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Catégorie : Les Armes
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Bombe (militaire)

 
 
 
Une bombe aérienne non guidée Mk 82.
 
Exemple d'engin explosif improvisé : une bombe tuyau.
 
Chargement d'une bombe aérienne classique pour un F-84 portugais durant la guerre d'indépendance de l'Angola.
 
Bombe Grand Slam de 10 tonnes de la Seconde Guerre mondiale.

Une bombe est un engin explosif consistant habituellement en un contenant empli de matériel explosif ayant pour but de causer une destruction lorsque déclenchée. À partir du XXe siècle, le mot est surtout utilisé pour désigner des engins explosifs lancés d'avions.

Fonctionnement

L'explosion d'une bombe est provoquée, habituellement, par une horloge, une télécommande ou une sorte quelconque de capteur (pression, radar, contact, etc.). Si elle est autopropulsée, elle fait partie d'un missile ou d'une roquette. Des bombes peuvent être à sous-munitions, qui peuvent se comporter comme des mines anti-personnel.

Historique

 
Un aviateur allemand largue une bombe sur le front occidental de la Première Guerre mondiale.

Des bombes ont été utilisées en 1221 en Asie de l'est par l'armée de Jurchen Jin contre une ville Song. Des bombes sont fabriquées à partir de tube de bambou dès le XIe siècle1.

Les bombes sont souvent utilisées lors de guerres, comme lors de raids aériens sur Paris durant la Première Guerre Mondiale et aussi lors d'activités terroristes.

La bombe la plus puissante est la bombe à hydrogène, la Tsar Bomba expérimenté en 1961 avec une charge de 57 mégatonnes fut la plus puissante à avoir jamais explosé, alors que la plus puissante bombe qui ne soit pas nucléaire au début des années 2000 est une bombe russe testée en d'une puissance équivalente estimée à 44 tonnes de TNT2 : le Père de toutes les bombes.

Les militaires utilisent en général des bombes larguées depuis un avion.

Types

De tailles variables et destinées à traiter des objectifs différents, on distingue entre autres :

Références

  1. 1-0@2-3214,36-954080@51-948281,0.html" rel="nofollow" class="external text">Moscou a testé une bombe à effet de souffle, "la plus puissante du monde", Le Monde, 12/09/07 [archive]

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Mine terrestre

 
 

Une mine terrestre est une charge explosive conçue et placée de façon à être déclenchée, par l'action involontaire de l'ennemi, au passage de personnes (mine antipersonnel) ou de véhicules (mine antichar ou mine antivéhicule).

 
En exercice, démineur de la compagnie de génie de la 13e demi-brigade de Légion étrangère à Djibouti en 2005
 
Mines antipersonnel conçues par la société italienne Valsella Meccanotecnica. Celle du centre est une Valmara 69, celle à gauche un VS-50.
 
Militaires de l'armée de terre américaine en camouflage M81 Woodland s'entraînant à la pose de mines antichars
 
Au Viêt Nam, on continuera longtemps à trouver des munitions non explosées
 
Désamorçage de mines antipersonnel d'origine russe en Irak en 2003
 
Signalisation de mines en Croatie
 
Mine terrestre antichars et antivéhicules de la 2de guerre mondiale
 
Exemple de mine contemporaine antichars et antivéhicules d'origine italienne, modèle VS-2.2, en Irak, en septembre 2004

Historique

Le concept de base qui est à l'origine de la mine est apparu plusieurs fois sous différentes formes au cours de l'histoire. Certaines sources rapportent que Zhuge Liang du Royaume de Shu inventa une sorte de mine au IIIe siècle. L'armée romaine creusait des chausse-trappes, qui prenaient la forme de trous de la taille d'un pied, munis d'un pieu acéré au fond et camouflés. Au Moyen Âge, les pieds de corbeau, consistant en un petit dispositif doté de quatre pointes acérées pouvaient être dispersés sur le sol pour ralentir l'avancée de l'ennemi. Ce concept connaît son pendant civil avec les nombreux pièges qui furent utilisés pour la chasse ou pour se débarrasser des nuisibles.

Aux alentours du XIVe siècle et du XVe siècle, l'arsenal des armées de la dynastie Ming commença à produire des mines modernes primitives contenant de la poudre noire dans des pots en pierre, en céramique ou en fer.

En 1573, à Augsbourg, l'ingénieur militaire Samuel Zimmermann inventa une mine très efficace nommée Fladdermine. Il s'agissait d'une fougasse qui était activée par une platine à silex reliée à un fil tendu à la surface. La fougasse était remplie d'obus de mortier explosifs ressemblant à de grosses grenades à poudre noire. Lorsqu'elle était déclenchée, la Fladdermine projetait les obus de mortier qui explosaient alentour en saturant la zone de shrapnel. Le dispositif était redoutable contre les attaques de masse mais requérait une maintenance importante en raison du risque pour la poudre noire de prendre l'humidité. Elle fut ainsi essentiellement utilisée pour la défense des fortifications importantes, jusqu'aux années 1870.

En Europe, au début du XVIIIe siècle, des mines improvisées et des pièges étaient mis en œuvre sous la forme de bombes enterrées. Affleurant à la surface et couvertes de bouts de métal et/ou de gravier pour faire office de shrapnel. Ces dispositifs étaient connus sous le nom de fougasse française, ce terme est parfois encore utilisé de nos jours pour désigner des dispositifs équivalents. Cette technique fut employée dans plusieurs guerres européennes du XVIIIe siècle, au cours de la révolution américaine et de la guerre de Sécession.

La première mine antipersonnel, hautement explosive et dotée d'un détonateur mécanique moderne fut employée par les troupes confédérées du brigadier général Gabriel J. Raines au cours de la bataille de Yorktown en Virginie en 1862, de façon similaire à son emploi en 1840 des pièges explosifs durant les guerres contre les Séminoles en Floride. Ces « torpilles terrestres » à déclenchement mécanique et électrique furent employées, bien qu'à la fin de la guerre les détonateurs mécaniques montrèrent une meilleure fiabilité. Nombre de ces dispositifs furent improvisés sur le terrain, notamment en ce qui concerne la charge explosive, mais à la fin de la guerre, presque 2 000 dispositifs répondant à la conception de Raines avaient été déployés.

Durant la guerre de Crimée, les Russes créent des « petites machines infernales destinées à éclater sous les pieds de nos soldats » [français]1.

Des mines améliorées furent créées pour l'Empire allemand vers 1912 puis furent copiées et produites par tous les principaux participants à la Première Guerre mondiale. Au cours de ce conflit, les mines terrestres furent notablement utilisées au début de la bataille de Passchendaele. Bien avant la fin de la guerre, les Britanniques produisaient des mines à gaz de combat à la place des explosifs. De telles mines furent produites par l'URSS jusque dans les années 1980. On sait que les États-Unis ont au moins expérimenté le concept durant les années 1950.

Les Allemands mirent au point une bombe bondissante, la mine-S, qui sera utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale, une conception toujours actuelle. Elle permet de projeter la charge au-dessus du sol pour assurer une dispersion plus efficace du shrapnel. Durant ce conflit, les mines ont été responsables de 5 % des pertes militaires.

Des mines à charge nucléaire ont été développées durant la guerre froide, en version navale et terrestre, comme la mine britannique Blue Peacock (le paon bleu) ou la Medium Atomic Demolition Munition (Munition moyenne atomique de démolition).

Pendant la guerre du Viêt Nam, l'aviation américaine était incapable de repérer les convois de ravitaillement circulant derrière la frontière cambodgienne, en raison du couvert offert par le feuillage de la forêt. Des mines antivéhicules spécifiques furent mises en œuvre. Il s'agissait de bombes à fragmentation dont le détonateur magnétique réagissait à la masse métallique des camions, elles s'abîmaient en forêt dans les zones où les camions transitaient et se déclenchaient au passage des convois. Leur efficacité fut redoutable dans un premier temps mais les convois furent bientôt précédés d'un camion portant un puissant électro-aimant apte à déclencher prématurément ces mines. Le Viêt Nam vit aussi l'apparition de la claymore, qui envoie des shrapnels à une vitesse phénoménale sur un angle de 120°. Les mines et pièges explosifs sont responsables d'un tiers des pertes du United States Marine Corps durant cette guerre2.

Champs de mines notables

Plusieurs pays ont installé des champs de mines pour protéger leur frontière. Par exemple, le long de la frontière entre la république populaire de Chine et le Viêt Nam, au moins 800 000 mines ont été posées par l'Armée populaire de libération dans la province du Yunnan et la région autonome Zhuang du Guangxi à partir de la fin des années 1980. Elles ont formé un total de 161 champs de mines de différentes tailles d'une superficie de 289 km23. Les opérations de déminage lancées à partir de 1992 sont encore en cours en 20184.

Véhicules poseurs de mines/de minage

 
Véhicule de minage M548 Skorpion allemand
 
Véhicule de minage Type 94 amphibie de l'armée japonaise
 
Alvis shielder britannique

Un véhicule de minage/poseur de mines permet de projeter un champ de mines en peu de temps, les versions en véhicules amphibies permettent d'en poser sur les plages pour empêcher ou retarder un débarquement.

Dommages causés par les mines

Une étude5 montre que durant la guerre d'Irak, de à , sur 3 070 morts de la coalition militaire en Irak, 1 257 ont été causés par des engins explosifs improvisés, soit 41 %. C’est-à-dire plus que dans les combats « classiques » (1 027 tués, soit 34 %).

En 2009, ces engins ont tué 1 054 civils afghans et 275 des 520 soldats de la coalition ayant trouvé la mort durant la guerre d'Afghanistan6.

D'après l'Observatoire des mines antipersonnel, en 2015, 6 461 personnes sont mortes victimes des mines ou de restes d'explosifs, alors qu'elles n'étaient que 3 695 à mourir de cette origine en 2014. Ainsi en 2015, 1 310 personnes sont mortes liées à cette cause en Afghanistan, 1 004 personnes en Libye, 988 personnes au Yémen, 864 personnes en Syrie et 589 personnes en Ukraine. 78 % des victimes sont des civils. Une des raisons de cette augmentation est liée au développement de mines artisanales, posées par des organisations de guérillas ou terroristes qui ne sont pas liées par les accords internationaux7.

Caractéristiques

Typologie

Il existe différents types de mines :

Le minage défensif vise la protection de zones sensibles. Il peut rendre impossible ou hasardeuse l'exploitation agricole des terrains minés et cet usage est interdit par les conventions internationales selon le droit des conflits armés.

Mise en œuvre

Les mines terrestres sont des armes qui ont initialement été placées manuellement sur le terrain. Elles sont généralement camouflées et placées sur des zones tactiquement intéressantes.

Il existe des semeurs de mines aériens. Il s'agit de conteneurs embarqués sur des avions ou des hélicoptères qui permettent de disperser des milliers de mines (en général antipersonnel) sur une large zone en quelques secondes.

Il existe aussi dans la nomenclature internationale, des bombes à sous-munitions (BASM) produisant des effets proches des mines antipersonnel. Il s'agit de containers d'explosifs, souvent largués par voie aérienne, censés avoir un effet immédiat. De fait, une proportion non négligeable des sous-munitions contenues, dispersées sur plusieurs hectares, n'explosent pas au moment de leur impact (de 5 % à 30 % d'un contenu d'un millier de petites bombes par conteneur), et restent déclenchables ultérieurement dans les mêmes conditions que les mines antipersonnel10.

Composition

Elle peut être en fonte d'acier ou coulée dans un autre métal, en plastique (par exemple en bakélite) ou en bois. Certaines mines ne comportent pas d'enveloppe (explosif moulé). L’élimination des parties métalliques rend leur détection beaucoup plus difficile.

Fonctionnement

Dans le cas d'une mine terrestre explosant au passage d'un véhicule, les matériaux non arrimés sont transformés en projectiles létaux, les personnes non accrochées à leur siège par un harnais, la ceinture de sécurité étant insuffisante, sont projetées violemment contre les parois du véhicule. Les pieds ne doivent pas être en contact direct avec le bas de caisse sinon les jambes seront brutalement projetées causant d'importantes fractures. L'effet de souffle peut également endommager les organes internes dont les oreilles. En cas d'ouverture du bas de caisse, la cabine est envahie de projectiles, de vapeurs, voire d'une boule de feu brûlant tout sur son passage11.

Dans les années 1930, les premiers modèles de mine bondissante apparaissent avec entre autres la Mine-S allemande : une fois actionnée, une fusée faisait sortir l'engin du sol afin qu'il explose à hauteur d'homme la rendant donc potentiellement mortelle (un homme pouvant être littéralement coupé en deux).

Cette technologie a été reprise après la Seconde Guerre mondiale par plusieurs entreprises de l'armement.

 
Mine d'exercice A.P. M.B. en 1976.

L'armée française, à partir des années 1960, possédait également un modèle de mine fonctionnant selon le même principe : l'A.P.M.B. (mine AntiPersonnel Métallique Bondissante) modèle 1951 (MI AP MB 51) et dérivés12. Un déclencheur primaire (charge de poudre noire de faible puissance) faisait bondir à environ 1,50 m de haut la mine que l'on enfouissait légèrement sous la surface du sol. Un câble, reliant le corps de la mine à son embase et long également de 1,50 m, se tendait lorsque la mine avait atteint cette hauteur et déclenchait l'explosion principale. Celle-ci était générée au moyen d'une charge d'explosif brisant, du type tolite, d'environ 300 grammes et qui projetait sur 360° des fragments de métal. L'A.P.M.B. n'était donc pas destinée à blesser gravement une seule personne en lui arrachant un pied par exemple, mais prévue pour tuer d'un coup plusieurs combattants par projection d'éclats dans les parties supérieures, donc vitales, de leur corps.

 
Formation d'une charge perforante.

Plusieurs mines antichar depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale permettent de toucher un véhicule à plusieurs dizaines de mètres. Elles utilisant une ogive à effet Misznay-Schardin (ou effet Munroe} pour projeter un puissant fragment autoforgé à charge creuse à une grande vitesse. La mine MIACAH F1 française utilisé des années 1970 a 2001 le projetant a 2 000 m par seconde, perforant 70 mm de blindage sur un diamètre de 10 cm, à une distance maximale de 80 m13, des munitions atteignant 3 000 m/s ont une portée de 100 m. Cela est utilisé par une partie des engins explosifs improvisés des guérillas du XXIe siècle14.

Interdiction des mines antipersonnel

La Campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel a débuté en 1992. La Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel signée le à Ottawa par 133 pays est entrée en vigueur le .

En 2010, trente-neuf pays15 n'ont pas encore signé le traité d'Ottawa, dont la Chine, l'Inde, le Pakistan, la Russie et les États-Unis, mais la plupart respectent ses dispositions, affirme l'ICBL.

Seuls trois pays produisent encore à cette date des mines antipersonnel, l'Inde, le Pakistan et la Birmanie. La Chine possède le plus important stock de mines antipersonnel au monde avec 110 millions de mines.

Seule la Birmanie utilise encore des mines antipersonnel. Des groupes rebelles posent toutefois encore des mines dans six pays, l'Afghanistan, la Colombie, l'Inde, le Pakistan, le Yémen et la Birmanie16.

En 2022, pendant la guerre d'Ukraine, la Russie et l'Ukraine s'accusent mutuellement de faire usage de mines antipersonnel. Des sources ukrainiennes et américaines affirment que l'armée russe a utilisé des mines à Marioupol et Kharkiv17,18, et des sources russes et séparatistes affirment que l'armée ukrainienne a largué des mines PFM-1 sur le centre-ville de Donetsk19,20,21.

Parties du monde minées

 
Une mine antipersonnel PMN-2, au Cambodge.

L'Afghanistan a entre 5 et 7 millions de mines pour 20 millions d'habitants, l’Angola 6 millions de mines pour 11 millions d'habitants, la Bosnie-Herzégovine 750 000 et 1 million de mines pour 3,5 millions d'habitants et le Cambodge 4 à 6 millions de mines pour 10 millions d'habitants[Quand ?].

En Asie, le Sri Lanka et les Philippines sont aussi considérés comme étant fortement infestés, soit du fait des forces rebelles seules (Philippines), soit du fait de ces forces rebelles et des actions gouvernementales (Sri Lanka). Le déminage de la frontière entre la République populaire de Chine et le Viêt Nam commencé à la fin des années 1990 est toujours en cours en 201822 avec d'importants moyens4.

En Afrique, les pays les plus minés sont le Soudan, l'Angola et le Mozambique23. Au Sahara occidental, l'armée marocaine a mis en place des batteries d'artillerie et déployé des champs de mine terrestres. Les estimations vont de 200 000 à 10 millions24,25 implantées tout au long du Mur des sables. L’ONU a comptabilisé trente-cinq types de mines antipersonnel et vingt-et-un types de mines antichars. Fabriquées dans douze pays différents, dont l’Italie, l’Espagne, la Russie ou encore Israël26, les mines sont en acier ou en plastique afin d’éviter leur détection.

En Colombie, les mines ont beaucoup été utilisées par les FARC27. Il s'agit en 2018 du deuxième pays le plus miné du monde après l'Afghanistan27.

En Europe, l'ex-Yougoslavie est largement infestée par les mines - nombre estimé à environ 1 million - tandis que les mines situées à la frontière gréco-turque entraînent annuellement[Quand ?] la mort de dizaines d'immigrants clandestins essayant de franchir la frontière.

Les mines antipersonnel constituent une menace des décennies après la fin d'un conflit. Les mines terrestres et les restes d'explosifs de guerre auraient tué ou blessé plus de 82 000 personnes dans 117 pays et régions entre 1999 et 2010, selon l'International Campaign to Ban Landmines (ICBL, Campagne internationale pour l'interdiction des mines). Même dans des zones qui ont été considérées comme sûres après un conflit, les éléments naturels peuvent à nouveau provoquer du danger, près de 20 ans plus tard, comme cela s'est passé en Bosnie-Herzégovine, en , lors des fortes précipitations qui se sont abattues sur ce pays et qui provoquèrent des inondations qui ont déplacé des mines sur des zones d'habitations ou dans des territoires qui avaient déjà été déminés. Depuis la fin de la guerre de Bosnie-Herzégovine en 1995, plus de 120 000 mines restent disséminées sur 2 % du territoire en 201428.

Cambodge

Pendant la guerre du Vietnam le Cambodge pays frontalier servait un temps de base arrière au Vietcong, les Américain décidèrent alors d'une campagne aérienne massive au Cambodge et au Laos. En 4 ans plus de 550 tonnes de bombes ont été largué sur le pays, une partie de ces bombes avait subis des problèmes et n'avait donc pas explosé à l'impact, elle restait donc la en attendant d'exploser. En 1970 le général Lon Nol fait un coup d’État et est soutenu par les États-Unis car anti-communiste, il se lança donc dans une campagne massive de minage de la frontière Cambo-Vietnamienne. La guerre civile qui vit les Khmers rouge au pouvoir fût encore pire, pendant la guerre des mines ont été utilisé et quand le gouvernement de Pol Pot s'oppose à son ancien allié Vietnamien la frontière entre les deux pays devient encore plus minés. Quand les communistes sont chassé du pouvoir en 1979 il se lance dans une campagne de guérilla à la frontière Thaïlandaise. A un rythme effréné, toute la frontière avec la Thaïlande est elle aussi minée. C’est le projet du « mur de bambous ». Les provinces frontalières, composées de jungle dense, sont parsemées de mines. En quelques années, cette zone deviendra l’une des régions les plus dangereuses au monde29.

Les mines antipersonnel posent un problème éthique car elles font beaucoup de victimes civiles parfois plusieurs années après la fin d'un conflit. Au Cambodge, ces armes ont donné lieu à 35 000 amputations après la fin des hostilités. Elles posent aussi un problème économique, leur dissémination s'opposant à la reprise de l'agriculture une fois passée la période de conflit. À la suite de la guerre du Vietnam et de la guerre civile on estime que ce sont 4 à 6 millions d'engins explosifs laissés à l'abandon pour une population d'un peu plus de 15 millions30.

Ukraine

L'Ukraine est devenu un des pays les plus minés au monde à la suite de la guerre du Donbass et la guerre russo-ukrainienne de 2022 empire la situation de jour en jour. Des mines dites intelligentes ont fait leurs apparition dans ce conflit, en particulier des mines d'attaques par le dessus comme la PTKM-1R ou la POM-331. L'Ukraine et la Russie s'accusent mutuellement d'avoir posé des mines antipersonnel bien que celles-ci soit interdites par le traité d’Ottawa (Russie non signataire). Malgré sa signature à la convention l'Ukraine avait avoué en 2016 avoir encore 5 millions de mines en stock mais qu'elle continuait à les utiliser comme leurs belligérants ne respectaient pas l'interdiction32,33.

Entre 2014 et 2018, plus de 1 000 personnes sont mortes dont 43% de civils en 201834.

Campagnes de déminage

À partir de 1992, un groupement d'organisations non gouvernementales a lancé une campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel, les remettant en cause essentiellement pour le nombre de victimes civiles qu'elles causaient et ce bien après la fin des conflits. Cette campagne déboucha en 1997 sur la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel.

En 2008, le rapport de l'Observatoire des mines a confirmé l'efficacité de l'interdiction des mines antipersonnel : le nombre de victimes recensées en 2007 était de 5 426, soit près de cinq fois moins que dix années auparavant35,36.

En 2008, le nombre de victimes s'est élevé à environ 5 500 et en 2009, 3 956 victimes ont été recensées, soit 28 % de moins que l’année précédente.

Pour la seule année 2009, quelque 198 km2 de zones minées ont été dépollués, avec la destruction de 255 000 mines antipersonnel et 37 000 mines anti-véhicules.

Les principales opérations de dépollution (80 % environ) se sont déroulées en Afghanistan, au Cambodge, en Croatie, en Irak et au Sri Lanka. 66 États demeurent concernés par la présence de mines sur leur territoire16. Le Cambodge espère avoir libéré son pays des mines antipersonnel d'ici 202530. Entre 1992 et 2021 le pays s'est débarrassé de 1 118 693 mines antipersonnel, 25 918 mines antichars et 2 977 267 REG, cette grand campagne a permis de faire passer le nombre de morts par mine de 4 320 en 1996 à 44 en 202137.

La lutte antimine

De nombreuses personnalités telles que Lady Diana Spencer, Adriana Karembeu ou Heather McCartney ont pris fait et cause pour l'élimination des mines antipersonnel, appuyant les efforts de nombreuses organisations telles que HAMAP, Handicap International, l’ONU38, le CICR.

Ces actions visent à l’interdiction des mines antipersonnel, au niveau national ou international, l’identification des pays et populations touchées, la prévention et le déminage, la réparation et les soins aux victimes.

Cas des États-Unis

Les États-Unis refusent de signer la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, car celle-ci n'envisage pas d'« exception coréenne », alors que les champs de mines sont un composant crucial de la stratégie américaine de protection de la Corée du Sud contre la Corée du Nord.

En 1992, les États-Unis ont interdit l'exportation de toutes les mines antipersonnel américaines.

En 1999, ils ont supprimé leur dernier champ de mines permanent qui entourait leur base navale de Guantanamo, à Cuba, et ont ratifié la modification du protocole II de la convention sur certaines armes classiques, première convention mondiale sur les mines terrestres portant sur les mines antipersonnel et antivéhicule et qui interdit aussi les pièges.

En 2004, ils se sont engagés à ne plus jamais employer des mines persistantes après 2010 et à les remplacer au besoin par des mines qui deviennent inutilisables en quelques heures ou en quelques jours après leur pose.

En 2006, ils ont adhéré à la déclaration de la troisième conférence d'examen de la Convention sur certaines armes classiques39.

Le , les États-Unis annoncent qu'ils ne fabriqueraient plus de mines antipersonnel, et qu'ils chercheraient à adhérer au traité international d'Ottawa les interdisant, à l'occasion d'une conférence sur le sujet à Maputo au Mozambique40. À cette date, leur stock est de 3 millions de mines contre 10 millions en 200241. Ces munitions ont une durée de vie de 10 ans et seront donc inopérantes en 2024. Les champs de mines de la zone coréenne démilitarisée sont sous la responsabilité de la Corée du Sud42.

Culture populaire

Certains films ont utilisé le thème des mines terrestres et de leurs ravages comme élément principal de leur scénario :

Notes et références

  1. (en) « Department of Defense Press Briefing by Rear Adm. Kirby in the Pentagon Briefing Room » [archive], sur Département de la Défense, (consulté le ).

Bibliographie

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Missile

 
 

Un missile est un projectile autopropulsé et guidé (sinon il s'agit d'une roquettea), constitué :

  • d'un propulseur : moteur-fusée, réacteur (généralement statoréacteur), voire les deux (une fusée donnant l'impulsion de départ, avant d'être relayée par un statoréacteur) ;
  • d'un système de guidage, qu'il soit externe (téléguidage) ou indépendant (autoguidage) ;
  • d'une charge utile, qui peut être une charge militaire (explosive, incendiaire, chimique, biologique, etc), un système électronique (drone de reconnaissance, missile scientifique ou expérimental) voire un simple poids pour équilibrer l'engin (missile cible) ou une masse inerte (missile de propagande transportant des tracts).
 
Le missile air-air AIM-9 Sidewinder, à guidage infrarouge.

Origine du terme

Le terme missile désignait initialement une arme de trait avant de désigner un engin autopropulsé1. La règle généralement utilisée de nos jours veut que :

Il existe cependant des exceptions, tels que les projectiles des lance-roquettes multiples, qui sont actuellement le plus souvent autoguidés tout en conservant le nom de roquettes, ou des prototypes datant d'une période où les systèmes électroniques étaient bien plus coûteux, fragiles et volumineux qu'actuellement. Une telle utilisation de ce terme est exceptionnelle et, en général, due à un contexte historique particulier (prototype ancien, dénomination qui perdure bien qu'elle soit devenue impropre).

Historique

 
 
Missile V-1 allemand de la Seconde Guerre mondiale.

Dès le VIe siècle des fusées récréatives ou de guerre semblent attestées en Chine. Des lanceurs de fusées multiples à main (et transportés dans des paniers) étaient également utilisés par les chinois ou avec des chariots appelés hwacha chez les coréens dès 1377. Le hwacha a été créé par Choi Mu-seon, qui innova dans la production de la poudre à fusée et fut l'auteur de la première fusée coréenne, sous la dynastie Choeson.

À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, des fusées à têtes explosives ou incendiaires sont testées dans les armées régulières européennes[réf. nécessaire]. Le modèle le plus connu fut sans doute celui dit « de Congreve », inspiré par les fusées du royaume de Mysore (dans l'actuelle Inde), utilisé par les armées anglaises. Le perfectionnement des canons durant la seconde partie du XIXe siècle entraîna l'abandon des fusées à tête explosive. Toutefois, des modèles éclairants et/ou incendiaires semblent avoir été utilisés, et le sont toujours de nos jours.

En , durant la Première Guerre mondiale, l'armée allemande commença à développer un biplan armé de torpilles qui fut lancé depuis un zeppelin. Les essais en vol eurent lieu en avril 1917 mais cette arme ne fut jamais déployée. Durant cette même guerre, plusieurs ballons d'observation français furent abattus par des fusées incendiaires (ce qui poussa à l'adoption du parachute par les aérostiers). L'armée française utilisa aussi des fusées à poudre lancées par avion pour abattre des ballons d'observation allemands.

 
Coupe d'un missile antichar français ENTAC de 1re génération, entré en service dans les années 1950.

Les premiers missiles opérationnels de l'Histoire furent utilisés par le Troisième Reich durant la Seconde Guerre mondiale. Leur mise au point avait commencé en 1932, dans un laboratoire de Kummersdorf. La première victime de ces armes fut l'escorteur Egret de la Royal Navy. Moins de deux semaines plus tard, en , lorsque l'Italie fit volte-face et épousa la cause des Alliés, une bombe planante radiocommandée Fritz X, larguée depuis un bombardier, coula le navire de ligne de 35 000 t Roma de la marine militaire italienne. L'efficacité de ces bombes guidées a été évaluée à 40 %.

 
Predator et ses Hellfire accrochés au pylône sous voilure.

Puis vinrent les V1 et V2 allemands mis au point en 1944 et utilisés pour bombarder Londres et Anvers. Ils avaient été conçus par Werner von Braun. Cet ingénieur se rendit aux forces américaines avec son équipe. C'est lui qui, après les échecs répétés des fusées Vanguard de la marine américaine construites sans son concours, allait devenir dans les années 1960 le père technique du Programme spatial des États-Unis (voir Opération Paperclip). Deux autres missiles furent mis au point par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale : le missile antinavire Henschel Hs 293 A et le missile air-air Kramer X4, tandis que plusieurs autres projets dont quatre de missile sol-air et un missile antichar étaient en cours.

Les Alliés étaient très en retard dans ce domaine, seuls les États-Unis ayant mis en service en 1945 une bombe planante autoguidée (Bat) qui fut utilisée à quelques reprises durant les campagnes du Pacifique. Après la guerre furent développés les premiers missiles air-air, sol-air et sol-sol. On peut citer quelques dates :

Propulsions

Différents types de propulsions ont été ou sont utilisés. Ce sont principalement des fusées, des réacteurs ou des engins mixtes.

Classification

 
Un missile balistique intercontinental américain Titan II tiré depuis son silo.
 
Exemple de silo russe.
Rem : Certains de ces silos ont été recyclés, ou devaient l'être par exemple en France pour le stockage de munitions non explosées, chimiques, datant de la Première Guerre mondiale, en attente de démantèlement2.

Les missiles peuvent être catégorisés en fonction de nombreux critères.

En fonction de leur profil de mission (plate-forme de tir et objectif) :

Uniquement en fonction de leur cible :

En fonction de leur portée :

voire, dans le cas des missiles nucléaires ;

En fonction de leur type de vol :

En fonction de leur système de guidage : voir ci-dessous.

Ces différentes catégorisations se recoupent partiellement et rendent une classification des différents missiles relativement complexe : ainsi, par exemple, un missile mer-sol peut être soit un missile balistique soit un missile de croisière, et un missile anti-char n'est qu'une version spécialisée du missile air-sol.

Guidage

 
Un missile de croisière air-sol américain AGM-86 ALCM.

D’un point de vue technique, il existe de nombreux systèmes de guidage différents. Ils dépendent des caractéristiques de la cible et du degré de précision que la mission et la munition rendent nécessaires.

 
Tir d'un missile antichar TOW filoguidé.

Certains missiles, souvent anti-navires, utilisent successivement plusieurs types de guidage: inertiel juste après leur lancement, puis radar lorsqu’ils ont localisé leur cible. D'autres se calent sur les ondes électromagnétiques émises par leurs cibles (cas des missiles anti-radar).

De nos jours, tous les missiles devant parcourir de grandes distances (balistique, semi-balistique, croisière) associent différentes techniques, complémentaires les unes des autres.

Démantèlement

S'il n'a pas été utilisé, le missile désuet reste un objet dangereux, notamment les armes à sous-munitions telles que les roquettes MLRS. Le rejet en mer ou en lac des munitions non explosées n'est plus une solution acceptable, tout comme leur destruction par explosifs dans la nature, source de pollutions et de risque.

Des unités spéciales de démantèlement avec traitement thermique des matériaux qui peuvent l'être et recyclage possible de certains éléments ou métaux précieux se mettent en place, dont en France en 2014 à Bourges-Le Subdray (Cher) où a été inauguré le missilier MBDA3, dans un site classé « Seveso 2 seuil haut » cerné d’arbres un premier site français de « démantèlement de munitions complexes » (capacité : 6 missiles/jour, soit 2 500 t/an. ce qui ne permettra que d'essentiellement traiter les missiles produits par ce fabricant pour le compte des services interarmées des munitions de l’armée française et peut être quelques stocks d'autres pays européens ayant ratifié la Convention d'Oslo sur les armes à sous-munitions) ; les propulseurs et allumeurs seront brûlés à 600-800 degrés dans un four blindé, mais la charge militaire envoyée chez l’industriel norvégien Nammo4

Bibliographie

Notes et références

Notes

  1. Voir le paragraphe #Origine du terme.

Références

  1. MBDA boucle le cycle de vie des missiles ; Les missiles aussi se cachent pour mourir. Article de Environnement magazine, 1er juillet 2014.

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Missile balistique

 
 
Missile balistique
Missile balistique
Trois phases de la trajectoire du missile balistique
Présentation
Type de missile Type de missile guidé, armé d'une tête conventionnelle ou nucléaire, lancé du sol, de la mer ou des airs, à une distance pouvant dépasser 10 000 km
Déploiement Premier missile déployé : V2 en 1944
Premier ICBM en 1959
Caractéristiques
Nombre d'étages 1, 2 ou 3 étages
Ergols Propergol liquide ou solide
Vitesse SRBM : mach 2
ICBM : mach 23 (28 400 km/h ou 7,8 km/s) en fin de parcours
Portée De quelques dizaines de km (SRBM) à plus de 10 000 km (ICBM)
Apogée ICBM : > 1 000 km
Charge utile Une ou plusieurs ogives (Mirvage)
Puissance courante entre 100 Kt et 1 Mt
 
Tir d'un missile Titan II depuis son silo ; cet engin fut opérationnel à partir de 1962.

Un missile balistique est un engin qui lance une ou plusieurs armes en leur donnant une trajectoire essentiellement balistique, c'est-à-dire influencée uniquement par la gravité et la vitesse acquise par l'impulsion fournie lors de la propulsion. La phase balistique est précédée par une phase de propulsion sous l’effet d’un moteur-fusée, le missile proprement dit, donnant à l'arme (ou aux armes) la vitesse nécessaire pour atteindre la cible après une trajectoire essentiellement spatiale.

La phase d'accélération n'est pas balistique puisque soumise essentiellement à la force propulsive des moteurs. Elle est courte : moins de trois minutes. Vient ensuite le parcours balistique, celui de l'arme qui, une fois lancée et donc dotée d’une vitesse suffisante, n'est plus soumise dans l'espace qu'à la seule gravité de la Terre. Il dure plus longtemps, de dix minutes à une demi-heure selon la poussée fournie par le missile. Il précède une très brève phase de rentrée dans l’atmosphère de l'ordre de quelques secondes qui, parce que soumise au frottement de l’air, n’est pas balistique.

Comme, finalement, l'essentiel du temps de parcours de l'arme est de nature balistique, c'est ce nom qui a été donné aux missiles qui la lancent.

Définitions et catégories

Définitions

Un missile est une arme propulsée et guidée conçue pour emporter une charge militaire. Les quatre catégories principales de missiles sont :

Missiles et lanceurs

 
Lancement par une fusée Atlas d'une capsule Mercury emportant à son bord l'astronaute John Glenn, premier astronaute américain à orbiter autour de la Terre.

Les missiles balistiques développés depuis la Seconde Guerre mondiale répondent à des besoins opérationnels sur les théâtres d'opérations comme à des besoins stratégiques dans le cadre de la dissuasion nucléaire. Durant les années 1950, certains projets ont une double finalité, militaire et civile. Dans ce deuxième domaine d'application, le terme « missile » est remplacé par « lanceur » ou « fusée ». Ainsi, Atlas, le premier missile intercontinental (ICBM) développé aux États-Unis, est aussi utilisé comme lanceur pour Mercury, le premier véhicule spatial américain3. De même, le missile R-7 Semiorka (code OTAN SS-6 Sapwood) est le premier missile balistique intercontinental développé par l'Union soviétique ainsi que la première fusée à avoir placé un satellite artificiel, Spoutnik 1, en orbite autour de la Terre, premier vol orbital réussi de l'ère spatiale4. Contrairement aux missiles conçus pour envoyer leur charge utile sur une cible prédéterminée, les lanceurs ont pour vocation de placer leur charge utile en orbite terrestre pour des applications qui peuvent aussi être des satellites militaires5.

De nos jours, la Russie, les États-Unis, le Japon, la Chine, les pays européens par le biais de l'Agence spatiale européenne, Israël, l'Inde, l'Iran et la Corée du Nord et la Corée du Sud disposent de leur propre capacité de lancement spatial. D'autres pays aspirent à une telle capacité, comme le Brésil et le Pakistan. Le caractère potentiellement dual, civil et militaire, des lanceurs spatiaux développés au XXIe siècle par une dizaine de pays est un enjeu de sécurité, la prolifération des missiles nourrissant la prolifération nucléaire.

Le traité de l'espace, entré en vigueur en 1967, définit les principes régissant les activités des États en matière d'exploration et d'utilisation de l'espace extra-atmosphérique. En particulier, il interdit la mise en orbite d'armes nucléaires. Il n'interdit en revanche pas le lancement de missiles balistiques dont l'essentiel de la trajectoire se situe dans l'espace extra-atmosphérique.

Typologie

Il n'existe pas de typologie internationale officielle des missiles balistiques. La typologie suivante selon la portée des missiles a été adoptée par l'usage pour les missiles lancés depuis le sol :

Le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, signé en 1987 par les États-Unis et l'Union soviétique, définit deux catégories : les missiles de portée intermédiaire, d'une portée comprise entre 1 000 et 5 500 km, et les missiles à plus courte portée, dont la portée se situe entre 500 et 1 000 km6.

 
Un missile américain Trident II tiré depuis un sous-marin perce la surface de l'eau.

Pour les missiles qui ne sont pas lancés depuis le sol, la classification distingue leur milieu de lancement :

Place dans les forces armées

Les missiles balistiques acquièrent durant la guerre froide une place considérable parmi les équipements des forces armées. La guerre froide stimule le développement de missiles balistiques toujours plus performants, auxquels des moyens humains, industriels et financiers sont consacrés afin d'augmenter leur portée, d'en réduire les délais de lancement et de les protéger contre les frappes ennemies, d'améliorer leur précision ou d'augmenter les performances de leur charge utile. En URSS, en 1958, les achats de missiles représentent 6 % du budget d'équipement des forces armées, tandis qu'en 1965, ils en représentent 53 %.

Les missiles sont le plus souvent associés à la notion d'arme de destruction massive, terme qui désigne les armes nucléaires, radiologiques, bactériologiques et chimiques. Ils peuvent aussi emporter des ogives explosives dites conventionnelles. Leur développement durant les années de la guerre froide est fondamentalement lié à l'arme et à la dissuasion nucléaires. Toutefois, à fin 2019, des missiles ont été utilisés dans plus d'une douzaine de conflits pour lancer des ogives conventionnelles ou chimiques, mais jamais d'ogive nucléaire.

Les neuf pays dotés de l'arme nucléaire distinguent :

Histoire

L’histoire du missile balistique commence au début du XXe siècle. Engin complexe, seuls les États très avancés sur le plan scientifique et technologique peuvent initialement en entreprendre la construction. À partir des années 1990, le savoir-faire s'est répandu dans le monde et le commerce des composants entrant dans la fabrication d'un missile balistique n'est pas interdit par traité. En conséquence, si seules les puissances nucléaires durant les années de la guerre froide se lancent dans la fabrication de missiles balistiques, plus d'une vingtaine d'États en ont depuis acquis ou développé dont certains sont dotés d'ogives nucléaires ou pourraient l'être.

Découverte et validation du concept de missile balistique

Les précurseurs

L’histoire de la conquête spatiale et du missile a retenu les noms de quatre pionniers : le Russe Constantin Tsiolkovski, le Français Robert Esnault-Pelterie, l'Américain Robert Goddard et l'Austro-hongrois Hermann Oberth.

En Russie, Tsiolkovsky est le premier au début du XXe siècle à poser les principes physiques à la base du fonctionnement des fusées et du vol orbital qui démontrent notamment la nécessité de construire des fusées à étages séparés pour atteindre la vitesse orbitale7,8.

Robert Esnault-Pelterie, inventeur talentueux, pionnier de l’aviation, propose de caractériser la navigation à venir dans le ciel et les astres par le mot « astronautique », universellement adopté depuis. il s’intéresse dès 1907 à la théorie de la propulsion par réaction et aux possibilités offertes par la fusée pour les voyages interplanétaires, dont il devient un ardent promoteur. Mais il échoue à intéresser l'État-major français à la construction de fusées9,10.

Aux États-Unis, Goddard est le premier à construire des fusées expérimentales à carburant liquide : sa première fusée, lancée le s'élève à 12,5 mètres de hauteur et parcourt 56 mètres depuis son lieu de lancement11.

En Allemagne, Hermann Oberth soutient en 1923 la première thèse de doctorat en astronautique qu'il publie sous le titre La fusée dans l'espace. Il préside à partir de 1928 une société savante La société pour la navigation spatiale (en allemand Verein für Raumschiffahrt). Ses convictions deviennent rapidement partagées, contrairement à ce qui se passe côté français. Il attire de jeunes talents comme Wernher von Braun12,13.

Les premiers missiles opérationnels

 
V2 au décollage en 1943 lors d'un test à Peenemünde.

En Allemagne, l'armée crée un département Balistique au sein de la direction des Armements que von Braun rejoint en 1932. Au sein de cette institution militaire, il prend la tête d'un programme de recherche sur les fusées à propulsion à ergols liquides, qui bénéficie d'un soutien financier croissant des dirigeants militaires allemands dans le contexte d'une politique de réarmement de l'Allemagne portée par l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler en janvier 1933.

Des tests de missiles à ergols liquides sont effectués à partir de 1932. Les équipes s'installent en 1937 sur le site secret de Peenemünde sur la Baltique où 5 000 personnes travaillent en 1942. La conception du missile A-4, le futur V2, est finalisée en 1941 et le premier essai en vol réussi a lieu le . Les premiers V2 sont tirés sur Paris et Londres le . Le missile est publiquement identifié par le ministre de la Propagande nazie, Joseph Goebbels, comme l'« arme de représailles 2 » (en allemand : Vergeltungswaffe 2), soit en forme courte V214,15,16.

Développements durant la guerre froide

Les années 1945-1949 : prolifération de projets et expérimentations

 
Missile R-2, dérivé du V2, à l'entrée de Korolev, au sud de Moscou, rebaptisée en l'honneur de Sergueï Korolev.

La Seconde Guerre mondiale finie, il poursuit ses essais au Nouveau-Mexique avec une grande partie de son équipe et beaucoup de matériel que les américains ont récupéré17. Mais là, de 1945 jusqu’à la fin des années 1950, il n’y a plus de volonté politique, plus d’intérêt de la part des États-Unis pour le dossier spatial. L’USAF favorise les bombardiers à très long rayon d’action de son Strategic Air Command (B-36, B-47, B-50 puis B-52). Le , le secrétaire d’État américain John Foster Dulles formule le concept de « représailles massives » exécutable par la flotte des bombardiers stratégiques et eux seuls18 qui ne laisse pas sa place à une arme nucléaire lancée à très longue portée qui arriverait beaucoup plus vite que les avions. Seuls des engins dits plus tard de portée intermédiaire sont réalisés pour prendre place aux portes de l’Union soviétique, les missiles Thor et Jupiter.

Le missile balistique est donc alors confiné dans un petit rôle dont on ne cherche pas à le faire sortir. Il ne devient de nature essentiellement stratégique qu’avec la vision politique des Soviétiques et le lancement de Spoutnik 1, le . La guerre finie, et cette fois en Union soviétique, se rencontrent un autre homme de génie et la volonté politique qui fera finalement basculer le monde de la guerre froide puis celui d’aujourd’hui dans le concept de la dissuasion nucléaire créé par les missiles balistiques de longue portéenote 1.

Cet homme, c'est Sergueï Korolev. Envoyé en 1936 au Goulag où vont mourir sa femme et sa fille, il exerçait dans un laboratoire de recherche dédié aux applications militaires des fusées, créé à la suite des travaux de Constantin Tsiolkovski qui, le premier en 1924, avait mis en évidence le paramètre fondamental de la conquête de l’espace. C’est la vitesse à donner à l’arme ou au satellite19.

Staline sort Korolev du Goulag en 1945 pour qu’il examine le matériel balistique et interroge les ingénieurs allemands que les Américains n’avaient pu prendre. Les travaux qu’il va de lui-même mener ensuite sur des évolutions successives du V2 de plus en plus performantes (modèles dits successivement R1, 2, 3…), son puissant génie et celui de ses équipes au début pour partie allemandes et très vite entièrement nationales, mais aussi la perspicacité des dirigeants russes, tout cela conduit en 1953 au lancement dans le plus grand secret, du programme de construction d’un missile balistique dit R-7 et appelé intercontinental20, c’est-à-dire de très longue portée et capable d’atteindre les États-Unis depuis le territoire soviétique.

Les années 1950 : premiers déploiements opérationnels de missiles nucléaires

 
Le Atlas I, premier missile balistique intercontinental américain, 1958.

Le , lancé par une fusée R-7, le satellite artificiel Spoutnik 1 orbite autour de la Terre. Ceci n’intéresse que les journalistes et le grand public. Ce qui intéresse les militaires américains, au fait des progrès soviétiques depuis plusieurs mois déjà, ce n’est pas le satellite mais le fait d’avoir été capable de le satelliser. Une fusée qui a pu fournir une vitesse de 8 km/s aux quelques kilos d’un satellite pourrait lancer une charge plus lourde à une vitesse moindre. À 7 km/s par exemple la charge retomberait sur la Terre à 10 000 km de son point de lancement tandis qu’on aurait remplacé le satellite par une arme nucléaire (cf. ci-dessous). Les Soviétiques n’en sont pas encore là, mais ils viennent de montrer qu’ils allaient y arriver.

Le président et ex-général Dwight D. Eisenhower prend la mesure du danger et du retard des États-Unis avec une inquiétude mesurée que ne partage pas le camp opposé, celui du futur président John F. Kennedy, beaucoup plus décidé à combler le déficit technique que la satellisation vient de démontrer (le « missile gap »)21. Deux décisions capitales pour l’avenir du missile balistique s’ensuivent :

Une telle décision a fait l’objet de nombreuses analyses historiques. Elle est prise après le premier vol d’un Homme dans l’espace, le , qui caractérise à nouveau l’infériorité américaine dont l’avenir montrera qu’elle n’est pas si importante. Quoi qu’il en soit, elle a donné un énorme élan au complexe militaro-industriel américain en lui fournissant d’immenses crédits de recherche et de développement. Parce que le missile balistique est un objet complexe il faudra aux États-Unis comme à l'URSS puis à la France ultérieurement, deux ou trois générations de missiles avant d’en arriver aux portées les plus longues. Pour soutenir cet effort au but uniquement militaire qui aurait pu être difficilement acceptée par les citoyens américains, l’idée de proposer d’aller sur la Lune a été d’une excellente politique.

Les années 1960 : développement et déploiement tous azimuts

En , la crise des missiles de Cuba théorise définitivement l’emploi du missile balistique sous sa forme actuelle. Portée très grande, emploi d’ogives nucléaires, délai de tir très court et protection extrême dans des bunkers ou, plus sûrement encore, à bord de sous-marins.

Les Américains avaient placé en Turquie et en Italie, depuis 1959, une génération intermédiaire de missiles balistiques (les Jupiter) qui n’avaient encore que quelques milliers de kilomètres de portée et donc ne pouvaient être tirés trop loin de Moscou, d’où leur positionnement. L’Union soviétique souhaita manifester sa capacité de rééquilibrage stratégique en plaçant ses missiles balistiques (R-12), qui, pour les mêmes raisons de développement technique, avaient les mêmes portées, dans l’île de Cuba où ils étaient alors à portée de Washington. Dans les deux cas les deux pays détruisaient leur capitales en un quart d’heure, le temps de parcours des armes des missiles balistiques de portée intermédiaire.

La crise s’est soldée par le retrait de ces missiles balistiques : ceux des Russes ne sont jamais arrivés à Cuba et ceux des Américains ont été retirés de Turquie et d'Italie parce qu’ils étaient devenus inutiles. Les deux grands mettaient alors en service leur dernière génération de missiles balistiques capables d'assurer la destruction des capitales et autres cibles majeures en passant au-dessus du pôle Nord en trente minutes. Le missile balistique de dernière génération — et rien de tel avant lui — ne donnait plus le temps de déclarer la guerre. Probablement ces deux présidents ont-ils été les premiers à en prendre pleinement conscience. Ils ont alors mis en place un moyen spécifique de s’entretenir directement et rapidement en cas de crise ou d'urgence : le téléphone rouge.

La lettre envoyée au premier secrétaire du PCUS Khrouchtchev par Madame Kennedy peut probablement conclure à ce jour (2017) l’histoire des missiles balistiques stratégiques aboutis, ces armes effroyables « dans la main de grands hommes » selon elle22 : « Cher Président, (…) je sais combien mon époux tenait à la paix, et combien la relation que vous aviez était centrale dans ce souci qui occupait son esprit. Il avait l’habitude de vous citer dans certains de ses discours : « Dans la prochaine guerre, les survivants envieront les morts ». (…) Le danger qui hantait mon mari était que la guerre puisse être déclarée, non par des grands hommes mais par des petits. Les grands hommes savent qu’il est nécessaire de se contrôler et de se restreindre… ».

Dans les années 1960, la France et la Chine se lancent à leur tour dans le développement de missiles balistiques. La France disposait en 1958 d’un savoir-faire balistique et surtout nucléaire mais sans volonté de réaliser un missile balistique. Dès qu’elle s’est manifestée par décision du général De Gaulle devenu président de la République, la construction en a été actée dans la deuxième loi programme 1965-197023.

Garantir l’effet dissuasif, c’est empêcher l’adversaire de détruire le missile balistique en tirant le premier24. L’histoire a montré trois dispositions possibles pour les missiles balistiques en attente de tir : sur des wagons ou des camions déplacés continûment. Il faut disposer de vastes espaces très peu habités ; dans des silos de plus en plus protégés au fur et à mesure que la précision des missiles balistique adverses croît ; dans des sous-marins dissimulés par les immensités océaniques.

La disposition dans des sous-marins lanceurs de missiles balistiques est aujourd’hui considérée comme la plus sûre25. Les trois seuls pays à détenir sous la mer leurs propres missiles de très longue portée sont les États-Unis, la Russie et la Francenote 2.

Les années 1970 et 1980 : vers la fin de la course au nombre et à la technologie

À partir du début des années 1970, les Américains et les Soviétiques s'entendent pour limiter puis réduire par étape le nombre de leurs armes stratégiques en fixant des plafonds qui concernent à la fois le nombre d'ogives nucléaires et le nombre vecteurs stratégiques, c'est-à-dire de missiles balistiques lancés du sol ou lancés depuis un sous-marin.

La signature du traité sur les forces nucléaires intermédiaires en 1987 complète ces dispositions. Il se traduit par le démantèlement complet de tous les missiles balistiques (et de croisière) d'une portée supérieure à 500 km.

Il en résulte un moindre engouement pour les missiles balistiques durant la fin du XXe siècle dans un contexte géopolitique marqué par la fin de la guerre froide et, pour un temps seulement, une baisse générale des tensions internationales.

Cependant les puissances régionales continuent de voir l'intérêt du missile balistique pour s'imposer vis-à-vis de leurs voisins et se lancent, notamment au Moyen-Orient et en Asie dans des programmes d'acquisition de missiles à courte ou moyenne portée. Ces programmes sont pour plusieurs pays directement couplés avec leurs efforts pour devenir une puissance nucléaire.

Prolifération des missiles balistiques au XXIe siècle

En 2010, le Conseil de l'Atlantique nord estime qu’en dehors de l’OTAN, de la Russie et de la Chine, 5 550 à 6 250 missiles balistiques sont en service dans le monde, dont 500 à 700 d’une portée de 2 000 à 3 000 km et une quarantaine pouvant atteindre de 3 000 à 5 500 km. L'inventaire des missiles balistiques dans le monde publié fin 2017 par l'Arms Control Association fait état de 32 pays en possédant. Neuf d'entre eux sont aussi des puissances nucléaires26.

Durant les années de la guerre froide, l'Union soviétique fournit à de nombreux pays « amis » des missiles à courte portée, Scud-B et SS-21, créant ainsi des conditions favorables à la prolifération des missiles balistiques au XXIe siècle. De nos jours, la moitié des États qui possèdent des missiles balistiques sont équipés de ces missiles ou de modèles qui en sont directement dérivés.

D’autres pays, tels la Chine, le Pakistan, l'Inde, Israël et l'Iran continuent aujourd'hui à développer des missiles balistiques à portée intermédiaire dont le rôle stratégique leur convient puisque les adversaires sont géographiquement proches. Le cas de la Corée du Nord est différent : l’objectif politique de menacer les États-Unis ne peut être atteint que par un missile balistique de très longue portée. En 2019, avec l'abandon du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, la situation concernant la Russie et les États-Unis est devenue confuse pour l'avenir.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, des missiles balistiques sont utilisés pour la première fois en 1973 durant la guerre du Kippour. Depuis, ils ont été utilisés dans une quinzaine de conflits. Les pertes les plus importantes dues à des missiles sont celles résultant des attaques massives de Scud lancés par l'Irak contre l'Iran durant le conflit qui les oppose de 1980 à 1988 qui font des milliers de morts parmi la population civile27.

Les missiles balistiques des puissances nucléaires

Missiles des puissances nucléaires28
PaysICBMIRBMSLBM
Drapeau des États-Unis États-Unis Minuteman III ❌ Trident II (D5)
Drapeau de la Russie Russie RS-24 Yars ❌ RSM-56 Bulava
Drapeau de la République populaire de Chine Chine DF-31 DF-21 JL-2
Drapeau du Royaume-Uni G.-B. ❌ ❌ Trident II (D5)
Drapeau de la France France ❌ ❌ M51
Drapeau de l'Inde Inde ❌ Agni-5 K-15 Sagarika
Drapeau d’Israël Israël ❌ Jéricho ❌
Drapeau du Pakistan Pakistan ❌ Shaheen-III (en) ❌
Drapeau de la Corée du Nord Corée N. Hwasong-14 (en) KN-15 (en) KN-11

Toutes les puissances nucléaires équipent leurs forces nucléaires stratégiques de missiles équipés d'ogives nucléaires. Le tableau montre la ou les catégories de missiles stratégiques que ces pays possèdent et le nom du modèle le plus performant en service à la fin des années 201029. Les armes stratégiques possédées par les États-Unis et la Russie sont plafonnées par le traité New Start de 2010, ce qui n'interdit pas leur modernisation. La Chine, qui n'est liée par aucun traité de cette nature, poursuit le développement de son arsenal. Elle procède notamment depuis 2014 aux essais du DF-41, un nouvel ICBM dont la mise en service est prévue en 2019 ou 2020. Sa portée estimée de 12 000 à 15 000 km en ferait le missile intercontinental de plus longue portée, capable d'atteindre les États-Unis en 30 minutes ; il peut être lancé depuis un silo ou depuis un système mobile et emporter soit une tête nucléaire unique de 1 Mt ou jusqu'à 10 ogives mirvées d'une puissance unitaire comprise entre 20 et 150 kt30.

La Corée du Nord procède à de nombreux essais de missiles de tous types, ICBM, IRBM et SLBM. De façon générale, il est impossible de connaître précisément le stade de développement atteint par ces missiles et si certains d'entre eux sont réellement opérationnels.

En 1988, le traité américano-soviétique sur les forces nucléaires à portée intermédiaire interdit la possession de missiles sol-sol nucléaires ou conventionnels de portées comprise entre 500 km et 5 500 km. Le développement de missiles balistiques tactiques est alors définitivement arrêté dans ces deux pays mais ils n’en avaient plus besoin. D’autres pays, tels la Chine, le Pakistan, l'Inde, Israël et l'Iran continuent aujourd'hui à développer des missiles balistiques à portée intermédiaire dont le rôle stratégique leur convient puisque les adversaires sont géographiquement proches. Le cas de la Corée du Nord est différent : l’objectif politique de menacer les États-Unis ne peut être atteint que par un missile balistique de très longue portée. En 2019, avec l'abandon du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, la situation concernant la Russie et les États-Unis est devenue confuse pour l'avenir.

Le développement de missiles par l'Iran

L'Iran mène depuis la guerre avec l'Irak dans les années 1980 de nombreux projets de développement de missiles, initialement avec l'aide de la Corée du Nord. Ses missiles sont placés sous le contrôle de la Force aérospatiale de l'armée des Gardiens de la révolution islamique. La communauté internationale s'inquiète du développement de missiles par l'Iran en raison principalement des craintes qu'il finisse par se doter de l'arme nucléaire. En 2019, l'Iran est le pays du Moyen-Orient qui possède le plus grand nombre de missiles balistiques31.

Les missiles balistiques des puissances non nucléaires

 
Missile balistique Scud afghan sur son TEL.

La possession de missiles balistiques augmente à la fois la capacité de frappe militaire d'un pays et sa capacité de dissuasion, même lorsqu'elle n'est pas associée à la possession d'armes nucléaires. Le missile a une probabilité d'atteinte de sa cible très supérieure à celle d'un avion de combat, car les technologies d'interception d'avions sont beaucoup plus avancées que celles de défense antimissile.

Durant la guerre du Golfe en 1991, l'aviation irakienne est clouée au sol en raison de la supériorité aérienne des Alliés, mais les Irakiens peuvent lancer avec un taux de succès important des missiles Scud sur des cibles civiles en Israël et sur un camp militaire américain en Arabie saoudite, malgré le déploiement de missiles Patriot de défense antimissile.

L'augmentation de la capacité de dissuasion résulte du fait que les missiles de génération ancienne, encore les plus répandus, relativement peu précis et donc peu adaptés à viser des cibles militaires précises, sont davantage utilisables contre des cibles civiles devenant ainsi une arme de terreur à l'instar de l'arme nucléaire. Les missiles modernes et précis ont en outre grâce à leur vitesse la capacité à frapper de manière préventive des cibles militaires, détruisant ainsi une partie du potentiel offensif d'un pays par surprise27.

Les missiles balistiques non dotés d’armes nucléaires servent :

Caractéristiques techniques

Concept

Le concept du missile balistique est simple : c’est celui du lancer du javelot. Plus on lance vite, plus le javelot va loin. Pour lancer le plus vite possible l’athlète court puis transmet toute sa vitesse à son arme, encore accrue par un violent mouvement du bras. Les armes de guerre — les boulets puis les obus — sont bien plus lourdes que le javelot ; on veut aussi les lancer plus loin, d'où le trébuchet de l'artillerie médiévale et la baliste puis, en utilisant la poudre, la bombarde, le mortier, l’obusieretc., qui donnent à l’arme lancée de plus grandes vitesses.

L’obus est petit. La résistance de l’air n’affecte guère sa trajectoire quasi déterminée par la vitesse acquise au lancement, d’une part, et l’influence de la gravité terrestre (son poids) d’autre part. La mathématiquenote 3 de la trajectoire parcourue a retenu le nom de « baliste » pour la caractériser. Cette trajectoire est dite « balistique »32. C’est une ellipse33, assimilable sur de petites distances à une parabole.

Les progrès de l’artillerie ne donnent toutefois aux obus les plus récents que des portées ne dépassant guère quelques dizaines de kilomètres, d'où leur trajectoire dite parabolique, comme pour le camion équipé d’un système d’artillerie français. Pour aller plus loin, la fusée doit prendre le relais.

Les vitesses fournies à leurs armes par les fusées s’expriment en plusieurs kilomètres par secondenote 4. Les trajectoires deviennent elliptiques et le centre de la Terre est l’un des foyers de l’ellipse. Les portées sont de plusieurs milliers de kilomètres, jusqu’à 10 000 km et plus. On pourrait même aller deux fois plus loin, mais lancé à 20 000 km l’obus raterait la Terre (20 000 km, c’est sa demi-circonférence) et se satelliserait (voir ci-dessous).

Quand la fusée satellise, et donc sans arme nucléairenote 5, on l’appelle « Lanceur » pour lanceur de satellites, comme Ariane par exemple. En revanche si l’objectif de la fusée est bien de faire retomber sur la terre une arme nucléaire, on l’appelle « missile balistique »34.

Seules les trajectoires des missiles balistiques sont traitées dans cet article.

Le missile balistique

Acquisition de la vitesse

Avant la fusée, seuls les obusiers fournissent les vitesses les plus grandes pour aller loin. La « Grosse Bertha » ou Pariser Kanonen pour les Allemands lançait à 120 km en 1918. Les fusées vont donner accès à des vitesses supérieures par la mise à feu d'un mélange de comburant et de combustible, dits pour chacun ergol ou propergol (ergol de propulsion).

 
Coupe de la partie propulsive d’un réservoir de propergol solide (schéma approximatif).

Dans un engin (un canon, une fusée), si l’on projette d’un côté une masse (l’obus pour le canon, les gaz de combustion pour la fusée) avec une vitesse (celle des gaz au sortir de la tuyère est énormément plus grande que celle de l’obus), alors l’engin est mis en mouvement de l’autre côté. Le canon recule mais il est fixé au sol ; la fusée avance et rien ne l'empêche d'avancer encore. La fusée va de plus en plus vite parce qu'on éjecte longtemps et toujours très vite de très grandes quantités de gaz :

Les premiers propergols liquides, ceux qu'il est le plus facile de se procurer, sont souvent très agressifs pour les structures qui les contiennent. Aussi le remplissage doit-il se faire juste avant le tir, d’où une médiocre capacité militaire.

 
Propulsion d'un missile balistique à un seul étage.

La génération suivante pallie cet inconvénient majeur. Les ergols sont alors dits « stockables » car ils peuvent rester un temps significatif dans les réservoirs. Ils n’en présentent pas moins un réel danger, surtout quand ils sont embarqués dans des sous-marins. Ainsi le sous-marin soviétique K-219 a sombré au large des Bermudes à la suite d’un incendie causé par une fuite d’ergols liquides.

Les missiles balistiques sont aujourd'hui propulsés par des ergols solides35. Le bloc de propergol est mis à feu par un allumeur. La surface d’allumage est conçue pour provoquer un dégagement de gaz relativement constant et donc une poussée uniforme. Le propergol qui n’a pas encore brûlé sert de protection thermique au réservoir.

Constitution de l’étage

S'il peut paraître plus simple de n'avoir qu'un seul étage de propulsion, cette configuration n’est pas réalisable en l’état actuel et prévisible de la technologie (voir ci-dessous).

 
Coupe d’un étage de missile balistique (figure approximative).

Un missile balistique est composé de plusieurs étages même si chaque étage doit disposer d’un allumeur, d’une tuyère et d’autres équipements connexes et que cela augmente le poids au décollage (équation de Tsiolkovski). Chaque étage est essentiellement constitué par le réservoir de propergol conçu en fibre de verre, de kevlar ou de carbone pour alléger au maximum la masse du missile balistique36, et d'éléments structuraux qui se placent de chaque côté du réservoir de propergol.

On y ajoute ce qui est nécessaire à l'étage et qui ne servira donc plus quand il sera vide : des équipements électroniques et des piles de puissance. Celles-ci alimentent des vérins électriques fixés à la tuyère ou une petite station d'huile s'ils fonctionnent à l'huile. Leurs mouvements dévient le jet de gaz et permettent le pilotage du missile balistique.

La réalisation de butées flexibles qui assurent l’étanchéité, la tenue à la chaleur de la flamme et la reprise des efforts mécaniques créés par la tuyère est le point délicat des propulseurs à poudre36. Dans les missiles balistiques de technologie moins avancée on utilise pour dévier le jet des injections de gaz dans la tuyère fixe percée, des trous judicieusement disposés. Ou bien on fait tourner la tuyère, un joint rotatif étant plus accessible qu'un joint souple. Avec ce dernier, capable de résister à des températures de quelques milliers de degrés Celsius tout en conservant des caractéristiques mécaniques convenables et la mobilité nécessaire, la tuyère devient orientable dans tous les sens37.

Constitution du missile

Accéder à de très grandes vitesses requiert de concentrer la propulsion sur la masse utile, donc l'arme. Il faut alléger continûment le missile balistique de toute masse devenue inutile, notamment celle des réservoirs quand ils sont vides.

On ne peut alléger un missile balistique à un seul étage, dont la structure en fin de combustion sera trop lourde. Un tel engin n'atteindra jamais une très grande vitesse. Le calcul de l'accroissement de vitesse fourni par la force de propulsion38 montre que l'on ne peut accéder à des vitesses élevées qu'en construisant une fusée à plusieurs étages. Elle se déleste de masses à vide des étages qui ont consommé leurs ergols et qu'il est inutile de continuer à accélérer. Seule la partie restante est accélérée, ce qui permet d'arriver aux vitesses requises.

La masse du missile décroit donc au fur et à mesure que le propergol est consommé et l'étage séparé. Dans un missile à plusieurs étages, chaque étage fonctionne jusqu'à ce qu'il ne contienne plus de propergol. En fin de parcours propulsé, il n'y a plus d'étages et donc plus de missile balistique.

Comportement du missile pendant son vol

 
Fonctionnement successif des trois étages d’un missile balistique à propergol solide après l’allumage du premier étage, étape non représentée) (schéma approximatif).

C'est ce que montre le schéma ci-contre qui présente la « vie » du missile balistique tout au long de son vol, qui dure environ trois minutes pour les très longue portée, une minute et demie à deux minutes pour les portées intermédiaires et autour d'une minute pour les courtes portées. À la fin de ces quelques minutes il n'y a plus qu'une arme (ou des armes) dans l'espace.

On distingue ainsi, après la mise à feu du premier étage :

  1. la fin de la combustion du premier étage ;
  2. l'allumage du second étage et la séparation du premier étage, vide ;
  3. le largage de la coiffe : à mi-parcours du second étage l’atmosphère devient suffisamment raréfiée pour que les frottements de l’air n’apportent plus de perturbations significatives sur la partie supérieure du missile balistique. On se débarrasse donc de la coiffe qui n'a plus de rôle de protection ;
  4. la fin de combustion du second étage ;
  5. l'allumage du troisième étage et la séparation du second, vide ;
  6. la presque fin de combustion du troisième étage ;
  7. la séparation de l’arme décidée par le programme de vol quand elle atteint la vitesse ad hoc de façon tangentielle à l’ellipse, ad hoc elle aussi qui interceptera la Terre à l'endroit exact où se situe la cible. Le troisième étage finit sa combustion peu après.

Si les missiles balistiques de courte portée peuvent être constitués d’un seul étage, ceux de portée intermédiaire en ont deux. Les longues portée en demandent trois ou quatre, de taille décroissante. Tous les derniers étages (ou le premier s’il est seul) se terminent par une « case à équipements », contenant les équipements qui servent au fonctionnement du missile balistique tout au long du vol dont ceux dédiés à l'exécution du programme de vol ou le viseur d'étoiles qui permet un recalage au dernier moment : pilotage, guidage, alimentation électrique, gestion de la charge utile, etc., le tout géré par un ordinateur embarqué.

À priori, rien n'oblige les étages à être superposés. Toutefois, les missiles balistiques sont quasiment tous à étages superposés. La forme allongée de cette configuration est de beaucoup plus compatible avec leur installation dans des silos blindés, sur des trains ou des camions, ou à bord de sous-marins. Le missile R-7 Semiorka (URSS, 1957), qui est l'ancêtre des fusées Soyouz actuelles, a été une exception à ce principe.

La trajectoire propulsée (parcours du missile)

À partir de son site de lancement (ici appelé A) le missile balistique doit placer son arme sur un point dit d'injection (B) où la valeur et la direction de la vitesse la conduira mathématiquement (trajectoire elliptique et mécanique de Newton, voir ci-dessous) sur la cible choisie (D) après sa rentrée dans l'atmosphère (C).

 
Vol du missile balistique.

Pour aller de A à B plusieurs trajectoires sont possibles. Pendant la traversée des couches basses de l'atmosphère le missile balistique subit l'effet du vent, voire des rafales. La trajectoire qu'il va suivre est définie par le besoin d'une incidence aérodynamique faible (l'axe de la poussée et l'axe du missile sont très proches) pour ne pas en venir à des mouvements de tuyère excessifs pour corriger la trajectoire. Ce qui ne fait pas aller de façon optimale vers B.

Mais à 50 km d'altitude environ les forces aérodynamiques deviennent négligeables. La trajectoire peut alors s'incurver et s'optimiser sous la direction du programme de vol. Cette optimisation n'a qu'un seul objectif : atteindre la vitesse requise en consommant le moins d'ergols possible39.

L’arme est lancée au point B après environ 3 minutes40 d'accélération à une altitude d’environ 500 km (pour une portée sur Terre de l'ordre de 10 000 km).

La trajectoire balistique dans l’espace (parcours de l'arme)

Le parcours balistique de cette arme lancée à 500 km de la Terre c'est, dans l’espace, une ellipse dont la Terre est l’un des foyers.

 
Flèche et ogive.

Une flèche ne va pas très loin. La Terre peut être assimilée comme plate sur tout son parcours. La force de gravité (l'attraction de la Terre) agit sur elle en restant quasiment parallèle à elle-même le long de son parcours. Sa trajectoire est alors une parabole (dans un champ d'attraction parallèle). Le meilleur angle de tir pour aller le plus loin possible est alors de 45° : cela ressort de l'équation de la parabole.

Une ogive avec trajectoire balistique va beaucoup plus loin. La rotondité de la Terre ne peut plus être négligée. La force de gravité reste pointée sur le centre de la Terre. Sa trajectoire est une ellipse (attraction centrée). Le meilleur angle de tir pour aller loin n'est plus de 45° mais autour de 35° : cela ressort de l'équation de l'ellipse.

Parabole et ellipses ont des similitudes. Beaucoup de ce qui vaut pour la flèche vaut pour l'ogive. Plus l'arc est puissant (ou le missile balistique), plus la flèche (ou l'ogive) part vite et plus elle va loin. Ou : il y a toujours deux façons d'atteindre la cible. Par un tir direct ou par un tir vers le ciel qui revient sur la cible (trajectoires tendue et plongeante). Avec la flèche (ou l'ogive) on couvre toute la distance entre soi (sauf ses pieds !, portée minimum) et une portée maximum. La flèche tombe partout avec la même vitesse, celle qu'elle avait en quittant l’arc. Idem pour l’ogive…

Trajectoire elliptique

C’est l’une des trajectoires de tout objet dans l’espace (l’arme comme la Lune, la Terre, etc.)41 quand l’objet est doté d’une vitesse et qu’il est soumis à une force de gravitation (celle du Soleil pour la Terre, celle de la Terre pour la Lune et pour l’arme).

S’agissant de la Terre, la première découverte de sa trajectoire elliptique42 autour du soleil est due à Johannes Kepler. Il l’a définie par trois lois41(les lois de Kepler) après l’étude qu’il avait faite des observations astronomiques de Tycho Brahe. C’est à Isaac Newton que l’on doit la première compréhension mathématique de la trajectoire de la Terre dans l’espace avec l’équation de la « conique » dont fait partie l’ellipse. C’est enfin à Constantin Tsiolkowski que l’on doit une observation majeure : le choix de la conique ne dépend que d’un seul paramètre, la vitesse au lancement. À plus de 11 km/s c’est une hyperbole et l’objet quitte la Terre ; entre 8 et 11 c’est une ellipse et l’objet se satellise ; à moins de 8 km/s c’est toujours une ellipse mais l’objet revient sur terre34.

 
Vitesses et trajectoires.

D’où il ressort, pour le missile balistiquenote 6 :

 
Trajectoires et limites de portée.
 
Caractéristiques de la portée.

La classification toujours adoptée aujourd’hui selon les portées maximum (voir plus haut : Typologie) peut induire en erreur. Les missiles de génération intermédiaire ne sont que des avatars, appelés puisqu’on les met en service, de courte, de moyenne portée, ou de portée intermédiaire. On va décrire ci-dessous la trajectoire d’un missile balistique abouti (7 km/s) avec, plus bas, le cas particulier des vitesses plus faibles.

Mouvement dans l’espace

 
Inertie dans l'espace.

Une conséquence essentielle du trajet dans l’espace relève du principe d’inertie. Un javelot lancé dans l’espace pointera toujours dans la même direction du ciel, quelle que soit la trajectoire de son centre de gravité (figure 1, expérience de pensée d'un javelot lancé dans l'espace). Il conserve une direction fixe dans le référentiel galiléen quel que soit le mouvement de son centre de gravité. L’arme nucléaire aboutie est constituée de l’arme proprement dite et de ses équipements couverts par un bouclier thermique dont on attend le meilleur profil pour qu'il soit le moins freiné possible à la rentrée pour garder une très grande vitesse avant l'explosion. Il est en forme de cône, revêtu de matériaux ablatifs. Ce cône garde donc une direction fixe.

Pour optimiser sa rentrée dans l’atmosphère il faut le pré-pointer46 (figure 2). Sans cette action il pourrait voir sa trajectoire de rentrée très perturbée, ou même se détruire. Sa séparation implique un mouvement ad hoc du troisième étage avant le lancement. Un mouvement complexe dont la connaissance ne s'acquiert que progressivement. Tous les missiles balistiques aboutis, dits intercontinentaux ou de très longue portée, sont munis d'un dernier étage qui place l'arme (ou les armes) sur une (ou des) ellipse(s) successive(s), chacune associée à un objectif, avec une position dans l'espace convenable47.

Au bilan des deux premières phases de vol, la trajectoire propulsée et la trajectoire balistique le parcours de l’arme aura duré approximativement40 3 minutes, liée au missile balistique, puis 30 minutes seule dans l’espace. Son altitude à l’apogée de l’ellipse sera de 2 à 3 000 km et sa vitesse à la rentrée dans l’atmosphère de 30 000 km/h.

Cas particulier des armes lancées à vitesses faibles

 
Trajectoires première génération.

Ces armes sont celles des missiles balistiques des premières générations. La caractéristique principale de la toute première est de fournir une vitesse très faible (autour de 2 km/s) à une arme qui fait corps avec eux car on n’a pas encore appris à les séparer : le V2 et le Scud en sont de bons exemples.

Dans le cas du V2 l’altitude atteinte aux premiers lancements est proche de la limite généralement adoptée pour l’atmosphère, soit environ 120 km48. À cette altitude les molécules d’air sont très rares. Leur faible effet est pourtant suffisant pour agir sur les aileronsnote 8, initialement placés au bas du V2 pour le stabiliser dans les premières secondes après mise à feu. L’axe du missile balistique vide et qui ne propulse plus est rapidement affecté par l’écoulement de l’air sur les ailerons, ce qui le « rapproche » de la trajectoire dont l’apogée est d’ailleurs proche de l’altitude de lancement (figure 1).

Très vite les V2 ont gagné en portée et donc en vitesse.

Le parcours balistique devient plus important et l’axe du V2 reste fixe par rapport au ciel. Mal orienté à l’arrivée dans l’atmosphère, le missile balistique peut se casser en morceaux (figure 2)49. Des études en soufflerie permettent de corriger le dessin des structures et de les renforcer.

 
Trajectoires génération suivante.

Aussi la première modification apportée par la génération suivante est-elle la séparation de l'arme dans des conditions techniquement simples et imparfaites, mais suffisantes pour assurer la rentrée de l'arme malgré la destruction possible du missile balistique à un seul étage (figure 1).

La génération suivante comporte deux étages et une arme séparée lancée à une vitesse intermédiaire entre 2 km/s (V2) et 7 km/s (missile balistique abouti), soit environ 4 à 5 km/s (portée de 4 000 km environ).

 
Agni II fabriqué en Inde.

L’arme fait encore corps avec la coiffe qui est son bouclier thermique. L’axe de cette dernière restant fixe dans l’espace, sa bonne rentrée dans l’atmosphère doit être facilitée.

Aussi on la munit d'ailerons bien visibles sur la photographie du missile balistique indien Agni II ci-contre. Le mouvement de basculement permis par ces ailerons fera prendre rapidement une direction telle que la pointe du bouclier thermique sera rapidement la plus efficace possible (figure 2)note 9.

La trajectoire de rentrée dans l’atmosphère (fin du parcours de l'arme)

La rentrée dans l’atmosphère provoque un freinage très important qui :

La rentrée dans l’atmosphère peut aussi, comme il en est pour les avions avec leur portance, rendre possible une correction de trajectoire.

Rentrée d’une arme nucléaire

 
Rentrée de huit armes atteignant des objectifs tous placés le long d'un même axe.

La précision obtenue au moment de la séparation des armes des missiles balistiques de dernière génération est au regard de leur puissance destructrice largement suffisante compte tenu des faibles erreurs propres au mode de largage (centrale à inertie du missile très élaborée et recalage optique avec les étoiles). Aussi peut-on laisser l'arme suivre librement sa trajectoire et, à la rentrée dans l'atmosphère, parcourir une ligne qui sera quasi droite à la façon d’une météorite. Les photographies de ces rentrées sont celle d’étoiles filantes arrivant au sol (ci-contre).

 
Ogives coniques W78 et leur véhicule de rentrée MK12-A LGM-30G d'un Minuteman III.

Pour être le moins freinée possible, l'arme est enfermée dans une protection de forme conique très allongée. L’échauffement est extrême car l’onde de choc colle au sommet du véhicule de rentrée50. Le corps du cône est revêtu d’un matériau de protection thermique qui se transforme en se détruisant tout en absorbant une très grande quantité de chaleur50. Il diminue donc d’épaisseur pendant la rentrée, laquelle est calculée pour qu’il en reste quelques millimètres avant l’explosion, l’objectif étant de ne pas en mettre trop pour ne pas l’alourdir inutilement. La chaleur sera très forte à l’intérieur et les équipements sont prévus pour y résister.

Aucun document disponible ne donne la vitesse de ce type d’arme à l’explosion. En revanche, on lit que des missiles balistiques intermédiaires (vitesses de 4 à 5 km/s) sont dotés d’armes de vitesse finale de l’ordre de Mach 4 à Mach 646. Les armes les plus avancées arrivent certainement beaucoup plus vite.

Rentrée d’une capsule habitée

Pour mémoire, les rentrées d'une arme nucléaire et d'une capsule habitée diffèrent totalement51.

La difficulté principale posée par la rentrée atmosphérique des engins habités est l’échauffement interne qu’il faut limiter drastiquement pour qu’il puisse être supporté par l’équipage. Pour cela, on détache l’onde de choc de la structure par une forme en bouclier arrondi.

 
Rentrée d'un véhicule Apollo.

Les matériaux sont choisis pour leur fort pouvoir d’émissivité50 qui les rend capables de renvoyer la chaleur à l’extérieur par rayonnement. Seule une petite partie de la chaleur parvient alors à pénétrer dans les structures suivantes tandis que la trajectoire de rentrée (ci-contre) est choisie pour limiter l’intensité du freinage, ce qui diminue aussi la décélération44. Le contrôle de la trajectoire reste très délicat. L'angle de rentrée est déterminant pour la suite de la rentrée. S'il est trop faible le véhicule n'est pas capté par l'atmosphère, rebondit et va se perdre dans l'espace. S'il est trop grand, il est soumis à des décélérations fortes, insupportables par l'équipage52.

Utilisation de l’atmosphère pendant la rentrée

 
Profil de vol du planeur hypersonique Hypersonic Technology Vehicle 2 testé en 2010 et 2011 par la DARPA.

Le cône de rentrée est muni de dispositifs (des ailerons par exemple) contrôlés par un moyen interne de recalage de navigation (un radar, toujours à titre d’exemple) qui guide l’arme sur l’objectif. On parle d’ogive manœuvrante. Elle permet une amélioration significative de la précision.

Accroître la capacité de tir précis est nécessaire :

Le lancement depuis un sous-marin en plongée

Construire un missile balistique est complexe. Le lancer sous l’eau ajoute une autre complexité53.

À l’évidence, le missile balistique ne s’allume pas au départ du tube dans lequel il a été placé : il détruirait le sous-marin. Il en est donc éjecté par une forte pression de gaz à la façon d’une cartouche de fusil de chasse qui propulse ses plombs (le missile balistique) hors du canon (le tube). La partie propulsive de la « cartouche » est appelée « générateur de gaz ».

 
Écoulements et houle.

L’immersion du sous-marin à laquelle il va lancer en allumant le générateur de gaz est définie par deux contraintes :

a/ tiré verticalement, le missile balistique subit de plein fouet l’écoulement transversal de l’eau le long du sous-marin (schéma ci-contre). Pour que l'écoulement soit le plus faible possible le sous-marin doit avoir une vitesse presque nulle. Or un sous-marin à vitesse très faible se pilote difficilement. D’autant plus difficilement qu’il est proche de la surface où les effets de la houle sont perturbateurs et importants. Le sous-marin a donc intérêt à naviguer à une immersion la plus éloignée possible de la surface de la mer.

b/ mais plus il est tiré loin de la surface, plus le missile balistique dont la vitesse verticale est faible même avec un générateur de gaz très puissant est perturbé dans son parcours sous marin. L’écoulement de l’eau, même très faible, commence à le faire pencher. Sous l’effet de la houle il perd son équilibre et va sortir de l’eau avec une forte inclinaison. Corriger cette inclinaison doit se faire dès que possible. Il faudra avoir allumé le premier étage pour provoquer le redressement avec un très grand débattement de la tuyère. La consommation de propergol pour redresser le missile balistique ne pourra pas servir pour porter plus loin. On souhaite donc que le redressement ne soit pas trop important. Il faut allumer le premier étage le plus tôt possible.

On peut procéder de la façon suivante.

Le tube est obturé par une membrane en caoutchouc, prédécoupée pour être convenablement déchirée par le missile balistique quand il sortira du tube.

La porte étanche vient fermer par-dessus. Elle est résistante à la pression de la mer (schéma ci-contre, a).

 
Tube lance missile balistique.

Avant le lancement : on met en pression en même temps :

Ces deux pressions (schéma b) sont calculées pour être égales et correspondent à la pression de la mer à l’immersion où se situe le sous-marin. La membrane est donc équilibrée (pression de la mer au-dessus, pression de gaz égale en dessous). Elle interdit à l’eau de mer d’envahir le missile.

Au moment du lancement, sous la pression des gaz du générateur de gaz, le missile balistique monte et déchire la membrane. Il quitte le tube et va vers la surface.

La mise à feu du premier étage se fait sous la mer après avoir vérifié que la tuyère débat correctement et, surtout, que le missile balistique s’est suffisamment éloigné du sous-marin, ce que calcule sa centrale à inertie. Ainsi peut-on corriger la verticalité du missile balistique vers la fin du parcours sous-marinnote 10

Liste des principaux missiles balistiques

Les tables suivantes indiquent les principaux types de missiles balistiques qui sont ou ont été en service dans le monde. Les différents modèles pour un même type d'engin ne sont pas indiqués. Les caractéristiques indiquées s'appliquent au premier modèle mis en service.

Pour chaque missile, les données suivantes sont incluses :

En raison de la nature sensible des informations sur la plupart de ces engins, les valeurs ci-dessous sont sujettes à des imprécisions importantes.

Missile stratégique intercontinental (ICBM)

Ces missiles sol-sol ont une portée supérieure à 5 500 km. Ils sont usuellement qualifiés de missiles stratégiques. Ils répondent au besoin des puissances mondiales durant la guerre froide (États-Unis, Union soviétique et, dans une moindre mesure, Chine), de pouvoir délivrer une frappe nucléaire dans le monde entier. Les puissances régionales peuvent se contenter de missiles de moindre portée, capables d'atteindre les autres pays de leur région ; ces missiles (MRBM ou IRBM) ont alors la même valeur stratégique de dissuasion que les ICBM. C'est le cas d'Israël qui développe depuis 1986 le missile IRBM Jéricho II de 3 500 km de portée. La France, afin de ne pas mettre en péril un territoire exigu, fait très tôt le choix de ne pas développer d'ICBM et de faire reposer sa force de dissuasion nucléaire sur les SLBM lancés de sous-marins nucléaires et sur les avions.

nom localcode OTANpaysdépl.ogiveschargemassepropulsionportéePrécisiontir
R-7 SS-6 Sapwood Drapeau de l'URSS URSS 1957 1 2,9 Mt 265 t kér. et kér. 8 000 km 3 700 m tour
SM-65 Atlas Drapeau des États-Unis USA 1959 1 1,4 Mt 121 t kér. 11 000 km 3 700 m tour et silo
R-16 SS-7 Saddler Drapeau de l'URSS URSS 1961 1 Mt 140 t hyp. et hyp. 11 000 km 2 700 m tour et silo
SM-68 Titan Drapeau des États-Unis USA 1961 1 Mt 100 t kér. et kér. 10 000 km 1 400 m silo
LGM-30 Minuteman 1962 1 1,2 Mt 29 t sol., sol. et sol. 10 000 km 2 400 m silo
LGM-25C Titan II 1963 1 Mt 154 t hyp. et hyp. 16 000 km 1 300 m silo
R-9 SS-8 Sasin Drapeau de l'URSS URSS 1964 1 2,3 Mt 81 t kér. et kér. 11 000 km 2 000 m tour et silo
R-36 SS-9 Scarp 1966 1 1825 Mt 210 t hyp. et hyp. 15 500 km 920 m silo
UR-100 SS-11 Sego 1967 1 500 kt 42 t hyp. et hyp. 11 000 km 1 400 m silo
RT-2 SS-13 Savage 1968 1 1,5 Mt 50 t sol., sol. et sol. 9 500 km 2 000 m silo
RT-20P SS-15 Scrooge 1969 1 500 kt 30 t sol. et hyp. 11 000 km 600 m mobile
R-36 SS-9 Scarp MRV 1970 3 Mt 180 t hyp. et hyp. 12 000 km 1 800 m silo
LGM-30F Minuteman III Drapeau des États-Unis USA 1971 3 170 kt 35 t sol., sol. et sol. 13 000 km 280 m silo
RS-20 SS-18 Satan Drapeau de l'URSS URSS 1974 1 à 10 11 Mt (ogive unique) 210 t hyp. et hyp. 11 200 km 400 m silo
UR-100MR SS-17 Spanker 1975 1 3,56 Mt 71 t hyp. et hyp. 10 100 km 420 m silo
UR-100N SS-19 Stiletto 1975 6 650 kt 105 t hyp., hyp. et hyp. 9 700 km 350 m silo
RT-21 SS-16 Sinner 1976 1 1–1,5 Mt 44 t sol., sol. et sol. 10 500 km 450 m mobile
DF-5 CSS-4 Drapeau de la République populaire de Chine Chine 1981 1 Mt 183 t hyp., hyp. et hyp. 12 000 km 500 m silo
RT-2PM SS-25 Sickle Drapeau de l'URSS URSS 1985 1 550 kt 45 t sol., sol. et sol. 10 500 km 150 m mobile et silo
LGM-118A Peacekeeper Drapeau des États-Unis USA 1986 10 300 kt 88 t sol., sol., sol. 9 600 km 100 m silo
RT-23 SS-24 Scalpel Drapeau de l'URSS URSS 1987 10 400 kt 104 t sol., sol. et sol. 10 000 km 150 m mobile et silo
RT-2UTTH SS-27 Topol-M Drapeau de la Russie Russie 1997 1 550 kt 47 t sol., sol. et sol. 11 000 km 350 m mobile et silo
DF-31 CSS-9 Drapeau de la République populaire de Chine Chine 2000 1 Mt 42 t sol., sol. et sol. 8 000 km 300 m mobile

Missile stratégique mer-sol (SLBM)

Ce type de missile est sauf exception lancé depuis un sous-marin nucléaire lance-engins (SNLE). Les plus modernes ont une portée comparable à celle des ICBMs. Beaucoup ont une portée plus faible, du même ordre que les IRBM, tout en ayant une vocation stratégique car les sous-marins peuvent se rapprocher des côtes. À génération équivalente, leur précision est inférieure à celle des ICBMs en raison de leurs conditions de lancement. De ce fait, ils sont davantage considérés comme des armes anti-cité que des armes anti-forces, ce qui accentue leur vocation de vecteur entrant dans la stratégie de dissuasion.

nom localnom O.T.A.N.paysdépl.ogiveschargemassepropulsionportéeprécisiontir
UGM-27 Polaris Drapeau des États-UnisUSA

et Drapeau du Royaume-UniG.-B.

1960 1 600 kt 13 t sol. et sol. 1 850 km 1 800 m submergé
R-13 SS-N-4 Sark Drapeau de l'URSSURSS 1961 1 Mt 14 t hyp. 600 km 1 800 m surface
R-21 SS-N-5 Sark 1963 1 Mt 19 t hyp. 1 400 km 1 800 m surface
R-27 SS-N-6 Serb 1969 1 Mt 14 t hyp. 2 400 km 1 100 m submergé
M-1   Drapeau de la FranceFrance 1971 1 Mt 20 t sol. et sol. 3 000 km n/d submergé
UGM-73 Poseidon Drapeau des États-UnisUSA 1972 14 50 kt 30 t sol. et sol. 4 600 km 550 m submergé
R-29 SS-N-8 Sawfly Drapeau de l'URSSURSS 1974 1 1–1,5 Mt 33 t hyp. et hyp. 7 800 km 900 m submergé
M-20   Drapeau de la FranceFrance 1977 1 1,2 Mt 20 t sol. et sol. 3 000 km 1 000 m submergé
UGM-96 Trident I Drapeau des États-UnisUSA 1979 8 100 kt 33 t sol., sol. et sol. 7 400 km 380 m submergé
R-29R SS-N-18 Stingray Drapeau de l'URSSURSS 1979 7 100 kt 35 t hyp. et hyp. 6 500 km 900 m submergé
R-39 SS-N-20 Sturgeon 1983 10 100 kt 90 t hyp., hyp. et hyp. 8 250 km 500 m submergé
M-4   Drapeau de la FranceFrance 1985 6 150 kt 35 t sol., sol. et sol. 4 000 km 500 m submergé
R-29RM SS-N-23 Skiff Drapeau de l'URSSURSS 1986 4 100 kt 40 t hyp. et hyp. 8 300 km 500 m submergé
JL-1 CSS-N-3 Drapeau de la République populaire de ChineChine 1988 1 200–300 kt 15 t sol. et sol. 1 700 km 300 m submergé
UGM-133 Trident II Drapeau des États-UnisUSA

et Drapeau du Royaume-UniG.-B.

1990 8 300475 kt 59 t sol., sol. et sol. 11 000 km 120 m submergé
M-45   Drapeau de la FranceFrance 1997 6 110 kt 35 t sol., sol. et sol. 6 000 km 350 m submergé
M-51   2010 10 100 kt 56 t sol., sol. et sol. 10 000 km 200 m submergé

Missiles à moyenne portée (MRBM), et à portée intermédiaire (IRBM)

Il n’aura fallu qu’une cinquantaine d’années pour qu’avec des portées environ 50 fois supérieures, la précision des tirs soit devenue au moins 50 fois meilleure, les écarts probables ne se chiffrant plus qu’en décamètres : ces écarts sont tout théoriques s’agissant de « coup au but ».

Les États-Unis ont démantelé tous les missiles entrant dans ces catégories ainsi que leurs missiles à courte portée après la conclusion du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire interdisant la possession de missiles d'une portée comprises entre 500 et 5 500 kilomètres qu'ils ont signé le avec l'Union soviétique après la crise des euromissiles.

nom localnom OTANpaysdépl.ogiveschargemassepropulsionportée (km)précisiontir
S2 Drapeau de la France France 1971 1 130 kt 40 t sol. et sol. 3 500 km n.d. silo
Jericho I Drapeau d’Israël Israël 1971 n.d. n.d. 6,5 t sol. et sol. 500 km 1 000 m tour
DF-3A CSS-2 Drapeau de la République populaire de Chine Chine 1973 1-3 Mt
(ogive unique)
64 t hyp. 2 800 km 1 000 m silo
S3 Drapeau de la France France 1980   1,2 Mt 25 t sol. et sol. 3 500 km n.d. silo
Pershing II Drapeau des États-Unis USA 1983   5-50 kt   sol. 150-1 800 20-45 mobile
Jericho II Drapeau d’Israël Israël 1986 n.d. n.d. 26 t sol. et sol. 3 500 km n.d. tour

Missiles à courte portée (SRBM)

Ces missiles à courte portée ont vocation à être utilisés dans le cadre d'opérations militaires, en appui des forces conventionnelles.

nom localnom OTANpaysdépl.chargemassepropulsionportée (km)précisiontir
V2 Allemagne Nazie 1944 738 kg (conventionnel) 13 t alcool 320 17 km tour
MGR-1 Honest John Drapeau des États-UnisUSA 1954 1-20 kt     5-38 1 800 m mobile
PGM-11 Redstone Drapeau des États-UnisUSA 1958 500 kt ou 3,5 Mt 28 t alcool 320 300 m mobile
R-11FM SS-1B Scud-A Drapeau de l'URSSURSS 1959 100500 kt 5,6 t kér. 150 km tour ou mobile
Pershing I Drapeau des États-UnisUSA 1962 60-400 kt     185 -741 450 m mobile
MGM-52 Lance54 Drapeau des États-UnisUSA 1972 1100 kt 1,5 t hyp. 5-125 450 m mobile
Pluton Drapeau de la FranceFrance 1974 15 ou 25 kt 2,4 t sol. 120 150 m mobile
OTR-21 Tochka SS-21

Scarab A

Drapeau de l'URSSURSS 1976 100 kt t sol. 70 150 m mobile
Hadès Drapeau de la FranceFrance 1991 80 kt 1,8 t sol. 480 150 m mobile

Notes

  1. Pour aller encore plus loin, les missiles américains utilisent un propergol (la nitralane) dont la probabilité — extrêmement faible mais non nulle — qu’il explose l’a fait interdire en France. Aussi leurs missiles balistiques ne s’allument-ils pas sous l’eau car une explosion à ce moment-là détruirait le sous-marin. Conséquence: ils sortent de l’eau assez couchés et utilisent une importante quantité de propergol à la seule fin de se redresser [2] [archive], une quantité qui ne servira pas à augmenter la vitesse et donc la portée. Mais la nitralane étant particulièrement énergétique, ils peuvent se permettre d’en « perdre » un peu. Ce qui n’est pas le cas de la France dont le propergol est un peu moins énergétique. Voilà deux réponses différentes à un même problème (aller le plus vite possible) de la part des ingénieurs français et américains.

Sources

Références

  1. (en) « MGM-52 Lance Short Range Battlefield tactical support missile system » [archive], sur www.historyofwar.org (consulté le ).

Bibliographie

Ouvrages

Autres documents

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Missile M51

 
 
M51
Missile M51
Présentation
Type de missile Missile mer-sol balistique stratégique
Constructeur ArianeGroup
Coût à l'unité 120 millions d'euros (développement inclus)1
Déploiement En service depuis le
Caractéristiques
Moteurs 3 étages à propergol composite à perchlorate d'ammonium solide de 180 t de poussée
Masse au lancement 54 t 2
Longueur 12 m
Diamètre 2,3 m
Vitesse Mach 153
Portée 9 000 km à 10 000 km estimé, (la valeur réelle est classifiée)
Altitude de croisière apogée : 1 200 km4
Charge utile 6 à 10 TN 75 de 110 kt
Puis TNO de 100 kt en 2016
Guidage Inertiel recalé par visée stellaire
Précision 200 m
Plateforme de lancement Sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de classe Le Triomphant

Le missile M51 est un missile mer-sol balistique stratégique (MSBS) français dont l'ogive peut contenir jusqu'à 10 têtes nucléaires ayant chacune une trajectoire indépendante.

Les missiles M51 équipent progressivement les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de 2010 à 20185 qui disposent alors d'une puissance de frappe équivalant à 1 000 fois Hiroshima6. C’est le second vecteur de l'arme nucléaire en service dans l'armée française, celui de l'ultime recours destiné aux frappes en riposte, furtif et caché au fond des océans, le premier étant les missiles de croisière préstratégiques ASMPA emportés par les Rafale B et M qui jouent dans la doctrine française un rôle d'avertissement dont l'adversaire doit pouvoir observer la mise en œuvre par observation satellite afin de mesurer la détermination du président de la République française.

Historique

Déroulement du programme M5 puis M51

Le programme de développement du missile M51 s'inscrit dans l'évolution de la force de dissuasion française, initiée par le missile M1 entré en service en 1971. Le missile M51 est destiné à succéder au M45.

Choix techniques

De nombreux travaux exploratoires ont été menés depuis la mise au point du missile M4 (et sa variante le M45), prédécesseur du M5, portant sur les différentes évolutions prévues pour le nouveau vecteur : utilisation du carbone pour l'enveloppe de tous les étages qui avaient jusque là recours à l'acier, plus lourd, méthode de chargement du propergol, butée flexible de tuyère à armature composite. Le nouveau missile beaucoup plus lourd (la masse passe de 35 à 54 tonnes) et volumineux (le diamètre passe de 1,93 à 2,3 m.) peut être adapté à la coque des Triomphant en modifiant le système de suspension latérale. Mais cette modification modifie fortement le devis de masse du sous-marin et impose un investissement important. L'alternative est d'opter pour un nouveau propergol, le nitralane, beaucoup plus énergétique qui permet de conserver les mêmes dimensions et masse en améliorant fortement les performances. C'est le choix fait par les Américains lors du passage de leur missile Poseidon C3 au missile Trident 1 C4. L'utilisation du nitralane permet de conserver la masse embarquée sur le sous-marin et d'améliorer le M4 de manière incrémentale. Mais la mise au point par les Américains du lanceur utilisant le nitralane a été difficile, avec notamment une explosion des 50 tonnes du propergol du missile (l'équivalent de 90 tonnes de TNT) lors d'un tir. Pour trancher, un groupe de travail est créé, réunissant tous les acteurs concernés. Une méthode d'analyse de la valeur prenant en compte à la fois les conséquences sur les infrastructures opérationnelles et industrielles et les conséquences au niveau des capacités des missiles et de leur évolution conclue sans ambiguïté en faveur de l'accroissement de la masse et de la taille du missile et ne retient pas le recours au nitralane7.

Lancement des développements

Lancé en 1992, le projet M-5 intégrait un 3e étage manœuvrant permettant au missile une meilleure précision. Mais en février 1996, Jacques Chirac renonce au développement de cet étage pour des raisons budgétaires et le M-5 devient le M-51. Le programme de missile M-51 est alors lancé en le destinant à remplacer à l’horizon 2010 le M-45, version la plus performante du M-48. La précision du M-51 sera moindre que son équivalent américain, le Trident 29. Ce projet de développement d'une nouvelle génération de missiles balistiques a nécessité une phase de développement ayant mobilisé près d'un millier d'ingénieurs et de techniciens pendant 4 ans. Sa durée de développement a été réduite de manière à pouvoir équiper directement les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de SNLE de nouvelle génération (SNLE NG) de la force océanique stratégique française (FOST) à compter de 2010, cet aménagement du calendrier permettant une économie globale de plus de 800 millions d'euros sur le développement de l'ensemble des programmes SNLE-NG, M45 et M51[réf. nécessaire].

Le développement du système de mise en œuvre du M51 à la base opérationnelle de l’Île Longue a débuté en 1999. À Guenvénez sont concernés les bâtiments qui doivent accueillir la partie propulsion du futur missile, répondre aux contraintes pyrotechniques, satisfaire le besoin de protection contre la foudre et assurer la protection de l’environnement — le tout dans une chronologie serrée de réalisation. À l’Île Longue, il s'agit de l’érection du bâtiment de jonctionnement des nouveaux missiles et de la construction d’une voie ferrée hautement sécurisée pour le transport à l’horizontale du missile jusqu’aux abords du sous marin où le missile est verticalisé10.

Le projet a employé 6 000 ingénieurs, techniciens et compagnons de plus de 900 industriels français, dont 140 fournisseurs directs et 40 maîtres d’œuvre de sous-systèmes dont plus de 40 % sont des PME et environ 15 % sont des entreprises de taille intermédiaire. Les activités liées au M51 se situent sur les sites protégés du groupe autour de Bordeaux en Aquitaine, des Mureaux en région parisienne et sur le site de la Marine Nationale de l’Ile Longue où ArianeGroup assure une présence continue de 250 personnes11,12.

Campagne d'essais

Une première campagne de huit essais de lancement de maquettes « Jonas » (Virginie et Magali) instrumentées, à l'échelle 1 du M51 a commencé le 27 novembre 2003 et s'est achevée 17 octobre 2005 à Toulon[réf. nécessaire]. Tous les essais ont été un succès.

Un premier vol expérimental du missile stratégique M51 (sans arme) est effectué le 9 novembre 2006 malgré la présence d'opposants sur le site du Centre d’essais des Landes. Lancé vers h 45 à Biscarrosse, il atteint environ un quart d'heure plus tard son point d’impact dans l'Atlantique nord, au large des côtes américaines, après une rentrée dans l’atmosphère à Mach 25. Avant même ce tir, le ministère des Affaires étrangères canadien émet une protestation auprès de la France et lui demande même de l'annuler en raison de risques pour le transport aérien (chute de débris). Le gouvernement canadien réitère ses demandes à l'occasion du deuxième tir, qui a lieu avec succès le à 10 h 14 avec amerrissage dans l'espace aérien américain, mais proche de celui du Canada13. Un troisième tir sous-marin a lieu avec succès le à 10 h 0514.

Version M51.1

Missiles des SNLE15
SNLEM45

TN75

M51-1

TN75

M51-2
TNO
Le Triomphant 1997   2016
Le Téméraire 1999   2019
Le Vigilant 2004 2013  
Le Terrible   2010  

Le quatrième tir est le premier effectué à partir d'un sous-marin en plongée depuis Le Terrible (S619), immergé en baie d'Audierne le 27 janvier 2010 à h 2516. Le missile a parcouru environ 4 500 kilomètres en 20 minutes17.

Après les cinq premiers tirs tous effectués avec succès la mise en service du missile est prononcée le . Trois lots de 16 missiles M51 ont été commandés. Le premier lot de 16 missiles au standard M51.1 a été livré en 2010 et sa mise en service a eu lieu en même temps que celle du quatrième SNLE NG Le Terrible. La force de frappe du Terrible atteint 96 têtes nucléaires furtives et indépendantes TN75 de 110 kt chacune pour une puissance globale équivalente à 700 fois (7,3 fois chacune) la bombe utilisé à Hiroshima (15 kilotonnes). Le deuxième SNLE NG Le Vigilant a été mis à niveau à Brest entre 2010 et 2012 pour pouvoir lancer les M51.1 après 30 mois de travaux et 4 millions d’heures de travail effectuées par 1 100 personnes et livré en 20136.

Un tir d'essai effectué le depuis le SNLE Le Vigilant est un échec18,19. Le ministère de la Défense affirme que « la sortie du missile à partir du sous-marin s’est déroulée normalement et en toute sécurité pour le sous-marin et son équipage » mais que lors de la première phase du vol, un incident s’est produit et a entraîné l’autodestruction du missile20.

Versions M51.2

Pour 2015, Astrium Space Transportation prépare une version M51.2 lui permettant d'exploiter la nouvelle tête nucléaire océanique (TNO), plus furtive, dotée de meilleures aides à la pénétration, et d'une puissance estimée de 100 kt, qui est développée par le CEA/DAM, pour une puissance globale équivalente à 1000 fois (7 fois par tête × 10 têtes × 16 missiles) la bombe utilisée à Hiroshima (15 kilotonnes)6. Un nouveau tir d'essai du missile balistique a été couronné de succès le à 10 h 2821. Il pourrait s'agir de la version M51.2, qui a survolé l'Atlantique nord sans sa charge nucléaire. Cette nouvelle version doit être déployée en 201622. Le coût total du projet est de 3,5 milliards d'euros.

Le huitième tir d'essai du M51.2 a lieu avec succès le depuis le sous-marin Le Triomphant23, dont la mise à niveau a débuté en 201324. À cette date, trois des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins en service en sont équipés. Le dernier à recevoir le M51 est Le Téméraire qui peut lancer des M51.2 depuis 201825 et effectue un tir d'essai le 26.

Versions M51.3

Une version améliorée M51.3 du missile est en cours de recherche et développement depuis 201427,22 et devrait être livrée en 202528. Ce missile permettrait d'augmenter la portée de plusieurs centaines de kilomètres et équipera les futurs SNLE 3G en cours de développement, pour une mise en service en 203029. Cette version reprendrait les caractéristiques du M51.2 avec un troisième étage amélioré, dans le but d'augmenter la portée maximale, mais également de garantir la pénétration de futures défenses antimissiles adverses30,31.

Contractants

Le service des programmes nucléaires et de missile de la direction générale de l'Armement (DGA), qui est chargé de la direction du programme, a notifié fin 2004 à EADS — devenue ArianeGroup depuis 2016 — une commande d’un montant de 3 milliards d’euros pour la production du missile balistique M51[réf. nécessaire].

Dans la continuité des systèmes de missiles balistiques de la force de dissuasion française, développés initialement par Aérospatiale, y compris les études initiales, ArianeGroup, après la reprise de cette activité à partir de 1998, est responsable du développement et de la production des missiles M51 ainsi que de leur système de mise en œuvre à la base opérationnelle de l’Île Longue et à bord des SNLE, en association avec Naval Group (anciennement DCNS). Pendant toute la durée de vie des systèmes elle sera responsable de leur maintien en condition opérationnelle.

Le GIE G2P a quant à lui assuré la maîtrise d’œuvre du développement de la propulsion du missile, en coordonnant les activités de ses deux sociétés mères (Snecma Propulsion Solide et SNPE Matériaux Énergétiques) jusqu'à la fusion de celles-ci en 2012 dans la société Herakles, filiale de Safran.

Le , les activités des groupes Airbus et Safran sur le M51 et les lanceurs sont regroupées au sein de la coentreprise Airbus Safran Launchers renommée ArianeGroup en 32.

Environ 4 000 ingénieurs, techniciens et compagnons sont engagés dans ce projet; ils proviennent majoritairement du groupe ArianeGroup suivi des principaux autres partenaires - DCNS, Thales, Sodern, Souriau, Zodiac Aerospace - et de sous-traitants issus de nombreuses petites et moyennes entreprises. La filière industrielle complète du M51 représente plus de 450 industriels français, dont 140 fournisseurs directs et 40 maîtres d’œuvre de sous-systèmes - 25 % d’entre eux sont des PME ou TPE33.

Caractéristiques

Le M51 est un missile à trois étages, d'une hauteur de 12 mètres, d'une masse totale supérieure à 50 tonnes (54 maximum, contre 36 tonnes pour le missile M45) qui a été conçu afin de pouvoir être lancé depuis un sous-marin en plongée. Éjecté par un système de chasse à poudre, le missile jaillit de l’eau puis allume son moteur à quelques dizaines de mètres de la surface.

Ses étages sont dotés de propulseurs équipés de tuyères à butées flexibles, développant 180 tonnes de poussée, ce qui lui permet d'atteindre la vitesse de Mach 15 (19 000 km/h). Les structures sont réalisées en fibre de carbone/ époxy bobinée. Sa propulsion est de technologie voisine de celle des propulseurs d'appoint de la fusée civile Ariane 5. Le carburant utilisé est un propergol solide (perchlorate d’ammonium), qui se présente sous la forme d’une gomme grisâtre[réf. nécessaire].

De par leurs dimensions — plus de deux mètres de diamètre pour près de six mètres de haut —, les corps de propulseurs actuellement en fabrication qui sont destinés au premier étage du missile sont aujourd'hui les plus grandes structures composites jamais réalisées en Europe pour un étage à poudre, et les deuxièmes au niveau mondial, derrière celles de Thiokol Propulsion aux États-Unis[réf. nécessaire].

Le M51 diffère de son prédécesseur, le M45, non seulement en termes de dimensions, mais également d'interface avec les tubes de lancement. Il présente également de nombreuses améliorations.

 
Comparaison des systèmes d'armes : à gauche, SNLE équipé du M4. À droite, SNLE-NG équipé du M45, et le futur M51.1.

Le missile M51 dispose d’une capacité d’emport accrue (le nombre maximum de têtes passe de 6 à 1034), pouvant aller jusqu'à près du double de celle du M45, et ce outre son plus grand diamètre grâce à l'adoption d'un profil de coiffe hydrodynamique trapu complété par un pare-vent télescopique, réducteur de traînée aérodynamique.

La première version dite M51.1 est armée pour emporter les ogives furtives TN 75 de 110 kt qui équipent l'actuel M45.

À partir de 201635 une version améliorée dite M51.2 sera équipée de nouvelles TNO de 100 kt36,37,38. Il est également doté d'une capacité multi-objectifs lui permettant de frapper plusieurs objectifs éloignés sur une zone de 220 × 60 km2 (13 200 km2) grâce à un système d'espacement des têtes intégré à la partie haute du missile39.

Alors que les missiles M45 avaient une portée de l'ordre de 6 000 km, ce nouveau vecteur nucléaire a des performances balistiques qui lui confèrent une portée supérieure. Pour la version M51.1 la portée maximale bien que tenue secrète, et dépendante du nombre d'ogives embarquées, est estimée à 6 000 km avec une charge de 1 400 kg correspondant à 6 charges TN75, et 14 000 km avec une seule charge TN75. Le missile est capable d'assurer un vol pouvant dépasser 1 000 km d’altitude40,41 avec une précision améliorée par rapport aux missiles actuels M45. Avec la version M51.2 la portée est estimée à 9 000 km42 avec 6 charges TNO et la partie haute possède une meilleure aptitude à pénétrer les défenses adverses. Ces caractéristiques permettent aux sous-marins de restreindre leurs zones de patrouille en évitant le goulet du détroit de Gibraltar : l'ouest du golfe du Bengale ou l'Amérique du Nord sont ainsi accessibles depuis la zone de patrouille Atlantique et le continent euro-asiatique depuis l'océan Indien43. Chaque sous-marin embarque seize missiles stratégiques.

Enfin, selon certains critiques, la « perfection »44 des 6 tirs de la TN 75 effectués à Moruroa et Fangataufa entre le 5 septembre 1995 et le 27 janvier 1996 et l'accord de coopération franco-américain du 17 juin 1996 laisseraient augurer du succès de « la mise au point d'armes à capacité variable, l'ultra-miniaturisation pour objectifs ponctuels (la mise en place de systèmes de guidage à précision métrique) et les armes de troisième génération destinées à générer de puissantes impulsions électromagnétiques »45.

Contestations

En 2003, dans un ouvrage46 puis dans différentes interviews, le général (en 2e section) Étienne Copel conteste l'intérêt du remplacement du M45 par le M5147 ainsi que celui du format de la FOST à 4 SNLE48. Selon Copel, « remplacer les M45 par les M51 [...] n'est pas un progrès. C'est une régression. Qui nous coûtera environ 15 milliards d'euros »49. Il justifie cette critique par des motifs économiques (« défense civile, modernisation des Armées et réduction du déficit de l'État ») et stratégiques. Cependant il signera plus tard une tribune50 libre intitulée « N'abandonnons pas la dissuasion nucléaire » dans laquelle il se prononcera pour ce qui sera finalement réalisé, l'étalement du programme de missiles M51, la limitation des patrouilles de sous-marins en mer, et la diminution du nombre de Rafale nucléaires.

Sur le nombre de sous-marins, il est à noter que durant la guerre froide trois SNLE patrouillaient en permanence, et que le format a déjà été réduit en 1999 de 5 à 4 SNLE (dont 1 en patrouille, 1 disponible à quai, à la mer ou en entraînement, 2 en entretien de longue et de courte durée). Le nombre d'escadrons pilotés nucléaires passe aussi de 3 à 2. Concernant le coût, un rapport du Sénat de 200451 montre « qu'en monnaie constante, le budget de la dissuasion nucléaire a été divisé par deux entre 1990 et 2005 » et devrait avoisiner « moins de 18 % de l'effort d'équipement militaire en 2008 ».

Depuis 2006, le missile M51 fait l'objet d'une campagne de contestation52, « non au missile M51 », initiée par le collectif du même nom, composé de 13 organisations antinucléaires et pacifistes dont le Réseau Sortir du nucléaire et le Mouvement de la Paix. Selon eux, le M51 constitue un encouragement à la prolifération nucléaire contrevenant aux dispositions de l'article VI du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Le 23 septembre 2006, quelque temps avant la période (supposée par les manifestants) choisie par le ministère de la Défense (DGA EM) pour le premier tir d'essai du missile M51, une manifestation a rassemblé 1 500 personnes à Biscarrosse53. Le collectif « non au missile M51 » annonce avoir bloqué le un deuxième vol expérimental grâce à la présence d'opposants54 réalisant ce qu'ils appellent une inspection citoyenne55,56. L'année suivante, le 21 mars 2008, le président de la République annonce une réduction du nombre de têtes nucléaires embarquées sur SNLE57 : « Après cette réduction, notre arsenal comprendra moins de 300 têtes nucléaires » contre 348 aujourd'hui.

Le premier procès des opposants aux tirs d'essai du M51 s'est tenu le à Mont de Marsan. Les 7 activistes du collectif ont comparu pour l'occupation d'un radar au Centre d'Essai de Lancement de Missile (CELM) de Biscarrosse, le , jour de l'ouverture du créneau de tir du 4e tir d'essai du missile M51. Ils ont été reconnus coupables avec dispense de peine, alors qu'ils avaient dans un premier temps été condamnés sans débats contradictoires à 150 euros de contraventions. Cependant malgré l'action de ces opposants, les cinq tirs prévus seront finalement conduits avec succès jusqu'au tir d’acceptation à partir du SNLE NG Le Terrible en 58.

Liste des tirs d'essai

no DateSite de lancementRésultatSource
1 CELM Succès 59
2 CELM Succès 60
3 CELM Succès 61
4 Le Terrible Succès 62
5 Le Terrible Succès 63
6 Le Vigilant Échec 64
7 DGA EM Succès 65
8 Le Triomphant Succès 66
9 Le Téméraire Succès 67
10 DGA EM Succès 68

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Missile surface-air

 
 
 

Un missile surface-air, ou missile anti-aérien, est un missile destiné à atteindre une cible aérienne en étant tiré depuis le sol (missiles sol-air) ou la mer (missiles mer-air), essentiellement dans un but de défense antiaérienne. Techniquement, les missiles mer-air et les missiles sol-air ont connu de telles évolutions convergentes que désormais ils ne forment quasiment plus qu'une seule et même classe.

Historique

 
Le MIM-3 Nike Ajax, premier missile sol-air américain.

Conçus à l’origine pour combattre les bombardiers évoluant à haute altitude, les missiles sol-air sont apparus pendant la Seconde Guerre mondiale. L'Allemagne lança plusieurs programmes à partir de 1941 mais qui ne purent aboutir à temps, bien que certains comme le Fliegerfaust furent brièvement essayés. Le seul programme allié pour un engin autopropulsé de ce type, le Brakemine britannique, ne fit guère mieux.

L’apparition, au début des années 1950, de bombardiers stratégiques capables de voler à des altitudes de 13 à 15 000 mètres (B-52, B-58, Tupolev Tu-16, Tupolev Tu-22) fit apparaître une menace contre laquelle les canons anti-aériens même de gros calibre ne pouvaient plus rien. On vit alors apparaître :

La première utilisation et victoire au combat de cette nouvelle catégorie d'armements a lieu lorsqu'un avion de reconnaissance RB-57 Canberra de la force aérienne taïwanaise est abattu le par une salve de 3 S-75 Dvina (terminologie OTAN : SA-2 Guideline) de l'armée populaire de libération2.

Mais tous ces systèmes étaient fixes, semi-mobiles, parfois enterrés, et étaient plus particulièrement destinés à une défense stratégique contre les bombardiers. Vers 1955, l’US Army mis en chantier un missile de défense de zone et de théâtre : le système d'armes Hawk, qui devait être aussi mobile que les batteries de 90 mm en leur temps et être capable de suivre les armées sur leurs arrières immédiats. Il revient à l’URSS d’avoir donné une plus grande mobilité tactique aux missiles sol-air de défense de zone à travers les SA-4 Ganef et SA-6 Gainful, tous deux sur affût chenillé.

 
9K32 Strela-2 portable et 9K31 Strela-1 d'origine soviétique en arrière-plan

Dans les années 1960, apparurent les missiles sol-air à courte portée qui doublèrent (avant de les faire quasiment disparaître, sauf dans les forces navales) les canons de moyen calibre comme le 40 mm Bofors et le 30 mm bitube montés sur châssis AMX-13 en France :

Des unités de la Garde nationale des États-Unis furent un moment dotées du Roland monté sur châssis chenillé Chaffee.

 

À la même époque apparurent les missiles sol-air à très courte portée comme le Redeye portatif américain, le SA-7 soviétique, le RBS 70 suédois, le Mistral français et le Blowpipe britannique.

La guerre du Viêt Nam, qui vit le premier avion abattu par un missile tiré d'un navire le lorsqu’un RIM-8 Talos tiré de l'USS Long Beach (CGN-9) abat un MiG nord-vietnamien à près de 105 km3, puis la guerre du Kippour en 1973, prouvèrent l’efficacité de ces missiles contre tous les aéronefs, de la très haute à la très basse altitude et ont obligé les armées de l'air à mettre en œuvre des stratégies spécifiques pour les éliminer (Wild Weasel pour l'USAF).

Durant la guerre des Malouines, les missiles anti-aériens embarqués et au sol britanniques furent une part importante de la défense contre l'aviation argentine avec des résultats mitigés.

Lors de l'intervention militaire israélienne au Liban de 1982, les batteries sol-air syriennes furent détruites par l'aviation israélienne dominant son adversaire au niveau de la guerre électronique4.

Au début des années 1980, l’OTAN engagea une réflexion sur la capacité des missiles sol-air à devenir multicibles face aux nouvelles menaces (drone, arme stand-off, missile mer-mer, missile sol-sol tactiques de type Scud). La guerre du Golfe de 1991 valida cette réflexion, qui s’enrichit de la notion de projection des systèmes sol-air pour la protection des forces.

Le MIM-104 Patriot dans sa version originale n'était pas destiné à une fonction antimissile. Ses performances contre les missiles balistiques Scud Irakiens pendant la guerre du Golfe de 1991 furent largement exagérées pour des raisons politiques.

Le Patriot, très modulaire fut depuis profondément modifié (Pac 2 & 3) pour assurer également une mission antimissile.

Durant la guerre d'Irak de 2003, il fut la cause de tir ami abattant un Tornado de la RAF et un F/A-18 de l'US Navy.

Les missiles développés depuis comme le MEADS américano-germano-italien, les Aster franco-italiens et les S-300, S-400 et S-500 russes sont omnidirectionnels et multimenaces, les avions n’étant plus leur unique cible.

Typologie

Selon la portée

Les missiles à très courte portée

 
Soldats se préparant à tirer un missile Mistral

Ce sont des missiles légers (15 à 20 kg pour la munition), tirables à l'épaule, mis en œuvre par deux hommes, comme le Mistral, le FIM-92 Stinger ou le 9K32 Strela-2 par exemple. Leur portée n'excède pas 5 km. Ils sont très rapides (Mach 3 environ). Ils possèdent généralement un système de guidage infrarouge. Certains utilisent un guidage laser, comme le RBS 70 suédois par exemple.

Ce type de missile commença à se répandre au cours des années 1980 à l'initiative des États-Unis qui équipèrent les résistants afghans de missiles Stinger pour contrer l'utilisation intensive des hélicoptères par les troupes d'invasion de l'URSS. Ils prouvèrent leur efficacité en rendant le vol à basse altitude particulièrement dangereux. Mais ces missiles circulant désormais sur le marché noir font craindre une utilisation terroriste contre des avions de ligne.

Les missiles à courte portée

Exemples : Roland, Crotale. Leur portée atteint une quinzaine de kilomètres. Leur guidage se fait le plus souvent par radar (à part pour le Short Javelin britannique qui utilise un guidage infrarouge).

Les missiles à moyenne portée

Exemples : HAWK, SA-6. Leur portée atteint une cinquantaine de kilomètres. Leur guidage se fait exclusivement par radar.

Les missiles à longue portée

Leur portée est supérieure à 100 km et leur guidage se fait exclusivement par radar. Exemple : S300/400 russe, le MIM-104 Patriot américain ou l'Aster européen.

On peut faire le distinguo dans cette dernière catégorie avec les missiles antibalistiques tel le RIM-161 Standard Missile 3.

Selon la charge militaire

On distingue plusieurs types d'ogives sur ce type d'armement :

Selon le lanceur

 
Missile Sea Wolf tiré par une frégate type 23 HMS Portland de la Royal Navy

Les missiles surface-air peuvent être employés par plusieurs types de lanceurs.

Dans les années 2010, des réflexions sont menées pour équiper les sous marins de missiles anti-aériens, afin de se défendre contre les hélicoptères de lutte anti-sous-marine ou les avions de patrouille maritime5.

Liste

Drapeau d'Afrique du Sud Afrique du Sud

Drapeau de l'Allemagne Allemagne

Drapeau du Canada Canada

Drapeau de la République populaire de Chine Chine

Drapeau des États-Unis États-Unis

US Air Force

US Army

US Navy

Drapeau de la France France

Drapeau de l'Inde Inde

Drapeau de l'Iran Iran

Drapeau d’Israël Israël

Drapeau du Japon Japon

Drapeau de la Norvège Norvège

Drapeau du Pakistan Pakistan

Drapeau de la Pologne Pologne

Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni

Drapeau de la Suède Suède

Drapeau de la Turquie Turquie

Drapeau de Taïwan Taïwan

Drapeau de l'URSS Union soviétique et Drapeau de la Russie Russie

Notes et références

  1. Guillaume Steuer, « Menaces aériennes : les sous-marins ripostent », Air & Cosmos,‎

Voir aussi

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Articles connexes

Missile de croisière

 
 
 
Missile de croisière SCALP-EG (Storm Shadow)
Drapeau de la France France
 
Missile de croisière Taurus
Drapeau de l'Allemagne Allemagne/Drapeau de la Suède Suède
 
Missile de croisière ALCM
Drapeau des États-Unis États-Unis
 
Missile de croisière AGM-129 ACM
Drapeau des États-Unis États-Unis

Un missile de croisière (MDC) est un missile à longue portée (quelques centaines à quelques milliers de kilomètres), tiré vers une cible terrestre ou navale désignée à l'avance qu'il atteint en volant dans l’atmosphère, contrairement aux missiles balistiques dont la plus grande partie de la trajectoire s’effectue en dehors de l’atmosphère.

Histoire

Le premier missile de croisière est le V1, lancé en masse par les Allemands en direction de l'Angleterre et de l'Europe de l'Ouest libérée à partir du .

En , les États-Unis développent des « drones d'assaut ». L'Interstate TDR-1, téléguidé depuis un Grumman TBF Avenger, est le premier modèle utilisé au combat à une quarantaine d'unités1,2,3. Sa première mission de combat a lieu le contre des navires marchands japonais à l'ancre lors de la campagne de Bougainville. Il est retiré du service au bout de deux mois4,5.

Après la Seconde Guerre mondiale, les deux principaux acteurs de la guerre froide (URSS et États-Unis) développent leurs propres programmes de missiles de croisière, certains capables d'emporter une charge nucléaire. Le premier système américain, le missile MGM-1 Matador, est déployé à partir de 1954.

En , les nations les ayant officiellement utilisés au combat sont les États-Unis, à partir du , le Royaume-Uni à partir de 1999, la France à partir du 6 et la Russie le 7.

Caractéristiques

Les missiles de croisière peuvent être lancés depuis une infrastructure fixe au sol, d'un véhicule terrestre, d'un navire de guerre, d'un sous-marin ou d'un bombardier.

Leur propulsion est assurée par un turboréacteur, un statoréacteur ou un moteur-fusée. Leur vitesse est généralement entre 800 km/h et 1 000 km/h. L'URSS a développé plusieurs missiles supersoniques. Leur portée peut dépasser 3 000 km pour les plus gros.

Une fois le missile tiré, il est généralement totalement autonome, il rejoint sa cible grâce à un système de guidage inertiel, topographique ou satellite.

Les missiles de croisière destinés à l'exportation sont soumis au régime de contrôle de la technologie des missiles limitant leur portée à 300 km.

Liste des missiles de croisière

Chine

Corée du Sud

États-Unis

France/Europe

Inde

Pakistan

Allemagne (1933)

Taïwan

Turquie

URSS / Russie

 
NomCode
GRAU
Code
OTAN
TypeServiceForces
Russes
Portée
Buran     Sol-Sol - ❌  
Kh-20   AS-3 Kangaroo Air-Sol 1960-1990 ❌ 600
Kh-22   AS-4 Kitchen Air-Mer 1962-2007 ❌ 600
KSR-5   AS-6 Kingfish Air-Sol 1969-1991 ❌ 400-700
Kh-55, Kh-101   AS-15 Kent Air-Sol 1983- ✔️ 2500
Kh-15   AS-16 Kickback Air-Sol/Mer 1988-2019 ❌ 300
Kh-90 Meteorit   AS-19 Koala Air-Sol - ❌  
K-300P Bastion-P 3K55 SS-C-5 Stooge   2010- ✔️ 180-300
Iskander-K R-500 9M728 SS-C-7 Southpaw Sol-Sol 2006- ✔️ 480
9M729 9M729 SS-C-8 Screwdriver Sol-Sol 2018- ✔️ 480
P-700 Granit   SS-N-19 Shipwreck Mer-Mer 1983- ✔️ 600
RK-55 / S-10 Granat 3M10 SS-N-21 Sampson Mer-Mer 1984- ✔️ 3000
P-800 Oniks 3M55 SS-N-26 Stobile Mer-Mer 2002- ✔️ 120-300
Kalibr 3M54 SS-N-27 Mer-Mer 2010- ✔️ 200-500
Kalibr 3M14 SS-N-30 Mer-Sol 2010- ✔️ 1500-2500
Zircon (missile) 3M22 SS-N-33 Mer-Mer 2020- ✔️ 400

Notes et références

  1. « Démonstration navale russe depuis la Caspienne » [archive], sur Le fauteuil de Colbert, (consulté le )

Voir aussi

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Missile antibalistique

 
 
 

Un missile antibalistique (en anglais : « Anti-Ballistic Missile », ABM) est un missile conçu pour intercepter un missile balistique ou une roquette. Le terme est cependant principalement utilisé pour désigner les systèmes conçus pour contrer des missiles balistiques intercontinentaux.

Histoire

Ce type de missile fait son apparition dans les années 1950, dans le contexte de la guerre froide et de la course aux armements opposant les États-Unis à l'URSS. En 1972, est signé le « traité ABM » ; chaque pays s'engage alors à ne pas déployer plus de 100 missiles antibalistiques et à ne défendre que deux sites, puis un seul après 1974. L'URSS choisit Moscou et les États-Unis choisissent une base de missiles balistiques intercontinentaux. Toutefois, en 2002, les États-Unis se retirent du traité.

Un réseau, comprenant actuellement quatre bases avec une centaine d'intercepteurs, protège Moscou d'une attaque limitée par missile balistique intercontinentaux depuis les années 19701 et, depuis 2004, quelques dizaines de Ground-Based Interceptors sont installés principalement à Fort Greely, côté américain. La Chine commence à travailler sur ces engins à partir de 1963, avec le programme Fan Ji. Les engins précités, destinés à contrer des missiles intercontinentaux, ont une masse supérieure à la dizaine de tonnes.

Depuis la première guerre du Golfe, en 1991, des missiles balistiques dits de courte ou moyenne portée, popularisés sous le nom générique de Scud, sont interceptés par des versions de missiles antiaériens ou missiles spécialisés dans ce rôle d'un gabarit similaire, tel le MIM-104 Patriot.

Missiles destructeurs des armes des missiles balistiques

Les missiles dits « anti missiles balistiques » diffèrent selon la nature de l'arme qu'ils ont à intercepter. Elle a été lancée par un missile balistique qui, plus ou moins performant, lui a donné une vitesse plus ou moins grandenote 1.

La difficulté de l'interception vient essentiellement de la vitesse de l'arme à intercepternote 2. À cette vitesse, est lié obligatoirement un parcours dans l'espace plus ou moins prononcé (cf.missile balistique, trajectoire elliptique).

 
Maturité.

On distingue ainsi2 :

Ce qui les caractérise toutes, c'est bien d'arriver sur leur cible dans l'atmosphère à une vitesse de l'ordre ou un peu supérieure celle des avions de combat les plus rapides. (armes des Scud, des No-Dong et des premiers missiles balistiques à deux étages…) ;
Ce qui les caractérise, c'est un temps de parcours dans l'espace très important ;
Ce qui les caractérise, c'est un parcours spatial qui n'est pas important et une vitesse trop grande à l'arrivée pour être traitées comme des avions.

 

Différentes modalités d'interception

A. Endo-atmosphérique

L'intercepteur des armes lentes (2 à 3 km/s) est un missile de défense anti aérienne initialement prévu pour la destruction des avions (Patriot, SM3 de base, SAMP/T)4 dont il convient quand même de développer des versions plus performantes dérivées de la défense antiaérienne5. On parle alors de « défense aérienne élargie »6 et d'interception « atmosphérique » ou « endo-atmosphérique », c'est-à-dire dans les deux cas : dans l'atmosphère.

Les missiles (tactiques) intercepteurs utilisent l'air pour se mouvoir. Fortement améliorés pour traiter des armes assaillantes plus petites et un peu plus rapides que les avions, ils deviennent alors redoutables pour ces derniers (le russe S-400 Triumph par exemple).

Les armes lentes ont une portée maximum de quelques centaines de kilomètres. Elles sont donc utilisées contre des cibles proches du point de lancement ou, surtout, contre des troupes au sol dans un théâtre d'opération qui, lui aussi, leur est proche. C'est ce qui a fait appeler les missiles anti-balistiques chargés de les intercepter : « missiles de théâtre »7.

B. Exo-atmosphérique

 
Portées

Les armes très rapides (6 à 7 km/s) ont une portée minimum de l'ordre de 500 à 1 000 km et maximum de 10 000 km. Elles peuvent aller très loin mais, aussi très prèsnote 3 et être donc lancées quasiment aux mêmes faibles portées que les armes lentes. Ils peuvent ainsi avoir pour cible un très grand territoire où, dans tous les cas, leur vitesse d'arrivée (autour de Mach 8) les rend imparables.

Ce qui les caractérise, c'est d'avoir un très long parcours prévisible8 dans l'espace au cours duquel on peut les intercepter. L'intercepteur est un objet assez complexe, dit « Kill Vehicle » (KV). Il intercepte dans l'espace, sur le parcours spatial de l'arme en étant lancé par un missile balistique sur une trajectoire définie par le système d'alerte et d'interception spatiale. On parle de « défense de territoire » et d'interception « exo-atmosphérique », c'est-à-dire : dans l'espace, très loin de l'atmosphère7.

C. Haut endo-atmosphérique

Les armes de la troisième catégorie, ni lentes ni très rapides (4 à 5 km/s) posent un problème particulier. Leur trajet dans l'espace est trop court pour y être interceptées, mais leur vitesse d'arrivée interdit de les traiter par un missile de défense aérienne élargie. L'intercepteur est un missile proche du missile balistique parce qu'extrêmement véloce tout au long de son parcours assez long (plusieurs dizaines de kilomètres) qui intercepte lui-même au moyen d'une détection infrarouge propre à l'interception spatiale. Ce sont ces conditions d'emploi dans l'espace alors qu'il reste encore de l'air d'une atmosphère raréfiée qui font parler d'interception « haut endo atmosphérique » c'est-à-dire : dans la partie finale de l'atmosphère. À la fin de l'atmosphère et début de l'espace alors qu'il reste encore des molécules d'air significatives qui compliquent la détection infrarouge (voir plus loin : détection infrarouge).

D. Cas particulier de l'emploi d'armes nucléaires

Tant que la technologie n'a pas permis la réalisation de satellites de surveillance (avec leur détection infrarouge) et d'énormes radars (avec leur capacité de trajectographie lointaine d'objets très petits), seuls des tirs nucléaires peuvent détruire les armes nucléaires balistiques assaillantes.

Américains et russes, seuls à pouvoir se doter de telles capacités, sont convenus par le traité ABM de 1972 d'en limiter l'implantation à deux sites.

Les américains ont construit des intercepteurs tels les Sprint (armement), LIM-49A Spartan, MIM-14 Nike-Hercules dotés d'armes nucléaires, certaines privilégiant l'émission de neutrons pour détruire les composants électroniques des armes nucléaires assaillantes et en interdire l'explosion. Pour autant ils en ont abandonné le principe, même si le traité ABM le leur permettait. Le premier et le seul système qu'ils ont déployé (à Grand Forks dans le Dakota du Nord) a été fermé par décision du Congrès six mois après sa mise en service9.

Les russes aujourd'hui conservent une défense de Moscou par armes nucléaires qui ont succédé à leur Galosh initial10.

La dénonciation par les américains du traité ABM en 2002 est due à leur supériorité technologique à ce moment-là. Elle résulte des travaux lancés par l'Initiative de défense stratégique. Ils commençaient à disposer des moyens (satellites, radars, moyens de calcul temps réel) qui leur permettaient de réaliser et de positionner dans le monde là où cela leur était utile les effecteurs (désormais non nucléaires) à venir (SM3 blockII B, THAAD, GBI), ce que le traité ABM leur aurait interdit. Bien d'autres raisons ont été aussi avancées11.

 

Différentes façons d'intercepter

A. Dans l'atmosphère

L'interception dans l'atmosphère est commune à tous les missiles anti-aériens. Elle est connue et n'est pas décrite ici.

B. Dans l'espace

Le détecteur infrarouge est le moyen privilégié pour repérer une arme assaillante dans l'espace. Dans l'espace, le fond du ciel est froidnote 4. L'arme assaillante a été chauffée pendant le parcours propulsé sous l'effet de la résistance de l'air. Elle est facilement détectable sur fond de ciel froid en infrarouge.

Un détecteur infrarouge nécessite un très fort refroidissement. Le milieu spatial lui est favorable parce que très froid, ce qui nécessite moins d'efforts pour refroidir. Par ailleurs, dans l'espace, les trajectoires (cf. missile balistique) sont mathématiquement déterminées12. La connaissance du début de la trajectoire de l'arme suffit pour déterminer où cette arme va se trouver ensuite, tout au long de son parcours à venirnote 5,13 et l'intercepter. Mais attention : les vitesses sont très importantes. La vitesse de rapprochement de l'arme14 (qui va à environ 7 km/s) et de l'intercepteur qui va environ à la même vitesse est de l'ordre de 10 (14 au plus) km/s soit 1 mètre en un dixième de milliseconde.

 
Kill Vehicle.

Aucun système de destruction par radar déterminant la distance et ordonnant la mise à feu d'un explosif qui projette des débris qui vont détruire la cible ne peut calculer la destruction à provoquer dans ces laps de temps incroyablement court15. Seule solution : aller à la rencontre - et donc au choc de l'arme par l'intercepteur - en faisant se croiser les trajectoires. Si elles pouvaient être parfaitement déterminées, un intercepteur fait d'une masse d'acier lancée par un missile balistique sur une trajectoire ad hoc conviendrait. Or cette trajectoire (qu'il va falloir déterminer, voir ci-dessous) sera toujours imparfaite. Il faut que l'objet intercepteur puisse réaliser les petites et dernières corrections de trajectoire qui s'imposeront pour aller au choc. D'où son appellation de « Kill Vehicle » (KV) ou « véhicule tueur » qui apporte sa contribution avec son détecteur infrarouge et ses moteurs16 (figure b ci-contre) juste avant le choc.

L'interception se déroule de la façon suivante :

La trajectoire de l'arme assaillante est déterminée par les observations successives d'un satellite puis d'un radar17 (dans les schémas la Terre est représentée plate).

 
Interception spatiale


Les grands équipements

 
Radar de détection des armes balistiques très rapides et de très longue portée.

Plusieurs satellites de détection en infrarouge sont nécessaires18 dont l'un se trouvera bien placé pour saisir l'instant même d'allumage du missile balistique assaillant, en donner les caractéristiques (analyse de la lumière émise propre à des catégories de missiles) et informer le radar de la trajectoire ce qui lui permettra de se mettre en position d'attente.

Ce qui est demandé au radar, la trajectographie de l'arme, en fait un outil d'une remarquable complexité. Il doit "voir" à plusieurs milliers de kilomètres un objet conique qui s'est séparé du missile balistique (l'ogive) de toute petite dimension (diamètre de la base de l'ordre de 50 cm, hauteur de l'ordre de 150 cm). Une raison pour le placer au plus près de la menace, l'autre étant la rotondité de la Terre et donc le besoin de voir l'objet au-dessus de l'horizon du radar le plus tôt possible. Selon la géographie le radar sera implanté au sol, ou en mer comme le Sea-based X-band Radar américain.

Les missiles anti-missiles balistiques sont, pour la première génération, des missiles balistiques dont l'arme nucléaire est remplacée par un Kill Vehicle. C'est le cas du Ground-Based Interceptor (GBI) en Alaska. On cherche ensuite à les améliorer pour qu'ils aillent encore plus vite, le temps dévolu à l'interception étant très court. Il faut un missile balistique qui atteigne la vitesse de 6 km/s en une minute et non pas en trois minutes comme le GBI19.

C. À la limite de l'atmosphère

L'interception est effectuée par un missile (tactique) de très forte puissance propulsive pour gagner très rapidement la haute atmosphère et dirigé vers la cible par son détecteur infrarouge.

La complexité de ce type d'interception vient de ce que le détecteur infrarouge doit rester à une température très faible alors qu'il est échauffé par le frottement de l'air résiduel ce qui complexifie sa technologie. Par ailleurs, c'est tout le missile qu'il faut conduire vers la cible pour la détruire par collision et non pas un (petit) Kill Vehicle, comme il en est pour l'interception dans l'espace. Aussi la capacité de ces intercepteurs est-elle limitée à des armes pas trop rapides ce qui correspond à une portée maximum de 3 000 km20.

Exemples d'interceptions

A. Exo-atmosphériques (dans l'espace)

Les américains ont conduit de nombreuses interceptions dans la partie spatiale (dite par eux midcourse) de la trajectoire de l'arme assaillante avec le programme Ground-Based Midcourse Defense. L'article Wikipédia qui y est consacré est riche d'enseignements sur les difficultés rencontrées. On voit (essai IFT5) que dans les premiers essais la maquette de l'arme assaillante émettait sa position GPS pour faciliter l'interception.

La Chine n'a pas fait de même. Elle a choisi pour première cible le 21 un de ses vieux satellites, ce qui, incidemment, a créé plus de mille débris dans un espace proche qui en a déjà trop22. L'idée est la même : faciliter l'action du missile balistique qui va lancer le KV par une connaissance sûre de la trajectoire de l'objet à détruire. Celle de tous les satellites est évidemment parfaitement connue, longtemps avant le tir du KV ce qui facilite les choses.

La première difficulté étant résolue - lancer le KV et lui faire rencontrer sa cible - il reste à valider la seconde : disposer d'un système d'alerte capable de fournir le plus tôt possible la trajectoire de la cible, l'arme assaillante, au missile balistique qui va lancer le KV.

La Chine a fait sa première interception complète le montrant ainsi au monde le seuil technologique qu'elle avait atteint23, tant dans la destruction (assez facile) des satellites que celle (plus difficile) des armes balistiques.

Des voix se sont élevés contre la maîtrise militaire de l'espace, dite « arsenalisation de l'espace »24 mais d'autres l'estiment inéluctable et observent le retard de l'Europe17.

B. Haut-endo atmosphériques (atmosphère raréfiée)

Dans le cadre de la Terminal High Altitude Area Defense les américains ont réalisé de nombreux essais avec le THAAD25. Ces essais sont détaillés dans l'article qui lui est consacré.

Missiles anti-balistiques par pays

 
Un Ground-Based Interceptor dans son silo sur la base de Fort Greely en Alaska.

Drapeau de la République populaire de Chine Chine

Drapeau des États-Unis États-Unis

Historique

En service

Drapeau de l'Inde Inde

Drapeau d’Israël Israël

 
Missile antibalistique européen ASTER.

Blank map of Europe cropped.svg Europe : Drapeau de la France France / Drapeau de l'Italie Italie / Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni

Drapeau de Taïwan Taïwan

Drapeau de l'URSS Union soviétique / Drapeau de la Russie Russie

 
Missile antimissile mobile Galosh en URSS1.

Historique

En service

Voir aussi

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Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. La sonde Rosetta, par exemple, a été placée en 2004 sur une trajectoire calculée pour lui faire rencontrer une comète dont la trajectoire est connue... en 2014, soit 10 ans après.

Références

Missile balistique intercontinental

 
 
 
Test de lancement d'un missile Minuteman III
 
Un missile balistique peut porter plusieurs ogives permettant de frapper des objectifs différents dans une même zone

Un missile balistique intercontinental (en anglais : intercontinental ballistic missile ou ICBM) est un missile balistique d'une portée supérieure à 5 500 km (par convention de traités)1.

Historique

Le complexe militaro-industriel allemand lança durant la Seconde Guerre mondiale les premières études pour un lanceur pouvant emporter des charges militaires sur un autre continent, la cible spécifique étant les États-Unis, mais la chute du Troisième Reich interrompit les recherches et les Alliés se partagèrent ses travaux.

Le premier missile balistique intercontinental fut le soviétique R-7 Semiorka (R-7 numéro 7) qui parcourut 6 000 km le 2. Le succès du second essai du dans sa trajectoire ascendante poussa l'Union Soviétique à l'utiliser comme lanceur de satellite, ce qu'elle fit avec la 8K71PS ou R-7 numéro 9, qui emporta le Spoutnik 1 le . Deux suivirent en novembre de la même année, qui envoyèrent en orbite Spoutnik 2 et 3.

Le premier tir d'un ICBM aux États-Unis a eu lieu avec un SM-65 Atlas le .

Charge utile

Les missiles balistiques intercontinentaux sont généralement conçus pour porter une ou plusieurs ogives nucléaires.

Cependant, l'URSS avait durant la guerre froide des armes biologiques embarquées à bord de certains missiles3 et les États-Unis avaient jusqu'en 1992 quelques missiles pouvant emporter des satellites de télécommunication d'urgence en cas de destruction de leur réseau de télécommunications militaires.

Depuis les années 2000, des responsables des forces armées des États-Unis étudient la possibilité d'installer des ogives conventionnelles ou inertes (l'énergie cinétique due à la grande vitesse d’impact causant d'importants dégâts) à la place des armes nucléaires sur plusieurs de leurs missiles balistiques dans les années 2010–2020 dans le cadre du programme Prompt Global Strike4. Un premier essai avec un missile mer-sol balistique stratégique Trident II aurait dû avoir lieu en 5 mais ce programme a été abandonné. L'utilisation de telles charges comporte des problèmes d'identification par les autres pays qui, en cas de tir, ne peuvent savoir s'il s'agit d'un bombardement nucléaire ou conventionnel6.

La république populaire de Chine a en revanche développé des versions du DF-21 emportant des charges conventionnelles.

Catégories

 
Un R-36MUTTH, code OTAN SS-18 mod. 5, au musée. Cet engin soviétique est le plus lourd missile conçu jusqu’à présent avec sa masse de 210 t.

Les ICBM se différencient des autres missiles balistiques par leur vitesse et leur portée :

En 2017, tous les membres permanents du conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies disposent de systèmes opérationnels permettant de lancer des ICBM : tous possèdent des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) et la Russie, les États-Unis et la Chine ont des bases terrestres permettant de lancer des missiles balistiques intercontinentaux. De plus, la Chine et la Russie possèdent des systèmes terrestres mobiles.

En plus des membres du conseil permanent de l'ONU, l’Inde développe une variante de son missile Agni, appelé Agni 4, qui aurait une portée de 6 000 km. Certaines agences de renseignements soupçonnent la Corée du Nord de vouloir en développer ; deux tests de différents prototypes de missiles en 1998 et 2006 n’ont pas été concluants.

En 1991, les États-Unis et la Russie ont conclu un traité de réduction des armes stratégiques afin de réduire leurs déploiements d’ICBM et les ogives attribuées.

Phases de vol

Vol balistique

Les phases suivantes de vol balistique peuvent être distinguées :

  1. Phase de poussée : de 3 à 4 minutes ; l'altitude à la fin de cette phase est entre 150 et 200 kilomètres, la vitesse moyenne est de 7 km/s (la vitesse de satellisation minimale d'un objet de la surface de la Terre est de 7,9 km/s) ;
  2. Phase intermédiaire : environ 25 minutes pour une cible à 12 000 kmvol suborbital sur une orbite elliptique, c'est-à-dire l'orbite fait partie d'une ellipse avec l'axe principal vertical ; l'apogée est à une altitude d'environ 1 200 km ; l'axe semi-principal vaut entre 1 fois et 12 le rayon de la Terre ; la projection de l'orbite sur la surface de la terre est un grand cercle ;
  3. Phase de rentrée : environ 2 minutes. Le missile peut libérer quelques ogives, chacune ayant une trajectoire propre, ainsi qu'un grand nombre de leurres pour dérouter la défense antimissile.
Minuteman III MIRV path.svg
 

Vol planant

 
Représentation du planeur hypersonique Hypersonic Technology Vehicle 2 (HTV-2) de l’USAF testé en 2010 et 2011.

Envisagé depuis la conception des premiers missiles balistiques et testé en 1959 avec Alpha Draco (en), reporté dans les années 1960/70 pour éviter une course à l’armement et testé à partir des années 1980 par les États-Unis7,8 puis par la Chine et la Russie depuis les années 2000, les spécialistes recherchent une trajectoire de « croisière » extrêmement rapide (entre 10 000 et 20 000 km/h), tout en maintenant la manœuvrabilité des MIRV à charge conventionnelle ou nucléaire potentiellement « satellisable »9.

Une des solutions est une ogive de type planeur hypersonique (Hypersonic Glide Vehicle) qui rebondit sur l’atmosphère (entre 80 et 100 km d’altitude). En général, toute l'énergie est fournie dans la phase balistique initiale, puis l'engin avance sur son élan, étant essentiellement piloté lorsqu'il replonge dans les hautes couches de l’atmosphère pour rebondir10.

Liste de missiles balistiques intercontinentaux

nom localcode OTANpaysdépl.ogiveschargemassepropulsionportéePrécisiontir
R-7 SS-6 Sapwood Drapeau de l'URSS Union soviétique 1957 1 2,9 Mt 265 t kér. et kér. 8 000 km 3 700 m tour
SM-65 Atlas Drapeau des États-Unis États-Unis 1959 1 1,4 Mt 121 t kér. 11 000 km 3 700 m tour et silo
R-16 SS-7 Saddler Drapeau de l'URSS Union soviétique 1961 1 5 Mt 140 t hyp. et hyp. 11 000 km 2 700 m tour et silo
SM-68 Titan Drapeau des États-Unis États-Unis 1961 1 4 Mt 100 t kér. et kér. 10 000 km 1 400 m silo
LGM-30 Minuteman Drapeau des États-Unis États-Unis 1962 1 1,2 Mt 29 t sol., sol. et sol. 10 000 km 2 400 m silo
Titan II Drapeau des États-Unis États-Unis 1962 1 9 Mt 154 t sol., sol. et sol. 10 000 km n.d. silo
R-9 SS-8 Sasin Drapeau de l'URSS Union soviétique 1964 1 2,3 Mt 81 t kér. et kér. 11 000 km 2 000 m tour et silo
R-36 SS-9 Scarp Drapeau de l'URSS Union soviétique 1966 1 18–25 Mt 210 t hyp. et hyp. 15 500 km 920 m silo
UR-100 SS-11 Sego Drapeau de l'URSS Union soviétique 1967 1 500 kt 42 t hyp. et hyp. 11 000 km 1 400 m silo
RT-2 SS-13 Savage Drapeau de l'URSS Union soviétique 1968 1 1,5 Mt 50 t sol., sol. et sol. 9 500 km 2 000 m silo
LGM-30 Minuteman II Drapeau des États-Unis États-Unis 1967 1 1,2 Mt 33 t sol., sol. et sol. 12 500 km 1 000 m silo
RT-20P SS-15 Scrooge Drapeau de l'URSS Union soviétique 1969 1 500 kt 30 t sol. et hyp. 11 000 km 600 m mobile
LGM-30F Minuteman III Drapeau des États-Unis États-Unis 1971 3 170 kt 35 t sol., sol. et sol. 13 000 km 280 m silo
R-29 SS-N-8 Sawfly Drapeau de l'URSS Union soviétique 1974 1 à 7 100-500 kt 33 t mer., sol. 6 500-9 000 km n.d. SNLE
R-36M SS-18 Satan Drapeau de l'URSS Union soviétique 1974 1 à 10 11 Mt (ogive unique) 210 t hyp. et hyp. 11 200 km 400 m silo
MR-UR-100 SS-17 Spanker Drapeau de l'URSS Union soviétique 1975 1 3,5–6 Mt 71 t hyp. et hyp. 10 100 km 420 m silo
UR-100N SS-19 Stiletto Drapeau de l'URSS Union soviétique 1975 6 650 kt 105 t hyp., hyp. et hyp. 9 700 km 350 m silo
RT-21 SS-16 Sinner Drapeau de l'URSS Union soviétique 1976 1 1–1,5 Mt 44 t sol., sol. et sol. 10 500 km 450 m mobile
Trident I Drapeau des États-Unis États-Unis 1979 8 100 kt 33 t mer., sol. 6 400 km 380 m SNLE
DF-4 CSS-3 Drapeau de la République populaire de Chine Chine 1980 1 à 3 3,3 Mt 82 t sol., sol. et sol. 7 000 km 1 500 m silo
DF-5 CSS-4 Drapeau de la République populaire de Chine Chine 1981 1 2 Mt 183 t hyp., hyp. et hyp. 12 000 km 500 m silo
R-39 Rif SS-N-20 Sturgeon Drapeau de l'URSS Union soviétique 1983 10 100-200 kt 84 t mer., sol. 8 300 km n.d. SNLE
RT-2PM SS-25 Sickle Drapeau de l'URSS Union soviétique 1985 1 550 kt 45 t sol., sol. et sol. 10 500 km 150 m mobile et silo
LGM-118A Peacekeeper Drapeau des États-Unis États-Unis 1986 10 300 kt 88 t sol., sol., sol. 9 600 km 100 m silo
Jericho III Drapeau d’Israël Israël 1986 n.d. 26 t sol. et sol. 3 500-11 000 km n.d. tour
RT-23 SS-24 Scalpel Drapeau de l'URSS Union soviétique 1987 10 400 kt 104 t sol., sol. et sol. 10 000 km 150 m mobile et silo
Trident II Drapeau des États-Unis États-Unis 1990 1 à 8 100-475 kt 58 t mer., sol. 11 300 km 90 m SNLE
M45 Drapeau de la France France 1996 6 150 kt 35 t mer., sol. 6 000 km 200 m SNLE
RT-2PM2 Topol-M SS-27 Sickle-B Drapeau de la Russie Russie 1997 1 550 kt 47 t sol., sol. et sol. 11 000 km 350 m mobile et silo
DF-31 CSS-9 Drapeau de la République populaire de Chine Chine 2000 1 1 Mt 42 t sol., sol. et sol. 8 000 km 300 m mobile
Jericho III Drapeau d’Israël Israël 2008 n.d.     6 500 km 1 000 m silo
M51 Drapeau de la France France 2010 6 à 10 100-110 kt 54 t mer., sol. 9 000 km 200 m SNLE
RS-24 Iars SS-29 Drapeau de la Russie Russie 2010 3 150-200 kt 50 t sol., sol., sol. 10 500 km 250 m silo, mobile
Julang 2 CSS-N-4 Drapeau de la République populaire de Chine Chine 2015 3 à 10 250-1 000 kt 23 t mer., sol 8 600-14 000 km n.d. SNLE
Hwasong-14 Drapeau de la Corée du Nord Corée du Nord 2017 1 n.d. 34 t   10 000 km n.d. tour
Hwasong-15 Drapeau de la Corée du Nord Corée du Nord 2017 1 n.d. 72 t   13 000 km n.d. mobile
RS-28 Sarmat SS-30 Satan-2 Drapeau de la Russie Russie 2020 15 n.d. >100 t sol., sol. et sol. 17 000 km 10 m silo, mobile
R-30 Boulava SS-N-32 Drapeau de la Russie Russie   6 à 10 100-150 kt 37 t mer., sol. 8 000 km   SNLE
Liste des missiles balistiques intercontinentaux américains, soviétiques et chinois avec leur durée de mise en service, leur nombre d'ogives et d'engins déployés (en allemand).

Notes et références

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

v

Missile de croisière naval

 
 
Missile de croisière naval (MdCN)
Missile de croisière naval
Tir de qualification du MdCN depuis le sous-marin français Suffren en 2020.
Présentation
Type de missile missile de croisière
Constructeur MBDA
Coût à l'unité 2,86 millions d'Euros (2014)1
Déploiement frégates : 2015
sous-marins : 20192
Caractéristiques
Moteurs Microturbo TR 50
Masse au lancement 1 400 kg
Longueur 6,50 m
Diamètre 53 cm
Envergure 2,85 m
Vitesse 980 km/h (Mach 0.80)
Portée 1 000 km3
Charge utile 250 kg
Guidage navigation inertielle, topographique, GPS
(vol de croisière)
radar et imagerie infrarouge
(attaque terminale)
Précision métrique
Détonation à l'impact
Plateforme de lancement navires, sous-marins

Le missile de croisière naval (MdCN) (anciennement appelé « SCALP Naval ») fait partie, avec l’Air-sol moyenne portée amélioré, l’Apache et le SCALP-EG, des missiles de croisière utilisés par l’armée française. Son développement par la société MBDA a commencé en 2006. Il est entré en service sur les frégates de la classe Aquitaine (les six premières FREMM4) en 2015 et le premier tir par un sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) de classe Suffren a lieu en octobre 2020.

Il offre une capacité de première frappe rapide, massive et coordonnée, ainsi qu’une complémentarité avec les missiles de croisière aéroportés. Ils sont utilisés pour la première fois lors de bombardements en avril 2018 contre des sites supposés de production et de stockage d'armes chimiques en Syrie.

Historique

Avant le missile de croisière naval, la France ne pouvait utiliser des missiles de croisières que depuis des avions de combat. Seuls quelques pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni ou la Russie possèdent la capacité de lancer des missiles de croisière depuis la mer5.

Le contrat de développement et de production du missile de croisière naval est notifié par la direction générale de l'Armement à MBDA en 6.

Le premier tir d’essai du MdCN, dans sa version à décollage vertical a été effectué avec succès le 7 depuis le centre d’essais de missiles de la direction générale de l’Armement (DGA EM) de Biscarrosse. Le premier tir sous-marin a eu lieu, lui, le 8, depuis une plateforme immergée simulant un lancement depuis un sous-marin, au large de l’île du Levant (DGA EM Méditerranée), l’un des deux autres sites d’expérimentations de la DGA.

Le premier tir complet d’un MdCN a été effectué avec succès le , depuis le centre DGA EM de Biscarrosse. Lors de ce troisième tir de développement, tous les objectifs ont été atteints, notamment la validation de la phase terminale avec guidage autonome par reconnaissance de scène infrarouge, qui assure une très grande précision d'impact9. Un quatrième tir de développement a été réalisé avec succès le depuis le centre DGA EM Méditerranée, à l’Île du Levant, en configuration sous-marine10. Le dernier tir de qualification a été effectué le 2,11 depuis le site de Biscarrosse, permettant de valider définitivement toutes les capacités du missile, et plus particulièrement sa portée opérationnelle11.

Le , la frégate multimissions Aquitaine a procédé avec succès au tir d’un MdCN au large de l’île du Levant. Selon la DGA, c'est la première fois qu’un bâtiment de surface européen tire un missile de croisière (des missiles Tomahawk ont déjà été tirés par le Royaume-Uni dans le passé, mais à partir de sous-marins)12.

Le , le SNA Suffren effectue un premier tir13.

Caractéristiques

Le missile de croisière naval reprend une grande partie de l’architecture fonctionnelle du SCALP-EG. Il a nécessité un certain nombre d’adaptations pour pouvoir être lancé depuis des plateformes navales, parmi lesquelles une structure cylindrique lui permettant d'être lancé par le système de lancement vertical Sylver A-70 ou un tube lance-torpilles de 533 mm, ainsi que l'ajout d’un accélérateur à carburant solide lui faisant acquérir rapidement sa vitesse de croisière après le lancementNote 1. La phase de vol est assurée par un turboréacteur à simple flux Microturbo TR 5014 qui lui assure une portée supérieure à 1 000 km, double de celle du SCALP-EG, soit une allonge se rapprochant de celle du BGM-109 Tomahawk américainNote 2.

Pour être transformé en missile à changement de milieu pouvant être lancé depuis un sous-marin de classe Suffren (mis en service à partir de ), il est enfermé à l’intérieur d’une capsule hydrodynamique solide qui se brise dès l’instant où le missile fait surface.

La navigation repose sur un système de navigation inertielle (Thales Avionics), recalé en croisière par corrélation altimétrique (semblable au système TERCOM américain), et sur la réception d’un signal GPS. Le guidage final se fait grâce à un autodirecteur infrarouge (SELEX (en)).

Le MdCN est assemblé à l’usine de Selles-Saint-Denis de MBDA15.

Mise en service

Initialement, les frégates de la classe La Fayette devaient être équipées du système de lancement vertical Sylver A-70 leur permettant de lancer indifféremment des MdCN ou des missiles ASTER, mais le projet fut abandonné pour des raisons budgétaires, bien que l'emplacement soit resté disponible.

Le MdCN est opérationnel depuis 2015 sur les frégates de classe Aquitaine16 et le sera en principe en 2018 pour les sous-marins nucléaires d’attaque de la classe Suffren 2,11.

Le , la DGA a passé une première commande de 50 unités de la version « surface » à MBDA17, pour un montant de 560 millions d'euros, pour une livraison en 2012. Une deuxième commande a été passée en 2009 pour 150 exemplairesNote 3,18, 100 destinés aux frégates de la classe Aquitaine et 50 aux SNA de la classe Suffren. Le coût du programme pour ces 200 missiles est de 1,153 milliards d'euros, avec un prix unitaire (hors développement) de 2,86 millions d'euros1. La livraison des 60 premiers exemplaires a été reportée à 2015 en raison du décalage causé par le retard pris par la qualification opérationnelle du missile1.

Doctrine d'emploi (Marine Nationale)

Sur les bâtiments de la Marine Nationale française, c'est le commandant qui a le contrôle des différents systèmes d'arme (Missiles Exocet, missiles Aster, torpilles, artillerie...). Ce n'est pas le cas du MDCN, puisqu'il est considéré comme une arme dite "stratégique". La décision de l'emploi d'un MDCN est donc prise au plus haut sommet de l’État19.

Première utilisation en condition de guerre

Dans la nuit du 13 au , lors de l'Opération Hamilton, la France utilise pour la première fois des missiles de croisière navals pour frapper des « sites de production et de stockage d'armes chimiques » en Syrie par décision commune avec les États-Unis et le Royaume-Uni20. Selon Jean-Dominique Merchet, six missiles auraient dû être tirés. Trois d'abord par la frégate Aquitaine, puis trois par la frégate Languedoc. Un problème technique semblerait avoir empêché le tir des trois premiers. Quand le problème a été résolu, le créneau de tir donné par la coalition était clos, les trois autres missiles n'ont donc pas été tirés 21. À la date du , la Marine et les industriels concernés (Naval Group et MBDA) n'ont pas d'explications au fait que certains missiles ne sont pas partis à la suite d'« aléas techniques »21,22.

Exportation

En 2015, le MdCN n’a pas fait l’objet de commandes à l’exportation. Le Royaume-Uni, qui avait collaboré avec la France pour le programme SCALP-EG, a choisi de commander 65 Tomahawk américains15.

La Grèce, qui avait indiqué en 2010 son intérêt pour l’achat de six frégates FREMM dotées de 16 missiles de croisière navals23, a abandonné son projet en raison de ses difficultés économiques majeures.

Toutefois, la Pologne, qui veut acquérir de nouveaux sous-marins pour remplacer sa flotte vieillissante, exige que tout remplacement potentiel soit armé des missiles de croisière navals tels que le MdCN. Naval-Group a répondu avec son offre des sous-marins de la classe Scorpène avec des MdCN24.

Notes et références

Notes

  1. Au lieu des 200 initialement prévus.

Références

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Missile antinavire

 
 
 
Tir d'un missile antinavire Harpoon depuis un bâtiment américain.

Un missile antinavire est un missile destiné à attaquer et détruire un navire.

Cette arme peut être tirée par :

En général, un même missile antinavire existe en deux ou trois versions, chacune correspondant à un des types indiqués ci-dessus. Par exemple, le missile Exocet français est disponible en versions AM39 (air-mer), MM38 (mer-mer) ou SM39 (lançable depuis un sous-marin en plongée), la version améliorée MM40 pouvant également être tirée depuis une batterie côtière.

Historique

 
Tir d'un missile SS-N-2 Styx par une vedette de classe Komar.

À la suite des travaux allemands durant la Seconde Guerre mondiale, les premiers missiles anti-navire tirés depuis des aéronefs furent opérationnels dès 1943. Le premier navire coulé le fut en août, avec la destruction de la frégate HMS Egret par un Henschel Hs 293 A. Ces engins étaient filoguidés.

La première attaque de missiles anti-navire autoguidés a eu lieu le vers 17 h 30 lorsque deux missiles P-15 Termit (code OTAN : SS-N-2 Styx) tirés par une vedette lance-missiles de classe Komar de la marine égyptienne opérant depuis le port de Port-Saïd touchèrent le destroyer Eilat de la marine israélienne à 14,5 milles marins de distance. Une autre salve de deux missiles tirée par une seconde vedette acheva le destroyer une heure et quart après le premier tir.

Le système de guidage optique fut mis au point par le physicien Georges Penciolelli.

Description

Il s'agit de missiles relativement gros, allant de 350 kg pour le Penguin norvégien à 4 500 kg pour le SS-N-3 soviétique. Ils possèdent généralement un système de guidage inertiel, relayé par un radar en fin de course. Par ailleurs, un radar altimétrique permet au missile de voler à quelques mètres seulement de la surface de l'eau afin d'être détecté le plus tard possible par le navire cible.

Les missiles antinavires possèdent une puissante charge explosive brisante (150 kg pour l'Exocet à une tonne pour certains missiles de conception soviétique), ce qui permet de mettre n'importe quel bâtiment hors de combat.

Leurs portées varient énormément selon les modèles, de 40 km à plus de 200 km. Les développements récents montrent deux tendances :

La République populaire de Chine développe entre autres un missile balistique antinavire, il s'agit d'une version du DF-21, d'une portée maximale de 3 000 km.

Missiles antinavires

Drapeau de l'Allemagne Allemagne

Drapeau de l'Allemagne Allemagne / Drapeau de la France France

Drapeau de l'Australie Australie

Drapeau de la République populaire de Chine Chine

Drapeau de la Corée du Sud Corée du Sud

Drapeau des États-Unis États-Unis

Drapeau de la France France

Drapeau de l'Iran Iran

 
missile anti-navire Nasr-1 iranien

Drapeau de l'Italie Italie / Drapeau de la France France

Drapeau d’Israël Israël

Drapeau du Japon Japon

Drapeau de la Norvège Norvège

 
Missile antinavire Bazalt

Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni

Drapeau de la Russie Russie / Drapeau de l'URSS Union soviétique

Drapeau de la Suède Suède

Drapeau de la Suède Suède / Drapeau de la France France

Drapeau de Taïwan Taïwan

Drapeau de la Turquie Turquie

Drapeau de l'Ukraine Ukraine

Notes

  1. Dérivé de l'AGM-84 Harpoon

Références

Voir aussi

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Liens externes

Missile antichar

 
 
 
Tir d'un missile antichar TOW filoguidé depuis un HMMWV

Un missile antichar est un missile destiné à détruire un char. Ces missiles peuvent être tirés :

Il est fréquent que le même missile puisse être au choix mis en œuvre d'une des trois façons indiquées ci-dessus.

Historique

 
Coupe d'un missile antichar français ENTAC de première génération, entré en service dans les années 1950
 
AT-3 soviétique sur un BMP-1

Les missiles antichar font leur apparition dans les années 1950, avant de se généraliser dans la décennie suivante avec la miniaturisation des systèmes de guidage.

Ce fut en 1955 qu'entra en service le premier missile antichar opérationnel, il s'agit du SS.10 français à téléguidage manuel. Les missiles à téléguidage automatique entrent en service en 1970 avec le missile TOW américain. Dans les années 2000, des missiles à capacité « tire et oublie » sont développés mais leur coût est bien plus important que les précédents1.

Comme les roquettes antichar, leur charge offensive est une charge creuse ; ils diffèrent néanmoins des roquettes par leur guidage en cours de vol et une phase de propulsion souvent plus longue. Leur système de guidage leur permet d'engager des cibles à des distances bien supérieures à celles des roquettes. Les premiers produits massivement le sont par les Soviétiques avec le 9M14M Malutka.

Typologie

 
Caractéristiques des différentes générations de missiles

De nombreuses armées se sont dotées de cette arme, qui se décline en plusieurs types :

On considère aujourd'hui les catégories de missiles aujourd'hui surtout selon leur masse, s'ils peuvent être maniés par des fantassins, ou devant être utilisés depuis un porteur terrestre ou un aéronef.

Par pays

Drapeau de l'Allemagne Allemagne

 
Tigre allemand armé avec un Trigat-LR

Drapeau d'Afrique du Sud Afrique du Sud

Drapeau de l'Argentine Argentine

Drapeau de l'Australie Australie/Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni

Drapeau de la Biélorussie Biélorussie

Drapeau du Brésil Brésil

Drapeau de la République populaire de Chine Chine

 
Lanceur Hongjian Red Arrow-12 (missile HJ-12 en arrière plan)

Drapeau de la Corée du Sud Corée du Sud

Drapeau de l'Espagne Espagne

Drapeau des États-Unis États-Unis

 
Javelin.

Drapeau de la France France

 
ERYX.

Drapeau de la France France/Drapeau du Canada Canada

Drapeau de la France France/Allemagne de l'Ouest Allemagne de l'Ouest

Drapeau de la Hongrie Hongrie

Drapeau de l'Inde Inde

Drapeau de l'Iran Iran

Drapeau d’Israël Israël

 
Tourelle de l'ASCOD avec missile antichar Spike

Drapeau de l'Italie Italie

Drapeau du Japon Japon

Drapeau du Pakistan Pakistan

Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni

 
Tir de NLAW pendant un exercice à Salisbury Plain (Angleterre)

Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni/Drapeau de la Suède Suède

Drapeau de la Serbie Serbie

Drapeau de la Suède Suède

Drapeau de la Suisse Suisse/Allemagne de l'Ouest Allemagne de l'Ouest

Drapeau de la Turquie Turquie

Drapeau de l'Ukraine Ukraine

Drapeau de l'URSS Union soviétique/Drapeau de la Russie Russie

 
AT-2 Swatter.
 
AT-7 Saxhorn.

Notes et références

Voir aussi

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