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Catégorie : Films
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Le père Noël est une ordure

 
 
 
Le père Noël est une ordure
Description de cette image, également commentée ci-après
Reconstitution des décors du film lors d'une exposition de 2019 consacrée aux années 1980.
 
Réalisation Jean-Marie Poiré
Scénario Jean-Marie Poiré
La troupe du Splendid
Acteurs principaux
Sociétés de production Trinacra Films
Films A2
Les Films du Splendid
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Comédie burlesque
Durée 88 minutes
Sortie 1982
 

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le père Noël est une ordure est un film français de Jean-Marie Poiré, sorti en 1982.

Interprété par la troupe du Splendid, ce film est l'adaptation de leur pièce de théâtre du même nom créée en 1979.

Synopsis

Un soir de Noël, à la permanence téléphonique parisienne de l'association « SOS Détresse Amitié », des bénévoles sont perturbés par l'arrivée de personnages marginaux et farfelus, qui provoquent des catastrophes en chaîne.

Au fil de la soirée, Pierre Mortez et Thérèse, les permanents de SOS Détresse Amitié ce soir-là, reçoivent tour à tour la visite de leur voisin bulgare, M. Preskovitch, qui leur présente des spécialités gastronomiques de son pays — toutes aussi infectes les unes que les autres —, de Katia, un travesti dépressif, de Josette (dite « Zézette »), la « petite protégée » de Thérèse, ainsi que de Félix, le fiancé miteux de Josette (violent envers Josette et voleur invétéré) déguisé en père Noël, sans oublier Mme Musquin, la présidente de l'association, qui reste coincée dans l’ascenseur à deux reprises, attendant le dépanneur.

Après moult péripéties et alors que tout semble revenir à la normale, Josette, pour vider le pistolet de Félix et le rendre inoffensif, abat malencontreusement le dépanneur de l'ascenseur à travers la porte d'entrée du local.

Josette et Félix, nullement effrayés, découpent le cadavre en morceaux et les emballent dans du papier-cadeaux. Tout le monde se rend ensuite au zoo de Vincennes pour jeter les paquets dans les enclos des animaux carnivores, afin d'effacer toute trace.

Fiche technique

 
Jean-Marie Poiré, le réalisateur du film, en 2015.
Production déléguée : Christian Ferry

Distribution

Personnages

Note : dans la pièce de théâtre originale de 1979, certains personnages sont quelque peu différents.

Personnages principaux

 
Reproduction du « gilet-serpillière » tricoté par Thérèse, offert à Pierre comme cadeau de Noël.

Personnages secondaires

Commentaires

Production

Genèse

À la suite du succès de la pièce originale de 197913,14, Yves Rousset-Rouard lance l'idée d'une adaptation cinématographique, avec Jean-Marie Poiré à la réalisation. Jean-Marie Poiré a rencontré la troupe par le biais de Josiane Balasko, avec qui il avait tourné son premier film, Les Petits Câlins, en 1977, et Les hommes préfèrent les grosses en 198115. Le réalisateur est arrivé avec l'intention de faire « un vrai film », de « repartir dans une autre logique ». D'après lui, la fin de la pièce était « très très mauvaise » et « s'emballait dans une espèce de caricature de grand guignol16 ».

Scénario

 
Dans le premier scénario du film, Michel Blanc aurait joué un rôle.

Dans la première version du scénario, Thérèse et Pierre sortaient du zoo et se rendaient dans une église pour se confesser à un prêtre, qui aurait été interprété par Michel Blanc. Horrifié, le prêtre dénonçait les agissements de la bande à la police. Le film se serait terminé par une photo des protagonistes dans le box des accusés à la une d'un journal17.

Différences entre la pièce et le film

Choix des acteurs

Jacques François, qui joue le pharmacien, a accepté de jouer gratuitement dans le film19 : la production ne pouvant lui payer son cachet habituel très élevé, il préféra donc jouer son rôle gratuitement plutôt que d'accepter le cachet dérisoire proposé20. Jean-Marie Poiré l'ayant beaucoup apprécié, il le fera tourner dans la plupart de ses films suivants : Papy fait de la résistance, Twist again à Moscou, Mes meilleurs copains, L'Opération Corned-Beef et Les Couloirs du temps : Les Visiteurs 2.

Guy Marchand devait faire une apparition, mais frustré par le tube Destinée, chanson qui figurait dans le film Les Sous-doués en Vacances, il ne souhaitait plus être associé à celle-ci, tube qu'il trouvait fait « facilement », et ne pas être considéré comme un chanteur de variétés de l'époque, alors qu'il était avant tout un jazzman, avec des années de carrière derrière lui, d'autant plus qu'il avait l'estime de grands noms du jazz comme Michel Petrucciani, Al Jarreau, George Benson, Claude Nougaro… Mais cette chanson restera, pour le grand public, la plus connue de ce crooner, bien malgré lui. Guy Marchand renoncera finalement à faire un caméo pour le film, mais autorisera la diffusion de la chanson Destinée dans le film.

C'est Jean-Pierre Darroussin qui prête sa voix à l'homme « qui ne sait pas aligner trois mots cohérents » lorsqu'il appelle SOS Détresse-Amitié pendant que Pierre, Thérèse et Josette mangent les huîtres15. Le court rôle du réparateur d'ascenseur est tenu par Pierre Eugène, également engagé en tant que chauffeur de production pour le film21.

Tournage

 
Le restaurant « Le Square Trousseau » est un lieu de tournage du film.
 
La scène finale du film a été tournée au Parc zoologique de Paris.

Extérieurs

La première scène du film a réellement été tournée sur les grands boulevards de Paris au moment de Noël, et ce sans autorisation de la part des grands magasins. Gérard Jugnot, caché dans une camionnette, sortait quelques instants pour les prises. L'équipe de tournage utilisera par la suite un nom de code : Les bronzés fêtent Noël22.

Le terrain vague sur lequel se trouve la caravane de Félix et Zézette, est désormais occupé par l'hôpital Robert-Debré situé entre la Porte des Lilas et la Porte du Pré-Saint-Gervais23.

La scène où Marie-Anne Chazel et Anémone cherchent des huîtres et du vin blanc a été tournée près du Square Trousseau (12e arrondissement) dans la brasserie homonyme24.

La scène finale a été filmée au zoo de Vincennes, situé dans le 12e arrondissement25, avant que le film ne se termine sur un plan laissant voir le boulevard Malesherbes (17e arrondissement).

Studios

Les scènes d'intérieurs ont été tournées dans les studios d'Épinay à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Tout un immeuble a été reconstruit, avec un ascenseur pouvant monter trois étages.

Musiques

La chant choral introduisant le générique du début est un chant de Noël polonais (en polonais : kolęda) de Franciszek Karpiński (1741–1825) intitulé : Bóg się rodzi en français : « Dieu est né » interprété par Mazowsze26.

Le slow entre Pierre et Katia est dansé sur la chanson de Guy Marchand, Destinée, qui n'était pas celle prévue à l'origine. Les images ont été tournées avec Pauvres Diables de Julio Iglesias en fond sonore, mais il s'est avéré impossible d'obtenir les droits de la chanson.

Vladimir Cosma, chargé de trouver une chanson avec un rythme similaire, a repris Destinée, qu'il avait composée avec Guy Marchand pour le film Les Sous-doués en vacances, sorti en 1981. Les dialogues ont été réenregistrés, on entend Katia demander « Vous aimez ce genre de musique ? » alors qu'il dit en réalité « Vous aimez Julio Iglesias ? », tandis que la réponse « C'est un grand chanteur » de Pierre est remplacée par « C'est très joliment chanté ». Même si la chanson de Julio Iglesias a été supprimée au montage, le chanteur est néanmoins présent dans le film. En effet, la caravane de Josette et Félix est décorée de photos de ce dernier, et Josette porte un badge « I love Julio ».

Accueil

Promotion

À sa sortie en salles, le film fut boycotté par la RATP qui refuse de louer des panneaux publicitaires pour l'affiche en raison de son titre provocant. Certains cinémas ont ajouté diverses mentions sur leurs affiches : Le père Noël est une ordure… pas le vrai, ou encore Le père Noël est… presque… une ordure.

Dans la bande-annonce, Thierry Lhermitte cite la tribu des Arumbayas, une tribu amérindienne fictive créée par Hergé dans Les Aventures de Tintin.

Accueil critique

À sa sortie en 1982, les critiques du film sont divisées. Alors que la critique des Cahiers du cinéma dénonce un manque de contenu et de message27, d'autres comme celles du quotidien Le Monde ou du magazine Première saluent le rythme de la mise en scène et du jeu des acteurs14,28.

« Bonne nouvelle, stop - Café-théâtre en progrès, stop - Pas de contenu, stop - Comédie parfois noire, stop - Comédie sans message, stop - Point fort : unités de temps et de lieu respectées, stop - Adaptation rigoureuse pièce de théâtre, stop »

— Serge Toubiana, Les Cahiers du cinéma, octobre 198227,19.

« Dialogues-mitraillettes, mouvement incessant, entrées, sorties, rencontres, télescopages de personnages pittoresques [...]. Les gens du Splendid sont de fameux acteurs »

— Jacques Siclier, Le Monde, septembre 198229.

Les critiques cinématographiques ultérieures sont positives, soulignant l'efficacité comique d'un film désormais culte, et qui a apporté « un renouveau au cinéma comique français »13,30,31.

 
Reproduction du « kloug aux marrons » de monsieur Preskovic dans le film.

En revanche, le personnage de Preskovitch (Bruno Moynot) avec ses spécialités dégoûtantes comme le « kloug aux marrons », les « spotsis d'Osijek » de la pièce et les « doubitchous » du film, a fait dire à Jean-Marie Martin, bon connaisseur de la culture balkanique, que « ne pouvant pas, légalement, se moquer des pays voisins de la France et encore moins des africains, des arabes ou des juifs, les scénaristes de ce film se sont engouffrés dans le vide juridique qui leur permet de véhiculer des clichés péjoratifs sur les Balkaniques »32 alors qu'en fait Josiane Balasko, qui les a inspirés, s'était régalée des plats et pâtisseries d'Osijek, en Croatie, ville proche du lieu de naissance de son père33,34.

Box-office

À sa sortie en France en 1982, le film attire 1 582 732 spectateurs35, moins que pour Les Bronzés36 mais un peu plus que pour Les Bronzés font du ski37. Par la suite, après ses multiples diffusions à la télévision, le film obtient un statut « culte »38.

Distinctions

Nominations

Autour du film

Le tableau utilisé dans le film

Le tableau illustrant Thérèse avec un porc utilisé dans le film est différent de celui qui fut utilisé pour la pièce de théâtre. Par contre, c'est le même artiste qui a peint les deux tableaux : Bernard Desnoyers. Aujourd'hui, le tableau utilisé pour tourner le film est entre les mains de son auteur, qui a conservé l'œuvre34,40.

Le tableau utilisé pour la pièce a été vendu, désormais entre les mains de l'acteur Jean-Claude Dreyfus34,40.

Problèmes liés au titre du film

Lors de la sortie du film en 1982, la production rencontra des difficultés pour en faire la promotion, en raison de son titre qui était assez mal vu. La RATP et la Ville de Paris ont ainsi refusé de louer des emplacements publicitaires pour l'affiche du film, jugeant son titre trop irrévérencieux41,42.

Des problèmes ont également été rencontrés pour le tournage des scènes dans les grands magasins. « Partout on essuyait des refus » explique ainsi Jean-Marie Poiré. En effet, le titre était jugé « un peu trop agressif » alors que le Père Noël est une figure censée « faire rêver les enfants »43.

Postérité

Disque (produit dérivé)

Reprise

En 1994, Le père Noël est une ordure fait l'objet d'une reprise américaine réalisée par Nora Ephron sous le titre Mixed Nuts dont un des acteurs principaux est Steve Martin.

Apparitions

En clin d'œil au film Le père Noël est une ordure et au personnage de Monsieur Preskovitch qu'il y interprétait, Bruno Moynot apparaît dans une séquence, à la vingt-et-unième minute du long métrage, sorti en 2003, Les Clefs de bagnole, réalisé par Laurent Baffie ; en interrompant la réponse d'un passant à une question de Baffie sur le sujet de son film, il traverse le champ de la caméra en disant « Vous voulez un doubitchou ? ».

En 2021, au cours de la 46e cérémonie des César, lorsque les membres de la troupe du Splendid se voient décerner chacun un César anniversaire, Thierry Lhermitte vient récupérer son prix habillé de son costume original du film46.

Citation

Diffusion

Année après année, les chaînes françaises (France 2, TF1, la 513,31...) continuent de diffuser le film et à chaque fois, le film obtient des audiences significatives47,48,49. Le Parisien note en 1999 que le film en est déjà à sa huitième rediffusion13.

Au Canada

Notes et références

  1. Helen Faradji, « Le père Noël est une ordure en 10 répliques cultes » [archive], sur radio-canada.ca, .

Voir aussi

Bibliographie

Sur le web

Vidéographie

Podcast

Articles connexes

Liens externes

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