neuve, la protection la plus connue est le pain, allant du pain rassis à la tranche de pain frais maison. La croyance en les vertus du pain est ancienne, associé à la maison et au foyer, ainsi qu'avec l'industrie et la domestication de la nature, il semble être détesté par certains types de fées. Toutefois, dans la plupart des folklores celtes, les produits de boulangerie sont une offrande traditionnelle comme le sont la crème et le beurre96. Dans le comté de Wexford, en Irlande, la croyance selon laquelle un enfant qui sort avec un morceau de pain emballé dans ses vêtements est protégé de la sorcellerie ou du mal était courante en 1882129.
« Le prototype de la nourriture, et donc un symbole de vie, le pain était l'une des protections les plus répandues contre les fées. Avant de sortir dans un lieu habité par des fées, il était d'usage de mettre un morceau de pain sec dans sa poche. »
— Katharine Mary Briggs, An Encyclopedia of Fairies. Hobgoblins, brownies, bogies and other supernatural creatures130
Traditionnellement, les fées sont considérées comme éternelles ou immortelles, toutefois cette immortalité peut être mise à mal par le sel, réputé pour ses vertus exorcisantes et apotropaïques. Une fée baptisée devient mortelle lorsque le sel touche ses lèvres selon Paul Sébillot, et peut alors subir des infirmités, vieillir et mourir32.
Recommandations envers les fées du foyer
D'autres actions sont réputées offenser les fées. Les brownies sont traditionnellement chassés si on leur donne des vêtements ; certains contes rapportent qu'ils sont vexés par la qualité inférieure des vêtements donnés, d'autres qu'ils sont ravis de ce cadeau et partent simplement en l'emportant131. D'autres brownies quittent des foyers ou des fermes parce qu'ils ont entendu une plainte, ou un compliment132. Une maison bien tenue évite qu'ils ne commettent des actions malveillantes : s'ils ne trouvent pas la maison assez propre, ils pincent les gens dans leur sommeil. La nécessité de ne pas offenser les fées peut créer des problèmes : un agriculteur a constaté que les fées avaient battu son blé pour lui, mais le battage continua et le blé de ses voisins disparut bientôt. Il en conclut que les fées volaient ses voisins, ce qui lui laissait le choix entre les dénoncer et les offenser, ce qui est dangereux, ou alors profiter du vol133.
Origine des fées
Plusieurs théories, plus ou moins sérieuses, coexistent pour expliquer l'origine des fées. La plus largement reconnue par les folkloristes, historiens, ethnologues, archéologues et écrivains voit dans les fées la survivance des divinités et esprits mentionnés dans les croyances païennes, notamment greco-romaines et celtiques, dont la fonction s'est trouvée modifiée avec la venue du monothéisme et surtout du christianisme en Europe134,70, diabolisant ou rationalisant ces êtres.
Ainsi, dès le VIe siècle, Martin de Braga dit que les esprits des arbres et des eaux sont des démons chassés du ciel70. L'érudit Alfred Maury explique qu'à son époque, les auteurs faisaient descendre les fées des nymphes, des Parques et des druidesses135. Walter Scott fait des sylvains, satyres et faunes, créatures sylvestres et champêtres des mythologies, les ancêtres des fées écossaises :
« Ces sylvains, ces satyres et ces faunes, dont la superstition peuplait les rives touffues et les bois élevés de cette contrée romantique, furent obligés de faire place à des déités dont le caractère ressemblait beaucoup au leur, et qui probablement tiennent quelques-uns de leurs attributs de leurs prédécesseurs classiques […] nous voulons parler des fées […]. »
— Walter Scott, Histoire de la démonologie et de la sorcellerie136
Les différentes théories ne sont pas forcément exclusives, le mélange de certaines d'entre elles peut expliquer l'origine de divers personnages féeriques en Europe de l'Ouest. Conteurs et écrivains ont parfois livré leurs propres visions, souvent poétiques, de l'origine des fées. C'est le cas de J. M. Barrie qui raconte dans un chapitre du roman The Little White Bird au sujet de Peter Pan, en 1902, que « lorsque le premier bébé rit pour la première fois, son rire éclata en un million de fragments qui se dispersèrent en tous sens. Ce fut le commencement des fées »137. D'autres auteurs restent dans le domaine mythologique, tel l'Irlandais William Butler Yeats pour qui les Tuatha Dé Danann devinrent les fées lorsqu'ils furent vaincus, certains se faisant invisibles, d'autres gagnant Tir Na Nog et les derniers se cachant sous les tertres71. Pierre Dubois remonte à la cosmogonie de la mythologie nordique, où le géant Ymir, démembré, donne naissance aux alfes (alfes sombres, alfes noirs et alfes lumineux), qui eux-mêmes engendrent tout le petit peuple3.
Christianisation et oubli de divinités païennes
La théorie la plus répandue veut que les fées aient à l'origine été les divinités, majeures ou mineures, de plusieurs panthéons païens qui, avec la venue du christianisme, ont vu leurs pouvoirs et leur fonction diminuer ou changer et sont passées de la religion au folklore populaire, et à la littérature. Une preuve réside dans le fait que bon nombre d'êtres fabuleux décrits comme des divinités dans les anciennes légendes et les mythologies sont désormais dépeints comme des fées, en particulier dans les écrits plus récents134. Ainsi, Pierre Dubois inclut-il Lamastu et les dryades à sa Grande Encyclopédie des fées138, expliquant : « les déesses trop vives pour rester statufiées dans le marbre sont descendues du Parnasse pour gagner les campagnes »92. De plus, la confusion entre fées et déesses est fréquente au Moyen Âge139, les fées de récits médiévaux ressemblent fortement à la déesse antique Vénus et surtout à Diane qui partage bon nombre de leurs attributs et notamment le lien à la nature, mais aussi aux nymphes, aux dryades, et aux dames de la mythologie celtique telles que Niamh. Le savoir attribué aux fées (divination, guérison, etc.), est indéniablement d'origine divine140. Claude Lecouteux voit dans les Valkyries et les femmes-cygnes l'origine d'une partie des fées germaniques21.
Divinités du Destin
Alfred Maury et Laurence Harf-Lancner voient dans les divinités liées au Destin, Parques, Nornes et Sybilles, les ancêtres des fées françaises140,3, de même que les auteurs du Dictionnaire des symboles pour qui « cette filiation n'est guère discutable »141, Karl Grün dans Les Esprits élémentaires (1891) affirme que les fées allemandes sont également issues des trois Nornes57 et Claude Lecouteux cite la Fylgja, incarnation féminine du destin des héros, comme origine possible des fées scandinaves21.
Personnification de forces naturelles
Quelques chercheurs tels que Claude Lecouteux, Alfred Maury et Laurence Harf-Lancner font remonter l'origine d'au moins une partie des fées à la personnification de l'eau3. Des créatures proches de l'archétype de la « fée des eaux » sont en effet universellement présentes dans la mythologie d'Europe de l'Ouest, et ont pour particularité d'habiter des demeures semblables à celles des hommes mais situées sous les eaux, d'où le lien à la notion de monde parallèle86. Les textes médiévaux à propos des fées ne cessent de mentionner cet élément, que ce soit la fontaine de Barenton ou la rivière près de laquelle Lanval rencontre deux fées, dont l'une l'emmène dans l'île mythique d'Avalon142. Les créatures de l'eau issues de la mythologie germanique, telles que les ondines et les nixes, sont clairement à l'origine des fées germaniques selon Claude Lecouteux, et seraient elles-mêmes issues de la crainte et de la terreur des hommes envers cet élément, conduisant à son anthropomorphisation. Il cite pour preuve le très grand nombre d'êtres surnaturels censés vivre sous les eaux21.
Durant l'époque victorienne, l'explication des mythologies voulait que toutes les divinités soient des personnifications de forces naturelles143. Suivant cette théorie, les fées sont à la fois des personnifications de la nature et des allégories de concepts abstraits tels que l'amour et la victoire, déifiés dans le panthéon des différents animismes qui forment les plus anciennes religions en Europe de l'Ouest144. Pierre Dubois reprend également cette théorie, ajoutant que le regard posé par l'homme sur la nature pour y percevoir des présences cachées est une manifestation de son subconscient92.
Culte des morts
Une dernière théorie, popularisée par Katharine Mary Briggs et Lady Wilde, mère d'Oscar Wilde70, lie les fées au souvenir d'un type de culte des morts. Elle s'appuie sur la confusion, dans un certain nombre de croyances et de légendes, entre les fantômes et les fées, sur le Sidhe considéré comme un tertre funéraire, sur le fait qu'il est dangereux de manger de la nourriture en pays de féerie tout comme dans le royaume d'Hadès, et sur le séjour des morts et de bon nombre d'êtres du petit peuple sous terre145.
Druidesses
Une croyance ancienne voyait dans les fées un souvenir des druidesses. Au XIXe, Collin de Plancy l'assurait, ajoutant que l'on chargeait de cultes à la nature, et à qui l'on a plus tard attaché des demeures au fond de puits, près des torrents, ou dans les cavernes. Jules Garinet pensait que les fées sont les femmes des druides146 et Olaus Magnus parle de divinités de la forêt résidant dans des antres obscurs, qui se montrent à ceux qui viennent les consulter, et disparaissent soudainement : ce seraient originellement des druidesses, devenues des fées147.
Peuple caché
Une idée répandue parmi les nations celtiques parle d'un peuple de petite taille peu à peu chassé par d'autres hommes, et condamné à vivre dans la clandestinité. Ils en seraient venus à être considérés comme une autre race, des fées, voire des esprits. Ils sont réputés vivre sous terre, cachés dans les collines (notamment les tumuli), ou encore de l'autre côté de la mer, à l'ouest105. Certains archéologues du XIXe siècle pensèrent qu'ils avaient trouvé des chambres souterraines dans les Orcades ressemblant au pays des elfes dans Childe Rowland148. Selon le folklore populaire, les pointes de flèches en silex de l'âge de la pierre sont fabriquées par les fées qui s'en servent pour lancer l’elf-shot58. La réaction des fées face au fer a été interprétée comme la peur de ce peuple supposé face à des envahisseurs portant des armes en fer, tandis que les fées étaient seulement armées de silex et facilement vaincues lors des batailles physiques. Les vêtements verts et les demeures souterraines attribués aux fées sont vus comme une réponse à leur besoin de se cacher des humains hostiles, et leur utilisation de la magie comme le développement d'une compétence nécessaire pour lutter contre un peuple possédant un armement et une force physique supérieurs105.
Selon les croyances de l'époque victorienne, le cannibalisme des « ogres » a été attribué au souvenir d'époques plus sauvages, lors desquelles des peuples primitifs le pratiquaient aux côtés de peuples plus évolués qui l'avait abandonné149. Les selkies, décrits dans les contes comme un peuple féerique métamorphe capable de se changer en phoque, ont été décrits comme le souvenir de peuples primitifs voyageant en kayak et portant des peaux de phoques105. Suivant ces théories, les pygmées africains sont mis en avant comme l'exemple d'un peuple qui vivait autrefois sur de grandes étendues de territoire, mais qui deviennent rares et presque mythiques au fil du temps, et du développement d'autres peuples150. En 1932, le célèbre écrivain américain Howard Phillips Lovecraft consacre un court texte d'analyse à une thèse similaire : « Quelques origines du royaume des fées » (Some backgrounds of Fairyland)151.
Les chercheurs, entre autres Claudine Glot, accordent peu de crédit à ces théories qui prouvent surtout, selon eux, que « le conte est inséparable de la fée »70.
Science et croyances
J. R. R. Tolkien durant la conférence On fairy tales |
Rien n'est plus absurde que de croire les elfes, fées, trolls et dragons des êtres surnaturels152.
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Bien que l'existence des fées n'ait jamais été admise scientifiquement, la croyance en ces êtres est évoquée bien des fois au cours de l'Histoire, par les croyances populaires, des alchimistes, des médiums ou des théosophes affirmant en voir et communiquer avec eux39, de grandes familles médiévales les ont même revendiquées pour ancêtres. L'historien et membre du cercle zététique Paul-Éric Blanrue considère que les fées n'ont pas d'existence physique et qu'il faut être spirite pour accréditer une telle idée. Pour lui, les fées « vivent dans nos rêves, c'est la raison de leur immortalité »153. La croyance aux fées a perduré grâce au folklore populaire, entre autres par la voie orale des contes, qui se transmettent parmi le peuple depuis la nuit des temps154. Dès 1843, l'érudit Alfred Maury a noté que « Les fées occupent incontestablement l'un des premiers rangs dans les traditions populaires de notre contrée »155.
Les religions ont différents points de vue quant aux fées. Si les monothéismes ont tous beaucoup œuvré pour diaboliser le petit peuple156, les religions animistes, spiritualistes et néopaganistes acceptent beaucoup mieux les croyances féeriques.
Au Moyen Âge
Bien que de nombreuses études récentes existent à ce sujet, il est difficile de savoir quelle place tenait la fée dans le folklore populaire médiéval, les seules informations figurant dans les textes des clercs qui les dénoncent comme des inepties et des mensonges. Cela peut suggérer que la fée ait été très présente dans la culture populaire157 et bien connue des paysans et des « vilains », mais ne permet pas d'évaluer à quel point ces derniers y croyaient158. Laurence Harf-Lancner note qu'elles sont omniprésentes durant cette période et incarnent « dans l'imagination des hommes du Moyen Âge, tous les fantasmes liés à la féminité, à l'animalité, à l'altérité »159. L'empereur Charlemagne a rédigé en son temps des capitulaires interdisant aux sylphes d'apparaître dans le ciel pour enlever des personnes39.
Persistance des cultes païens
L'Exil des fées |
Au vieux temps du roi Arthur, celui dont les Bretons parlent avec grand respect, tout ce pays-ci était plein de féerie. La reine des fées avec sa gaie compagnie dansait bien souvent dans plus d'une prairie verte. C'était là l'ancienne croyance, d'après ce que je lis… Il y a bien des siècles de cela. Mais maintenant on ne voit plus de sylphes. Car la grande piété et les prières des moines mendiants et autres saints frères qui, aussi nombreux que les atomes dans un rayon de soleil, fouillent toutes les terres et tous les cours d'eau, bénissant les salles, les chambres, les cuisines, les chaumières, les cités, les bourgs, les grands châteaux et les tours, — font qu'il n'y a plus de fées. Geoffrey Chaucer, XIVe siècle, traduction de Victor Hugo160.
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D'après Alfred Maury, les fées sont d'origine celte et sont issues de la personnification de forces naturelles. Très tôt, les capitulaires condamnent comme sacrilèges ceux qui continuent à allumer des feux et des lumières près des arbres, des pierres et des fontaines et qui adressent leurs vœux aux divinités païennes. Dans son allocution pastorale aux Belges, saint Éloi défend de placer des luminaires et des offrandes auprès des rochers, des sources, des arbres, des cavernes et des carrefours. Toutefois, il semble que le culte se soit conservé longtemps161, mais de manière discrète, notamment dans les forêts162. Dans le Lancelot en prose, le narrateur rapporte que la fontaine des fées et la Dame du Lac sont dites fées selon la vox populi, c'est-à-dire d'après les contes et les gens qui habitent la forêt158.
Pour Antoine Le Roux de Lincy, le rituel néonatal que décrit, dans la deuxième moitié du XIIe siècle, le roman de Guillaume au court nez, est répandu dans plusieurs provinces françaises : « dans certaines provinces, on mettoit devant la cheminée une petite table couverte de linge très fin ; sur cette table, trois coupes, un pot de vin ou d'Hypocras, trois pains de fleurs de farine et deux flambeaux qui restoient allumés durant la nuit. Ce repas frugal étoit destiné aux fées, qui, d'après les croyances, devoient venir répandre leurs dons sur le nouveau-né »163.
Protectrices et ancêtres tutélaires
Médaille en bronze représentant le roi
Mérovée, dont l'existence réelle est controversée, et dont le père serait d'origine féerique.
Aux XIIe et XIIIe siècles, les rois et les nobles éprouvent le besoin d'attribuer à leur lignée une origine exceptionnelle, et les fées deviennent des ancêtres tutélaires ou les protectrices de certaines familles. Les ducs d'Aquitaine, les Plantagenêt et la famille normande d'Argouges affirment tous descendre d'une fée164. Mérovée, premier de la lignée des Mérovingiens, serait né du viol de la reine Théodelinde[source insuffisante] par un ondin164. Ces légendes sont souvent parallèles à celles des naissances célèbres dues à des incubes ou des succubes165.
Position de l'Église et des autorités chrétiennes
Si les théologiens et l'Église du Haut Moyen Âge intègrent les fées au surnaturel chrétien, ils assimilent cependant les dames des lacs et des forêts à des démons107,159, tout comme Burchard de Worms au XIe siècle21. Les autorités chrétiennes des XIIe et XIIIe siècles, période d'optimisme, se montrent tolérantes envers ce personnage aux attributs proches de ceux d'une déesse166, et ne tentent pas de le diaboliser167 (contrairement au dragon164), sans doute parce qu'« il est difficile de résoudre le problème d'une croyance à une figure surnaturelle à la fois bénéfique et étrangère au christianisme »6. Au cours du XIIIe siècle toutefois, les fées sont vues de plus en plus comme déloyales et emplies de luxure168. La mise en valeur de la chasteté comme première des vertus fait que le rôle autrefois échu aux personnages féeriques de la littérature devient celui des anges à la fin du Moyen Âge164. Le caractère féerique de ces personnages tend également à s'estomper, et leurs figures littéraires à devenir celles de sorciers et d'enchanteresses169 qui tiennent leurs savoirs de longues études, du fait de la rationalisation164, à partir du XIVe siècle170. Ainsi, les « dames du lac », fées qui règnent sur un merveilleux palais sous-marin, voient leur royaume devenir une île86. Les fées n'échappent pas non plus à la diabolisation171.
La religion chrétienne est à l'origine de diverses théories à propos des fées. Selon certains textes apocryphes, dont le Livre d'Hénoch, lorsqu'une partie des anges se révoltèrent contre Dieu, ce dernier ferma les portes du Paradis. Les êtres qui étaient demeurés à ses côtés devinrent les anges, ceux qui avaient suivi Satan aux enfers devinrent les démons, quant à ceux qui n'avaient pu se décider entre le bien et le mal, ils devinrent les fées172. Claude Lecouteux précise que ceux qui rejoignirent l'eau devinrent des ondins, celles qui tombèrent dans les sources devinrent des nymphes et celles qui tombèrent dans les forêts devinrent les dianes21. Une version similaire veut que les ancêtres des fées aient été boutés hors du Paradis parce qu'ils n'étaient pas assez bons, et que l'Enfer les ait refusés car ils n'étaient pas assez mauvais173, ou encore que les fées aient été les enfants d'anges déchus qui firent commerce charnel avec des mortelles174.
De la fin du XVIe siècle au milieu du XVIIe siècle, les procès des sorcières féeriques de Sicile prouvent que cette cohabitation entre le folklore féerique et la religion chrétienne ne s'est pas déroulée sans heurts. Avec la montée du puritanisme, la vision des fées en tant qu'êtres démoniaques a gagné en popularité175,176. Ainsi, le hobgoblin, qui était à l'origine un esprit amical de la maison, est devenu un gobelin malveillant177. Prétendre faire commerce avec les fées était à cette époque considéré comme une forme de sorcellerie et sévèrement puni17. C'est peut-être pour dissocier les fées des démons qu'Obéron, dans la pièce Songe d'une nuit d'été, observe soigneusement que ni lui ni sa cour ne craignent les cloches de l'église178.
Robert Kirk et La République mystérieuse
En 1691, le révérend écossais Robert Kirk écrit un ouvrage majeur consacré à la connaissance des fées : La République mystérieuse : Des elfes, faune, fées et autres semblables publié pour la première fois en 1815. Il y présente les fées sous un jour assez inquiétant, comme étant des êtres invisibles et parfois très dangereux. C'est en s'installant sur la lande des trossachs qu'il va se confondre avec « l'esprit des lieux » et écrire son ouvrage qui, plus tard, devient presque mythique. Il y décrit non seulement l'apparence des fées « telles qu'elles apparaissent à ceux qui ont la seconde vue », mais aussi leurs demeures, leurs croyances et leurs occupations avant sa mort en 1691, à l'âge de 42 ans. Cette mort le fait entrer dans la légende, car il se dit que les fées se sont vengées parce qu'il a trahi leurs secrets, ainsi que le racontent Walter Scott et Pierre Dubois179.
Époque contemporaine
En France, des études ethnologiquesNote 7 après la Seconde Guerre mondiale ont relevé la persistance de ces croyances, notamment à la campagne, chez les personnes âgées. La Bretagne et l'Alsace, en raison peut-être d'une survivance des langues régionales, ont conservé de nombreuses traces du petit peuple, dans leurs traditions orales et leurs toponymies180. En Angleterre, la croyance aux fées est fortement liée à l'écrivain Lewis Carroll et à ses écrits, comme Les Aventures d'Alice au pays des merveilles181. À Nottingham, la Fairy Investigation Society a été créée pour chercher des traces ainsi que des témoignages à propos des fées182. L'animisme du Japon (shintoïsme) est très proche des croyances européennes aux fées, ce qui explique l'attrait des Japonais pour ces créatures, de même que la persistance des croyances aux esprits féeriques dans les régions rurales du Nord du Japon71. Il existe d'ailleurs un « musée des fées » à Kaneyama183.
Au début du XXIe siècle, la croyance en l'existence (physique ou spirituelle) des fées perdure ; il est admis qu'elles ne sont pas qu'une affaire de folklore et de contes. Dans les pays scandinaves, elle est fortement ancrée et en Islande, le tracé d'une autoroute fut dévié afin d'éviter un lieu réputé habité par les fées184. Christine Lynch, fille de Frances Griffiths résidant en Irlande du Nord dans une région où le folklore féerique reste très présent, déclare en 2009 que les époques de crises rendent les personnes plus réceptives à « la magie des fées », et par là plus portées à y croire185.
Témoignages
Une maison du
Findhorn Ecovillage, lieu ayant la réputation d'être fréquenté par les fées qui auraient influé sur la croissance des plantes.
Conan Doyle croyait fermement en l'existence des fées, tout comme son père, Charles Altamont Doyle, qui les dessinait et assurait en voir dans ses dernières années, alors qu'il avait sombré dans l'alcoolisme et la folie186. Des clairvoyants comme Geoffrey Hodson ont déclaré pouvoir décrire leurs mœurs et activités avec une grande précision39. Peter Caddy, créateur du Findhorn Ecovillage, en Écosse, a affirmé avoir atteint son haut degré de maîtrise du jardinage biologique grâce à ses pratiques spirituelles et la communion avec les Devas et d'autres esprits de la nature39. Des témoignages d'observations de fées sont recensés partout dans le monde, même chez des personnes qui n'ont jamais manifesté le moindre signe de croyance auparavant187. Pierre Dubois pense qu'on ne peut totalement ignorer ces multiples témoignages, la question étant de savoir si on peut « se permettre de douter de la sincérité de ces clairvoyances »182.
Les fées de Cottingley
La rivière Beck à hauteur de
Cottingley, où Frances et Elsie Griffiths affirment être entrées en contact avec le
petit peuple.
Au sortir de la Première Guerre mondiale, la population anglaise est ouverte au merveilleux et l'affaire des fées de Cottingley en 1917 donne lieu à un long débat sur l'existence du petit peuple. Arthur Conan Doyle est persuadé de l'authenticité d'une série de cinq photographies prises par Elsie Wright et Frances Griffiths à Cottingley dans le Yorkshire au Royaume-Uni en 1917. Il publie en 1922 The Coming of the Fairies après deux articles très sérieux dans le Strand Magazine montrant ces clichés des deux filles en compagnie d'êtres du petit peuple. Soixante ans plus tard, en 1983, les deux auteurs admettent qu'il s'agissait d'une supercherie, mais Frances maintient qu'elle avait bien vu des fées. L'affaire des fées de Cottingley amène de nouvelles pistes de réflexion à travers de nombreux témoignages de personnes affirmant « jouer avec des elfes » ou « danser avec des fées » dans la région du Yorkshire, entre autres vers Skipton188.
Théosophie
D'après les enseignements de la théosophie, les Devas, l'équivalent des anges, sont considérés comme vivant dans l'atmosphère de la planète ou à l'intérieur du Soleil, et sont censés agir sur la nature, par exemple sur le processus de la croissance des plantes. Certains Devas sont plus petits et moins importants en degré d'évolution, ils sont nommés « esprits de la nature », « élémentaux » et « fées »189. La croyance en la réalité des fées de Cottingley a été forte chez les théosophes, donnant lieu à bon nombre d'explications quant à ces êtres : les esprits de la nature, élémentaires, gnomes, ondines, sylphes, salamandres et fées peuvent être observés lorsque le troisième œil est activé. Les théosophes maintiennent que les êtres moins évolués n'ont jamais été incarnés auparavant comme êtres humains, et sont considérés comme une lignée distincte de l'évolution spirituelle humaine, appelée « l'évolution deva » : si leur âme progresse, ils peuvent se réincarner en tant que Devas. Les théosophes affirment que tous ces êtres possèdent un corps éthérique composé de « matière éthérique », substance plus fine et plus pure que celle que l'on trouve sur le plan terrestre190. Le théosophe Edward Gardner a effectué de longues recherches concernant le folklore féerique et entendu de multiples témoignages relatant des observations d'êtres fabuleux et, dans The Coming of the Fairies, Conan Doyle met en avant le nombre élevé de rapports d'observations de fées191 ou encore le fait que son ami William Riley cite le Haut-Airedale et le Wharfedale comme des lieux où sont consignées des observations de pixies comme autant d'arguments en faveur de leur existence192. D'après lui, le petit peuple est aussi nombreux que la race humaine, et pourrait vivre à la surface de la Terre, séparé par une différence vibratoire.
Néo-paganisme
Dans la culture moderne, une preuve de la pérennité des croyances féeriques (ou une résurgence) réside dans les cultes néopaganistes ou néodruidiques. Une branche de la Wicca, nommée Faery Wicca, accorde une importance primordiale aux fées, aux gnomes, aux esprits de la nature et au petit peuple de manière générale, mais aussi au folklore qui leur est lié, aux relations qu'ils entretiennent avec la nature, et à la magie qu'ils sont censés utiliser. Cette branche a été fondée par Kisma Stepanich et suivie par quelques autres auteurs comme Edain McCoy, en s'appuyant sur les traditions irlandaises193.
Psychanalyse, philosophie et symbolique des fées
Une petite fée aux ailes de papillon, selon la représentation classique que l'on s'en fait au début du
XXIe siècle.
Lily Fairy par
Luis Ricardo Falero, 1888.
Fée |
Maîtresse de la magie, elle symbolise les pouvoirs paranormaux de l'esprit ou les capacités prestigieuses de l'imagination. Elle opère les plus extraordinaires transformations et en un instant comble ou déçoit les désirs les plus ambitieux. Peut-être représente-t-elle les pouvoirs de l'homme de construire en imagination les projets qu'il n'a pas pu réaliser141Dictionnaire des symboles |
Plusieurs écrivains tels Charles Athanase Walckenaer (Lettres sur les contes de fées attribués a Perrault, et sur l'origine de la féerie, 1826) et Alfred Maury (Les Fées du Moyen Âge : recherches sur leur origine, leur histoire et leurs attributs) en France, Johann Wilhelm Wolf et Sanford Schreiber en Allemagne, Lucy Allen Paton (Studies in the Fairy Mythology of Arthurian Romance) et Walter Evans-Wentz, (Fairy Faith in Celtic Countries) dans les pays anglo-saxons se sont livrés à de savantes recherches sur la symbolique des fées. Freud, avec L'Interprétation des rêves (1900), fut le premier à découvrir la nature symbolique des contes de fées, expliquant ensuite dans L'Homme aux loups que le conte de fées offre à l’enfant un mode de pensée qui correspond à sa représentation de lui-même194. La fée est donc une image de l'enfant évoluant dans un monde d'adultes et capable de pouvoirs de transformation par son imagination. Le psychanalyste Bruno Bettelheim a proposé une version psychanalytique des contes de fées195 dans laquelle il montre que la fée est une figure soit positive (la bonne fée) soit négative (la mauvaise fée) de la mère. Pour le psychanalyste Géza Róheim, dans The Psychoanalytic Study of the Child, le conte de fées se rapproche du symbolisme onirique194.
Pour Marie Louise von Franz, principale continuatrice du psychiatre Carl Gustav Jung, le conte de fées symbolise le processus qui permet à la personnalité de se construire de manière harmonieuse196. Elle souligne que ces contes sont l’expression la plus pure et la plus simple des processus collectifs inconscients. Ainsi, chaque actant du conte de fée représente l'un de ces processus psychiques à l'œuvre dans la personnalité. La jeune fée symbolise la part la plus intime et la plus intuitive de la femme, celle encore proche de la nature intérieure197 alors que pour Carl Gustav Jung, la figure de la vieille fée représente l'archétype de la « Grande-mère », projection mythique de l'expérience féminine dans toutes les civilisations198.
L'écrivain et essayiste Michel Le Bris voit dans les fées « l'âme du monde », des êtres créés par les hommes pour peupler la nature et leurs rêves et ainsi pouvoir les habiter, mais aussi et surtout, des êtres intermédiaires entre le monde et l'humanité199.
Dans les arts et la littérature
Mélusine en son bain, épiée par son époux Raimondin. Roman de Mélusine par Jean d'Arras, vers 1450-1500. BNF Fr.24383, f.19
La fée telle qu'on la connaît est une création de l'Occident médiéval14,159, époque qui voit la naissance littéraire de la fée Morgane, la fée Viviane, et Mélusine. D'abord présente dans la littérature grâce à des auteurs comme Marie de France et Chrétien de Troyes, elles connaissent à nouveau une vague de popularité grâce au Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare à la fin du XVIe siècle, puis dans les contes de fées des XVIIe et XVIIIe siècles171. Au XIXe, le folklore du petit peuple s'accorde avec les élans vers la nature du romantisme littéraire, et les fées profitent de la renaissance celtique (Celtic Revival). La collecte des traditions folkloriques, l'intérêt pour les mythes, contes et légendes gagnent toute l'Europe200, de même que les créations originales incluant des personnages féeriques201. L'époque victorienne voit la naissance de la peinture féerique. Le XXe siècle et ses productions « d'une extraordinaire richesse »202 incluent notamment la fée Clochette, devenue une icône de la culture populaire, mais aussi de nombreux films des studios Disney. Les romans de Tolkien éveillent chez la génération étudiante de l'époque un intérêt tout particulier le petit peuple et à sa suite, les premiers ouvrages répertoriant étudiant ces créatures connaissent le succès éditorial : Katharine Briggs, Brian Froud et Alan Lee en Angleterre, Pierre Dubois, Édouard Brasey et Marie-Charlotte Delmas en France. Quelques auteurs des littératures de l'imaginaire et bon nombre d'illustrateurs de fantasy incluent désormais les fées à leur répertoire.
Dans le monde anglo-saxon, le terme consacré de fairy tale (« conte de fées »), ambigu, est fréquemment remis en cause par les folkloristes : ils lui préfèrent celui de « wonder tale » (« conte merveilleux »), qu'ils distinguent des tales about fairies (contes à propos de fées, faisant réellement intervenir des fées)203.
Notes et références
Notes
- Définitions lexicographiques [archive] et étymologiques [archive] de « Elfe » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales ; à rapprocher de la racine indo-européenne *albh (« blanc », « clair ») ayant donné en latin albus.
- Littré : « XIIe s. Atant es vous Auberon le faé, Huon de Bordeaux, v. 3855. XIIIe s. Moult ont Jason entr'eus loé ; Bien dient tous qu'il est faé, Du Cange, fadus. ».
- Littré : « En normand, on dit aussi au masculin « fé » : le fé amoureux, héros d'une légende populaire. — Dans le Chablais, « fighe », « fie » ; dans le Jura français, « fau » ou « fé » ; dans le canton de Vaud, « fatha » ou « fada », en provençal : fada. »
- Littré : « Douer de propriétés magiques. Les vieux contes disent souvent : Je vous fée et refée. Mais qu'au combat où rien ne sert armure, Où rien ne sert qu'on ait féé la peau…, Deshoul., Rondeau redoublé au duc de St-Aignan ».
- Les elfes et les lutins font l'objet de deux autres encyclopédies de Pierre Dubois : La Grande Encyclopédie des elfes et La Grande Encyclopédie des lutins.
- Claudine Glot remarque que la fée Viviane est la fois l'amante de Merlin et la marraine de Lancelot, par exemple.
- Voir la série d'ouvrages inachevés de Paul-Yves Sébillot, Le Folklore de France, publiés chez Maisonneuve et Larose.
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Annexes
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Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
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Ouvrages fondateurs
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Elfe
Cet article concerne la créature légendaire. Pour les autres significations, voir Elfe (homonymie).
Un elfe est une créature légendaire anthropomorphe dont l'apparence, le rôle et la symbolique peuvent être très divers. À l'origine, il s'agissait d'êtres de la mythologie nordique, dont le souvenir dure toujours dans le folklore scandinave. Les elfes étaient originellement des divinités mineures de la nature et de la fertilité. On les retrouve dans la mythologie celtique, puisque quelques textes irlandais et écossais les évoquent.
Leur figure est reprise plus tard dans la littérature, comme élément merveilleux du conte de fées et de la fantasy. Le succès des récits de J. R. R. Tolkien, dans lesquels des personnages beaux, nobles et sages sont désignés comme des elfes en font un archétype du personnage de fantasy et du jeu de rôle. L'apparence de l'elfe dans la perception des connaisseurs de la fantasy s'est modifiée du fait de son succès littéraire. Ils deviennent des êtres d'apparence jeune et de grande beauté, vivant le plus souvent dans des forêts, considérés comme immortels et dotés de pouvoirs magiques, et se distinguant physiquement des humains par leurs oreilles pointues et une apparence plus svelte[réf. nécessaire].
Étymologie et terminologie
La description la plus ancienne des elfes provient de la mythologie nordique. Dans les textes médiévaux en vieux norrois (ancien islandais), ils sont nommés álfar (au singulier álfr)1. Ce nom a donné dans les langues scandinaves modernes :
- islandais : álfur (pluriel álfar), álfafólk (« peuple des elfes »)
- danois : elver, elverfolk, parfois ellefolk ou alf (pluriel alfer)
- norvégien : alv (pluriel alver), alvefolk
- suédois : alv (pluriel alver), au féminin älva (pluriel älvor)
L'ancien mot scandinave álfar dériverait d'une racine proto-indo-européenne, albh, signifiant « blanc », qui se retrouve par exemple dans le latin albus « blanc »2. Cette théorie linguistique explique que des noms semblables au álfar se retrouvent aussi dans les langues germaniques anciennes et modernes. Ces noms présentent souvent des variantes, dues à des différences dialectales ou à des influences d'une langue à l'autre, du fait de la large circulation du thème littéraire.
De nombreux prénoms germaniques sont tirés du nom de l'elfe : en vieil anglais : Ælfric, Ælfwine, Ælfréd (moderne Alfred), en allemand Alberich. C'est aussi le cas de quelques anciens noms français d'origine germanique, tels qu'Auberon et Aubry.
Mythologie nordique
La présence de créatures étymologiquement liées aux álfar dans nombre de folklores postérieurs suggère fortement que la croyance dans les elfes fut commune parmi les peuples germaniques, non limitée exclusivement aux peuples de la Scandinavie antique, et qu'elle a perduré après la christianisation.
Les elfes apparaissent de diverses manières dans la mythologie nordique : ils peuvent relever tantôt de la mythologie inférieure (fréquemment confondus avec les nains), tantôt d’origines divines (la Völuspá les cite souvent à côté des Ases), peut-être même d’influences orientales ou chrétiennes (les chérubins, par exemple)1.
Associés à la fertilité et au culte des ancêtres, liés selon le Grímnismál aux fylgjur et aux vörðar (esprits totémiques protecteurs) ainsi qu'aux dieux Freyr et Vili, ils sont généralement décrits comme des êtres semi-divins et il en existe des variantes lumineuses (ljósálfar), noires (svartálfar) et obscures (dökkálfar) - ces deux derniers termes désignant peut-être la même catégorie1. Ils ont été considérés comme analogues aux nymphes, aux sylphes6 et aux roussalques7.
L'historien et mythographe islandais Snorri Sturluson compte parfois les nains nordiques parmi les « elfes sombres » ou les « elfes noirs » mais c'est un abus de langage car il s'agit de deux types de créatures différentes : les « elfes sombres » habitant en Svartalfheim tandis que les nains sont en Nidavellir8. Sturluson se réfère aux autres Elfes comme « elfes lumineux » habitant l'Álfheimr (« foyer des elfes ») et les associe à l'étymologie de elf (« blanc »). Il différencie les Elfes d'après l'Edda (Gylfaginning 17) :
« Staðr d'einn de Sá heu þar, heu kallaðr heu Álfheimr. Þat de fólk de byggvir de Þar, heu heita de Ljósálfar, jörðu de í de niðri de búa d'en Dökkálfar, reyndum correct de ólíkari de miklu d'ok de sýnum de þeim de ólíkir de þeir d'eru. Sýnum de sól d'en de fegri d'eru de Ljósálfar, bik d'en de svartari d'eru d'en Dökkálfar. »
« Il y a un endroit là [dans le ciel] qui s'appelle la demeure elfe (Álfheimr). Les gens qui y vivent sont appelés les elfes lumineux (ljósálfar). Mais les elfes sombres (dökkálfar) vivent ci-dessous dans la terre, et ils ont une tout autre apparence — et très différents d'eux en réalité. Les Elfes Lumineux sont plus lumineux que le soleil en apparence, mais les Elfes Sombres sont plus ténébreux que9… »
En ce qui concerne les « nains », communément liés à l'exploitation des mines, il n'est pas certain que cela ne désigne pas une croyance scandinave médiévale plus tardive10.
D'autres éléments à propos des Elfes dans la mythologie nordique proviennent de la poésie scaldique, de Edda poétique et des sagas légendaires. Les Elfes y sont liés au Æsir, en particulier par l'expression commune « Æsir et les Elfes », qui signifie vraisemblablement « tous les dieux »11. Quelques universitaires ont comparé des Elfes aux Vanir (dieux de fertilité), mais dans Alvíssmál (« les Dires de Sagesse »), les Elfes sont distingués des Vanir et Æsir, comme indiqué par une série de noms comparatifs dans lesquels Æsir, Vanir, Elfes ont leurs propres traductions pour différents mots — reflétant ainsi leurs préférences raciales. Il est possible que ces mots indiquent une différence dans le statut entre les dieux principaux de Fertilité (les Vanir) et les divinités mineures (les Elfes).
Le Grímnismál relate que Freyr était le seigneur du Álfheimr (« monde des elfes »), la demeure des elfes lumineux. Lokasenna relate qu'un grand groupe de Æsir et d'Elfes s'étaient réunis à la cour de Ægir pour un banquet. Plusieurs êtres mineurs, domestiques des dieux, à l'exemple de Byggvir et Beyla, sont présentés comme appartenant à Freyr, seigneur des Elfes, et ceux-ci sont probablement eux aussi des Elfes, puisqu'ils n'ont pas été comptés parmi les dieux. On mentionne aussi un autre domestique, Fimafeng (assassiné par Loki) et Eldir.
Interprétation de Paracelse
Paracelse, dans son Astronomia magna (1537) et dans le Liber de nymphis, sylphis, pygmaeis et salamandris, compte sept races de créatures sans âme : les génies à forme humaine mais sans âme ni esprit (inanimata) des Éléments, les géants et les nains, les nains sur la terre. Il croit aux génies des quatre Éléments. La Terre, par génération spontanée, produit des nains qui gardent les trésors sous la montagne ; l'Eau produit les ondines ; le Feu, les salamandres ; l'Air, les elfes. Ensuite viennent les géants et les nains issus de l'air, mais qui vivent sur la terre.
« Le mot inanimatum désigne six familles d'hommes sans âme… Ces hommes sans âme sont d'abord ceux des quatre familles qui habitent les quatre Éléments : les nymphes, nymphae, filles de l'eau ; les fils de la terre, lémures, qui habitent sous les montagnes ; les esprits de l'air, gnomi ; les génies du feu, vulcani. Les deux autres familles sont composées d'hommes qui sont également nés sans âme ; mais qui, comme nous, respirent en dehors des Éléments. ce sont d'une part les géants et d'autre part les nains qui vivent dans l'ombre des forêts, umbragines… Il existe des êtres qui demeurent naturellement au sein d'un même Élément. Ainsi le phénix, qui se tient dans le feu comme la taupe dans ta terre. Ne soyez pas incrédules, je le prouverai ! Quant aux géants et aux nains de la forêt, ils ont notre monde pour séjour. Tous ces êtres sans âme sont produits à partir de semences qui proviennent du ciel et des Éléments, mais sans le limon de la terre… Ils viennent au monde comme les insectes formés dans la fange [par génération spontanée]. »
— (Paracelse, La grande astronomie. Astronomia magna (1537), trad., Dervy, 2000, p. 159–160.)
Folklore européen
La distinction entre les alfes clairs du ciel et les alfes noirs des demeures souterraines dans la religion nordique ancienne influence la vision de ces créatures12, Snorri Sturluson confond d'ailleurs les Alfes noirs, forgerons et gardiens de trésors, avec des nains8. Les hommes se méfient des nains et des alfes noirs, alors que les alfes clairs demeurent foncièrement bénéfiques13.
Lors de la christianisation des Germano-Scandinaves, la croyance aux elfes, assimilée au paganisme, est sévèrement combattue14 : l'elfe entre dans la famille des démons du cauchemar. Du VIIe siècle au IXe siècle, les elfes, qui étaient vénérés dans les pays germaniques, sont rapprochés des nains maléfiques15,16.
Un important syncrétisme se met en place. Dès le Xe siècle, la distinction entre les petits dieux issus des croyances païennes s'estompe12, et les gloses des textes latins « attestent la fusion de créatures différentes »17. La confusion entre nains et elfes va jusqu'au rapprochement définitif, bien que les textes du Moyen Âge laissent entrevoir quelques indices sur leur origine. « Sans doute bien entamée à l'époque de Perrault », la fusion des croyances est entretenue par la minimalisation des savoirs populaires au profit des textes gréco-latins, d'après l'historien de l'art Jérémie Benoît18.
Comme pour les autres êtres légendaires diaphanes et féeriques, il est possible que la croyance aux elfes se soit, entre autres, nourries de l'observation de phénomènes naturels alors inexpliqués tels que les brumes se déplaçant rapidement selon la turbidité atmosphérique ou diffusant les faibles luminosités naturelles, les feux follets ou la bioluminescence19,20.
Folklore scandinave
Dans le folklore scandinave, mélange postérieur de mythologie nordique et chrétienne, l'elfe est nommé elver en danois, alv en norvégien, alv (masculin) ou älva (féminin) en suédois.
Le terme norvégien apparaît rarement dans le folklore, et quand il est utilisé, c'est comme synonyme de huldrefolk (« peuple caché ») ou vetter, sortes de « lutins » liés à la terre, s'approchant davantage des nains de la mythologie nordique que des elfes. Au Danemark et en Suède, les elfes apparaissent comme distincts du vetter, bien que la frontière entre les deux créatures soit mal délimitée. Les petites fées ailées du folklore britanniques (pixie) sont souvent désignées comme älvor en suédois moderne ou alfer en danois, bien que la traduction correcte soit feer. De manière similaire, l'elfe du conte de fées L'Elfe de la rose de l'écrivain danois Hans Christian Andersen est si minuscule qu'il peut avoir un bouton de rose pour maison, et a les « ailes qui partent des épaules jusqu'aux pieds ». Cependant, dans La Colline des elfes du même auteur, les elfes sont plus semblables à ceux du folklore traditionnel danois : de splendides femelles, vivant dans les collines et les rochers, capables de faire danser un homme jusqu'à la mort. Comme le huldra en Norvège et en Suède, ils sont illusions une fois vus de dos.
Les elfes de la mythologie nordique semblent ainsi avoir survécu dans le folklore principalement comme femelles, vivant dans les collines et monticules de pierres (les tertres)21. Si la croyance au petit peuple est rare en France, les pays scandinaves connaissent une situation radicalement différente. Une école islandaise existe depuis 1991 pour promouvoir l'étude de ces créatures, et délivre un diplôme d'« études et recherches sur les elfes et autres peuples invisibles ». En vingt ans, 8 000 personnes l'ont décroché22.
Folklore des régions germaniques
Ce qui subsiste des elfes dans le folklore des régions de langue allemande est leur nature espiègle et malfaisante. Ils étaient estimés capables de causer des maladies au bétail et aux gens. Ils apportent également de mauvais rêves aux dormeurs. Le mot allemand pour cauchemar, Albtraum ou Alptraum, signifie littéralement « rêve d'elfe ». Sa forme archaïque Albdruck signifie « pression d'elfe » ; la croyance populaire attribuait les cauchemars à un elfe assis sur la tête du dormeur. Cet aspect de la croyance elfique germanique correspond en grande partie à la croyance scandinave du mara. Elle est également semblable aux légendes concernant les incubes et les succubes, que l'on peut relier aux phénomènes d'apnée du sommeil.
Le « roi elfe » Alberich, probablement issu des croyances des Francs, devient le roi des nains dans l'épopée allemande médiévale du Nibelungenlied, attestant de la confusion entre ces deux types de personnages23. Dans la littérature française, il est à l'origine du nom d'Aubéron, un nain de la chanson de geste médiévale Huon de Bordeaux.
Le « roi elfe » apparaît de temps en temps au Danemark et en Suède. En Norvège, Alberich donne le voleur nain Alfrik dans la Saga de Théodoric de Vérone24. On trouve une postérité aux elfes du folklore germanique dans la tétralogie de L'anneau du Nibelung du compositeur allemand Richard Wagner. Ce dernier construit une mythologie personnelle qui s'inspire à la fois des Eddas scandinaves et du Nibelungenlied germanique, avec reprise, notamment, du personnage d'Alberich.
Conformément à l'Edda de Snorri Sturluson, les « Albes » de Wagner sont de deux natures :
- les « Lichtalben », « Elfes de lumière », assimilés par Wagner aux ases de l'Edda et aux dieux du panthéon germanique ayant Wotan à leur tête, qui se qualifie lui-même de « Licht-Alberich »25 ;
- les « Schwarzalben », « Elfes noirs », assimilés aux nains, peuple du Nibelheim, qui ont à leur tête Alberich, qualifié de « Schwarz-Alberich » par Wotan26.
Dramatiquement, l'opposition entre « Licht-Alberich » et « Schwarz-Alberich » est structurante pour l'œuvre entière27 mais on aurait sans doute tort de n'y voir qu'une opposition simpliste entre bien et mal.
En effet, la première atteinte contre la nature (boire à la source de la sagesse et blesser le Frêne du Monde afin d'y tailler une lance, symbole du pouvoir sur le monde28) est accomplie par Wotan, l'Elfe lumineux, bien avant qu'Alberich, l'Elfe noir, ne se rende coupable du vol de l'or du Rhin et de forger l'anneau, source apparente du drame qui est au centre de l'œuvre. L'opposition des deux Elfes apparaît alors plutôt comme les deux faces d'une même réalité, la commune soif de puissance.
Folklore anglais
Cercle des elfes
On dit que l'on peut voir danser les elfes dans les prés, particulièrement les nuits et les matins brumeux. Ils laissent des espèces de cercles à l'emplacement de leur danse, dénommés älvdanser (« danses d'elfes ») ou älvringar (« cercle d'elfes »). Ces cercles ont donné naissance à de nombreuses légendes au Moyen Âge pour tenter de les expliquer : nymphes, dryades, elfes et gnomes en seraient les responsables. Uriner dans l'un de ces cercles est censé provoquer des maladies vénériennes. Typiquement, ces cercles sont tracés par une multitude de petits champignons, mais ils peuvent être également tracés par le dessin d'herbes foulées contre le sol.
Les elfes dans la fantasy moderne
L'elfe, dont l'image est aujourd'hui bien différente du
nain dans la culture populaire depuis le milieu du
XXe siècle, a été confondu avec lui des siècles durant.
L’œuvre de J. R. R. Tolkien, publiée à partir de 1937, a marqué un tournant dans l'appréhension des créatures mythologiques qu'il met en scène, elfes comme nains, orcs et de nombreux autres. En effet, alors que les elfes mythologiques étaient de petits esprits évanescents et plus ou moins solitaires, celui-ci en fit une civilisation organisée, avec ses villes, ses chefs, sa politique, sa généalogie, sa technologie et bien sûr sa langue, et modifia considérablement leur apparence et leurs pouvoirs - ils deviennent notamment sous sa plume interféconds avec les humains. C'est lui aussi qui introduit l'opposition entre elfes et nains, alors que ces créatures étaient relativement proches dans le folklore qui précédait (avec les gnomes - relativement ignorés par Tolkien - et plusieurs autres types d'esprits). L'influence de Tolkien sur toute la littérature de fantasy intégra cette nouvelle représentation dans un large pan de la culture populaire, et notamment dans la littérature, le cinéma et le jeu vidéo.
Apparence
Globalement, les elfes ressemblent beaucoup aux hommes malgré quelques différences cosmétiques. Depuis leur apparition, les elfes sont représentés avec les oreilles pointues[réf. nécessaire], ce qui permet de les distinguer des humains sans ambiguïté. Ils sont généralement blonds avec de longs cheveux lisses, et de stature plutôt filiforme.
Dans une lettre à Naomi Mitchison, il écrit : « ils représentent réellement des Hommes doués de facultés esthétiques et créatrices beaucoup plus développées, d'une beauté supérieure et d'une vie plus longue, et de noblesse29 ». Ils sont souvent d'une grande beauté et paraissent, à de rares exceptions près, éternellement jeunes. Ils sont nommés le « Beau Peuple » dans Eragon de Christopher Paolini. La silhouette des elfes est svelte : ils sont grands, minces, élancés et très gracieux.
Dans le légendaire de Tolkien, les elfes possèdent de magnifiques chevelures. Quelques auteurs ont repris cette idée, comme Michel J. Lévesque pour ses Elfes de lumière. Cependant, les cheveux longs ne sont pas une caractéristique prédominante pour un elfe. Chez les hommes, la jeunesse apparente est renforcée par l’absence de barbe. En effet, les elfes mâles sont, à quelques rares exceptions près, imberbes. L'absence de pilosité a été largement reprise dans les livres.
Dans les œuvres et les univers de fiction
Des elfes apparaissent dans de nombreux récits de la littérature de fantasy moderne comme :
Des écrivains ont également inventé des races s'inspirant des elfes : par exemple les faëls de Pierre Bottero, les enfants de la forêt de George R. R. Martin ou les lios alfars de Guy Gavriel Kay.
Les elfes ont aussi une place très importante dans les jeux vidéo, les jeux de rôle ou de plateaux. Des elfes (ou des créatures semblables portant un nom différent) sont présents dans l'univers des jeux suivants :
- l'univers de Warcraft,
- l'univers de The Elder Scrolls, (appelés Mer)
- la série The Legend of Zelda (appelés Hyliens),
- la série Tales of Phantasia,
- la série Lineage,
- la série Final Fantasy,
- la série Dragon Age,
- Magic : l'assemblée,
- Archlord,
- Le Donjon de Naheulbeuk,
- Donjons et Dragons,
- Warhammer,
- Warhammer 40,000,
- Le monde de Palladium,
- Glorantha,
- Shadowrun,
- Age of wonders,
- Heroes of Might and Magic,
- The Witcher,
- Baldur's Gate,
- Wesnoth…
La série télévisée Les Chroniques de Shannara s'inspirent des elfes et de leur monde. Les elfes sont l'une des trois grandes apparaissant dans la série Le Prince des dragons aux côtés des humains et des dragons.
Caractéristiques
Tout d'abord, les elfes sont immortels ou alors possèdent une longévité exceptionnelle. Une fois à l'âge adulte, ils ne vieillissent pas. Les maladies n'ont presque aucun effet sur eux. Seule une blessure grave ou un profond chagrin peut les faire mourir. Dans de nombreux récits, on retrouve des elfes ayant plusieurs centaines voire plusieurs milliers d'années d'existence. Cette immortalité, même relative, leur donne évidemment une vision de la vie et du monde totalement différente de celle des humains. Les elfes ont un penchant pour la mélancolie et la nostalgie.
Les elfes sont généralement plus intelligents que les humains, ou du moins dotés d'une plus grande sagesse, en partie grâce à leur longévité exceptionnelle. Ils possèdent un savoir ancestral, notamment dans le domaine des arbres, des plantes… Ils vivent en effet très proches de la nature. Ce concept est probablement issu des mythologies nordique et germanique (les elfes étaient des divinités mineures de la nature).
Ils sont parfois dotés de pouvoirs magiques.
Les Elfes sont dotés d'une très grande beauté voire d'une beauté exceptionnelle et éthérée, ils sont sveltes et très minces pouvant paraître fragiles comme du verre, leur grâce est souvent décrit comme aérienne et ils possèdent souvent une abondante et belle chevelure
Leurs sens sont particulièrement affinés et de loin supérieurs à ceux des hommes, en particulier pour ce qui concerne la vue et l’ouïe. Leur vision est excellente. Ils ont aussi une vision nocturne dans certains récits ou jeux, comme Shadowrun ou Le monde de Palladium. La voix des elfes est particulièrement agréable à écouter. Elle est parfois comparée au murmure de l’eau. Dans certaines histoires, le chant des elfes a une relation à la magie.
Ils sont dotés d'une très grande agilité et sont très rapides. Leur réputation d'excellents archers est légendaire, ce sont de redoutables chasseurs et de fins guerriers. Depuis Tolkien, cette vision a été reprise, modifiée et largement véhiculée dans beaucoup d'œuvres littéraires ou de jeux de rôles. Les elfes sont souvent représentés un arc à la main.
Civilisation elfique
Dans la plupart des cas, les elfes ont ou ont eu une civilisation. Les caractéristiques de celle-ci varient selon les univers de fiction mais on peut noter que certaines particularités sont fréquentes :
- Déclin démographique dû à une faible fécondité et/ou une implication, volontaire ou non, dans de nombreuses guerres ;
- Réputation d'un raffinement extrême ;
- Proche de la nature et des milieux naturels (forêts, montagnes, etc.) ;
- Civilisation d'un grand esthétisme et très harmonieuse ;
- Retrait de la dite civilisation par rapport au reste du monde ;
- Âge très ancien de celle-ci.
La civilisation elfique est toujours plus proche de la nature, beaucoup plus harmonieuse, plus raffinée, et plus esthétique par rapport aux civilisations humaines qui apparaissent souvent brutales et sauvages ou du moins beaucoup plus primitives. Les elfes éprouvent généralement de la haine envers les nains notamment du fait de leur physique : les elfes sont grands, fins et élancés, tandis que les nains sont petits, trapus et résistants. De nombreux auteurs ont accentué cette opposition en associant les elfes aux milieux forestiers, proches de la nature, et les nains aux cavernes, aux mines et aux forges. C'est le cas par exemple dans le monde de Warhammer, Le Hobbit, Le Seigneur des anneaux ou dans les Royaumes oubliés ou encore dans la saga Tara Duncan.
La société elfique est parfois considérée comme élitiste et hiérarchisée. La plupart du temps, un roi ou une reine est à la tête de celle-ci. Il existe aussi une noblesse elfique. Dans l'univers de Warhammer, les elfes ont un vif intérêt pour la politique.
Langues elfiques
Les langues elfiques (également appelées simplement elfique ou elfe) sont des langues imaginaires parlées par les peuples elfes de diverses œuvres de fantasy. Leur degré d'élaboration est très variable, de la simple allusion à l'élaboration d'une véritable langue construite.
En particulier, J. R. R. Tolkien, en parallèle à l'écriture des récits de la Terre du Milieu, a inventé une série de langues elfiques dont l'existence ne se réduit pas à leur mention en narration ; avec d'autres langues non-elfiques placées dans le même monde imaginaire, elles forment l'ensemble des langues de la Terre du Milieu. Elles sont l'objet d'étude de l’Elvish Linguistic Fellowship. Dans Eragon, les elfes parlent une langue nommée « ancien langage ».
Dans l'univers de Warcraft, plusieurs langue elfique se côtoie notamment le Darnassien et le Thalassien pour les principaux. La chanson du jeu World of Warcraft : Burning Crusade, La complainte des Bien-nés est intégralement chanté en langue elfique thalassien30.
Les différentes races d'elfes
Il existe généralement plusieurs peuples ou races d'elfes qui se ressemblent selon l’œuvre dans lesquels on les retrouvent et ont tendance à s'opposer, comme les Hauts-Elfes dans l'univers de Warcraft (qui s'apparente aux elfes de lumière) qui ont des déclinaisons comme les Elfes de Sang ou les Elfes du Vide, tous trois issus du même peuple mais souvent antagonistes, malgré des temps de paix.
D'autres œuvres présentent les elfes des bois (ou elfes sylvains), les elfes gris (ou elfes de lune), les elfes de l'eau (ou ondines)… Les elfes noirs, ou drows, sont le plus souvent la contrepartie obscure des elfes. Dans de nombreux jeux ou récits, ils sont très souvent en guerre avec les autres races d'elfes (ces spécifications sont assez courantes dans certains jeux vidéo ou jeux de plateau).
Notes et références
- Boyer 1997.
- Entrée elfe [archive] dans l'Online Etymology Dictionary.
- Boswaoth & Toller, An Anglo-Saxon Dictionary, entrée ælf [archive].
- Deutsches Wörterbuch [archive] de Jacob et Wilhelm Grimm, entrées ALB, ALP, ELB, ELBE, ELF, ELFE.
- Deutsches Wörterbuch [archive] de Jacob et Wilhelm Grimm, entrée ALB.
- Paracelse, Le livre des nymphes, des sylphes, des pygmées, des salamandres et de tous les autres esprits, trad. de l'all., éd. Lacour, Nîmes 1998
- Dimitri Konstantinovitch Zelenine, (ru) Димитрий Константинович Зеленин, Очерки русской мифологии: умершие неестественной смертью и русалки (« Essai de mythologie russe : les morts de mort non naturelle et les roussalkas »), Petrograd 1917).
- Lecouteux 1988, p. 130.
- Traduction libre, d'après Snorri Sturluson, The Younger (or Prose) Edda, Rasmus B. Anderson translation (1897), chap. 7.
- Alaric Timothy Peter Hall, The Meanings of Elf and Elves in Medieval England, université de Glasgow, 2004, p. 31–35.
- Hall 2004, p. 37–46.
- Lecouteux 2010, p. 10.
- Adelson 2005, p. 103.
- Adelson 2005, p. 104.
- Claude Lecouteux dans Le Bris et Glot 2002, p. 27.
- Sophie Bridier, « Les elfes et les nains : Étude d'une figure mythique », dans Le cauchemar, Presses Paris Sorbonne, coll. « Traditions et croyances », (ISBN 9782840502029, présentation en ligne [archive]), p. 53–55.
- Lecouteux 2010, p. 20.
- Benoît 2001, p. 242.
- Lecouteux 2010.
- Démons et génies du terroir au Moyen Âge (préf. Régis Boyer), Paris, Imago, , 218 p. (ISBN 2-902702-88-4 et 978-2-902702-88-6, présentation en ligne [archive]).1988. 3e éd. mise à jour, Paris, 2004, 207 p. Trad. Traduit en tchèque et en espagnol.
- Un compte-rendu daté de 1926 - Hellström (1990). En Krönika om Åsbro (ISBN 9171947264), p. 36.
- Anna Andersen, « Diplômés de l’École des elfes », Courrier international, (lire en ligne [archive]).
- Lecouteux 1988, p. 63–77.
- (non) Saga de Théodoric de Vérone, XIIIe siècle, traduction de Lecouteux 2010, p. 165–166.
- « …Lichtalben sind sie; Licht-Alberich Wotan, waltet der Schar. », « …Ce sont les elfes de lumière ; Alberich le clair, Wotan règne sur cette légion », Siegfried, acte I, scène 2.
- « …Scharzalben sind sie; Schwarz-Alberich hütet'als Herrscher sie sie einst! », « Ce sont les elfes noirs ; Alberich le sombre régnait jadis sur eux ! », Siegfried, acte I, scène 2.
- Toutefois, Wagner évoque rarement cette opposition comme étant un conflit entre elfes lumineux et elfes noirs. Une allusion ironique d'Alberich y fait référence à propos de l'équivoque amitié de Loge, le dieu du feu : « Den Lichtalben lacht jetz Loge, der list'ge Schelm… », « Loge est à présent l'allié de l'Elfe de lumière ; quel rusé compère ! » Plus loin, Alberich menace directement les elfes de lumière, les dieux, dont Wotan est le chef : « …den Schwarzalben verachtet ihr ewigen Schwelger! habt acht! Habt acht! », « Vous méprisez l'Elfe noir éternels jouisseurs ! prenez garde ! prenez garde ! », L'Or du Rhin, scène 3.
- Lire à ce propos le récit des Nornes dans Götterdämmerung, prologue scène 1, notamment les vers « Von der Weltesche brach da Wotan einem Ast; », « dürr darbte der baum », « die Esche sank, ewig versiegte der Quell », « Wotan rompit alors une branche du frêne du monde […] l'arbre se dessécha […] l'arbre tomba,la source tarit pour toujours ».
- J. R. R. Tolkien, Christopher Tolkien et Humphrey Carpenter (trad. Delphine Martin et Vincent Ferré), Lettres [« Letters of J.R.R. Tolkien »] [détail des éditions], no 144, p. 176.
Voir aussi
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Sources
- Paracelse, Le livre des nymphes, des sylphes, des pygmées, des salamandres et de tous les autres esprits (Liber de Nymphis, sylphis, pygmaeis et salamandris et de caeteris spiritibus), trad. de l'all., Nîmes, Lacour, 1998, 308 p.
- Nicolas Pierre Henri de Montfaucon de Villars, Le comte de Gabalis (1670) [1] [archive].
Bibliographie
- Recueils
- Études
- Essais
Articles connexes
Liens externes
Centaure
Centaures en chasse : ils ont capturé un chevreau, et celui de gauche tient un arbre déraciné. Un renard les accompagne. Face B d'une amphore grecque à figures noires, 540-530 av. J.-C. Trouvé en Italie.
Une étymologie ancienne, contestée depuis (notamment par Julius Pokorny qui rapproche la finale αῦρος {du mot κένταυρος} du latin ūrus), fait dériver leur nom de deux mots grecs : κεντεῖν / kenteîn, « piquer », et ταῦρος / taûros, « taureau ». Dans l’Iliade, Homère utilise le mot φήρ / phếr, « bête » (I, 268 et II, 743) pour désigner les adversaires de Pirithoos, décrits comme de sauvages habitants des montagnes de la Thessalie. Le terme de « centaure » est réservé à Chiron, « le plus juste des centaures » et aussi le plus connu (XI, 832).
Le comparatiste Georges Dumézil, puis d'autres spécialistes, ont rapproché le mot grec de celui des êtres célestes que sont les Gandharvas cités dans les Védas indiens1.
Mythes antiques
Les centaures sont décrits comme ayant la partie inférieure équine. Ils vivaient à l'origine sur le mont Pélion, en Thessalie. Parmi les plus connus : Chiron (centaure connu pour sa sagesse, qui sert de précepteur à de nombreux héros grecs dont Achille et Jason), Pholos (un centaure calme, ami d'Héraclès) et Nessos (un centaure sauvage qui tente d'enlever l'épouse d'Héraclès Déjanire, avant d'être tué par lui). La mythologie grecque compte plusieurs autres centaures : Eurytion, Hyléos et Rhoécos, Crotos, Thérée.
L'agression d'Atalante
Atalante croise un jour la route de deux centaures, Hyléos et Rhoécos : ceux-ci veulent abuser de la jeune vierge, mais sont transpercés par ses flèches.
Le combat contre les Lapithes
Les centaures du Mont Pélion avaient pour voisins les Lapithes, dont ils descendaient. Ils sont invités à l'occasion du mariage du roi Pirithoos avec Hippodamie (tout comme Thésée), mais le banquet tourne mal : plusieurs centaures ivres, notamment Eurytion, tentent de violer Hippodamie et d'autres femmes lapithes qui étaient aussi des dieux. Un combat s'engage, au cours duquel de nombreux centaures sont tués. Les autres, chassés du mont Pélion, se réfugient pour la plupart autour de Pholos sur le mont Pholoé.
Le poète latin Ovide imagine, dans ce contexte, l'histoire de Cyllare, centaure d'une grande beauté tué par les Lapithes. Son épouse, la centauresse Hylonomé, affligée par sa mort, se suicide2.
Le combat contre Héraclès
Tandis qu'il traquait le sanglier d'Érymanthe, Héraclès est un temps l'hôte de Pholos. Il exprime un jour le souhait de boire du vin : Pholos le prévient qu'il n'ose ouvrir la jarre à vin, commune à tous les centaures. Mais sur l'insistance du héros, il s'y résout : les autres centaures, sentant l'odeur du vin, deviennent alors furieux et se jettent sur Héraclès, qui en tue plusieurs et pourchasse les autres.
Mort de Chiron et dispersion des centaures
Après avoir été chassé du mont Pélion, Chiron s'installe au cap Malée. Or, les autres centaures, toujours traqués par Héraclès, parviennent jusqu'à lui ; là, le héros utilise ses flèches empoisonnées et en décoche une par mégarde sur Chiron, son tuteur. Celui-ci, rongé de douleurs, mais ne pouvant mourir parce qu'il est immortel, obtient finalement de Zeus de mourir à la place de Prométhée.
Les rares survivants sont par la suite dispersés dans le Péloponnèse ou près d'Éleusis, avec l'aide de Poséidon qui en cache certains.
Principales représentations dans les arts antiques
La riche poterie mycénienne trouvée à Ougarit comprenait deux figures fragmentaires en terre cuite mycénienne qui ont été provisoirement identifiées comme des centaures. Cette découverte suggère une origine datant de l'âge du bronze pour ces créatures mythiques3. Un centaure en terre cuite peinte a été trouvé dans la « tombe du héros » à Lefkandi, et à l'époque géométrique, les centaures figurent parmi les premières figures figuratives peintes sur la poterie grecque. Un bronze d'époque géométrique souvent publié d'un guerrier face à face avec un centaure se trouve par exemple au Metropolitan Museum of Art.
Durant l'époque classique grecque, les métopes du Parthénon, qui décorent le Parthénon, grand temple d'Athéna à Athènes, arborent plusieurs bas-reliefs dont l'un représente le combat entre les Centaures et les Lapithes. Ce combat figurait également sur le fronton ouest du temple de Zeus à Olympie.
Les Centaures de Furietti sont une paire de sculptures datant de l'époque hellénistique et représentant deux centaures, l'un jeune et l'autre vieux.
L'art romain antique, influencé par la mythologie grecque, représente lui aussi fréquemment des centaures. Les Thermes de Trajan d'Acholla, construits par l'empereur romain Trajan à Acholla (dans l'actuelle Tunisie) au IIe siècle, arborent de nombreuses mosaïques, dont un plafond montrant un combat entre des centaures et des fauves. Un autre exemple est la paire de centaures dessinant le char de Constantin le Grand et sa famille dans le Grand Camée de Constantin (vers 314-16), qui incarne des images entièrement païennes, et contraste fortement avec l'image populaire de Constantin en tant que patron de christianisme primitif4.
Analyses du mythe antique
Squelette factice de centaure articulé.
Si l'on excepte Pholos et Chiron, tous deux « avisés » (leur parenté est d'ailleurs différente des autres), les centaures symbolisaient pour les Grecs les appétits animaux (concupiscence et ivresse en sont les traits caractéristiques). Ainsi le combat contre les Lapithes peut se lire comme une parabole de l'affrontement des états civilisé et sauvage.[réf. nécessaire]
L'origine de leur représentation est généralement expliquée ainsi : le cheval a été introduit en Grèce dès le XVIe siècle av. J.-C., mais n'était alors utilisé que comme bête d'attelage ; les centaures représenteraient, dans les légendes de l'Âge héroïque, les premiers cavaliers.
Les types de centaures
Il existe quatre types de centaures : le bucentaure, dont le corps est celui d'un taureau, assimilé au Minotaure ; l'onocentaure, avec un corps d'âne ; l'ichtyocentaure, aussi appelé centaure-triton ou centaure marin, avec un corps de poisson et des pattes avant de cheval (cheval marin qui tire le char de Poséidon) ; et le centaure commun, aussi appelé hippocentaure, avec un corps de cheval et un buste d'homme.
Les centaures de l'Antiquité sont en principe de sexe mâle. Mais, par la suite, on trouve des représentations de centaures femelles, appelées centauresses.
Le centaure est une figure héraldique imaginaire correspondant à sa figuration mythologique. Il est par défaut armé d'une massue. Sa variante principale est le centaure-sagittaire, qui tire à l'arc.
Évocations dans les arts après l'Antiquité
Littérature
Les mythes mettant en scène les centaures sont régulièrement évoqués par les écrivains. Le poète romantique français Maurice de Guérin compose un poème en prose intitulé Le Centaure en 18405. Le poète parnassien français Leconte de Lisle inclut dans son recueil Poèmes antiques en 1852 un poème intitulé « La Robe du centaure » où il relate la mort d'Héraclès tué par le poison du centaure Nessos. Autre parnassien, José-Maria de Heredia consacre plusieurs poèmes aux centaures et à leur disparition dans son recueil Les Trophées (1893) : « Nessus », « La Centauresse », « Centaures et Lapithes » et « Fuite de Centaures ».
Le roman en prose poétique d'André Lichtenberger, Les Centaures (1924), un des précurseurs du genre de la fantasy en France, se déroule dans un monde imaginaire fortement inspiré de la mythologie gréco-romaine et où les centaures forment l'un des principaux peuples.
À partir du XXe siècle, les centaures apparaissent régulièrement dans les univers de fantasy qui s'inspirent fréquemment de la mythologie grecque et des bestiaires médiévaux. Ils sont notamment présents dans les suites romanesques Narnia de C.S. Lewis et Harry Potter de J.K. Rowling. On peut aussi les trouver, entre autres fantastiques créatures hybrides, dans le monde de Xanth, de la série de Light Fantasy éponyme de Piers Anthony. Le réalisme magique met lui aussi en scène la figure du centaure, avec le roman Les Grottes de Haydrahodahus de l'écrivain syrien Salim Barakat (2008) et sa suite ẖawāfir muhashshimat fī Haydrahōdahūs (2010).
Peinture
Les Centaures apparaissent très souvent dans les illustrations et les peintures à sujets mythologiques, du Moyen Âge à nos jours.
Les centaures apparaissent collectivement dans des scènes de genre qui les dépeignent comme des êtres pacifiques coulant des jours paisibles dans une campagne idéalisée. Pierre Paul Rubens peint ainsi Les Amours des Centaures en 1635. Eugène Fromentin peint des Centaures et centauresses s'entraînant au tir à l'arc. Vers 1887, John LaFarge peint une Centauresse. Edoardo Ettore Forti peint une Fête des centaures entre 1880 et 1920. Le peintre symboliste allemand Max Frey peint une Centaurine en 1928. Wilhelm Trübner, autre peintre allemand, peint plusieurs tableaux représentant les amours de centaures et de centauresses.
À l'inverse, d'autres peintres conservent une représentation des centaures comme des êtres sauvages. Au XIXe siècle, c'est le cas d'Arnold Böcklin qui peint un Combat de centaures et un Paysage rocheux avec centaures à la chasse.
Sculpture
Bas-relief avec un centaure mâle et un centaure femelle (soit centauresse).
Hôtel d'Albiat ou maison des Centaures à
Montferrand (aujourd'hui
Clermont-Ferrand),
XVe siècle.
Vers 1492, le jeune Michel-Ange sculpte la Bataille des Centaures, un bas-relief représentant des centaures engagés dans un combat contre des humains. Le bas-relief a fait l'objet d'interprétations variées.
En 1985, le sculpteur français César achève une sculpture intitulée Le Centaure, qui décore la Place Michel-Debré, dans le 6e arrondissement de Paris, en France.
Bande dessinée
Outre leurs apparitions fréquentes dans les bandes dessinées adaptées de mythes gréco-romains, les centaures font parfois l'objet d'inventions originales ou de créations plus librement dérivées de ces mythes. La série de bandes dessinées belges Les Centaures, scénarisée et dessinée par Pierre Seron et parue à partir de 1977, a pour personnages principaux deux centaures, Aurore et Ulysse, qui quittent l'Olympe où ils sont nés pour explorer le monde à diverses époques.
Cinéma
Les centaures apparaissent dans plusieurs films, mythologiques ou fantastiques, parmi lesquels :
Jeux vidéo
Les centaures apparaissent logiquement dans les jeux vidéo inspirés de la mythologie grecque et romaine. Dans le jeu de stratégie Age of Mythology, où l'on développe une armée formée de héros et de créatures mythologiques, le centaure figure parmi les unités mythologiques grecques.
Une apparition dans les jeux God of War, qui est une série de jeux où l'on incarne un héros qui s est fait trahir par le dieu Arès et voulant se venger des dieux en les tuant tous un par un.[à développer]
Dans l'univers des jeux vidéo Warcraft, plusieurs tribus rivales de centaures se disputent les terres de Kalimdor, en particulier dans la région de Désolace, dans le MMORPG World of Warcraft qui montre des centaures fils et filles d'un ancêtre nommé Cénarius. Ce sont des centaures pacifiques, protecteurs et gardiens de la nature, à corps de cheval ou de biche.
Notes et références
- Valérie Gitton-Ripoll, Chiron, le cheval-médecin ou pourquoi Hippocrate s’appelle Hippocrate [archive], Actes du colloque international tenu à la Maison de l'Orient et de la Méditerranée-Jean Pouilloux, les 26 et 27 octobre 2006, MOM Éditions, αnnée 2008, 39, p. 211-234.
- Ovide, Métamorphoses, XII.
- (en) Ione Mylonas Shear, "Mycenaean Centaurs at Ugarit", The Journal of Hellenic Studies (2002:147–153); Korinna Pilafidis-Williams, "No Mycenaean Centaurs Yet", The Journal of Hellenic Studies 124 (2004), p. 165
- (en) Iain Ferris, The Arch of Constantine: Inspired by the Divine, Amberley Publishing (2009).
- Le Centaure [archive] de Maurice de Guérin, sur le site de la Bibliothèque électronique de Lisieux. Page consultée le 4 février 2018.
Voir aussi
Sources antiques
- Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne [archive]] (II, 5, 4), Épitome [détail des éditions] [lire en ligne [archive]] (I, 20).
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne [archive]] (IV, 12, 3 ; IV, 12, 6-8 ; IV, 69, 5 ; IV, 70, 1).
- Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne [archive]] (I, 268 ; II, 743 ; XI, 832),
- Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne [archive]] (XXI, 295 et suiv.).
- (fr) Iliade (trad. du français par Robert Flacelière), Éditions Gallimard, (1re éd. 1956) (ISBN 2-07-010261-0)
- (fr) L’Odyssée (trad. du grec ancien par Victor Bérard), Éditions Gallimard, (1re éd. 1956) (ISBN 2-07-010261-0)
- Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne [archive]] (XXXIII).
- Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne [archive]] (IX, 123 ; XII, 210 et suiv.).
- Pindare, Odes [détail des éditions] (lire en ligne [archive]) (Pythiques, II, 20 et suiv.).
- Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne [archive]] (VIII, 293)
Bibliographie
- Georges Dumézil, Le Problème des Centaures - Étude de mythologie comparée indo-européenne, 1929, publiée aux Annales du Musée Guimet.
- Hélène Gallé, « Avatars des Centaures : du mythe à la fantasy », Strenæ : recherches sur les livres et objets culturels de l'enfance, no 8 « Le nouveau pays des merveilles. Héritage et renouveau du merveilleux dans la culture de jeunesse contemporaine », (DOI 10.4000/strenae.1364, lire en ligne [archive]).
- Henri Jeanmaire, Couroi et Courètes : essai sur l'éducation spartiate et sur les rites d'adolescence dans l'Antiquité hellénique, Lille, Bibliothèque universitaire, 1939.
- (de) Georg Morawietz, Der gezähmte Kentaur : Bedeutungsveränderungen der Kentaurbilder in der Antike, Münich, Biering & Brinkmann, 2001. (ISBN 3-930609-27-4).
- (en) Alex Scobie, « The Origins of "Centaurs" », dans la revue Folklore vol.89.2, 1978, p. 142–147.
Articles connexes
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Liens externes
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Pour les articles homonymes, voir nain.
Un nain, tel qu'il a été popularisé par la
fantasy et les
jeux de rôle (vue d'artiste de BrokenMachine86).
Créature
Groupe |
Mythologie, folklore populaire |
Sous-groupe |
Petit peuple |
Caractéristiques |
Humanoïde de petite taille, excellent mineur et artisan |
Habitat |
Dans les montagnes, et sous terre. |
Proches |
Lutin, gobelin, gnome |
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Le nain est une créature humanoïde, légendaire et imaginaire, souterraine et de petite taille, dont la figure actuelle est principalement issue de la mythologie nordique et des croyances germaniques médiévales. Comme le lutin, le gobelin et le gnome, avec lesquels il est souvent confondu, il fait partie du « petit peuple ». Il partage peut-être l'origine des géants mythologiques.
Les mythologies, la littérature, le folklore, les contes et les traditions populaires de très nombreux pays relatent des récits de nains. Bien que des textes plus anciens les évoquent, les nains acquièrent la plupart de leurs caractéristiques dans les textes allemands médiévaux, qui les dépeignent comme d’excellents forgerons industrieux aux demeures souterraines ou montagnardes, créateurs d’armes pour les dieux, mais sans donner d’indication précise sur leur taille. Ils sont perçus comme de petits êtres au fil du temps. En raison de leur lien originel aux croyances mortuaires païennes, ils gardent mauvaise réputation et sont diabolisés par l’Église médiévale. Paradoxalement, ils se rapprochent de l'elfe et des génies bénéfiques du foyer au XIIIe siècle, puis s’associent au folklore minier, pouvant se révéler une grande aide ou au contraire une nuisance terrible pour les humains.
Aux côtés de ceux de la mythologie nordique, les croyances comptent des centaines de petites créatures désignées comme des nains, tels les Nibelungen, Bergleutes, Knockers et Bonnets-Rouges, ou encore Alberich. Désormais, pour la plupart des gens, les nains ont perdu tout côté maléfique. Ils renvoient à l'imagination créatrice enfantine, à l'image des personnages qui aident Blanche-Neige, ou des statuettes qui décorent les jardins.
Bon nombre de productions artistiques les mettent en scène, notamment la tétralogie L'Anneau du Nibelung de Richard Wagner. En créant la Terre du Milieu qu'il peuple entre autres de nains, J. R. R. Tolkien contribue par ses écrits (en particulier Le Hobbit et Le Seigneur des anneaux) à en donner une nouvelle image, reprise par la littérature fantasy, le jeu de rôle et les jeux vidéo, comme celle d'un peuple de guerriers maniant la hache ou le marteau, vivant sous les montagnes, et souvent opposé aux elfes.
Étymologie et terminologie
L'étymologie du nain (prononcé [nɛ̃] : écouter la prononciation française) est sujette à controverses. En français moderne comme dans de nombreuses autres langues (anglais notamment), un même terme peut désigner la personne réelle atteinte de nanisme et la créature des croyances populaires1, ce qui entraîne une vision de personnes naines comme représentantes vivantes des mythes anciensNote 1,2. De même, hors du contexte folklorique, « le terme « nain » tend à se détacher de l'association au merveilleux »3.
Dans l’espace roman, le terme « nain » est issu du latin nanus, lui-même forgé à partir du grec νάνος (nanos), signifiant « petit ». L’idée qu’il s’agisse d’un être de petite taille est donc présente dès le départ dans l’étymologie romane. Avec le temps, la forme latine nanus est devenue « nain » [nɛ̃] en français4. Son orthographe actuelle résulte de la prononciation [n͜aɪn], telle qu’elle existait en toute probabilité en proto-français, entre les VIIe et Xe siècles5. L'une des premières attestations du mot en français écrit est cependant plus tardive, et figure dans Érec et Énide par Chrétien de Troyes, vers 1160, texte dans lequel il désigne une créature surnaturelle6.
Dans l'espace germanique et celtique, où le mot partage très certainement une origine commune7,8, de nombreuses théories et études existent. Les seules certitudes à retenir selon Anatoly Liberman sont que la version germanique du mot est très fréquente et se rapproche au son de deux autres, l'une en sanskrit et la seconde en avestique, sans que le lien soit concluant9 :
Du fait que de nombreuses langues associent au mot « nain » des concepts négatifs (maladie, tromperie, etc.), l'influence d'une diabolisation chrétienne des termes employés pour désigner ces créatures païennes n'est pas à exclure10. Selon Claude Lecouteux et Régis Boyer, l'étymologie germanique du nain est à rapprocher du vieux norrois dvergr, qui signifie « tordu », au sens propre (les nains ont souvent un physique contrefait) comme au figuré, le corps étant le reflet de l'âme11. Elle fait du nain un « nabot ténébreux et nuisible »12, ce qui correspond bien à sa figure dans le folklore germanique, et forme la théorie la plus couramment citée13.
Un autre sens étymologique est à rapprocher du norvégien dverskot (« maladie animale »), du sanskrit drva (« faiblesse, maladie »), et du vieil anglais dveorg (« crampe »), des mots issus de l'indo-germanique *dhuer ou *dheur- (« dégât, dommage »), en se basant sur une croyance qui voit dans les nains l'origine de maladies et de malaises14,15,13. Le sanskrit dhvaras (« être démoniaque ») est parfois cité, mais qu'un mot germanique soit influencé par une racine sanskrite constituerait un cas unique16. Lotte Motz suggère un rapprochement avec Berg, qui désigne la montagne dans les langues germaniques17. Une dernière proposition est l'indo-germanique *dhreugh, qui a donné en allemand moderne Traum et en anglais dream, soit « rêve », ou encore Trug, soit « tromperie »18. Le sens de *dwezgaz, qui désignait à l'origine uniquement un être surnaturel, a dérivé pour désigner les personnes de petite taille bien réelles sous les noms de dverg, dweorgr ou encore twerc, mais l'influence des créatures mythologiques n'entrerait pas en cause1.
Leur nom en polonais, krasnoludek (pluriel krasnoludki) signifie littéralement « petite personne rouge »19 et vient de la couleur du chapeau des créatures.
D'après Claude Lecouteux, le nom de dvergr, zwerc ou dweorg désigne tous les êtres de la petite mythologie dans la Germanie médiévale20. Désormais, « le vocable « nain » est un terme générique qui recouvre des êtres formant quatre groupes distincts : les génies domestiques, les génies de la nature, les esprits tapageurs et les nains proprement dits »21. Dans le monde roman, ce terme peut désigner le lutin, le gobelin, le changeling, le duse ou le génie domestique22. En l'absence d'un champ sémantique bien défini, différentes créatures comme le kobold et le troll peuvent être qualifiées de « nains »23.
Origine
Le géant
Suttung et les nains par Louis Huard (1813-1874). Géants et nains, présents dans les mêmes mythes, partagent aussi la même origine.
Si les nains sont bien issus de l'imagination humaine24, différentes hypothèses coexistent en ce qui concerne leur origine historique25.
Ces personnages sont attestés dans de nombreuses régions du monde depuis la plus haute Antiquité, dont la Russie, la Norvège, en IndeNote 2, en Chine, au JaponNote 3, en AfriqueNote 4 et en Amérique précolombienneNote 5, où ils peuvent être liés à la naissance, à la mort, à la fertilité et au travail des métaux2, représentant « l'aspect polarisé d'un monde d'esprits invisibles »Trad 1,26. Le nain mythologique a toujours une influence sur la perception sociale des personnes réelles atteintes de nanisme27, l'analyse détaillée révélant une étroite relation avec les peurs humaines, notamment celle des monstres humains2.
Cependant, la majorité des récits de nains proviennent du monde germanique et nordique28,11,29 où ils forment, avec les fées et les géants, l'un des trois grands types de personnages surnaturels du Moyen Âge30, et influencent significativement les croyances et les récits. L'une des premières traces du nain germanique est la mention, au Xe siècle, d'un « esprit qui s'agite dans la forge », nommé larva (fantôme) ou pilosius (velu)31.
Théories des chercheurs
La plupart des chercheurs (Régis Boyer32, Claude Lecouteux, etc.) pensent que géants et nains mythologiques ont une lointaine origine commune, et voient dans le nain une « dégénérescence » du géant33. Pierre Dubois s'appuie sur un texte poétique34 et suppose que cette diminution de taille du géant est une conséquence de la prédominance de l'homme sur son environnement : « le nain a délibérément choisi de se tordre et de rapetisser jusqu'à disparaître… afin de tromper le nouveau venu : l'homme »12. Dans de nombreux récits de croyances (entre autres la Geste des Danois35), les géants sont les habitants primordiaux, les ennemis des dieuxNote 6 et ceux qui façonnent la Terre. Les nains arrivent après eux, et les hommes en dernier. Les nains peuvent être considérés comme des « brouillons » de l'être humain33, et les humains comme un croisement entre les géants et les nains35. Les géants nordiques étant des maîtres de la métamorphose, cette origine commune explique la capacité de tous les êtres du petit peuple à se changer en végétaux, minéraux et éléments, à modifier leur taille, à prendre l'apparence d'animaux, et à séduire des princesses12. Il est possible que, symboliquement, les géants soient devenus des nains pour échapper aux persécutions des divinités et des hommes36.
Personnalisation de phénomènes naturels
Les nains habitent souvent dans les
montagnes. Selon les récits de croyance, ils pourraient être des
personnalisations de ce biotope.
Pour une partie des chercheurs, les nains sont, ainsi qu'un grand nombre de créatures et de dieux mythologiques, issus de la personnalisation de forces naturelles. Claude Lecouteux suppose qu'ils étaient originellement des « esprits » liés à la terre et aux tertres, lesquels ont revêtu une forme humanoïde dans la mythologie nordique37.
Cette hypothèse est invoquée concernant le lien fréquent entre les nains et la montagne. Un comportement ritualisé, forme de respect envers ce biotope, est relevé parmi plusieurs sociétés humaines : le nain est considéré comme le gardien des secrets de la montagne et l'initiateur des humains, qui doivent acquérir ses connaissances afin « d'échapper à la violence de l'écosystème montagnard ». Un conte suisse parle d'un chasseur d'Eisten gravissant un sommet pour rencontrer un nain vénérable, qui se sent trop à l'étroit dans ses bottes. Un lac se vide peu après, recouvrant la forêt et les alpages : le nain a élargi ses bottes38. Toujours en Suisse, près du lac de Thoune, un conte populaire parle d'un nain qui demande asile, seuls les plus pauvres paysans d'un village lui ouvrent et partagent leur fruste repas avec lui. Le lendemain, il déclenche une avalanche qui détruit tout le village, sauf la hutte des paysans qui l'ont recueilli. Après quoi il grandit, se change en géant et se dissipe dans l'air39.
Doubles et revenants
Régis Boyer, qui a étudié de près la pensée religieuse des Germains, note que le culte des morts et des ancêtres est à la base de toutes les autres croyances32. Pour lui, « les nains semblent avoir été les morts, comme le suggère l'étymologie de dvergr (« Tordu »), puisque les défunts étaient inhumés en position fœtale »40. De nombreux chercheurs (Claude Lecouteux, Rudolf Simek, John Lindow, etc.) rejoignent cette analyse. Les géants et le petit peuple sont liés à la mort, aux revenants41 et au double42. Le vieux norrois attribue d'ailleurs aux nains des noms tels que « Trépassé » et « Cadavre »43, aux côtés d'autres comme « Tordu », « Bossu », « Menuisier » et « Trompeur »44.
Cette influence explique qu'ils habitent sous terre45 et, qui plus est, qu'ils connaissent l'avenir46. Leur mystérieux royaume, cité dans bon nombre de romans médiévaux, serait celui des morts47. Un indice en est la présence du « crieur », en allemand schrat, dont « le folklore français a conservé le souvenir de personnages, tour à tour esprits, nains, lutins et revenants, dont la principale caractéristique est d'émettre des cris ou de produire des bruits » pour attirer les vivants dans des pièges41.
Leur physique « difforme », un archétype propre aux êtres chtoniens, serait issu de ces croyances48. Leurs ancêtres ont pu initialement être de petites créatures chthoniennes, maîtres du royaume des morts. En raison de la place prise par Jésus-Christ en Occident, cette origine ne transparaîtrait toutefois plus que par quelques indices49. Le nain peut tenir un rôle d'émissaire de la mort dans les productions artistiques, devenant une sorte de divinité aux pouvoirs inquiétants50.
Dieux nains et divinités de la forge
Bès, dieu égyptien au physique de
nain.
La mythologie égyptienne connaît deux dieux dont les difformités rappellent le nanisme : Bès et Ptah-Patèque 2, liés respectivement à la fécondité des femmes51 et à l'artisanat, Ptah étant de plus cité dans un récit cosmogonique26. Héphaïstos (Vulcain chez les Romains), dans la mythologie grecque52, est figuré comme nain dans ses plus anciennes représentations, peut-être influencées par Bès et Ptah26. En raison de ses activités d'artisan et de forgeron, il a été rapproché des nains germaniques par Lotte Motz13. Le nanisme est « souvent la caractéristique des dieux concernés par l'extraction et le traitement des minerais »53. Les étymologistes voient toutefois davantage dans les nains de la mythologie nordique et des croyances populaires une « collectivité » ou un « peuple », ce qui les différencie nettement des divinités naines. Le lien entre Héphaïstos et les nains germaniques est également contesté du fait qu'aucun de ces derniers n'est boiteux, contrairement au dieu gréco-romain54.
La mythologie grecque mentionne les Telchines, les Cabires et les Dactyles, divinités mineures liées aux montagnes et aux arts de la forge, que certains érudits, comme Carl Gustav Jung55 et Jules Michelet56, ont comparées aux nains germaniques. Les textes grecs ne fournissent cependant aucune indication quant à leur taille57.
Peuple caché et Pygmées
Une croyance populaire, citée entre autres par Arnold van Gennep, voit dans l'origine de peuples de nains mythiques et légendaires dans de nombreux pays le souvenir de différents hommes préhistoriques de petite taille, vaincus par des envahisseurs plus grands et mieux armés58. La même idée est répandue dans les pays celtiques, pour qui ce « petit peuple » aurait été condamné à vivre dans la clandestinité, sous terre, caché dans les collines (notamment les tumuli). Peu à peu, ils auraient été vus comme une autre race ou comme des esprits, d'où les nains des croyances populaires59. En Westphalie, les Dutten de la forêt de Minden sont tenus pour un ancien peuple païen de petite taille, qui aurait péri de façon misérable60. Les historiens et les scientifiques réfutent généralement la théorie des hommes préhistoriques cachés jusqu'à une époque récente, en l'absence de preuves archéologiques fiables61. Toutefois, la découverte de l'homme de Florès en 2004, un hominidé d'un mètre disparu voici 12 000 ans, et connu par des légendes locales, a relancé ce débat62.
Une autre explication souvent avancée est celle des Pygmées, peuple africain de petite taille connu en Europe depuis l'Antiquité par les écrits d'Hésiode, d’Homère et de Pline l'Ancien. Les textes antiques qui les décrivent mentionnent, entre autres, leurs combats contre les grues et une taille bien inférieure à la réalité63,64. Les récits de Pygmées connaissent une très grande popularité en Europe occidentale médiévale, jouant un rôle sur les croyances envers les nains et justifiant l'existence réelle de ces personnages dans les pays européens1,63. Source d'inspiration de la littérature, ces récits ont « fixé la taille des nains à trois empans, et attesté l'existence d'animaux nains qui servent de monture à ces créatures65 ».
Syncrétisme littéraire
Le nain a été assimilé aux démons du
cauchemar (
mar).
Au fil des siècles, les nains se confondent avec des créatures proches, et perdent leurs spécificités21. Cette confusion perdure avec l'évolution des croyances colportées par l'oralité, certaines créatures disparaissant et léguant leurs caractéristiques à d'autres. De plus, une créature d'un même nom peut être perçue différemment en fonction de l'époque, sous l'influence de la littérature populaire23.
Assimilation des petites divinités païennes
Un important syncrétisme commence au Moyen Âge, lorsque le mot « nain » désigne aussi bien l'elfe bénéfique (elbe) que le nain maléfique (zwerc), le cauchemar (mar), le crieur (scrat) et le génie topique66. Dès le Xe siècle, la distinction entre les petits dieux issus des croyances païennes s'estompe67, et les gloses des textes latins « attestent la fusion de créatures différentes ». Claude Lecouteux remarque que sous le terme de vieux haut-allemand scrat, correspondant au nain crieur, sont assimilés Faunus, Sylvanus et les satyres23.
Elfes et alfes noirs
Il existe aussi une confusion entre nains et elfes, allant parfois jusqu'au rapprochement définitif, bien que les textes du Moyen Âge laissent entrevoir quelques indices de la nature ancienne des créatures. Celle-ci est « sans doute bien entamée à l'époque de Perrault » à la suite de la minimalisation des savoirs populaires au profit des textes gréco-latins68. La distinction entre les alfes clairs du ciel et les alfes noirs des demeures souterraines dans la religion nordique ancienne influence la vision des nains67,69, et Snorri Sturluson confond les alfes noirs, forgerons et gardiens de trésors, avec ces derniers70. Les alfes noirs sont largement à l'origine de récits relatifs aux nains du folkloreNote 7, et toujours associés « aux sciences, à la sagesse, et à la connaissance du sous-sol »71. Les hommes s'en méfient, alors que les alfes clairs demeurent foncièrement bénéfiques69.
Gnomes et lutins
Le
lutin et le
gnome ont souvent un chapeau rouge pointu, comme sur ce dessin de
Godo.
Enfin, il est fréquent de confondre les nains avec des gnomes et des lutins. Les auteurs médiévaux traduisent le zwerc, nain allemand, par « lutin » en français72. Au XIIe siècle, Marie de France rend par exemple nanus monticulus, soit « nain des montagnes », par « follet », qui désigne le lutin31.
Les noms de « lutin », « nain » et « gnome » sont désormais perçus comme des synonymes pour une majorité de personnes73, mais il existe une tendance à désigner le petit peuple masculin en français par « nain » ou par « gnome » « s'il est en relation avec les profondeurs de la terre et ses richesses, et par « lutin » s'il habite une maison ou ses alentours »74. Si le nom de « gnome » vient en premier pour désigner le nain « folklorisé » au bonnet pointuNote 8 en langue française, l'origine de ces créatures est différente, puisque liée à la Cabbale juive et à la tradition alchimique. Le gnome est de fait inconnu des mythologies nordique et grecque75.
Origine des nains selon les récits de croyances
Un grand nombre de récits mythologiques et religieux sont relatifs à l'origine des nains. En dehors du Liber Monstrorum, parlant des faunes au VIIIe siècle ou au IXe siècle, le plus ancien et le plus fréquemment cité est le Gylfaginning. Les textes de la mythologie nordique forment toutefois un nombre réduit de sources, influencées par le christianisme76, contradictoires. La Völuspa évoque deux nains primordiaux, Mótsognir et Durin, qui façonnent tous les autres nains (ou les hommes suivant les interprétations) avec de la terre11, rappelant un peu Adam et Ève77. Cette version a probablement inspiré Tolkien pour créer les nains de la Terre du Milieu78.
La religion chrétienne et la tradition alchimique paracelsienne ont fourni d'autres théories concernant l’origine des nains.
Cosmogonie nordique
Le géant
Ymir, tué par
Odin et ses frères, aurait nourri des vers qui sont à l'origine des nains selon le
Gylfaginning.
Dans la cosmogonie nordique, que le clerc Snorri Sturluson couche tardivement par écrit au XIIIe siècle dans le Gylfaginning (La fascination de Gylfi), le géant primordial Ymir est tué puis démembré par Odin et ses frères, le monde étant créé à partir de son corps67. Sturluson ajoute que les nains sont originellement des vers trouvés dans le cadavre du géant, auxquels les dieux donnent forme humaine et intelligence, mais qui, du fait de leur origine, continuent à vivre sous terre et dans les pierres79,80,Note 9. Des chercheurs notent que suivant ce récit, les nains voient un instant l'image des dieux penchés sur eux, mais aussi que ces larves douées de raison assistent à la création du monde et sont témoins de secrets fondamentaux sur la matière. D'où, peut-être, leur lien avec le feu de la forge et le fer extrait des entrailles de la terre81.
La question de l'historicité de ce récit fait débat, Jan de Vries y voit une spéculation récente82 et Helmut de Boor pense qu'il s'agit d'une invention de Snorri83. Si tous deux pensent que les origines du nain ne sont pas à chercher dans une religion, les recherches postérieures avancent qu'il s'agit d'une erreur1. Pour Claude Lecouteux, « la naissance d'être vivants de la putréfaction n'est pas une idée neuve », mais ce récit a pu être influencé par ceux de Virgile ou de Pline l'Ancien84. Snorri signale aussi que le ciel est porté aux quatre coins par des nains selon le Gylfaginning85, ce qui réfute toute idée de « petite taille » concernant ces créatures.
Traditions chrétiennes
Plusieurs traditions chrétiennes expliquent l'origine de l'ensemble du petit peuple par un conflit opposant Dieu à Satan. Les anges restés neutres et les anges déchus n'ayant pas suivi le Diable sont précipités sur Terre, où ils se lient à la nature et deviennent les ondins, les nymphes, les nains, etc67,86. Une autre voit dans les nains les enfants qu’Ève n'a pas présentés à Dieu ou à Jésus-Christ le jour où il lui rendit visite67. La variante danoise de ce récit précise que les enfants cachés sous terre, qui étaient les plus laids, sont devenus les subterranéens87. Selon un texte allemand de 1483, le Heldenbuch (« livre des héros »), Dieu créa les nains de petite taille afin qu'ils puissent extraire les richesses du sol en se glissant dans la terre, et leur donna la science nécessaire pour discerner le bien du mal et connaître les minerais et minéraux. Il créa ensuite les géants pour protéger les nains des bêtes sauvages qui arpentaient la terre en ce temps-là66,88,89.
Alchimie et occultisme
Paracelse dans Astronomia magna. |
Quant aux géants et aux nains de la forêt, ils ont notre monde pour séjour. Tous ces êtres sans âme sont produits à partir de semences qui proviennent du ciel et des Éléments, mais sans le limon de la terre90…
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La théorie de la « génération spontanée » est évoquée par l'alchimiste Paracelse, qui croit aux génies des quatre éléments, et confond nains et gnomes29. Il compte sept races de créatures sans âme. La Terre, par génération spontanée, produit ces créatures qui gardent les trésors sous la montagne90. Géants et nains sont d'après lui issus de l'air, mais vivent sur la terre. L'abbé de Villars le simplifie en 1670, disant que « La terre est remplie presque jusqu'au centre de Gnomes, gens de petite stature, gardiens des trésors, des minières et des pierreries91 ». Ces théories ont joué un rôle dans les croyances à propos des créatures de petite taille.
Description
Les nains sont présentés différemment par les récits de croyance et la littérature, mais des traits communs peuvent être identifiés92. Claude Lecouteux a relevé ces points communs en comparant un grand nombre de textes. Ainsi, d'apparence humaine mais habitants d'un autre monde, les nains sont fréquemment caractérisés par leur capacité à se rendre invisibles (souvent grâce à un bonnet enchanté)Note 10, leur demeure souterraine ou minérale, leur habitude de se réchauffer près d'un âtre, leur activité de forgeron, et les relations d'affaires qu'ils entretiennent avec les hommes93. Ils sont immensément riches grâce à leur connaissance du sous-sol12. Bien souvent encore, ils remettent aux personnes qui les ont aidés un objet apparemment sans valeur, qui se transforme plus tard en orNote 11. Mais leurs dons disparaissent si la source en est révélée94.
Ils exercent leur pouvoir durant la nuit95, se pétrifient à la lumière du soleil selon certains textes nordiques43,76 et ne peuvent gagner la surface de la terre que quelques jours par an selon d'autres96. Ils craignent le son des cloches, comme les trolls94. Leur nature est multiple, quelquefois âmes en peine, d'autres fois ancêtres tutélaires96. Ce sont d'excellents guerriers12 dont la force est « sans commune mesure avec la taille supposée »Note 12 et provient généralement d'un objet enchanté tel qu'une ceinture97. Cette force s'explique aussi par leur origine partagée avec les géants mythologiques12 : elle leur permet de se venger de toute forme d'incivilité de la part des humains94. Ils ne sont pas immortels, à l'instar de la plupart des créatures du petit peuple93.
Apparence
L'apparence physique des nains dans les récits est très fréquemment hideuse, effrayante et repoussante98,99,Note 13, elle trouve peut-être son origine dans une exagération à la suite de l'observation des personnes réelles de petite taille, souvent éloignées des canons de beauté en vigueur. Cette laideur des nains est attestée dans un grand nombre de contes, et particulièrement dans The Dwarf's Nose, où le beau trentenaire Jacob est changé en nain au nez énorme, ce qui pousse sa famille à le rejeter100.
Dans le cycle arthurien
Les littératures arthurienne et courtoise comportent des nains chevaliers en armure, mais certains peuvent paraître comme de petits enfants66. Leurs difformités fréquentes sont une grosse tête, un visage plat, un front bombé, des yeux enfoncés dans leur orbite ou au contraire globuleux, un nez minuscule ou énorme, une grande bouche, des dents abîmées, de larges oreilles, une ou deux bosses, des jambes courtes, tordues ou crochues aux pieds monstrueux, une peau ridée noire ou couverte de taches de rousseur, et une abondante pilosité : barbe, cheveux longs, moustache, sourcils broussailleux101.
Leurs proportions sont les mêmes que chez les personnes atteintes de nanisme, mais il existe quelques cas de nains au tronc raccourci et aux membres démesurés102. Leur apparence n'est pas en rapport avec leur caractère, des nains très laids pouvant se révéler de précieux alliés et d'autres au physique plus harmonieux étant susceptibles de s'opposer aux héros des récits103.
Dans les contes et légendes
Les contes et légendes en font des vieillards66, mais ce type de nain est très rare au Moyen Âge et se trouve surtout dans les contes populaires collectés à partir du XVIIIe siècle104. Ils y sont caractérisés par leur longue barbe, leur visage âgé, et leur bonnet rouge93. Ils possèdent parfois des pieds palmés, de poule, ou fourchus105, et prennent l'apparence de crapauds, de grenouilles ou « d'autres vermines » durant le jour93.
Taille
La mythologie germanique ne donne aucune information relative à leur taille106. Les géants sont leurs parents ou leurs enfants plus d'une fois, et un même personnage peut être alternativement décrit comme un géant ou un nain, à l’instar du forgeron Reginn107. D'après Claude Lecouteux et Pierre Dubois, ils pourraient prendre la taille qu'ils souhaitent108,12, même si les textes plus tardifs font de leur taille réduite un motif constant93,74. Celle-ci pourrait être due à l'assimilation avec d'autres créatures comme les faunes et esprits champêtres de l'Antiquité, selon Claude Lecouteux20. Anatoly Liberman suppose que lorsque l'imagination humaine a lié les nains aux montagnes et a repoussé ces êtres dans les profondeurs du sol, ils ont naturellement acquis une taille réduite dans les récits1. D'autres sont d'anciens humains punis et devenus des nains36.
Portrait psychologique
Le nain
Brokk forgeant le marteau
Mjöllnir, sur un dessin d'
Arthur Rackham en 1907. Les activités de
forgeron sont, depuis les premiers textes à leur sujet, indissociables des nains.
Le portrait psychologique du nain est très variable et a évolué suivant les époques. Exploités, trompés et méprisés par les dieux nordiques, les nains de la mythologie germano-scandinave se vengent en se montrant cupides et malicieux, tout en n'agissant que dans leur propre intérêt de maîtres forgerons et de magiciens, pour obtenir des femmes, du pouvoir et de l'or76. Ceux des croyances germaniques médiévales sont foncièrement négatifs et inspirent la crainte ; ils n'hésitent pas à s'attaquer aux hommes et à leur bétail, qu'ils blessent de la « flèche du nain », plus tard nommée « trait de l'elfe ». Cette flèche est à l'origine de maladies, et il existait des amulettes et des conjurations pour s'en protéger108.
Dans le cycle arthurien, la plupart des nains se montrent braves, mais pas toujours chevaleresques. Selon le Tristan de Thomas d'Angleterre, l'une de ces créatures est responsable de la mort de Kaherdin et de l'empoisonnement mortel de Tristan. Ils sont belliqueux, misogynes et peu courtois. Le seul moyen de les discipliner est de les vaincre en combat singulier109. Le nain se révèle alors un loyal allié, exécutant sans discuter tous les ordres de son maître dont il copie l'attitude. Il est autant attaché à ce dernier qu'il peut se montrer insolent envers ses adversaires110, à condition que son maître soit courageux et jamais ne se rende111.
Dans l'ensemble, les traditions populaires présentent des nains « bons, méchants ou les deux à la fois, mais rarement neutres »97 et qui « renoncent à la vie amoureuse »112. Bruno Bettelheim note la grande variété de leurs attitudes dans les contes. Comme les fées, ils peuvent être très bons ou très mauvais113, et se venger férocement. Près de Rendsburg en Allemagne, par exemple, des « nains justiciers » sortent l'attelage d'un bon paysan humble de la tourbe et noient celui d'un riche114. Un conte se déroulant près de Plau am See en Allemagne parle de deux valets qui se régalent du petit déjeuner des nains. Le premier remplit la chope qu'il vient de vider avec des cailloux, et ne tarde pas à mourir, tandis que le second a déposé un sou et reste en bonne santé115. Leur côté industrieux est en revanche une constante : les nains de Blanche-Neige, entre autres, passent tout leur temps à travailler, ignorant les loisirs ou les divertissements116.
Reproduction et vie amoureuse
La mythologie scandinave ne mentionne ni nain féminin, ni sexualité, ni reproduction chez ce peuple69, ce qui le distingue bien des elfes et des dieux117. Il existe cependant un texte germanique où deux princes nains en font sortir de nouveaux depuis la terre pour remplacer les plus vieuxNote 14. La vision de ce peuple comme exclusivement mâle survit au cours des siècles, jusqu'au conte de Blanche-Neige et aux écrits de J. R. R. Tolkien69. Quelques « naines » apparaissent tardivement dans la littérature orale117 et de rares représentantes serviables du petit peuple dans les récits depuis le XIIIe siècle69,Note 15.
Comme le dit Pierre Dubois, le nain est aussi un « amant passionné, irascible et redoutable », qui s’intéresse aux femmes humaines12. Un thème récurrent est celui du hideux « prétendant indésirable » portant un « nom bizarre » et jetant son dévolu sur une belle jeune femme118. À Schaumburg, un comte aurait eu une naine pour maîtresse119. Le nain peut aussi se venger s'il est éconduit. En Alsace, dans le conte La Rose d'argent, le roi des nains ferme l'accès aux mines de sa montagne, qui assuraient la prospérité des humains, et laisse derrière lui une rose d'argent magnifiquement travaillée120.
Capacités et activités
George Pearson, Les nains au travail, illustration du livre de Julia Goddard Wonderful Stories from Northern Lands, 1871.
Tous les nains ont une parfaite connaissance des gemmes et des métaux43 qu'ils extraient depuis les profondeurs de la terre116, et des secrets de la nature121. Snorri Sturluson est pour beaucoup à l'origine de leur image d'artisans et forgerons66 à la dextérité légendaire97. Dans les récits de la mythologie nordique, les nains créent en effet Mjöllnir (le marteau de Thor), le bateau de Njord, le sanglier Gullinbursti, Draupnir (l'anneau d'Odin), Gleipnir (la laisse de Fenrir) et le collier des Brísingar, à partir de matériaux impossibles (tels les bruits de pas d'un chat). Dans un autre registre, ils créent l'hydromel poétique108,106. Toutes ces prouesses rendent les dieux germaniques dépendants de leurs extraordinaires capacités, mais ne les empêchent pas de les déprécier et de les récompenser très rarement de leurs efforts76. Dans la mythologie comme dans le folklore germanique, les armes des nains possèdent un côté maléfique et leurs trésors, à l'image de l'or du Rhin, apportent la mort à leurs possesseurs122. Dans les contes populaires plus tardifs, ce n'est pas toujours le cas, à l'exemple de ce récit de Bümmerstede en 1653, où un nain oublie sa cruche dans une maison qui prospère jusqu'au bris de l'objet. Après quoi, tout se passe de travers123. Un autre conte, venu de Poméranie, parle d'un homme cherchant un trésor entre les racines d'un grand chêne, lorsqu'un nain le met en garde contre la destruction de l'arbre et lui remet un morceau de fer inépuisable qui assure la prospérité de sa maison124.
L'activité de forgeron est l'un des traits qui ont le mieux survécu chez le nain au fil du temps (depuis la mythologie nordique, la légende arthurienne et les contes populaires jusqu'à la fantasy et au jeu de rôle), à mettre en rapport avec la troisième fonction indo-européenne, celle des travailleurs125. Au point que dans nombre de récits, tout forgeron se doit d'être un nainNote 16,106. Des ouvrages récents en font les créateurs d'Excalibur, l'épée du roi Arthur50, et de Durandal, celle de Roland le paladin126.
Les nains se livrent parfois à d'autres occupations, comme le filage textile, la cuisson du pain93, et selon les croyances germaniques, l'enlèvement des enfants qu'ils remplacent par un changeling127, comme les fées des pays anglo-saxons et les lutins français128,129. Deux récits de ce type concernent les subterranéens130.
Les nains peuvent guider et conseiller, en tant que partie des forces telluriques et descendants de « vieux dieux de la nature », ce qui explique leur aptitude à la magie et à lancer des sorts131,43. Selon Claude Lecouteux, « le nain connaît l'avenir, ce qui implique un lien avec l'autre monde, mais une explication tardive et rationnelle ramène cette connaissance au fruit de l'étude de la nécromancie qui est, au Moyen Âge, synonyme de sorcellerie »46.
Dans tous les récits à leur sujet, ils sont « pratiquement invulnérables », commandent aux éléments et peuvent choisir de protéger ou détruire les récoltes et le bétail des hommes12. Comme les lutins, ils ont le don de se métamorphoser, mais la forme qu'ils adoptent le plus volontiers est celle de la grenouille132.
Habitat
L'habitat souterrain est une constante des nains, il s'agit principalement de montagnes creuses, de cavernes, de grottes, de tertres, de tumuli et de pierres, soit la terre, le sol et le règne minéral de manière générale12,43,121,126,133. Chaque biotope possède une association symbolique dans l'imaginaire humain, les nains partageant les montagnes avec des « hommes sauvages » et des « vieillards du sommet »134. La Völuspa dénombre une soixantaine de nains dont la moitié vivent sous terre, le reste dans les pierres ou un tertre11.
Cette croyance est à l'origine de revendications archéologiques à toutes les époques69. En 1980, Robb Walsh affirme avoir rencontré un professeur à moitié nain qui lui aurait confirmé l'authenticité d'un palais souterrain daté de l'époque viking, et habité par les nains135. Son travail pseudo-scientifique peut toutefois être lu comme un livre enfantin69. Un motif constant des récits de nains est le fait qu'ils demandent aux hommes de déplacer leur étable, leurs toilettes ou une autre pièce peu hygiénique parce qu'elle se trouve juste au-dessus de leur demeure souterraine136. Les récits germaniques parlent aussi des raisons qui poussent les nains à fuir, principalement la christianisation, ou encore un manque de respect de la part des humains. En plus du son des cloches, les nains ne supportent pas les objets religieux et sont, d'après un récit, repoussés par les roues de charrettes137.
Toponymes
Des traces de croyances aux nains survivent à travers la toponymie. Au Danemark, il existe trois « Tertre-du-Nain » (Dvaerghöj), dont un sur Anholt. En Norvège et en Islande se trouvent des « Pierre-aux-Nains » (Dvergasteinn)138. Paul Sébillot parle d'un nain qui aurait élu domicile sous le dolmen de Pierre Couverte, et qui aiguisait durant la nuit le soc que le paysan venait lui porter139.
Royaume des nains
De nombreux récits parlent de personnes qui atteignent et visitent le royaume souterrain des nains69, des merveilles qu'elles y trouvent et du fait qu'un grand laps de temps peut s'être écoulé à leur retour. Ils présentent des parallèles importants avec ceux des enlèvements par les fées. Ces récits remontent au Moyen Âge, puisque Giraud de Barri raconte que le futur prêtre Éliodore aurait vu deux petits hommes « de la taille de pygmées » lui promettre un « pays de jeux et de délices » s'il les suit. Il découvre un monde magnifique, semblable à celui de la surface mais non éclairé par le Soleil140,141. Dans le Dit de Velent le forgeron, rattaché à la mythologie nordique, Velent est mis au travail chez les nains un an durant, dans une « montagne qui s'ouvre », pour apprendre les secrets de la forge142.
Un récit polonais collecté au XIXe siècle près de Czarnków parle d'un homme capturé par les nains et séquestré dans leur montagne, qui parvient à s'échapper, mais est retrouvé puis exécuté143. Dans le village tchèque de Dušníky, un paysan égaré dans le royaume des nains, où se trouvent d'innombrables trésors, entre à leur service trois ans durant pour connaître le chemin du retour, sur les conseils du roi des nains, celui qui porte la plus longue barbe. Les petits êtres lui révèlent qu'ils extraient l'or des fruits, mais que les hommes cupides cueillent ces fruits avant qu'ils ne soient murs, et que l'or causera leur perte144. À Wiedensahl, des nains établis sous l'évier d'une maison se fâchent contre une servante qui y jette les eaux usées et des cheveux. Ils l'invitent au baptême d'un des leurs, elle ne touche à aucun plat que les nains n'aient touché auparavant. Ils exigent la promesse qu'elle ne jettera plus de saletés dans l'évier et, en échange, lui donnent des copeaux de bois qui plus tard deviennent de l'or145,Note 17. Un récit de Salzbourg en Autriche, daté de 1794, parle d'un roulier portant du vin vers Hallein, et convié par un nain à livrer les siens. Au moment où approche la montagne dans laquelle réside le petit peuple, il s'endort et se réveille dans leur monde, en vue d'un magnifique château. Cette histoire est consignée comme un récit véridique146.
Retour
Le royaume des nains est caractérisé par sa richesse, mais aussi par la distorsion temporelle que peut entraîner un retour dans le monde des humains. Le roi Herla (Herla cyning), originellement un aspect d'Odin christianisé sous les traits d'un roi dans un récit de Walter Map au XIIe siècle, rend visite quelque temps à un nain dans sa demeure souterraine et en revient trois siècles plus tard. Avec ses hommes, il est condamné à rester en selle sans jamais pouvoir descendre. Ce conte est l'une des origines de la chasse sauvage du folklore européen147,148. À Brunswick en Allemagne, une jeune servante est priée de devenir la marraine d'un nain. Elle se rend au Schalksberg (« la montagne impitoyable »). À minuit, la montagne s'ouvre et révèle un intérieur somptueux, couvert d'or. Elle croit s'être absentée trois jours, mais découvre à son retour que trois cents ans sont écoulés, puis tombe en poussière sur le sol149. Très proche de ce récit est la légende tchèque du rocher d'Heiling, roi des nains qui héberge une femme durant la nuit, avant que celle-ci ne découvre être restée absente un siècle150.
L'importance de la nourriture naine est également évoquée : à Sülsdorf en Allemagne, une épouse est enlevée par les nains dans leur montagne, puis ramenée par son mari. Habituée à la nourriture des nains au point de ne plus pouvoir manger rien d'autre, elle finit par mourir151. Sur l'île de Rügen, un récit parle d'un berger invité à manger et boire avec les nains, qui vole la coupe que ces derniers lui tendent, et s'enfuit152.
Créatures décrites comme des « nains »
Toute créature humanoïde de petite taille dans les croyances populaires pouvant être qualifiée de « nain », des centaines de noms sont employés pour les désigner. Du fait de leur habitat montagnard et souterrain, les cultes rendus aux nains sont plus fréquents dans les zones d'altitude133, ces mêmes régions étant celles où se trouvent le plus grand nombre de récits mettant en scène des forgerons merveilleux153. Le gobelin anglo-saxon, le kobold germanique et les kabouters flamands, parfois nommés « nains », sont plus proches des génies du foyer154.
Monde germanique et scandinave
Au Moyen Âge, deux types de nains se distinguent dans les documents germaniques : le Schrat, ou « crieur »155, qui entre les IXe et XIIIe siècles est vu comme un équivalent du faune ou de l'incube, un monstre velu, un homme sauvage ou un revenant156, et le Zwerg, qui assimile entre autres les faunes, les satyres et Silène98. Alberich et son équivalent scandinave Alfrik sont connus respectivement à travers la Chanson des Nibelungen et la Saga de Théodoric de Vérone157. Les Kloks-tomtes, communs à l'Allemagne, à l'Autriche et au Tyrol dans les montagnes, sont vus comme les plus habiles artisans parmi les nains158.
Nains maléfiques
Le Nörglein est connu de plusieurs régions. Dans le Tyrol, il vit près d'un lac et enlace les vachères qui passent au point de les écraser, jusqu'au jour où il exige un taureau noir engraissé pendant sept ans, puis laisse le monde en paix pour toujours159. Dans l'Alpe de Thal, il pousse le bétail à la mort en rendant le sol mou160. Près de Dorste, les nains du mont Hütten ravagent un champ de pois jusqu'au moment où le fermier parvient à en capturer un. En échange de sa liberté, le nain lui remet une carcasse de cheval qui devient de l'or pur161.
Folklore minier
Silhouette d'un nain mineur du conte de
Blanche-Neige, par Jessie Braham White, 1912.
Le folklore minier connaît, aux côtés des sympathiques Bergleute (ou Bergmännchen, « petits hommes de la montagne ») mentionnés depuis le XVIe siècle et probable source d'inspiration des nains de Blanche-Neige162, le Stille Volk163 (peuple tranquille), les Nickel et Schachtzwergl d'Autriche, les Solilubki de Pologne164 et les redoutables Wichtlein du sud allemand, qui provoquent des éboulements dans les mines165. Les Erdluitle (ou Bergfolk au Danemark, soit « peuple des montagnes ») sont des nains montagnards aux pieds palmés166.
Nains du foyer
D'autres nains, tels les subterranéens et les kobolds, ont un rôle de génies du foyer. En Alsace, le « bonhomme aux sonnettes » protège les vignes167 et le village de Soultzeren, près de Munster, a des nains servants qui travaillent dans les chalets abandonnés et déposent des denrées dans les demeures des plus pauvres paysans168. Les jardins bavarois et autrichiens sont veillés par les Hojemännels169. Une chronique allemande de 1564 parle d'un Erdenmendle qui ne supporte pas le rouge170, et des textes plus tardifs, des Nispuck171. En Poméranie au XIXe siècle, chaque colline a son Üllerken ; ce sont des nains serviables qui vivent dans les ténèbres, craignent la lumière et déposent des cadeaux à l'intention des humains172.
Croyances de l'île de Rügen
L'île de Rügen connaît trois sortes de nains qui habitent les collines. Les blancs et les bruns sont amicaux, même s'il leur arrive d'enlever des humains qu'ils restituent toutes les cinquante années173. Un « nain brun » fait par exemple don d'une baguette blanche enchantée à un berger, afin de récupérer sa clochette qu'il a perdue174. Les « nains noirs » sont au contraire des magiciens maléfiques trompeurs et fourbes173, qui maudissent les chasseurs et aident les voleurs175, rachètent à n'importe quel prix tout objet leur appartenant qui serait tombé entre les mains des humains176 et restent collés aux objets sacrés177. Ces croyances, qui font une distinction rarissime, sont vraisemblablement influencées par les elfes sombres et les elfes clairs de la mythologie nordique178. Ainsi, Édouard Brasey écrit, dans La Petite Encyclopédie du merveilleux179, que les Nains de l’Edda sont confondus avec les dökkálfar, elfes résidant dans les obscurités souterraines de Svartalfheimr et de Niflheimr, et sont les opposés des elfes de lumière et des Ases vivant dans le royaume céleste d'Asgard.
Pays anglo-saxons
Le
Leprechaun, équivalent des nains germaniques et des
lutins français, est le personnage le plus connu du folklore
irlandais.
Les nains des pays anglo-saxons sont confondus avec les fées sous le nom de fairies. Les Arragousets de Guernesey, dont parle Paul Sébillot, tiennent à la fois du nain classique, dans le sens où ils sortent d'une caverne et dévastent l'île, et du génie domestique, puisqu'ils se mettent ensuite au service des habitants180. Les Bonnets-RougesNote 18 sont parmi les plus dangereux, puisqu'ils se cacheraient dans de vieilles ruines écossaises afin d'assassiner les hommes qui passent à leur portée. Leurs bonnets sont d'ailleurs teintés du sang de leurs victimes181. Les « nains mineurs » anglo-saxons sont surtout connus sous le nom de Knockers182 ; dans le Nord de l'Angleterre, ils font place aux Duergars issus de la mythologie nordique. Les mines galloises ont des Coblineaus164. Le plus connu des représentants du petit peuple en Irlande est le Leprechaun, personnage gardien de trésors popularisé à de multiples occasions dans son pays d'origine, mais aussi aux États-Unis, où vit une importante population d'origine irlandaise183. Il est souvent confondu avec le Cluricaune, un nain souterrain qui s'occupe aussi du foyer184. En 1697, un nain vêtu de vert aurait demandé à un Écossais de déplacer ses égouts, et l'aurait ensuite remercié en lui sauvant la vie alors qu'il était condamné au bûcher185.
Monde roman
Les nains sont plus rares dans le monde roman, où par tradition le petit peuple est plutôt désigné sous le nom de « lutin ». En Italie, Monaciello (le « petit moine rouge ») est le gardien de fabuleux trésors186. Henri Carnoy a collecté un conte à propos des petits hommes cornus de Lorraine, qui remontent de l'or rouge depuis leurs demeures souterraines187. On retrouve presque le même récit sous la plume de Jean-François Bladé en Gascogne, parlant de « petits hommes »188. Le velu Couzzietti ardennais volerait le linge des lavandières189, et le Korrigan breton renvoie étymologiquement aux nains (korr)190, bien que les collecteurs des traditions populaires les aient souvent désignés comme des lutins. En Bretagne toujours, le « casseur de pierres » est un nain travailleur des environs de Morlaix164. Le nuton ardennais est issu d'un mélange entre les nains et les lutins191.
Au Pays basque, les Lamignac habitent sous terre et sont de fabuleux bâtisseurs192. En Roumanie, les minuscules Piticii sont vus comme des habitants primordiaux du pays qui auraient combattu Alexandre le Grand193. Les communautés francophones des Amériques ont importé quelques croyances de leur pays d’origine. Ainsi, si le nain rouge est proche des lutins194, les îles de la Madeleine ont le nain jaune, un personnage à la peau dorée de la taille d'un enfant de cinq ans, qui apparaît aux jeunes filles en âge de se marier et cherche depuis des siècles celle qui acceptera de l'épouser ; il peut transformer les poils de sa barbe en anneau de mariage et prétend posséder une immense richesse, mais il vaudrait mieux fuir sa présence malfaisante195,196.
Autres pays
Les nains mineurs comptent encore le petit père Bidou des Flandres et les kinnaras d'Inde164. Les nains de la mythologie inuit, Kingmingoarkulluk et Eeyeekalduk (ce dernier vit dans les pierres et peut soigner), sont plutôt sympathiques197, tout comme ceux des Amérindiens. Un mythe cosmogonique des Indiens du Maine parle du nain Koluskap. Il crée les Mihkomuwehsisok, peuple de nains qui vit dans les rochers et joue merveilleusement de la flûte198. Les Iroquois connaissent trois sortes de nains, les Hongas qui protègent la roche, les Gandayaks attachés aux plantes et rivières, et enfin les Ohdowas, qui vivent sous terre197. Chez les Cayugas et les Senecas, les nains accompagnent les chasseurs, ramènent les enfants perdus et partagent leurs connaissances des plantes médicinales. Ils ne s'offusquent que des grossièretés de langage et, dans de tels cas, font perdre l'esprit à la personne qui les a insultés198. Dans The Jealous Potter, Claude Levi-Strauss parle des Pipintu, les nains sans anus199.
En Afrique, le Machinga Yao influence la maturation des cultures200. Les Tongas croient en des nains célestes créateurs d'orages. Les Menehunes d'Hawaï forment l'un des peuples de nains mythiques les plus révérés, fameux bâtisseurs et travailleurs de la pierre, ils auraient construit des dizaines de temples près d'Honolulu et aux alentours200.
Évolution des croyances
Les nains sont essentiellement présents dans deux types de récits : ceux qui rapportent des croyances, et les contes et légendes de la littérature96. La croyance en ces petits êtres existe de tous temps dans les campagnes européennes, depuis l'époque médiévale jusqu'à l'industrialisation, bien que l’Église ait tenté de l'occulter et qu'au fil du temps un grand syncrétisme se soit produit. Les nains ne sont pas seulement l'objet de superstitions, mais aussi de réelles vénérations liées à la fertilité, à la fécondité et au culte des ancêtres201. Ces pratiques sont universelles au cours de l'Histoire, même si désormais, au début du XXIe siècle, peu de personnes prennent l'existence des nains pour une réalité200.
Moyen Âge et temps modernes
Dès les débuts de la christianisation des germano-scandinaves, la croyance aux nains et aux elfes est assimilée au paganisme, et sévèrement combattue10. Tous deux entrent dans la famille des démons du cauchemar en raison de leur appartenance originelle au monde des morts. Du VIIe siècle au IXe siècle, les elfes, qui étaient vénérés dans les pays germaniques, sont rapprochés des nains maléfiques66,202. L'un des termes pour désigner le nain est scrat ; sa nature est, jusqu'au XIIe siècle, surtout celle d'un revenant malfaisant203.
Au XIIIe siècle, le nain germanique change de fonction et devient parfois un génie domestique, à l'image du lutin françaisNote 19. D'autres textes les attachent à des paladins en aventure et en font de redoutables bretteurs malgré leur taille réduite204. Ces assimilations s'effectuent sous la houlette de l'Église catholique romaine, qui donne pour consigne aux clercs et aux moines de diaboliser les croyances populaires pour les rapprocher de la sorcellerie. Elle rassemble sous un même nom et une même identité tous les êtres issus du paganisme et des superstitions anciennes202. D'après Claude Lecouteux, « par un étrange retournement de situation, les nains deviennent de braves gens, d'aimables auxiliaires, de dévoués serviteurs, mais ce caractère n'est pas le leur, c'est celui des elfes avant leur diabolisation, et des génies domestiques »205. Le schrat, nain crieur à l'origine, devient un personnage tutélaire et domestique, comme l'atteste un vocabulaire latin-allemand de 1482, où il est traduit par « Pénates ». À la fin du Moyen Âge, cette nouvelle nature du nain est bien établie156.
À partir du XVe siècle, les récits font état de nains dans les mines, nommés « moines de la mine » ou « hommelets de la terre »66. Ils sont ambivalents, prévenant les mineurs de dangers ou, au contraire, provoquant sur eux des catastrophes197. La vision aimable de ces personnages explique la figure des nains de Blanche-Neige202. Ils deviennent parfois des ancêtres tutélaires, à l'image de cette chronique du duché d'Oldenbourg, vers 1599, selon laquelle un comte reçoit trois objets magiques d'un nain, censés garantir la prospérité de sa lignée206. Un récit de 1679 est attaché à la famille Ranzau, dont la grand-mère aurait aidé une femme à accoucher dans une montagne creuse, après avoir suivi un nain, lequel lui a ensuite remis un morceau d'or à partager entre ses quatre enfants207.
Les Amérindiens partagent la croyance aux nains avant leur évangélisation. La nature et le petit peuple sont vus comme un présent de la création, ils reflètent leur point de vue sur la nature, essentiellement neutre mais punissant sévèrement toute forme d'irrespect. Les Abénaquis ont un mythe cosmogonique selon lequel le nain Koluskap crée le premier homme et la première femme198.
Époque contemporaine
Dans son étude de la mythologie teutonne, en 1816 et 1818, Jacob Grimm examine les croyances associées aux bois et aux cavernes, citant plusieurs fois les nains69. Il remet au goût du jour des textes anciens (notamment Eddas) qui servent de sources d'inspiration pour les auteurs à venir, et fait la somme des connaissances de son époque quant aux êtres fabuleux208.
Des personnes de petite taille bien réelles lancent le débat quant à l'existence des nains des traditions populaires1. En 1887, le professeur Miguel Maratzade découvre un peuple mesurant 1,10 m à 1,20 m, appelé nanos selon la tradition locale, à Ribas de la Valduerna dans l'Est des Pyrénées espagnoles209.
Témoignages
En 1834, le Belge Antoine Schayes atteste que la croyance aux nains est très répandue en BelgiqueNote 20 :
« Cette superstition est encore en vigueur chez nos paysans […] Il en est de même de la croyance aux nains qui habitent les souterrains, les cavernes et les montagnes. […] Au village de Gelrode, les paysans montrent une colline, appelée Kabouterberg, dans laquelle sont creusés plusieurs souterrains. Ils soutiennent gravement que ces grottes étaient la demeure des nains, que, lorsque le meunier du lieu avait besoin d'aiguiser sa pierre, il n'avait qu'à la placer à la porte de son moulin avec une beurrée et un verre de bière; qu'alors on voyait arriver de nuit un de ces nains qui, moyennant ce salaire, se chargeait d'aiguiser la pierre, et qu'au lever du soleil le meunier trouvait sa besogne faite. Il en était de même quand il voulait avoir son linge lavé. »
— Antoine Schayes, Essai historique sur les usages, les croyances, les traditions des Belges anciens et modernes210
Depuis, le nain mythologique « continue à faire régulièrement surface »211. En 1951, les Hawaïens qui extraient des rochers à Diamond Head affirment que chaque nuit, les Menehunes défont le travail que les hommes accomplissent durant la journée. Ces nains font toujours l'objet de croyances au début du XXIe siècle, et il n'est pas rare que des écoliers partent à leur recherche en compagnie de leurs professeurs212.
Études depuis le XXe siècle
Les nains des traditions populaires font l'objet de peu d'études. Helmut de Boor publie quelquefois à leur sujet et l'Austro-américain Lotte Motz leur consacre son ouvrage The Wise One of the Mountain: Form, function, and significance of the subterranean smith en 1983213. L'une des premières études complètes en langue française est celle du spécialiste des croyances germaniques médiévales Claude Lecouteux, dans Les Nains et les elfes au Moyen Âge, en 1988201. En 1990, Tim Appenzeller décrit un grand nombre de ces petites créatures dans son ouvrage Dwarfs, en langue anglaise214, et deux ans plus tard l'elficologue Pierre Dubois fait de même en français dans La Grande Encyclopédie des lutinsNote 21. En 2003, Anne Martineau étudie les représentations du nain dans le roman français médiéval215, et en 2010 Claude Lecouteux rassemble les textes (principalement germaniques), parlant du petit peuple dans l'anthologie Nos bons voisins les lutins : Nains, elfes, lutins, gnomes, kobolds et compagnie216.
Symbolique
Sculpture de nain à
Wrocław en Pologne.
Le nain est étudié sous l'angle de l'histoire, du folklore et de la littérature, mais aussi de la psychanalyse. Véhicule de qualités créatives compromises par les forces instinctives souterraines10, il symbolise généralement l'inconscient, mais reste ambivalent, et parfois protecteur à l'image des Cabires217. Les personnages de nains répondent aux désirs des sociétés primitives : se rendre invisible, voler, posséder des armes magiques et des trésors, et gagner la connaissance de la nature, d'où les homoncules de la tradition alchimique100. Les conte-types dans lesquels des parents ont un enfant de très petite taille (tels Le Petit Poucet, Poucette, Tom Pouce ou encore Issun-bōshi) s'appuient sur la symbolique du nain pour expliquer de quelle façon l'intelligence, l'imagination et la spiritualité permettent à un enfant de compenser un désavantage physique de naissance et d'accomplir ses rêves129. Carl Gustav Jung voit dans le nain le « gardien du seuil de l'inconscience »Trad 2,217 et le Dictionnaire des symboles ajoute que par sa liberté de langage et de gestes auprès des grands de ce monde, il personnifie les manifestations incontrôlées de l'inconscient, tout en se rapprochant du bouffon112. La mode des nains réels traités « comme des animaux de compagnie » à la Renaissance est peut-être liée à une volonté de soigner l'inconscient pour l'endormir112.
Force chtonienne et difformité
Le nain est indéniablement un être chtonien lié aux territoires souterrains, en ce sens, il représente des forces obscures aux apparences monstrueuses, présentes dans chaque être humain126. Sa petite taille peut être perçue comme un signe de difformité, d'anormalité et d'infériorité dans certains mythes, comme celui de « Vamana » dans l'Hindouisme, où le démon-nain représente l'aveuglement et l'ignorance de l'homme dans toute sa « petitesse », la victoire sur celui-ci marquant la naissance de la sagesse véritable217. La diabolisation en fait « des échecs et erreurs de la nature », à rapprocher des nombreuses figures de saints foulant des démons nanesques aux pieds112.
Le nain peut aussi se montrer d'une grande sagesse et d'une logique rappelant l'instinct et l'intuition, ce qui en fait un personnage initié aux mystères. Certaines analyses le voient comme un gardien de trésors et de secrets souterrains à l'image du dragon, mais bavard et s'exprimant par énigmes112. Leur lien symbolique avec le chiffre sept pourrait être dû au fait que sept métaux, associés à sept planètes, ont longtemps été les seuls connus116.
Enfant intérieur
Le nain peut se montrer amical et souriant puis cruel l'instant d'après. Il renvoie à l'
enfant intérieur, la part enfantine de chaque être humain.
Comme le lutin, les fées et bon nombre de représentants du petit peuple, le nain renvoie à l'enfant intérieur218. Il ne vieillit et ne grandit jamais, restant éternellement suspendu « dans le temps présent ». Il peut tenir une multitude de rôles en se faisant tour à tour esprit farceur, bouffon, revenant, sage ou magicien, et en se montrant très gentil ou au contraire cruel, tel un enfant. Cette représentation montre pourquoi l'image du nain est généralement rassurante pour eux, tandis qu'elle devient dure et terrifiante pour les adultes219. Les contes de nains et d'elfes peuvent mettre l'accent sur la créativité, représentant un bon aspect de l'enfant, ou au contraire l'impulsivité, son mauvais aspect. En analysant un grand nombre de récits comportant des nains, Marie Louise von Franz, analyste renommée de Carl Jung, a relevé 85 % d'occurrences pour lesquelles ils sont présentés sous un jour positif (bien que parfois impulsifs). Elle en conclut que les nains représentent l'impulsion positive, la bonne idée ou le bon pressentiment qui pousse les personnes à trouver une solution créative à leurs problèmes197.
D'après Bruno Bettelheim, psychanalyste freudien, le nain est « un homme en miniature » dont il n'existe aucun équivalent féminin, contrairement à la fée, pendant du magicien. Il le voit comme « un homme dont la croissance a avorté »116, et qui par son habileté à se faufiler dans de sombres cavités, revêt un sens phallique. Sa nature industrieuse, son attachement aux biens matériels, sa méconnaissance de l'amour et son existence routinière renvoient à un état pré-œdipien et prépubère220. Ainsi, les nains qui accompagnent Blanche-Neige sont, toujours selon Bettelheim, de simples faire-valoir qui, « incapables d'atteindre une virilité adulte, restent indéfiniment fixés au niveau pré-œdipien », sans avoir de parents ou d'enfants ni connaître le mariage221.
Représentation dans les arts, la littérature et les jeux
Les nains figurent dans l'art depuis l'Antiquité et dans la littérature depuis le Moyen Âge. Avec la naissance des contes écrits, de nombreux dessins de nains illustrent les livres pour enfants222.
Antiquité
Des représentations de nains existent dans l'art de très nombreuses cultures, sans que le contexte permette toujours de savoir s'il s'agit de la représentation d'une personne réelle, d'un fœtus, ou d'un personnage mythologique. Chez les Mayas, ils figurent sur des poteries, en serviteurs des dieux. Tout comme les nains olmèques, ils ont pour fonction d'accompagner les morts vers l'au-delà au terme de cérémonies où ils sont placés dans des tombes. Les « Ganas » sont présents dans l'art hindou entre le IVe siècle et le VIe siècle ; ils accompagnent le dieu Ganesh222.
Moyen Âge
Les premiers textes mentionnant des nains remontent au Moyen Âge. Une distinction importante existe entre d’une part ceux des textes germaniques comme la Chanson des Nibelungen et scandinaves comme l’Edda de Snorri, clairement rattachés à la mythologie germanique et à la mythologie nordique, et d'autre part ceux du monde roman, en particulier dans le cycle arthurien où ils n'ont rien en commun, ces récits ne livrant aucune information relative à leur origine72,223.
Littératures germanique et scandinave
Selon Claude Lecouteux, « c'est vers les années 1023-1050 qu'un nain est mentionné pour la première fois dans la littérature d'outre-Rhin, mais des textes non littéraires montrent que le personnage est connu bien avant cette date »224. Le plus ancien texte allemand avec un nain clairement identifiable est le Ruodlieb225, daté de 1060 à 1090226. Y est détaillée la rencontre entre un chevalier et la créature, qui comporte « déjà les principales caractéristiques du nain allemand »227 ; les humains s'en méfient226. Puisque les nains appartiennent à la mythologie nordique, ils apparaissent naturellement dans l’Edda de Snorri, l’Edda poétique et la Völsunga saga. La plupart des nains germaniques sont de « petits chevaliers » et conservent de leur origine certaines capacités magiques228. La christianisation influence vraisemblablement la description qui en est faite, à l'image de l'épopée anglo-saxonne d'origine germanique Beowulf, dans laquelle les enfants de Cain, elfes et ogres, sont décrits comme des monstres10.
Le « chef-d'œuvre de la littérature germanique du Haut Moyen Âge » est la Chanson des Nibelungen (en moyen haut-allemand Nibelungenlied229), une épopée écrite vers 1200. Les nains y sont des détenteurs de trésors nommés les Nibelungen, littéralement les « fils du brouillard »230, que le héros Siegfried trahit et réduit en esclavage231. Le personnage d'Alberich, « roi des elfes » dans les croyances des Francs, y devient le roi des nains, et veille sur le trésor de son peuple avant d'être renversé par Siegfried232. Dans sa version norvégienne, Alberich devient le voleur nain Alfrik, créateur de la fabuleuse épée Nagelring dont Théodoric de Vérone s'empare233. Il existe plusieurs récits où Laurin, le roi des nains du Tyrol, rencontre Théodoric de Vérone, comme le roman allemand du XIIIe siècle Laurin. Dans Laurin ou le Jardin des roses, Dietrich le vainc après avoir dévasté sa merveilleuse roseraie234. Dans une chronique autrichienne du XIVe siècle, un nain forcé de se battre en duel propose une ceinture donnant la force de vingt hommes au chevalier qui accepterait de le représenter au combat, et lui fait également don d'un anneau qui apporte la fortune235.
Littératures romane et anglo-saxonne
Le cycle arthurien, en particulierNote 22, met en scène de nombreux nains, êtres surnaturels venus de l'autre monde236. « Issus d'un amalgame entre les croyances celtiques et germaniques », ces personnages restent de simples « accessoires tératologiques »3 peu différenciés25. Ils se montrent nuisibles sans raison et témoignent de « mauvaise humeur à l'égard des humains »225,237. Fils et cousins de fées comme Morgane et Oriande238, leur rôle le plus fréquent consiste à garder la porte d'un château ou accompagner un chevalier en aventure223. Un grand nombre sont des serviteurs anonymes25 se chargeant des corvées domestiques, généralement de nuit, sans jamais dormir : dans Yder, un seul d'entre eux remplace tout le personnel d'un château239. Ils restent en étroite relation avec les morts, exerçant des activités de geôliers et de bourreaux240, et ont la langue bien pendue lorsqu'ils ne se terrent pas dans un mutisme obstiné241.
Ces nains sont issus du lutin des croyances populaires. Tronc, qui joue des farces en bondissant en selle derrière les cavaliers ennemis dans Ysaÿe le Triste, en est un exemple242. Ils perdent leurs traits mythiques243 avec le temps244, et sous la plume des auteurs, se mettent au service des nobles et des chevaliers245, tout en changeant de régime alimentaire246.
L'un des nains français les plus connus est le « roi de féerie » Aubéron, qui inspire Shakespeare à la fin du XVIe siècle. Bien qu'il soit nommé « nain bossu » (nain boceré) dans Huon de Bordeaux, il représente comme Alberich, dont il tire son origine, l'une des dernières images de l'elfe247. Le nain Puignés de Perceforest est remarquable dans le sens où il se montre violent, apparaît et disparaît à volonté, et apporte la couronne du roi237. Enfin Groanain, dans le Lancelot en prose, rappelle les forgerons détenteurs de trésors248, bien qu'il s'agisse d'exceptions. Le luiton (lutin) a exercé une plus grande fascination sur les auteurs médiévaux243.
De la Renaissance à la fin du XIXe siècle
Des statues de nains commencent à apparaître dans les jardins dès la Renaissance, d'abord en Italie avec les Gobbi, sortes de nains bossus. L'Allemagne se met ensuite à produire des nains décoratifs de terre cuite en grand nombre (gartenzwerg) au fil du XIXe siècle. Ces productions se fondent sur les croyances locales et sont conçues comme un moyen, pour leurs détenteurs, de donner figure aux histoires de petits êtres s'occupant du jardin dès la nuit tombée. Jusqu'au début du XXe siècle, ces personnages arrivent en France (nains de jardin), et surtout en Angleterre (garden gnomes), où ils connaissent une grande popularité249.
Collectages des contes populaires
Les sept nains qui recueillent
Blanche-Neige, par Franz Jüttner, 1905.
Le travail des frères Jacob et Wilhelm Grimm va influencer durablement la perception des nains en Occident. Ils collectent de nombreux contes populaires allemands, parmi lesquels douze mettent le petit peuple en scène250. Aux côtés du plus célèbre d'entre eux, Blanche-Neige, figurent notamment Blanche-Neige et Rose-Rouge et son nain ingrat ; le Nain Tracassin qui vient en aide à une jeune fille et exige en échange son premier enfant, sauf si elle parvient à découvrir son nom ; ou encore Les Trois Petits Hommes de la forêt, conte qui illustre le thème des enfants vertueux récompensés251. Les nains de Blanche-Neige sont différents de ceux de Walt Disney, dans le sens où leur demeure est bien tenue, rendant la présence de Blanche-Neige superflue. Les nains ne lui témoignent d'ailleurs aucune attention particulière251.
La première édition allemande de leur travail, les Contes de l'enfance et du foyer, date de 1812. Les rééditions, traductions et adaptations en sont innombrables. George Heide remarque que nains et hommes se confrontent souvent dans ces contes, mais il constate également qu'à partir du moment où les humains traitent les nains avec respect, ils sont récompensés par de multiples dons, tandis que ceux qui tentent de les tromper sont punis. De même, si les habitants d'un village deviennent trop arrogants, même le plus gentil des nains s'enfuit pour toujours. Il voit dans ces récits les échos directs d'une tradition orale nostalgique, référant à un passé bienheureux252.
Cette vaste entreprise de collectage fait naître un intérêt pour la littérature orale dans toute l'Europe, et si les frères Grimm sont les plus connus en ce domaine, d'autres auteurs ont rassemblé des contes avec des nains, même s'il ne s'agit pas toujours de leur activité principale253. Parmi eux, il y a le médiéviste allemand Karl Viktor Müllenhoff. À la fin du XIXe siècle, Maria Konopnicka écrit des contes basés sur les croyances populaires polonaises, dont Les Nains et Marysia l'orpheline en 1896254.
Opéras
Le XIXe siècle est aussi l'époque des opéras. En s'appuyant sur les travaux des frères Grimm, Richard Wagner compose Der Ring des Nibelungen, de 1849 à 1876, et met en scène de nombreux nains parmi les Nibelungen, avec toutefois des différences sur les sources originales : Siegfried devient un véritable héros, tandis que les Nibelungen récupèrent au contraire des aspects négatifs231. Wagner cherche alors à créer une épopée nationale allemande et cet opéra connaît un succès immenseNote 23,255. Alberich y est le roi de son peuple et le gardien du « trésor du Rhin » comme dans la Chanson médiévale, mais il est influencé par Andvari, de la mythologie nordique, puisqu'il forge l'anneau Andvaranaut256. Arthur Rackham illustre abondamment ces nains dans une version littéraire de l'opéra, série d'ouvrages à grand succès plusieurs fois réédités257.
En Norvège, la pièce de théâtre Peer Gynt, écrite par Henrik Ibsen en 1867, raconte les péripéties d'un personnage à la recherche d'aventure et d'amour, qui séduit l'une des filles du légendaire roi des montagnes de Dovre et se retrouve en danger parmi les trolls, parfois désignés comme des nains en françaisNote 24. Un opéra homonyme est composé par Edvard Grieg en 1874, dans lequel les trolls et les nains sont popularisés à travers notamment la chanson Dans l'antre du roi de la montagne258.
- Der Ring des Nibelungen, Les nains vus par Arthur Rackham (1911)
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Les peuples des nains avec Alberich, leur roi.
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… préparant un soporifique alors que Siegfried, devenu adulte, reforge Nothung.
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… se cachant, effrayé, pendant que Siegfried brandit l'arme.
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… et penché, en compagnie d'Alberich, sur le cadavre de Fáfnir. Siegfried, conscient que le nain projette de le tuer, le devance et l'abat.
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Depuis le XXe siècle
Depuis le XXe siècle, une multitude de productions artistiques mettent les nains en valeur. Le cinéma (Blanche-Neige et les Sept Nains) et la bande dessinée contribuent à une « folklorisation » progressive du personnage. L'aspect du nain de jardin, éloigné des traditions populaires, est influencé par cette vision259. Considéré comme kitsch, le nain de jardin est la cible de vols humoristiques et de la farce du nain de jardin voyageur sous l'impulsion, entre autres, du front de libération des nains de jardin260.
L'un des nains de
Wrocław, au-dessus de l'entrée du siège de la Police municipale.
Un nombre croissant de statues de nains en bronze (krasnale) sont placées dans la ville polonaise de Wrocław depuis 2001, à la suite de la chute du communisme. Elles se réfèrent à l'alternative orange, un mouvement anarchiste261.
Blanche-Neige et les Sept Nains
Le conte des frères Grimm est adapté en dessin animé par les studios Disney dans le film d'animation Blanche-Neige et les Sept NainsNote 25 en 1937. Grâce à son succès mondial, il donne aux nains une image indéfectible de petits personnages humoristiques exerçant une profession de mineur. Dans l'œuvre des frères Grimm, les nains n'avaient ni noms ni personnalité ; dans le film repris par Disney, ils s'appellent Prof, Joyeux, Atchoum, Grincheux, Dormeur, Timide et Simplet, et possèdent un comportement à l'image de leur nom, dans le but de générer des éléments comiques. Il s'agit d'une différence essentielle avec la version originale du conte262.
Pour Robin Allan, les nains sont « des enfants vis-à-vis de Blanche-Neige en tant qu'image maternelle, adultes face à elle enfant. Comme les animaux ils sont proches de la terre — ils sont mineurs — et ils ont des caractéristiques animales. »263
Littérature fantasy
Les nains restent associés aux univers enfantins264, jusqu'à l'arrivée de la littérature fantasy. Le succès de l'univers de la Terre du Milieu créé par J. R. R. Tolkien dans les années 1950 en fait progressivement un peuple guerrier des jeux de rôle et une source d'inspiration pour les films, les bandes dessinées et les romans265.
Nains de la Terre du Milieu
À la suite des écrits de J. R. R. Tolkien, les nains deviennent, tout comme les elfes, un peuple classique de la littérature fantasy. Ils inspirent un très grand nombre de productions, aussi bien dans la littérature que dans le jeu de rôle, les jeux vidéo, et le cinéma266,267. Si en anglais, le pluriel le plus communément répandu de dwarf est dwarfs, Tolkien emploie systématiquement la forme dwarves. Même s'il n'est pas le premier à l'écrire ainsi, il a certainement contribué à la démocratisation de dwarves dans le domaine de l'imaginaire268.
Dans l'univers interne de la Terre du Milieu, les nains, conçus par le vala Aulë, forment un peuple d'artisans hors pair269. Ils ont leur propre langue, le khuzdul, inspirée des langues sémitiques, notamment l'hébreu et l'arabe270. La Moria est leur ancien royaume. Tolkien emprunte à la tradition nordique et germanique le royaume des nains dans les montagnes, « ruisselant d'or et de pierreries »271, bien que ses personnages soient globalement plus sympathiques que leurs ancêtres mythologiques267.
Autres ouvrages
Quelques années après Tolkien, C. S. Lewis, grand ami de ce dernier, intègre des nains au monde de Narnia dans Le Prince Caspian, en 1951272. Un grand nombre de romans de fantasy reprennent ensuite des nains plus ou moins influencés par ceux de la Terre du Milieu. Parmi eux, on peut citer l'univers de Lancedragon, un tome de la série étant consacré à Flint Forgefeu : Sa majesté Forgefeu273. Dans le cycle de l'Héritage de Christopher Paolini, les nains sont les alliés des elfes, des humains et des vardens274.
L'Américain James Blaylock écrit le roman steampunk Le Nain qui disparaissait en 1983 (1998 pour la traduction française275), et Markus Heitz la série Les Nains (Die Zwerge) de 2003 à 2008, traduite en français chez Bragelonne, et qui connaît un grand succès en Allemagne, au point qu'une adaptation cinématographique est en cours en 2011276. Les Chroniques de Spiderwick, écrites par Holly Black et Tony DiTerlizzi, présentent des nains dans un univers parallèle277. Elles sont traduites en français depuis 2004.
Cinéma après les années 1950
Sous l'influence de Tolkien, le nain peut être présenté au cinéma comme le membre d'un peuple de guerriersNote 26, à l'image des films et animations tirés du Seigneur des anneaux. L'adaptation des romans dans la trilogie réalisée par Peter Jackson dès 2001 permet à John Rhys-Davies de jouer le rôle de Gimli. Il y acquiert un aspect « comique » plus présent que dans les livresNote 27,278,279.
Des productions plus modestes en termes de diffusion et de notoriété mettent en scène des nains. Willow de Ron Howard, sorti en 1988, montre un peuple de nains dans un univers féerique280. L'adaptation des Chroniques de Spiderwick par Mark Waters en 2007 reprend l'univers du roman, tout comme Le Monde de Narnia : Le Prince Caspian d'Andrew Adamson, en 2008. Dans Shrek 4, sorti en 2010, le nain Tracassin est le principal antagoniste.
Jeux de rôle
Le nain est un personnage indissociable du jeu de rôle, où sa figure est issue de l'influence des écrivains de fantasy et de fantastique, via le premier jeu de rôle sur table à grand succès, Donjons et Dragons (D&D)281. Les nains se retrouvent depuis dans de très nombreux jeux, entre autres l'univers de Palladium, celui de Glorantha créé par Greg Stafford et qui sous-tend les jeux RuneQuest et Herowars, Age of Wonders, Earthdawn, etc. Les univers de Warhammer et de Warhammer 40,000 ont développé une histoire des nains et des squats, sortes de nains futuristes, dans le cadre du jeu de figurines.
Donjons et Dragons
Dans D&D, les nains sont des personnages trapus, d'environ 1,3 mètre pour 70 kg. Ils aiment la bonne chère et les boissons fortes, et par-dessus tout, adorent l'or, les bijoux et les gemmes. Ce sont de rudes guerriers, résistants à la magie (dans Advanced Dongeons & Dragons - AD&D - et D&D version 3). Ils bénéficient de l’infravision permettant de détecter les ondes de chaleur (AD&D), ou de la vision nocturne qui leur permet de voir dans l'obscurité totale sur une distance de 18 m (D&D version 3). Ils détestent les gobelinoïdes, les orques et les géants (contre lesquels ils ont certains bonus, D&D version 3). Il existe une certaine animosité entre eux et les elfes, malgré le fait que les deux races soient généralement bienveillantes. Ils sont souvent des mineurs émérites ou d’excellents forgerons, doués d'une force extraordinaire et d'une vie d'environ 250 ans. Ils connaissent les secrets de l'acier et savent forger les meilleures armes, parmi lesquelles leur préférée est un énorme marteau à deux têtes. Le manche est en général très long, décoré de runes magiques qui donnent une force et un courage surhumains à son possesseur (AD&D). À partir de la version 3 de Donjons et Dragons, les nains manient plutôt des haches. Leur dieu principal est Moradin282.
Pathfinder
Dans le jeu de rôle Pathfinder, les nains sont des personnages généralement stoïques et sévères qui vivent dans des cités au cœur des montagnes. C’est une race vouée à combattre les monstres sauvages, principalement les orques et les gobelins. Les nains sont décrits comme des artisans talentueux et austères qui ne s’intéressent qu’à la terre, et qui vénèrent Torag283, dieu de la forge, de la protection et de la stratégie. L'histoire des nains sur Golarion est constellée de guerres contre les gobelins, les orques et les géants. Ils sont barbus, petits (ils mesurent environ 30 cm de moins que les humains) et plutôt lents, mais sont aussi très robustes, pieux et accordent une importance particulière à l'honneur et aux traditions.
Warhammer et Warhammer 40,000
Dans l'univers Warhammer, les nains vivent au cœur des montagnes, quoique certains d'entre eux soient également dispersés dans quelques royaumes humains et principalement dans l'Empire284. Ils sont petits, trapus et barbus, apprécient la bière et sont de brillants forgerons. Dans l'histoire de l'univers Warhammer, ils font figure de civilisation prométhéenne : ils ont apporté la civilisation et la technologie aux peuples humains en leur apprenant le travail du métal et la maîtrise de la poudre noire, et en forgeant des objets magiques de grande puissance. Leur ancien royaume n'est cependant plus que l'ombre de ce qu'il fut285.
La société naine de Warhammer rappelle par de nombreux éléments la Scandinavie médiévale. Les nains qui ne se sont pas assimilés à la population humaine continuent de fonctionner selon une structure clanique traditionnelle, vouant un culte à leurs ancêtres. L'honneur est pour eux une valeur primordiale, et un nain qui se trouve déshonoré n'a plus d'autre alternative que de trouver une mort glorieuse au combat284. Outre leur sens de l'honneur élevé, les nains ont la particularité d'être incapables de pratiquer la magie. Ils entretiennent également une méfiance ancestrale envers les elfes286.
Warhammer 40,000 (et les romans qui développent l’univers) présente les squats, cousins des humains, ayant muté physiquement en raison de la forte gravité des planètes qu'ils ont colonisées. Loyaux à l'Imperium, ils sont reconnus pour leurs qualités d'ingénieurs. Les squats vivent sous la surface des planètes riches en minerai, dans les régions proches du centre de la galaxie. Ils possèdent toutes les caractéristiques habituelles des nains de fantasy, adaptées à un univers de space opera à l'échelle galactique287,Note 28.
Jeux vidéo
Les nains sont présents dans un grand nombre de jeux vidéoNote 29, principalement d'inspiration mythologique ou fantasy. Ces derniers s'approchent pour l'essentiel des nains de la Terre du Milieu288,289. Quelques jeux en font des personnages centraux ; ainsi, Slaves to Armok II: Dwarf Fortress permet au joueur de gérer une forteresse peuplée de nains ou un nain explorateur290, Nainwak's World lui fait incarner un nain de jardin291, et Dwarfs !?, se base sur la gestion d'un clan dans des souterrains292.
Les séries Myth (où ils sont, comme dans Warcraft, des experts en explosifs) et Might and Magic (ainsi que sa version stratégique au tour par tour Heroes of Might and Magic), Age of Mythology (où interviennent notamment les deux frères Brokk et Eitri, issus de la mythologie nordique293), Dungeon Siege, Dragon Age (qui, en accord avec les codes du sous-genre dark fantasy, en fait une race autrefois glorieuse en pleine décadence qui reste figée dans un système de castes drastique et un culte des ancêtres), les jeux issus de Donjons et Dragons comme Baldur's Gate et Neverwinter Nights, ou encore ceux tirés des écrits de Tolkien tel Le Seigneur des Anneaux Online294, incluent des nains.
Les MMORPG Everquest, Ultima Online, Dark Age of Camelot et Lineage II, parmi d'autres, les intègrent à leurs races jouables. Dans la série Warcraft, ils sont créés par les Titans comme des êtres de pierre en même temps que leur monde natal, mais à la suite d'une malédiction, deviennent des êtres de chair et de sang. Leur capitale, Forgefer, est située sous une montagne. Elle est régie par trois puissants clans, les Barbe-de-Bronze, les Marteaux-hardis et les Sombrefer, et entretient des liens étroits avec les autres membres de l'Alliance. Les nains manient naturellement le marteau et le fusil, et chevauchent des béliers295.
Dans la série des jeux The Elder Scrolls la race des Dwemers est parfoit appelée Nains en français. Il s'agit en fait d'une race elfique souterraine plus grande qu'un humain et réputée pour ses prouesses artisanales. Dans cet univers, ils ont mystérieusement disparu en laissant derrière eux leurs donjons et leurs serviteurs mécaniques issus de très hautes technologies.
Bande dessinée et illustration
Un certain nombre de bandes dessinées inspirées par l'univers de la mythologie nordique présentent des nains, dont Thorgal, l'une des premières BD de fantasy, qui en particulier met en scène Ivaldir et Tjahzi dans les albums L'Enfant des étoiles et La Gardienne des clés.
En 2015, les éditions Soleil publient le premier tome de la série concept Nains scénarisé par Nicolas Jarry : 5 dessinateurs, 5 récits, 5 ordres de Nains296.
Parodies
La généralisation de l'image « fantasy » du nain donne lieu à diverses parodies, dont les plus connues sont réalisées par Terry Pratchett et John Lang. Soleil Productions publie depuis 2010 la série Nains !, dans laquelle « Les nains considèrent que l'univers se divise en trois ensembles : ce qui se boit, ce qui se mange et ce qui se tue »297.
Disque-monde
Les nains sont courants dans les romans humoristiques du Disque-monde de Terry Pratchett : petits, barbus et souvent affublés d'une hache, ils aiment l'or, la bière et les rats (dans tous les plats). Ils vivent dans leurs royaumes sous la montagne, ou parfois à Ankh-Morpork. Modo est le jardinier de l'Université de l'Invisible ; Casanabo, le deuxième plus grand séducteur du disque-monde ; Bourrico et Hilaria Petitcul, des agents du Guet Municipal d'Ankh-Morpork ; Carotte Fondeurenfersson se revendique comme un nain (d'adoption) même s'il reste techniquement un humain.
Donjon de Naheulbeuk
Dans l'univers des Terres de Fangh du Donjon de Naheulbeuk, de John Lang et Marion Poinsot, les nains sont « chiants » (en partie grâce à des bonbons, les Chiantos), dotés d'un sens de l'humour douteux et d'une tendance à critiquer ce qui se passe autour d'eux. Ils vivent dans leurs mines à boire de la bière ou à creuser des tunnels, et sont repoussés par l'eau, sauf pour leur bain annuel. Ils sortent rarement à l'extérieur si ce n'est pour y insulter des elfes, auxquels ils vouent une haine réciproque sans fin. Excellents forgerons, ils sont à l'origine de la création de la firme Durandil, célèbre pour ses armes de qualité, extrêmement doués en matière de calcul, de finances et donc d'entourloupes liées à l'or, métal qu'ils aiment par-dessus tout298,299.
Notes et références
Traductions
- polarized aspect of an unseen spirit world.
- guardians of the threshold of unconscious.
Notes
- Cette perception touche aussi les géants.
- L'une des représentations du dieu Vishnou est celle d'un nain, voir Adelson 2005, p. 100.
- Suku-na-biko est un dieu nain bénéfique venu de la mer, voir Adelson 2005, p. 100.
- Les Mendés ont des statuettes de nains, symboles de fertilité, voir Adelson 2005, p. 99.
- Tlaloc, qui vit dans une montagne, a des servants nains dont le rôle est d'apporter la pluie, voir Adelson 2005, p. 100.
- Dans la mythologie nordique, la mythologie grecque, la Bible, et bien d'autres récits, les géants sont détruits par les dieux, alors que les nains survivent et coexistent avec les hommes.
- En particulier sur l'île de Rügen.
- Il est à noter qu'en langue anglaise, le nain de jardin est un garden gnome, littéralement « gnome de jardin ».
- Pour Pierre Dubois, Odin a voulu se concilier ces vers qui lui rappellent trop son crime contre Ymir en les traitant en alliés, d'où la multitude de dons qu'il leur a faits. « Et c'est ainsi que, approximativement, naissent les nains dans les Eddas ». Voir Dubois 1992, p. 9.
- Ce thème est repris notamment par un conte de Silésie collecté en 1865, et par Pierre Dubois dans Le grimoire du petit peuple : un nain caché par son bonnet chaparde dans des plats qui arrivent sur table de la salle à manger à moitié vides, jusqu'au moment où les convives commencent à se poser des questions. Voir Lecouteux 2010, p. 264.
- Un exemple est ce récit de Harz en 1727, où un pauvre berger ramasse des cailloux qui se changent en pépites, voir Lecouteux 2010, p. 177-178. Un autre est ce conte de Poméranie où ils récompensent un berger musicien en lui remplissant les poches de copeaux qui se changent aussi en pépites, voir Lecouteux 2010, p. 209-210.
- S'il existe un conte westphalien dans lequel un nain peine à porter un épi, celui-ci donne cinq boisseaux de seigle une fois battu. Voir (de) Weddingen et Hartmann 1855, p. 157.
- Il s'agit là d'une différence essentielle entre les nains et les elfes, ces derniers étant toujours décrits comme d'une grande beauté.
- Ce qui rappelle la théorie de l'alchimiste Paracelse.
- Un exemple dans ce conte près d'Oberbüren où des naines cuisent le pain et apportent la nourriture des travailleurs des champs ((de) K. Baader, Volkssagen aus dem Lande Baden, Karlsruhe, 1851-1855, p. 93).
- Le nain forgeron est comparable au dragon gardien de trésors quant à l'association symbolique.
- Ces deux récits illustrent une caractéristique du petit peuple souvent évoquée par Pierre Dubois, à savoir le côté écologiste de ces créatures.
- On les retrouve dans la saga Harry Potter, sous le nom de chaporouge.
- Un exemple est le fabliau du XIIIe siècle Der schretel und der Wazzerbär, dans lequel un schrat établi dans un foyer combat un ours.
- Le nuton est une créature typiquement wallonne, influencée à la fois par le lutin français et le nain germanique. En Belgique néerlandophone, il s'agit du kabouter.
- Dans sa bibliographie, Claude Lecouteux classe cet ouvrage parmi les études, et non avec les collectages. Voir Lecouteux 2010, p. 324.
- Les nains sont très rares dans les chansons de geste.
- Il est particulièrement mit en valeur sous le régime nazi.
- Pour Régis Boyer, il s'agit d'une erreur puisque les lutins et les nains possèdent un côté farceur, que n'a pas le troll.
- On notera que le titre du film, différent de celui du conte (Blanche-Neige), donne aux nains un rôle bien plus important que dans ce dernier.
- C'est le cas, par exemple, dans Donjons et Dragons, le film.
- Dans Les Deux Tours, il dit que les nains sont des sprinters, demande à Legolas de le lancer pour atteindre les orcs, et fait un concours du plus grand nombre d'orcs tués avec ce dernier.
- Games Workshop, société à la base des jeux Warhammer et Warhammer 40,000, n'assume plus l'existence des squats dans le développement actuel de la gamme. Jervis Johnson, directeur commercial, en donne en 2006 les raisons officielles.
- Le site web spécialisé dans les jeux vidéo Giant Bomb relève, fin 2011, 155 jeux dans lesquels des nains apparaissent.
Références
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Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Encyclopédies et dictionnaires
Fictions et recueils
Études
Article
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- Run Futthark, Le monde étrange des fées, elfes, lutins, korrigans, gnomes et autres personnages, Paris, De Vecchi, , 128 p. (ISBN 2-7328-3419-X et 9782732834191)
Articles connexes
Liens externes
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Géant (Hominidé cryptide)
Le jésuite allemand Athanasius Kircher assimilait certains fossiles de grandes dimensions à des restes de géants disparus.
Gravure illustrant la prétendue évolution de la taille des hommes, publiée dans l'ouvrage Mundus subterraneus (1665)1.
Les géants sont un genre d'hominidé cryptide, dont l'existence est suggérée par des témoignages ou des éléments matériels. Ils constituent une figure familière dans un certain nombre de mythologies et folklores. L'hypothèse de leur véritable existence a perduré tardivement sur la foi de témoignages et d'éléments matériels ambigus ou mal interprétés. Les progrès des connaissances scientifiques ont conduit à considérer ce genre comme cryptide, même si certaines maladies humaines (acromégalie, gigantisme...) peuvent provoquer une croissance hors norme. La croyance en des « géants primordiaux » peuplant jadis la Terre continue parfois d'être exprimée dans des textes relevant de l'ésotérisme et de l'occultisme.
D'un point de vue scientifique
Le gigantisme est une maladie bien réelle (et rapidement mortelle), généralement liée à diverses perturbations hormonales qui mettent le corps à rude épreuve, car celui-ci n'est pas adapté à résister à de telles tailles. Ainsi, on ne connaît aucun humain ayant survécu à des tailles supérieures à 2,72 m (Robert Wadlow, homme le plus grand du monde, décédé à 22 ans en 1940).
Le registre fossile présente quelques espèces d'hominidés plus grands qu’Homo sapiens, le plus grand répertorié étant le Gigantopithèque (espèce asiatique plutôt quadrupède, proche des Orang-outans), qui devait mesurer jusqu'à 3 mètres de haut pour un poids allant jusqu'à 500 kg, et qui disparut il y a environ 100 000 ans2.
Les histoires de géants de taille supérieure, présentes dans diverses mythologies, proviennent sans doute de fossiles et d'ossements de très gros animaux, probablement des représentants de la Mégafaune du Pléistocène, strate fossilifère très répandue, facilement accessible et riche en gros mammifères, parfois plus ou moins bipèdes (comme les mégathéridés).
L'hypothèse d'humanoïdes de plus grande taille n'est pas possible pour des raisons purement biomécaniques, déjà bien illustrée par les terribles souffrances, handicaps et complications vécues par les personnes atteintes de gigantisme. En effet, quand un animal grandit, son poids augmente plus rapidement que sa taille. Par ailleurs, la résistance mécanique des os humains est limitée, et au-delà d'une certaine masse des adaptations morphologiques profondes seraient indispensables pour permettre à un tel être d'exister, modifications qui l'éloigneraient définitivement de toute ressemblance avec un humain3.
Empreintes et ossements fossiles
Des fossiles de grande taille et des phénomènes naturels comme les volcans, les geysers, les éclairs ou les feux follets ont toujours été observés par les humains, mais, avant la généralisation de la démarche scientifique, aux époques où la culture générale des populations était imprégnée de mythologie, ainsi que plus récemment dans les groupes sociaux les plus attachés aux mythes, ces fossiles et ces phénomènes ont été et peuvent encore être interprétés comme les signes de l'activité de géants4. Dans ses conférences et interviews, Guillaume Lecointre souligne que beaucoup de mythes anciens ont pu apparaître à la suite d’observations paléontologiques ou autres, mais sans analyse scientifique5.
Depuis la généralisation de la science et de la technologie, les travaux des paléontologues et autres chercheurs ou ingénieurs sont parfois sortis de leur contexte et réinterprétés par des non-scientifiques (ou par des scientifiques dévoyés) pour donner un « vernis d’apparence scientifique » (pour un public non-averti) à des théories tentant, en fait, d’étayer des mythes. Ainsi, pour diverses raisons, comme la recherche de notoriété et de bénéfices, la revanche sur un milieu professionnel sceptique, ou encore une foi religieuse, divers auteurs, dont certains étaient initialement des scientifiques de formation, ont fait profession de tenter d’étayer des mythes, en général sans preuve factuelle, mais aussi par la fraude scientifique6.
Mythologies
Mythologies, contes et traditions populaires
« Jack tue le géant Cormoran » (gravure sur bois, Angleterre, vers 1820).
La Bible mentionne l'existence de géants à différentes reprises. Dans la Genèse, il est par exemple mentionné « Et il y avait des géants sur la Terre en ces temps-là (…) »7.
En Angleterre, les géants « Gog et Magog » personnifient les « barbares » autochtones combattant Brutus — le premier roi légendaire des Bretons — et sont aujourd’hui considérés comme les gardiens mythiques de la Cité de Londres. Pseudo-mythe celtique dont on trouve une première trace dans le livre d'Ézéchiel, les peuplades païennes de Gog et Magog vivent « au nord du Monde », et représentent métaphoriquement les forces du Mal.
Jack le tueur de géants (Jack the Giant-killer) est un conte populaire anglais. Situé au temps du roi Arthur, il met en scène Jack, un vaillant jeune homme des Cornouailles, qui use de sa ruse pour vaincre successivement plusieurs géants.
La Chaussée des Géants, formation volcanique située sur la côte d'Irlande du Nord, a donné lieu à de multiples légendes.
La légende du Nideck, en Alsace, rapportée par les frères Grimm, a pour sujet une famille de géants.
Folklore
Avant le XIXe siècle
Le chapitre 158 des Gesta Romanorum (fin du XIIIe siècle) évoque le cadavre « d'un homme plus haut que les murs de la ville », censément découvert à Rome. « [T]ué après la destruction de Troie », le géant « portait une blessure de quatre pieds et demi [et] gisait là depuis 2 214 ans ». Le moine bénédictin Pierre Bersuire rapporte également cette rumeur dans son ouvrage Reductorium morale (XIV, 49)8.
En 1665, dans son livre Mundus Subeterranus publié à Amsterdam, Athanasius Kircher détaille toute une classification de géants1.
XIXe siècle
En 1863, le corps fossilisé d'un homme de 3 m est prétendument découvert par des ouvriers creusant un puits à Cardiff dans l'État de New York. Ce corps, appelé Géant de Cardiff, suscite une exposition payante mais le canular est éventé 6 mois plus tard9.
En 1890, L'anthropologue Georges Vacher de Lapouge a déterré à Castelnau-le-Lez trois fragments d'os correspondant au bras et à la jambe d'un homme surnommé « le Géant de Castelnau » en raison des dimensions des vestiges10.
En 1893, un squelette géant est découvert près du phare de Caraquet, au Canada, par le gardien. La découverte est annoncée dans Le Courrier des provinces maritimes11.
En 1894, un compte-rendu de presse américain parle de la découverte de gigantesques ossements humains trouvés à Montpellier, France, par des ouvriers travaillant sur un réservoir d'eau. Des crânes humains de 71, 79 et 81 centimètres de circonférence ont été signalés parmi des ossements humains qui ont indiqué une race d'hommes de trois à quatre mètres de haut. Les os auraient été envoyés à l'Académie de Paris12,13. Toutefois, il n'existe aucune trace de cette histoire en France.
XXe siècle
En 1936, l'anthropologue Ludwig Kohl-Larsen aurait découvert, sur la rive du Lac Eyasi (Tanzanie) des ossements humains géants14. Il est connu pour la découverte de la grotte Mumba (Mumba cave). En 1956, il fit paraître un livre sur les mythes Hadzabe, dont certains à propos de géants15.
En 1937, deux paléontologues allemands, Gustav Heinrich Ralph von Koenigswald et Franz Weidenreich, auraient trouvé en Chine plusieurs ossements humains d’une taille étonnante14. Weidenreich est l'auteur d'un livre sur le sujet16 faisant référence au Gigantopithèque, qui est un singe et non un humain. En 1944, Weidenreich fait un exposé sur ces restes de géants à l'American Ethnological Society.
XXIe siècle
En 2004, une équipe de prospection d'Aramco Exploration Team aurait découvert en Arabie saoudite un squelette humain de proportions extraordinaires qui pourrait se rattacher au peuple Ad cité par le Coran14. En 2007, des spécialistes américains et turcs prouvent que les photos sont truquées17, et en 2008, l'équipe de prospection Aramco, informée du canular, précise qu'en 2004 un cimetière de bédouins fut bien trouvé lors de prospections, mais que les squelettes avaient des tailles et dimensions normales. Le chantier fut déplacé, et les tombes furent remises en état, par respect pour la dignité des défunts.
Ésotérisme
Les auteurs suivants ont postulé l'existence passée de géants, sans évocation de preuve factuelle :
Dans son livre Mundus Subeterranus publié à Amsterdam en 1665, Athanasius Kircher détaille une classification de géants1.
L'auteur suivant est un scientifique en faveur de la théorie :
- Louis Burkhalter de la Société préhistorique française a écrit en 1950 dans la revue du musée de Beyrouth26 que l'existence de géants à la période acheuléenne (durant la majeure partie de la période glaciaire) était un fait scientifiquement établi14, se basant pour cela sur deux découvertes faites au Maroc et en Syrie d'outils géants.
L'auteur suivant est un scientifique en défaveur de la théorie (géant mais moins de 2,5 m):
- Selon le professeur Lee R. Berger de l'Université de Witwatersrand, de nombreux os fossiles montrent que certaines populations de Homo heidelbergensis étaient des géants mais de 2,13 m (7 pi) de hauteur seulement et datant de 300 000 à 500 000 ans, en Afrique du Sud. Il le confirme dans une interview en 200727.
Théories du complot
Les réseaux conspirationnistes actifs sur internet propagent régulièrement des fake news alléchantes sur des squelettes humains gigantesques, à grand renfort de retouche Photoshop parfois grossière3. En réalité, une grande partie des illustrations utilisées dans ces posts proviennent d'un concours de trucage Photoshop organisé en 2002 (d'où l'aspect encore très primitif de la retouche) sur le thème de l'archéologie28.
Les auteurs des posts complotistes accusent généralement pêle-mêle divers milliardaires, les biologistes darwiniens et l’Église catholique (pourtant peu liés) de faire disparaître ces preuves dans un vaste plan de contrôle de la vérité officielle3.
Bibliographie
Notes et références
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- Livre de la Genèse VI, 1-4.
- Lecouteux 2016, p. 447.
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- Complots et Dossiers Secrets, no 1, décembre 2008, Le règne des géants des témoignages historiques troublants, par Pierre Sumac, p. 32 à 37
- Ludwig Kohl-Larsen, Das Elefantenspiel. Mythen, Riesen und Stammessagen. Volkserzählungen der Tindiga. Das Gesicht der Völker, Eisenach, Kassel: Erich Röth-Verlag.
- Franz Weidenreich, Apes, giants and man (Les Gigantopithèques et l'homme), Univ. of Chicago Press, Chicago, (1946)
- (en) « "Skeleton of Giant" Is Internet Photo Hoax » [archive], sur National Geographic
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- Theosophy, Vol. 66, No. 10, August, 1978 [archive]
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- Lewis Spence, 1976, The Occult Sciences in Atlantis, p. 24
- Karl Shaw, Curing Hiccups with Small Fires: A Delightful Miscellany of Great British Eccentrics [archive]
- Joseph P. Farrell, Genes, Giants, Monsters, and Men: The Surviving Elites of the Cosmic War and Their Hidden Agenda (Feral House, 3 May 2011)
- Bulletin du musée de Beyrouth. Tome IX, 1949-1950, Beyrouth, L. Burkhalter : Bibliographie préhistorique (suite et fin).
- The Naked Scientists: Science Radio and Science Podcasts, Our Story: Human Ancestor Fossils. November 2007 [archive]
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Amazones
Pour les articles homonymes, voir Amazone.
Dans la mythologie grecque, les Amazones (en grec ancien Ἀμαζόνες / Amazónes ou Ἀμαζονίδες / Amazonídes) sont un peuple de femmes guerrières que la tradition situe sur les rives du Pont-Euxin (actuelle mer Noire). Certains historiens les placent plus précisément soit dans le nord de l'Anatolie soit dans le sud de la Scythie/Sarmatie (actuelle Ukraine) mais d'autres les situent en Afrique du nord, dans l'ouest de la Libye antique1.
Les Amazones apparaissent pour la toute première fois dans l’Iliade en tant que personnages de fiction, probablement au VIIIe siècle av. J.-C., comme étant toujours et uniquement des femmes. Au-delà de l'aspect mythologique, des historiens suggèrent que les Amazones pourraient correspondre aux femmes guerrières des peuples scythes et sarmates2.
Le terme « Amazones » en est venu à décrire tout groupe de femmes-guerrières, que leur existence soit confirmée ou, le plus souvent, fantasmée.
Mythes antiques des Amazones
Combat entre les Grecs et les Amazones, sarcophage du
Ier siècle
av. J.-C.,
musée du Louvre, Paris.
La tradition inspirée de l’Éthiopide d'Arctinos de Milet prétendait que les Amazones coupaient leur sein droit ou le brûlaient3 afin d'être de meilleures archères. Ce ne serait, selon l'historien Justin, que le résultat d'une fausse étymologie, le mot « Amazone » étant compris en grec comme a- (ἀ-) et mazos (μαζός), « sans sein »4. Or aucun ancien témoignage artistique ne montre d'indice en ce sens5 : les Amazones sont toujours dépeintes avec leurs deux seins, celui de droite étant simplement recouvert5.
L'historienne des sciences Adrienne Mayor suggère également que le mythe trouve son origine dans une fausse étymologie5,6. Cette historienne nous indique que les arcs utilisés par les archers nomades des steppes étaient courbés. Grâce à de nombreux vases grecs peints nous avons pu voir que les Amazones tenaient également des arcs courbés qu'elles tenaient loin de leur poitrine car tirer à l'arc en chevauchant nécessite une technique instinctive dite d'« ancrage flottant » : la main qui tend la corde n'est pas ancrée à un point fixe du visage ou du corps, ce qui fait que la corde ne fait qu'effleurer le corps mais ne le touche pas. Si nous reprenons ce principe expliqué par Adrienne Mayor nous constaterons que les femmes qui tirent à l'arc ne sont en aucun cas gênées par leurs seins. Selon Jacques Boulogne, professeur d'université en langue et littérature grecques, l'apparition de ce mythe dans la tradition littéraire du Ve siècle av. J.-C. s'explique aussi par la physiologie hippocratique qui veut qu'une atrophie artificielle pratiquée localement avant la croissance d'un enfant peut provoquer, par dérivation de la nutrition, une hypertrophie des parties corporelles voisines7.
Les attributs des Amazones sont le cheval, le πέλτη / péltê — bouclier léger en forme de demi-lune, la lance, l'arc et les flèches propres aux cavaliers des steppes et la hache — σάγαρις / ságaris puis la double hache — διδυμοπέλεκυς / didymopélekys à partir de l'époque hellénistique8, par exemple selon Quintus de Smyrne9. Le signal avant la bataille est donné par des sistres (sortes de grelots) généralement en bronze.
Selon les récits, de nombreux héros grecs — Bellérophon, Achille, Héraclès, Thésée ou encore Priam — ont eu affaire à elles, et bien souvent, chacun eut sa reine à aimer et, finalement, à tuer. Bellérophon, après avoir tué la Chimère, affronte et vainc les Amazones. Priam, le vieux roi troyen, aurait lui-même repoussé une invasion d'Amazones10. Achille affronte Penthésilée venue secourir les Troyens, s'en éprend et la tue dans le même temps11. On retrouve ce thème également chez Hellanicos12,13, le pseudo-Apollodore14, et chez le poète Virgile15.
Pour son neuvième travail, Héraclès doit s'emparer de la ceinture d'Hippolyte et finira par massacrer celle-ci et ses compagnes.
Selon une tradition que Plutarque attribue à l'atthidographe Philochore, Thésée, après avoir mené à bien le synœcisme d'Athènes, s'est joint à l'expédition d'Héraclès. Il reçoit Antiope comme part du butin, ou selon une autre tradition que Plutarque rapporte notamment à Hellanicos, Thésée part seul et capture lui-même Antiope. Les Amazones répliquent en envahissant l'Attique16. Le combat devant Athènes se déroule au mois de Boédromion, d'où résulte la fête des Boédromies. Thésée a un fils d'Antiope17, Hippolyte18.
Ce mythe fixé à Athènes au Ve siècle av. J.-C., qui fait des Amazones de simples femmes domestiquées (Thésée rétablit la « juste » frontière des sexes, les Amazones étant renvoyées dans leur rôle domestique), ne doit pas faire oublier qu'il existe d'autres versions du mythe des Amazones : figures héroïques positives dans l’Iliade, où elles sont mentionnées sous le terme d’Antianeirai, ou encore fondatrices ou protectrices de cités, dans lesquelles on leur rend des cultes funéraires19.
Les Amazones voient leur continuité au féminin, puisque la légende dit qu’elles tuent les enfants mâles et n’élèvent que les filles, ce qui peut paraître difficile pour assurer leur perpétuation, mais il serait possible qu'après le sevrage, les garçons aient été confiés aux hommes avec lesquels elles ont enfanté. Cela supposerait plutôt un type de société matriarcale, ce dont les Grecs avaient horreur. Ce pourrait être la raison pour laquelle ils blâment tant cette population. La légende rapporte également que les Amazones ne gardent auprès d’elles que des hommes mutilés, estropiés, prétendant que cela augmenterait la domination de leur sexe, l'infirmité empêchant les hommes d'être violents et d’abuser du pouvoir. On dit à ce propos que la reine Antianeira aurait répondu à une délégation d’hommes scythes qui s’étaient proposés comme amants exempts de défauts physiques que « l'estropié est un meilleur amant ».
Selon les Histoires incroyables de Palaiphatos de Samos, les Amazones n'étaient pas des femmes guerrières, mais des hommes aux chitons longs jusqu'aux pieds, rappelant celui des femmes de Thrace, ce qui explique pourquoi ils passaient pour des femmes aux yeux de leurs ennemis ; peuple expert au combat, les Amazones en tant qu'« armée de femmes » n'auraient jamais existé. D'ailleurs, selon Palaiphatos, personne ne pouvait se targuer d'en avoir vu.
Quant à la véritable étymologie du nom, elle reste incertaine mais a été rapprochée des adjectifs indo-iraniens *ha-mazan « guerrier »20, *ama-janah « virilité meurtrière » ou « meurtrie »21 ou *ha mashyai, « tribus nomades »22 tandis que dans la Bible, les « femmes des nomades » sont appelées *Ma gog, et dans le Coran *Mâ jûj23. L'étymologie populaire admise pendant l'Antiquité, inspirée de la légende de l’Éthiopide, décompose le mot en un ἀ- / a-, « privatif », et μαζός / mazós, « sein » en ionien : « celles qui n'ont pas de sein »24.
Légende sur Alexandre le Grand et les Amazones
Une tradition située à la frontière de l’histoire et du mythe attribue à Alexandre le Grand une rencontre avec la reine des Amazones, Thalestris (ou Myrina). Cette tradition issue de la Vulgate d'Alexandre (Diodore, Quinte-Curce, Justin25) provient de Clitarque et d’Onésicrite, contemporains des conquêtes de l’Asie dont les récits délivrent une part de fables et de merveilleux. Un historien de la conquête, non identifié26, juge qu’Alexandre se doit de rencontrer les Amazones car Héraclès et Achille, ses ancêtres mythiques, les ont combattues.
Diodore écrit que la reine des Amazones désire un enfant d’Alexandre : « Par ses exploits, il était en effet le plus brave de tous les hommes tandis qu’elle l’emportait sur le reste des femmes par sa force et sa bravoure. Celui qui naîtrait de parents excellents surpasserait donc le reste de l’humanité »27. Quinte-Curce ajoute que « treize jours furent consacrés à satisfaire la passion de la reine »28.
Cette rencontre avec la reine des Amazones est considérée comme une fiction par Plutarque et Arrien29,30. Ces deux historiens antiques, soucieux d’authenticité, suivent l’avis de Ptolémée, d’Aristobule et de Douris qui déjà contestent la réalité de cette rencontre. Pour autant, Arrien et Plutarque en recherchent le fondement historique :
Hérodote considère les Amazones comme des archères scythes ou sarmates, thèse que cite Platon dans Les Lois33,34.
La question de la réalité historique des Amazones
Hérodote, dans une digression35, affirme que des tribus scythes auraient occupé la Cappadoce lors de leurs combats contre les Égyptiens vers -2000. Des guerriers scythes auraient été exterminés dans une embuscade et leurs veuves auraient pris les armes. Hérodote cite aussi le mythe de l’Éthiopide d'Arctinos de Milet selon lequel « amazone » signifie « privée de mamelle ». Mais il ajoute qu'en langue caucasienne, ce nom signifierait « qui ne mange pas de pain » (ce qui évoque les sociétés nomades non agricoles) ou « qui vivent ensemble », ou encore serait une allusion à une « ceinture magique » portée par les Amazones. Pour sa part le géographe grec Strabon doute de leur existence36.
Le cheval est inséparable des populations des steppes, dont font partie Scythes et Sauromates - proto-Sarmates - renommés dans l’Antiquité comme éleveurs de chevaux et excellents archers. On peut supposer, à la suite d'Hérodote, que les Amazones sont les épouses des Scythes, et, fait inconcevable pour un Grec, ont le droit de chevaucher et de guerroyer. De là est né le mythe de farouches guerrières, élevées comme telles. Il a cependant historiquement existé des guerrières, notamment des femmes grecques sollicitées lorsque la patrie est en danger19.
Leurs relations avec les hommes
La quadruple question de la réalité historique des Amazones, de leur statut égal à celui des hommes, de leur relation à ces derniers et de leur sexualité, ont suscité des l'Antiquité de nombreux commentaires et stimulé les imaginations. Dans l’Histoire des animaux d'Aristote, les Amazones tuent leurs enfants mâles ou les rendent aveugles ou boiteux, pour ensuite les utiliser comme esclaves domestiques et sexuels, et si elles s'unissaient une fois par an avec des hommes des peuplades voisines, c'est pour les tuer ensuite.
Selon Strabon, les Amazones auraient initialement formé un seul peuple avec les Gargares, vivant autour de Thémyscire, dans le pays pontique, à l'embouchure du Thermodon. De là, ils auraient été chassés vers les plaines situées en Colchide au sud du Caucase et en Cercétie au nord du Caucase. Là, une guerre aurait opposé les hommes Gargares et leurs femmes Amazones. Lorsque les hostilités cessèrent, les Gargares et les Amazones auraient décidé de vivre séparés par la montagne, selon un traité stipulant qu'ils ne traverseraient les cols du Caucase que pendant deux mois par an pour s'y retrouver au printemps et engendrer des descendants, les filles étant élevées par les Amazones, et les garçons par les Gargares37. On a rapproché le nom « Gargares » de l'ancien géorgien gargar : « abricot », les abricotiers Prunus armeniaca étant encore très cultivés dans la région. Dans la vision protochroniste de l'histoire, les Gargares sont revendiqués comme ancêtres par les Tchétchènes38 et par les Ingouches, qui s'auto-désignent comme galgaï39.
Adrienne Mayor pense que les femmes scythes auraient eu un statut et un comportement trop similaire aux hommes aux yeux des Grecs, mais que cela a pu être une caractéristique des peuples cavaliers antiques40. Selon Xénophon, la tribu des Mosynèques du Pont pratiquait la sexualité en public sans pudeur et avec n'importe quel partenaire. Selon Hérodote, la tribu sarmate des Agathyrses en faisait autant. Même s'il est imaginaire, le récit de Strabon à propos des Gargares et des Amazones a été rapproché de la coutume caucasienne de la c'ac'loba, qui s'apparente aux pratiques orgiaques de bien d'autres peuples, durant lesquelles on débride deux ou trois jours par an la sexualité pour augmenter la fertilité, hors des règles familiales, sociales et religieuses habituelles, avec obligation d'oublier ce qu'il s'y est passé et sans possibilité de contestation ou de vengeance par la suite41.
Représentations artistiques et littéraires
Dans l'Antiquité gréco-romaine
Le thème de l'Amazone apparaît couramment dans l'art grec. Elles sont représentées portant des tuniques courtes, à l'instar d'Artémis, ou encore avec des pantalons bouffants asiatiques. Souvent, le sein gauche, une épaule ou un pied est dénudé, ce qui pouvait justifier la frénésie de la bataille. En revanche, on ne trouve aucune occurrence de sein coupé. Les jeunes femmes athlètes sont souvent représentées en Amazones. Aucune amazone n'a été représentée nue durant les époques archaïque et classique. Cependant dans l'art hellénistique, certaines Amazones ont été représentées dénudées.
L'amazonomachie, ou combat des Grecs contre les Amazones, est également un thème populaire : il figure sur l'avers du bouclier d'Athéna Parthénos ou sur le trône de Zeus à Olympie, ou bien encore le sarcophage des Amazones réalisé probablement au IVe siècle av. J.-C. à Tarquinia42. Il est souvent représenté symétriquement avec le combat des Lapithes contre les centaures, comme c'est le cas sur les métopes du Parthénon.
En particulier, le combat d'Héraclès contre les Amazones est l'un des thèmes les plus populaires de la peinture sur vases attiques à figures noires : on le retrouve sur près de 400 vases43. Dans la sculpture monumentale, il est représenté dans les métopes du trésor des Athéniens à Delphes, du temple E de Sélinonte, du temple de Zeus à Olympie et de l'Héphaïstion d'Ahènes, ainsi que sur la frise du temple d'Apollon à Bassae. C'est en fait un combat singulier qui est dépeint : Héraclès revêtu de sa peau de lion affronte une Amazone portant la plupart du temps une armure d'hoplite, plus rarement vêtue comme un archer scythe ou comme un guerrier perse43. Le combat de Thésée est également fréquent, mais celui de Bellérophon n'est pas représenté dans l'art grec44.
Représentations artistiques après l'Antiquité
Littérature
Détail de la fresque représentant Calafia à l'hôtel Mark Hopkins, San Francisco.
Bas-relief représentant Califia.
- Au XVe siècle, l'Espagnol Garcia Ordoñez de Montalvo écrivit le roman de chevalerie Las sergas de Esplandián. Il y est question d'une île paradisiaque située « à main droite des Indes », riche en or et gouvernée par la reine amazone Calafiaa. Cette île, nommée « Californie », aurait inspiré les explorateurs européens pour baptiser la péninsule de Basse-Californie, qu'ils prirent pour une île. Il pourrait s'agir de l'origine du nom de la Californie45. Cette reine est représentée depuis 1926 sur une fresque du Mark Hopkins Hotel (en) de San Francisco.
- Au XVIIe siècle, la reine des Amazones Hippolyte apparaît dans la comédie de Shakespeare Le Songe d'une nuit d'été, écrite en 1594-1595, et dans la comédie Les Deux Nobles Cousins qu'il co-écrit avec John Fletcher en 1634.
- Au XVIIIe siècle, plusieurs pièces de théâtre mettent en scène des Amazones :
- En 1699, Antoine Houdar de La Motte compose Marthésie, première reine des Amazones qui met en scène le personnage de Marpésia.
- En 1718, Lesage et d'Orneval composent une pièce comique intitulée L’Île des amazones dans laquelle deux valets, Arlequin et Pierrot, sont capturés par les Amazones qui leur font épouser à chacun une femme pour une durée de trois mois, après quoi ils devront être chassés46.
- En 1749, Anne-Marie du Boccage compose et crée Les Amazones, une tragédie en cinq actes et en alexandrins relatant les intrigues politiques et amoureuses à Thémiscyre après une bataille au cours de laquelle les Amazones ont fait prisonnier le héros grec Thésée46.
- En 1876, Heinrich von Kleist compose le drame Penthésilée qui met en scène la reine des Amazones et son amour impossible pour le héros grec Achille.
Alchimie
À partir de l'époque byzantine, et surtout à la Renaissance, la mythologie antique va être interprétée comme une image des procédés alchimiques ce qui « dotait l'alchimie d'une imagerie nouvelle et quasi inépuisable, [et] lui apportait en outre aux yeux de bien des doctes la précieuse caution des Anciens : grâce à la notion de "théologie poétique", il devenait soudain possible d'argumenter contre le fréquent reproche selon lequel l'Antiquité classique n'avait pas connu l'Alchimie. »47. Ce courant, allant du chroniqueur Jean d'Antioche (VIIe siècle) à Dom Pernety (XVIIIe siècle) en passant par Petrus Bonus (XIVe siècle), s’est avant tout développé dans les écrits d’auteurs comme Robert Duval, Michael Maier ou Pierre-Jean Fabre48,49.
Le mythe des Amazones a ainsi fait l’objet de réinterprétations alchimiques. L’alchimiste Michael Maier interprète le neuvième travail d’Héraclès, dans lequel le héros doit rapporter à son cousin Eurysthée la ceinture d’Hippolyte, la reine des Amazones :
« L’artisan [c’est-à-dire l’alchimiste] Hercule doit les affronter, et il doit retirer le très précieux ceinturon de leur reine, qui consiste en diamant et escarboucle, les plus chères et les plus rares médecines de ce monde, dirais-je, blanche et rouge, mille fois plus précieuses que l’or50,51 ! »
Vingt ans plus tard, Pierre Jean-Fabre consacre un chapitre entier de son Hercules piochymicus aux Amazones, et réinterprète intégralement le mythe : il voit en les Amazones les « sels chimiques qui se trouvent cachés au centre de toute chose52. »
Bande dessinée
Cinéma
- Dans les films qui s'inspirent de la légende, comme les péplums italiens, les amazones sont montrées avec deux seins dénudés.
- Un lasso doré est l'arme par excellence de l'héroïne amazone moderne de bandes dessinées Wonder Woman qui a les deux seins couverts5.
Télévision
- Dans la série animée franco-japonaise Les Mystérieuses Cités d'or (1982-83), un peuple d'Amazones d'Amérique apparaît dans les épisodes 21 (Les Amazones) et 22 (Le Miroir de la Lune).
- La série télévisée d'aventure américaine et néo-zélandaise Xena, la guerrière (diffusée de 1995 à 2001) met en scène le personnage de Gabrielle, compagne de Xena. Gabrielle est grecque mais elle est adoptée par la tribu des Amazones à la suite de ses premiers exploits.
- Dans la série animée japonaise La Petite Olympe et les Dieux, les Amazones sont l'objet de l'épisode 40 (Héraclès et Hippolyte).
Réutilisations du nom des Amazones après l'Antiquité
Les Amazones d'Amazonie
Comment les Amazones traitent ceux qu'elles prennent en guerre (1557), bois gravé.
Témoignages de François d'Orellana
Au XVIe siècle, les premières explorations espagnoles de la région équatoriale d'Amérique du Sud, qui ont à leur tête l'explorateur François d'Orellana croient découvrir des peuplades similaires sur les bords du Maragnon qu'ils appellent alors le « fleuve des Amazones », « Amazone ». Ils y rencontrent en effet des femmes qui combattent aussi farouchement que les hommes. Les Amazones d'Amazonie sont parfois représentées avec la peau blanche.
Selon Pierre Samuel53, les Amazones qui ont rencontré l'explorateur espagnol Orellana en 1542, qui vivaient sur le bord du fleuve brésilien, seraient des guerrières robustes vivant dans 70 riches villages. Elles feraient payer un tribut aux villages voisins et feraient prisonnier des hommes afin de pouvoir procréer. Si l'enfant était un garçon alors il retournait avec son père et si cet enfant était une fille, elle restait avec sa mère.
Témoignages d'André Thevet
En 1557, au retour d’un voyage au Brésil (dans ce qui sera la baie de Rio de Janeiro), André Thevet reprend dans son ouvrage Singularités de la France antarctique, le thème des femmes guerrières trouvées par les Espagnols sur le fleuve Amazone. Il accompagne sa description de deux gravures effrayantes qui connaîtront un grand succès. Il nous dit « Elles font guerre ordinairement contre quelques autres nations, et traitent fort inhumainement ceux qu’elles peuvent prendre en guerre. Pour les faire mourir, elles les pendent par une jambe à quelque haute branche d’un arbre ; pour l’avoir ainsi laissé quelque espace de temps, quand elles y retournent, si le cas forcé n’est trépassé, elles tireront dix mille coups de flèches ; et ne le mangent comme les autres sauvages, ainsi le passent par le feu, tant qu’il est réduit en cendre » (Singularités p 24354). André Thevet d'abord se réjouit qu'aux trois sortes d'Amazones décrites dans l'Antiquité, celles de Scythie, d'Asie, et de Libye, viennent s'ajouter les Amazones d'Amérique. Ainsi chaque continent a ses Amazones. Plus tard, dans la Cosmographie universelle, Thevet se dira « bien marry que je sois tombé en la faute de l’avoir creu ».
Témoignages de Walter Raleigh
Carte de la région des Guyanes par
Jodocus Hondius (1598), figurant le
lac Parimé. En bas de la carte est représenté une Amazone.
L'explorateur anglais Walter Raleigh mena une expédition (en) le long du fleuve sud-américain Orénoque en 1595, avec pour objectif de trouver la contrée mythique d'Eldorado (ou Manoa). Il estimait que ce lieu se situait dans le plateau des Guyanes, au bord du légendaire lac Parimé. Ce voyage est narré dans son ouvrage The Discovery of Guiana (en)55. Il y évoque plusieurs peuples mythiques dont il a entendu parler sur place, tels que les Ewaipanomas (es) (acéphales) ou les Amazones. De ces dernières, il décrit longuement les mœurs, se basant sur ce que lui raconte le cacique Topiawari :
« Cependant, je vais transcrire ce qui m’a été transmis comme vrai sur ces femmes, et j’ai parlé avec un cacique, ou seigneur, qui me dit qu’il avait été sur le fleuve et au-delà. Ces nations de femmes sont situées sur la rive sud du fleuve dans les provinces de Topago, et leurs retraites et leurs camps fortifiés se trouvent dans les îles au sud de l’embouchure, à quelque soixante ligues dans l’estuaire du même fleuve. Les témoignages sur de telles femmes sont très anciens […] ; celles qui habitent près de la Guyane ne vont avec les hommes qu’une fois par an… »
— Walter Raleigh, The Discovery of Guiana
Line Cottegnies rapporte56 que, selon Neil L. Whitehead (en), Raleigh ne différencie pas ici ce qui a trait au mythe et ce qui concerne la réalité historique. Elle constate également que l'explorateur réunit dans son texte le mythe des Amazones avec la figure idéalisée de la reine d'Angleterre de l'époque Élisabeth Ire, surnommée « La Reine Vierge ». Dans ce même esprit, il est possible que Ralegh, si sensible aux signifiants, ait associé par glissement quasi homonymique « Guiana » à « Gyneia » (le pays des femmes). Cottegnies cite deux hypothèses afin d'expliquer l'origine de ces Amazones. Soit il s'agirait de guerriers à cheveux longs qui auraient été confondus avec des femmes. Soit ce seraient des tribus matriarcales composées de guerrières. La seconde hypothèse est jugée possible mais peu probable, même si certains peuples de culture orale de la région ont été oubliés à cause de la conquête espagnole. D'après l’anthropologue Jonathan D. Hill, la présence de tribus matriarcales dans cette région du monde n'a pas été prouvée.
Cependant, les Amazones constituent un mythe quasiment universel, y compris dans le contexte amérindien. Il y est question de femmes puissantes et accompagnant les sociétés patriarcales fortes (d'après un schème d’opposition avec la structure sociale dominante). En fait, les Amazones sont comme l'Eldorado : ils sont objet de quête mythique et leurs frontières sont déplacées au fil des nouvelles révélations et mystifications56.
Amazones et femmes-guerrières en Afrique
Il existe d'autres traditions de femmes-guerrières en dehors des peuples des steppes d'Asie centrale.
Au Dahomey (sud de l'actuel Bénin), Tasi Hangbè (ou Nan Hangbe), sœur jumelle d'Akaba, règne sur le Dahomey de 1708 à 1711 après la mort soudaine d'Akaba en 1708. C'est lors d'une campagne contre les voisins Ouéménou du royaume qu'elle prit la tête de l'armée, travestie — pour galvaniser ses troupes — à l'image de son frère jumeau défunt Akaba. Elle est la créatrice du corps des amazones du Dahomey. Elle a été largement effacée de l'histoire officielle du Dahomey, sous le roi Agadja son successeur, dont les partisans obligèrent la reine à démissionner.
Plus tard, le souverain Ghézo (1818-1858) créa des compagnies féminines de cavalerie et d'infanterie qui seront baptisées les « Amazones vierges du Dahomey ». Elles combattront d'abord dans les nombreuses guerres de sécession ayant opposé le Dahomey aux Yoroubas. Par la suite le roi Béhanzin les utilisa contre les troupes coloniales françaises.
Au Sénégal, le royaume du Cayor (ancien royaume du Sénégal) envoyait ses « Linguères » qui étaient des sœurs et cousines des souverains dans ses différentes batailles contre les Maures trarzas.
L'Empire zoulou (ancien territoire d'Afrique australe) avait auparavant constitué des régiments de jeunes filles combattantes ou chargées de la logistique57.
Notes et références
Références
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- « Variantes sur la localisation des Amazones » [archive], Musagora,
- (la) Justin, Historiae Phillippicae ex Trogo Pompeio, vol. Liber II, p. 4
- Virgines (...) armis, equis, venationibus exercebant, inustis infantum dexterioribus mammis, ne sagittarum iactus impediantur; unde dictae Amazones.
- Elles formaient les vierges aux maniements des armes, à l'équitation et à la chasse ; elles brûlaient le sein droit des enfants, ainsi elles n'auraient aucune difficulté à tirer de l'arc ; c'est pour cette raison qu'elles ont été appelées Amazones.
- (en) Natalie Haynes, « The Amazons: Lives & Legends of Warrior Women Across the Ancient World by Adrienne Mayor, book review », The Independent, (lire en ligne [archive], consulté le )
- (en) « Adrienne Mayor, Start the Week, Radio Four », bbc.co.uk, (lire en ligne [archive])
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- Iliade, III, 188-189.
- Épisode relaté par exemple dans La Suite d'Homère (I, 1-722)
- fr. 149 Jacoby
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne [archive]] (II, 46)
- Épitome, V, 1.
- Énéide, I, 491.
- Selon Hellanicos, les Amazones envahissent l'Attique après avoir passé le Bosphore pris par les glaces, mention présente dans maints récits historiques, qui témoigne d'un climat plus froid que l'actuel, à moins de considérer la totalité de ces récits comme mythiques.
- également appelée Hippolyte par certains auteurs
- Le récit figure dans la Vie de Thésée, 27-28.
- Violaine Sebillotte Cuchet, « Les Amazones ont-elles existé ? », L'Histoire, no 374, , p. 70.
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- Il s'agit peut-être d'Onésicrite.
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- Lire en anglais sur Wikisource
- Line Cottegnies, « Le récit d’exploration à la Renaissance : The Discovery of Guiana de Sir Walter Ralegh1 (1596), entre anthropologie implicite et récit colonial » [archive], sur books.openedition.org
Notes
- « Sache qu'à main droite des Indes il y a une île appelée Californie très proche du bord du paradis terrestre ; elle est peuplée de femmes noires, sans aucun homme parmi elles, car elles vivent à la façon des Amazones. Elles étaient belles et robustes, de valeur fougueuse et de grande force. L'île était grande, avec ses rochers escarpés. Leurs armes étaient toutes en or. Elles domptaient des animaux sauvages et leur mettaient des harnais. Dans toute l'île, il n'y avait aucun métal sinon de l'or. »
Annexes
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Sources antiques
- Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne [archive]], II, 5, 9.
- (en) Éthiopide [détail des éditions] [lire en ligne [archive]].
- Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne [archive]].
- Palaiphatos, Histoires incroyables [détail des éditions] (lire en ligne [archive]), XXXII.
- Platon, Les Lois [détail des éditions] [lire en ligne [archive]] VII, 806b.
- Platon, Ménexène, 239b.
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne [archive]], XVII, 77, 1-3
- Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne [archive]], IV, 110-117.
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- Quintus de Smyrne, Suite d'Homère [détail des éditions] [lire en ligne [archive]].
- Strabon, Géographie [détail des éditions] [lire en ligne [archive]].
Bibliographie
Sources radiophoniques
Articles connexes
Liens externes
-
Fantôme
Un fantôme est une apparition, une vision ou une illusion, interprétée comme une manifestation surnaturelle d'une personne décédée.
Les fantômes sont également appelés revenants, spectres ou, plus rarement, ombres1. Toutefois les termes ne sont pas rigoureusement synonymes : un revenant est l'apparition d'un mort connu, dans une apparence identique à celle qu'il avait de son vivant et qui se comporte comme un vivant, tandis qu'un fantôme est une image floue, lumineuse, brumeuse et inconsistante, qui paraît flotter au-dessus du sol2,3. Les fantômes peuvent prendre un nom spécifique en raison de leurs origines et de leurs caractéristiques, tels les lémures romains ou les wilis slaves. On qualifie souvent de « fantôme » le phénomène connu sous le nom de poltergeist, ou « esprit frappeur », qui se manifeste par des bruits et des déplacements inexplicables d'objets, et qui est généralement lié à la présence d'un enfant perturbé, mais n'implique pas de lien avec un défunt.
Le terme « fantôme » est fréquemment associé à d'autres formes d'apparitions, telles qu'auto-stoppeuse fantôme, vaisseau fantôme ou dirigeable fantôme. Par extension, le terme est souvent ajouté à des noms de choses matérielles abandonnées (ville fantôme, stations fantômes du métro de Paris), disparues (membre fantôme, île fantôme), ou échappant à la perception directe (cabinet fantôme, énergie fantôme, alimentation fantôme), clandestines (détenus fantômes). Dans les archives et les bibliothèques, on laisse une « fiche fantôme » à la place d'un document retiré d'un fonds jusqu'à son retour.
Étymologie
Le nom « fantôme » dérive du grec ancien φάντασμα, transcrit en phantasma en latin. Il a été ensuite repris d'une version méridionale fantauma, pour se fixer en fantosme au XIIe siècle, puis ultérieurement en fantôme par transposition classique du sens. Ses origines sont identiques à celles de fantasme. Il désigne initialement une illusion avant de prendre, en 1165, son sens courant actuel4.
Apparence
Selon le professeur Charles Richet : « les fantômes, sauf de rarissimes apparitions d’animaux, ont une forme humaine, vêtus des vêtements qu’ils portaient à l’époque de leur vie terrestre. Tantôt ils ont l’apparence parfaite de la vie, tantôt ils sont transparents et nuageux comme des ombres ; généralement ils semblent entrer par une porte, et poursuivre leur route jusqu’à une autre chambre, où ils disparaissent. Souvent ils naissent à l’improviste et se résolvent en vapeur, en passant à travers les murs et les portes closes. Tantôt ils marchent, tantôt ils sont comme suspendus dans l’air. L’arrivée du fantôme se révèle presque toujours par un vague sentiment d’horreur, la sensation d’une présence, coïncidant avec un souffle glacé : presque toujours ils semblent être totalement indifférents aux personnes vivantes qui sont là à les regarder. Parfois ils se livrent à quelque occupation domestique, parfois ils font des gestes désespérés. On observe de grandes différences dans leur allure5. »
La tradition voudrait que les apparitions soient vêtues de blanc, au motif probable que les défunts reviennent, assez logiquement, enveloppés dans le linceul dans lequel ils ont été inhumés. En fait, toutes les tenues ou presque sont recensées, à l'exception notoire de la nudité qui est rarissime. Les revenants revêtent le plus souvent le costume qu'ils portaient habituellement de leur vivant. Pour expliquer ce fait, Frank Podmore, membre du comité directeur de la Society for Psychical Research d'Angleterre (Société pour la recherche psychique ou SPR), a avancé que les apparitions, n'existant que dans l'esprit du visionnaire, celui-ci leur faisait porter la tenue qui lui paraissait convenir au personnage6.
La classique image du fantôme traînant des chaînes est due à l'antique description de Pline le jeune (voir ci-dessous) et ne figure pratiquement jamais dans les récits ultérieurs. Le linceul blanc n'est apparu dans l'iconographie médiévale qu'à partir du XIIIe siècle7 et s'est répandu au XIVe siècle8.
Croyance aux fantômes
Selon divers sondages effectués dans le monde depuis 1980, il apparaît que la croyance à l'existence des fantômes est largement répandue dans la population, tout en variant fortement selon les pays : 13 % en France (2000)9, 21 % au Québec (2001)10, 50 % chez les Chinois de Hong Kong (1981)11, 51 % aux États-Unis (2009)9 (18 % disent en avoir déjà rencontré12), 52 % au Royaume-Uni (2013)13.
Un sondage réalisé en 1991 chez les jeunes français âgés de 8 à 16 ans indiquait que 16 % estimaient « que les fantômes peuvent exister »14. Dans certains pays, tel la Thaïlande, la croyance aux fantômes est quasi générale15. Il semble que l'opinion de nombre de personnes pourrait se résumer à la savoureuse réponse de Madame du Deffand : « Est-ce que je crois aux fantômes ? Non, mais j'en ai peur ! »16.
Origines
Dualité et retour de morts
Depuis la nuit des temps, la plupart des traditions, des religions et des philosophies considèrent que l'être humain est composé d'un corps mortel et d'une âme immortelle ou encore, d'un corps, d'un esprit et d'une âme. l'Égypte antique avait une conception de l'être beaucoup plus complexe, mais distinguait entre autres le corps (djet) et l'âme (bâ). On retrouve une pensée analogue dans la plupart des civilisations du monde, avec des liens plus ou moins établis entre les notions d'âme, d'esprit, d'ombre ou de double17,18.
Le thème de morts revenant hanter les vivants est aussi ancien qu'universel. Le bâ égyptien possède la faculté de se manifester sur le plan terrestre pour venger le défunt.
Racines antiques
En 2021, le docteur Irving Finkel, conservateur du département du Moyen-Orient au British museum, a déchiffré une tablette d'argile datant d'il y a 35 siècles, acquise par le musée au XIXe siècle. Au recto, on y voit une femme entravée tirée par un jeune homme, qui serait son jeune amant, chargé de la guider dans l'au-delà. Au verso, en écriture cunéiforme, figurent des rituels et des incantations censées permettre de libérer son fantôme. Pour le docteur Finkel, les Babyloniens estimaient que les défunts risquaient de revenir hanter les vivants s'ils n'avaient pas été inhumés en suivant les rituels appropriés19,20.
En occident, on trouve la trace du mythe des fantômes dès l'antiquité : Ulysse dialogue avec euxN 1 dans le chant XI de l'Odyssée à la fin du VIIIe siècle av. J.-C., et ils ont un rôle dans les tragédies Électre et Ajax, écrites par Sophocle au IVe siècle av. J.-C. : « Je vois bien que nous ne sommes, nous tous qui vivons ici, rien de plus que des fantômes ou que des ombres légères21. »
Un des plus anciens récits concret qui nous soit parvenu, est dû à Pline le Jeune (61-114). Pour demander son avis à son ami Sura sur l'existence des fantômes, il relate dans une de ses Lettres l'incident survenu au philosophe Athénodore le Cananite, dans une maison qu'il venait de louer à très bon marché car elle était hantée par un terrible spectre qui faisait fuir ses habitants22 : « dans le silence de la nuit, on entendait un froissement de fers, et, en écoutant avec attention, le retentissement de chaînes agitées. Le bruit semblait d'abord venir de loin, et ensuite s'approcher ; bientôt apparaissait le spectre : c'était un vieillard maigre et hideux, à la barbe longue, aux cheveux hérissés; ses pieds et ses mains étaient chargés de fers qu'il secouait. »
Athénodore s'installe dans la maison et attend l'arrivée du fantôme. Celui-ci ne tarde pas à se manifester bruyamment et l'invite à le suivre : « le fantôme marchait d'un pas lent ; il semblait accablé par le poids des chaînes. Arrivé dans la cour de la maison, il s'évanouit tout à coup aux yeux du philosophe. Celui-ci marque le lieu où il a disparu par un amas d'herbes et de feuilles. Le lendemain, il va trouver les magistrats et leur demande de faire fouiller en cet endroit. On trouve des ossements encore enlacés dans des chaînes, le corps, consumé par le temps et par la terre, n'avait laissé aux fers que ces restes nus et dépouillés. On les rassemble, on les ensevelit publiquement et, après ces derniers devoirs, le mort ne troubla plus le repos de la maison. »
Hantises et apparitions sont des évènements qui sont signalés en tous temps et en tous lieux, non seulement chez les grecs et les romains de l'antiquité, mais aussi dans toute l'Europe médiévale, et ce jusqu'à nos jours.
Typologie
Malgré les propositions du chercheur britannique Hylary Evens23, il n'existe pas de classification universellement reconnue des apparitions fantomatiques. On peut toutefois en distinguer les principales catégories. Dans le système de classification de Vallée, les poltergeists sont des « anomalies à effets physiques » de type AN-II, tandis que les fantômes sont des « entités » relevant du type AN-III.
Poltergeists
Représentation de la manifestation d'un poltergeist en 1911.
Les poltergeists, ou esprit frappeurs, sont souvent qualifiés de « fantômes », bien qu'ils constituent une catégorie particulière. « On regroupe traditionnellement toutes ces manifestations sous le terme générique de petite hantise, qui diffère de la grande en ce quelle exclut les apparitions, les revenants, les fantômes24. ».
Il s'agit essentiellement de mouvements d'objets inexplicables, de jets de pierres, de bruits sans cause physique apparente, de perturbations des appareillages électriques, de lumières, de départs de feux, etc. Les apparitions de formes floues sont très rares, ainsi que la référence possible à un ou plusieurs défunts. Ces phénomènes seraient le plus souvent liés à la présence d'un ou d'une adolescent(e) perturbé(e).[pas clair]
La Parapsychological Association qui regroupe des chercheurs issus de divers continents donne des informations sur ce phénomène25.
Revenants
Claude Lecouteux distingue les « vrais » revenants, défunts qui décident délibérément de revenir pour diverses raisons, par opposition aux « faux » revenants, constitués par des morts dont la présence semble perdurer quelque temps après leur décès, comme s'ils n'arrivaient pas à disparaître définitivement, ou bien tirés de l'au-delà pour défendre leur sépulture ou répondre à un appel de nécromancie26.
Vrais revenants
Pour Xavier Yvanoff, « le revenant est un mort qui apparaît revêtu de son enveloppe corporelle. Il est rarement anonyme. C'est un mort que l'on a connu au village et qui « revient » en chair et en os pour se présenter devant les vivants, le plus souvent à l'endroit où il a vécu. Physiquement, il possède le même corps qu'un vivant. C'est parfois à s'y méprendre et sa pâleur supposée est une idée fausse27. » On peut a priori classer dans cette catégorie les Auto-stoppeuses fantômes, si toutefois elles ne sont pas seulement légendaires, qui paraissent suffisamment réelles pour être prises en stop par des automobilistes abusés.
Faux revenants
Selon plusieurs récits légendaires du Moyen Âge, il arrive que des morts récents se manifestent et semblent refuser de se laisser mener au tombeau. Selon une tradition largement partagée, les morts « habitent » leurs tombeaux et il est malvenu de les y déranger. Il arrive que le défunt manifeste lui-même son mécontentement et menace l'intrus de l'amener à le rejoindre28.
Une autre catégorie concerne les défunts qui sont contraints de revenir parmi les vivants à cause d'opérations de nécromancie. Dans son roman Métamorphoses écrit au IIe siècle, Apulée fait le récit d'un prophète égyptien qui fait revenir un cadavre à la vie : « il y a ici un Égyptien nommé Zatchlas, prophète du premier ordre. Dès longtemps il s'est engagé avec moi, au prix d'une somme considérable, à évoquer temporairement une âme du fond des enfers, et à lui faire animer de nouveau le corps qu'elle aurait quitté29. » « un léger soulèvement se manifeste vers la poitrine du mort, son pouls recommence à battre, ses poumons à jouer ; le cadavre se met sur son séant; la voix du jeune homme se fait entendre : J'avais déjà bu l'eau du Léthé, dit-il, et presque franchi les marais du Styx. Pourquoi me rengager dans les tristes devoirs de cette vie éphémère? Cessez, cessez, de grâce, et me rendez à mon repos. Ainsi parla le cadavre30. »
Selon une ancienne légende polonaise du XVIe siècle, un sorcier du nom de Pan Twardowski qui, tel Faust, aurait vendu son âme au diable en échange de pouvoirs surnaturels, réalisa l'apparition de la défunte reine de Pologne Barbara Radziwiłł à la demande de son époux, le roi Sigismond II.
Médiums et ectoplasmes
Le spiritisme est considéré comme la forme contemporaine d'invocation de l'esprit des morts et, à ce titre, l'héritier d'une tradition de nécromancie qui remonte à l'antiquité. Les communications se font par l'intermédiaire d'un médium en état de transe, à l'aide de divers supports tels que les tables tournantes, le Ouija, l'écriture automatique, etc.
La forme la plus aboutie est la matérialisation d'une substance, de nature indéterminée appelée ectoplasme (ou périsprit pour Allan Kardec), qui peut prendre des formes variées, censées représenter la manifestation d'un défunt. Bien que relatée par de nombreux témoins dignes de foi, l'existence des ectoplasmes n'a jamais été scientifiquement démontrée. À l’évidence, les apparitions des supposés revenants ectoplasmiques sont souvent constituées de morceaux de gaze ou de tissus légers entourant des photographies ou des dessins31. Beaucoup de médiums ont été surpris en pleine fraude manifeste. Le médium Florence Cook réussissait l'exploit de provoquer, par trucage, la manifestation d'un ectoplasme extrêmement réaliste (on pouvait le toucher et même lui prendre le pouls !) appelé « Katie King », qui n'était autre que Florence Cook elle-même déguisée.
Les ectoplasmes se distinguent fondamentalement des fantômes dans la mesure où, exclusivement émis par le corps du médium, ils n'ont aucune autonomie, et disparaissent dès sa sortie de transe.
Fantômes
Les fantômes sont des apparitions, d'une forme généralement humaine (très rarement animale), entière ou partielle, ou des phénomènes lumineux telles des lueurs colorées, masses noires...
La majorité des ouvrages portant sur les cas d'apparitions relatent que la majorité des témoignages ne font pas mention de formes floues ou diffuses : les descriptions sont pour la plupart précises et détaillées comme le mentionne entre autres Camille Flammarion dans Fantômes et sciences d'observation et la plupart des parapsychologues : observations assez détaillées pour reconnaître un homme, une femme, les vêtements qu'ils portent, corpulence...
La perception des fantômes est souvent influencée par la culture et la Pop Culture.
Par exemple le cliché du fantôme vu exclusivement pendant la nuit est un mythe. Depuis 1880, les observations d'apparitions sont relatées à n'importe quels moments de la journée comme le rappel le parapsychologue Loyd Auerbach32.
Il en est de même pour les clichés relatifs aux cimetières et aux châteaux. Les fantômes qui hantent les vieilles demeures sont également un mythe : ces phénomènes se produisent n'importent où. Néanmoins ce mythe est véhiculé par de nombreuses émission de type "chasseur de fantômes".
En parapsychologie, les cas d’apparitions valables sont ceux vus par plusieurs témoins, se répétant au fil du temps et qui s'accompagnent d'effets physiques33.
Ces phénomènes sont parfois vus par plusieurs personnes simultanément mais, dans quelques cas, avec des différences dans les détails observés34.
Il arrive que ces manifestations se répètent aux mêmes endroits, sans que l'on puisse déterminer, faute de preuve définitive avec certitude le personnage dont il pourrait s'agir, ni du motif de sa localisation dans un lieu précis. Les parapsychologues utilisent alors le terme « d'apparition récurrente localisée ».
Dans de nombreux cas, les témoins disent ne pas avoir été effrayés par l'apparition elle-même, mais s'inquiètent du sens qu'elle pourrait éventuellement avoir, pour eux ou leurs proches, tel l'annonce d'un décès35. C'est le rôle qui est traditionnellement tenu par certaines dames blanches. Pour Érasme : « Un des faits les plus connus demeure l’apparition de la dame blanche aux familles princières36. »
Dames blanches
Parmi les différentes sortes de dames blanches, certaines entrent incontestablement dans la catégorie des fantômes. Ce sont :
Apparitions de crise
Dans certaines circonstances particulièrement dramatiques, telles que l'accident ou l'agonie d'une personne, il arriverait parfois que son fantôme apparaisse instantanément à ses proches37. Dans une étude publiée en Angleterre en 1886 et portant sur 17 000 personnes, les chercheurs posaient comme hypothèse qu'il s'agissait d'un message télépathique, émis involontairement par la victime, et reçu par le destinataire sous la forme d'une hallucination38.
Dans une lettre adressée à Camille Flammarion en 1896, le jeune compositeur André Bloch relate, qu'alors que lui et sa mère séjournaient à Rome, cette dernière vit apparaître à côté d'elle son jeune neveu René Kraemer, âgé de 14 ans, qui la regardait en riant tout en lui disant : « mais oui, je suis bien mort ». De retour à Paris quinze jours plus tard, ils eurent la confirmation de la nouvelle de son décès qui s'était produit au moment précis de la vision39.
Fantômes de vivants
C'est le titre original anglais (Phantasms of the Living) d'un ouvrage, rédigé en 1886 et paru en France en 1891 sous le titre modifié « Les hallucinations télépathiques »38, rédigé par Frederic Myers et Edmund Gurney, avec la participation de Frank Podmore, tous trois membres de la Society for Psychical Research anglaise.
Il arrive parfois, qu'en dehors de tout motif grave, des individus apparaissent à leurs proches, ou dans des lieux qui leur sont familiers, tout en étant physiquement à des distances considérables. Une telle aventure est survenue à Goethe : un jour qu'il se promenait sur une route avec un ami, il eut la surprise de rencontrer un autre ami du nom de Frédéric. Il l'interpella, mais celui-ci disparut sans répondre. De retour à son domicile, Goethe eut la surprise d'y trouver ledit Frédéric qui, assoupit, lui dit avoir rêvé leur rencontre sur la route40.
Ce phénomène de dédoublement est connu sous le nom de bilocation lorsqu'il concerne des mystiques, des bienheureux ou des saint tel le Padre Pio41. Pour les ésotéristes, il pourrait s'agir de cas de dédoublement astral, le corps astral étant perçu exceptionnellement par des tiers.
Vision de son propre double
Un autre phénomène consiste en la vision de son propre corps sous la forme d'un double fantomatique fréquemment transparent42. Cette hallucination est connue sous le nom allemand de Doppelgänger et est considérée en neurologie comme un phénomène autoscopique. Il semble que ce soit une expérience de ce type que relate Guy de Maupassant dans sa nouvelle Lui ?, présentée comme une lettre à un ami43.
Armées fantômes
De nombreuses légendes circulent au sujet de prétendues armées de fantômes, se manifestant sur des champs de bataille ou des lieux au passé historique :
- deux mois après la bataille de Edgehill (octobre 1642), divers témoins dont des officiers du roi, affirmèrent avoir vu durant la nuit, à plusieurs reprises, les armées rejouer la bataille dans le ciel ;
- en 1915, se développa la légende des Anges de Mons, selon laquelle un groupe d'anges serait apparu aux soldats de l'armée britannique à la fin de la bataille de Mons en Belgique. Son origine est une nouvelle intitulée The Bowmen (Les archers), de l'écrivain fantastique Arthur Machen, publiée en septembre 1914 dans le quotidien London Evening News, qui est devenue le support d'une rumeur colportant qu'il s'agissait de faits réels ;
- Dans les années 1930, à Cadbury Hill, colline fortifiée située dans le Somerset, dans le Sud de l’Angleterre, et résidence possible d'un site d'un des chevaliers de la Table ronde, un jeune couple aurait assisté au défilé d'une troupe de cavaliers armés, s'éclairant avec des torches, qui disparurent subitement ;
- Dans la nuit du , une conductrice fut victime d'un accident sur les rives d'un loch écossais. En terminant sa route à pied, elle vit des hommes vêtus de tuniques et de collants, tourner en rond à la lueur de torches. Une enquête ultérieure de la Society for Psychical Research conclut qu'elle avait peut-être assisté à la recherche des morts Pictes à l'issue de la bataille de Nechtansmere44.
Fantômes d'animaux
Dans ses Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand fait état d'un chat noir qui hanterait l'escalier d'une tour du château de Combourg, appelée de ce fait « la tour du chat ». En 1876, lors de travaux de restauration, on découvrit dans un mur les restes desséchés d'un chat, probablement emmuré vivant au Moyen Âge pour conjurer le mauvais sort selon les coutumes de l'époque.
Le folklore anglo-saxon est riche en légendes concernant des fantômes de chiens noirs, presque toujours malveillants. C'est une d'elles, provenant du Dartmoor, qui aurait inspiré à Arthur Conan Doyle son roman Le Chien des Baskerville.
Dans un de ses ouvrages, Jean Prieur relate une douzaine de témoignages de la manifestation post-mortem d'animaux familiers. Dans un de ceux-ci, une chienne sauvage nommée Polka se laissait caresser et nourrir par une famille, mais repartait ensuite loger dans une carrière au fond d'un bois. Un jour, la chienne disparut et l'on apprit qu'elle avait été gravement blessée par une voiture à la suite de quoi elle était probablement partie agoniser dans un fourré. Toutefois les trois membres de la famille continuèrent à entendre des gémissements et des grattements à leur porte sans voir l'animal. Intrigués, ils se rendirent à sa cachette habituelle et la découvrirent morte depuis plusieurs jours, avec auprès d'elle trois chiots nouveau-nés, dont un vivait encore45.
Ernest Bozzano recense neuf cas de fantômes d'animaux, tout en notant :
« on comprendra que les fantômes d’animaux présentent rarement la même valeur probante que ceux d’êtres humains, soit parce qu’on peut plus difficilement les séparer des fantômes purement hallucinatoires, soit parce qu’il n’est pas toujours facile d’exclure que les percipients se soient trompés, en prenant des animaux vivants pour des fantômes d’animaux46. »
Pour mémoire, on peut citer également les chasses fantastiques qui associent les fantômes des composantes classiques des chasses à courre : cavaliers, chevaux et meutes de chiens.
Moyens de transport
Il existe de nombreux récits relatant des phénomènes de hantise, réels ou légendaires, survenus à bord de bateaux, de trains, d'avions et même de sous-marins. Mais il arrive aussi parfois que ce soit les véhicules eux-mêmes qui se comportent comme des fantômes47.
Vaisseaux fantômes
Un vaisseau fantôme est un navire maudit qui, selon la légende, est condamné à errer sur les océans, conduit par un équipage de squelettes et de fantômes. Le plus célèbre des vaisseaux fantômes est le Hollandais volant, jadis appelé quelquefois Le voltigeur hollandais48, également connu sous les noms anglais The Flying Dutchman49 ou allemand Der Fliegende Hollander, ce dernier étant le titre original du premier des dix opéras majeurs50 de Richard Wagner.
Il en existe d'autres, tels le Vaisseau fantôme de la baie des Chaleurs au Canada ou le Caleuche, vaisseau fantôme appartenant au folklore de l'archipel des îles Chiloé au Chili ou encore le Princess Augusta près de l'île américaine de Block Island, près de New York aux États-Unis.
On connaît aussi de nombreuses traditions, notamment celtiques, concernant des barques peuplées de défunts.
Trains fantômes
Les trains fantômes ne sont pas uniquement des attractions de fête foraine. Plusieurs légendes rapportent la présence d'« authentiques » trains spectraux.
À la suite de la grande émotion populaire suscitée par l'assassinat du président Abraham Lincoln en 1865, sa dépouille mortelle fut transportée jusqu'à sa sépulture, située dans l'Illinois, à bord d'un train spécial drapé de noir qui fit un très long détour pour qu'un grand nombre de personnes, massées sur son passage, puissent lui rendre un dernier hommage51. Depuis lors, la légende court qu'on peut parfois le voir passer, surtout la nuit ; il ne s'arrête pas dans les gares qu'il traverse, mais les horloges stoppent à sa venue52,53. Une description en a été publiée dans le journal Albany Time : « il passe sans un bruit. S'il y a un clair de Lune, des nuages viennent couvrir la Lune pendant que le train fantôme suit sa route. Après le passage de la locomotive, le train funèbre défile lui-même, avec drapeaux et banderoles. La voie semble couverte d'un tapis noir et le cercueil est visible au centre de la voiture, tandis que tout autour de lui, dans les airs et dans le train derrière, se trouvent un grand nombre d'hommes en bleu, certains avec des cercueils sur le dos, d'autres s'appuyant dessus54. »
Dans la nuit du 28 décembre 1879, eut lieu la catastrophe ferroviaire du pont sur le Tay. Au cours d'une terrible tempête, le train de nuit reliant Édimbourg à Dundee dérailla en passant sur le très long pont surplombant le fleuve Tay en Écosse, entraînant la chute de 13 travées. Il n'y eut aucun survivant parmi les 75 passagers. Peu de temps après le drame, on prétendit que de nombreux fantômes hantaient les alentours. Le pont fut reconstruit en 1887 et le trafic ferroviaire fut rétabli mais, un 28 décembre quelques années plus tard, on observa le passage à vive allure d'un train non programmé qui disparut une fois arrivé au milieu du pont53.
Avions fantômes
Les sites où se sont produits la chute d'avions victimes de catastrophes aériennes seraient parfois survolés par des appareils fantômes. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, un spitfire qui avait été abattu pendant les hostilités, aurait été souvent vu au-dessus du terrain d'aviation de Biggin Hill près de Londres, ancienne base de la Royal Air Force. Par les nuits d'orage, un avion fantôme survolerait la ville de Weybridge dans le Surrey en Angleterre, lieu où il s'est abattu durant une tempête en 196555.
Autobus fantôme
Dans les années 1930 à Londres, un des célèbres bus rouge à impériale, portant le No 7, aurait provoqué de nombreux accrochages et au moins un accident mortel. Tôt le matin, il fonçait sur les automobilistes, au carrefour de Saint Mark's Road et de Cambridge Gardens, près la station de métro de Ladbroke Grove, avant de disparaître mystérieusement. Le phénomène aurait disparu rapidement après que les autorités eurent rectifié le tracé du carrefour56,57.
Témoignages et preuves matérielles
La presque totalité des apparitions de fantômes ne sont connues que par les récits du ou des témoins, souvent repris d'ouvrage en ouvrage sans vérification. Dans nombre de cas, le récit est tenu d'un tiers, comme l'indique très honnêtement Pline le Jeune dans son célèbre récit : « Cette histoire, je la crois sur la foi d'autrui. ». D'ailleurs Pline semble n'être guère convaincu, car le récit s’insère dans la question qu'il pose à son ami sur le sujet :
« Je voudrais donc bien savoir si vous pensez que les fantômes sont quelque chose de réel, s'ils ont une forme qui leur soit propre, si vous leur attribuez une puissance divine, ou si ce ne sont que de vaines images qui tracent dans une imagination troublée par la crainte58. »
De ce fait, la preuve de leur authenticité est problématique. Certaines histoires relèvent clairement du folklore ou de la légende, sans que l'origine du mythe puisse être connue59. Pour d'autres, la qualité des témoins suggère que leur récit est recevable, tout en tenant compte des possibilités d'illusions ou d'hallucinations. S'y ajoutent évidemment les dérèglements psychologiques et psychiatriques, les inventions, les canulars et autres supercheries.
Nombre de témoignages ont été transmis par des lettres de prétendus témoins ou de proches des narrateurs. La quasi-totalité des nombreux exemples cités par Camille Flammarion dans ses ouvrages sur les manifestations post-mortem sont tirés des milliers de lettres reçues sans vérification. Comme l'indique Anne Jaffé, disciple de Jung :
« Ces lettres ne peuvent pas, en elles-mêmes, être considérées comme contributions à la science [sic] de la parapsychologie telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui60. »
Photographies
Si des photographes, tel l'anglais Simon Marsden, se sont spécialisés dans la photographie de lieux sinistres et/ou réputés hantés61, les photographies des fantômes eux-mêmes sont très rares et controversées.
Photographies célèbres
Le plus célèbre cliché de revenant a été pris le 19 septembre 1936, dans le grand escalier du château de Raynham Hall dans le Norfolk, par deux photographes du magazine Country Life, Captain Provand et Indre Shira62. La silhouette, surnommée The Brown Lady (La Demoiselle brune), pourrait être celle de Lady Dorothy Townshend, épouse de Charles Townshend, propriétaire de Raynham Hall au début du XVIIe siècle.
Depuis ce jour, même si plusieurs photographies sont troublantes, telle celle réalisée en 2010 par Kevin Horkin dans les ruines du château de Gwrych au Pays-de-Galles63,64, aucune n'est considérée comme authentique, les risques de trucage ou d'anomalie involontaire explicable étant considérables.
Célébrité n'est pas synonyme d'authenticité. Dans les années 1990, l'abbaye de Mortemer fut au cœur de l'actualité paranormale lorsqu'une journaliste du nom de Muriel Motte prétendit avoir photographié, à plusieurs reprises, la silhouette d'un spectre hantant les ruines la nuit. En fait, il s'agissait de la photographie floutée des restes du clocher de l'abbatiale éclairés par un projecteur65.
Origines possibles des images de fantômes
Dans la plupart des cas, lorsqu'il s'agit d'anciennes prises de vues, la cause la plus probable est une double exposition. Sinon il peut s'agir d'un reflet ou d'un objet parasite proche de l'objectif de l'appareil. Dans le cas où la photographie est prise dans l'obscurité - totale ou relative - l'appareil mélange une image nette, prise pendant le bref éclair du flash, avec une image floue et diffuse enregistrée pendant la période de pause d'une ou deux secondes qui suit l'éclair. Il peut en résulter un sujet qui semble entouré par une forme diffuse66. Depuis la généralisation des appareils photographiques numériques et la large diffusion de logiciels de retouche d'image, le trucage photographique est à la portée de tous et facilite la productions de fausses images de fantômes.
Orbes
Le phénomène des orbes, ou orbs, petites taches circulaires blanchâtres qui apparaissent sur les photographies numériques prises à l'aide d'un flash, a propagé l'idée qu'il s'agissait de la trace laissée par des esprits fantomatiques. D'autres origines (plasma, ovni...) ont été avancées par les tenants du paranormal. En fait, les orbes sont des images parasites provoquées par la réflexion de la lumière du flash sur des particules présentes dans l'air à proximité de l'objectif. Il peut s'agir de poussières diverses, de moucherons, de flocons de neige, de pollen, de gouttelettes d'eau, etc.
Vidéos
Les vidéos de fantômes et autres poltergeists circulant sur internet sont légion. La plupart sont très peu convaincantes. Quelques-unes sont plus particulièrement célèbres (ou réussies...).
Fin 2003, une caméra de surveillance du château de Hampton Court a enregistré l'image d'un personnage en costume, supposé être le fantôme d'Henry VIII, refermant une porte67. La vidéo a été reprise et diffusée par de nombreuses chaînes de télévision mais, pour Richard Wiseman, professeur de psychologie à l'université du Hertfordshire, cité par le Daily Telegraph, il s'agit « soit d'un coup de publicité du palais, ce dont je doute, soit d'un visiteur qui a voulu se rendre utile en refermant la porte68. »
Une vidéo, fréquemment reprise dans les médias et présentée comme ayant été jugée authentique par des experts, est censée avoir enregistré l'image d'un enfant fantôme courant dans un ancien cimetière américain avant de grimper dans un arbre69. En fait, un examen attentif met en évidence une coupure dans l'enregistrement et suggère l'explication beaucoup plus rationnelle d'un enfant bien réel jetant un tissu dans un arbre70.
La caméra de surveillance d'un parking de Tokyo a filmé l'étrange déplacement d'une silhouette féminine, semblant se déplacer à reculons avant de disparaître71. L'enregistrement est présenté comme authentique.
Une vidéo amateur circulant sur internet présente un groupe de touristes japonais se filmant au sommet d'une falaise bordant la mer. Sur une brève séquence on aperçoit nettement, en arrière-plan, une personne se jetant dans le vide72. L'origine précise de cette vidéo semble inconnue. La possibilité d'un trucage est donc considérable, d'autant qu'il n'est fait référence à aucun suicide réel survenu à cet endroit.
Enregistrements sonores
La plupart des messages supposés émis par des esprits désincarnés ne sont pas directement audibles par les humains. On ne peut les écouter que par le truchement d'enregistrements électroniques.
Thomas Edison, l'inventeur du phonographe en 1877, espérait encore en 1920 mettre au point un appareil permettant de capter directement les messages des esprits. Il ne s'agissait pas à proprement parler des fantômes, mais l'idée était proche. « Je prétends qu'on peut construire un appareil si sensible que, s'il y a des êtres dans un autre monde, qui souhaitent entrer en rapport avec nous dans ce monde ci, les chances qu'ils puissent le faire avec cet appareil seront bien meilleures qu'avec les tables tournantes73... ». Par la suite, Edison affirma qu'il avait plaisanté en faisant cette annonce.
En 1959, le producteur de cinéma suédois Friedrich Jürgenson (1903–1987), parti se promener avec un magnétophone aux environs de Stockholm pour enregistrer des chants d'oiseaux, eut la surprise d'entendre des voix derrière leurs pépiements. Intrigué, il multiplia les enregistrements. Pensant avoir identifié des messages en provenance d'amis ou de parents défunts, il publia ses découvertes en 1964. Konstantin Raudive, un ancien professeur de psychologie, se pencha à son tour durant neuf ans sur le sujet et réunit plus de 10 000 échantillons de voix. En 1968, il rédigea un livre accompagné d'un disque74 sur le fruit de ses recherches qu'il poursuivit jusqu'à sa mort en 197475.
Les enregistrements par un magnétophone de messages audibles sont très rares. On les connaît surtout dans les cas de poltergeists ou sont enregistrés de bruits divers et des rauques voix spectrales. (utilisation des « fausses cordes vocales » des humains victimes du phénomèneN 2).
Chasseurs de fantômes
On appelle « chasseurs de fantômes » les personnes qui se sont spécialisées dans l'étude des phénomènes de hantise. Le thème a été popularisé de façon comique dans le célèbre film américain SOS Fantômes sorti en 1984. Dans la réalité, la plupart des chasseurs de fantômes ne cherchent pas à combattre ces phénomènes, mais plutôt à les analyser en collectant un maximum de renseignements.
L'Anglais Harry Price (1881-1948), fondateur en 1925 du National Laboratory of Psychical Research à Londres, fut probablement le plus célèbre chercheur dans ce domaine au XXe siècle. Il publia une douzaine d'ouvrages, dont deux furent consacrés au presbytère de Borley présenté comme « le lieu le plus hanté d'Angleterre ».
De nos jours, de nombreuses personnes, ou associations d'amateurs, se proclament chasseurs de fantômes, sans pour autant avoir une attitude réellement scientifique. Malgré l'emploi fréquent de divers détecteurs et appareils sophistiqués, censés fournir des preuves des phénomènes observés, leurs recherches n'apportent rien de concret aux études sur le sujet76.
Face à la science
Pour Emmanuel Kant (1724-1804), « on peut être sûr que jamais une académie des sciences ne choisira un pareil sujet, pour le mettre au concours ; non pas que chacun de ses membres soit persuadé de la futilité et du mensonge de toutes ces narrations, mais bien parce que la loi de la prudence met de sages bornes à l'examen de ces questions. Les histoires de revenants rencontreront toujours des croyants secrets et seront toujours l'objet, en public, d'une incrédulité de bon ton77. »
De la seconde partie du XIXe siècle jusqu'au milieu du XXe, et encore jusqu'à nos jours, de nombreux savants et parapsychologues ont enquêté sur ces phénomènes. Parmi ceux-ci on peut citer : Camille Flammarion (1842-1925) astronome, Charles Richet (1850-1935) prix Nobel de médecine, Frank Podmore (1856-1910) écrivain, Ernest Bozzano (1862-1943) parapsychologue, Jean Prieur (1914-2016) professeur de français, Claude Lecouteux (1943-) docteur ès lettres, Walter von Lucadou (1945-) physicien et psychologue, etc. Ils se sont souvent regroupés dans des instituts tels que la Society for Psychical Research (Société pour la recherche psychique ou SPR) fondée en 1882 en Angleterre, ou l'Institut métapsychique international (IMI) créé en 1919 en France.
Actuellement, la communauté scientifique considère en général que, méprises et tromperies mises à part, la plupart des manifestations de fantômes présentées comme authentiques n'ont pas de réalité, faute de preuves indiscutables. D'autre part, selon le Dictionnaire sceptique, rédigé par le professeur Robert Todd Carroll en 1994 dans le cadre "d'essais sceptiques", « la plupart des maisons hantées sont très vieilles et, par conséquent, remplies de courants d’air. Les scientifiques qui ont enquêté sur de tels lieux ont pu expliquer à la fois les bruits et les changements de température en trouvant la source des courants d’air, souvent des espaces vides entre les murs ou des déplacements d’air causés par des ondes sonores de basses fréquences, produites par des objets bien concrets, comme des ventilateurs78. »
De plus, les données actuelles de la SPR et de l'ASSAP démontrent que les hantises et les apparitions se produisent dans des lieux tout à fait ordinaires. Les affirmations qui associent les lieux de hantises à de vieilles demeures ne reposent sur aucune preuve tangible scientifique, tout comme l'interprétation populaire que les fantômes soient le fruit exclusif de revenants :
"L’association de fantômes avec des demeures seigneuriales, des châteaux en ruines et des auberges solitaires, sans doute utile au commerce, ne semble pas être corroborée par les constats actuels. On pourrait s’attendre à ce que « le conditionnement » joue un rôle important dans la production d’attentes propices aux expériences d’apparitions, mais en réalité, les endroits où les apparitions ont été rapportées étaient étonnamment mondains et prosaïques. 70,5 % des expériences sont rapportées à la maison (y compris le jardin). Sur les 29,5% restants, lorsqu'ils n'étaient pas à la maison, près du quart se sont produits pendant que le destinataire était en voiture. Seulement 16% des cas sont survenus à l'extérieur79.
Par contre, la vieille maison, les lieux lugubres associés aux "fantômes" semblent trouver leurs sources dans la culture, la pop culture et l'imaginaire collectif. Ces facteurs culturels, pour certains psychologues nourrissent l'interprétation psycho-sociologique de ces phénomènes selon la culture et croyances des personnes qui les vivent. C'est ce que soutient par exemple, le chercheur indépendant Jean-Michel Abrassart pour la plupart des expériences dites « extraordinaires ». La sceptique Hayley Stevens affiliée au Committee for Skeptical Inquiry quant à elle, dénonce que la plupart des explications "scientifiques" sont souvent toutes aussi inexactes que les explications "spirituelles" où du moins sujettes à caution pour expliquer le paranormal :
« Une bonne partie de mon temps de recherche à ce sujet implique non seulement d'examiner les choses étranges que vivent les gens, mais également de scruter les explications aux sonorités scientifiques que les gens offrent pour « démystifier » le surnaturel. Très souvent, ces explications sont aussi fausses que certaines des affirmations surnaturelles - par exemple, l’affirmation selon laquelle la moisissure vous fait voir des fantômes. Cela semble scientifique, mais ce n’est pas vrai80».
D'autres sceptiques comme Sharon Hill81 et Ben Radford82 membres également du SCI dénoncent aussi certaines dérives et inexactitudes dans les médias. Par exemple, certains magazines scientifiques grand public ou youtubeurs affirment que les "fantômes" s'expliquent par les infrasons, les champs magnétiques ou encore des moisissures. Pourtant, aucune preuve et aucune réplication scientifique à ce jour ne soutiennent ces allégations qui sont paradoxalement relayées massivement sur internet sans esprit critique, sans analyser et recouper les sources. Enfin, d'autres chercheurs dont la plupart des parapsychologues pointent les dérives du pseudo-scepticisme (raisonnement circulaire, biais, arguments d'autorité...) relatifs à des à priori concernant l'étude ouverte et rigoureuse du paranormal.
Le terme "pseudo-sceptique" a été popularisé à l'origine par Marcello Truzzi, l'un des membres fondateurs du SCICOP devenu plus tard CSI.
Selon le chercheur Renaud Evrard, président actuel de la Parapsychological Association83:
"« La Parapsychological Association est fondée en 1957 et en 1969 elle est affiliée à la très académique association américaine pour le progrès des sciences […] La parapsychologie est donc un domaine de recherche fascinant parce qu’il nous mène aux portes de l’inconnu, parce qu’il y a des gens brillants qui explorent ses frontières et parce que c’est avec les données de la parapsychologie que se construisent de nouvelles théories physiques, sur la rétrocausalité par exemple, et de nouvelles théories en psychologie. Cependant, les chercheurs sont tellement en avance, tellement dans une subversion des savoirs acquis, qu’il est plus facile de les ignorer, de les décrédibiliser, plutôt que d’intégrer les perspectives qu’ils nous apportent"84.
Pour Pascale CatalaN 3 : « seule une approche rationnelle, se fondant sur diverses disciplines scientifiques (physique, psychologie, psychiatriques, sociologie, neurophysiologiques, etc. permettra de démêler le vrai du faux85. »
En 2017, dans le cadre de l’émission « the infinite monkey cage » animée par Neil De Grasse Tyson, le physicien Brian Cox affirme formellement que les fantômes ne sont pas réels avec comme preuve suivante : "Si nous voulons faire une place aux fantômes dans nos vies, nous devons inventer une extension du modèle standard de la physique des particules qui a jusqu'alors totalement échappé aux expériences menées à l'aide du grand collisionneur de hadrons. C'est presque inconcevable aux échelles d'énergie typiques des interactions de particules dans notre corps". Il affirme que l'accélérateur de particules du grand collisionneur de hadrons aurait immanquablement détecté l'existence des fantômes. Il démontre également que les fantômes violeraient la deuxième loi de la thermodynamique, qui stipule que l'énergie se perd et que les fantômes, ainsi, ne sauraient maintenir leur existence au-delà d'une durée significative86. Toutefois Neil De Grasse Tyson a rappelé à Brian Cox qu’il n’est pas du tout impossible que de nouveaux modèles scientifiques puissent compléter voire révolutionner les théories courantes même s'il n'a pas encore trouvé un phénomène qui défie toutes ses connaissances87.
En 2016, Bill Nye, vulgarisateur scientifique dans le cadre de son émission "big think"88affirme également que le fantômes et l’après vie n'existent pas faute de preuves convaincantes. Ces affirmations lui a valu la critique d' Hayley Stevens sceptique Anglaise et membre du CSI (Committee for Skeptical Inquiry) :
« Bien que Nye ait techniquement raison de penser que la recherche n’a fourni aucune preuve de la survie de « l’âme » humaine, il ne s’agit pas de la somme totale de fantômes ni même de recherches paranormales […] Certaines personnes qui croient aux fantômes ne croient pas que les fantômes soient l'âme humaine. Certaines personnes ne croient pas que les maisons hantées sont hantées par des fantômes, d'autres croient aux fantômes mais pas aux maisons hantées. C’est pourquoi la recherche se poursuit. La confiance avec laquelle Nye a rejeté ces idées suggère qu’il est un expert, mais ses affirmations incorrectes prouvent le contraire»89.
Bien que certains physiciens ne soutiennent pas l'hypothèse du dualisme comme Brian Cox ou encore Sean Caroll, d'autres physiciens et chercheurs sont en désaccord comme Roger Penrose, Stuart Hameroff, Fred Alan Wolf ou encore Brian Josephson. L'ASSAP (L’Association pour l’étude scientifique des phénomènes anormaux) propose une approche holistique de ces phénomènes sans tomber dans le biais de confirmation populaire que les "apparitions" soient des "esprits". Pour l'ASSAP :
« La vérité est que, pour le moment, nous ne savons tout simplement pas ce que sont les fantômes! Il existe un certain nombre de possibilités intéressantes, mais malheureusement, peu de personnes les recherchent. Malheureusement, la plupart des gens sont obsédés par l'idée de "l'esprit" pour laquelle il existe très peu de preuves. C'est une situation provoquée en grande partie par les médias et nous ne pouvons rien y faire90 »
Hallucinations
Les hallucinations sont définies comme des perceptions en l'absence de stimuli externes. Elles doivent être distinguées des illusions, qui résultent de perceptions altérées de stimuli externes existant, et des hallucinoses, qui sont des perceptions en l'absence de stimuli externes mais avec conservation de la conscience de la nature endogène (qui a une cause interne) de la perception91.
Une des caractéristiques importantes de l'état psychotique est l'absence de prise de conscience suffisante de la nature pathologique des symptômes (Anosognosie). Les patients pensent que leur comportement, et les expériences hallucinatoires qu'ils vivent, ne sont en aucune manière inhabituels ou étranges92.
Paralysie du sommeil
Un trouble du sommeil relativement fréquentN 4, connu sous le nom de paralysie du sommeil, peut probablement expliquer bon nombre de cas de hantise, lorsque ceux-ci se produisent quand le témoin est couché dans un lit93.
Le sujet, sur le point de s'endormir ou de s'éveiller, mais tout à fait conscient, se trouve dans l'incapacité d'effectuer le moindre mouvement volontaire. À cette sensation désagréable, sont couramment associées des hallucinations auditives telles que bruits de pas, voix et sons divers ainsi que des impressions d'oppression, de suffocation et de présence d'une personne maléfique dans la pièce. Les hallucinations visuelles sont assez peu fréquentes94,95.
Beaucoup moins communes sont d'autres impressions, comme des sensations de vibration, de douleur ou de froid, des odeurs, des mouvements des couvertures, etc. Ces hallucinations sont ressenties comme des faits réels, accompagnés d'un sentiment de danger extrême, voire de risque mortel. Plus rarement encore, le ressenti peut être de la colère, de la tristesse, une sensation d'extase, voire des désirs érotiques96.
Toutefois, en avril 2008, dans l'ouvrage "Haunted Swindon" le chercheur Dave wood (président de l'ASSAP) et le chercheur Sewell ont découvert que la plupart des apparitions visuelles avaient lieu dans l'après-midi. Dans leurs échantillon, 37% des observations se sont produites pendant la journée, mais après avoir éliminé les cas associés à la paralysie du sommeil et aux phénomènes de limite du sommeil, les chercheurs identifient 50% des cas survenant en plein jour et 50% dans l'obscurité.
Fantôme sur commande
Une patiente de vingt-deux ans, sans antécédents psychiatriques, traitée à l'École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse) pour un problème d'épilepsie a eu la désagréable sensation qu'une personne, placée derrière elle, cherchait à l'étreindre, lorsque les chercheurs ont stimulé les électrodes placées dans son cerveau à la jonction temporo-pariétale97. Un dysfonctionnement de cette zone cérébrale est déjà soupçonné d'être à l'origine de la sensation de voyage astral98.
En 2014, Olaf Blanke et son équipe mettent en évidence chez des sujets sains une sensation de présence, en créant une illusion en laboratoire. 30 % des volontaires en bonne santé ont décrit le sentiment d’avoir quelqu’un derrière eux, qui les touchait99.
En 2016, lors d'une interview, Giulio Rognini, l'un des scientifiques qui a conduit cette expérience avec Olaf Blanke insiste bien sur le fait que leurs résultats en neurosciences expliquent juste une petite partie des expériences inhabituelles liées aux apparitions et maisons hantées100.
La suggestion
Les travaux en psychologie anomalistique démontrent que le conditionnement et que des facteurs environnementaux peuvent biaiser la perception de certaines personnes. Afin que certaines personnes fassent l'expérience de hantise, cela demande l'association de plusieurs facteurs :
- un lieu réputé hanté ;
- une histoire se focalisant sur ce lieu hanté ou des rumeurs ;
- prendre un échantillon de personne croyant au paranormal.
En 1997 et 1998, des chercheurs comme Hourran et Lange ont travaillé sur diverses expériences au sujet du conditionnement psychologique dans le cadre des Hantises en prenant deux groupes. Au premier groupe, ils suggèrent que le théâtre est « hanté ». Au second groupe, les chercheurs les informent que le lieu est simplement en rénovation. Les personnes croyant visiter un lieu hanté ont décrit plus de ressentis inhabituels que les autres.
En 2003, les hypothèses de Hourran et Lange sont poursuivis par d'autres chercheurs (Wiseman, Watt, Stevens, Greening & O’Keeffe)
Cette étude a été publiée dans The British Journal of Psychology.
Il s’agissait de recueillir les expériences inhabituelles rapportées par les visiteurs d’un château réputé hanté, transformé en musée. Voici les résultats
Le protocole est essentiellement le même que celui de Schmeidler, avec la même ambiance suggestive lors de l’explication de la consigne. 46,5 % des participants dirent avoir eu au moins une expérience inhabituelle. Les deux tiers des expériences étaient des ressentis de variation inhabituelle de la température, et le dernier tiers correspondait à des ressentis de vertiges, maux de têtes, malaises, étouffements, la pression d’une certaine « force », une odeur dégoûtante, une sensation de présence et des émotions intenses.
Le chercheur Renaud Evrard101 cofondateur de CIRCEE102 (Centre d’Information, de Recherche et de Consultation sur les Expériences Exceptionnelles) remarque toutefois que :
"ces ressentis étranges sont tout de même éloignés des observations d’apparitions, de déplacements inexpliqués d’objets ou de coups dans les murs. D’ailleurs, seuls 3 % des participants attribuèrent avec certitude leur ressenti à la présence d’un fantôme, et 10 % dirent que c’en était peut-être un. Même quand l’expérience fut renouvelée dans un lieu plus intimiste, la majorité des gens n’étaient pas convaincus d’avoir affaire à un fantôme malgré le récit de quelques observations encore plus étranges"103.
Pascale Catala partage également les observations suivantes sujet des travaux de Wiseman :
" Aucun facteur causal n’a été démontré [...] Les corrélations trouvées ne sont pas très intéressantes ou spécifiques. La variation de champ magnétique n’ayant pas été retrouvée dans la deuxième expérience, il reste des effets liés à la luminosité ou la taille de la pièce... : ces caractéristiques peu spécifiques ne sont pas exploitables.
Il y a extrapolation à partir des expériences inhabituelles à des sujets de l’étude, aux témoignages de hantise en général.
Alors qu’on ne parle pratiquement jamais en France des études scientifiques sur les fantômes, la presse a relayé abondamment ces conclusions."104.
Enfin, une récente étude de la psychologue Annalisa Ventola105 met en exergue que les personnes qui font l'expérience des hantises et des '"fantômes" n'ont pas de déficit cognitifs106. L'étude de Ventola a porté sur 313 étudiants.
Malaises et infrasons
Des recherches scientifiques ont permis de mettre en cause les infrasons – sons émis à des fréquences inférieures à 20 hertz (Hz), inaudibles pour l’oreille humaine – dans la production de sentiments d’anxiété, de peur ou de tristesse, voire dans la production d’hallucinations. Les effets physiologiques et psychologiques des infrasons ont été découverts au début du XXe siècle. La propagande nazie les aurait utilisés pour accentuer l’excitation des foules pendant les discours d’Adolf Hitler et aurait ultérieurement cherché à construire des armes soniques qui semblent être restées au stade expérimental. Fin 1963, le docteur Vladimir Gavreau, chercheur au laboratoire d’électro-acoustique de Marseille, fut confronté aux violents malaises, migraines et nausées répétés de ses collaborateurs. Après de longues recherches tous azimuts, il découvrit que leur cause était un ventilateur qui émettait des sons inaudibles, d'une fréquence de 7 Hz107,108.
En 2003, Au cours d’une expérience conduite par le docteur Richard Lord, chercheur acousticien au National Physical Laboratory et par le professeur Richard Wiseman, psychologue à l'université du Hertfordshire, des sons à très basse fréquence ont été émis au cours de quatre morceaux joués pendant un concert réunissant 750 personnes à Londres. À la sortie, 22 % des spectateurs ont déclaré avoir eu des réactions de peur ou de tristesse au cours des passages en question. Selon le professeur Wiseman : « Certains chercheurs ont suggéré que ce niveau de son peut être relevé dans certaines maisons dites hantées et ainsi provoquer des sensations curieuses couramment attribuées à la présence d'un fantôme - nos découvertes confirment cette hypothèse »109. Le vent s’engouffrant dans les longs corridors et les conduits de cheminée des châteaux pourrait être à l’origine de ces infrasons.
Vic Tandy, ingénieur à l’université de Coventry, a eu une expérience inhabituelle en 1998 relatif à un cas de hantise sur son lieu de travail : sensation de malaises et sensation de voir une apparition mal définie en périphérie de son champ de visions. Tandy a trouvé la cause du présumé fantôme : des sons d’une fréquence d’environ 19 Hz qui provenaient d'un ventilateur qui pouvaient faire, selon lui, résonner le globe oculaire humain, provoquant des troubles de la vision et des hallucinations110,111.
Néanmoins, il est important de remettre ces hypothèses ci-dessus dans leur contexte et de préciser que d'autres chercheurs ont tenté de répliquer l'expérience de Vic Tandy et de Richard Wiseman, à savoir valider ou réfuter l'hypothèse des infrasons et champs magnétiques dans le cadre des hantises et de possibles sources d'apparitions.
En 2004, Chris French psychologue spécialisé en psychologie anomalistique a tenté une expérience associant des champs magnétiques élevés ainsi que des ondes sonores à basses fréquences sans démontrer de relation de cause à effet112.
En 2005, une nouvelle expérience scientifique a été tentée par Roger Schwenke et John Meyer113 qui ont dirigé l'équipe Meyer Sound dans la conception d'un banc d'essai spécial qui produirait des niveaux sonores très élevés aux fréquences infrasonores afin de trouver un lien tangible entre les infrasons et les hallucinations visuelles. Dans le cadre de cette expérience, personne n'a halluciné et les effets psychologiques sont peu concluants. Ce projet a été présenté dans le cadre de l'émission scientifique et de débunking Mythbusters114.
En 2009, French a aussi recommencé une autre tentative sans démontrer de preuves évidentes : « environ 80% des volontaires ont dit qu'ils se sentaient étourdis, la moitié ont dit qu'ils avaient l'impression de tourner et 23% se sentaient détachés de leur corps ont rapporté les chercheurs en 2009 dans le journal Cortex. 23% ont également déclaré avoir ressenti une présence, et 8% ont ressenti de la terreur, et 5% des participants ont déclaré être excités sexuellement »115.
Steeve Parson, étudie également l’impact du son dans l’expérience des fantômes et hantises, membre de la SPR, il propose une analyse très détaillée sur le site Psi Encyclopedia. L’article de Parson est également disponible sur le Journal of the Society for Psychical Research Vol. 76.3 No. 908 July 2012, 2012 116.
Selon lui, « l'infrason seul ne produit pas d'expériences anormales et paranormales. La gamme de fréquence autour de 18Hz ne produit pas les expériences apparitionnelles (comme suggéré par Tandy et Lawrence) ».
Champs magnétiques
La Terre baigne naturellement dans un champ magnétique qui lui est propre, dont la composante verticale à sa surface est stable aux alentours de 500 milligauss. Dans les années 1980, en étudiant le comportement des sourciers, le professeur Yves Rocard a estimé qu'un être humain pouvait être sensible à une variation de magnétisme de l'ordre du milligauss117. Or, dans certains lieux supposés hantés, il a été mesuré des champs magnétiques beaucoup plus considérables, allant jusqu'à 825 milligauss. Il a été envisagé que certaines personnes pourraient y être particulièrement sensibles, et interpréter leur ressenti en fonction de leurs croyances personnelles118,119.
En 1990, le chercheur en neuroscience Michael Persinger a inventé un appareil qu'il nomme Casque de dieu, censé produire des hallucinations ou des états altérés de conscience par stimulations magnétiques du cerveau, dont les effets pourraient pourraient expliquer certaines perceptions inhabituelles. Il tenta d'étendre ce concept aux lieux supposés hantés. Mais ses allégations n'ont été ni répliquées ni validées par la communauté scientifique. Pour sa part, le parapsychologue Mattew Didier, fondateur de la « Toronto ghost and Haunting research society » n'a trouvé aucune corrélation lors de ses propres recherches sur le terrain et, en 2004, c'est le chercheur Pehr Granqvist qui ne corrobore pas non plus les allégations de Persinger120. En 2018, une étude du psychologue David Maij, a démontré que le casque de Dieu de Persinger tend à fonctionner comme un placebo121.
D'autres études ont tenté en vain d'établir une corrélation entre les champs magnétiques et la perception des phénomènes de hantise :
- en 2004, le psychologue Chris French n'a pas trouvé de liens concluants concernant les champs magnétiques susceptibles de provoquer des expériences hallucinatoires relatives aux fantômes122 ;
- en 2006, le docteur Jason Braithewaite a tenté d'établir un lien plausible entre les champs magnétiques et un lieu présumé hanté : le Muncaster Castle (en). Il passera des années à travailler sans succès sur cette hypothèse ;
- en 2009, Chris French, a imaginé le « projet Haunt » consistant à soumettre des volontaires à des champs magnétiques et à des infrason à leur insu. French n'a pu établir aucune corrélation pertinente123 ;
- en 2011, Jason Braithewaite a rédigé un article scientifique sceptique et critique sur l'hypothèse hallucinatoire relatif aux champs magnétiques124 ;
- en 2017, Benjamin Radford, chef d'édition au Skeptical Inquirer insiste sur le fait qu'il n y a aucune preuve concernant le rôle des champs magnétiques pouvant générer des hallucinations attribuables à des fantômes125 ;
- en , une étude menée par le géoscientifique Joseph Kirschvink et le neuroscientifique Shin Shimoj semble confirmer que les humains seraient effectivement sensibles, de façon inconsciente, au champ magnétique terrestre mais, pour autant, les sujets des expériences n'ont pas eu d'hallucinations126.
L'intoxication par des moisissures
En 2015, Shane Rogers, ingénieur environnemental affirme que les "fantômes" sont des hallucinations dans des vieilles demeures causés une intoxication par des moisissures. Toutefois Rogers n'a jamais publiés ses résultats comme le souligne Hayley Stevens en se rendant sur le site de l'université de Clarkson127. Enfin, sur des sites médicaux, il n'existe aucune preuve évidente que les moisissures peuvent produire des hallucinations élaborées dans de vielles demeures128.
La recherche actuelle
Les recherches aux sujets des fantômes et des maisons hantées sont toujours d'actualité car ce sont des phénomènes dont la réalité sociale est indiscutable. Actuellement, les approches académiques sur les fantômes et maisons hantées sont multiples au niveau de des différentes disciplines académiques (physique, psychologie, neurosciences, sociologie...) et nombre d'études sont disponibles sur google scholar, académia, frontiers in psychology, la Parapsychological association et Psi Encyclopedia.
Selon Renaud Evrard :
Les seules choses dont nous sommes sûrs c’est un, que des gens croient au paranormal, deux, que des gens disent faire l’expérience du paranormal. Les statistiques dans les pays industrialisés indiquent, depuis les années 1970, qu’entre 50 % et 70 % des populations croient à ces phénomènes, et qu’entre 30 % à 50 % pensent avoir vécu au moins une expérience paranormale au cours de leur vie. Ce sont des chiffres énormes ! N’importe quel autre phénomène qui aurait une telle propension ou prévalence dans la population ferait partie des objets d’étude classiques. Mais, comme il s’agit de paranormal, cela reste en marge académiquement. 129.
De nouvelles statistiques indiquent également que 75,9 % des américains croient aux phénomènes dits paranormaux130.
Fantômes et hantises arrivent en tête des expériences dites inhabituelles.
Cette réalité sociale a fait l'objet d'une nouvelle étude académique Things That Go Bump in the Literature: An Environmental Appraisal of Haunted Houses131 en date du 12 juin 2020, qui met en commun le travail de 9 chercheurs qui ont fait le bilan sur 20 années de recherches sur des facteurs environnementaux pouvant biaiser ou altérer les perceptions humaines comme sources possibles de biais cognitifs.
Au-delà d'une analyse critique au sujet des infrasons, champs magnétiques, moisissures, la qualité de l'air, la température et la suggestion, cette étude pluridisciplinaire au terme de cette rétrospective arrive à la conclusion suivante :
Nous concluons donc qu'un modèle exclusivement ou principalement environnemental - c'est-à-dire s'appuyant sur des signaux intégrés discrets, la qualité de l'air, la température, les infrasons, les niveaux d'éclairage ou les champs électromagnétiques - est actuellement insuffisant comme explication générale de ce qui imprime à certains endroits ou paramètres un personnage hanté (ou flippant) ou sert de source prédominante d'expériences anormales dans ces contextes[...]En conséquence, les efforts scientifiques pour décrire les maisons hantées et les phénomènes connexes en termes environnementaux devraient aborder plusieurs questions. Premièrement, notre revue de la littérature a révélé une pénurie de recherches détaillées et de qualité dans ce domaine. Les études futures doivent donc s'efforcer de mesurer les facteurs physiques discrets de manière plus cohérente, globale et précise [...]En terminant, il serait négligent de ne pas mentionner de modèle environnemental pour les repaires poussés à l'extrême.
Pour les parapsychologues, la recherche actuelle sur les fantômes pointe des anomalies qui se produisent dans des lieux dont les mécaniques sont inconnus ou des informations véhiculées par le PSI que les témoins interprètent en fonction de leurs cultures, convictions personnelles et croyances.
Le point de vue qui prévaut aujourd'hui est que bon nombre des effets physiques mystérieux attribués historiquement aux fantômes (esprits désincarnés), tels que le mouvement d'objets, les sons étranges, les odeurs énigmatiques et la défaillance de l'équipement électrique, sont en réalité des phénomènes de poltergeist. On pense que les apparitions qui se produisent sans effets physiques associés sont soit des effets psychologiques normaux (c'est-à-dire des hallucinations), soit éventuellement de véritables informations médiées par le psi132.
En juillet 2019, s'est tenu le 69e congrès de la parapsychological association. Actuellement, les parapsychologues tentent toujours d'élaborer des hypothèses et des axes de recherches afin de mieux appréhender les mécanismes liées aux hantises et poltergeists au travers de 160 ans de dossiers documentés à la lumière de différentes disciplines académiques comme la physique, les neurosciences ou encore la psychologie cognitive.
Actuellement, il existe des divergences entre la psychologie anomalistique et la parapsychologie. En effet, certains chercheurs en psychologie anomalistique tentent de réduire ces phénomènes à des mécanismes connus, tandis que la majorité des parapsychologues proposent d'autres pistes d'explorations. Toutefois, des sceptiques comme Chris French Anomalistic Psychology: Exploring Paranormal Belief and Experience reconnaissent que les travaux actuels en parapsychologie répondent aux critères des meilleures expériences en psychologie et que les travaux et la recherche correspondent aux standards académiques.
Pour les chercheurs Watt et Sheldrake, la parapsychologie et la discipline scientifique qui fait l'objet de plus de contrôles133,134.
Le sceptique Jean-Michel Abrassart reconnait également la qualité de certaines recherches des parapsychologues et l'intêret de la parapsychologie135.
En France, Renaud Evrard aborde actuellement ces phénomènes par le prisme d'une sociologie de l'anomalistique136
Thomas Rabeyron Professeur de psychologie clinique et psychopathologie aborde ces phénomènes au travers d'une démarche clinique des expériences exceptionnelles137
Enfin, les chercheurs académiques encouragent les « amateurs » comme la plupart des chasseurs de fantômes à ne pas faire n'importe quoi et de la pseudo-science, notamment à cause d'une lecture inappropriée de gadgets et en faisant l'usage du « freak show » sur les réseaux sociaux. C'est ce que pointent entre autres Renaud Evrard et Abrassart dans le billet suivant : Le YouTube hanté : Internet en tant que dispositif d’évocation de fantômes138.
Pour Ben Radford, la science ne réfute pas l'existence des fantômes, mais de bonnes preuves sont nécessaires139.
Fantômes et lieux hantés célèbres
Les relations détaillées d'apparitions de fantômes et de lieux supposés hantés suffiraient, à eux seuls, à remplir une bibliothèque. Il est donc exclu d'engager ici une telle entreprise. Quelques cas sont toutefois particulièrement célèbres :
France
L'abbaye de Mortemer dans l'Eure serait hantée par le fantôme de Mathilde l'Emperesse, petite-fille de Guillaume le Conquérant, qui apparaîtrait les nuits de pleine Lune. La fameuse photo du spectre de Mathilde fut démystifié rationnellement en octobre 2011 dans l'émission de télévision R.I.P.140.
Les jardins du Trianon seraient parfois peuplés de fantômes. L'après-midi du 10 août 1901, deux touristes anglaises s'égarèrent dans les jardins du château de Versailles proches du Trianon. Elles y firent la rencontre insolite de plusieurs personnages en tenue du XVIIIe siècle. Dans un climat qu'elles qualifièrent d'« anormal, insolite et déplaisant », elles échangèrent plusieurs phrases avec eux avant de retrouver un environnement « normal » devant l'entrée du Petit Trianon où elles achevèrent leur visite. En confrontant ultérieurement leurs souvenirs, elles découvrirent qu'elles n'avaient pas remarqué parfois les mêmes choses. Elles publièrent leur aventure en 1911 sous des pseudonymes141, une traduction française en fut publiée en 1959142. Des témoignages assez proches auraient été enregistrés en 1908, 1928 et 1955143. Dans les années 1930, un chercheur du nom de R.J. Sturge-Whiting fit une analyse approfondie des témoignages. Il conclut que les deux visiteuses n'avaient, en réalité, rencontré que du personnel du château et d'autres touristes144.
Le château de Veauce (Allier) : cette forteresse serait hantée par le fantôme de Lucie, une jeune domestique morte de faim dans une tour du château. L'ancien propriétaire, le baron Ephraïm Tagori de la Tour, prétendait la rencontrer toutes les nuits sur un chemin de ronde145. L'événement a fait l'objet d'un reportage, réalisé par Jean-Yves Casgha en août 1984 et diffusé le 8 juillet 1992 dans l'émission Mystères de TF1146, et dans l'émission RIP : Recherches, investigations, paranormal le 26 mars 2014 sur Planète+ A&E147.
Le château de Combourg : celui-ci, situé à Combourg en Ille-et-Vilaine serait d'après Chateaubriand qui y passé une partie de son enfance, hanté par le fantôme d'un chat accompagné par une jambe de bois.
Royaume-Uni
« Albion est - qui l'ignore ? - île de fantômes148. »
La tour de Londres est supposée être visitée par les spectres des nombreuses victimes qui y ont été enfermées, torturées ou exécutées durant des siècles. Parmi les plus célèbres se trouvent Anne Boleyn qui y apparaîtrait fréquemment, parfois sans sa tête. Walter Raleigh se promènerait les nuits de pleine lune sur les remparts proches de ses anciens appartements, Henri Percy déambulerait pour sa part sur les remparts de Martin tower et Guilford Dudley viendrait s'asseoir près d'une fenêtre de Beauchamp tower. Margaret Pole, 8e comtesse de Salisbury, ferait revivre aux témoins les circonstances atroces de sa décapitation et les deux jeunes princes, Édouard V d'Angleterre et Richard de Shrewsbury, emprisonnés dans la Tour et disparus de façon inexpliquée seraient apparus à plusieurs reprises. S'y ajoutent de nombreuses autres apparitions plus ou moins clairement identifiées149. Il semblerait que la dernière apparition remonte au 13 février 1957, date à laquelle deux gardes de la Tour aperçurent une silhouette blanche, qui pourrait être le spectre de Jeanne Grey, entre les créneaux du sommet de la salt tower150.
Le château de Hampton Court : le , une caméra de surveillance a enregistré une forme fantomatique attribuée à Henry VIII. Le palais, outre d'autres apparitions d'Henri VIII dans les couloirs du château, est réputé pour abriter le fantôme de Catherine Howard, cinquième femme du souverain, condamnée pour adultère151.
La Banque d'Angleterre est réputée abriter le fantôme de Sarah Whitehead depuis le XIXe siècle152.
Le presbytère de Borley fut proclamé par Harry Price « La maison la plus hantée d'Angleterre »153 en 1940. Ce sinistre bâtiment, construit en 1863 aurait été le lieu de multiples apparitions et poltergeists de 1929 jusqu'à son incendie en 1939, voire sur l'emplacement de ses ruines durant encore une dizaine d'années. Toutefois, l'épouse du révérend Smith, qui habitait le lieu à cette époque, a déclaré à plusieurs reprises ne pas croire que le presbytère ait été hanté. Une étude approfondie, publiée en 1955, aboutit aux mêmes conclusions154,155.
Le château de Raynham Hall, dans le Norfolk, est célèbre par la photo du fantôme de la « Demoiselle brune » prise en 1936 dans son grand escalier. Il pourrait s'agir de Lady Dorothy Townshend, seconde épouse de Charles Townshend, second vicomte de Raynham et propriétaire du château au début du XVIIe siècle. Officiellement morte et inhumée en 1726, une légende relate que son époux aurait simulé son décès pour la maintenir ensuite enfermée dans une pièce isolée du château pendant plusieurs années.
Le village de Pluckley, dans le Kent serait un des villages les plus hantés d’Angleterre. De très nombreux fantômes y ont été observés, dont plusieurs dans l'auberge156.
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Le château d'Hampton Court.
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Le château de Raynham Hall.
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Le presbytère de Borley en 1892.
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États-Unis
La Maison-Blanche serait hantée par le fantôme d'Abraham Lincoln, président des États-Unis assassiné en 1865. Le premier témoignage remonte à l'épouse de Calvin Coolidge (président de 1923 à 1929) qui aurait aperçue sa silhouette à une fenêtre du Bureau ovale. Il aurait ensuite été vu à plusieurs reprises durant la présidence de Franklin Delano Roosevelt (1933-1945) par diverses personnes, dont la reine Wilhelmine des Pays-Bas durant son séjour dans la chambre de Lincoln à la Maison-Blanche52.
Le sanatorium de Waverly Hills est situé au 8101, Dixie Highway à Louisville dans l'État du Kentucky. L'établissement est très populaire aux États-Unis, où il est présenté comme étant « l'endroit le plus hanté d'Amérique » et a été l'objet de plusieurs shows et émissions télévisées157.
Outre le fait qu'il s'agit plutôt d'un cas de poltergeist, et malgré son extrême popularité, l'Affaire d'Amityville qui a inspiré un roman et un film célèbres, demeure extrêmement douteuse car la plupart des phénomènes décrits ont trouvé une explication banale. Par ailleurs, de nombreuses contradictions et déformations dans les propos des membres de la famille de George Lutz jettent un voile de discrédit sur leurs témoignages.
La réserve indienne d'Isleta au Nouveau-Mexique a été le siège de la légende du Padre Padilla dont le corps était réputé se relever de sa tombe et errer dans le village certains soirs158,159. Le 25 avril 1895, Anton Docher décida d'enquêter sur ce phénomène en présence d'autres témoins et ouvrit la tombe du Padre Padilla160,161. Au cours de cette enquête, Anton Docher se blessa au bras et la gangrène s'installa à tel point que les médecins préconisèrent l'amputation et que les habitants évoquèrent la malédiction du père Padilla. Anton Docher pria alors la dépouille du Padre Padilla pour sa guérison et la blessure disparut comme par miracle162,163,164,165,166,167.
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La maison blanche à Washington, DC
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Le sanatorium de Waverlyhills
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La maison d'Amityville présumée hantée
Espagne
Palacio Lercaro, actuellement le musée de l'Histoire de Tenerife.
En Espagne, se dresse le fantôme de Catalina Lercaro. Elle était une jeune femme qui vivait dans la ville de San Cristobal de La Laguna à Tenerife. Elle appartenait à une famille de marchands génois riches.
Catalina, est forcée d'épouser un homme plus âgé qu'elle, qui jouit d'une bonne position. De désespoir, la jeune Catalina se tue en sautant dans un puits se trouvant dans la cour de la maison168. Son corps est enterré sous le plancher d'une chambre dans la maison en raison du refus de l'Église catholique de l'enterrer dans le cimetière à cause de son suicide169.
Depuis, de nombreuses personnes affirment avoir vu le fantôme de Catalina Lercaro se promener à travers la maison, actuellement le musée de l'Histoire de Tenerife.
Dans la culture populaire
Littérature
Le thème du fantôme, et ses nombreux dérivés, a donné lieu à une si abondante littérature qu'il serait vain de tenter d'en établir une listeN 5. En dehors des innombrables recueils « d'histoires de fantômes », et des essais ou études sur ce sujet, partiellement listés dans la bibliographie, on peut relever parmi les textes classiques d'écrivains célèbres :
Ouvrages
Contes et nouvelles
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Scrooge et le fantôme de Marley, dans le conte de Charles Dickens Un chant de Noël..
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Scrooge et le fantôme des Noëls présents, dans le conte de Charles Dickens Un chant de Noël..
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Scrooge et le fantôme des Noëls futurs, dans le conte de Charles Dickens Un chant de Noël..
Théâtre
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Hamlet face au fantôme de son père.
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Opéras
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Don Juan et la statue du commandeur par Fragonard.
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Illustration de la première représentation du Vaisseau fantôme à Dresde en 1883.
Films
Les fantômes ont toujours représenté un thème particulièrement riche, que Georges Méliès mettait en scène, dès 1896, avec l'apparition de trois spectres dans son film Le Manoir du diable170. Progressivement, les personnages de fantômes s'affranchirent du genre fantastique pour gagner des œuvres plus romantiques ou légères, telles que L'Aventure de madame Muir ou la comédie populaire SOS Fantômes.
Selon une étude américaine, le nombre de productions reprenant ce thème n'a cessé de croître depuis les années 1960, aidées en cela par les facilités offertes par le développement des effets spéciaux et des images de synthèse171.
Séries télévisées
Séries Web
- Chasseur de fantômes (GussDx, 2014-)
Notes et références
Notes
- En fait il fait revenir des spectres de l'Hadès par une opération de nécromancie pour recevoir leurs conseils.
- Au niveau du larynx, les cordes vocales sont surplombées par des bandes ventriculaires au nombre de deux, appelées également fausses cordes vocales. Chez l'homme, leur rôle n'a qu'un intérêt phonatoire restreint. Leur utilisation produit la voix rauque caractéristique de Louis Armstrong qui avait un œdème et une hypertrophie des fausses cordes vocales. In Jean Abitbol, L'odyssée de la voix, Robert Laffont, Paris, 2005, p. 65 et p. 206.
- Pascale Catala, diplômée de psychologie et d'informatique, est membre du comité directeur de l'Institut métapsychique international (IMI).
- Diverses études ont établi que 25 à 60 % de la population l'expérimente au moins une fois sous une forme légère dans une vie, mais seuls 0,3 à 6,2 % des cas la subissent de façon régulière, sous une forme plus ou moins sévère ((en) Allan Cheyne, Sleep Paralysis and Associated Hypnagogic and Hypnopompic Experiences [archive] Michel Billiard & Yves Dauvilliers, Les troubles du sommeil, Masson, Paris, 2005, pp. 197-198).
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Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
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Articles connexes
Liens externes
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Vampire
Origines
Origine |
diverses (morsure par un vampire, magie noire, malédiction, pacte avec le diable ...) |
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Le vampire est un type de revenant qui fait partie des grandes créatures légendaires issues des mythologies où se combinent de diverses manières l'inquiétude de l'au-delà et le mystère du sang. Suivant différents folklores et selon la superstition la plus courante, ce mort-vivant se nourrit du sang des vivants afin d’en tirer sa force vitale, ses victimes devenant parfois des vampires après leur mort. La légende du vampire puise ses origines dans des traditions mythologiques anciennes et diverses, elle se retrouve dans toutes sortes de cultures à travers le monde.
Le personnage du vampire est popularisé en Europe au début du XVIIIe siècle. Vers 1725, le mot « vampire » apparaît dans les légendes d'Arnold Paole et de Peter Plogojowitz, deux soldats autrichiens qui, lors d’une guerre entre l’Empire d'Autriche et l'Empire ottoman, seraient revenus après leur mort sous forme de vampires, pour hanter les villages de Medvegja et Kisiljevo. Selon ces légendes, les vampires sont dépeints comme des revenants en linceul qui, visitant leurs aimées ou leurs proches, causent mort et désolation. Michael Ranft écrit un ouvrage, le De masticatione mortuorum in tumulis (1728) dans lequel il examine la croyance dans les vampires. Le revenant y est complètement, et pour la première fois, assimilé à un vampire, puisque Ranft utilise le terme slave de vampyri. Par la suite, le bénédictin lorrain Augustin Calmet décrit, dans son Traité sur les apparitions (1751), le vampire comme un « revenant en corps », le distinguant ainsi des revenants immatériels comme les fantômes et autres esprits. La vampire est ainsi assimilé aux strigoi et aux stryges, dont le corps est physique, matériel.
Diverses explications sont avancées au fil du temps pour expliquer l'universalité du mythe du vampire, entre autres les phénomènes de décomposition des cadavres, les enfouissements vivants, des maladies telles que la tuberculose, la rage et la porphyrie, ou encore le vampirisme clinique affectant les tueurs en série qui consomment du sang humain. Des explications scientifiques, psychanalytiques ou encore sociologiques tentent de cerner la raison qui fait que le mythe du vampire perdure à travers les siècles et les civilisations.
Le personnage charismatique et sophistiqué du vampire des fictions modernes apparaît avec la publication en 1819 du livre Le Vampire de John Polidori, dont le héros mort-vivant est inspiré par Lord Byron, Polidori étant son médecin personnel. Le livre remporte un grand succès mais c'est surtout l'ouvrage de Bram Stoker paru en 1897, Dracula, qui reste la quintessence du genre, établissant une image du vampire toujours populaire de nos jours dans les ouvrages de fiction, même s'il est assez éloigné de ses ancêtres folkloriques avec lesquels il ne conserve que peu de points communs.
Avec le cinéma, le vampire moderne est devenu une figure incontournable, aussi bien dans le domaine de la littérature que de celui des jeux vidéo, des jeux de rôle, de l'animation ou encore de la bande dessinée. La croyance en ces créatures perdure et se poursuit aussi bien dans le folklore populaire que par des cultures, notamment gothiques, qui s'y identifient.
Origine du mot « vampire »
Le mot attribué pour désigner les vampires varie d'une langue à l'autre, de même que les attributs et caractéristiques attachés à la créature. Selon l'Oxford English Dictionary, le mot « vampire » apparaît dans la langue anglaise en 1734, dans un ouvrage de voyage intitulé Travels of Three English Gentlemen, publié dans le Harleian Miscellany de 17451. C'est par la langue anglaise qu'il se répand dans le monde, via la littérature puis le cinéma.
Étymologie
Cependant, le terme anglais est dérivé du mot français « vampyre », provenant lui-même de l'allemand vampirD 1, introduit au XVIIIe siècle par la forme serbo-croate вампир, vampir2,3,4,5,6, issu comme les autres formes présentes dans les langues slaves (voir l'oupyr russe), du proto-slave *ǫруrь, peut-être déjà avec le sens de « créature imaginaire buveuse de sang ». Dans son titre Dissertation sur les revenants en corps (par opposition à l'âme) les excommuniés, les oupires ou vampires, brucolaques, etc. Augustin Calmet place sur un même plans les oupires ou vampires et les excommuniés ou brucolaques.
D'après Vasmer, qui fait autorité en matière d'étymologie des langues russe et slaves, le mot d'origine est le mot upir’, existant dans toutes les langues slaves (en bulgare : въпир, văpir ; en croate : upir ou upirina ; en tchèque et slovaque : upír ; en polonais : upiór, wąpierz, issu de la légende de Łuc Zak[réf. nécessaire] ; en ukrainien : упир, oupyr ; en russe : упырь, oupyr’ ; en biélorusse : упыр, oupyr). L'auteur reconstruit la forme slave commune en Ọpyr ou Ợpir. La forme vampir pourrait provenir du polabe ou du vieux polonais. Vasmer réfute l'origine tatare comme l'origine à partir du vieil indien7.
C'est un colophon dans un manuscrit du Livre des Psaumes écrit par un prêtre qui l'a traduit du glagolitique en cyrillique pour le prince Volodymyr Iaroslavovytch. Le prêtre écrit en effet que son nom est « Oupir’ Likhyi » (« Оупирь Лихыи »), terme qui signifie « mauvais vampire »8[pas clair]. Ce nom étrange semble avoir survécu dans des pratiques païennes mais aussi dans des prénoms ou surnoms9. Un autre vocable provenant de l'ancien russe, oupyri, apparaît dans un traité anti-païen intitulé Mot de Saint Grégoire, daté entre les XIe et XIIIe siècles10,11.
Dans la langue albanaise, la définition de la structure du mot dhempir est exact dans l'unité morphologique et phonologique12[pas clair]. Effectivement, la définition veut littéralement dire « buveur par les dents » : la dent étant dhemb et boire ou aspirer étant pirja. Le fils d'un vampire est nommé dhempir, et une fille de vampire est appelée une dhempiresa13,14,15,16,17.
Dans le folklore bulgare, de nombreux termes tels que glog (littéralement : « aubépine »), vampirdžija, vampirar, džadadžija et svetočer sont utilisés pour désigner les enfants et les descendants de vampires, ainsi que, à l'inverse, des personnes chassant les vampires18.
Lien avec les chauves-souris
La première mention en français de chauve-souris comme vampire semble remonter à Simon Michellet (en religion Yves d'Évreux) dans sa relation d'expédition au Brésil en 1613 et 161419.
« C'est que ces vilains Oiseaux nocturnes, beaucoup plus horribles & grands que ceux de par d'ici, viennent trouver les personnes couchées & dormantes en leur lit, & leur arrachent une pièce de la chair, puis en sucent le sang en grande quantité, sans que le blessé puisse se réveiller: Car ils ont cette autre propriété de tenir l'homme endormi, pendant qu'ils sucent son sang: & étant saouls le quittent, le sang au reste ne laissant de toujours distiller, ce qui rend la personne débile, & par plusieurs jours a de la peine à marcher. Satan ne pouvait mieux choisir pour représenter son naturel & sa cruauté. »
Buffon reprend le terme de vampire en 1761 dans son Histoire naturelle, pour désigner une chauve-souris d’Amérique du Sud suçant le sang de ses proies20, et Philippe Serane le suit en 1770 : « En voyageant dans cette partie de l'Amérique, garantissez-vous des Vampires, espèce de Chauves-souris, sang-sues adroites, qui sucent le sang des hommes & des animaux endormis, qu'ils rafraîchissent malicieusement en battant l'air de leurs aîles21. » Charles Waterton22 et Ferdinand Denis reprendront à leur tour ce terme.
De fait, seules trois espèces de chauves-souris sont hématophages, rassemblées dans la famille des Desmodontinae.
Apparition dans la littérature francophone
Un roman épistolaire de 1736 de Jean-Baptiste Boyer d'Argens, les Lettres juives, mentionne l'existence de vampires, qui seraient localisés aux confins du Kosovo et de la Serbie turque23.
Augustin Calmet publie un traité sur les vampires (1746) qui introduit dans l'univers francophone des histoires du royaume habsbourgeois dont les protagonistes sont indifféremment qualifiés de « Spectre », de « Revenants », ou de « Vampires ». Le traité contient en particulier le chapitre Dissertation sur les revenants en corps (par opposition à l'âme) les excommuniés, les oupires ou vampires, brucolaques, etc. contenant diverses histoires de personnes considérées mortes mais revenantes. Dans l'histoire XI (Récit d'un Vampire tiré des lettres juives, lettre 137), il cite un récit apparu dans l'édition de 1738 des lettres juives dans lequel un père enterré vient la nuit demander à manger à son fils avant d'être retrouvé les yeux ouverts, respirant normalement, immobile et mort dans sa tombe selon un officier des troupes de l'empereur de Gradisch, témoin oculaire24.
C'est, semble-t-il, Arnold Paole, un supposé vampire de Serbie, qui est le premier à être dénommé « vampire », terme apparu lors de l'annexion de la Serbie à l'Autriche. Après que Vienne eut obtenu le contrôle du Nord de la Serbie et de l'Oltenie, par le traité de Passarowitz, en 1718, des rapports officiels évoquent des pratiques locales d'exhumation des corps et de meurtres de supposés vampiresD 1. Ces rapports écrits, qui s'étalent de 1725 à 1732, connaissent un grand écho dans la presse d'alorsD 1. C'est en effet la forme slave qui est l'étymologie la plus probable des termes européens. Le vocable slave désignant les revenants a été par la suite systématiquement rendu par le mot « vampire »A 1.
En 1752, dans la troisième édition du Dictionnaire de Trévoux, l'entrée Vampire renvoie au mot « stryge » comme seule explication francophone du concept de vampire25. Le terme de vampire devient rapidement plus populaire que celui de stryge, au point qu'on commence à expliquer les stryges en les comparant aux vampires, toutes deux présentées comme créatures légendaires. On oppose ainsi les Lumières aux superstitions d'Europe de l'Est et à ceux, en France, qui reprennent celles-ci. Voltaire consacre ainsi une entrée ironique au concept dans son Dictionnaire philosophique (1764), qui — outre une mésinterprétation d'A. Calmet et une attaque frontale contre les superstitions jésuites — se moque d'une mode qui a conduit « l’Europe a [être] infestée de vampires pendant cinq ou six ans » et à rechercher, en vain, « dans l’ancien Testament ou dans la mythologie quelque vampire qu’on pût donner pour exemple. » On finira par confondre en un seul mythe, avec Pierre Larousse, stryges et vampires25.
En 1900, le Nouveau Larousse illustré est le premier dictionnaire à définir les vampires comme étant « des morts qui sortent de leur tombeau, de préférence la nuit, pour tourmenter les vivants, le plus souvent en les suçant au cou, d'autres fois en les serrant à la gorge au point de les étouffer26 ».
Caractéristiques
Le vampire est actif la nuit et mord le plus souvent ses victimes durant leur sommeil
(Varney the Vampire, gravure, 1847).
Selon la culture populaire, le vampire mord ses victimes au cou grâce à ses
canines, laissant deux marques très reconnaissables.
Selon Claude Lecouteux, le mythe actuel du vampire est le résultat de « la stratification plus ou moins homogène » d'un grand nombre d'êtres et créatures surnaturels issus des divers folklores européens, en particulier slave. Cet auteur a identifié plusieurs types précurseurs des vampires, tour à tour des esprits, des démons ou des revenants, possédés ou non : l'« appeleur »A 2, le « frappeur »A 3, le « visiteur »A 4, l'« affamé »A 5, le « nonicide »A 6, l'« appesart »A 7, le « cauchemar »A 8, l'« étrangleur »A 9, le mâcheurA 10 et enfin le revenant à forme animaleA 11. Le bénédictin lorrain Augustin Calmet décrit, dans son Traité sur les apparitions (1751), le vampire comme un « revenant en corps », le distinguant ainsi des revenants immatériels tels que les fantômes ou les esprits27.
Les descriptions de vampires évoluent d'un pays à l'autre et d'une époque à une autre, mais des traits généraux peuvent être identifiés. Cette créature mort-vivante est universellement connue pour se nourrir du sang des vivants dès la nuit tombée, afin d'en tirer la force vitale qui lui permet de rester28 immortelle, ou plutôt non-soumise à la vieillesse29. D'autres éléments indissociables sont le cercueil dans lequel il se réfugie au lever du jour afin de trouver repos et protection30,Note 1, et le cimetière qui forme son lieu de prédilection et son territoire31. Il y pratique la « mastication » des linges enterrés avec lui. Dans de nombreuses légendes, le vampire se nourrit aussi d'excréments humains et de chair, y compris la sienne ; il pratique en effet l'automastication de sa chair et de ses vêtements, comme l'attestent plusieurs traités anciens relatant des histoires de linceuls retrouvés mâchonnés32,33. Le vampire possède enfin des canines pointues (ou crocs), ces dents lui servent à mordre ses victimes (traditionnellement au cou et durant leur sommeil) pour les vider de leur sang34. L'apparence de la créature s'est construite au fil de ses apparitions dans les médias, par exemple, le port de la cape devenu indissociable de l'habillement du vampire est le résultat de l'esthétique recherchée au théâtre et au cinéma, afin d'en renforcer l'élégance et le côté inquiétant35.
La figure moderne de la « vamp » est issue du mythe du vampire. Il s'agit d'une femme séduisante qui conduit l'homme à sa perte, souvent en lui volant son énergie vitaleA 12.
Transformation en vampire
Les causes d'apparition des vampires varient beaucoup d'un folklore à un autre. Dans les traditions slaves et chinoises, un corps enjambé par un animal, particulièrement un chat ou un chien, peut devenir un mort-vivantD 2,A 13. De même, un corps blessé et non traité au moyen d'eau bouillante peut devenir un vampire. Dans le folklore russe, les vampires passent pour être d'anciens sorciers ou des personnes s'étant rebellées contre l'église orthodoxe36. La croyance populaire veut que chaque personne mordue par un vampire finisse par devenir vampire à son tour28.
En ce qui concerne la littérature et la culture populaire, le vampirisme est souvent présenté comme le résultat d'une malédiction, et le vampire peut choisir de transmettre celle-ci lorsqu'il mord une victime. S'ensuit la transformation (plus ou moins longue et douloureuse) de la victime, l'un des premiers signes étant l'allongement des caninesNote 2,37.
Identification
Le vampire est universellement reconnu par sa physionomie surnaturelle. Selon le folklore populaire, il est le plus souvent dépeint comme gonflé et rougeaud, parfois violacé, ou de couleur sombre. Ces caractéristiques sont attribuées à la consommation régulière de sang. En effet, du sang suinte de leur bouche et leur nez lorsqu'ils prennent du repos dans leurs cercueils alors que leur œil gauche demeure ouvertD 3. À l'inverse, le vampire tel qu'il a été propagé par le cinéma, est blafard et pâle29. Le comte Dracula du roman de Bram Stoker, par exemple, apparaît d'abord comme un vieillard élégant, puis retrouve sa jeunesse au fil de ses absorptions de sang humain38. Le vampire est par ailleurs couvert du linceul avec lequel il a été enterré, alors que ses dents, ses cheveux et ses ongles peuvent avoir quelque peu poussé, bien que ses crocs ne soient généralement pas affectésD 4.
Une
tombe ouverte est un signe d'activité vampirique selon les folklores.
L'identification d'un vampire comporte quatre étapes, correspondant aux phases de ses manifestations. Il s'agit de reconnaître des phénomènes bizarres dans un premier temps, en général des décès en cascade suspects. Lorsque plusieurs personnes dépérissent de manière étrange, à la manière d'une épidémie, le vampire est invoquéA 14. Dans La Famille du vourdalak de Tolstoï, il est dit que le « vampirisme est contagieux » et que des décès multiples en sont le signe. L'explication est d'ailleurs souvent celle de la maladie qui passait au Moyen Âge pour un signe d'activité vampirique ou de malédiction. Dès 1730, Jean Christophe Harenberg soutient que les vampires sont nés de l'imagination des malades, montrant que les signes du choléra mais aussi de la rage ou de la peste sont proches de ceux attribués aux vampires, comme le visage rubicondA 15.
L'arrivée d'un étranger à la physionomie ou au profil étranges (claudication, denture de fer, incapacité à compter au-delà de trois, ancien métier exercé suspect — surtout ceux de boucher et de bottier) permet d'identifier un vampire. Chez les Slaves, les expressions « rouge comme un vampire » (« cervoni jak vesci ») et « gros comme un vampire » attestent de cette stigmatisation des étrangers à l'allure suspecteA 16.
Les formes du décès sont le moyen d'identification le plus répandu. Si le corps du défunt est souple, son visage rougeâtre ou ses yeux ouverts (ou mi-clos), il passe pour un vampire potentielA 16. L'identification du vampire est également permise par le repérage de sa tombe. Il existe ainsi un grand nombre de rituels destinés à les identifier : en Valachie, une méthode pour mettre au jour une tombe de vampire consiste à conduire un jeune enfant vierge monté sur un étalon lui aussi vierge, très souvent de couleur noire, excepté en Albanie où il est blancD 5. Le cheval est censé marquer un changement d'attitude à l'approche de la tombe36,A 17. Par ailleurs, des trous apparaissant dans la terre au-dessus d'une tombe sont pris pour des signes de vampirismeD 6. Les corps suspectés d'être ceux de vampires possèdent une apparence plus saine que prévu, mais ils présentent aussi plus de chair et moins de signes de décompositionD 7. Un corps non décomposé après quelque temps en terre suffit à faire accuser le mort d'être un vampire, particulièrement pour la religion orthodoxe où la non-putréfaction est considérée comme un signe d'activité démoniaque, par opposition à la religion catholique qui y voit une intervention divine ou une béatification39. De même, un corps nu signifie que le cadavre a dévoré son lingeA 18. Le fossoyeur est par conséquent l'expert privilégié dans l'identification des vampiresA 19. Dans quelques traditions, quand les tombes soupçonnées ont été ouvertes, les villageois ont souvent décrit le cadavre comme ayant du sang frais d'une victime partout sur son visageD 8. L'une des preuves d'une activité vampirique réside aussi dans la mort inexpliquée de bétail ou dans l'apparition de lueurs au-dessus de la tombeA 20. Enfin, on peut reconnaître le vampire par les manifestations qu'il provoque, proches de celles d'un esprit frappeur comme le poltergeist : chutes d'objets lourds au plafond, objets qui bougent ou cauchemarsB 1.
Facultés
Portrait du vampire par Abraham Van Helsing |
Il faut savoir que le nosferatu ne meurt pas, comme l'abeille, une fois qu'il a fait une victime. Au contraire, il n'en devient que plus fort ; et, plus fort, il n'en est que plus dangereux (...) Il se sert de la nécromancie, art qui, comme l'indique l'étymologie du mot, consiste à invoquer les morts pour deviner l'avenir, et tous les morts dont il peut approcher sont à ses ordres (...) Il peut, avec pourtant certaines réserves, apparaître où et quand il veut et sous l'une ou l'autre forme de son choix ; il a même le pouvoir, dans une certaine mesure, de se rendre maître des éléments : la tempête, le brouillard, le tonnerre, et de se faire obéir de créatures inférieures, telles que le rat, le hibou, la chauve-souris, la phalène, le renard et le loup ; il peut se faire grand et se rapetisser et, à certains moments, il disparaît exactement comme s'il n'existait plus40.
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Selon les mythes, légendes ou auteurs, le vampire dispose de forces ou de faiblesses différentes. Ainsi, dans le roman de Bram Stoker, les facultés de Dracula sont énumérées de façon précise par l'un des personnages, le docteur Abraham Van Helsing. Les films dans lesquels a joué Bela Lugosi ont développé l'idée que les vampires possèdent un pouvoir hypnotique et un don pour la séduction leur permettant, notamment, de séduire efficacement les femmes et de s'approcher plus facilement de leurs proies. Ces créatures pourraient également lire dans les pensées29. Le cinéma a pris de notables libertés par rapport aux modèles littéraires et folkloriques, en particulier concernant la nature et le mode de vie du vampire. Ainsi, par exemple, ceux-ci se voient affublés de canines exagérément grandes et adoptent un comportement sensuelE 1.
Le vampire de fiction devient plus puissant avec l'âge, ce qui lui offre une plus grande résistance aux lieux saints ou à l'eau bénite par exemple. Il est très fort et rapide, doté d'une excellente vision nocturne. Il possède souvent la faculté de se changer en animal (thériomorphie), il peut s'agir d'un animal quelconque, uniquement du loup ou de la chauve-souris selon les auteurs, mais aussi de brume29,Note 3.
Protection contre le vampire
Selon Claude Lecouteux, la protection contre les vampires s'effectue en trois moments différents : quand ils viennent de naître, lors de leur décès ou quelque temps après qu'ils ont rendu l'âme et sont donc devenus les hôtes d'un monde intermédiaire entre la vie et la mortA 21. Dans ce domaine, les traditions folkloriques se mêlent aux interprétations romanesques...
Précautions au décès et à l'inhumation
Dans les folklores européens, la protection passe par des précautions lors du décès et de l'inhumation, la plus courante étant la décapitationA 22. Il est aussi nécessaire de protéger son habitationA 23. Plusieurs pratiques existent pour éviter qu'un mort ne revienne comme vampire, entre autres : enterrer le corps à l'envers, percer la peau de la poitrine (une façon de « dégonfler » le vampire dont le corps a gonflé), ou placer des objets comme une faux ou une faucille à ses côtés (la tradition impose d'enterrer des objets aiguisés avec le cadavre, afin qu'ils puissent pénétrer dans la peau si celui-ci se met à se transformer en revenant), ou de les placer à proximité de la tombe pour détourner les espritsD 9,D 10. Il s'agit d'une pratique qui rappelle celle des anciens Grecs qui plaçaient une obole pour Charon dans la bouche, sur la poitrine, dans la main ou aux côtés du défunt41. Cette coutume persiste encore au début du XXIe siècle à travers la figure du vrykolakas42. D'autres méthodes généralement pratiquées en Europe préconisent la coupe des tendons dans les genoux ou le placement de graines de pavot, de millet, ou de grains de sable sur le terrain alentour de la tombe d'un vampire présumé, et ce afin d'occuper la créature qui se voit obligée de compter les grains toute la nuitD 11.
La décapitation est surtout préconisée en Allemagne et dans les pays slaves orientaux. Il s'agit alors ensuite d'enterrer la tête aux côtés du corps, entre ses jambesD 12, afin d'accélérer le départ de l'âme et d'éviter ainsi la création d'un revenant. On peut aussi clouer la tête, le corps ou les vêtements du supposé vampire afin d'éviter qu'il ne se lèveD 13. Les gitans pensent que transpercer d'acier ou d'aiguilles de fer le cœur du défunt, et placer dans ses yeux, ses oreilles et entre ses doigts, des morceaux de fer (ou d'aubépine) lors de l'enterrement évite qu'il ne devienne un vampire. En 2006, à Lazzaretto Nuovo près de Venise, le corps d'une femme datant du XVIe siècle a été découvert avec une brique dans la bouche, acte qui fut interprété par les archéologues comme un rituel destiné à l'empêcher de devenir vampire43. D'autres rituels utilisent de l'eau bouillante répandue sur la tombe ou l'incinération du corps. Dans le Duché de Saxe allemand, un citron était placé dans la bouche du supposé vampire (le Nachzehrer)B 2.
Objets et lieux apotropaïques
Les folklores évoquent surtout l'utilisation d'objets particuliers : il existe en effet plusieurs objets apotropaïques censés repousser les vampires, notamment les fleurs d'ail (et non les gousses comme l'a popularisé le cinéma)D 14, dont l'odeur les indisposerait29. Une branche de rosier sauvage, d'aubépine ou de verveine passent également pour être des protections contre les vampires en Europe44, tandis que des branches d'aloe vera dans le dos ou près de la porte sont utilisées en Amérique du Sud45. Asperger le sol de moutarde les éloigne également44.
Les objets sacrés comme le crucifix, le chapelet ou l'eau bénite sont capables de les repousser ou de les blesser29. Les vampires ne pourraient pas marcher sur un sol consacré comme celui des églises ou des temples, ni même traverser l'eau courante46. Le miroir, dans lequel le vampire ne peut se refléter si on en croit le romancier Bram Stoker47, est parfois un moyen de le repousser48, mais ce rituel n'est pas universel. Dans la tradition grecque, par exemple, le Vrykolakas (ou Tympanios) possède un reflet et une ombre.
Le vampire est censé ne pouvoir entrer pour la première fois dans une habitation sans y avoir été invité par le propriétaire48. Bien qu'on considère que le vampire est plus actif la nuit, il est rarement considéré comme vulnérable à la lumière du jour, contrairement à la tradition cinématographique47 où il ne supporte pas la lumière du soleil (mais n'est pas tué par elle)29.
Des récits chinois déclarent que si un vampire découvre par hasard un sac de riz, il doit en compter chaque grain. C'est un thème existant également dans des mythes du sous-continent indien aussi bien que dans les contes sud-américains de sorcières et d'autres esprits malveillants45. Le vampire est obligé de compter toutes les graines d'un sac renversé devant lui, et de dénouer tous les nœuds qu'il croise, même si le jour arrive, et ne peut s'en détourner que lorsqu'il a fini de les compterNote 4.
Destruction des vampires
Les moyens pour détruire les vampires sont nombreux et variésD 15. La plus ancienne relation de mise à mort d'un vampire, alors appelée « sangsue », apparaît dans la Chronique de Guillaume de Newbury, au XIe siècleA 24. Le vampire étant un mort-vivant, il est déjà mort et ne peut connaître le repos éternel qu'au moyen de pratiques spéciales, entre autres un pieu dans le cœur, un clou dans la tête, une décapitation ou une crémation. La tradition populaire réclamait parfois les quatre à la fois29, puis l'enterrement à l'angle d'un carrefour (avec plusieurs variantes). Le corps est parfois démembré, pratique qui est fréquemment évoquée depuis 1593 dans la littérature vampirologiqueA 25. En Roumanie, l'exécution d'un vampire est appelée la « grande réparation » et doit se dérouler aux premières lueurs de l'aube. L'officiant doit enfoncer d'un seul coup le pieu, faute de quoi le vampire peut ressusciterE 2.
Les bois de frêne sont réputés efficaces pour détruire le vampire en Russie et dans les pays baltes. En Serbie, c'est plutôt l'aubépine49 ou le chêne en Silésie50. Le vampire peut également être terrassé par un coup de pilum au cœur ou à travers la bouche en Russie et dans le Nord de l'Allemagne51, ou dans le ventre dans le Nord-Est de la Serbie52. De manière générale, la mise à mort du vampire est entièrement ritualisée : « tuer le vampire est une action juridique, parfois précédée d'un procès où le mort est accusé de troubles et de meurtres »A 26.
Les œuvres de fiction rapportent d'autres moyens. Abraham Van Helsing de Stoker affirme : « Quant au pieu que l'on enfonce dans son cœur, nous savons qu'il lui donne également le repos éternel, repos éternel qu'il connaît de même si on lui coupe la tête. Il ne se reflète pas non plus dans les miroirs et son corps ne fait pas d'ombre53 ». Dans le premier film s'inspirant du roman, Nosferatu le vampire, Murnau n'indique qu'un seul moyen permettant d'éliminer le vampire : une femme au cœur pur doit faire oublier le lever du jour au comte. C'est de là qu'est née la croyance dans les effets nocifs des rayons du soleil sur les vampires, laquelle sera exploitée dans la plupart des films[réf. nécessaire]. Dans le film Abraham Lincoln, chasseur de vampires, l'argent n'est pas fatal pour les vampires.
Liens avec le monde animal
Un certain nombre d'animaux ont été mis en relation avec les vampires, notamment les chauves-souris dites vampires (trois espèces de la sous-famille des Desmodontinae) qui, après leur découverte au XVIIIe siècle en Amérique du Sud par Buffon, ont été intégrées au folklore vampirique54. Bien qu'aucune espèce de chauve-souris d'Europe ne se nourrisse de sang, elles ont souvent, et depuis longtemps, été associées à la figure du vampire55,56. Cette association, totalement fictive car les chauves-souris sont incapables d'attaquer un être humain55, peut s'expliquer par leurs mœurs nocturnes et leurs morsures lorsqu'on les attrape. Le comte Dracula est ainsi censé se transformer en chauve-souris, motif repris abondamment dans le cinéma d'horreur55. La scène de transformation se retrouve chez Lon Chaney, Jr. en 1943 dans le film Le Fils de Dracula57. En Europe, la chauve-souris est, comme d'autres animaux nocturnes, représentée comme une créature du Diable, et une légende des Balkans rapporte que ces animaux seraient maudits pour avoir mangé l'Eucharistie58. Dans la tradition héraldique anglaise, la chauve-souris signifie la « conscience du pouvoir du chaos et des ténèbres »59. Des chauves-souris furent qualifiées de « vampires » en référence au mythe vampirique puisque le terme apparaît en 1774, soit près de 30 années après la création du mot selon l'Oxford English Dictionary.
La sangsue60, le moustique, le candiru (« poisson vampire du Brésil »), les lamproies, la fourmi vampire de Madagascar (Adetomyrma venatrix)61 et le pinson vampire (Geospiza difficilis) se nourrissent de sang. Le Vampyroteuthis infernalis, surnommé « vampire des abysses », n'est pas nommé ainsi en raison de son régime alimentaire, mais parce que ce céphalopode possède des organes produisant de la lumière (photophores) sur tout son corps et une membrane de peau relie ses huit bras, chacun bordé de rangées d'épines charnues ou pointues, rappelant la cape du vampire62.
En Chine, le chat peut cacher un vampire dans son pelage. Dans d'autres pays asiatiques et les Balkans, c'est le papillon qui peut s'avérer être vampire61. D'après Estelle Valls de Gomis, le loup était chez le peuple ancêtre des Roumains, les Daces, un animal psychopompe chargé du transport des âmes entre le monde des vivants et celui des morts63
Liens avec le monde végétal
Les plantes parasites telles que les cuscutes sont assimilées à des vampires végétaux. La croyance en des vampires végétaux existe encore chez des gitans musulmans de Kosovo-Metohija qui considèrent que les taches rouges sur les potirons et les melons d'eau sont des marques de sang64.
Créatures associées aux vampires
Si le folklore d'Europe orientale et méridionale est le berceau du vampirismeA 27, des créatures et croyances plus ou moins similaires se retrouvent partout dans le monde, aussi bien en Europe, leur berceau d'origine, qu'en Afrique, en Asie ou dans les Amériques.
En Europe
En Grèce, et ce dès l'Antiquité, on nomme les personnes non inhumées en terre, qui se sont suicidées ou qui ont été excommuniées et qui reviennent hanter les vivants, des vrykolakasE 3. Le terme désigne dès le XVIe siècle des créatures proches des vampires, d'autant plus qu'il signifie en langue slavonne (sa langue d'emprunt) « loup-garou ». Chez les Slaves du Sud, en Polésie (Ruthénie noire), on parle d'« esprit-amant » (Dux-ljubovnik) dans le cas d'un mort qui prend la forme d'un vampire ou d'un serpent volant. En Pologne, le Latawiec suce le sang des femmes qu'il séduit alors qu'en Roumanie ce même esprit-amant, le Zburator, agresse les personnes dans leurs litsA 28. Dans le même pays, les strigoi sont généralement des cadavres ramenés à la vie à cause d'un animal qui a sauté par-dessus eux, mais ils peuvent être aussi des enfants illégitimes ou des changelins qui naissent avec une queue, ou alors des sorciers ayant pactisé avec le DiableA 29. Le vampire de la mythologie roumaine est nommé Nosferat ou Nosferatu ; il s'agit généralement d'enfants mort-nés issus d'un couple illégitime65. Les Dvoeduschniki slaves dissimulent leurs âmes sous une pierre et ils ne peuvent mourir tant que celle-ci s'y trouveA 30. Dans le folklore albanais, le Dhampir est le fils du Karkanxholl (ou Lugat). Il s'agit d'un revenant qui peut être soit un animal, soit un humain possédé durant son sommeil66. Le Dhampire est une créature mi-humaine et mi-vampire. Le mot « Dhampir » est associé au folklore des Roms ou des Balkans, dont les croyances ont été recueillies et décrites par T. P. Vukanović. Dans le reste de la région, des termes serbes tels que vampirovic'i, Vampijerović, Vampirić (Lampijerović en Bosnie), expressions qui signifient littéralement « fils de vampire », sont également utilisées67. Il existe de nombreuses autres appellations en Europe et les créatures vampiriques ne se limitent pas à la seule région des Balkans : le folklore germanique mentionne par exemple l'Alp, esprit vampire métamorphe se changeant en chien, en porc ou en serpent, alors que le folklore portugais évoque la Bruxas, un esprit à forme d'oiseau qui se nourrit du sang des enfants61.
En Afrique
Plusieurs mythes africains évoquent des créatures qu'on a pu comparer à des vampires. En Afrique de l'Ouest, les Ashantis racontent qu'il existerait une créature aux dents de métal logeant dans les arbres nommée AsanbosamB 3. La tribu Ewe parle de l’Adze, créature maléfique qui peut prendre l'apparence d'une luciole et qui chasse les enfantsD 4. Les Africains de la région à l'ouest du Cap parlent de l’Impundulu, créature qui peut se changer en un oiseau de large envergure pouvant invoquer la foudre et le tonnerre. Enfin, le peuple Betsileo de Madagascar raconte que le Ramanga boit le sang de ses victimesB 4.
En Amérique
Durant la fin du XVIIIe et XIXe siècles, la croyance dans les vampires a envahi la Nouvelle-Angleterre, particulièrement à Rhode Island et dans l'Est du Connecticut. De nombreux documents parlent de familles évoquant des morts transformés en vampires. Les morts par tuberculose passaient pour revenir hanter les vivants68. Le cas de Mercy Brown, adolescente de 19 ans suspectée de vampirisme qui meurt en 1892 à Exeter (Rhode Island), est le plus célèbre des États-Unis de cette époque. Son père, assisté d'un médecin, sortit son corps de sa tombe deux mois après son décès, lui retira son cœur et le brûla complètement69.
Hors de ce contexte issu des mythes européens, d'autres légendes ont pu être rapprochées du vampire. Ainsi, la Soucouyant de l'île de Trinité, les Tunda et Patasola de Colombie. Au sud du Chili, un mythe évoque un serpent suçant le sang, le Peuchen70. La mythologie aztèque parle de Cihuateteo, des esprits de nouveau-nés morts à face de squelette, qui tuent les enfants et ont des relations sexuelles avec les vivants, les conduisant ensuite à la folie36.
Une légende des Caraïbes et de Louisiane évoque une créature hybride, le loogaroo (terme qui proviendrait du français « loup-garou »), qui amalgamerait différentes figures monstrueuses, dont celle du vampireB 5.
En Asie
Un
Nukekubi, vampire japonais consistant en une tête volante.
La croyance en des créatures comparées aux vampires est fortement répandue en Asie, mais aussi en Inde. Le Bhūta ou Prét est ainsi l'âme d'un mort qui erre sur terre et qui attaque les vivants à la manière d'une gouleB 6.
Dans le Nord de l'Inde, le BrahmarākŞhasa est un « vampire » dont la tête est entourée d'intestins, et qui suce le sang des victimes. Il existe aussi des figures « vampiriques » au Japon, reprises par le cinéma dès 1950B 7, comme le Nukekubi (抜首?, littéralement « cou qui se détache ») dont la tête peut se décrocher du corps et voler pour attaquer les vivants71.
Les légendes concernant des « vampires » femelles (dont certaines parties du corps peuvent se détacher) existent également aux Philippines, en Malaisie et en Indonésie. Aux Philippines elles sont de deux sortes : la tribu Tagalog parle du Mandurugo (« suceur de sang ») alors que le peuple Visayan évoque le Manananggal (« qui peut se scinder de lui-même »). Le Mandurugo est une sorte d'Aswang qui prend la forme d'une jeune fille séduisante le jour et qui se transforme la nuit venue en une créature sans ombre, avec des ailes et une langue menaçante qui lui sert à sucer le sang des victimes durant leur sommeil. Le Manananggal peut aussi sucer le sang des fœtus à travers le ventre de la mère et dévorer les entrailles des personnes malades72. Le Penanggalan malaisien est une vieille ou jeune femme qui use de magie noire pour s'approprier ses victimes ; sa tête peut voler et attaquer les femmes enceintesB 8. Les Malaisiens utilisent des charbons pour l'empêcher d'entrer dans les demeures73.
Le Leyak est une créature similaire du folklore de Bali74. D'autres figures vampiriques féminines existent : le Kuntilanak ou Matianak en IndonésieB 9 et le Pontianak ou Langsuir en MalaysieB 10. Le Jiangshi (chinois simplifié : 僵尸 ; chinois traditionnel : 僵屍/殭屍 ; pinyin : jiāngshī ; litt. « corps raide ») est la figure du vampire chinois. Il attaque les vivants pour leur voler leur énergie vitale, le qi. Il s'agit de l'âme d'un humain (魄, pò) qui n'est pas parvenue à quitter son corps mort75. Toutefois, la comparaison avec le vampire n'est pas évidente, car le Jiang shi n'a pas de pensées propres76.
Histoire du « vampire »
Si la figure du « buveur de sang » est commune à de nombreuses cultures77, le terme vient des langues slaves tandis que le concept précis de « vampire », fixant les traditions orales par écrit, est récent, car le mythe n'est réellement connu et propagé que depuis le XVIIIe siècle en Europe centrale et occidentale78. Dans la majorité des cas, les « vampires » sont des revenants et des êtres maléfiques : soit des suicidés (qui, dans la tradition chrétienne, sont condamnés à errer dans les limbes79), soit résultant d'une possession du cadavre par un esprit malveillant. Plusieurs théories modernes font des phénomènes d'hystérie collective, d'enterrements prématurés ou de l'ignorance du processus de décomposition des cadavres, des causes pouvant expliquer la croyance dans le vampirisme, ainsi que les exécutions de vampires supposés55. Auparavant, on attribuait de tels phénomènes aux démons ou aux esprits, mais aussi au DiableE 4.
Mythe du vampire et premières religions
La consommation de sang est souvent associée aux anciennes divinités. Ainsi, en Inde l'histoire des vetalas, sortes de goules résidant dans des corps, a été compilée dans le texte sacré du Baital Pachisi alors que le Kathasaritsagara raconte comment le roi Vikramâditya en a chassé et capturé une80,81. Le PishachaB 11, esprit d'une personne mauvaise revenant hanter les vivants, possède certains attributs du vampire moderne. La déesse indienne Kâlî était supposée se nourrir de sang, entre autres celui du sacrificeB 12,82, ainsi que, dans l'Égypte antique, la déesse SekhmetE 5. La civilisation perse est l'une des premières à évoquer le mythe de créatures buveuses de sang : il existe en effet des représentations de ces créatures sur des tessons de poterieE 5.
Antiquité gréco-romaine
Dans la Grèce et la Rome antiques, les légendes et mythes parlaient d'« empusa »83, « lamia »84 ou « stryge ». Avec le temps, les deux premiers termes finirent par s'appliquer à des démons et esprits. L’empusa était la fille de la déesse Hécate et passait pour sucer le sang des personnes endormies83, alors que le lamia s'attaquait uniquement aux enfants dans leur sommeil, à la manière des gelloudes (ou gello)84. Les stryges s'attaquaient également aux enfants et ressemblaient à des créatures mi-homme mi-oiseau avides de sang85.
Plusieurs femmes de la mythologie grecque partagent des caractéristiques vampiriques, telles Circé qui prépare des philtres à base de sang humain, et Médée un philtre rajeunissant à partir du même ingrédient82. En effet, en Grèce antique, les « ombres » et spectres du royaume d'Hadès sont friands du sang des victimes, pratique qu'évoque l'aède Homère dans son Odyssée86. Les Grecs craignaient l’errance de leur âme sur Terre s’ils n’étaient pas enterrés par leur famille ou leurs amis, car le repos définitif était permis par l’incinération seule, ce qui explique en partie le conflit concernant la sépulture refusée par Créon au cadavre de son neveu Polynice narré dans l’Antigone de Sophocle. Les philosophes Aristée, Platon et Démocrite soutenaient que l'âme peut demeurer auprès des morts privés de sépulture. Les âmes malheureuses et errantes se laissent alors attirer par l'odeur du sang selon Porphyre de Tyr87. Les devins se servaient alors de ces âmes pour deviner les secrets et les trésors. Ayant connaissance de leur présence, les hommes cherchèrent des moyens pour les apaiser ou les contrer. En Crète, selon Pausanias le Périégète, on enfonçait dans la tête de certains morts un clou. Le poète latin Ovide aussi parlera des vampires. Le poète grec Théocrite évoque quant à lui les empuses, spectres multiformes de la nuit pouvant se muer en monstres innommables ou en créatures de rêve, aussi appelées « démons de midi ». En l'an 217 de notre ère, Philostrate d'Athènes parle d'une empuse que démasque Apollonios de Thyane alors qu'elle a presque circonvenu MénippeA 31.
Dans l'Empire romain, le Jus Pontificum – le droit qui réglemente le culte et la religion – prescrit que les corps ne doivent pas être laissés sans sépulture. Les tombes devaient être protégées contre les voleurs, profanateurs et ennemis, qu'ils soient naturels ou surnaturels. Les violations étaient considérées comme sacrilèges et punies de mort. Lamia, une goule nécrophage, reine des succubes dévorant les fœtus et effrayant les enfants la nuit88, est parfois présentée comme l'équivalent du vampire romain. De Lamia viennent les lamies, plus nécrophages que vampires, à la fois lascives, ondoyantes, serpentines, avides de stupre et de mort, aux pieds de cheval et aux yeux de dragon. Elles attiraient les hommes pour les dévorer et peuvent s'apparenter aux succubes qui se nourrissent de l'énergie vitale des hommes. Pour Patrice Lajoye, il est erroné de rattacher les lamies aux vampires pour la simple raison qu'elles ne partagent pas leur caractéristique principale, le fait d'être un mort-vivant89. Les stryges, démons femelles ailées et munies de serres, et les onoscèles, démons aux pieds d'ânes qui s'attaquaient aux voyageurs égarés, partagent des caractéristiques similaires.
Du Moyen Âge à la Renaissance
Europe orientale
En Europe de l'Est, la mythologie slave a disparu avec la christianisation, mais a laissé dans les croyances populaires de nombreux mythes concernant des démons (navyï) et des esprits pouvant interagir avec les vivants, tels le Domovoï, la Rusalka, la Vila, la Kikimora, la Poludnitsa ou le Vodianoï pouvant apparaître sous des formes variées et provoquer toutes sortes de phénomènes, comme aspirer le sang et l'énergie vitale des vivants90.
Dans la Chronique des temps passés de 1092, l'auteur (censément un moine nommé Nestor) signale une épidémie qui eut lieu à Polotsk (ville de la Russie kiévienne) en 1047 et aurait été provoquée par des morts malfaisants qui de nuit « galopaient dans les rues sur des chevaux invisibles et tuaient les habitants »A 32. On ne voyait de ces chevaux que les traces de leurs sabots au matin, mais tous ceux qui sortaient de nuit dans la ville étaient tués91,92.
Selon ces croyances slaves, après la mort, l'âme persiste et peut évoluer sur la terre pendant 40 jours avant de rejoindre l'au-delà90. Pour cette raison, les Slaves doivent laisser ouverte une fenêtre ou une porte après un décès afin de laisser l'âme sortir librement. Toutefois si les rituels ne sont pas respectés, elle est supposée avoir le pouvoir de réintégrer le corps ou de blesser les vivants. Des rites d'enterrement précis permettent d'éviter cette réintégration corporelle. Certaines morts violentes posent problème. De même, la mort d'un enfant non-baptisé, un décès subit, ou celui d'un pécheur non-contrit (comme un sorcier ou un meurtrier) sont autant de cas où l'âme refuse de se détacher du corps. Il existe aussi une croyance selon laquelle un corps peut être possédé par une autre âme en peine, cherchant à se venger des vivants93. De toutes ces superstitions dérive le concept de « vampire », manifestation d'une âme en peine possédant un corps en décomposition (le sien ou d'une autre personne). Le « vampire » passe pour vouloir se venger des vivants en leur subtilisant leur sang et leur énergie vitaleB 8.
Pour devenir vampire, il suffit d'avoir mené une mauvaise vie. L'action principale du vampire sera de détruire la communauté villageoise dont il est issu89.
Le corpus vampirique
Dans l'Antiquité, les revenants étaient considérés comme des démons, mais c'est au XIIe siècle, en Angleterre, que les vampires obsédaient à tel point les populations, que les malheureux accusés d'en être étaient brûlés pour calmer l'angoisse populaire. Plus tard, au XVIIIe siècle, Jean-Christophe Herenberg, dans Pensées philosophiques et chrétiennes sur les vampires, cite précisément deux cas en 1337 et 1347 dans lesquels les présumés coupables de vampirisme furent empalés et brûlés.
De même, au XVe siècle, les épidémies de peste provoquent dans la population européenne une frénésie anti-vampireE 6. En Moravie, l'évêque d'Olmütz, devant la multiplication des plaintes des villageois de la région, met sur pied des commissions d'enquêtes. Le premier cas de vampirisme attaché à un nom et étudié un tant soit peu est celui de Michael Caspareck en 1718. Son cas fit l'objet d'une enquête officielle en Hongrie94. Très peu de données ont cependant pu parvenir jusqu'à nous, en dépit de quelques textes comme le témoignage scandinave de Saxo Grammaticus qui évoque, dans Gesta Danorum et dans la Saga d'Egil et d'Asmund le Tueur de Berserkir (début du XIIIe siècle), des morts affamés attaquant les vivants, qui ripostent en ouvrant leurs tombes, en leur coupant la tête et en les éventrant à l'aide d'un pieuA 33. L'Europe occidentale connaît également des cas de vampirisme, mais de façon plus sporadique qu'en Moldavie ou en Bulgarie. Enfin, en 1484 le pape Innocent VIII, par la bulle Summis desiderantes affectibus reconnaît officiellement les morts-vivants et la démonologie95. La Réforme protestante, Luther en tête, parle de Nachzehrer, des « prédateurs » (ou « parasites » en allemand) qui sont d'anciens morts revenus à la vieE 7.
La période médiévale est également riche en témoignages concernant les manducator, c'est-à-dire les mâcheurs, des revenants connus pour dévorer le linge enterré à leurs côtés et pour faire un bruit de mastication inquiétant. Le corpus les concernant est immense, s'étalant du XVe au XIXe siècleA 34. Selon Claude Lecouteux, ce type de revenant a fourni le fondement principal du mythe du vampire tel qu'il existe au XXIe siècle. Il semble aussi que ce phénomène soit presque toujours lié à une épidémie de pesteA 35. Ces figures folkloriques ont même provoqué une interrogation théologique, de la part de Luther notamment qui, dans ses Propos de table, les considèrent comme des illusions diaboliques qu'il faut exorciserA 36. Le père jésuite Gabriel Rzaczynski en atteste la croyance en Pologne dans les années 1710-1720, le religieux s'inquiétant de l'accroissement de ces figures maléfiques, qu'il nomme les Uriels.
Vlad Tepes Dracul, « l'empaleur »
Représentation tirée des chroniques de Brodoc, et montrant
Vlad Ţepeş dînant devant des exécutions par empalement.
Vlad III Basarab, dit « Ţepeş » (« l'Empaleur » en roumain) ou encore « Drăculea » (Le latin draco a donné drac en roumain, désignant à la fois le dragon et le diableE 8) est désormais fortement associé au mythe du vampire en raison de l'amalgame commis entre cette personnalité historique du XVe siècle et le personnage littéraire de Bram Stoker dans l'ouvrage In Search of Dracula (1974) de Radu R. Florescu and Raymond T. McNally, deux universitaires de Boston.
La source de la légende est une propagande lancée à l'époque contre le prince, qui pour être sanguinaire ne l'était pourtant pas davantage que ses détracteurs contemporains. Des luttes de pouvoir de l'époque, il nous reste ces écrits plus ou moins diffamatoires qui ont fait entrer Vlad III Basarab dans l'histoire : il aurait entre autres fait empaler 20 000 soldats turcs et dîné dans un charnier. Il reste connu dans l'imaginaire collectif sous le nom de Vlad L'Empaleur, et à sa mort, aurait été décapité afin que sa tête soit envoyée au sultan de l'empire Ottoman, Mehmed II, qui voulait sa mort96.
Le patronyme « Drăculea » de ce prince de Valachie a été repris dans le roman de fiction Dracula de Bram Stoker, qui dépeint un vampire en Transylvanie et au Royaume-Uni au XIXe siècle. Les nombreuses reprises littéraires et cinématographiques ont fini par faire de Dracula un personnage de la culture populaire mondiale. Historiquement, Vlad était un prince chrétien orthodoxe dont le père, Vlad II le Dragon, était membre de l'Ordre du dragon d'où le nom de Draco97.
Élisabeth Báthory, « la comtesse sanglante »
Au XVIe siècle, la comtesse Élisabeth Báthory (ou Erzsébet) aurait grandement inspiré les légendes de vampires. Cette aristocrate hongroise qui a vécu aux XVIe et XVIIe siècles aurait torturé et tué un nombre incertain de jeunes filles. Des légendes prétendent qu'elle les tuait dans le but de se baigner dans le sang de ses victimes afin de rester éternellement jeune98. Toutefois, ces histoires ont été largement écartées par les historiens modernes, mais elles subsistent dans les croyances populaires selon le professeur angliciste Jean MarignyE 9.
De surcroît, les essayistes Elizabeth Miller99 et Michel Meurger relèvent la crédulité de certains universitaires exégètes de Dracula (tels Raymond T. Mc Nally, Radu Florescu et Jean Marigny lui-même) face aux inventions romanesques de l'ouvrage de l'écrivaine surréaliste Valentine Penrose, La Comtesse sanglante (Paris, Mercure de France, 1962), « biographie frelatée et véritable roman noir [qui] accumule les motifs gothiques : bains de sang, machines à assassiner [dont une fictive vierge de fer]100, tortures raffinées. L'histoire, prise en otage, devient le simple décor d'une mise en scène des fantaisies sadiennes de Valentine Penrose. »101 Ainsi, Jean Marigny évoque-t-il les « bains de sang » censément pris par Élisabeth BáthoryE 10 bien que les interrogatoires du procès de la comtesse hongroise en 1611 ne les mentionnent pas. « L'assertion n'apparaît qu'au XVIIIe siècle, peut-être en relation avec la vogue du vampirisme », précise Michel Meurger102.
D'après le vampirologue Jacques Sirgent, de telles rumeurs auraient été propagées afin de lutter contre le pouvoir féminin103. Bien qu'elle ne présente aucun signe caractéristique des vampires (elle ne boit pas le sang), elle reste pour beaucoup[Qui ?] l'incarnation du côté aristocratique du vampire, à l'inverse des autres témoignages qui, plus tard, porteront sur des paysans.
Premiers cas célèbres
La simultanéité entre l'émergence du vampirisme et la fin de la chasse aux sorcières suggère que les vampires prennent le rôle de boucs émissaires de ces dernières à la fin du XVIIe siècle104. Le phénomène du vampirisme prend, dans la première moitié du XVIIIe siècle, une ampleur considérable, avec deux cas parmi les plus célèbres : ceux de Peter Plogojowitz et d'Arnold Kol Paole, en Serbie. Le contexte social est déjà dominé par la peur du vampire. En effet, lors de l'épidémie de peste qui ravage la Prusse orientale, en 1710, les autorités mènent systématiquement des enquêtes sur les cas de vampirisme signalés, n'hésitant pas à ouvrir les tombesE 11. Le mot « vampire » (orthographié « vanpir ») apparaît ainsi pour la première fois en 1725, lorsqu'un rapport présente l'exhumation du récemment mort Peter Plogojowitz, un paysan serbe, cas qualifié par la suite de « vampire historiqueE 12 ». Plogojowitz est mort à l'âge de 62 ans, mais il serait revenu hanter son fils pour avoir de la nourriture. Après que son fils a refusé de lui en donner, il est retrouvé mort le jour suivant ; d'autres morts suspectes conduisent à accuser l'esprit de PlogojowitzD 16. Ce cas est connu par un article daté du 31 juillet 1725, et repris par Michael Ranft dans son traité La Mastication des morts dans leurs tombeaux (De masticatione mortuorum in tumulis, 1728). Le revenant y est complètement, et pour la première fois, assimilé à un vampire, puisque Ranft utilise le terme slave de « vampyri »A 37, terme qui sera repris dans toute l'Europe.
Le cas d'Arnold Paole, soldat et paysan autrichien mort en 1726, est également bien documenté. Il aurait été attaqué par un vampire et est mort en faisant les foins. Après sa mort, des proches meurent dans les environs, morts attribuées à l'esprit de PaoleD 17. Il passe pour être à l'origine de deux épidémies de « vampirisme » dont la seconde, en janvier 1731, a fait l'objet d'un rapport circonstancié par le médecin militaire Johann Flückinger, généralement connu sous le titre de Visum et RepertumE 13. Ce rapport est abondamment discuté, en particulier par l'empereur d'Autriche Charles VI qui suit l'affaire. Il a aussi été traduit par Antoine Calmet, et a fait probablement couler encore plus d'encre que le cas Plogojowitz (pour les Serbes)A 28.
Développement des récits de vampire aux XVIIe et XVIIIe siècles
Les contes de vampires apparaissent très tôt, mais trouveront leur apogée lors des XVIIe et XVIIIe siècles, où les récits de vampires se font plus nombreux. En dépit du rationalisme naissant lors du siècle des Lumières, la croyance en les vampires, telle une épidémie, se répand dans tous les domainesB 3. Cependant de nombreux cas officiels ou prétendus réels, ont alimenté le mythe. La plupart des mythes concernant le vampire sont apparus au Moyen Âge. Au XIIe siècle les historiens anglais Walter Map et William de Newburgh ont compilé des témoignages concernant les revenants55,105 ; d'autres les ont suivis106. Il s'agit d'histoires similaires à celles qui traverseront l'Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles et qui seront embellies.
En France cet engouement pour le phénomène atteint quant à lui son apogée au XVIIIe siècle, siècle des Lumières et du rationalisme voyant le triomphe d'un esprit beaucoup plus cartésien, c'est dans ce contexte que les croyances sur les vampires vont s'accroitre. Néanmoins de vives critiques de la part des érudits viendront vite prendre le contrepied de ces superstitions, si bien qu'une multitude de savants, philosophes et même d'hommes d'Église incitèrent la population à revenir à la raison et condamnèrent à travers de nombreux textes la manifestation de ce mythe en France. En 1764, dans l'article "Vampires" de son Dictionnaire philosophique, Voltaire condamna avec un humour caustique cette superstition. Il déclara que la croyance aux vampires est un anachronisme et une aberration dans un siècle truffé de savants, il affirmera par la suite avec humour qu'il "existait bel et bien des hommes d'affaires qui sucèrent en plein jour le sang du peuple, mais ils n'étaient point morts, quoique corrompus"107. Gerard Van Swieten dans son Rapport médical sur les vampires en 1755, dira que cette croyance amène les populations à ne plus respecter ses morts et à violer l'asile des tombesE 14.
Peur des vampires à travers l'Europe
L'un des plus anciens témoignages concernant les vampires provient d'Istrie, dans l'actuelle Croatie, en 1672108. Un supposé vampire, Jure Grando, habitant du village de Khring près de Tinjan, a causé la panique109. Jure est décédé en 1656, toutefois les habitants pensent qu'il revient sucer le sang et agresser sexuellement sa veuve. Le chef du village a ordonné de percer le cœur du cadavre à l'aide d'un pieu, mais les phénomènes ont persisté et le cadavre a été décapité avec de meilleurs résultats110. Le XVIIIe siècle est marqué par une chasse aux vampires dans toute l'Europe. Les rois et les ducs ont ordonné des traques pour identifier et tuer les supposés vampiresD 16. En dépit des Lumières, la croyance dans les vampires s'accentue, confinant parfois à des hystéries de masse à travers toute l'Europe55. La panique principale débute dans la Russie de l'Est en 1721, par une éruption d'attaques de vampires présumés. Une autre panique collective touche la monarchie des Habsbourg autrichienne de 1725 à 1734, puis s'étend à d'autres pays.
Enfin, une autre légende serbe concerne Sava Savanović supposé hanter un moulin à eau et sucer le sang des meuniers. L'écrivain serbe Milovan Glišić en fait un roman fantastique, repris ensuite en 1973 dans le film d'horreur Leptirica. Ces derniers incidents sont bien documentés, y compris par les autorités locales, et les récits des événements sont souvent publiés à travers l'EuropeD 17. Les hystéries sont sans doute aggravées par les épidémies touchant alors le Vieux Continent, en particulier la rage, et par les rumeurs aussi.
Traités de vampirologie
La première page du
Tractat von dem Kauen und Schmatzen der Todten in Gräbern (1734), ouvrage de vampirologie de
Michael Ranft.
Dès 1679, Philippe Rohr consacre une dissertation aux morts qui mâchent leurs linceuls dans leurs tombes, sujet repris par la suite par Otto en 1732, puis par Michael Ranft en 1734E 15. Ce dernier distingue des liens entre vampirisme et cauchemar et considère que les cas de vampirisme sont des illusions de l'imagination alors qu'en 1732 un anonyme qui se fait appeler « le médecin de Weimar » discute de la non-putréfaction de ces créatures, d'un point de vue théologiqueA 38. En 1733, Johann Christoph Harenberg écrit un traité général sur le vampirisme puis le marquis Boyer d'Argens commente des cas locaux. Des théologiens et hommes d'Église se penchent également sur le sujet, tels que l'archevêque Giuseppe Antonio Davanzati (it), auteur d'une Dissertazione sopra i vampiri en 1769E 16.
Augustin Calmet, un théologien lorrain, écrit un traité de vampirologie en 1746, Traité sur les apparitions. Il y fait la synthèse des études sur le sujet et tente d'expliquer l'origine de ce qu'il considère comme une légende propre à l'Europe de l'Est111. Selon lui, celle-là serait à trouver dans la sous-alimentation des peuples balkaniquesA 39. Calmet a amassé de nombreux rapports concernant les manifestations de vampires. Il est critiqué par Voltaire112,E 17, qui commet un contre-sens en présentant Calmet comme s'il avait cru à ce mythe. Voltaire écrit en effet, dans l'entrée « vampire » du Dictionnaire philosophique: « Calmet enfin devint leur historiographe, et traita les vampires comme il avait traité l’ancien et le nouveau Testament, en rapportant fidèlement tout ce qui avait été dit avant lui113. »
La controverse cesse lorsque Marie Thérèse d'Autriche envoie ses médecins personnels, Johannes Gasser et Christian Vabst, pour enquêter sur le cas de vampirisme supposé de Rosina Polakin dont le cadavre est exhumé à Hermersdorf, en 1755. Ils concluent que ceux-ci n'existent pas, et, à la suite de cette déclaration, une loi interdit l'ouverture des tombes pour chasser les vampires. En dépit de cette loi, la croyance dans les vampires a perduré dans les folklores112,A 40. Selon Claude Lecouteux, les encyclopédistes ont aussi joué un rôle important dans la diffusion du mythe du vampire, notamment Collin de Plancy qui, en 1863, dans son Dictionnaire infernal, contribue à diffuser et à accréditer la croyanceA 41.
Période contemporaine
Gravure de l'ouvrage de
Collin de Plancy,
Histoire des vampires et des spectres malfaisans avec un examen du vampirisme (Paris, Masson, 1820).
Le mythe du vampire réapparaît, aux XIXe et XXe siècles, à travers le roman, la bande dessinée, le cinéma, les jeux vidéo et les jeux de rôles sous la forme de personnages charismatiques et doués de séductionD 4, mais aussi dans les croyances populaires. Par exemple, au début des années 1970, la presse locale anglaise diffuse la rumeur selon laquelle un vampire hanterait le cimetière d'Highgate, à Londres. Des chasseurs de vampires amateurs envahissent alors les lieux et plusieurs livres réutilisent l'événement, dont celui de Sean Manchester, le premier à avoir évoqué le « vampire d'Highgate » et qui ensuite prétendra en avoir exorcisé un et détruit un cercle de vampires114. Des événements mettant en scène des vampires proviennent également des autres continents. Ainsi, une rumeur évoquant l'attaque de vampires court au Malawi de fin 2002 à début 2003, rumeur qui se fonde sur la croyance que le gouvernement d'alors aurait été en collusion avec des vampires115.
L'imaginaire collectif moderne ne représente plus le vampire seul. Le terme de « coven », mot écossais signifiant originairement tout rassemblement de personnes et en particulier des sorcières, est ainsi utilisé pour désigner les vampires comme collectivités. Son origine proviendrait du mouvement de sorcellerie moderne Wicca et il a été réutilisé par l'écrivain Anne Rice. On peut aussi parler des « maisons » de vampires116 ou de « caves » à vampires117, qui ont existé en Allemagne médiévale sous le nom de Nobiskrug, désignant des auberges dans lesquelles les revenants dépensent l'argent que les vivants ont placé dans leur tombe ou dans leur bouche en les ensevelissantD 11.
Persistance des croyances et vampirisme moderne
Vue d'ensemble du Musée des vampires situé dans la commune française
Les Lilas.
Certaines sociétés secrètes continuent à faire perdurer la croyance aux vampires, dans la continuité des enseignements d'Aleister Crowley118 ou d'Anton LaVey notamment. Les adeptes de la sous-culture du gothique montrent une fascination pour la figure du vampire119 et le style de vie vampire (Vampire lifestyle) est un terme contemporain désignant une sous-culture dite gothique dont les membres consomment du sang, visionnent des films d'horreur, lisent les romans d'Anne Rice et apprécient le style victorien120. Les plus extrêmes mélangent diverses formes de vampirisme : la traditionnelle (sanguine vampirism), la psychique et la symbolique hindouiste, à travers le concept d'énergie de prana121. Enfin, des admirateurs modernes des vampires se font appeler les « sanguinariens » (Sanguinarians)122.
Les sociétés anti-vampires sont encore actives en 201255, de même que les centres de recherches consacrés au vampirisme, dont un qui a mis au point un « sérum antivampires » en 1994123. Rien qu'aux États-Unis, il y aurait une quarantaine de fan clubs de ces créatures forts de plus de 50 000 membres, dont plus de 750 personnes s'identifiant comme des vampires en 1996124. La croyance dans les vampires se maintient en Roumanie, durant février 2004, à propos du cas de Toma Petre qui serait devenu un vampire. Son corps a été extrait du cercueil, découpé puis incinéré. Les cendres ont été mélangées à l'eau et bues125. Toutefois, les cas de vampirisme aux XIXe et XXe siècles sont rares, la pensée rationnelle triomphante faisant reculer le mytheE 18. En 2006, deux professeurs de physique de l’University of Central Florida, C. J. Efthimiou et S. Gandhi, écrivent un article dans lequel ils montrent qu'il est mathématiquement impossible que les vampires existent, se basant sur une progression géométrique. Selon eux, si le premier vampire était apparu le 1er janvier 1600 et s'il devait se nourrir au moins une fois par mois (ce qui est beaucoup moins que ce qui est évoqué dans les différents folklores), et si chacune de ses victimes devient à son tour un vampire, alors, en l'espace de deux ans et demi, la moitié de la population humaine serait transformée en vampires126.
En août 2011, des scientifiques de la Stanford University publient un article dans la prestigieuse revue Nature, intitulé The ageing systemic milieu negatively regulates neurogenesis and cognitive function127, montrant que le sang de souris jeunes peut régénérer le cerveau de souris âgées en injection intraveineuse directe, et vice versa : les souris jeunes voient leurs cerveaux vieillir lorsque leur sang se mélange à celui de leurs congénères plus âgés. Une telle découverte, physiologiquement valable chez l'Homme, apporte peut-être un éclairage nouveau sur le mythe du sang réjuvénateur.
Cryptozoologie
Un cas renommé de vampirisme concerne la créature légendaire appelée chupacabra (« suceur de chèvres » en espagnol) de Puerto Rico et Mexico, réputée se nourrir du sang des animaux domestiqués et qui a déclenché une hystérie collective souvent corrélée aux problèmes économiques, particulièrement dans le milieu des années 1990128. Une autre créature proche du Chupacabra, le « Moca Vampire », habillée de plumes, a décimé des cheptels de bétail à Puerto Rico, en 1975, et s'est même attaquée à un homme129. En Caroline du Nord, à Bolivia, la « bête de Bladenboro » s'en est pris également au bétail en 1954130,131.
Criminologie
Quelques affaires et un certain nombre de crimes en série, réels sont en relation avec le vampire. Ainsi, les tueurs en série Peter Kürten et Richard Chase ont été surnommés des « vampires » par les tabloids après qu'on a découvert qu'ils buvaient le sang de leurs victimes. Fritz Haarmann, tueur en série allemand des années 1920, était simultanément qualifié de « vampire », « loup-garou » ou « homme-loup ».
En 1932, à Stockholm, un meurtrier non identifié s'est fait appeler le « vampire tueur » en raison des circonstances du crime132. Début 1962, à Venise, le vampire de Mirano, en réalité un peintre connu, s'attaque à des femmes pour les mordre au cou133. En septembre 1970, le corps d'un berger de l'Estrémadure est découvert mutilé et vidé de son sang134 et en 1983, un homme de 39 ans atteint de troubles psychiatriques s'est attaqué à un chien pour aspirer son sang, à Vaison-la-Romaine, France135. En 1996, une jeune femme qui enquête sur des disparitions de sang dans les hôpitaux de New York a évoqué un « réseau Dracula » avant de disparaître123. À Anglesey en 2002, un jeune marginal de 17 ans a poignardé une nonagénaire, lui a arraché le cœur et l'a déposé sur un plateau d'argent, avant de faire cuire le sang de sa victime et de le boire, persuadé que ces actes le rendraient immortel et le changeraient en vampire136. En janvier 2005, une rumeur parle d'un vampire ayant mordu des personnes à Birmingham en Angleterre. La police statue qu'aucun crime de ce genre n'a été commis et que cette histoire s'apparente à une légende urbaine137. Bien réel est en revanche le tueur brésilien surnommé « Corumba le Vampire », dont l'arrestation survient en 2005 : il a tué six femmes avant de boire leur sang, disant agir sous les ordres du démon et par ailleurs il sortait uniquement de nuit138. Des affaires similaires sont mentionnées un peu partout dans le monde, aussi bien en Lettonie qu'en Roumanie au Pérou et en France139.
Explications du vampirisme
Plusieurs causes rationnelles peuvent expliquer de nombreux cas de supposé vampirisme ou ont pu alimenter les fictions les concernant. Différentes pathologies longtemps inexpliquées ont pu contribuer à l'édification des légendes concernant les vampires et dessiner leurs spécificités. Des phénomènes physiques ont également été mis en avant pour expliquer les étrangetés du vampirisme supposé.
Phénomènes de décomposition, conservation des corps
Selon Paul Barber, dans Vampires, Burial and Death, la croyance dans les vampires est née dans les cultures pré-industrielles afin de donner sens à des phénomènes étranges mais scientifiquement explicables liés au processus de décomposition des cadavresD 18. Plusieurs signes de décomposition étaient en effet pris comme des marques de vampirisme140. Les phénomènes gazeux ou de changements de couleurs de l'épiderme, comme la lividité cadavérique survenant lors de la décomposition du corps, sont ainsi autant de manifestations d'une activité surnaturelle pour ces cultures. Ainsi, dans le cas d'Arnold Paole, la couleur vive qui teintait le visage d'une morte exhumée a été prise comme un signe de vie post-mortemD 19. Le sang suintant est souvent considéré comme une activité vampirique remarque Paul BarberD 20, ainsi que l'assombrissement de la peauA 22. La marque de gonflement du corps lors de sa décomposition, résultat de l'accumulation des gaz organiques, donne l'impression d'un corps bien en chair et produit un son semblable à celui d'un gémissement, d'un gargouillement voire de la mastication, d'où l'idée fort ancienne que les morts mangent dans leur tombeau141. Il en est de même lorsque ces gaz font vibrer les cordes vocales, provoquent des flatulences ou un saignement sortant de la bouche des morts. Ainsi, dans le rapport du cas Peter Plogojowitz, l'officier mandaté parle de divers signes semblablesD 21. Sous l'effet de la déshydratation, la peau se rétracte notamment autour des follicules pileux et les muscles horripilateurs se durcissement, ce qui donne l'impression qu'ongles, poils et cheveux poussent après la mort bien que ces phanères aient cessé de croître142,143. La morphologie de la peau et du nez se modifie par ailleurs, ce qui peut être interprété comme une régénération de ces parties du corpsD 21.
Les cas les plus célèbres de vampirisme sont signalés en terre orthodoxe, où certains cas de non-putréfaction, ceux notamment d'excommuniés, est signe diabolique (au contraire du catholicisme qui la considère comme un signe divin).
Enterrement prématuré, profanations des tombes
Le mythe du vampire a longtemps été expliqué comme étant le résultat d'enterrements prématurés de personnes encore vivantes. Les croyances évoquent en effet des sons provenant des cercueils. De même, les mutilations au nez, à la tête et au visage, lors des exhumations de corps, sont considérées comme de l'autophagie de la part du vampire144. Selon Paul Barber, cette explication est peu crédible car en l'absence d'air et de nourriture, les personnes enterrées vivantes ne peuvent avoir une activité suffisante pouvant être ensuite interprétée comme du vampirisme, et les sons émis par les gaz lors de la décomposition peuvent l'expliquer davantageD 22. Une autre explication est celle de la profanation des tombesB 7. D'autres éléments ont pu alimenter les légendes, tels que des cadavres bien préservés dans des terres riches en arsenic, substance qui favorise leur conservation.
Contagions, maladies et épidémies
Le folklore vampirique est souvent associé à des épidémies étranges ou inexpliquées, notamment au sein des petites communautés68. L'explication épidémiologique est présente dans les cas de Peter Plogojowitz, d'Arnold Paole et également dans le cas de Mercy Brown. La tuberculose est souvent prise pour être la maladie génératrice de vampirisme car, à l'instar de la forme pneumonique de la peste bubonique, elle associe divers symptômes (sons produits par l'affaissement des tissus des poumons et effusion de sang sur les lèvres) passant pour vampiriquesA 17. La tuberculose possède en effet un mode de propagation qui ressemble beaucoup à certains récits de vampirisme. D'autres pathologies proches possèdent des symptômes pris pour du vampirisme, telles le lupus erythematosus, la catalepsie ou encore la porphyrie, déficit d'une des enzymes intervenant dans la dégradation de l'hémoglobine qui peut entraîner un rougissement de l'urine après exposition à la lumière ou se traduire par une hyperpilosité. On peut citer également la xeroderma pigmentosum. Les individus atteints ne peuvent s'exposer aux rayons solaires, sous peine de voir apparaître de graves lésions au niveau de la peau ; la peau acquiert aussi une couleur très pâle du fait d'un bronzage totalement inexistant.
Rage
Les infections diverses du
sang permettent de donner un crédit scientifique au fait vampirique.
La rage a été évoquée pour expliquer le mythe du vampire, car elle présente de fortes similitudes dans les symptômes et les comportements de ceux qui en sont atteints : chez les animaux, comportement agressif notamment par la morsure, hyperesthésie (sensibilité excessive des sens, à la lumière ou aux odeurs, par exemple), alors que chez les hommes, teint pâle (l'hypersensibilité à la lumière empêchant de sortir au soleil), aquaphobie (due à une hypersensibilité à l'eau)... Outre ces symptômes qui suggèrent des similitudes avec les légendes sur le vampirisme, la rage se propage entre autres par la morsure d'animaux, notamment de chauves-souris vampires. Enfin, une épidémie de rage a sévi en Europe de l'Est au moment de l'apparition des premiers récits de vampires. Juan Gómez-Alonso, neurologue au Xeral Hospital de Vigo en Espagne, a montré que l'hypersensibilité à l'ail et à la lumière sont des symptômes rabiques. La maladie peut aussi provoquer des atteintes cérébrales qui perturbent les cycles du sommeil et entraînent une hypersexualité. Enfin la rage pousse le malade à mordre ses congénères145 et à avoir un filet de sang à la bouche146.
Porphyrie
En 1985, le biochimiste David Dolphin propose une explication du folklore vampirique au moyen de la porphyrie. Notant que la maladie peut être traitée par l'injection intraveineuse de molécules d'hème, il a suggéré que la consommation de grandes quantités de sang par des personnes supposées vampires s'explique par un besoin d'équilibrer leur métabolisme. Ainsi, les vampires seraient les victimes de porphyrie cherchant à combler leurs déficits en hème, afin de soulager leurs symptômes, en buvant du sang147. La théorie de Dolphin a été récusée scientifiquementD 23. Cependant, sa conception explique aussi l'hypersensibilité des malades à la lumière du soleil mais Dolphin a renoncé à aller plus loin dans son hypothèse148. En dépit de son manque de rigueur scientifique, la théorie de Dolphin a eu un fort retentissement médiatique149 et est entrée dans la croyance moderne150. Cette théorie est remise au goût du jour avec une étude en 2017 sur la maladie de la protoporphyrie érythropoïétique151.
Explications psychiatriques
Une pathologie rare appelée « vampirisme clinique » ou « syndrome de Renfield » (ainsi nommé en référence au personnage homonyme du roman Dracula152) est un comportement qui consiste en l'ingestion de sang, humain ou animal. Elle naît généralement de l'ingestion accidentelle de son propre sang durant l'enfance (à la suite d'une blessure par exemple) et peut mener à la zoophagie puis au vampirisme sur des êtres humains. Ce comportement est le symptôme d'une affection psychiatrique qui conduit à un ensemble de pratiques déviantes, telles la nécrophagie, la nécrophilie et le nécrosadisme153, et un certain nombre d'affaires criminelles y sont liées132,154. Selon le psychiatre Richard Noll, la représentation du sang est liée, dans cette maladie, à la croyance en des pouvoirs mystiques ou surnaturels qui peuvent expliquer les folklores autour du vampire et qui rattachent ces symptômes à la schizophrénie155. Selon la psychiatrie moderne, ces types de déviants sont des pervers narcissiques, figure que symbolise au mieux le mythe du vampire. Toutefois, l'absorption de sang ne relève pas forcément de la psychopathologie : jusqu'au début du XXe siècle en France, les médecins conseillent en effet aux anémiques de boire du sang frais, par exemple celui recueilli dans les abattoirs82.
Psychanalyse et symbolique du vampire
Déguisement de vampire moderne montrant bien les crocs proéminents.
Pour Brice Guérin, le vampire symbolise la lutte manichéenne du Bien avec le Mal156,157 et Dracula peut être vu comme un avatar de l'Antéchrist158. En 1931, dans son essai de psychanalyse intitulé Le Cauchemar, Ernest Jones relève que le vampire est un symbole des pulsions inconscientes et de défense psychique. Le mythe a à voir avec les désirs infantiles pour le psychanalyste, en particulier des désirs incestueux vis-à-vis du mort159. La peur du revenant est la peur des vivants de voir certains contenus inconscients refoulés revenir à la conscience, ce qui explique selon Jones pourquoi le vampire revient souvent hanter des proches parents160. Cette « collusion du vampire avec le cauchemar » révélée par Jones, est bien illustrée par les figures folkloriques de la Mora tchèque et de l'Alp allemand, du Ludak lapon ou du Malong malais aussi, autant d'entités cauchemardesques qui sucent le sang des victimes endormiesA 42.
Selon Freud, la répression est liée au développement de pulsions morbides161. Le désir de sucer le sang peut être assimilé à du cannibalisme souvent représenté dans le folklore par la figure de l'incube, proche de celle du vampire162. Jones pense ainsi que lorsque certaines pulsions sont réprimées, la régression s'exprime par du sadisme, notamment au stade anal163. Le vampirisme est également en relation étroite avec la sexualité selon Jean Markale164, qui pense que le rapport entre le vampire et sa victime ne peut s'exprimer qu'au travers d'une attirance amoureuse. Comme le font remarquer beaucoup d'auteurs, le folklore vampirique (dents rétractiles, baiser qui devient morsure, etc.) est une métaphore de l'acte sexuel ou, selon Jacques Lacan, du désir de succion de la mère165, et le fait d'être séduit par le vampire s'apparente symboliquement à un viol166 puisque les canines pointues, caractéristiques du vampire moderne, permettent de transpercer la peau de la victime tout comme le sexe permet de la déflorer lors d'un viol. Les canines, qui se mettent à pousser chez la personne atteinte de vampirisme selon la croyance populaire, sont un symbole phallique universel, mais aussi la première marque d'agressivité : les dents qui se mettent à pousser chez l'enfant lui permettent pour la première fois de provoquer la douleur en mordant34.
La récurrence du mythe du vampire en fait un symbole immémorial de la psyché humaine selon Carl Jung et Joseph Campbell. Symbole de la part de soi dissimulée (l'Ombre), le vampire est aussi une tentative d'explication des processus psychiques survenant dans les sociétés peu développées167. Le vampire peut aussi être une métaphore des secrets de famille, notamment de ceux violents qui, comme l'inceste ou l'abandon, peuvent handicaper le développement psychique du sujet168.
Interprétations politiques
La réutilisation du mythe du vampire au XXe siècle n'est pas sans connotations politiques et idéologiques169. Le comte Dracula, figure de l'aristocrate, peut ainsi être interprété comme le symbole de la société d'Ancien Régime. Le cinéaste allemand Werner Herzog utilise cette allusion dans son film Nosferatu, fantôme de la nuit, à travers le personnage de Jonathan Harker, jeune bourgeois qui devient un vampire après avoir été mordu, remplaçant ainsi le parasitisme social du noble170.
Dès 1741, en Angleterre, le mot « vampire » prend le sens de « tyran qui suce la vie de son peuple », puis Voltaire affirme que « les vrais vampires sont les moines qui mangent aux dépens des rois et des peuples »A 43. La métaphore est perpétuée par Karl Marx qui voit dans les capitalistes des suceurs de sang171, puis par Hans W. Geissendörfer, dans Jonathan, les vampires ne meurent pas (1970), qui identifie Dracula à Adolf Hitler. À l'opposé, l'écrivain Hanns Heinz Ewers, dans Vampire (1921), assimile ces créatures de la nuit aux Juifs.
En 1991, Les Inconnus ont créé avec Rap-Tout un clip parodique présentant les impôts français comme du vampirisme, et les hommes politiques français comme des vampires.
En littérature
Contrairement à la figure du loup-garou, qui est surtout popularisée par le cinéma, celle du vampire est principalement le résultat de la littérature du XIXe siècle, et notamment du roman de Bram Stoker, Dracula, qui est devenu le symbole du mythe vampirique selon H. P. Lovecraft172. Le théâtre puis le cinéma en ont grandement bénéficié jusqu'à faire du vampire un personnage fantastique incontournable.
Premiers écrits littéraires
Le thème du vampire a inspiré les poètes et écrivains depuis 1748, année à laquelle Heinrich Augustin von Ossenfelder écrit un poème intitulé Der VampyrE 19,173,174. En 1797, soit un siècle avant Bram Stoker, l'Allemand Goethe, dans La Fiancée de Corinthe, aborde dans ce long poème narratif, sous forme de métaphore, l'état d'une jeune femme, évoluant entre la vie et la mort et se nourrissant de sangA 32. Avec lui, débute une riche tradition de vampires, femmes séductrices89. C'est par l'intermédiaire de cette littérature allemande que le vampire fait son apparition dans la poésie romantique anglaise. Le premier texte anglais évoquant la figure du vampire demeure The Vampyre de John Stagg, publié en 1810, mais on trouve déjà des motifs vampiriques dans le poème Christabel, de Samuel Taylor Coleridge, écrit entre 1797 et 1800. C'est surtout le mouvement littéraire de la Gothic novel, initié par Horace Walpole avec Le Château d'Otrante (1764), que l'intérêt pour le vampire envahit la littératureA 44. Le symbolisme sexuel et le personnage de la femme fatale densifient le mythe originelE 20. Cependant, en dépit de cette explosion de romans et nouvelles, trois œuvres ont marqué l'histoire du vampirisme : Le Vampire de John Polidori (1819), Carmilla de Sheridan Le Fanu (1872) et Dracula de Bram Stoker (1897).
Le Vampire de John William Polidori
Le Vampire, publié dans Histoires de vampires et écrit par John Polidori (1819), marque l'histoire littéraire par l'ampleur de son succès éditorial en Europe. Polidori y met en scène le personnage de Lord Ruthven. Écrite à la suite d'un défi lancé par Lord Byron pendant une journée pluvieuse à, entre autres, Percy Bysshe Shelley (qui refuse) et son épouse Mary Shelley (qui engendre cette même journée son Frankenstein), la nouvelle appartient au roman gothique anglais. Lord Byron, manquant d'inspiration, abandonne ses notes à son secrétaire, Polidori, qui travaille cette ébauche, la développe puis la publie en 1819 dans le New Monthly Magazine. Le roman connaît un succès immédiat en Europe. De fait, la paternité de ce récit a été âprement disputée entre les deux écrivains et sera finalement attribuée à Lord Byron. Il ne fait aucun doute que c'est Polidori l'auteur mais ce dernier s'est inspiré d'une idée de Byron. Le fait que Polidori ait d'abord sous-titré son texte : A Tale by the right honorable lord Byron a ajouté à la confusion175,176. La nouvelle est traduite en français par Charles Nodier en 1819, qui l'imite l'année suivante dans une de ses nouvelles fantastiquesA 45.
Engouement pour le mythe
Page couverture du roman Varney, le vampire (1845).
Vampir, illustration de
Ernst Stöhr, dans
Ver Sacrum, 1899.
Avec le succès de la nouvelle de Polidori, notamment en AngleterreA 45, le thème du vampirisme devient incontournable et de nombreux auteurs britanniques, allemands et français s'y essaient : Théophile Gautier, Hoffman et Tolstoï parmi d'autres. Au XIXe siècle, les œuvres de fiction abordant la figure du vampire se multiplient dans la littérature européenne. En France Lord Ruthwen ou les vampires de Charles Nodier (1820) et La Morte amoureuse (publié dans Histoires de morts-vivants) de Gautier (1836); en Allemagne L'Étranger des Karpathes de Karl Von Wachsmann (1844, avec, comme ingrédients, un château en Transylvanie, de sombres forêts, un personnage maudit, des voyageurs effrayés…) ; en Angleterre Varney, le vampire ou le Festin de sang de James Malcolm Rymer (1845) ; en Russie La Famille du Vourdalak de Léon Tolstoï (publié dans Histoires de morts-vivants en 1847) ou encore, en France Histoire de la Dame pâle, nouvelle d'Alexandre Dumas (1849). Le roman anglais Varney le Vampire, publié anonymement en 1847, est l'œuvre la plus volumineuse (800 pages) sur le thème du vampire177.
Les romans de Paul Féval évoquent le vampirisme : Drames de la Mort (1856), Le Chevalier des ténèbres (1860) et Ville-Vampire (1875), entre autres. Les Chants de Maldoror du Comte de Lautréamont (1868), Lokis de Prosper Mérimée (1869), Le Horla (dans sa première version) de Guy de Maupassant (1886) et Le Parasite d'Arthur Conan Doyle (1894) sont toutes des œuvres de la littérature qui abordent le mythe du vampire, parfois en renouvelant le genre.
Le vampire intéresse aussi le théâtreA 45. En 1820, le Théâtre de la Porte Saint-Martin présente un mélodrame, Le Vampire, de Charles Nodier, T. F. A. Carmouche et A. de JouffroyA 42. Le vaudeville parisien présente des figures de vampires également et l'opéra reprend le mythe, notamment Heinrich Marschner et W. A. Wolhbrück en 1828. L'adaptation en allemand du Dracula de Stoker, Nosferatu oder eine Symphonie des Grauens, connaît un succès populaire certain en 1924, si bien qu'elle est jouée au Petit Théâtre de l'Adelphi à Paris en 1927, puis à Broadway, avec dans le rôle du comte vampire l'acteur anglais Raymond Huntley178.
Carmilla de Sheridan Le Fanu
Carmilla. Illustration de David Henry Friston pour l'édition originale de l'œuvre de
Sheridan Le Fanu.
En 1872 à Dublin, Sheridan Le Fanu publie Carmilla, roman qui présente le vampire comme une victime de son propre état et qui s'oppose au bien-pensant de la Grande-Bretagne en abordant le lesbianisme du personnage, sachant que l'homosexualité était fortement condamnéeA 46,E 21. Le Fanu renoue également avec le vampirisme antique, se rapprochant des figures des goules et des empuses.
Le roman se nourrit de multiples témoignages réels ou lus par l'auteur, notamment le traité d'Augustin Calmet qui résume le savoir vampirologique en 1749. Son texte a donc une portée documentaire et il contient un appendice sérieux dans lequel Le Fanu s'attache à expliciter la façon dont un mort devient vampireA 47. Cette première histoire de femme-vampire moderne sert d'inspiration à Bram Stoker pour écrire Dracula179.
Dracula de Bram Stoker
Page couverture de la première édition du roman
Dracula de
Bram Stoker, en 1897.
Lorsque Bram Stoker publie son Dracula, en 1897, la mode du vampire est en recul en Europe, hormis en Angleterre. L'esthétique victorienne se passionne pour les histoires de fantômes (les ghost stories)180. Bram Stoker publie Dracula en 1897, La Dame au linceul, son avant-dernier roman sortant en 1909. Dracula n'a cessé d'être rééditéA 48 et demeure l'un des plus grands phénomènes de vente de tous les temps, certaines sources prétendant même qu'il s'agirait de l'ouvrage le plus vendu après la Bible. Plusieurs raisons expliquent cet immense succès, entre autres l'écriture novatrice de Bram Stoker, qui n'hésite pas à employer le journal intime, les notes et le télégramme dans son récit. Le personnage de Dracula, « vampire aristocrate »177, n'est jamais présenté directement, mais plutôt suggéré à la manière d'un hors-champ cinématographique, d'où l'angoisse qui s'empare du lecteur181.
Selon Claude Lecouteux, le savoir vampirique théorisé explique le succès éditorial et culturel du romanA 49. Ce savoir est expliqué au lecteur par l'intermédiaire du personnage d'Abraham Van Helsing, un vampirologue inspiré du professeur hongrois Ármin Vámbéry de l'université de Budapest, qu'il rencontra à Londres en 1890E 22. Stoker introduit également un nouveau motif dans le mythe du vampire, l'ail, même si celui-ci est présent comme objet apotropaïque dans le folklore depuis la Rome antiqueA 50.
Récupérations modernes et amplifications du mythe
La fin du XIXe siècle est marquée par la multiplication des romans sur les vampires. Après celui de Stoker, le plus célèbre demeure La Famille du vourdalak d'Alexis Konstantinovitch Tolstoï, qui retrace la transformation d'une famille russe en vampires à la suite de la mort et la contamination du père, GorchaA 51. Au XXe siècle, les romans qui campent un personnage vampire ou qui narrent la rencontre d'humains avec des vampires sont nombreux. Anne Rice contribue à donner une seconde jeunesse au mythe des buveurs de sang avec ses Chroniques des vampires qui débutent en 1976, et en particulier avec l'opus Entretien avec un vampire, adapté ensuite au cinéma sous le même titre. Dans cette série, Anne Rice donne une interprétation originale des origines des vampires, et axe une bonne partie de l'œuvre autour des interrogations métaphysiques et morales qui peuvent tenailler ces créatures. Dans Je suis une légende, Richard Matheson met en scène le dernier humain vivant dans un monde peuplé de vampires, tout en prétendant apporter une explication scientifique à l'existence de ces derniers. Dans Salem de Stephen King, l'image classique du vampire est réutilisée. Les vampires ont une peau très blanche et de longues dents. Le maitre des vampires, nommé Barlow, dort dans un cercueil. Les personnages combattent les vampires avec l'aide des outils traditionnels de la chasse aux démons comme les bibles, les crucifix, l'eau bénite et ils les tuent en plantant un pieu dans leurs coeurs. De plus, la question de l'épidémie vampirique a une place cruciale dans le récit. Le premier vampire de la ville est Barlow, celui-ci fait des victimes qui se transforment en vampires, qui font d'autres victimes jusqu'à que le village entier soit peuplé de vampires.
Twilight et Chroniques des vampires ont popularisé le thème vampirique auprès d'un large public au début du XXIe siècle et sont, parmi des centaines de romans sur le même thème, les seuls qui aient suscité un engouement comparable à la publication de Dracula182. Par là-même, l'image symbolique du vampire s'en est trouvée modifiée : d'icône de l'horreur avec Bram Stoker, le vampire est devenu sulfureux et capable de sentiments, symbole de la libération des tabous et de la sexualité débridée avec Anne Rice. Au contraire, avec Stephenie Meyer, le vampire est présenté comme chaste et pudibond, ce qui, d'après Alain Pozzuoli, « vide le mythe vampirique de sa substance »183. La série Vampire Diaries met en scène plusieurs créatures dont le vampire, les sorcières mais aussi des lycanthropes.
Le vampire est un personnage récurrent de la bit lit (littéralement, « littérature mordante »), sous-genre littéraire de la fantasy urbaine apparu dans les années 2000. Le vampirisme a pu être récupéré par le roman policier, par exemple dans Un lieu incertain de Fred Vargas (2008). Le thème du Vampire ne fait plus seulement partie du roman populaire ; il est désormais considéré comme un archétype qui peut être analysé sérieusement, et d'un point de vue sociologique, psychanalytique ou sexuel (Antonio Dominguez Leiva écrit : « Le vampire se refuse au stade génital : la morsure tient lieu de coït, et l'effusion de sang fait figure de dépucelage toujours renouvelé. »)184
Au cinéma
Selon K. M. Schmidt en 1999, il y aurait eu, depuis les débuts du cinéma, plus de 650 films de vampires réalisésA 52. Le mythe du vampire est en effet parmi les plus exploités par le septième art, ainsi que dans la publicité, de façon souvent humoristique185.
Les premiers films
Après les représentations du Dracula de Bram Stoker au théâtre, le mythe est porté à l'écran. Le premier film évoquant un vampire est Nosferatu le vampire de Friedrich Murnau, en 1922186. Ce film lui vaut des poursuites judiciaires de la part de la veuve de Stoker, qui estime qu'il est une adaptation du livre et que Murnau aurait dû en acheter les droits pour le porter à l'écran. Vampyr, ou l'étrange aventure de David Gray est un film danois de Carl Theodor Dreyer sorti en 1932 qui met en scène une femme vampire187. En 1931, Bela Lugosi renouvelle le genre en tenant la vedette dans Dracula, réalisé par Tod BrowningE 23. Bela Lugosi ne reprendra ce rôle qu'une seule fois à l'écran, dans le film parodique Deux Nigauds contre Frankenstein, mais jouera plusieurs personnages similaires et restera l'un des interprètes emblématiques du rôle.
Le deuxième acteur le plus représentatif du rôle de Dracula est Christopher Lee qui apparaît en 1958 dans le film de Terence Fisher Le Cauchemar de Dracula. Lee a joué ce rôle dans une dizaine de filmsE 24. Avec l'interprétation de Lugosi, le cinéma passe d'une créature hideuse à celui d'un vampire mondain et distingué. Celle de Lee combine l'allure aristocratique du personnage et ses traits monstrueux, représentés par des canines souvent dégoulinantes de sang188.
Internationalisation du mythe
Ensemble d'objets, d'ouvrages anciens et d'accessoires de films consacrés aux vampires et présentés au Musée des vampires,
porte des Lilas à
Paris.
Le cinéma présente ensuite des œuvres plus ou moins noires ou parodiques sur le thème des vampires : Le Bal des vampires de Polanski en 1967 est une parodie qui tourne en ridicule tous les poncifs du mythe189. Les Lèvres rouges en 1971 de Harry Kümel, Les Prédateurs de Tony Scott en 1983 avec Catherine Deneuve et David Bowie, les deux Vampire, vous avez dit vampire ? de Tom Holland en 1985 et de Tommy Lee Wallace en 1988 sont autant de récupérations modernes du genre. Un remake du Nosferatu de 1922, Nosferatu, fantôme de la nuit (1979) de Werner Herzog, avec Klaus Kinski, Isabelle Adjani et Bruno Ganz fait également date190. À la fin des années 1960 et au début des années 1970, le cinéaste français Jean Rollin contribue à érotiser très fortement le mythe dans des réalisations d'une esthétique très personnelle, à partir de son premier film, Le Viol du vampire (1968), d'inspiration très surréaliste.
En 1987, sortent deux films produits aux États-Unis Aux frontières de l'aube et Génération perdue qui relancent l'intérêt pour les films mettant en scène des vampiresE 25. Au début des années 1990, le thème des vampires revient en force sur les écrans avec Dracula de Francis Ford Coppola en 1992, fidèle adaptation du roman de Stoker191, puis avec Entretien avec un vampire de Neil Jordan en 1994, adaptation d'un roman d'Anne Rice192. Par la suite, la production de films sur ce thème augmente et des séries mettant en scène des vampires apparaissent193. On peut citer le film suédois Morse, réalisé par Tomas Alfredson en 2008, et son remake américain de 2010, Laisse-moi entrer de Matt Reeves. Enfin, Fright Night de Craig Gillespie avec comme vampire principal, l'acteur Colin Farrell, sortie en 2011.
Sagas à succès
Dans les années 2000, trois séries mettant en scène des vampires connaissent le succès. La saga de Blade d'abord, en trois opus (Blade de Stephen Norrington adapté du comics de Marvel, sorti en 1998 ; Blade II de Guillermo Del Toro en 2002 et Blade: Trinity de David S. Goyer en 2004) met en scène un chasseur de vampires à moitié vampire.
Underworld est un film anglo-germano-américano-hongrois, réalisé par Len Wiseman et sorti en 2003, qui présente le conflit sans merci entre deux races immortelles et légendaires : les Lycans (loups-garous) et les Vampires. La saga comprend également : Underworld 2 : Évolution de Len Wiseman de nouveau (2006), Underworld 3 : Le Soulèvement des Lycans de Patrick Tatopoulos (2009) et Underworld : Nouvelle Ère de Len Wiseman, sorti en 2011.
Enfin, l'adaptation au cinéma de Twilight, de Stephenie Meyer, (Fascination, Tentation, Hésitation et Révélation, de 2007 à 2012) connaît un réel succès194.
À la télévision
Séries
Les vampires les plus connus à la télévision sont issus du monde créé par Joss Whedon dans les séries Buffy contre les vampires et Angel. Ceux-ci affichent une faible partie des caractéristiques classiques des vampires. Mais, dans les scénarios de cette série, ils représentent essentiellement une métaphore des peurs et des angoisses que les adolescents doivent affronter pour devenir adultes, et que les jeunes adultes doivent surmonter pour mener leur vie195. La série pour la jeunesse Le Petit Vampire, écrite par la femme de lettres allemande Angela Sommer-Bodenburg, est vendue à plus de dix millions d'exemplaires à travers le monde et portée à l'écran. Elle raconte les aventures d'un jeune garçon passionné par les vampires, Anton Kamenberg, qui se lie d'amitié avec un vampire enfant, Rüdiger von Dentkreuz196.
Dans la série Supernatural, les frères Winchester luttent contre des vampires. Les séries Moonlight et Blood Ties reprennent les motifs du mythe. Les sœurs Halliwell de la série Charmed ont également à faire face aux vampires dans plusieurs épisodes. Ces vampires sont dirigés par une reine et cette race est en conflit avec les démons et les sorciers qui les ont rejetés de la « société infernale »[réf. souhaitée]. La série True Blood, inspirée des romans La Communauté du Sud de Charlaine Harris décrit une coexistence fictive de vampires et d'humains au cœur d'une petite ville de Louisiane. Son créateur voit les vampires de la série comme « une minorité essayant d'obtenir l'égalité des droits »197. La série Being Human : La Confrérie de l'étrange présente un personnage vampire, aux côtés d'un loup-garou et d'un fantôme. Dans la série Kindred : Le Clan des maudits, inspirée de l'univers du jeu de rôle Vampire : La Mascarade, des clans de vampires s'affrontent dans la ville de San Francisco. Dans Sanctuary, série d'abord diffusée sur le Web, Amanda Tapping incarne une scientifique spécialisée dans les créatures non humaines depuis 150 ans. Elle et ses amis de l'époque se sont injecté du sang de vampire, ce qui a eu pour conséquence de leur conférer à chacun un pouvoir spécifique. La série Vampire Diaries enfin, basée sur la série de romans éponyme de Lisa Jane Smith, met en scène deux vampires, les frères Salvatore. The Originals, série dérivée de The Vampire Diaries, relate la vie des vampires originels, Klaus, Elijah, Rebekah Mikaelson. Plus récemment, la série The Strain, inspirée par les livres homonymes, met en scène des protagonistes tentant de comprendre et d'endiguer une épidémie de vampirisme[réf. souhaitée].
Séries d'animation
Vampire Host et Vampire gigolo forment une série japonaise de 2004 inspirée de l'univers du manga Blood Hound créé par Kaori Yuki. L'héroïne, Rio Kanou, est une étudiante qui, à la suite de la disparition de plusieurs personnes dont sa meilleure amie, enquête dans un club de vampires avant de sympathiser avec ceux-ci. La série franco-allemande Draculito, mon saigneur, créée par Bruno René Huchez et réalisée par Bahram Rohani en 1992, met en scène Draculito, fils unique du célèbre comte Dracula. Âgé d'une dizaine d'années, il obtient de son père des objets magiques qui l’aident à repousser les attaques de Gousse d’Ail et de ses acolytes. Dans son école, il se lie d’amitié avec Lapin Garou. Il existe une série appelée L'École des petits vampires une série d'animation allemande qui met en place Oscar Von Horificus un jeune vampire. Il y a aussi une vampire nommée Marceline (qui est en fait la reine des vampires) dans Adventure Time. Dans la série Monster high, Draculaura est la fille de Dracula et Camille Carmin, la fille de Carmilla.[réf. souhaitée]
Dans la bande dessinée, le manga et l'anime
Couverture du magazine
Weird Tales de juin 1936 présentant des nouvelles fantastiques.
Dans la bande dessinée, le manga et l'anime
Les mangas ainsi que l'animation japonaise exploitent aussi le thème des vampires. Selon l'œuvre, ils peuvent plus se rapprocher des vampires selon les traditions européennes et occidentales, ou bien plus des traditions japonaises, alors appelé Kyuuketsuki (吸血鬼, fantôme suceur de sang). Chaque œuvre crée ainsi différentes conceptions de vampires, chacun avec des caractéristiques, des modes de vie ou des pouvoirs magiques différents. Les histoires peuvent aussi aller de la romance à la chasse au vampire, tout en passant par de la fiction sur le thème vampirique, proposant parfois des réflexions philosophiques de l'auteur.
Par exemple, Vampire Hunter D repose sur une mythologie européenne mais dans un futur lointain, tandis que Vampire Princess Miyu use du mythe plus traditionnel au Japon. Dans le manga Negima, Evangeline McDowell est une vampire multicentenaire qui repose plus sur un démon aux puissants pouvoirs magiques que les vampires traditionnels. Hellsing se base sur le vampire européen, notamment le comte Dracula et se concentre notamment sur une chasse aux vampires dirigée par l'Église anglicane. Le manga et anime Vampire Knight offre une vision plus originale des vampires dans une histoire de romance : la société vampirique habite dans l'ombre de la société humaine, et essaie d'habiter en harmonie au sein d'une académie. La société vampirique est divisée en plusieurs castes selon le degré de pureté de sang. Ceux qui ne sont pas nés vampires, les ex-humains, condamnés à devenir des bêtes assoiffées de sang au contraire des nés-vampires, sont exclus et chassés par les vampires et les humains. D'autres animes proposent des histoires avec une réflexion philosophique comme Shiki : alors que les habitants de Sotoba, un petit village isolé, doivent faire face à une invasion de kyuuketsukis, l'auteur propose de choisir un camp entre les kyuuketsukis, qui n'ont pas choisi leur condition, et les humains, qui se battent pour leur survie et leur village. Cette œuvre, tout comme Blood+, essaie de donner une raison et crédibilité scientifique au vampirisme. Le manga JoJo's Bizarre Adventure se réapproprie le mythe du vampire européen en y apportant beaucoup de spécificités. Son vampire le plus notoire, Dio Brando, inspire la culture manga grâce à sa personnalité charismatique et sadique. Certaines de ses répliques sont devenues des mèmes.
En bande dessinée
En bande dessinée franco-belge, la série Requiem, chevalier vampire (série en cours 11 tomes, 2000 à 2012) dessinée par Olivier Ledroit et scénarisée par Pat Mills, met en scène un univers gothique très sombre et violent, par opposition à des séries comme Petit Vampire de Joann Sfar, qui jouent sur l'humour198. Le Prince de la nuit (8 tomes), 1994 à 2019, de Yves Swolfs, met en scène un personnage héritier de plusieurs générations de chasseurs de vampires199,200. Le comic 30 Jours de nuit (5 tomes, 2004 à 2010) dépeint la lutte d'un homme et de sa femme contre une horde de vampires201,202.
Dans les jeux
Jeux vidéo
Le mythe du vampire a obtenu une grande postérité dans l'univers du jeu vidéo, et ce dès ses débuts, avec notamment la série de jeux Castlevania (depuis 1986), dont l'intrigue est basée sur le roman de Bram Stoker, Dracula. La série Legacy of Kain (depuis 1996) en est également inspirée203, ainsi que Bram Stoker's Dracula, développé par Traveller's Tales en 1993. D'autres jeux vidéo mettent en scène des vampires, tels The Elder Scrolls IV: Oblivion dans lequel un personnage est atteint de porphyrie204, ou The Elder Scrolls III: Morrowind où il est possible d'incarner un vampire. Darkstalkers est également une série développée par Capcom depuis 1993. Il existe aussi le jeu Dracula : Résurrection, développée par Index+ (1999), suivi du deuxième opus, Dracula 2 : le Dernier Sanctuaire, développé par Wanadoo Édition (2000), et du troisième, Dracula 3 : La Voie du dragon, de Kheops Studio (2008). Deux jeux vidéo sont inspirés du jeu de rôle du même nom : Vampire : La Mascarade - Rédemption (développé par Nihilistic Software, 2000) et Vampire: The Masquerade - Bloodlines (développé par Troika Games, 2004)205. Enfin, A Vampyre Story d'Autumn Moon Entertainment (2008) est inspiré de la nouvelle de John Polidori ; le jeu a reçu un prix pour ses graphismes en février 2009206.
Jeux de rôle
Le jeu de rôle Vampire : La Mascarade (et sa nouvelle version Requiem) ont eu une influence importante sur la représentation sociale moderne du vampire207. Un vampire y est caractérisé, moins par l'humain qu'il fut, que par des données spécifiques à sa nouvelle vie, comme son appartenance à un clan vampirique (par le sang d'un vampire antédiluvien), transmettant un profil psychologique et des pouvoirs particuliers, ou encore par son adhésion à une ligue, secte ou une coterie. Il existe ainsi plus de quinze clans (à la fois familles et factions politiques) et de multiples sectes dans La Mascarade et cinq ligues dans Requiem (une ligue se caractérise par une orientation politique ou spirituelle qui détermine le domaine d'activité privilégié du personnage)[réf. nécessaire].
Il existe aussi le jeu de plateau La Fureur de Dracula. Enquête en Transylvanie (1989, réédité en 2007), qui reprend l'univers de Bram Stoker208
Des personnages vampires apparaissent parmi le bestiaire des plus grands jeux de rôles, tels Le Jeu de rôle des Terres du Milieu, Donjons et Dragons ou encore Warhammer. L'un des mondes de Donjons et Dragons, Ravenloft, qui se fonde sur l'univers de la littérature gothique, introduit le personnage vampire de Strad Von Zarovitch. Dans le monde de Glorantha, les vampires sont des gens qui ont refusé la mort au point de chercher les secrets du dieu fou nommé Vivamort. D'autres jeux de rôle se contentent de réinterpréter l'origine des vampires en fonction de leur vision du monde. Ainsi, L'Appel de Cthulhu fait des vampires des agents plus ou moins conscients des Grands Anciens décrits par l'écrivain américain H. P. Lovecraft.[réf. souhaitée] Un fanzine consacré aux mythes des vampires, Vampire Dark News, propose dans ses rubriques des jeux de rôles209.
Notes et références
Notes
- Ce thème est exploité dans le roman Dracula, où Abraham Van Helsing dépose des hosties consacrées dans les cercueils des vampires afin qu'ils ne puissent s'y réfugier
- Thème originaire entre autres du roman Dracula qui détaille la série de transformations affectant Lucy, contaminée par le vampirisme
- La brume est indissociable du roman d'horreur, entretient la peur et la dissimulation, et fait figure de lien entre le réel et le rêve ou le monde des morts, rappelle Alain Pozzuoli
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- Revenant qui frappe aux portes et provoque la mort de celui qui répond, p. 63-65.
- Revenant identique au frappeur mais qui suce le sang des vivants, p. 65-68.
- Revenant qui dévore les vivants, p. 68-72.
- Revenant qui tue 9 personnes à la suite, généralement de la même famille, p. 72-74.
- Revenant qui se jette sur les vivants lorsqu'ils s'aventurent dans des lieux maléfiques ou incertains (locus incerta), p. 74-75.
- Esprit (mar) qui pèse sur le corps de sa victime endormie et qui lui vole son énergie vitale, p. 75-76.
- Esprit qui étouffe ses victimes, p. 76-78.
- Revenant qui dévore son linceul, p. 78-82.
- Revenant d'animal (chien, cheval, corbeau, chèvre) qui apparaît pour la première fois en 1210, et surtout au XVe siècle en Europe. Il peut aussi s'agir d'une boule de feu voire d'un buisson ardent, p. 82-83.
- p. 24.
- La seule intervention d'un chat a suffi à faire de Johannes Cuntze un vampire, explique Claude Lecouteux qui rappelle que ce motif est au centre de la légende roumaine du strigoi, p. 55.
- p. 111.
- p. 112.
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- Un cas de cadavre nu suspecté de vampirisme concerna une femme de Rhezur, en Pologne, en 1572, p. 117.
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- L'identification par « la lueur semblable à celle d'une lampe mais moins vive » est recommandée par le capitaine L. de Beloz (Hongrie), p. 115.
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- Claude Lecouteux rapporte plusieurs cas de cadavres jugés puis mutilés, y compris modernes, le dernier datant de 1912, en Hongrie, p. 128-130.
- p. 54.
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- Il existait une loi scandinave qui fixait les règles de l'« enterrement sous le pieu » (ou staursetja lik), p. 70.
- p. 78.
- Claude Lecouteux évoque la Chronique de Bohême d'Hajek de Libotschan vers 1370 qui parle d'un cas de mâcheur sévissant dans le village polonais de Klodzki, pendant les ravages de la peste, p. 79.
- p. 80-81.
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Annexes
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Articles connexes
Liens externes
-
Zombie
Groupe de zombies au cours du tournage d'un film.
Créature
Autres noms |
Zombi, Nzumbe, Zonbi |
Groupe |
Créature légendaire |
Sous-groupe |
Mort-vivant |
Caractéristiques |
Corps d'être humain privé de conscience ; agressif (souvent cannibale) et contagieux ; mort-vivant putréfié |
Habitat |
Cimetière |
Proches |
Humain |
Œuvres principales
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Un zombie ou zombi (terme utilisé à l'origine en français, dérivé de zonbi en créole haïtien ; nzumbi, zumbi, vumbi (mvumbi, nvumbi) ou nzambi en kimbundu/kikongo)1,2,3 est une personne fictive ayant perdu toute forme de conscience et d'humanité, au comportement violent envers les êtres humains et dont le mal est terriblement contagieux.
Il trouve ses origines dans la culture haïtienne et sert également à qualifier les victimes de sortilèges vaudous permettant de ramener les morts à la vie ou de détruire la conscience d'un individu afin de la rendre corvéable à merci. Le mot « zonbi » signifie en créole « esprit » ou « revenant ». Il désigne également des dieux esprits de tribus africaines. Depuis le XIXe siècle, les zombies ont ainsi revêtu de nombreuses formes et trouvé un écho signifiant en particulier dans les folklores européens et américains.
Concept
Le terme renvoie à deux types de créatures fantastiques assez différentes. Dans la culture vaudou, le zombie est un mort réanimé et sous le contrôle total d'un sorcier. Cependant, parallèlement à ce type de créature, la culture populaire occidentale qualifie de zombies tous les morts-vivants partiellement décomposés, dépourvus de langage, de raison et souvent de conscience, qui survivent en se nourrissant de la chair humaine des vivants. Dans certaines histoires les zombies sont créés à partir d'une drogue ou d'un virus.
Ces monstres actuellement récurrents dans les histoires d'horreur ont été popularisés par le film La Nuit des morts-vivants (1968). Dans les œuvres de fiction moderne, la notion de zombie tend à s'élargir et à se rapprocher de celle, plus globale, de mort-vivant, désignant toute créature animée en état de mort cérébrale arborant un teint cyanosé ainsi que de larges plaies et cicatrices sur toute la surface de son corps, voire en état de décomposition plus ou moins total. Par là, ils s'opposent notamment aux vampires, qui ont d'ordinaire l'apparence d'humains normaux et ne ressemblent pas du tout à des cadavres (nonobstant la pâleur de leur teint), ainsi qu'aux fantômes, dont l'existence se manifeste sur le plan purement spirituel, et qui sont difficiles à percevoir pour les vivants.
Une nuance importante doit cependant être faite entre deux conceptions de ce type de zombie. La première, qui est aussi la plus ancienne, désigne des cadavres de revenants, souvent ressuscités par l'intermédiaire de sciences occultes et manipulés par un sorcier. La seconde, plus récente, désigne des personnes décérébrées contaminées par une maladie ou un élément chimique, lesquels leur donnent l'apparence de morts-vivants pourrissant debout, donc dépourvus d'intelligence et recherchant continuellement la chair des vivants. Leur état est mieux explicable médicalement, mais ils sont souvent davantage incontrôlables4, et surtout, bien plus nombreux : en général, les fictions mettent en scène une poignée de héros face à des hordes innombrables de zombies.
Par extension, le terme peut également désigner quelqu'un ayant l'air absent, amorphe au point de se demander s'il n'est pas plus mort que vivant5.
Afrique et vaudou
Afrique de l'Ouest
Lors des déportations, les esclaves originaires d'Afrique ont amené avec eux leurs croyances. Bien que le vaudou tel que pratiqué en Afrique soit limité originellement à l'Ouest du continent, le vaudou pratiqué par les esclaves exilés est un syncrétisme de différentes religions comme le catholicisme et croyances insulaires et africaines.
On retrouve de nombreux noms à consonance proche dans les croyances africaines, selon les ethnies et les pays, pour désigner divers esprits, démons ou revenants : Mvumbi et Nsumbi (région du Congo), Ndzumbi (Mitsogo du Gabon), Nvumbi (Angola), Nzambi et Zumbi (Kongos), bibi ou bi zan zan (Ewes et Mina)6.
Afrique du Sud
Dans les croyances d'Afrique du Sud, la notion de zombie au XXe siècle recouvre l'idée d'esprit prisonnier d'une sorcière qui le force à travailler7.
En Haïti et dans les Antilles
Le concept de zombie a pris une grande importance dans la culture haïtienne8. Il est non seulement lié aux racines africaines, mais également à l'esclavage et à l'oppression dans l'ile8.
La première mention connue du terme « zombi » dans les Antilles est faite dans l’œuvre de Pierre-Corneille Blessebois, en 1697, Le Grand Zombi du Pérou, ou La comtesse de Cocagne. Dans ce roman autobiographique, faisant référence à sa période à Basse-Terre, en Guadeloupe, la figure du zombie est essentiellement un esprit mauvais, être désincarné9.
Légendes urbaines et recherches scientifiques
En 1937, l’écrivaine et folkloriste américaine Zora Neale Hurston s'est rendue en Haïti pour enquêter sur le cas de Felicia Felix-Mentor, décédée et enterrée en 1907 mais dont on racontait qu'elle errait encore trente ans plus tard sous la forme d'un zombie. L'écrivain conclut son enquête en affirmant que les cas de zombies ne sont que des personnes sous psychotropes, privées de leur volonté, et non des morts-vivants10.
Dans le vaudou haïtien, le zombie est une personne victime d'un bokor (prêtre vaudou), plongée dans un état cataleptique et privée de son âme par administration d'une puissante drogue à base de tétrodotoxine11. La victime, qui passe pour morte, est ensuite enterrée ; au bout d'un certain temps (moins de 24 heures sous peine de mourir d'anoxie), le sorcier revient déterrer le corps de sa victime « à ressusciter » tout en récitant diverses formules magiques. Extrait de sa tombe, on lui administre aussitôt, puis encore le lendemain, une pâte ou un liquide à base d'atropine ou de datura12, antidote qui élimine les effets du poison et le fait sortir de sa léthargie13. Puis on lui donne une drogue hypnotique qui rend la victime amnésique et la réduit en esclavage, cet état étant facilité par les lésions cérébrales hypoxiques dues à la consommation de l'oxygène dans le cercueil. La tétrodotoxine ayant détruit leurs fibres nerveuses sensitives, certains zombies rendus insensibles aux petites blessures ont des muqueuses nécrosées (comme la langue ou le voile du palais, ce qui leur donne une voix caverneuse)14,15.
La drogue est à base de tétrodotoxine, un poison puissant que l'on retrouve dans le tétraodon (poisson-ballon, le fufu haïtien ou fugu japonais), et elle est administrée sous forme de liquide à ingérer ou par contact avec la peau sous forme de poudre (placée notamment dans les chaussures ou à l'intérieur des vêtements, cette poudre est associée à une substance urticante du type venin de crapaud pour que la personne se gratte et que la poudre pénètre la peau)16. En Haïti, on parle de « recevoir un coup poudre ». Elle donnerait à la victime toute l'apparence d'un mort par un arrêt complet apparent des fonctions vitales (état de catalepsie), tandis que le sujet resterait conscient et continuerait d'entendre ce qui se passe autour de lui. Selon les sources17, le poison aurait un effet limité dans le temps ou pourrait être annulé avec un antidote. Cette pratique, courante en Haïti et au Bénin, est interdite, mais elle perdure néanmoins, le vaudou étant une pratique chez les descendants des esclaves d'origine africaine (en réalité, le vaudou vient des croyances de certaines tribus/castes africaines qui se sont répandues et déformées par l'acculturation d'un christianisme dominant en Amérique et la violence de l'esclavagisme négrier, croyances qui étaient d'ailleurs elles-mêmes rejetées à l'origine par d'autres tribus/castes africaines voisines : il s'agit d'une « magie » se voulant maléfique et, en Afrique, cachée, car représentant des « valeurs décadentes » pour la majorité des Africains bien avant l'arrivée des Européens18).
Clairvius Narcisse est une victime de la « zombification » qui a pu témoigner. Jusqu'au XIXe siècle planait la peur, dans les populations d'Europe centrale, d'un retour des morts ; c'est pourquoi lors de la veillée des morts, il était courant d'assommer le mort supposé si celui-ci se levait du lit de mort. Étant donné que les méthodes pour constater la mort étaient très incertaines, cette pratique était très fréquente[Interprétation personnelle ?].[réf. nécessaire]
En 1997, Littlewood et Douyon publient un article intitulé Clinical findings in three cases of zombification et paru dans The Lancet19 indiquant "Zombis are frequently recognised by the local population, and estimates of their number are of the order of up to a thousand new cases per year", sourcé par «L P Mars, personal communication».
Dans un article de 2008 intitulé Zombies and Tetrodotoxin et paru dans le Skeptical Inquirer, Terence Hines déconstruit le rôle de la tetrodotoxine20. Il explique comment la croyance que la tétrodotoxine présente dans des «poudres à zombie» provoquerait la zombification a pour la première fois retenu l'attention du public en 1985 dans le livre intitulé The Serpent and the Rainbow de Wade Davis. Ce dernier décrit ses voyages à Haïti, son introduction à la culture Haïtienne et ses tentatives de se procurer une poudre qui permettrait de transformer les gens en zombies. Hines affirme que le livre de Davis est un excellent exemple de touriste crédule escroqué par des arnaqueurs locaux et que le livre est rempli d'absurdités scientifiques. Hines explique aussi que plusieurs échantillons de «poudre à zombie» fournies par Davis ont été analysées en 1986 par Kao et Yasumoto. Ceux-ci n'ont trouvé que des traces insignifiantes de tétrodotoxines dans les échantillons et en ont conclu que l'affirmation largement véhiculée par les journaux non spécialisés ("lay press") que la tétrodotoxine était un agent de la zombification n'avait pas de fondements factuels.
Les « revenants » dans l'imaginaire occidental
Le Dit des trois morts et des trois vifs, miniature du
Maître d'Édouard IV, tirée d'un livre d'heures du
XVe siècle : des morts-vivants putrescents mais agressifs.
La conception la plus courante du zombie dans les œuvres de fiction contemporaine, à savoir le cadavre partiellement décomposé qui se nourrit de chair humaine, ne dérive pas du folklore vaudou, mais d'une vision des morts-vivants qui hante depuis longtemps l'imaginaire occidental et s'est manifestée avec une force particulière à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance, soit bien avant l'apparition du cinéma.
La croyance aux revenants s'est développée parmi les hommes dès que ces derniers ont pris conscience de la mort et ont commencé à concevoir une existence après le trépas.[réf. nécessaire] Contrairement à une idée couramment reçue, la distinction entre les morts-vivants purement matériels et les morts-vivants spirituels (les fantômes) était beaucoup moins nette qu'elle ne l'est aujourd'hui parmi les peuples de l'Antiquité et du Moyen Âge. Dans l'imaginaire des Occidentaux d'autrefois, les spectres ne ressemblaient pas forcément à des hommes vivants, mais pouvaient au contraire avoir l'allure de cadavres. D'après l'écrivain Lucien de Samosate, qui vécut au IIe siècle après Jésus-Christ, les Grecs et les Romains se représentaient parfois les revenants hantant les cimetières comme des squelettes ranimés couverts de robes noires21. Un conte traditionnel breton recueilli par Anatole Le Braz à la fin du XIXe siècle relate l'histoire d'un fossoyeur brisant par mégarde la poitrine d'un mort en creusant une tombe. La nuit tombée, le cadavre du défunt lui rend visite dans sa maison, afin de lui reprocher amèrement son acte, et, dans le but de l'impressionner davantage, il lui montre sa poitrine. Celle-ci n'est plus qu'une bouillie verdâtre où émergent des fragments de côtes cassées22. Le revenant semble donc en pleine pourriture, il est manifestement davantage matériel que spirituel. À travers ces croyances folkloriques de la vieille Europe, on voit donc déjà apparaître l'image du zombie telle que la développeront les films d'horreur à partir de La Nuit des morts-vivants.
Hans Baldung Grien, Le Chevalier, la jeune fille et la Mort : une scène d'horreur proche de celles des films modernes.
Au XIVe siècle, à l'occasion de la forte mortalité engendrée par la grande épidémie de peste de 1348, cette figure populaire du revenant fut récupérée par la peinture dans le cadre des danses macabres et des nombreuses illustrations du Dit des trois morts et des trois vifs (légende racontant la rencontre inopinée de trois jeunes seigneurs avec trois morts-vivants plus ou moins putréfiés)23. À l'origine, il s'agissait d'inciter les gens, par le spectacle de la pourriture et de l'horreur du cadavre, à se détourner des biens terrestres et à embrasser un idéal moral plus ou moins inspiré du renoncement ascétique des moines. Cependant, à partir du XVe siècle, ces peintures et ces dessins macabres se détournèrent de plus en plus de leur but initial et ils se mirent surtout à illustrer des histoires de revenants, sans véritable intention moralisatrice ou religieuse24.
Aux alentours de 1497, Albrecht Dürer exécuta une gravure intitulée Incabus ou Femme attaquée par la Mort. Cette dernière représente un cadavre animé barbu, commençant à se décomposer, qui agresse une femme épouvantée et tente de soulever sa robe25. Dürer grava aussi une représentation du Dit des trois morts et des trois vifs où les trois revenants sont des cadavres putrescents qui, au lieu de donner une simple leçon de morale aux trois jeunes seigneurs, les renversent violemment de leurs chevaux et tentent de les tuer26. L'un des plus importants disciples de Dürer, Hans Baldung Grien, s'engagea dans la même veine morbide et il n'hésita pas à surenchérir dans les saynètes macabres. Dans l'un de ses tableaux intitulé Le Chevalier, la jeune fille et la Mort, actuellement conservé au musée du Louvre, il montre un chevalier essayant de soustraire une infortunée jeune fille aux griffes d'un horrible cadavre presque entièrement pourri, dont la chair des membres tombe en lambeaux tandis que son ventre ouvert laisse échapper des entrailles noirâtres. Malheureusement, en dépit de ses efforts, le revenant lui arrache sa bien-aimée en mordant sa robe avec hargne, comme s'il voulait la dévorer. On se trouve donc en présence d'une scène d'épouvante exactement comparable à celles des films de zombies contemporains, d'autant plus qu'on ne peut savoir si le cadavre ranimé est la Mort ou seulement un mort : en effet, il ne possède pas les attributs ordinaires de la Camarde, à savoir la faux, la lance ou le sablier. Dans le même registre, Hans Baldung Grien exécuta aussi une toile intitulée La Mort et la Femme. Une femme est aperçue nue et potelée agressée par un effroyable cadavre en pleine pourriture et au visage réduit à une tête de mort, lequel la mord au menton et s'apprête visiblement à la manger. Là encore, il est clair que Baldung Grien a donné à son œuvre deux significations : le revenant peut être la Faucheuse, mais ce peut être aussi un mort-vivant ordinaire qui attaque simplement une victime innocente.[réf. nécessaire]
Dans l'art macabre de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance, on pourrait signaler d'autres peintures dans le même style. Le Triomphe de la Mort de Brueghel l'ancien, par exemple, représente l'invasion du monde par une armée de revenants surgis de leurs tombes et conduits par la Camarde elle-même. La plupart d'entre eux sont des squelettes ranimés, mais on peut aussi apercevoir dans leurs rangs des cadavres à moitié pourris, encore recouverts de chair ou de peau parcheminée. Sous la direction de leur terrible reine, ils massacrent tous les vivants qu'ils trouvent devant eux. Cette œuvre ne possède pas de vraie dimension religieuse : Dieu en est absent, tout comme la perspective chrétienne de la résurrection de la chair27. On a l'impression que l'artiste s'est juste livré à une rêverie sur le destin de la terre si cette dernière devait affronter la brusque réanimation des défunts dormant dans les cimetières. Par là, Brueghel a véritablement annoncé le thème majeur de multiples films de zombies réalisés depuis 1968 : la conquête de la terre par des revenants qui déciment les vivants.[réf. nécessaire]
Comme il peut être constaté28, l'imagination populaire occidentale contient depuis très longtemps des créatures analogues aux zombies des films d'horreur modernes. Ces derniers ont abondamment puisé dans ce fonds folklorique, bien plus que dans les croyances liées au vaudou. Il convient toutefois de noter que les historiens de l'art n'emploient pas le terme de zombie pour désigner les morts-vivants putréfiés mis en scène par l'art macabre de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance. En effet, cette notion leur paraît anachronique et ils préfèrent parler de « transis »29. Néanmoins, de par leur évidente parenté avec les monstres représentés par George A. Romero et ses successeurs, on peut déjà les considérer comme les ancêtres des zombies des films d'horreur réalisés à partir de la fin des années 1960.
Dans la culture populaire et la fiction
C'est lors de l'occupation d'Haïti par les États-Unis de 1915 à 1934 que le personnage du zombie a été introduit dans le patrimoine culturel américain.
Dans l'imagination populaire et les œuvres fantastiques (notamment les romans, les productions cinématographiques et les jeux vidéo), le zombie est considéré comme une créature fantastique morte-vivante « levée » par des magiciens dotés d'un savoir dans les arcanes de la nécromancie. En effet, la croyance haïtienne concède aux sorciers un vrai pouvoir de ressusciter les morts pour les rendre esclaves. Selon cette même croyance, le zombie est censé se reconnaître par les caractéristiques suivantes :
- il ne parle pas, mais émet des gémissements ;
- il se nourrit de chair vivante ;
- ses capacités cognitives sont altérées ;
- il a les yeux blancs ou rouges ;
- son organisme commence à se décomposer lentement, ce qui provoque une peau blafarde ou pourrie, une odeur atroce, des os et muscles plus fragiles;
- des blessures mortelles et des plaies ouvertes sont visibles sur son corps, il boite fréquemment d'une jambe.
Cependant, le thème du mort animé par la magie est de moins en moins fréquent : le climat de psychose d'une guerre biologique et la volonté de réalisme des spectateurs, lecteurs et joueurs ont généralisé le concept de l'humain bien vivant mais infecté par un virus (souvent par la morsure d'un autre zombie) attaquant son cerveau, lui faisant perdre toute humanité et le poussant à se nourrir de chair humaine.
Depuis 2010, l'Université de Baltimore propose un cours sur les zombies dans le cadre d'une formation sur la culture pop30,31.
Constantes et différences entre auteurs
Statue de zombie, Phoenix Comicon (Phoenix, Arizona).
L'apparition du « zombiisme », sa potentielle transmission, les caractéristiques des zombies et leur destruction diffèrent largement selon les auteurs. Techniquement, un zombie correspond à un mort revenu à la vie. Lorsque l'origine virale est utilisée, il s'agit techniquement de contaminés, non de zombies.
Ainsi, bien que la pandémie virale soit fréquemment utilisée, il n'existe aucune règle concernant l'apparition du phénomène. En général, les auteurs, comme Romero ou Kirkman, n'expliquent pas son apparition. Un polluant (Dance of the Dead), une arme chimique (Resident Evil, Flight of the Living Dead), une malédiction ou un tour de sorcellerie (Dead Snow), un phénomène astrophysique (Un horizon de cendres) ou un virus (28 jours plus tard, Zombieland) sont les origines les plus fréquentes.
Selon l'origine et l'auteur, plusieurs caractéristiques vont différer :
- le retour à la vie des morts décédés bien avant l'apparition du phénomène est assez rare, et n'est pas possible dans de nombreux scénarios. Dans Un horizon de cendres en revanche, Serge Gainsbourg ou encore un légionnaire romain reviennent à la vie.
- l'aspect (couleur, décomposition), les capacités physiques (sens, force, vitesse) et le mental (souvenirs, réflexes, utilisation d'armes ou d'outils, communication) des zombies varient du tout au tout, y compris au sein d'une même franchise. Chez Romero seul par exemple, les zombies sont lents dans les films originaux, rapides dans les remakes, Big Daddy utilise des outils et communique avec les autres zombies dans Le Territoire des morts, tandis que Bub (Le Jour des morts-vivants) réalise le salut militaire et diverses opérations de domestication.
- devenir un zombie, qui peut être réalisé par contamination (cas de virus), soit, plus fréquemment, de manière inéluctable après la mort, que l'on ait été mordu ou non. Chez Romero ou Kirkman, si la morsure ne transforme pas en zombie, elle entraîne en revanche toujours la mort, qui elle permet la réincarnation en zombie.
- la vitesse de zombification, ou de mort à la suite d'une morsure, va de quelques secondes à plusieurs jours. Selon les besoins du scénario, la mort et/ou la transformation varient au sein d'une même œuvre.
- certains zombies dévorent leurs victimes, là où d'autres se contentent des entrailles ou du cerveau. Certains zombies se dévorent entre eux, mais c'est assez rare. Chez Marvel Zombies de Kirkman, le zombie d'Iron Man explique que les autres zombies ont un goût répugnant, ce qui empêche les zombies de s'attaquer les uns les autres.
- la manière de tuer un zombie diffère largement là aussi, mais la plupart des auteurs se retrouvent autour de la destruction du cerveau (balle dans la tête, pour le plus fréquent). La décapitation est bien souvent dangereuse, car si le corps devient inoffensif, la tête reste active et continue à mordre. Le feu, le manque de nourriture, parfois même l'eau bénite sont autant de méthodes parfois utilisées. Les zombies de Russo en revanche ne peuvent être combattus que par arme nucléaire.
- chez Max Brooks (World War Z), on apprend que le froid intense (fortes gelées ou froid persistant des zones polaires ou péri-polaires) aurait un effet inhibant sur les zombies. En effet les zombies gèlent par grand froid. Le danger est que ça leur permet d'être « conservés » pendant des années, voire des décennies, et aboutir sur une nouvelle épidémie en cas de dégel.
Littérature
Le monstre de Frankenstein est probablement le mort-vivant le plus connu de la littérature, et dont l'origine se rapproche le plus du zombie vaudou. Cependant, il demeure trop intelligent et autonome pour remplir les critères du zombie, sans compter que son corps n'est pas constitué d'un seul cadavre précis. En 1922, dans sa nouvelle Herbert West, réanimateur, l'écrivain américain Howard Phillips Lovecraft décrit des corps morts mus par des procédés scientifiques qui deviennent des créatures violentes, taciturnes et incontrôlables32. Ces caractéristiques ne sont pas sans évoquer les zombies de Romero qui apparaîtront quelques décennies plus tard. L'auteur avouera dans ses lettres avoir souhaité faire de ce récit une parodie du Frankenstein de Mary Shelley et décrit des scènes violentes et macabres à dessein.
Un des premiers romans traitant de l'invasion des morts-vivants est Je suis une légende (1954) de Richard Matheson, où le héros Robert Neville dernier homme sur terre s'est donné pour mission de « tuer » des créatures présentant toutes les caractéristiques des vampires et de chercher en même temps, autant que faire se peut, un remède à la pandémie qui a provoqué ce phénomène. La nouvelle de 1959 Vous les zombies de Robert A. Heinlein peut aussi être considérée comme une des premières allusions aux zombies même si elle traite essentiellement de voyage dans le temps plutôt que d'horreur avec des zombies. L'auteur Max Brooks est connu comme le maître de littérature contemporaine de zombie. Il a écrit deux livres sur les zombies. Son premier livre, The Zombie Survival Guide: Complete Protection from the Living Dead est un guide de survie à une épidémie de zombies33. Son deuxième livre, World War Z, est une histoire fictive de pandémie de zombies.
Parmi les livres sur les zombies, on trouve différents types de littérature. D'abord les livres classiques sur le thème, avec une description de la propagation du virus ou avec la situation post-apocalyptiques où l’on suit les survivants non-contaminés. Par exemple : Chroniques de l'Armageddon de J. L. Bourne, Homeland of the Dead de Craig DiLouis. Apocalypse Zombie de Jonathan Maberry, Vivants d'Isaac Marion (Warm Bodies en est l'adaptation cinématographique). L'auteur J. K. Rowling a utilisé le concept des zombies dans le livre de fantasy jeunesse Harry Potter et le Prince de sang-mêlé et leur a donné le nom d'« inferi » — bien que les zombies existent aussi dans cet univers. On trouve beaucoup de romans qui combinent histoire de zombie avec histoire d’amour ou humour : J'ai embrassé un zombie (et j'ai adoré) d'Adam Selzer, Zombie Thérapie. Un Cerveau pour Deux de Jess Michaels, ou Zombie Business du même auteur. D'autres livres parodient parfois des classiques de la littérature en les transposant dans un monde infesté de zombies. Orgueil et Préjugés et Zombies (2009) adapte le roman de Jane Austen Orgueil et Préjugés (1813) au thème zombie. On retrouve alors la famille Bennet qui combat l’invasion des morts-vivants dans l’Angleterre du début du XIXe siècle.
Bande dessinée et manga
Robert Kirkman, un américain fan de Romero, a lancé en 2003 une série de comics intitulée The Walking Dead, illustrée par Tony Moore et publiée par Image Comics. La série narre les péripéties d'un groupe de personnes essayant de survivre dans un monde peuplé de zombies. Les comics ont été adaptés en série télévisée sur la chaine câblée américaine AMC en . En 2003 également, Jerry Frissen et Guy Davis (comics) ont lancé Les zombies qui ont mangé le monde, qui se différencie par son ton de comédie burlesque. Dans leur univers, les zombies ne sont pas méchants mais les vivants doivent cohabiter avec eux. Également, le premier tome au un titre évocateur : Roulette, zombies et canon scié de la série américaine Remains, de Steve Niles et Kieron Dwyer, est distribuée en France en 2005. Zombie Higwhay, de Jason Pell et Roberto Viacava est aussi sorti en France chez Wetta.
Pierre-Yves Gabrion publie par ailleurs chez Casterman la série Scott Zombi. Le collectif français Undead publie un blog BD collectif regroupant des planches sur les zombies, le ZombiBlog. Un autre titre à découvrir, Cryozone, place de façon très originale la thématique d'une poignée de survivants qui luttent contre une horde de morts-vivants, tous coincés dans la froide carlingue d'un vaisseau spatial, perdu aux confins de l'univers. Le manga Highschool of the Dead centre également son histoire sur une invasion de zombies à laquelle doivent survivre un groupe de lycéens. Depuis 2010, Olivier Peru scénarise une série Zombies avec Sophian Cholet et Lucio Leoni au dessin, aux éditions Soleil Productions. Par ailleurs, peuvent être cités les Marvel Zombies, des aventures siégeant dans le monde de Marvel, où l'une des réalités alternatives (comprenant tous les héros de Marvel) est assaillie par des zombies, le mal se répandant aux personnages dotés de super pouvoirs, ces derniers deviennent des super-zombies qui finissent par décimer le monde avant de s'en prendre à la Terre 616.
Dans plusieurs pays, le thème des zombies est décliné : Zombistan de Cem Özüduru en Turquie (2009), ou [REC] Historias inéditas de Jaume Balagueró et Paco Plaza, dans la lignée de leurs films, accompagnés de dessinateurs espagnols ou sud-américains34.
Certains mangas se mettent à traiter le sujet des zombies, notamment Highschool of the Dead de Daisuke Satô ou Fortress of Apocalypse d'Yû Kuraishi et Kazu Inabe où respectivement des lycéens et des jeunes en redressement font face à une épidémie de zombies et tentent de survivre tant bien que mal à ces hordes. Une autre BD mélange le monde des zombies à celui du Rockabilly dans un style humoristique Rockabilly Zombie Superstar : dans le sud des États-Unis, zombies et humains cohabitent jusqu'à ce que Billy Rockerson, fan d'Elvis, se fasse mordre. Ce mélange entre zombie et Rockabilly est devenue commun avec l'arrivée du psychobilly (Rockabilly plus trash, punk, et mêlant l'« horror » au son des fifties).
Audiovisuel
De nombreux films d'horreur ont pour thème les zombies, comme L'Emprise des ténèbres (The Serpent and the Rainbow, 1987) de Wes Craven. Mais c'est George A. Romero qui a le plus marqué son empreinte sur ce thème, à travers sa saga des zombies. Les zombies constituent dans ses films un « corps social uni » en opposition aux humains qui « basculent dans le cynisme et dans une brutalité destinée à les préserver »35. La désignation « à la Romero »36 est parfois restée pour parler des zombies « classiques », lents, dépourvus d'intelligence et en fort état de délabrement.
I walked with a zombie est un film réalisé en 1943 par Jacques Tourneur et dont l'ambiance angoissante fonctionne comme la magie vaudou. De nombreux films d'horreur ayant pour thème les zombies ont mis de côté l'aspect vaudou.
Au début du XXIe siècle, le petit écran accueille aussi une nouvelle génération de séries télévisées basées sur le phénomène zombie : The Walking Dead, Death Valley, Dead Set, In the Flesh, Z Nation… Certaines de ces séries TV reprennent de manière classique le thème des zombies, en montrant les survivants après l’apocalypse (The Walking Dead, Z Nation…).
D’autres séries incluent des éléments spécifiques, comme In the Flesh où un remède a été découvert. Les morts-vivants peuvent alors essayer de réintégrer la communauté des vivants, en se maquillant pour dissimuler leur teint blafard, ou en portant des lentilles de contact… Dans la série Les Revenants, des personnes réapparaissent soudainement alors qu’elles étaient mortes depuis quelques années.
Jeux vidéo
On retrouve les zombies dans deux grands types de jeux vidéo : Survival horror et fantastique. Des séries comme Resident Evil37, The House of the Dead38 et récemment Left 4 Dead39, ou encore plusieurs jeux de la série Call of Duty ont réutilisé le thème du zombie, l'installant ainsi dans le paysage vidéo-ludique. Les jeux vidéo mettent en scène des zombies le plus souvent sous forme d'ennemis (Zombies ate my neighbors, Resident Evil) à combattre mais aussi de héros à diriger. Dead Rising, qui peut également être cité, dont la situation initiale (un groupe de survivants enfermés dans un centre commercial) est très probablement inspirée du film Zombie (Dawn of the Dead, 1978) de George A. Romero. Stubbs the Zombie in Rebel Without a Pulse est un jeu vidéo où l'on incarne un zombie dans une ville américaine retro-futuriste qui ressemble au futur qu'on imaginait dans les années 1950. Dans le jeu Half-Life, les zombies sont des êtres humains contrôlés par une espèce parasite appelée « Crabe de tête » de taille conséquente et facilement visible, et non pas par un organisme invisible comme il est question dans la majorité des jeux vidéo.
Le jeu web Hordes, développé par Motion-Twin et sorti en 2008, surfe sur cette vague et propose au joueur d'incarner un citoyen d'une ville luttant pour sa survie contre les assauts de zombies.
Le jeu Minecraft met en scène des ennemis tirés de l'imaginaire collectif, tels les zombies qui sont ici des ennemis de faible niveau, lents, vulnérables au feu et combattant uniquement au corps à corps, mais également des cochons-zombies beaucoup plus à craindre, car disposant d'épées en or, ignifuges et pouvant, par leur nombre, créer un effet de saturation. Cependant, ils sont neutres jusqu'à ce qu'on attaque l'un d'entre eux.
S'inspirant de ces derniers ainsi que de Dead Rising, Dead Island place en 2011 le joueur sur une île paradisiaque infestée de morts-vivants. La console Wii de Nintendo n'est pas en reste non plus avec un titre de rail shooter : le très cinématographique The House of the Dead: Overkill[réf. nécessaire]. ZombiU accompagne la sortie de la Wii U de Nintendo. Dans les jeux Mass Effect (série de jeux vidéo), les zombies sont des êtres humains ayant été changé en monstres agressifs et décérébrés, attaquant le joueur au corps à corps, ils sont produits en masse parmi les innombrables victimes des Moissonneurs, et servent plus de chair à canon que de soldats. Le processus de zombification est rapide : l'injection de nanites remplace très vite les organes vitaux de la victime par des éléments synthétiques.
Certains jeux fantastiques mettent en scène des zombies médiévaux ; on peut notamment citer Heroes of Might and Magic volet de jeux dans un univers fantastique.
Une application gratuite a été ajoutée sur Facebook (parmi d'autres, comme Zombie lane et Zombie Online), qui permet aux utilisateurs d'apparaître sous forme de Zombie, de mordre d'autres personnes, et de se constituer une armée de plus en plus puissante. L'objectif est de monter dans la pyramide sociale des Zombies.
Malgré cette apparence souvent très prédatrice et maléfique des zombies, certains jeux tirent leur épingle du jeu en mettant en scène des zombies complètement stupides et burlesques (Plants vs. Zombies ou Lollipop Chainsaw et ou Stubbs The Zombie in Rebel Without a Pulse ) et même certains jeux proposent carrément de « cultiver » ses zombies comme le jeu sur téléphone et tablettes d'Apple Zombie Farm40.
Jeux de rôle et de plateau
Jeu de plateau Zombies!!!
Jeu de plateau Last Night on Earth : The Zombie Game.
Les zombies et autres morts-vivants sont énormément utilisés dans le domaine du jeu de rôle, faisant office d'ennemis peu puissants. Des jeux tels que Dungeons & Dragons ainsi que Warhammer Fantasy Roleplay voient les zombies comme des êtres sans âmes ni libre arbitre, contrôlés par des nécromanciens. Il existe beaucoup de variantes, telles que des zombies frénétiques, goules et autres morts vivants dotés d'une intelligence propre avec des buts précis.
Il existe des jeux de rôles basés uniquement sur les zombies, comme Zombies, Zombi, Z Corps, Enter the Zombie, Imputrescibles ou Blood and Brains et All flesh must be eaten.
Les jeux de société ont vu apparaitre des zombies dans les années 2010, basé sur différents modèles de ces créatures voire sur des récits précis issus de la littérature ou du cinéma. Les auteurs du jeu Zombie !!!, édité par l'éditeur américain, Twilight Creations Inc., ont été influencés par les films de zombies tel que ceux de G. Roméro. Zombicide, sorti en 2012 et édité par Guillotine Games et CoolMiniOrNot est inspiré par la série The Walking Dead. Les différentes « saisons du jeu » reprennent des moments forts de l’histoire (tel que les rues d’Atlanta, la prison …). C’est un jeu collaboratif dans lequel les joueurs incarnent un survivant. Ils doivent exploiter leurs talents et travailler en équipe pour affronter et massacrer des hordes de morts-vivants.
En 2006, les éditions Asmodée (Zombies) et Nekocorp (Les Morts aux trousses) ont sorti en France des jeux de plateau entièrement tournés autour du personnage du zombie41. En 2014 la société Z-First Impact Compagnie a sorti le jeu de plateau, avec une option de réalité augmentée, Z-First Impact dans lequel les joueurs doivent survivre dans un territoire également infesté (de zombies mutants, sur le même mode que dans Left 4 Dead ou encore résident Evil)
Musique
Michael Jackson a connu un succès mondial avec le clip de son titre Thriller. Dans ce court-métrage durant près de 14 minutes, réalisé par John Landis, Michael Jackson se retrouve aux prises avec des morts-vivants, devient lui-même un des leurs avant d'exécuter une chorégraphie avec les zombies. Il explique dans une interview qu'il était intéressé par le défi représenté par l'idée de faire danser un ou plusieurs zombies, ce qu'il parvint à faire par une gestuelle incluant un mouvement d'épaule mécanique qu'il inventa.
Le groupe irlandais The Cranberries s'est fait connaitre avec sa chanson Zombie en 1994. Chanson contestataire sur le conflit nord-irlandais, le mot « zombie » est psalmodié par la chanteuse lors du refrain.
Zombie, est le titre d'une chanson de Féla Kuti, publiée dans l'album du même nom, de Fela Kuti & Africa 70 en 1976. Par l'entremise de la figure du Zombie, cette chanson Afrobeat critique les militaires, ce qui entrainera des représailles pour l'artiste : « Le zombie ne pense que si on lui dit de penser42. »
Le chanteur belge Saule monte en 2015 une comedie musicale intitullée Zombie Kids. La musique en est publîée en 2019.
Radio
En 2013, le site de podcast français ArteRadio met en ligne une fiction expérimentale, Dead Meat43, réalisée sur le thème par Marine Angé.
Marche des zombies
Les marches des zombies (de l'anglais zombie walk), apparues en 2005, sont des manifestations publiques, généralement en milieu urbain, au cours desquelles les participants sont grimés en zombies. Les marches des zombies sont la plupart du temps organisées dans un but purement récréatif, mais peuvent également être prétexte à soutenir, sur un mode humoristique, des revendications diverses.
Notes et références
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Voir aussi
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- zombi, sur le Wiktionnaire
Articles connexes
Bibliographie
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Liens externes