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Catégorie : Emulateurs-Simulateurs-Consoles
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Free party

 
 
Espace de repos, habituellement installé à côté des sound system et appelé « chill-out »

Une free party (plus communément nommée « free », « teuf », ou « tawa » par les participants, selon les régions et les générations) est une réunion festive organisée par un collectif de bénévoles appelé Sound System, durant laquelle sont diffusées des musiques électroniques (Tekno et Trance majoritairement). Au delà de la composante musicale qui est essentielle et tout à fait caractéristique, ces fêtes promeuvent une idéologie et des valeurs de liberté, de partage et d'autogestion.

La motivation des organisateurs peut aller du simple plaisir de partager ses musiques originales au militantisme politique. Il existe un lien fort entre les ZAD, les squats, les modes de vie alternatifs et altermondialistes, la culture punk et les idéologies d'extrême gauche (notamment l'anarchisme), et les teufs.

De par la structure même de ces fêtes qui se veulent totalement libres, elles ne bénéficient pas de cadre constant. Le plus souvent elles adoptent néanmoins un schéma horaire type : début en fin de soirée, aux alentours de 23h, puis prolongation jusqu'au lendemain, lorsque les danseurs décident de s'en aller, entre 13h et 17h le plus souvent. Ce schéma est pourtant protéiforme, notamment dans le cadre de Teknivals ou de multi-sons, qui sont des variantes de la free-party en terme d'organisation et d'importance, mais qui peuvent durer plus longtemps.

Dans l'univers de la vie nocturne et festive, ces rassemblements tiennent une place toute particulière et se distinguent par des spécificités qui les corrèlent sans qu'elles ne soient liées les unes aux autres. Illégalité (et militantisme en faveur de sa légalité), cadre (naturels, abandonnés, éloignés des centres urbains ...), et une dimension « secrète » (seuls les initiés peuvent-y aller, et il est interdit de diffuser l'évènement sur les réseaux sociaux, contrairement à la plupart des soirées destinées au grand public, mais tout le monde y est accepté, sans sélection sur le physique par exemple).

L'engouement pour les teufs est tel qu'il a influencé d'autres soirées, légales, essayant de reprendre les codes de celles-ci, mais dans un cadre légal (les soirées Possession par exemple, à Paris).

Par définition les teufs peuvent exister partout dans le monde (il suffit d'installer un système de sonorisation n'importe où dans un champ), mais on les retrouve principalement en Europe occidentale. Elles ont très peu évolué dans leur forme depuis les années 90.

Ces fêtes peuvent être organisées en zones autonomes dans lesquelles des personnes se dictent parfois des règles (interdiction de jeter les mégots par terre, par exemple). La sonorité est assez élevée devant le sound system (système de son) qui s'érige sous forme de « mur de son ». Le nombre de décibel que ce mur va générer et ses dimensions sont des éléments clefs qu'il est important de préciser lors de l'annonce de la teuf. Plus le sound-sytem sera important, plus la teuf aura d'importance et attirera de monde. Le terme de free dans ce contexte est utilisé ou bien pour décrire l'absence supposée de restriction et de règle gouvernementale ou bien le prix d'entrée sur donation libre (le système du troc et du partage sont mis en avant).

Ces rassemblements non réglementés peuvent provoquer des nuisances notamment à l'environnement naturel (dégâts écologiques), des nuisances sonores et des atteintes au droit de propriété.

Présentation

 
Free party à Cahors.

Une free party est habituellement organisée dans une zone autonome temporaire (Z.A.T.). C'est un lieu dans lequel des organisateurs (sound system) « posent » du matériel de sonorisation (« son ») pour le faire écouter aux participants. L'installation d'une free party ne se limite pas au système de sonorisation, qui est souvent accompagné d'un bar improvisé et éventuellement d'un espace de repos désigné sous le nom de « chill-out » où l'on trouve souvent des brochures de prévention notamment sur les drogues, la sexualité, la perte d'audition due au bruit.

Le lieu — inhabituel pour une soirée: champs, forêts, massifs, grottes, bâtiments désaffectés — est tenu secret jusqu'au commencement de la fête. Les organisateurs mettent souvent en place une infoline (répondeur interrogeable à distance avec un code communiqué sur le tract de la free party) voire assez rarement depuis 2000 le numéro téléphonique d'un Disc jockey qui indique au dernier moment la route à suivre pour trouver la fête, ce qui donne souvent lieu à un jeu du chat et de la souris avec l'institution policière. Les moyens modernes de communication — téléphone portable et internet — permettent de communiquer au dernier moment le lieu et l'information sur la soirée.

Les participants s'auto-proclament « teufeurs ». Certains se déplacent dans des véhicules spacieux ou fourgons plus ou moins aménagés — qu'ils appellent camions ou « camtar » — et certains d'entre eux y vivent toute l'année avec leur famille.

Le terme « free » ne doit pas être seulement entendu dans le sens de « gratuit » mais avant tout dans le sens de « libre » (comme en anglais). Ces fêtes tiennent à se démarquer des soirées conventionnelles que les organisateurs de free party considèrent comme du mercantilisme1.

La musique diffusée lors d'une free party est généralement plus radicale et est principalement représentée par les genres hardcore notamment breakcore, tribe, drum and bass/jungle, trance, hardtechno, speedcore et acidcore.

En France, le Collectif des Sounds Systems2— créé en 2001 pour s'opposer au projet de loi sur la sécurité quotidienne (LSQ) — dénombre en 2005 plus d'une centaine de groupes de sound systems possédant en commun un matériel de sonorisation destiné à être utilisé en free party3. Plusieurs lois sont venues encadrer les free parties.

Jargon

L'usage du terme « free party » plutôt que du terme « rave party » est attribué au Spiral Tribe, un des collectifs anglais réputés pour avoir fait connaître la free party à travers l'Europe. La free party propose un accès gratuit ou sur donation. Le terme « son » désigne souvent le système de sonorisation en lui-même, comme dans l'expression « mur de son » qui désigne l'alignement d'enceintes diffusant la musique ou dans l'expression « poser du son » qui désigne l'action de mettre en place un tel système de sonorisation. Mais ce terme peut aussi s'employer comme synonyme francophone de « sound system » pour désigner l'ensemble des personnes participant à l'organisation de la free party. Utilisé dans ce sens, il peut aussi être synonyme de « tribe » (anglais pour « tribu »), terme qui met en avant l'organisation, comme le mode de vie tribal et communautaire souvent adopté par les teufeurs.

Histoire

 
Free party, vue d'ensemble (UK Tek, mai 2005, Pays de Galles).

Les premières Free-Partys voient le jour en 1987, lors de la restriction de la vie nocturne anglaise instituée par Margaret Thatcher. Celle-ci interdit les rassemblements nocturnes au delà de 2h du matin, ce qui engendra une vague contestataire qui se traduisit par l’émergence de fêtes illégales. A cela s'ajoute un cadre socio-économique particulier, en effet le pays est alors en pleine crise industrielle. Bientôt les entrepôts et les usines abandonnés serviront de lieu de réunion pour toute une jeunesse désenchantée : c'est la naissance des warehouse parties (« fêtes de hangars »), à proprement dit les premières teufs. 4

Après l'émergence des parties acid house durant la fin des années 1980, 4 000 personnes5 étaient attendues pour danser en free party. Ces événements étaient organisés chaque fin de semaine (week-end). Le bruit et les incidents qu'engendraient ces fêtes en milieu rural, comme Genesis '88, ont été dénoncés dans les médias de masse. Le gouvernement britannique sanctionne ces parties illégales de 20 000 £ et de six mois de prison5. En France, la première free party nommée Teknival, a été organisée en 1993 près de Beauvais6. Les interventions policières ont mené ces parties souvent illicites à être organisées en milieu rural. Le mot « rave » était utilisé pour qualifier ces fêtes semi-spontanées habituellement organisées hors du M25 Orbital et qui attiraient pas moins de 25 000 personnes5. C'est à cette occasion qu'un groupe du même nom, Orbital, a été fondé. Durant les années 1990, les raves commencent à devenir un phénomène mainstream. Dans les années 1989-19925, les personnes ayant voyagé pour participer aux premières raves tentent d'organiser leurs propres fêtes. Au milieu des années 1990, des compagnies majeures sponsorisent les événements et adoptent le style des free parties à des fins commerciales.

Au début des années 2000, le terme « rave » sert à désigner la communauté impliquée dans la musique électronique particulièrement en Europe. Certains européens s'identifient eux-mêmes comme des « clubbers » plutôt que des ravers. Le terme free party a été utilisé de temps à autre et peut être aperçu dans la vidéo de Spiral Tribe intitulée 'Forward the Revolution' datant de 1992. Certaines communautés préféraient le terme de « festival », tandis que d'autres préféraient le terme « parties ». Depuis que des lois sont adoptées pour empêcher voir bannir l'organisation de ces fêtes illicites au Royaume-Uni, ces raves anarchiques sont organisées en Europe et en France, pays dans lesquels les lois donnaient au maximum l'organisation de 4 teknivals par an: deux dans le sud, et deux dans le nord.

En France

En France, les plus grands teknivals attiraient pas moins de 30 000 personnes durant une période de trois jours7. Les termes free party et squat party deviennent des termes prédominants pour décrire des fêtes illicites.

Les free parties sont très mal perçues, les lois les proscrivent, et les autorités gouvernementales utilisent à quelques occasions des tactiques policières brutales8. Le en France, le décret d'application de l'article 53 de la LSQ9, dit « décret Vaillant »10 est signé par le Premier ministre Lionel Jospin. L'association Technopol, association pour la défense, la reconnaissance et la promotion des cultures, des arts et des musiques électroniques, dépose un recours auprès du Conseil d'État pour demander l'annulation du décret d'application au motif que le texte fait peser un régime d'autorisation et non un régime de déclaration comme il a été présenté par le gouvernement aux députés de l'assemblée nationale. Le recours est rejeté9 et le texte reste appliqué de manière floue. Le décret Vaillant est abrogé par le décret no 2011-1113 créant la partie réglementaire du Code de la sécurité intérieure11 à date d'effet le 1er janvier 2014, et remplacé par des dispositions similaires, prévues à la section II « Rassemblements festifs à caractère musical » du chapitre Ier du titre Ier du livre II de ce code ; néanmoins, cette modification fait passer du régime d'autorisation au régime de déclaration, dès lors que le festival dépasse 500 personnes, selon son nouvel article R211-3. La contestation se poursuit dans la longueur, avec un appel à manifestation mobilisant les soundsystems français les 24 et 30 janvier 2015, afin de protester contre les saisies de matériels, demander leur restitution, et assouplir les seuils de déclaration des free parties12.

Arts libres

Dans son aspect de fête libre, la free party laisse une part importante à diverses formes de création artistique. La jonglerie de feu ou de lumière est mise à l'honneur dans ces rassemblements. Qu'il s'agisse de la musique mixée par les DJs sur des platines (le plus souvent avec des disques vinyles issus eux-mêmes de productions pour la plupart libres de droits SACEM et distribuées via des réseaux alternatifs tels que la vente par correspondance ou de petits magasins spécialisés), ou que ce soit des compositions personnelles jouées en temps réel comme le font les livers, voire avec des interventions vocales en direct pour accompagner le son.

La décoration est une part importante et prend plusieurs formes : structures métalliques décorées, tentures, tags/graphes, sculptures, totems, ainsi que l'ensemble de jeux de lumières. Toute création originale et de préférence colorée est la bienvenue. D'autres formes d'arts s'expriment par des prestations bénévoles, notamment les arts de rue, qui peuvent prendre la forme d'échassiers, de spectacles pyrotechniques improvisés ou non (cracheur de feu, jonglerie avec torches enflammées, bolas, etc.) ou aussi des réalisations de tags en direct, ou plus rarement des concerts et des prestations de théâtre de rue. Le VJing est aussi très présent en free party.

Polémiques

Bien que ces soirées soient considérées par leurs instigateurs comme des endroits d'échange, de partage et de refus du mercantilisme, leur méconnaissance des lois et de la sensibilité des espaces naturels, et un historique « underground », les conduisent à organiser des fêtes pouvant provoquer de graves atteintes au droit et à l’environnement, et à s'attirer ainsi les reproches d'une partie de l'opinion publique et des médias.

Atteinte au droit de propriété

Le premier sujet de polémique est l'atteinte au droit de propriété. À l'origine, dans un souci de clandestinité, il était rare que les propriétaires des terrains sur lesquels avaient lieu des free parties soient contactés. Et bien que cela ne soit pas choquant pour une construction industrielle désaffectée et effectivement laissée à l'abandon, les terrains agricoles, prairies ou terrains ensemencés sont par contre utilisés par leurs propriétaires et se voient fortement dégradés par l'installation d'une free party. Avec l'évolution des législations dans de nombreux pays, des organisateurs ainsi que d'autres acteurs du mouvement tentent parfois de communiquer avec les propriétaires afin de limiter les conflits, de faciliter la recherche d'un terrain adéquat et d'obtenir une autorisation préalable. Cela n'est cependant pas systématique, et il n'existe pas de moyen permettant de savoir dans quelle proportion cela est fait.

Atteinte à l'environnement

La simple présence de nombreuses personnes et de véhicules dans des espaces naturels peut provoquer de graves dégâts : le piétinement détruit la flore notamment, et ces rassemblements peuvent également gravement perturber la faune, tant par la présence humaine que par le bruit.

En 2018, les organisateurs d'une free party ont été condamnés à 30 000 euros d'amende et à la confiscation de leur matériel pour avoir provoqué de graves dégâts écologiques dans la réserve naturelle de la Crau13.

Pollution et nuisances sonores

La majorité des plaintes relatives à une free party concernent les nuisances sonores. En effet, bien que les fêtes aient lieu dans des endroits reculés, la puissance de la sonorisation fait qu'elles sont audibles à plusieurs kilomètres à la ronde, et affectent la qualité de vie des habitants et leur santé via la dégradation de leur sommeil. Les organisateurs prennent généralement en compte l'orientation des habitations les plus proches pour placer le son dans une autre direction. Cela cependant n'est pas suffisant, le son se répandant naturellement dans toutes les directions, et particulièrement les basses.

De plus, certains « teufeurs », dénoncés par d'autres participants plus respectueux de la nature, n'emportent pas avec eux les déchets de leurs fêtes. Il arrive que pour une fête de trois jours, ce soit plusieurs tonnes d'ordures qui restent en plein champ, à charge pour la commune ou le propriétaire éventuel d'en financer le ramassage. Cette situation ayant été constatée par les organisateurs, nombres d'initiatives se multiplient pour encourager au nettoyage, comme l'échange d'un sac-poubelle plein contre une bière ou des coupures solidaires des sons pour le nettoyage en début d'après-midi. Il arrive aussi que quelques teufeurs restent volontairement sur place une partie de l'après-midi pour nettoyer le site.

Drogue

Du fait de l'esprit libertaire inhérent aux free parties et de l'auto-responsabilisation qui en découle, une grande tolérance existe vis-à-vis des produits psychotropes ou drogues. Malgré cette tolérance, les participants à ces fêtes n'ont pas tous le même comportement face aux drogues, certains ne prennent aucune drogue et la grande majorité a une consommation relativement modérée de ces produits, qu'ils perçoivent comme un simple usage récréatif.

Certains y voient un moyen d'amplifier ou d'illuminer leur conscience personnelle par la transe comme une résurgence des transes communautaires pratiquées en Inde, en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud où un usage social ou religieux est fait des drogues psychédéliques. D'autres y voient surtout un moyen d'éliminer la fatigue par la consommation de stimulants, type amphétamines ou un moyen de limiter la sensation de dépression liée à la descente (fin des effets) des drogues excitantes ou hallucinogènes par la consommation d'opiacés (héroïne, opium, rachacha). Les principales drogues consommées sont le cannabis, le speed ( Amphétamine ), les champignons hallucinogènes, l'ecstasy, le LSD, la cocaïne et la kétamine. Cette ouverture d'esprit aura aussi permis d'aborder ce problème de front et de tenter d'y apporter des solutions notamment par de la prévention via la réduction des risques avec la mise en place de dépliants informatifs et la présence, au sein de la free party elle-même, de stands d'informations tenus soit par des associations de teufeurs ou d'usagers (en France, par exemple, ASUD, Preven'teuf, Spiritek, Techno+…) soit par des ONG (en France, par exemple, Médecins du monde et Croix-Rouge).

Au sein du mouvement

De nombreuses polémiques existent au sein du mouvement lui-même.

La plus récurrente est celle qui vise à déterminer si le mouvement est avant tout festif ou politique, polémique qui amène différentes interprétations du mouvement : le versant politique restant partisan de petits rassemblements à taille humaine et exempt de toute législation puisque clandestins. La critique se fait plus virulente du fait de l'encadrement de l'État et des investigations menées en marge des rassemblements pour la recherche des infractions, notamment à la législation sur les stupéfiants.

Une autre polémique vise la médiatisation du mouvement et l'afflux massif de participants qu'elle engendre, générant des problèmes de pollution et de facteurs de nuisances (voitures, parkings) et de bruits pour les riverains des communes voisines.

Non respect des mesures sanitaires

En 2020 à Lieuron en Bretagne, une rave party réunit 2500 personnes dépassant le seuil sanitaire réglementaire et présentant un très fort risque de diffusion du virus dans le cadre de la pandémie de Covid-1914. Celle-ci ne produira cependant pas de cluster15.

Notes et références

  1. Laure Dasinieres, « Covid-19 : pourquoi la rave-party de Lieuron n'a-t-elle pas créé de cluster ? » [archive], sur Numerama, (consulté le )

Annexes

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Liens externes

Bibliographie

Rave party

 
 
Freetekno.

Une rave party, ou simplement rave, est un rassemblement autour de la musique électronique underground, habituellement organisé en pleine nature, ou dans des lieux déserts (entrepôt désaffecté, usines abandonnées, etc).

Caractéristiques

 

Les genres musicaux joués lors de rave parties incluent notamment house music : New beat, techno, hardtechno, hardcore, trance, trance goa, trance psychédélique, tribe, tribecore, drum and bass, breakbeat, breakcore, minimal, industrial techno, speedcore et autres formes de Heavy Bass music. Sans oublier les genres représentés sur le chill out (espace d'une Rave consacré à la musique électronique douce) qui incluent : Ambient, psybient, dub, glitch, trip-hop, etc.

Les bases idéologiques de ces rassemblements sont un refus des valeurs mercantiles du système et la recherche de la transcendance au travers de la musique. Ces valeurs se sont progressivement structurées en une sous-culture, la culture rave. Une rave party est organisée par un sound system. Un sound system est un collectif d'artistes (musicaux ou visuels), de techniciens, de disc jockey (DJs), et de décorateurs. Ce collectif recherche dans un premier temps le lieu idéal pour organiser l’événement, et une fois ce lieu établi, il en fait circuler les coordonnées, puis installe la logistique nécessaire au bon fonctionnement du son ainsi que les décorations et lumières.

Le terme de « rave party » est aussi communément employé par les médias pour désigner une free party même si cette dernière désigne originellement une fête clandestine qui se base sur la gratuité ou semi-gratuité (principe de la donation grâce à un prix libre) alors que les raves party sont le plus souvent des fêtes réglementées dans des salles spécialisées et payantes. Bien que la plupart des rave parties soient festives, certaines tendent vers la réunion mystique et défendent l'idée d'une résistance mentale face à la domination économique et politique du système. Dans les rave party gratuites, les sound systems organisent gratuitement et endossent entièrement l'aspect économique de ces évènements, dans le seul intérêt de vivre ce mouvement et l'idéologie qu'il représente.

Étymologie et terminologie

L'origine étymologique du terme « rave » peut se construire en trois étapes : le terme anglais, lui-même (et son usage actuel tel qu'il a pu revenir en français en tant qu'anglicisme), mais aussi son origine française, terme lui-même issu du bas-latin.

Le verbe anglais to rave peut se traduire par « délirer », « divaguer » ou « s'extasier »1. Le terme « rave » est utilisé pour désigner une fête (party) dès les années 1960 à Londres par les descendants des immigrants venus des Caraïbes[réf. nécessaire]. Il est ensuite repris dans les années 1980, lors de la naissance de l'acid house à Chicago et en Grande-Bretagne ; à Goa, Ibiza et Israël ensuite.

En anglais, le terme rave, soit en tant que substantif, soit en tant que verbe est issu de l'ancien français raver, variante du terme resver qui donna en français le terme rêver et rêve. Il n'a jamais été utilisé dans le sens français originel, mais sous un sens de « délire »2.

Le verbe français rêver, signifiait « radoter, divaguer ». Son origine est discutée. Il viendrait de l'ancien français desver perdre le sens, d'un gallo-roman esvo vagabond, du latin tardif exvagus de même sens3, et enfin du latin classique vagus qui a donné aussi l'adjectif vague et le verbe divaguer4.

Histoire

 
Colonne de haut-parleurs ou caissons.

À la fin des années 1950 à Londres, le terme de « rave » est utilisé pour décrire des « rassemblements bohémiens sauvages » à Soho5. En 1958, Buddy Holly fait paraître le titre Rave On, citant la folie et la frénésie d'un sentiment et d'un désir que ça ne se finisse jamais6. Le mot est ensuite utilisé dans la jeune sous-culture mod au début des années 1960 pour décrire d'une manière générale une fête dite sauvage.

Avant d'être associé à la musique électronique dans les années 1980, le mot « rave » devient un terme usuel utilisé pour décrire la musique des groupes garage rock et psychédéliques (en particulier The Yardbirds, et leur album Having a Rave Up) dans les années 1960. Le terme est surtout utilisé lors d'une performance musicale électronique organisée le au Roundhouse de Londres intitulée Million Volt Light and Sound Rave. L'événement présente le premier collage sonore expérimental connu du public créé pour l'occasion par Paul McCartney des Beatles – le légendaire Carnival of Light7.

Avec la transition rapide de la culture pop britannique de l'ère mod entre 1963 et 1966 vers l'ère hippie de 1967 et au-delà, le terme n'est plus utilisé. Des années 1970 au début des années 1980 jusqu'à sa réutilisation, le terme ne sera pas en vogue avant son utilisation dans la chanson Drive-In Saturday de David Bowie (issue de son album publié en 1973 Aladdin Sane) qui inclut la phrase It's a crash course for the ravers. À cette époque, son usage est perçu comme argotique et dépassé, et comme un terme similaire au mot groovy. La perception du mot change encore à la fin des années 1980 lorsqu'il est adopté par la jeunesse, possiblement inspirée par l'usage du terme en Jamaïque5. En poste lors de l'avènement de la techno, la Première ministre du Royaume-Uni Margaret Thatcher mène alors une politique obligeant les clubs à fermer à 2 heures du matin, poussant les clubbers à continuer leurs fêtes de façon clandestine via les warehouse parties (« fêtes de hangars ») organisées dans les entrepôts abandonnés ou les usines en ruine laissées par la crise et la désindustrialisation progressive du pays8.

Il existe de nombreux événements ayant attiré des centaines d'individus (plus de 25 0009). Les soirées acid house sont d'abord renommées « rave parties » dans les médias à l'été 1989 par Neil Andrew Megson lors d'une entrevue télévisée ; cependant, l'ambiance des événements ne se formera pas concrètement avant le . Au Royaume-Uni, en 1988 et 1989, les raves deviennent similaires aux matchs de football dans lesquelles le rassemblement des classes moyennes est commune, et à l'époque durant laquelle les raves dénombraient de nombreux supporters purs et durs de football. En 1990, la rave devient underground dans de nombreuses villes comme Berlin, Milan, Patras et s'organisent dans des entrepôts et forêts9.

À la fin des années 1980, le mot « rave » est adopté pour décrire la sous-culture ayant émergé du mouvement acid house10. Les activités sont liées à Ibiza, une île espagnole, fréquentée par les jeunes britanniques, italiens, grecs, irlandais et allemands pendant les vacances11.

Europe

 
Rave party à Salento (août 2009).

En 1987, une scène allemande lancée par Tauseef Alam, inspirée de la scène Chicago house, commence à s'établir. L'année suivante (1988) assiste à l'impact significatif de l'acid house sur la conscience populaire en Allemagne et en Europe centrale12. En 1989, les disc jockey allemands Westbam et Dr Motte fondent l'Ufo Club, un club illégal, et cofondent le Love Parade13. Le , le mur de Berlin tombe, les soirées techno underground fleurissent à l'Est de Berlin, et une scène rave comparable à celle du Royaume-Uni commence à s'établir13. Le DJ allemand Paul van Dyk remarque l'impact de la techno sur la scène rave concernant le rétablissement des connexions sociales entre Allemagne de l'Est et de l'Ouest pendant la période d'unification14.

En 1991, un nombre de clubs ferme, comme l'Ufo, et la scène techno berlinoise commence à se regrouper dans trois principaux clubs situés près du mur de Berlin : E-Werk, Der Bunker et le désormais légendaire Tresor15. À la même période, les DJs allemands commencent à intensifier la rapidité et l'agressivité de leur son en même temps que l'émergence de la techno hardcore16. Leur nouveau style sonore s'inspire du gabber néerlandais et du hardcore belge. D'autres influences sur le développement de ce son incluent les groupes d'electronic body music du milieu des années 1980 comme DAF, Front 242, et Nitzer Ebb17.

En 1995, en France, une circulaire émise par la Direction générale de la police nationale, intitulée « Les soirées raves : des situations à hauts risques », présente les rave parties comme « des points de vente et d'usage de stupéfiants » et liste les différentes opérations de police qui peuvent y intervenir18. Une grande vague de répression suivra cette circulaire et, à la fin de 1998 (notamment à la suite d'événements comme la Techno parade), les Ministères de la Défense, de la Culture et de l’Intérieur signent une nouvelle circulaire où une nette distinction est faite entre les organisateurs qui font une demande auprès des services administratifs (organisateurs de raves, payantes pour la plupart) et ceux qui organisent clandestinement (organisateurs de free party). Cette circulaire opère alors une véritable scission entre les deux mouvements, tant musicale que légale, même si cette scission s'était déjà opérée devant le succès grandissant des rave parties comme les Boréalis (cycle de festivals techno ayant lieu en été dans le sud de la France de 1993 à 2000 et dont les derniers n'étaient plus clandestins) avec l'instauration de « contre-festivals » tels que les Fuck Boréalis. Ces dispositions sont légalisées avec la loi du 15 novembre 2001 sur la sécurité quotidienne. Autorisée ou "sauvage", la sous-culture rave représente-t-elle un refus réel du système économique et politique dominant ? La puissance technologique utilisée pour produire le son n'implique-t-elle pas une dépendance, de fait, à ce système ? La transgression des lois et des règlements administratifs qui encadrent les rave party n'est-elle pas une parodie de transgression ? En matière de respect de l'ordre public, l'État n'est-t-il pas plus tolérant à l'égard des rave party qu'à l'égard des manifestations politiques non autorisées ? Telles sont les questions que posent des observateurs et des commentateurs extérieurs à la culture rave. C'est le cas du sociologue Jacques Guigou qui analyse19 une récente rave party organisée dans les Cévennes au mois d'août 2020.

États-Unis

Le rave act est proposé en 2002, mais ne sera accepté qu'en 2003. Il sera alors intégré au Illicit Drug Anti-Proliferation Act : ce texte rend responsable les propriétaires de clubs ou les organisateurs d'événement de la consommation de drogues dans leur établissement ou pendant leur événement, ce qui place la promotion de « toute rave, danse, musique ou événement de divertissement dans lequel organisateur sait ou peut penser qu'il sera fait usage de substances illicites » au niveau de crime fédéral. Ce texte a été abandonné en .

Drogues

Bien que la formulation « transe collective » donne une idée assez floue concernant la consommation de drogue dans ce mouvement, l'opinion publique associe rave party et drogue. Les utilisateurs d'ecstasy mettent en avant les qualités de cette drogue, qui permet de se lâcher, d'abolir les barrières et d'atteindre une sensation de collectivité du bien-être20. Les spécialistes, au début des années 1990, ne peuvent que redouter les effets à long terme de cet usage prolongé de drogues, sans vraiment toujours disposer d'études fiables pour quantifier ces effets20. En 1990, une jeune femme de 21 ans est retrouvée morte à l'Haçienda, le club le plus populaire de Manchester ; la presse s'en empare et la mort est imputée à l'absorption de deux cachets d'ecstasy (généralement un mélange de MDMA et d'amphétamines) ; les circonstances de sa mort sont toujours inconnues. La virulence de la campagne de presse qui entoura ce fait divers est à rapprocher de ce qui entoura les scandales des punks en 1977[réf. nécessaire].

Le mouvement rave party n'a d'ailleurs jamais nié les problèmes inhérents à la consommation de drogue, cherchant toujours dans la mesure du possible à mettre en œuvre le maximum de prévention concernant ces problèmes, que ce soit par l'information ou par la mise en place d'espaces calmes comme les « chill-out ». D'autre part, il existait sur certains rassemblements Techno un stand de testing afin de mettre en évidence la présence de certaines molécules étrangères dans les produits consommés. Cependant, la consommation d'autres drogues (amphétamines, MDMA, cannabis, LSDetc.) y est très largement répandue, au même titre qu'elle pouvait l'être dans les festivals pop de l'Amérique des années 1970. Mais en 1992, il est fait état de douze morts depuis 1988 imputables à l'ecstasy au Royaume-Uni, et pour dix d'entre eux l'origine du décès est indiscutablement l'usage d'ecstasy, parfois à de faibles doses20. Le décès d'Anna Wood, âgée de 15 ans, morte des effets secondaires de l'ecstasy en 1995 en Australie aura le même type d'écho médiatique.

Cinéma et télévision

Films

Téléfilms

Reportages

Comédies musicales

Notes et références

  1. [vidéo] (en) 'E' is for Ecstasy, de Howard Reid, 24 mai 1992, 50 min [présentation en ligne [archive]]. Épisode de la série documentaire télévisée Everyman (en) diffusé en 1992 sur BBC Two, narration Steve Coogan. (en) [vidéo] Visionner la vidéo (à partir de 31 secondes) [archive] sur YouTube.

Voir aussi

Bibliographie

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Liens externes