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Catégorie : Films
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Le Gendarme en balade

 
 
 
Le Gendarme en balade
Description de l'image Le Gendarme en balade Logo.png.
 
Réalisation Jean Girault
Scénario Jean Girault
Jacques Vilfrid
Musique Raymond Lefevre
Acteurs principaux
Sociétés de production Société Nouvelle de Cinématographie
Pays de production Drapeau de la France France
Drapeau de l'Italie Italie
Genre Comédie policière
Durée 96 min
Sortie 1970

Série

 

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le Gendarme en balade est une comédie policière italo-française réalisée par Jean Girault et sortie en 1970. Il s'agit du quatrième film du Gendarme de Saint-Tropez.

Le film raconte les mésaventures du gendarme Ludovic Cruchot et de la brigade de Saint-Tropez qui, après avoir été mis à la retraite anticipée contre leur gré, rendossent leurs anciens uniformes illégalement et reviennent sur les lieux de leurs aventures pour ramener la mémoire à leur collègue amnésique Fougasse.

Malgré des critiques négatives, le film totalise 4,8 millions d'entrées au box-office, un score honorable mais bien moindre que les précédents.

Synopsis

 
Gerber, Fougasse, Merlot, Tricart et Berlicot, et leurs épouses, quittent la gendarmerie de Saint-Tropez à bord d'une Alouette Renault.

Le maréchal des logis chef Cruchot a été mis à la retraite comme tous les membres de la brigade, remplacés par une équipe plus jeune et aux méthodes plus modernes.

Six mois plus tard, Cruchot s'ennuie ferme à la retraite dans le château de son épouse, pourtant débordante d'attention à son égard pour le sortir de sa morosité : promenades à cheval, système de surveillance ultra-sophistiqué de la propriété n'obéissant qu'à ses ordres, visite du curé… Rien n'y fait, même le lavage de la voiture qu'il revendique de faire.

Lors d'une visite inopinée, l'ex-adjudant Gerber et sa femme, pris au départ pour des intrus, tombent dans une ancienne oubliette grâce au fameux système de détection radar offert par Josépha. Cruchot montre alors à Gerber son musée-souvenir, ils évoquent leur passé révolu à la gendarmerie de Saint-Tropez. Puis ils reçoivent un vieux compagnon de service, le gendarme Merlot, qui leur apprend que Fougasse est devenu amnésique et réside dans une maison de repos pour gendarmes, la Pinsonnière.

Également accompagnés de leurs collègues Tricart et Berlicot, ils décident d'aller porter secours à leur ancien camarade et de faire un « retour aux sources ». Cependant, trop excités à l'idée de porter à nouveau l'uniforme, les gendarmes entrent dans l'illégalité, côtoient malgré eux les hippies, déjouent un jeu d'enfants extrêmement dangereux avec une ogive nucléaire et retrouvent cette sympathique et bienvenue complicité avec les sœurs dont la conductrice (sœur Clotilde) est devenue Mère supérieure du couvent devenu orphelinat. Malgré la traque acharnée de leurs successeurs, ils brilleront une fois de plus. Ainsi ridiculisés, les « nouveaux » devront rendre la place à leurs aînés, trop heureux de reprendre leur poste de gendarmes de Saint-Tropez et de recevoir un hommage mérité.

Fiche technique

Distribution

Production

Genèse et développement

Le projet a eu pour titres de travail Le Gendarme se balade1 et Le Gendarme à la retraite.[réf. souhaitée]

Pour le camp militaire où est volée l'ogive nucléaire, l'équipe se voit d'abord refuser le tournage à la caserne Vassoigne à Hyères, leur premier choix2. La 7e région militaire s'oppose au tournage dans le bâtiment demandé pour des raisons de sécurité, à cause de la proximité de dépôts d'essence2. L'État-major propose alors l'Établissement régional du matériel (ERM) ou la caserne Grignan, situés à Toulon2. Le réalisateur tient à son choix initial et le Service d'informations et de relations publiques des armées intercède pour lui permettre d'obtenir la caserne d'Hyères2.

Distribution des rôles

 
Jean Lefebvre reprend une dernière fois son rôle du gendarme Fougasse, au cœur de l'intrigue, malgré des heurts sur les précédents tournages.

Les six gendarmes sont : Louis de Funès, Michel Galabru, Michel Modo, Guy Grosso, Jean Lefebvre et Christian Marin. Ce fut d'ailleurs la dernière fois qu'ils portèrent ensemble l'uniforme. Des tensions seraient en effet apparues durant le tournage entre Louis de Funès et Jean Lefebvre, ce dernier accusant Louis de Funès de lui avoir fait couper des scènes au montage. Afin d'éviter de nouvelles tensions, Jean Girault décida de remplacer Jean Lefebvre par Maurice Risch dans les épisodes suivants3. Christian Marin fut également remplacé par Jean-Pierre Rambal, puis par Patrick Préjean. Louis de Funès, Michel Galabru, Guy Grosso et Michel Modo, quant à eux, joueront leur rôle dans tous les films de la saga.

Claude Gensac retrouve son rôle de Josépha Cruchot après Le Gendarme se marie, Nicole Vervil celui de Mme Gerber qu'elle tient depuis le premier4, ainsi qu'Yves Vincent son rôle de colonel également découvert dans le film précédent5,6. Geneviève Grad, à l'inverse, ne souhaite plus apparaître dans un Gendarme et ne reprend donc pas son rôle de Nicole Cruchot4, après avoir déjà été réticente à tourner le précédent film7,Note 2. Louis de Funès distribue à l'éternel « troisième couteau » Dominique Zardi le personnage du braconnier, après de précédentes apparitions en gendarme italien dans Le Gendarme à New York et en gendarme passant l'examen d'adjudant-chef dans Le Gendarme se marie9. Paul Préboist, partenaire familier de Louis de Funès, tient un court rôle de palefrenier5. Yves Barsacq fait également une nouvelle apparition en automobiliste importuné par Cruchot, comme dans Le Gendarme se marie5,10.

Tournage

À chacun de ses films, Louis de Funès proposait et inventait en permanence une multitude de gags. La scène où Cruchot et Gerber neutralisent la bombe à la fin du film a été entièrement imaginée par lui, des accessoires à la sueur par le képi. C'est également de lui que provient l'idée de la religieuse loufoque du volant dans toute la série.

Le passage où Paul Préboist raconte Le Petit Chaperon rouge à Cruchot était absent du scénario11.

Lieux de tournage

 
Le château de Nandy, décor du château possédé par Josépha où Cruchot passe sa retraite.

Musique

Photo en noir et blanc d'un homme d'une quarantaine d'années en smoking, souriant.
 
Raymond Lefebvre, compositeur de la bande originale de tous les films du Gendarme, ici en 1972.

Pour ce film, Raymond Lefebvre ré-orchestre la musique de la Marche des Gendarmes, créée pour le premier opus. L'absence de cette musique durant tout le film précédent avait fortement vexé Louis de Funès, qui insista pour qu'elle soit présente dans le film suivant : la musique est donc entendue à maintes reprises dans le film. Lefebvre ré-orchestrera à nouveau cette musique en 1982 pour Le Gendarme et les Gendarmettes.

Régulièrement crédité « Raymond Lefèvre » par erreur, le compositeur a cette fois-ci son nom correctement orthographié « Raymond Lefebvre » au générique du film, comme c'est le cas dans les génériques des films Le Gendarme de Saint-Tropez, Les Grandes Vacances, Le gendarme se marie, Le Gendarme en balade et La Soupe aux choux, tous de Jean Girault.

L'album Bande-originale du film Le gendarme en balade sort en 2010, soit 40 ans après la sortie du film et 2 ans après la mort de Raymond Lefebvre.

Exploitation et accueil

Sortie et promotion

L'affiche du film est réalisée par Clément Hurel, à l'instar du reste de la série18.

La première suisse du film a lieu à Genève, le 19,20. L'évènement est marqué par un défilé des six comédiens habillés en gendarmes, entourés d'une troupe de majorettes19,20. Parti de la rue des Savoises, siège du journal La Suisse, le cortège rallie la place du Cirque pour arriver au cinéma Le Paris, où les accueillent des milliers de spectateurs19,20. La Tribune de Genève livre un interview de Louis de Funès le lendemain20.

Accueil critique et public

 
Louis de Funès lors du tournage de L'Homme orchestre, que Le Gendarme en balade finit par concurrencer au box-office.

Le Gendarme en balade sort en salles le , à peine quelques semaines après une autre comédie de Louis de Funès, L'Homme orchestre21. Les critiques envers ce quatrième Gendarme sont essentiellement négatives22,23,24. L'Humanité Dimanche voit dans ce système de réalisation de suites un « appauvrissement du cinéma français », « un Gendarme de Saint-Tropez étant sûr de racoler des spectateurs qui ont besoin de se détendre »25. Jean-Luc Douin juge sévèrement dans Télérama que « le gendarme radote et raconte ses exploits d'antan. Les gags sont gros comme des boules de pétanque et les personnages, attristants de bêtise, paradent, fiers et bouffons, la démarche militaire, l'œil inintelligent, chantonnant leur refrain »22. De même, Louis Chauvet, d'habitude soutien de Louis de Funès, considère dans Le Figaro que « le talent de l'équipe suffit à peine, cette fois, à sauver l'entreprise. On attendait une fin. Ce n'est qu'un moyen (de prolonger la recette). Seuls les inconditionnels prendront un plaisir sans mélange aux élucubrations civiles du gendarme »22. Dans la lignée des critiques politisées accusant depuis ses débuts Le Gendarme de défendre l'ordre social, le pouvoir en place et l'appareil répressif, La Libre Belgique fustige que « l'autoritarisme du personnage conduit, sous le voile du comique, à la glorification du mensonge, de la délation, et, en général, du mépris le plus total pour la liberté individuelle »26.

Du côté public, la concurrence s'annonce rude face à de jeunes comiques émergents comme Pierre Richard ou Jean Yanne ainsi que des films attendus tels que Le Cercle rouge de Jean-Pierre Melville avec Alain Delon, Bourvil et Yves Montand et Les Novices mené par Brigitte Bardot et Annie Girardot22,24. La première semaine, le public réserve un accueil en demi-teinte au quatrième Gendarme, qui n'accède pas au sommet du box-office hebdomadaire parisien et national, au contraire des précédents22,24 : à Paris, 76 734 spectateurs viennent voir le film dans neuf salles, loin derrière Le Cercle rouge (96 690 entrées) et Les Novices (88 054 entrées)22. Ce n'est qu'au moment des fêtes de fin d'année, propice aux films familiaux, que Le Gendarme en balade décolle et tient la tête du box-office national pendant cinq semaines de décembre à janvier24. Au , les onze semaines dans les salles d'exclusivité parisiennes ont engrangé 409 118 entrées27. À la fin du mois de janvier, le film totalise deux millions et demi d'entrées en France lorsqu'il est dépassé par Le Voyou de Claude Lelouch28.

Box-office détaillé des premiers mois d'exploitation du film, semaine par semaine, en France
Sources : « BO France Hebdo 1970 » [archive] et « BO France Hebdo 1971 » [archive], d'après le CNC.

Au mois d', le film comptabilise plus de 4 millions d'entrées29. Au terme de son exploitation en salles sur plusieurs années, le box-office est de 4 870 609 entrées30,24, dont 2 496 583 en 197131. Le film cumule par ailleurs 1 177 717 entrées en Espagne32. À l'orée des années 1970, le grand succès remporté par Le Gendarme en balade compense pour Louis de Funès le « semi-échec » de L'Homme orchestre et ceux à venir de Sur un arbre perché et Jo en 197133. Avec le recul, Le Gendarme en balade est le numéro un du box-office des films sortis en France en 1970, hissant une nouvelle fois l'acteur en tête, après avoir dominé les classements de 1964 (avec Le Gendarme de Saint-Tropez), 1965, 1966, 1967 et 1968 (avec Le Gendarme se marie)24. Il ne s'agit que du cinquième meilleur score de fréquentation d'un film du Gendarme, devançant seulement Le Gendarme et les Gendarmettes32.

Autour du film

Analyse

Il s'agit du premier film du Gendarme de Saint-Tropez à se dérouler après mai 68, alors que les précédents montraient la brigade « traquer les signes avant-coureurs d'une « chienlit » bientôt dénoncée par le Général » — l'affaiblissement de l'autorité, l'émergence de la jeunesse et sa volonté d'indépendance avec les frasques de Nicole Cruchot ainsi que la révolution sexuelle symbolisée par le nudisme sur les plages de Saint-Tropez36.

Notes et références

Notes

  1. Geneviève Grad, 2013 : « Les rôles se sont enchaînés rapidement, tant au cinéma qu'au théâtre, jusqu'à ce que je réalise, après Le Gendarme se marie, que je n'avais pas pris de vacances depuis douze ans. Ce métier était en train de m'user nerveusement, il était temps que je me mette au vert »8.

Références

  1. Sophie Grassin et Robert Sender, Comédies françaises : portrait de la France qui rit, de La Grande Vadrouille aux Ch'tis, édition du Moment, , 184 p. (ISBN 978-2-35417-091-2), p. 19.

Voir aussi

Bibliographie

Documentaire

Liens externes