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Catégorie : Les Armes
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Missile

 

Un missile est un projectile autopropulsé et guidé (sinon il s'agit d'une roquettea), constitué :

  • d'un propulseur : moteur-fusée, réacteur (généralement statoréacteur), voire les deux (une fusée donnant l'impulsion de départ, avant d'être relayée par un statoréacteur) ;
  • d'un système de guidage, qu'il soit externe (téléguidage) ou indépendant (autoguidage) ;
  • d'une charge utile, qui peut être une charge militaire (explosive, incendiaire, chimique, biologique, etc), un système électronique (drone de reconnaissance, missile scientifique ou expérimental) voire un simple poids pour équilibrer l'engin (missile cible) ou une masse inerte (missile de propagande transportant des tracts).
 
Le missile air-air AIM-9 Sidewinder, à guidage infrarouge.

Origine du terme

Le terme missile désignait initialement une arme de trait avant de désigner un engin autopropulsé1. La règle généralement utilisée de nos jours veut que :

Il existe cependant des exceptions, tels que les projectiles des lance-roquettes multiples, qui sont actuellement le plus souvent autoguidés tout en conservant le nom de roquettes, ou des prototypes datant d'une période où les systèmes électroniques étaient bien plus coûteux, fragiles et volumineux qu'actuellement. Une telle utilisation de ce terme est exceptionnelle et, en général, due à un contexte historique particulier (prototype ancien, dénomination qui perdure bien qu'elle soit devenue impropre).

Historique

 
 
Missile V-1 allemand de la Seconde Guerre mondiale.

Dès le VIe siècle des fusées récréatives ou de guerre semblent attestées en Chine. Des lanceurs de fusées multiples à main (et transportés dans des paniers) étaient également utilisés par les chinois ou avec des chariots appelés hwacha chez les coréens dès 1377. Le hwacha a été créé par Choi Mu-seon, qui innova dans la production de la poudre à fusée et fut l'auteur de la première fusée coréenne, sous la dynastie Choeson.

À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, des fusées à têtes explosives ou incendiaires sont testées dans les armées régulières européennes[réf. nécessaire]. Le modèle le plus connu fut sans doute celui dit « de Congreve », inspiré par les fusées du royaume de Mysore (dans l'actuelle Inde), utilisé par les armées anglaises. Le perfectionnement des canons durant la seconde partie du XIXe siècle entraîna l'abandon des fusées à tête explosive. Toutefois, des modèles éclairants et/ou incendiaires semblent avoir été utilisés, et le sont toujours de nos jours.

En , durant la Première Guerre mondiale, l'armée allemande commença à développer un biplan armé de torpilles qui fut lancé depuis un zeppelin. Les essais en vol eurent lieu en avril 1917 mais cette arme ne fut jamais déployée. Durant cette même guerre, plusieurs ballons d'observation français furent abattus par des fusées incendiaires (ce qui poussa à l'adoption du parachute par les aérostiers). L'armée française utilisa aussi des fusées à poudre lancées par avion pour abattre des ballons d'observation allemands.

 
Coupe d'un missile antichar français ENTAC de 1re génération, entré en service dans les années 1950.

Les premiers missiles opérationnels de l'Histoire furent utilisés par le Troisième Reich durant la Seconde Guerre mondiale. Leur mise au point avait commencé en 1932, dans un laboratoire de Kummersdorf. La première victime de ces armes fut l'escorteur Egret de la Royal Navy. Moins de deux semaines plus tard, en , lorsque l'Italie fit volte-face et épousa la cause des Alliés, une bombe planante radiocommandée Fritz X, larguée depuis un bombardier, coula le navire de ligne de 35 000 t Roma de la marine militaire italienne. L'efficacité de ces bombes guidées a été évaluée à 40 %.

 
Predator et ses Hellfire accrochés au pylône sous voilure.

Puis vinrent les V1 et V2 allemands mis au point en 1944 et utilisés pour bombarder Londres et Anvers. Ils avaient été conçus par Werner von Braun. Cet ingénieur se rendit aux forces américaines avec son équipe. C'est lui qui, après les échecs répétés des fusées Vanguard de la marine américaine construites sans son concours, allait devenir dans les années 1960 le père technique du Programme spatial des États-Unis (voir Opération Paperclip). Deux autres missiles furent mis au point par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale : le missile antinavire Henschel Hs 293 A et le missile air-air Kramer X4, tandis que plusieurs autres projets dont quatre de missile sol-air et un missile antichar étaient en cours.

Les Alliés étaient très en retard dans ce domaine, seuls les États-Unis ayant mis en service en 1945 une bombe planante autoguidée (Bat) qui fut utilisée à quelques reprises durant les campagnes du Pacifique. Après la guerre furent développés les premiers missiles air-air, sol-air et sol-sol. On peut citer quelques dates :

Propulsions

Différents types de propulsions ont été ou sont utilisés. Ce sont principalement des fusées, des réacteurs ou des engins mixtes.

Classification

 
Un missile balistique intercontinental américain Titan II tiré depuis son silo.
 
Exemple de silo russe.
Rem : Certains de ces silos ont été recyclés, ou devaient l'être par exemple en France pour le stockage de munitions non explosées, chimiques, datant de la Première Guerre mondiale, en attente de démantèlement2.

Les missiles peuvent être catégorisés en fonction de nombreux critères.

En fonction de leur profil de mission (plate-forme de tir et objectif) :

Uniquement en fonction de leur cible :

En fonction de leur portée :

voire, dans le cas des missiles nucléaires ;

En fonction de leur type de vol :

En fonction de leur système de guidage : voir ci-dessous.

Ces différentes catégorisations se recoupent partiellement et rendent une classification des différents missiles relativement complexe : ainsi, par exemple, un missile mer-sol peut être soit un missile balistique soit un missile de croisière, et un missile anti-char n'est qu'une version spécialisée du missile air-sol.

Guidage

 
Un missile de croisière air-sol américain AGM-86 ALCM.

D’un point de vue technique, il existe de nombreux systèmes de guidage différents. Ils dépendent des caractéristiques de la cible et du degré de précision que la mission et la munition rendent nécessaires.

 
Tir d'un missile antichar TOW filoguidé.

Certains missiles, souvent anti-navires, utilisent successivement plusieurs types de guidage: inertiel juste après leur lancement, puis radar lorsqu’ils ont localisé leur cible. D'autres se calent sur les ondes électromagnétiques émises par leurs cibles (cas des missiles anti-radar).

De nos jours, tous les missiles devant parcourir de grandes distances (balistique, semi-balistique, croisière) associent différentes techniques, complémentaires les unes des autres.

Démantèlement

S'il n'a pas été utilisé, le missile désuet reste un objet dangereux, notamment les armes à sous-munitions telles que les roquettes MLRS. Le rejet en mer ou en lac des munitions non explosées n'est plus une solution acceptable, tout comme leur destruction par explosifs dans la nature, source de pollutions et de risque.

Des unités spéciales de démantèlement avec traitement thermique des matériaux qui peuvent l'être et recyclage possible de certains éléments ou métaux précieux se mettent en place, dont en France en 2014 à Bourges-Le Subdray (Cher) où a été inauguré le missilier MBDA3, dans un site classé « Seveso 2 seuil haut » cerné d’arbres un premier site français de « démantèlement de munitions complexes » (capacité : 6 missiles/jour, soit 2 500 t/an. ce qui ne permettra que d'essentiellement traiter les missiles produits par ce fabricant pour le compte des services interarmées des munitions de l’armée française et peut être quelques stocks d'autres pays européens ayant ratifié la Convention d'Oslo sur les armes à sous-munitions) ; les propulseurs et allumeurs seront brûlés à 600-800 degrés dans un four blindé, mais la charge militaire envoyée chez l’industriel norvégien Nammo4

Bibliographie

Notes et références

Notes

  1. Voir le paragraphe #Origine du terme.

Références

  1. MBDA boucle le cycle de vie des missiles ; Les missiles aussi se cachent pour mourir. Article de Environnement magazine, 1er juillet 2014.

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes