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Catégorie : Les Armes
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Bélier (machine de guerre)

 
Bélier
Image illustrative de l'article Bélier (machine de guerre)
Attaque des murs d'une ville assiégée avec un bélier
Présentation
Type Engin de siège
Époque depuis le IIe siècle av. J.-C. au moins
Nombre de servants 10
Autre(s) nom(s) Boutoir
Caractéristiques techniques
Matériaux Bois, fer, acier, corne, peau, cuir
Portée Contact direct

Le bélier ou boutoir1 est un engin de siège dont l’origine remonte à l’Antiquité et qui était utilisé pour enfoncer les murs des fortifications ou les portes.

Dans sa version la plus simple, le bélier est juste un gros tronc d’arbre manœuvré par plusieurs personnes et projeté avec force contre un obstacle, la quantité de mouvement emmagasinée par le bélier était suffisante pour endommager la cible si le tronc était assez massif et / ou était déplacé assez rapidement (c'est-à-dire, avec suffisamment de vitesse).

Histoire

 
Un bélier assyrien utilisé dans l’attaque d’une cite ennemie.

Le bélier était déjà utilisé dans l’antiquité. Les archives de Mari, tablettes datant du IIe millénaire av. J.-C.2, indiquent que le bélier existait déjà à cette époque3. Vitruve (Ier siècle av. J.-C.) en mentionne l’existence dans son traité d'architecture4. Tertullien, né à la fin du Ier siècle ap. J.-C., en attribue très librement l'invention aux Carthaginois5.

C'est une arme classique du Moyen Âge. Grâce au bélier, les lourdes portes des forteresses assiégées sont défoncées. Il sert également à ébranler des murs d'enceinte, soit peu épais, soit mal entretenus, et à y provoquer des brèches plus rapidement que par la sape.

Historiquement le bélier a été utilisé dans les circonstances suivantes :

L’utilisation des béliers a eu un effet important sur l'évolution de la conception des murailles et des fortifications.

Conception

 
Bélier médiéval, Viollet-le-Duc
 
Réplique d’un bélier au Château des Baux, en France.

Dans sa version la plus sophistiquée, le bélier était manœuvré à partir d'un châssis monté sur roues, actionné au moyen de cordes ou de chaînes comme un balancier qui va cogner contre la porte du château, de sorte qu'il pouvait être beaucoup plus lourd tout en restant facile à manœuvrer. Parfois, le point de percussion du bélier était renforcé par une tête en métal et les parties vulnérables du bélier consolidées par des cercles métalliques.

Le bélier à tête est un bélier dont la tête porte un accessoire (généralement en fer ou en acier dont la forme est parfois celle d’une tête de bélier avec des cornes) pour infliger davantage de dommages à un bâtiment.

Beaucoup de béliers étaient protégés par un toit et des écrans latéraux couverts de matériaux peu inflammables, généralement des peaux fraîches et humides, provenant probablement d’animaux consommés par les assiégeants, afin de résister plus longtemps aux projectiles enflammés lancés par les défenseurs, ainsi que pour protéger les servants du bélier des tirs des archers ennemis en leur offrant comme refuge l’habitacle du bélier.

L'illustration du bélier assyrien montre à quel point les moyens d’attaques et de défense étaient devenus sophistiqués dès le IXe siècle av. J.-C.. Les défenseurs tentent de mettre le feu au bélier avec des torches et également de glisser une chaîne sous le bélier. Les attaquants tentent de tirer sur la chaîne pour libérer le bélier, alors que les peaux humides susmentionnées permettaient de le protéger contre l'incendie.

Certains béliers n’étaient pas suspendus à des cordes ou à des chaînes, mais plutôt soutenus par des rouleaux. Cela permettait au bélier d’atteindre une plus grande vitesse avant de frapper la cible et donc d’être plus destructeur. Ce bélier, utilisée par Alexandre le Grand, est décrit par Vitruve dans ses œuvres.

Parmi les engins complémentaires du bélier citons la foreuse, la souris, le marteau d'armes et le grappin. Ceux-ci étaient plus petits qu’un bélier et pouvaient être utilisés dans des espaces plus restreints.

Manipulation

Il fallait au minimum une dizaine de soldats pour le déplacer. Pour que le bélier puisse atteindre la base des fortifications il était indispensable de combler, au préalable, les fossés. Les Romains l'utilisaient dans leur tactique de bataille.

Dans les châteaux, les défenseurs tentaient de contrecarrer l’action des béliers en jetant des obstacles devant lui, par exemple un grand sac de sciure de bois, juste avant qu'il ne frappe un mur, ou en utilisant des grappins pour immobiliser le tronc, en incendiant le bélier, ou en faisant une sortie pour attaquer directement le bélier. Un ouvrage d'art, une chicane ou un pont-levis permet également de protéger les issues.

Usage moderne

Les béliers ont encore de nombreux usages différents à l’époque moderne. Les équipes de certaines forces de police (par exemple les SWAT) peuvent avoir recours à de petits béliers métalliques manœuvrés par deux hommes pour défoncer des portes verrouillées et pour donner l’assaut à un bâtiment. D'autres béliers modernes sont composés d’un cylindre dans lequel un piston est automatiquement mis à feu au moment de l'impact, ce qui renforce la puissance de l'impact de manière significative.

Comptine

Il existe une légende populaire dans le Gloucester, selon laquelle la fameuse comptine enfantine, Humpty Dumpty, faisait référence à un bélier utilisé pendant le siège de Gloucester en 1643, au cours de la Première Révolution anglaise. Cependant, l'histoire est probablement fausse, pendant le siège qui a duré un mois seulement, aucun bélier n’a été utilisé, mais on s’est servi de nombreux canons. L'idée semble trouver son origine dans un canular du professeur d'histoire David Daube auteur d'un texte écrit pour The Oxford Magazine (en) en 1956, qui a eu beaucoup de succès malgré d’évidentes invraisemblances (par exemple, la planification de la traversée de la Severn en faisant descendre le bélier à grande vitesse d’une colline, même si la largeur de la rivière est d’environ 30 m (100 pieds) à cet endroit).

Galerie

Voir aussi

Article connexe

Lien externe

Notes

  1. Tout le monde sait que cette Carthage, "redoutable par son ardeur belliqueuse, » inventa le bélier, non pas le bélier que nous décrit Labérius, armé de cornes qui se croisent, recouvert de laine, et traînant un corps vigoureux, mais cette machine en forme de poutre, qui sert à briser les murailles". Tertullien, Le manteau, traduit par M. E.-A. De Genoude, 1852, texte disponible sur wikisource.

 

Catapulte

 
Catapulte
Image illustrative de l'article Catapulte
Une Petraria Arcatinus (en) (forme de catapulte non historique) au château des Baux à Les Baux-de-Provence.
Présentation
Pays d'origine Perses
Type Engin de siège
Époque VIe siècle av. J.-C. - VIe siècle
Projectiles Pierre, boulet, cadavres
Poids et dimensions
Masse du projectile jusqu'à 10 kg
Caractéristiques techniques
Matériaux Bois, fer, corde
Variantes Onagre

La catapulte est une machine de guerre utilisée pour lancer des projectiles à grande distance, sans emploi d'aucun explosif. Elle est comparable sur ce point à d'autres engins de siège en usage principalement pendant l'Antiquité.

Apparentée à la baliste qui, elle, projetait des lances, la catapulte est capable de projeter de lourdes pierres ou, parfois même, des cadavres pour contaminer les réserves d’eau ou diverses déjections, ceci afin de saper fortement le moral de l'ennemi, lui faire peur, voire propager des infections. La force de propulsion a d'abord été donnée par la flexion d'un arc géant puis, dans les engins plus perfectionnés, par la torsion d'un « ressort » constitué d'un faisceau de fibres.

Le terme correspond à la forme latinisée du mot grec καταπέλτης – « katapeltes », formé de la préposition κατά, « kata », signifiant « vers le bas » ou « à travers1 », et du verbe πάλλειν, « pallein », signifiant « lancer, projeter violemment »2.

Histoire

Catapultes antiques

 
« Nid de catapulte » romaines pendant les Guerres daces sous Trajan.

Les premières catapultes connues apparaissent sous les Perses achéménides au VIe siècle av. J.-C., information basée sur les boulets retrouvés à Paphos, boulets ayant été probablement utilisés contre l'ennemi par le truchement d'une gouttière, mécanisme décrit par Thucydide3 et par Phylon de Byzance. À Chypre, les archéologues ont retrouvé 400 boulets de pierre d'une dizaine de kilos utilisés lors de la révolte de l'Ionie4 ; ils attestent la présence de machine de jet perfectionnée4. Présente également en Chine au début du IVe siècle av. J.-C. chez les adeptes du moïsme, elles seront ensuite utilisées par les Grecs et les Romains. Osias roi de Juda au milieu du VIIIe siècle av. J.-C., fit placer sur les murailles de Jérusalem "des machines inventées par un ingénieur et destinées à être placées sur les tours et sur les angles, pour lancer des flèches et de grosses pierres" (2 Chroniques 26.15).

L'histoire de la catapulte et celle de l'arbalète en Grèce sont à l'origine étroitement liées. Au Ier siècle av. J.-C., l'historien Diodore de Sicile décrit le mécanisme d’une catapulte tirant des flèches (katapeltikon) inventée par un groupe d'ingénieurs grecs en 399 av. J.-C.5,,6 sous le règne du tyran Denys l'Ancien7. L'un de ses premiers utilisateurs aurait été Onomarchus de Phocis pendant la deuxième guerre de Sicile (410340 av. J.-C.) contre Motya, l'un des principaux fiefs carthaginois de Sicile8,9,7. La description de Diodore aurait été faite d'après des chroniques historiques très réputées10 de Philistus, un contemporain de ces événements.

 
Gravure illustrant une conception de la catapulte romaine (1581).

La date de l'introduction des arbalètes, cependant, peut être datée d’une époque plus reculée : d'après l'inventeur Héron d'Alexandrie (Ier siècle), qui fait référence à des travaux désormais perdus datant du IIIe siècle av. J.-C. de l'ingénieur Ctésibios, cette arme a été inspirée par une arbalète plus ancienne, appelée gastraphètes (« ventre tireur »), qui peut emmagasiner davantage d'énergie que les arcs grecs. Une description détaillée du gastraphetes, illustrée d'un dessin, se trouve dans le traité technique de Heron, Belopoeica11,12. Un troisième auteur grec, Biton (IIe siècle av. J.-C.), dont la fiabilité a été réévaluée positivement par des études récentes6,13, décrit deux modèles perfectionnés de gastraphetes, dont il attribue la conception à Zopyros, un ingénieur de Tarente, dans le Sud de l'Italie. Zopyros appartenait vraisemblablement à l'école pythagoricienne qui semble avoir été florissante à la fin du IVe siècle av. J.-C.14,15. Il a probablement conçu son arc mécanique à l'occasion du siège de Cumes et de Milet entre 421 et 401 av. J.-C.16,17 L'arc de ces machines possédait déjà un système de treuil pour l'armer et pouvait apparemment lancer deux flèches à la fois9.

 
Reconstitution historique d’une baliste romaine.

À partir du milieu du IVe siècle av. J.-C., les preuves de l'utilisation par les Grecs de machines à tirer des flèches deviennent de plus en plus denses et variées : ces machines (katapaltai) sont mentionnées brièvement par Énée le Tacticien dans son traité sur les techniques de siège écrit vers 350 av. J.-C.9. Une inscription de l'arsenal d'Athènes, datée entre -338 et -326, énumère un certain nombre de catapultes gardées en réserve avec des projectiles de différentes tailles et des ressorts de fibres18. La dernière mention est particulièrement remarquable car elle constitue la première preuve claire du passage aux catapultes à torsion qui sont plus puissantes que les arbalètes à arc flexible et qui domineront les conceptions en matière d'artillerie en Grèce et, par la suite, dans la Rome antique9. Dans un autre inventaire athénien de -330-329 figurent des catapultes et des flèches18.

Des machines à tirer des flèches sont mentionnées à partir du siège de Périnthe (Thrace) par Philippe II de Macédoine en 340 av. J.-C.19. À la même époque, les fortifications grecques ont commencé à comporter de hautes tours avec, à leur sommet, des volets et des fenêtres, qui auraient pu servir à abriter des tireurs de flèches, comme à Aigosthena20. À l'époque romaine, la machine connue sous le nom d'arcuballista était sans doute semblable à l'arbalète21.

Alexandre le Grand a eu l'idée de les utiliser pour couvrir le champ de bataille, en plus de leur utilisation au cours des sièges. Les projectiles étaient à la fois des flèches et, plus tard, des pierres.

Les Romains ont commencé à utiliser les catapultes comme armes sans doute au cours de leurs guerres contre Syracuse en Italie, en Macédonie, à Spartes et en Étolie aux IIIe et IIe siècles av. J.-C..

Catapultes médiévales

En raison de leur faible résistance à l'humidité, les catapultes ont été abandonnées dès le VIe siècle et remplacées par des engins à contrepoids, le mangonneau et le trébuchet22.

Le trébuchet, parfois incorrectement appelé catapulte, emploie un contrepoids plutôt que la torsion ou la tension : il fonctionne essentiellement comme une fronde géante. Son invention date du Moyen Âge, époque à laquelle il a remplacé la catapulte en raison d'une meilleure précision des tirs et, surtout, d'une meilleure résistance au climat européen, dont l'humidité détendait les tendons des engins à torsion23.

Les catapultes ont été progressivement remplacées par les canons, au cours du XIVe siècle.

Utilisations ultérieures

 
Soldats français au cours de la première Guerre mondiale en train d'utiliser une catapulte lance-grenades.

La dernière utilisation militaire à grande échelle des catapultes remonte à la guerre des tranchées pendant la première Guerre mondiale. Au début de la guerre, les catapultes ont été utilisées pour lancer des grenades à travers le no man's land vers les tranchées ennemies. Celles-ci ont finalement été remplacées par de petits mortiers.

Elles sont aussi utilisées pour le décollage des avions du pont des porte-avions, leur rampe de lancement étant trop courte. On les utilise également sur les navires pour lancer des grenades sous marines.

De petites catapultes, dénommées « lanceurs », sont encore largement utilisées pour le lancement des cibles de ball-trap pour le tir aux pigeons d'argile.

Dans les années 2000, les catapultes ont été utilisées en Angleterre, par les amateurs de sensations fortes voulant vivre l'expérience d'être catapultés dans les airs. La pratique a été abandonnée en raison d'accidents mortels, certains participants ayant chuté à terre après avoir raté le filet de sécurité24,25.

En janvier 2011, une catapulte utilisée par des trafiquants de drogue pour faire passer de la marijuana du Mexique vers les États-Unis a même été découverte26.

Modèles

Des catapultes de tous types et de toutes tailles sont encore construites pour l'enseignement des sciences et les reconstitutions historiques, des concours ou comme occupation de loisir. Les projets de catapultes peuvent susciter chez les enfants des vocations pour l’étude de la physique, de l'ingénierie, des mathématiques et de l'histoire. Ces kits peuvent être achetés dans des foires spécialisées, ou dans plusieurs magasins en ligne.

Description de Viollet-le-Duc

 
Schéma descriptif d'une catapulte27.

Cette description reproduit celle de l’Encyclopédie médiévale de Eugène Viollet-le-Duc qui récapitule les connaissances théoriques sur la baliste à la fin du XIXe siècle.

Viollet-le-Duc a dessiné les engins de siège et a tenté d’en expliquer le fonctionnement de manière théorique, mais ses interprétations sont parfois remises en cause par les reconstitutions récentes. On notera par ailleurs que cette machine serait plutôt désignée actuellement par le terme de catapulte.

La pièce principale est la verge A, dont l'extrémité inférieure passe dans un faisceau de cordes tordues au moyen de clefs B et de roues à dents C, arrêtées par des cliquets. Les cordes sont passées dans deux anneaux sous un vilebrequin en bois tenant à la tige à laquelle la roue à dents vient s'adapter, ainsi que l'indique le détail D. Ces cordes ou nerfs tordus à volonté à la partie inférieure de la verge avaient une grande force de rappel1. Mais pour augmenter encore la rapidité de mouvements que devait prendre la verge, des ressorts en bois et nerfs entourés de cordes, formant deux branches d'arcs E attachées à travers la traverse-obstacle forçaient la verge à venir frapper violemment cette traverse F, lorsqu'au moyen du treuil G on avait amené cette verge à la position horizontale. Lorsque la verge A était abaissée autant que possible, un homme tirant sur la cordelette H, faisait échapper la branche de fer I (cf. détail K), et la verge ramenée rapidement à la position verticale, arrêtée par la traverse-obstacle F, envoyait au loin le projectile placé dans la cuillère L.

On réglait le tir en ajoutant ou supprimant des fourrures en dedans de la traverse F, de manière à avancer ou à reculer l'obstacle, ou en attachant des coussins de cuir rembourrés de chiffons à la paroi antérieure de l'arbre de la verge. Plus l'obstacle était avancé, plus le tir était élevé; plus il était reculé, plus le tir était rasant. Le projectile obéissait à la force centrifuge déterminée par le mouvement de rotation de la cuillère, et à la force d'impulsion horizontale déterminée par l'arrêt de la traverse F. La partie inférieure de la verge présentait la section M, afin d'empêcher la déviation de l'arbre qui, d'ailleurs, était maintenu dans son plan par les deux tirages des branches du ressort E.

Les crochets O servaient à fixer le chariot en place, au moyen de cordes liées à des piquets enfoncés en terre, et à attacher les traits et palonniers nécessaires lorsqu'il était besoin de la trainer. Quatre hommes pouvaient abaisser la verge en agissant sur le treuil G. Pour qu'un engin pareil ne fût pas détraqué promptement par la secousse terrible que devait occasionner la verge en frappant sur la traverse-obstacle, il fallait nécessairement que cette traverse fût maintenue par des contre-fiches en charpente et par des brides en fer, ainsi que le montre la figure.

 
Autre schéma descriptif d'une catapulte.

Le profil géométral ci-contre fait voir la verge abaissée au moyen du treuil, et la verge frappant la traverse-obstacle, ainsi que le départ du projectile de la cuillère, les ressorts tendus lorsque la verge est abaissée, et détendus lorsqu'elle est revenue à sa position normale.

 

Notes et références

  1. Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle (1856), par Eugène Viollet-le-Duc

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes