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Catégorie : Bourses
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Montagne

 
 
Vue oblique distante de montagnes enneigées séparant un plateau aride d'une mer de nuages.
 
Vue d'une partie de l'Himalaya, avec l'Everest (près du centre), et du plateau tibétain depuis la Station spatiale internationale.
Un sommet couvert de glace sculptée en lames de rasoir, parcouru en son milieu par une rimaye et à ses pieds par une crevasse, avec deux groupes d'alpinistes visibles en tout petit.
 
Vue d'alpinistes (coin inférieur droit) évoluant entre une rimaye et une crevasse sur l'Alpamayo, au Pérou.

Une montagne (Écouter) est une forme topographique de relief positif, à la surface de planètes telluriques, et faisant partie d'un ensemble — une chaîne de montagnes — ou formant un relief isolé. Elle est caractérisée par son altitude et, plus généralement, par sa hauteur relative, voire par sa pente. Il n'existe toutefois pas de définition unique de ce qu'est une montagne, terme apparu entre le Xe et le XIIe siècle, et de nombreux régionalismes coexistent pour décrire les formes de relief. Elle peut désigner à la fois un sommet pentu et une simple élévation de terrain, comme une colline, aussi bien que le milieu dans son ensemble. Les montagnes prennent en effet des formes très diverses en fonction des processus qui mènent à leur orogenèse : des escarpements de marges continentales et rifts en domaine extensif, aux chaînes de collision et plissement, en passant par les phases de subduction créant des volcans de type explosif en arcs insulaires ou le long de cordillères, sans oublier le volcanisme de point chaud de type effusif ni les intrusions mises au jour par l'érosion. Le climat qu'elles subissent, avec des températures en moyenne plus basses et des précipitations plus importantes qu'en plaine du fait de l'altitude, joue également un rôle important dans leur façonnement. Avec l'isostasie, les montagnes connaissent des phénomènes de surrection et d'amincissement crustal qui mènent, à terme, à leur disparition. Les plus anciennes chaînes de montagnes sur Terre datent du Paléozoïque.

En raison de leur climat spécifique, généralement marqué par un étagement altitudinal, et de leurs pentes difficiles d'accès rendant impossible une exploitation intensive, les montagnes abritent une grande variété d'écosystèmes et une importante biodiversité. De nombreuses espèces animales y trouvent une pression écologique moindre. De ce fait, près du tiers des zones protégées dans le monde se trouvent en montagne. Bien qu'elles soient une source d'eau douce indispensable, les zones montagneuses sont souvent considérées comme rudes ou demandent des efforts d'adaptation importants de la part des populations humaines.

Les montagnes, demeures supposées de nombreuses divinités, ont longtemps inspiré de la crainte aux êtres humains et restent largement méconnues jusqu'aux premières études scientifiques sérieuses au XVIIIe siècle. À partir de cette époque, leur représentation artistique devient plus réaliste. Par la suite, elles sont l'objet de conquêtes avec l'avènement de l'alpinisme. Elles sont au cœur du développement de l'hydroélectricité à la fin du XIXe siècle. Dès lors, plus faciles d'accès, elles s'ouvrent au tourisme, en premier lieu à celui des sports d'hiver, qui bouleverse souvent les paysages des montagnes des régions tempérées, mais également en dehors de la saison hivernale à la randonnée pédestre voire au trekking, dont la pratique est proche de la nature.

Toponymie

Étymologie et linguistique

Photo noir en blanc d'une montagne couverte de neige et de glaciers avec des traînées de nuages et d'avions dans le ciel.
 

Le mot « montagne » apparaît en gallo-roman au XIIe siècle1. Ainsi, il est employé dans la chanson de geste Pèlerinage de Charlemagne en 11502. Il provient de l'ancien français montaigne, dérivé du bas latin montanea, féminin substantivé de l'adjectif montaneus, altération du latin classique montanus, littéralement « relatif à la montagne »1. Dans le cartulaire de Sauxillanges, daté de 989 à 994, dans le Livradois, on trouve montana1. En 1678, Charles du Fresne, sieur du Cange, dans son Glossarium mediæ et infimæ latinitatis, atteste la forme montania, notamment en Cerdagne en 1035. Il rapporte aussi les emplois de montanea par Pierre Tudebode dans Historia de Hierosolymitano itinere et Baudri de Bourgueil dans Historia Jerosolimitana (livres 3 et 4, réunis dans le Recueil des historiens des croisades), et par Orderic Vital dans Histoire ecclésiastique (livre 9), entre la fin du XIe et le début du XIIe siècle1. Ces formes deviennent donc concurrentes de « mont », issu du latin mons, montem et préexistant à « montagne »1. L'adjectif « montagneux » naît sous la plume de Jean de Meung en 12843. Le mot « montagnette » apparaît au XVe siècle dans une tentative de distinguer des formes de relief en fonction de leur hauteur1.

Au XIIIe siècle, en Auvergne, la montagne désigne aussi bien la basse et la moyenne montagne que les pâturages, à l'instar de l'alpe1. Dans la péninsule Ibérique, c'est également un terrain de chasse, alors qu'en Europe centrale, c'est une zone minière1.

Outre une forme de relief, statique, la montagne reflète également une forme de mouvement, sans doute sous l'influence du verbe latin populaire montare qui a engendré en ancien français le verbe « (re)monter » ou la « montée » au XIIe siècle, éliminant au passage la forme plus noble issue d'ascendere, laissant seulement le substantif français « ascension »4. Les montagnes sont définies ici comme un espace géographique de migration. La montagne est le lieu où l'on monte, soit de manière saisonnière, par exemple pour l'estive des éleveurs ou un hivernage de bûcheron, soit occasionnellement, comme sur le chemin d'une fuite ou d'un voyage4. Au XIIe siècle, montain et montagnier qualifient la faune, selon le fauconnier, et les habitants qui vivent en montagne1,4. Les verbes enmontagner ou démontagner sont employés pour décrire l'activité de déménagement des montignons ou montagnards au XVIe siècle4.

Au sens figuré, une montagne indique un amoncellement : une montagne d'objets, de richesses, de difficultés. Il désigne selon le lieu ou la relation engagée, la valeur, le prix, le nombre, la valeur morale, l'intérêt, le taux d'emprunt. En ce sens, les formes verbales ont été mieux préservées en français, à l'instar du verbe « surmonter » attesté par Philippe de Thaon au XIIe siècle5, dans l'expression « le montant d'une somme » ou « monter un budget » lorsqu'une situation est délicate.

Définitions

Sommet enneigé vu depuis une vallée glaciaire occupée par des débris morainiques.
 
Vue du K2, deuxième plus haut sommet du monde, dans le Karakoram, à la frontière sino-pakistanaise.

Les tentatives pour donner une définition générale et universelle de la montagne sont très vite confrontées à l'imprécision et aux exceptions. Ainsi, selon Raoul Blanchard, « une définition même de la montagne, qui soit claire et compréhensible, est à elle seule à peu près impossible à fournir »6. La pente et l'altitude définissent la topographie et le relief, ensemble des formes, de volumes saillants ou en creux, « une famille de formes topographiques » comme décrit par Emmanuel de Martonne7, mais la montagne est aussi un cortège de spécificités où certains phénomènes sont amplifiés et où des limites aux facteurs altitudinaux peuvent essayer d'être définies. Il est possible de distinguer trois sens à la montagne8. Dans le premier, c'est une élévation de terrain individuelle entourée de vallées, synonyme de hauteur, relief, sommet ; le mot « mont », bien qu'étymologiquement semblable, n'est guère utilisé dans cette acception, désignant par ailleurs une forme de relief de plissement. Dans le deuxième sens, une montagne est un espace formé par des reliefs saillants et s'oppose à la colline, au plateau, au piémont, à la vallée. Le troisième sens englobe tout le milieu de la montagne dans sa globalité ; plus imprécis, laissant de côté les notions de pente et d'altitude, il prend en compte les dimensions paysagères et humaines8.

En France, des critères administratifs et législatifs ont été définis. La loi montagne (1985) insiste sur des seuils et des pentes9 : entre 600 et 800 mètres d'altitude moyenne communale et une pente supérieure à 20 %, hors outre-mer10. Les difficultés face à la réduction de la saison végétative sont également prises en compte : adaptation de la production et de la mécanisation agricoles, donnant droit aux fonds structurels européens, perception des conditions locales de développement nécessitant des mesures compensatrices telles que la politique de la « zone de montagne » (1961) et l'indemnité spéciale « montagne » des années 197011.

Dans les îles Britanniques, une montagne s'élève traditionnellement à plus de 2 000 pieds (610 m) d'altitude et présente une hauteur de culminance minimum de 100 à 500 pieds12,13. Aux États-Unis, l'Institut d'études géologiques des États-Unis a distingué une montagne, relief de plus de 1 000 pieds (305 m) de hauteur relative, d'une colline en deçà, mais cette définition a été officiellement abandonnée au début des années 197014.

Une définition internationale des régions montagneuses est apportée par le Centre de surveillance de la conservation de la nature, dans le cadre du Programme des Nations unies pour l'environnement (UNEP-WCMC) : altitude de plus de 2 500 mètres, ou altitude entre 1 500 et 2 500 mètres et pente de 2°, ou altitude entre 1 000 et 1 500 mètres et pente de 5°, ou encore altitude entre 300 et 1 000 mètres continue dans un rayon de sept kilomètres15.

Terminologie

En onomastique, un oronyme est un toponyme de montagne. Les oronymes sont parfois utilisés pour de simples hauteurs (escarpements, collines)16.

Les vocables de la montagne se caractérisent par l'importance des variantes et synonymes ; cette richesse est issue des observations nombreuses des hommes qui vivent dans la montagne avec la nature et de la variété linguistique. Il est possible d'expliquer cette diversité par le vocabulaire employé par les différentes populations qui ont successivement colonisé le domaine montagnard à travers les âges — on en retrouve les traces et les racines linguistiques dans les cartes anciennes et les cadastres —, et par les déformations successives des noms, en particulier à une époque où l'orthographe n'était pas fixée et lors de transcriptions, lorsqu'avait lieu un mouvement général de francisation. Certains toponymes de la carte d'État-Major (1818-1881) ont été collectés par des officiers cartographes, plus préoccupés par les formes et accidents de terrain que par les questions linguistiques17.

 
Vue d'un puech aux Bondons, dans le département français de la Lozère.

Il en ressort une grande variété de régionalismes. Tête et berg, employé en suffixe, sont courants dans l'Est de la France18, aux côtés des ballons (de l'allemand Belchen). Puy et puech sont fréquents en toponymie, pour désigner des lieux situés en hauteur (du latin podium : « hauteur, lieu élevé ») en particulier dans le Massif central19. Le mot d'origine occitane serre correspond à un mamelon, une croupe, un relief allongé, une pointe rocheuse voire un contrefort, et viendrait d'un terme pré-indo-européen ou prélatin serra : « montagne allongée » ou « crête en dos d'âne ». En géographie, le mot est employé pour désigner une forme de relief : crêtes étroites et allongées, dénudées, gazonnées ou boisées. La moitié méridionale de la France est très riche en toponymes formés sur serre20. De même, le provençal baou, avec son sommet généralement plat, le tuc gascon de forme arrondie, et le soubeyran, avec ses variantes comme barre et chaux (chau, chalp, chaup), ou plus généralement la cime, se réfèrent à des hauteurs ou des sommets18. Le terme mendi, montagne en basque, constitutif de nombreux toponymes, s'applique à toute hauteur, même peu élevée. Hegi correspond à une crête, monho à la colline, gain aux hauteurs21. Par-delà les mots qui indiquent la montagne précisément, il existe un ensemble de termes relatifs aux détails du paysage montagnard, comme adret et ubac, pour ne prendre que des exemples alpins. Les termes évoquant la végétation, naturelle ou aménagée, sont particulièrement fréquents, tant en montagne qu'en plaine, et renseignent sur les qualités du milieu ou leur histoire, à l'instar de la chaume et de l'alpe (ou aulp, aup, arpe et dérivés alpette, arpettaz, alpille), qui a donné l'« alpage »22,23.

Une chaîne de montagnes est un ensemble de reliefs disposés de façon allongée, principalement dans le cas d'une collision continentale24. Les chaînes de montagnes sont généralement divisées en massifs de montagnes25, lesquels sont parfois subdivisés en chaînons26 ; toutefois, la terminologie québécoise ne retient que le terme de « chaînon » (équivalent de l'anglais range) pour désigner le sous-ensemble d'une chaîne (équivalent de l'anglais mountains)27. En outre, le terme « massif de montagnes » est aussi employé dans le cas d'ensembles montagneux, souvent anciens, formant un bloc continu25. Enfin, l'usage veut parfois qu'on parle de « chaîne » même pour des sous-ensembles, à l'instar de la chaîne de Belledonne ou de la chaîne des Aravis, au sein des Alpes, dont la disposition des sommets est globalement rectiligne. Le terme de « monts », au pluriel, est employé de façon générique pour désigner une chaîne ou un massif28.

Géographie

Topographie

La proportion de terres émergées situées à plus de 1 000 mètres d'altitude est d'environ un quart29,30, auquel peuvent s'ajouter 10 % de terres situées à une altitude inférieure mais présentant de fortes pentes selon les critères du Centre de surveillance de la conservation de la nature (UNEP-WCMC)29. Dans le détail, les reliefs montagneux couvrent approximativement 33 % de l'Eurasie, 24 % de l'Amérique du Nord, 19 % de l'Amérique du Sud et 14 % de l'Afrique31.

Géomorphologie

Dans un massif montagneux, les sommets sont reliés par des crêtes et séparés par des cols, points les plus bas sur cette crête, et par des vallons, voire par de larges vallées, qui séparent plus généralement les différents massifs. Un sommet peut avoir une cime principale et des cimes secondaires32.

La géomorphologie des montagnes dépend de différents facteurs33 : leur processus de formation (orogenèse), la vitesse de déformation (mouvements verticaux et horizontaux des roches), la nature des roches (les roches tendres donnent des reliefs plus doux que les roches dures) et le climat.

Trois groupes de pics acérés entourés de quelques nuages.
 
Vue des aiguilles de Chamonix, relief typique d'une chaîne de collision en milieu glaciaire.

Dans les chaînes de collision jeunes et les chaînes anciennes considérablement rajeunies, les sommets sont généralement qualifiés de « pics », lorsqu'ils ont une forme conique, ou d'« aiguille », lorsqu'ils sont particulièrement acérés sur une arête, voire de « dent » lorsqu'ils se détachent du relief32. On trouve aussi les qualificatifs de « pointe », de « tête » ou encore de « roche, rocher, roc »34. Lorsqu'ils ont connu une glaciation, les sommets peuvent présenter une forme de pic pyramidal dominant des vallées et cirques glaciaires35.

Schéma montrant : combe, anticlinal, synclinal, mont dérivé, cluse, mont, ruz, val et crêt.
 
Schéma représentant un relief de type jurassien et les terminologies associées.

Le relief de plissement se traduit par une géomorphologie spécifique. Le sommet d'un anticlinal forme un mont. Dans un relief conforme, de type jurassien, le fond d'un synclinal constitue un val. Une dépression au sommet d'un mont est une combe. Les corniches rocheuses en bord de val ou de combe sont appelées crêts. Les cluses sont des dépressions traversant perpendiculairement les anticlinaux. Dans un relief inverse, de type préalpin, les synclinaux se retrouvent au niveau des points hauts par érosion différentielle et sont dits « perchés ». Le relief appalachien est un type particulier de relief de plissement ayant été largement aplani, puis à nouveau soulevé provoquant une reprise de l’érosion. Dans ce cas, les anticlinaux et les synclinaux sont nommés respectivement barres et sillons36.

En domaine extensif, le rebord d'un horst forme généralement un long escarpement de faille. L'érosion contribue à créer des sommets individualisés37.

Les reliefs volcaniques sont de deux grands types. Les volcans explosifs se présentent généralement sous la forme de stratovolcans, d'aspect conique, ou de dômes de lave38. Les stratovolcans peuvent supporter des dômes de lave et des cônes de scories secondaires38, auquel cas ils sont dits complexes ; les volcans Somma en font partie. Les volcans effusifs se présentent sous la forme de volcans boucliers, de grandes dimensions avec de très faibles pentes38. Ceux-ci peuvent également supporter des cônes volcaniques. Lorsque les volcans boucliers émettent des laves sous une calotte glaciaire, ils forment des tuyas39. La majorité des volcans sous-marins sont des volcans boucliers40. Les stratovolcans et les volcans boucliers présentent généralement à leur sommet des cratères et parfois, lorsque leur chambre magmatique se vide, une vaste caldeira41.

Dans les bassins sédimentaires, l'érosion différentielle peut également mettre au jour des reliefs. Si les couches sédimentaires sont monoclinales, c'est-à-dire inclinées et non plissées (couches de même pendage), avec une alternance de roches dures au-dessus et tendres en dessous, l'érosion forme en bordure du bassin une cuesta, au front raide et au revers peu incliné ; si le fragment rocheux est totalement isolé, il constitue une butte-témoin42,37,43. Si les couches ne sont pas inclinées, ou faiblement, l'érosion peut provoquer l'apparition d'un relief tabulaire appelé mesa s'il constitue un plateau42, butte si ses dimensions sont moindres44,45, planèze si l'origine est un relief volcanique inversé46, ou tepuy en milieu tropical. Parmi les différentes formes d'inselberg, on trouve le bornhardt et le kopje, qui sont respectivement un monolithe naturel inclusif et un amoncellement de rochers, ou encore le morne47, en milieu tropical44, le monadnock en zone tempérée47,38, le neck et le dyke, qui sont respectivement les résidus d'une cheminée volcanique et d'un filon volcanique vertical dégagés par l'érosion46.

Principaux ensembles montagneux

Il existe à la surface des continents deux grandes zones principales d'orogenèse active : la ceinture alpine et la ceinture circum-pacifique48,49.

Systèmes montagneux autour du bassin méditerranéen et de l'Asie mineure à l'Asie du Sud-Est.
 
Carte des principales chaînes de montagnes constituant la ceinture alpine.

La première est issue de la fermeture, dès le Crétacé, de l'océan Téthys, principalement par collision des plaques africaine et indienne avec l'Eurasie depuis l'Éocène. Elle s'étend du Maghreb à l'Asie du Sud-Est. Elle comprend la majeure partie de l'Atlas, l'arc de Gibraltar, les Pyrénées, les Alpes, le massif du Jura, les Apennins, les Carpates, les Balkans, l'Anatolie, le Caucase, l'Elbourz, les monts Zagros, les monts Hajar, le Kopet-Dag, l'Hindou Kouch, le Pamir, le Karakoram, l'Himalaya, le plateau tibétain, la cordillère du Kunlun, les monts Hengduan, la chaîne Tenasserim et les Bukit Barisan48,49,50.

Systèmes montagneux entourant l'océan Pacifique.
 
Carte des principales chaînes de montagnes constituant la ceinture circum-pacifique.

La seconde s'étend sur le pourtour de l'océan Pacifique, le long de fosses océaniques. Elle se met en place dès le début du Mésozoïque. C'est une zone volcanique extrêmement active. En Amérique, jusqu'à la terre de Graham en Antarctique au sud, elle se matérialise par la cordillère américaine et englobe la chaîne aléoutienne, la chaîne Brooks, la chaîne d'Alaska, les monts Mackenzie, les chaînes côtières du Pacifique, les montagnes Intérieures, la chaîne Columbia, les montagnes Rocheuses, la sierra Madre orientale, la sierra Madre del Sur, la sierra Madre de Chiapas, la cordillère Centrale, la cordillère de Talamanca, l'arc insulaire des Antilles, la cordillère des Andes et les Antarctandes. Sur la marge occidentale du Pacifique, elle est constituée par les monts de Verkhoïansk, les monts Tcherski, les montagnes du Kamtchatka (chaîne Orientale et chaîne Centrale) et du Japon (dont les Alpes japonaises), la chaîne de Sikhote-Aline, les montagnes de Taïwan, des Philippines et des îles de la Sonde (Indonésie), la chaîne Centrale de Nouvelle-Guinée et les Alpes de Nouvelle-Zélande48,49,50.

Systèmes montagneux du Proche-Orient à l'Afrique de l'Est en passant par le pourtour de la mer Rouge.
 
Carte des principales chaînes de montagnes constituant la vallée du Grand Rift.

À une moindre échelle, la vallée du Grand Rift est également un système montagneux très jeune, apparu seulement vers l'Oligocène. Il inclut les monts Nur, les montagnes des Alaouites, le mont Liban, l'Anti-Liban, les monts de Judée, la pointe méridionale du Sinaï, les monts Sarawat, le bloc Danakil, les plateaux d'Éthiopie, le Rwenzori, les montagnes des Virunga, les monts Bleus, les monts Mitumba, l'Aberdare, le massif du Ngorongoro, les Southern Highlands et les Mafinga Hills49.

Systèmes montagneux sur les côtes est de l'Amérique et du Groenland, en Europe et à l'ouest et au sud de la Sibérie.
 
Carte des principales chaînes de montagnes liées aux orogenèses calédonienne et varisque.

À l'inverse, un système montagneux majeur, désormais inactif, a été constitué par plusieurs phases orogéniques au cours du Paléozoïque. Il comprend les Appalaches, les montagnes d'Irlande, les Highlands d'Écosse, l'Est du Groenland, les Alpes scandinaves, les Spitzberg, la Cornouailles, l'Anti-Atlas, les Mauritanides, le centre de la péninsule Ibérique dont le Système central et le Système ibérique, l'ensemble de la chaîne varisque (ou localement hercynienne) constituée par le Massif armoricain, le Massif central, le massif des Vosges, la Forêt-Noire, le massif schisteux rhénan, le Harz, le massif de Bohême et le massif de Thuringe-Franconie, ainsi que l'Oural, le Tian Shan, l'Altaï, les monts Saïan, les monts Khangaï, les monts Baïkal et les monts Stanovoï48,49,50.

Systèmes montagneux sur les côtes nord et est de l'Amérique du Sud, sur la côte du golfe de Guinée, sur la pointe sud de l'Afrique, à Madagascar et dans le « V » indien.
 
Carte des principales chaînes de montagnes liées à l'orogenèse panafricaine.

Un autre système montagneux ancien, dit panafricain51, s'est formé progressivement entre le Permien et le Jurassique, accompagnant l'assemblage puis la dislocation du Gondwana, au niveau du plateau des Guyanes, des massifs de l'Est du Brésil (dont la serra do Mar), des montagnes de la ceinture plissée du Cap puis du Grand Escarpement africain, des monts Ellsworth et autres massifs de la Terre de la Reine-Maud en Antarctique, des montagnes de Madagascar et des Ghats occidentaux et orientaux en Inde48,50.

Dorsale apparaissant en rouge sombre au centre de l'océan Atlantique.
 
Image de synthèse mettant en évidence la dorsale médio-atlantique.

Plus ancienne encore est l'orogenèse ayant donné naissance au Cambrien à la chaîne Transantarctique, largement rajeunie au Crétacé, ainsi qu'aux chaînes du Mont-Lofty et de Flinders en Australie-Méridionale49,52,53. La Cordillère australienne est une chaîne de montagne majeure dont la formation par accrétion à partir du Carbonifère peut être considérée comme leur prolongation tardive, mais les phases suivantes incluant du volcanisme, un soulèvement isostatique et un rifting l'en distinguent nettement49,54.

Quoi qu'il en soit, le plus long système montagneux sur Terre se trouve au fond des océans, au niveau de la dorsale médio-océanique48.

Principaux sommets

Sommet couvert de neige sous un ciel bleu vu depuis une vallée couverte de débris morainiques.
 
Vue de la face nord de l'Everest (8 849 m), sommet le plus haut par rapport au niveau de la mer.

La principale notion pour apprécier la hauteur d'un sommet est l'altitude. Elle est relativement moderne38 et reste très vague jusqu'au XVIIe siècle55. Auparavant, la distance depuis laquelle un sommet était observable était déterminante et favorisait les plus proches de la mer55. Sur Terre, l'altitude se définit par rapport au niveau de la mer. Tous les sommets de plus de 7 000 mètres d'altitude se trouvent en Asie, en particulier les quatorze sommets de plus de 8 000 mètres, dans l'Himalaya et le Karakoram : Everest (8 849 m), K2 (8 611 m), Kangchenjunga (8 586 m), Lhotse (8 516 m), Makalu (8 485 m), Cho Oyu (8 188 m), Dhaulagiri I (8 167 m), Manaslu (8 163 m), Nanga Parbat (8 126 m), Annapurna I (8 091 m), Gasherbrum I (8 080 m), Broad Peak (8 051 m), Gasherbrum II (8 034 m) et Shishapangma (8 027 m)56. Le sommet le plus élevé en dehors d'Asie est l'Aconcagua (6 962 m), en Amérique du Sud. Les sept sommets sont les sommets les plus élevés de chacun des sept continents, mais ils sont soumis à des interprétations variables.

 
Comparaison des altitudes des deux plus hauts sommets de chaque continent par rapport aux quatorze « 8 000 », tous représentés par des triangles de couleurs.
 
Schéma de comparaison des altitudes des quatorze sommets de plus de huit mille mètres (pointes rouges ou roses) et des sept sommets et sept seconds sommets, plus hauts et deuxièmes plus hauts sommets de chaque continent.
Volcan arrondi en grande partie couvert de glaciers avec au premier plan une vigogne au pelage roux.
 
Vue du Chimborazo (6 310 m), en Équateur, sommet le plus éloigné du centre de la Terre ; au premier plan, une vigogne.

D'autres référentiels peuvent être pris en considération : en se référant à la base de la montagne, c'est-à-dire le dénivelé, le Nanga Parbat (environ 7 000 m par rapport à la vallée de l'Indus distante de 25 km), le Denali (environ 5 500 m) ou encore le Kilimandjaro (4 80057 à 5 200 m58) sont particulièrement notables ; en tenant compte de sa partie émergée, le Mauna Kea a une élévation verticale de plus de 9 000 mètres, alors que son voisin, le Mauna Loa, moins élevé mais plus volumineux, s'enfonce plus profondément dans le plancher océanique et présente une hauteur totale d'environ 17 000 mètres depuis sa racine59,60 ; le sommet du Chimborazo, en raison du renflement équatorial, est le point de la surface le plus éloigné du centre de la Terre61.

Schéma montrant : hauteur de culminance et isolement topographique entre trois sommets.
 
Schéma représentant la hauteur de culminance et l'isolement topographique.

La notion de hauteur de culminance, ou proéminence topographique, s'est ainsi développée pour prendre en compte l'importance du relief38. Ébauchée dans les années 1920 par John Rooke Corbett pour les hauteurs d'Écosse62, elle est normalisée à partir des années 196063. Elle correspond à la différence d'altitude entre un sommet donné et l'ensellement ou le col le plus élevé permettant d'atteindre une cime encore plus haute. Selon cette définition, les dix plus hauts sommets du monde sont, dans l'ordre, l'Everest (8 849 m), l'Aconcagua (6 962 m), le Denali (6 138 m), le Kilimandjaro (5 885 m), le pic Cristóbal Colón (5 509 m), le mont Logan (5 250 m), le pic d'Orizaba (4 922 m), le massif Vinson (4 892 m), le Puncak Jaya (4 884 m) et l'Elbrouz (4 741 m)64.

L'isolement topographique est la distance séparant un sommet du point d'altitude supérieure ou égale le plus proche. Ainsi, les dix sommets les plus isolés au monde sont l'Everest, l'Aconcagua (16 520 km), le Denali (7 451 km), le Kilimandjaro (5 562 km), le Puncak Jaya (5 264 km), le massif Vinson (4 911 km), le mont Orohena (4 133 km), le Mauna Kea (3 947 km), Gunnbjørn (3 254 km) et l'Aoraki/Mont Cook (3 140 km)65.

Reliefs extraterrestres

La plus haute montagne connue avec précision du Système solaire est Olympus Mons, volcan bouclier sur la planète Mars avec 21,2 kilomètres d'altitude et 21,9 kilomètres de hauteur, pour un diamètre de 600 kilomètres66. Les autres planètes telluriques présentent également des formations montagneuses : Maxwell Montes, culminant à Skadi Mons sur Vénus à 10,7 kilomètres d'altitude pour 6,4 kilomètres de hauteur67, dont l'origine est tectonique68, et Caloris Montes, s'élevant à moins de 3 kilomètres de hauteur69 à la suite d'un impact70 sur Mercure. Il en est de même pour nombre de satellites et de planètes mineures. Ainsi, sur (4) Vesta, le pic central de Rheasilvia s'élève à environ 22 kilomètres au-dessus du fond du cratère d'impact71, soit une hauteur comparable à celle d'Olympus Mons mais de loin la plus haute du Système solaire par rapport au diamètre de son astre. La crête équatoriale de Japet, dont l'origine est incertaine, mesure environ 20 kilomètres de haut72. Le point culminant de Io se trouve sur Boösaule Montes, dont l'origine est tectonique ; il a environ 18 kilomètres de hauteur73. Sur Mimas, le cratère d'impact Herschel possède également un pic central ; sa hauteur atteint 7 kilomètres74. Le plus haut sommet de la Lune, le mont Huygens, dans les monts Apennins, mesure 5,5 kilomètres75.

Plusieurs astres du Système solaire possèdent des formations à l'aspect de montagnes, mais qui seraient constituées de glace, appelées cryovolcans, absents sur Terre. Parmi les candidats à ce processus figurent le mont Ahuna sur (1) Cérès76, Doom Mons sur Titan77 et éventuellement quelques reliefs de Pluton78.

Hydrographie

En raison des précipitations qui s'abattent sur elles, du manteau neigeux voire des glaciers qui peuvent s'y former et y constituer un stockage sous forme solide, permettant une régulation du débit des cours d'eau vers la plaine, les montagnes sont d'importantes ressources en eau douce79. Les plus grands fleuves prennent tous leur source sur des hautes terres80. C'est pourquoi les montagnes sont qualifiées de « châteaux d'eau »79,80,81.

Torrent encaissé entre des rochers entouré d'une végétation éparse essentiellement de conifères et d'arbrisseaux.
 
Vue du torrent Acısu dans le massif de l'Anti-Taurus, dans le Sud de la Turquie, à la limite entre les zones de production (graviers au second plan) et de transport (cuvettes au premier plan).

L'eau des montagnes s'écoule vers les plaines au travers du réseau fluvial et des nappes d'eau souterraine80. Dans les parties les plus hautes et les plus pentues, au travers de ravins, les torrents arrachent des sédiments par érosion au niveau de la « zone de production ». Le blocage puis la purge des chenaux entraînent des coulées de débris qui laissent apparaître la roche du lit. Dans la partie intermédiaire se trouve la « zone de transport », qui jaillit entre les rochers, formant des cuvettes et des petites chutes d'eau en « marches d'escalier ». Au niveau des piémonts se trouve la « zone de dépôt », avec la pente la plus faible mais la largeur la plus importante, permettant une sédimentation82.

Plus de la moitié de la population mondiale dépend de cette eau ; dans les zones arides et semi-arides, cette proportion grimpe aux alentours de 90 %80,81. Par exemple, les dix plus grands fleuves de l'aire Hindou KouchHimalaya alimentent à eux seuls les besoins en eau douce de 20 % de la population mondiale ; de même, le mont Kenya fournit de l'eau à sept millions d'habitants81.

Toutefois, le changement climatique perturbe le régime des précipitations, notamment leur répartition saisonnière, et les capacités de régulation des écosystèmes. Le recul des glaciers amoindrit les capacités de stockage en eau douce81. De plus, l'exploitation des régions montagneuses, notamment par déforestation, fragilise leur écosystème et favorise le ruissellement de surface entraînant des glissements de terrain et des inondations80. À l'inverse, l'irrigation et la rétention d'eau pour l'hydroélectricité en amont contribuent aux sécheresses en aval80,81.

Géologie

Orogenèse

Schéma montrant : rift continental, domaine océanique, arc insulaire volcanique, cordillère avec prisme d'accrétion, collision continentale.
 
Schéma modélisant un cycle orogénique.

Les processus de formation des ensembles montagneux mettent le plus souvent en jeu des mouvements tectoniques83. Plusieurs types d'orogenèse (littéralement « naissance de relief ») en découlent84. Les forces mises en jeu modifient l'équilibre gravitaire par déplacement des masses rocheuses et affectent le géoïde terrestre85.

Lorsque la lithosphère continentale se fragmente et que deux plaques se mettent à diverger, l'extension crustale entraîne l'apparition dans le socle de failles normales86. Au niveau de la croûte continentale, elles sont listriques et compartimentent le socle en blocs basculés86,87. L'arête la plus haute du bloc, à l'aplomb du bord de faille, constitue la crête de la formation montagneuse, avec en général un versant plus abrupt que l'autre du fait de l'angle d'inclinaison (pendage). Ce relief en hémigraben s'observe au niveau des rifts continentaux, par exemple le long de la vallée du Grand Rift, et sur les marges continentales passives86,87. Avec l'apparition de la lithosphère océanique, des roches magmatiques remontent en surface et forment une dorsale86,88.

Lorsque deux plaques convergent, la lithosphère océanique, plus dense, plonge selon un plan incliné sous la lithosphère continentale au niveau de la zone de subduction89. Les roches sédimentaires de la plaque océanique sont comprimées en bordure de la plaque chevauchante au niveau du prisme d'accrétion, tandis que la croûte continentale s'épaissit pour former une cordillère89 et que les roches de la lithosphère océanique, plongées en profondeur, se transforment en magma sous l'effet de la température et de la pression88 et remontent par infiltration à la surface pour donner naissance à un arc volcanique89, comme dans la cordillère des Andes. Dans le cas d'une convergence entre deux plaques océaniques, un arc insulaire se met en place le long de la fosse océanique, telles les îles Aléoutiennes89. Le volcanisme associé à une subduction est généralement explosif. Il se retrouve sur une grande partie de la ceinture de feu du Pacifique.

Si l'océan se referme entièrement, la convergence provoque une collision continentale qui se manifeste par la création d'une chaîne de montagnes par plissement et chevauchement d'une plaque par-dessus l'autre89. Le socle continental est parcouru de failles inverses89. Les roches au-dessus du socle sont détachées et charriées90. Les blocs basculés préalables sont surélevés89. Le raccourcissement horizontal de l'écorce terrestre provoque un épaississement crustal vertical, aussi bien vers le haut qu'au niveau de la racine85. La fusion partielle des roches en profondeur entraîne des intrusions de granite91. La ceinture alpine est essentiellement liée à ce processus de collision et plissement. Le long des marges de coulissage, les terrains de part et d'autre de la faille transformante sont juxtaposés, déformés et soulevés par frottement des deux plaques92,93.

Un panache est une remontée de roches très profondes issues du manteau terrestre. Il serait à l'origine du volcanisme de point chaud, généralement effusif94. Avec le déplacement des plaques tectoniques au-dessus du panache, qui lui reste fixe, les roches magmatiques forment des chaînes de montagnes88. La chaîne sous-marine Hawaï-Empereur en est un bon exemple. En milieu continental, ce volcanisme peut se traduire par des épanchements colossaux de lave appelés trapps, à l'instar de ceux du Deccan au moment du passage du sous-continent indien au-dessus du point chaud de La Réunion95.

Relief annulaire vu de dessus.
 
Représentation en 3D depuis le sud-est du massif de Konder, constitué par un dyke.

Lorsque du magma est piégé en profondeur, au cours de l'un de ces processus, il forme un pluton. Son intrusion dans la croûte terrestre peut notamment prendre la forme d'un batholite, d'une laccolite, d'un sill, d'un dyke ou d'un neck96,97. Il peut alors déformer les couches supérieures de la croûte continentale mais le relief est surtout révélé par l'érosion qui conduit au dégagement des terrains environnants ; sa roche étant plus résistante, elle peut alors apparaître comme une formation montagneuse. Parfois isolée, elle peut se présenter comme un inselberg97. Le massif du Brandberg, par exemple, présente plusieurs de ces caractéristiques.

Un autre phénomène de surrection est provoqué par l'isostasie98. Ce n'est pas à proprement parler un processus d'orogenèse ; il est qualifié d'épirogenèse (littéralement « naissance de terre ferme » ou « terre continentale »99). Il est provoqué par l'érosion, puissant agent de répartition des masses, ou par un rebond post-glaciaire85,98. Dans les deux cas, la croûte continentale est allégée et subit une compensation verticale vers le haut, dite antéclise, de la part de la lithosphère98. Si le rapport entre l'érosion des sommets et l'érosion des vallées est positif, les sommets gagnent en altitude100. Les Alpes scandinaves ont été considérablement rehaussées et rajeunies par ce processus.

Parmi les phénomènes plus marginaux, les moraines laissées par les glaciers, après leur retrait, peuvent donner naissance à des reliefs de collines101, comme la moraine d'Oak Ridges en Amérique du Nord ou les croupes lacustres de la Baltique en Europe. Il en est de même pour les cratères d'impact102, qui peuvent présenter un pic central et des rebords escarpés, comme dans le cas du cratère de Steinheim, associé à l'événement du Ries, et parfois des anneaux multiples comme le dôme de Vredefort, le plus grand cratère connu sur Terre.

Érosion et disparition

L'érosion est un facteur majeur de compensation de l'orogenèse. En réduisant la masse superficielle des montagnes, elle participe à la surrection des roches présentes en profondeur, causant à leur tour leur érosion38,103. Au niveau des jeunes chaînes montagneuses, elle est de l'ordre de 200 mètres par million d'années, alors qu'elle est quatre fois moindre en moyenne sur l'ensemble des continents. En l'absence de surrection, tous les reliefs de la Terre seraient arasés en quelques dizaines de millions d'années avec la seule érosion. La compensation isostatique est donc un mécanisme de retour à un état d'équilibre par suppression du relief et de la racine crustale85.

Schéma montrant : cirque, pic, arête, contrefort érodé, glacier et moraine.
 
Croquis simplifié d'un paysage glaciaire de montagne.

La météorisation des roches fait appel à plusieurs formes d'érosion. Parmi les formes mécaniques, la thermoclastie contribue à la fragmentation des roches par variations de températures, la cryoclastie faisant de surcroît intervenir les cycles de gel et de dégel104. L'hydroclastie implique une alternance de phases d'humectation et de dessiccation de certaines roches capables d'absorber l'eau qui mène à leur délitage104. L'érosion fluvioglaciaire, sous l'effet du propre poids du glacier qui glisse et abrase la roche, est responsable du creusement des cirques et des vallées glaciaires « en U », du surcreusement d'ombilics, qui sont remplis par des lacs glaciaires, et du façonnement de pics pyramidaux voire de nunataks105. Le ruissellement détache et entraîne les particules par le biais des torrents. La déflation est le phénomène d'érosion éolienne par mise à nu des sols et corrasion des roches106. Le produit de ces formes d'érosion mécanique est transporté par action gravitationnelle puis déposé par sédimentation, par exemple sous forme de moraines, de blocs erratiques, d'éboulis et de cônes de déjection38, puis de nouveau charrié jusqu'aux océans. Ainsi, l'Himalaya a perdu depuis sa formation plusieurs fois son volume actuel, transporté essentiellement sous formes de sables et de limons vers le golfe du Bengale qui les accumule jusqu'à 3 000 kilomètres au sud du delta du Gange sur une épaisseur atteignant plus de dix kilomètres107. La principale forme d'érosion physico-chimique, faisant partie des processus d'altération, est la dissolution par l'eau qui affecte essentiellement le calcaire et donne lieu à des paysages karstiques108.

Pourtant, les modèles d'érosion n'expliquent pas la rapidité de disparition des chaînes montagneuses malgré leur surrection, ni la quantité plus faible qu'attendue de sédiments accumulés dans les bassins109. Lorsque la convergence tectonique et la collision continentale ralentissent, un phénomène de relâchement se produit (la contrainte horizontale due aux forces de convergence devient inférieure à la contrainte verticale lithostatique), entraînant une extension et un amincissement crustaux110. En effet, avec son épaississement préalable, la croûte est rendue plus ductile par les modifications thermiques et physiques qu'elle a subies. L'affaissement des reliefs est d'autant plus prononcé que des failles normales parcourent déjà le centre des chaînes montagneuses109,111. Parmi les hypothèses expliquant ce phénomène d'extension, dit « syn-convergence » ou « post-orogénique », figurent le fluage avec épanchement latéral en profondeur, le retrait de panneau lithosphérique plongeant, le détachement par convection de racine lithosphérique et le détachement de panneau plongeant109. Cette extension s'observe aussi bien dans les Alpes109 et l'Himalaya112 que dans la province géologique de Basin and Range dans l'Ouest des États-Unis113,114.

Une ancienne classification, issue des travaux de William Morris Davis, départageait les chaînes de montagnes tectoniquement actives présentant généralement des pentes fortes et des formes acérées, « jeunes », et les chaînes de montagnes anciennes, « inactives », avec généralement des formes plus douces, érodées33.

En outre, certaines éruptions volcaniques sont responsables de la destruction de volcans, en particulier les éruptions pliniennes, phréatique et phréato-magmatique qui ont les plus forts indices d'explosivité volcanique. Les plus destructeurs sont appelés « supervolcans ». En cas de vidange de la chambre magmatique se forme une caldeira, vaste dépression d'ordre kilométrique à la place du sommet115.

Pétrologie

En raison de leur variété de formation, les chaînes de montagnes abritent une importante diversité de roches appartenant aux trois grandes familles : les roches magmatiques, sédimentaires et métamorphiques.

Versant montagneux avec trois zones identifiées : basalte en coussin, gabbro et péridotite.
 
Vue annotée d'une séquence de roches magmatiques d'origine océanique présente en ophiolite au-dessus de 2 500 mètres au mont Chenaillet.

Les roches volcaniques de type explosif, felsiques ou intermédiaires, se trouvent dans les cordillères et les arcs insulaires liés à des zones de subduction : rhyolite, dacite, trachyte, andésite et phonolite116. Les roches volcaniques de type effusif, mafiques, se trouvent au niveau des volcans de points chauds et des dorsales océaniques : il s'agit essentiellement de basalte116,117. Les roches plutoniques sont l'autre type de roche magmatique, de type intrusif. Lorsqu'elles ont une origine mantellique, équivalente au basalte, elles forment des gabbros et des péridotites présents au niveau des dorsales116 ; en cas d'obduction, gabbros et basaltes peuvent se retrouver dans des ophiolites dans les chaînes de collision118. Lorsqu'elles sont issues de l'anatexie crustale, les roches plutoniques constituent des granites, des granodiorites, des syénites et des diorites119 ; elles se retrouvent en plutons en fin de processus de subduction et dans les chaînes de collision, ou après érosion dans les bassins sédimentaires sous forme de dykes et de sills116.

Les roches sédimentaires sont comprimées dans les prismes d'accrétion sur le front des cordillères120, ainsi que dans les reliefs de plissement et les nappes de charriage des chaînes de collision119. Les plus fréquentes sont le calcaire, la dolomie, le grès, le shale, la marne, le flysch et la molasse121.

Les roches métamorphiques proviennent de roches sédimentaires ou magmatiques ayant subi un métamorphisme en raison des conditions de chaleur et de pression dans la croûte terrestre, ou au contact de magma122. Elles se trouvent essentiellement dans les chaînes de collision, au niveau des blocs basculés laissant apparaître le socle123. Il s'agit principalement de gneiss (orthogneiss issu de granite ou rhyolite et paragneiss issu de marne), d'amphibolite (issue de basalte), de serpentinite (issue de péridotite), de schiste (issu de shale), de marbre (issu de calcaire et de dolomie), de quartzite (issu d'un grès)123,124.

Climat

En raison du gradient thermique adiabatique, la température de l'air diminue de 0,5 °C à °C tous les 100 mètres avec l'altitude, sous une pression atmosphérique normale d'environ 1 000 hPa au niveau de la mer125. L'amplitude journalière est plus élevée, en revanche l'amplitude annuelle est plus faible qu'en plaine125. Parfois, essentiellement lors de la présence d'un anticyclone, une couche d'inversion peut se mettre en place, inversant le gradient de température et piégeant les masses d'air froid dans les vallées125. La différence d'ensoleillement entre l'adret (ou endroit, soulane) et l'ubac (ou paco, ombrée, envers) crée des contrastes thermiques importants125.

Schéma : de part et d'autre d'un relief, air ascendant refroidit jusqu'au point de condensation provoquant la pluie et air se réchauffant en redescendant avec diminution de l'humidité, créant une zone d'ombre pluviométrique.
 
Schéma de l'apparition d'une ombre pluviométrique.

Lorsque les masses d'air océaniques, chargées d'humidité, rencontrent un relief, elles sont forcées de s'élever au-dessus du versant au vent et, par détente, se refroidissent, se condensent sous forme d'épais nuages et déversent d'importantes précipitations, parfois sous forme de neige. Occasionnellement, une fois les lignes de crêtes franchies, les masses d'air redescendent le long du versant sous le vent et se compriment, créant un effet de foehn. Elles se réchauffent et s'assèchent. La différence de précipitations de part et d'autre est appelée ombre pluviométrique125.

Selon la classification de Köppen, le climat alpin, comme le climat polaire, correspond aux zones où aucun mois n'a une température moyenne supérieure à 10 °C126. Sa présence varie grandement en fonction de la latitude : dans le Nord de la Suède, par exemple, sur le 68e parallèle nord, il est présent dès 650 mètres d'altitude, alors qu'au Kilimandjaro, près de l'équateur, il se trouve au-dessus de 4 000 mètres environ127.

Écosystème

En raison de la diminution des températures en fonction de l'altitude, toutes les montagnes, hormis dans les régions polaires, présentent un étagement altitudinal qui leur permet d'abriter des écosystèmes spécifiques128,129. Il est inégal selon que le versant est à l'adret ou à l'ubac125 et selon qu'il est au vent ou sous le vent128. Il existe trois biomes en totalité ou principalement influencés par l'altitude et le relief128 : les prairies et terres arbustives de montagne et leurs 48 écorégions130, les forêts de conifères tempérées et leurs 52 écorégions131 et les forêts de conifères tropicales et subtropicales et leurs 15 écorégions132.

Chaque écorégion à caractère montagneux présente une forme d'insularisation écologique à grande échelle d'espèces adaptées aux conditions plus froides qu'en plaine et trouvant parfois un refuge sur les terrains plus escarpés préservés des activités humaines128. Nombre de ces espèces sont relictes : elles ont investi les montagnes des zones tempérées à la fin de la dernière période glaciaire, avec la réduction des biotopes froids. Dans les zones intertropicales, cette différenciation est plus ancienne128. L'isolement des espèces et leur évolution128 contribuent à ce que les montagnes abritent près de la moitié de la biodiversité mondiale133.

La qualité des sols est un facteur supplémentaire perturbant l'étagement altitudinal. Dans les parties les plus élevées des montagnes, ils sont généralement peu épais, en raison de l'érosion glaciaire et fluviatile (ruissellement), de la pente (glissements de terrain) et de la thermoclastie. Les plantes ne disposent alors pas de l'azote nécessaire à leur développement128. Dans les parties intermédiaires des montagnes, où la décomposition et la météorisation sont plus actives, et les parties inférieures, où les produits de l'érosion et les nutriments s'accumulent, leur croissance est au contraire favorisée. Localement, en raison du froid et de l'humidité des sols, des tourbières peuvent se mettre en place et, par l'acidité du milieu, participer à la biodiversité128. Les dépôts d'éjectas participent à épaissir et fertiliser les sols dans les régions volcaniques128.

Montagne présentant un étage de forêt de conifères, au-dessus des pelouses alpines et au sommet des rochers et névés.
 
Vue de l'étagement altitudinal sur le versant septentrional des Alpes lépontines au-dessus d'Obergesteln : étage subalpin (forêt de conifères), étage alpin (pelouse alpine) et étage nival (rochers et névés).

Un des marqueurs de l'étagement altitudinal est la limite des arbres, à l'exception des déserts chauds et froids où ils sont absents. Au-delà de cette limite, à l'étage alpin, les conditions climatiques sont trop rigoureuses et la période de végétation trop courte, de même que l'insolation est trop intense, pour permettre leur développement ; ils sont remplacés par des arbrisseaux à croissance lente et des plantes herbacées128. Celles-ci ont une période de croissance et de floraison parfois limitée à trois mois après l'hiver en région tempérée, alors qu'en zone intertropicale la croissance est seulement ralentie par la saison sèche128. Le port en coussin et la présence d'un duvet sur les feuilles sont des formes adaptées contre le froid129. La limite des arbres se situe à une altitude approximative où la température moyenne du mois le plus chaud est de 10 °C, presque indépendamment de la latitude128. À l'étage nival, seuls quelques mousses et lichens survivent129. Malgré l'insularisation écologique, on retrouve une diversité d'espèces botaniques dans les étages alpins comparable partout dans le monde et des genres similaires à latitude équivalente128. Même lorsque les genres rencontrés sont différents, notamment dans la zone intertropicale, ils présentent une stratégie évolutive convergente, à l'instar d'Espeletia et Puya sp. dans les Andes septentrionales et de Dendrosenecio et Lobelia sp. en Afrique de l'Est, ou d'autres encore à Hawaï et Java, qui gardent leurs feuilles mortes, leur permettant ainsi de lutter contre le froid128.

Dans les forêts tempérées de l'hémisphère nord, les conifères dominent l'étage subalpin avec les pins, les sapins, les épicéas, les mélèzes et les genévriers. Certaines forêts sont mixtes et présentent une partie de feuillus (bouleaux, aulnes, saules, hêtresetc.)128,129 Les éricacées sont caractéristiques des sous-bois, généralement humides et présentant une stratification verticale, ainsi que des landes128. Les forêts tempérées de l'hémisphère sud sont dominées en montagne par des feuillus, à l'instar des eucalyptus et des espèces de Nothofagus128. Dans les zones intertropicales, les montagnes sont caractérisées par une forêt de nuage d'espèces sempervirentes. Le genre Polylepis se trouve essentiellement dans la cordillère des Andes, au niveau de la limite des arbres et au-dessus128.

Bouquetin de profil sur une pente rocheuses.
 

Les espèces animales sont moins contraintes par l'altitude et les conditions climatiques. Leur présence en montagne reflète davantage que la flore leur répartition régionale128. Si certains grands mammifères (caprins, cerfs, lamas, loups, ours, panthère des neiges, puma, vigognes, yacks), et autres marmottes ou pikas, sont devenus emblématiques de la montagne, c'est surtout en raison de la pression écologique exercée par les activités humaines128,129. De nombreux oiseaux ont un comportement adapté aux prairies ouvertes et aux parois rocheuses du milieu montagnard : condors128,129, aigles, faucons, vautours129. La migration et l'hibernation sont des stratégies d'adaptation128,129.

Population

Portrait de femmes et enfants en habits à dominante rouge en train de tisser et filer sur un fond montagneux sans arbres.
 
Peinture intitulée Les Tisserandes (2012) montrant une scène de vie des Quechuas dans les montagnes andines.

Sous les zones tempérées, les montagnes sont généralement considérées comme un milieu rude voire hostile, de fait moins peuplé que les plaines au climat plus propice125,134. La pression plus faible de l'air, le climat plus rude, l'hydrologie plus irrégulière obligent tous les organismes à s'adapter. De plus, les versants mal exposés au soleil et l'importance des pentes rendent difficile une exploitation agricole135. Toutefois, dans la zone intertropicale, les montagnes offrent des conditions climatiques plus favorables que les régions arides qui les entourent généralement : dans la cordillère des Andes, en Afrique ou sur le plateau tibétain, les populations ont adapté leur mode de vie et su tirer profit du milieu montagnard, au point parfois de voir fleurir des civilisations développées125.

Garçon, jeune femme, fillette et femme d'âge mûr vêtus d'habits usés, dans un intérieur sommaire.
 
Vue d'une famille sherpa en habits traditionnels.

Ainsi, en 2000, la population vivant au-dessus d'une altitude de 1 220 mètres (4 000 pieds) est estimée à 10,2 % de la population mondiale136, soit une densité moyenne de 20,7 habitants/km2 (incluant les régions polaires)29,136, avec trois zones principales, dans la vallée du Grand Rift, au Yunnan et dans l'agglomération de Mexico136. Au-dessus de 2 130 mètres (7 000 pieds), elle avoisine 3 %, soit une densité de 12,8 habitants/km2136. En retenant un critère d'altitude de 1 000 mètres, relativement proche du premier, et en y ajoutant un critère de pente pour les terrains situés entre cette altitude et 300 mètres, tel que défini par le Centre de surveillance de la conservation de la nature (UNEP-WCMC), la population de montagne est estimée à 15 % dans le monde, dont la moitié en Asie et un quart en Afrique29. Au milieu du XXe siècle, elle était de 8 %29. C'est en Europe que le taux de croissance est le plus rapide durant ces cinquante années, alors qu'il est le plus lent en Amérique latine29. Sur l'ensemble du continent américain, cette population montagnarde a pour caractéristique de se rassembler à plus de 40 % dans des métropoles de plus de 100 000 habitants29.

Les inégalités sont plus prononcées en montagne et les catastrophes naturelles y sont plus fréquentes30. Les principales lignes de crêtes départageant les grands bassins versants servent souvent de frontières naturelles et politiques entre les populations, en particulier dans les pays développés, entraînant leur isolement et le développement de contrastes125. Les développements idéologiques et technologiques sont souvent plus tardifs en montagne, tandis que les pratiques religieuses et l'entraide y sont plus ancrées135.

Histoire : découverte, étude et conquête

Carte naïve du bassin méditerranéen avec massifs montagneux, rivières, mers et océans.
 
Carte de reconstitution du monde avec ses massifs montagneux selon la description d'Hérodote dans son Enquête (Ve siècle av. J.-C.).

La construction des territoires montagnards commence à la Préhistoire ancienne avec l’exploration de territoires de chasse et de cueillette. Ils se transforment au Néolithique avec l’exploitation plus grande et plus diversifiée des ressources et la mobilité des pratiques137.

Les premières explorations recensées de montagnes, des Grecs Hérodote et Anaximandre ou de l'Italien Pétrarque, sont le fait d'érudits motivés par le souci de connaissance de soi-même138. Les premiers Européens à s'aventurer jusqu'aux contreforts occidentaux de l'Himalaya sont des soldats d'Alexandre le Grand, même si celui-ci n'a probablement jamais dépassé la citadelle d'Aornos139. Les Grecs, parmi eux Ératosthène, Strabon, Pline l'Ancien et Ammien Marcellin, nomment la chaîne Hemodi (ou Hemodos, Emodos, Imaos)140, signifiant « enneigé »141 ; Diodore de Sicile l'identifie à la source du Gange142. En 663, le moine bouddhiste En no Gyōja gravit le mont Fuji38.

À l'époque médiévale, la montagne est lointaine, connue à travers les textes de l'Antiquité ou par ouï-dire. Elle n'est pas fréquentée ou « rendue distante par la sacralité »143. Le mont Sinaï est bien connu de la chrétienté à travers sa description, dès le IVe siècle, par la moniale et pèlerine Égérie dans son Journal de voyage (chapitre 3)144. Guillaume de Boldensele fait l’ascension de ce mont en 1336 et à sa suite de nombreux pèlerins le gravissent et le décrivent. Le mont Ararat est tout autant notoire : selon Isidore de Séville, il s'y trouve encore des vestiges de l'arche de Noé, tradition du VIIe siècle qui est reprise par Marco Polo. Jean de Mandeville est le premier à en évaluer l'altitude au XIVe siècle. Le Caucase est connu à travers les Météorologiques d'Aristote et Brunetto Latini indique que cette montagne est si haute que l'on peut y voir le soleil jusque dans le dernier quart de la nuit143. Au IXe siècle, le moine et géographie irlandais Dicuil, établit dans le traité De mensura Orbis terrae la liste des six plus hautes montagnes connues à l'époque : l'Olympe, l'Athos, l'Atlas, le Pélion, les Alpes et le Solurius, point culminant supposé de la péninsule Ibérique145. Le mont Athos est réputé dépasser les nuages et le mont Olympe est abondamment cité comme un sommet se situant « au-dessus des tempêtes ». Les Alpes et les Pyrénées sont mentionnées de façon générale mais leurs sommets rarement cités, mis à part le mont Aiguille, Rochemelon, le mont Viso et le pic du Canigou. L'Etna occupe une place singulière : il est connu jusqu'en Chine et associé à l'enfer à partir du XIIe siècle par les Sermons de Julien de Vézelay. Il est gravi néanmoins par Pietro Bembo et Angelo Chabriele en 1494. Quelques montagnes plus septentrionales sont aussi connues comme le mont Snowdon décrit par Giraud de Cambrie au XIIe siècle. Enfin, la plus lointaine des montagnes mentionnées au Moyen Âge est le pic d'Adam (Sri Lanka). Il est décrit au IXe siècle dans le Voyage du marchand Soleïman. Selon une tradition arabe, c'est sur ce pic et l'île de Ceylan que serait tombé Adam lorsqu'il fut chassé du Paradis. Ce mythe est connu des voyageurs européens et notamment de Jean de Marignol qui cite le pic d'Adam comme la plus haute montagne de la Terre et si proche du Paradis que l'on en sent l'odeur143.

La géographie médiévale, avec des auteurs chrétiens et arabes comme le géographe Ibn Hawqal, conçoit les montagnes comme l'œuvre de Dieu qui a souhaité procurer à la Terre une « charpente »146. Avicenne, au XIe siècle, donne deux causes géologiques aux montagnes : les tremblements de terre qui soulèvent le sol et dans une moindre mesure l'érosion qui laisse les reliefs les plus durs intacts147. Ses travaux sont amendés au XIIIe siècle par Albert le Grand148. Restoro d'Arezzo émet lui aussi une théorie sur l'origine des montagnes : elles auraient pour cause une forme d'attraction de la part des étoiles149. Jean Buridan, au XIVe siècle, est un des premiers à s'intéresser à l'altitude des montagnes150. L'histoire de la conquête de la montagne en Occident retient le récit du poète humaniste italien Pétrarque, qui décrit le panorama extraordinaire offert depuis le sommet du mont Ventoux qu'il aurait gravi le , puis l'ascension effectuée le par Antoine de Ville et ses compagnons jusqu'au sommet du mont Aiguille151.

À cette époque, la montagne se définit par son relief et non par son altitude : « montaigne est une enfleure de terre »152. Ainsi, est qualifié de « montagne » tout relief dans le paysage, quelle que soit sa hauteur. Même si elle n'est pas étrangère au Moyen Âge, la notion d'altitude n'est pas en effet suffisamment précise pour que le terme prenne encore son sens actuel143.

Tableau montrant deux Occidentaux interagissant avec un indigène et, en arrière sa tribu, avec en fond une grand montagne blanche arrondie.
 

Pour les auteurs de la Renaissance, les montagnes sont soit le résultat de l'érosion (Léonard de Vinci, Agricola, Palissy) soit des reliefs dont l'existence remonte à la création de la Terre153. Des philosophes naturalistes les assimilent au squelette de la Terre et perçoivent leur fonction comme celle d'une charpente du globe dans laquelle on pense trouver les témoignages les plus anciens de l'histoire de la Terre154. Dès 1524, le Suisse Aegidius Tschudi franchit les cols des Alpes centralesSeptimer, Saint-Gothard, Furka, Grimsel et Grand-Saint-Bernard — et en fait un récit qui dépasse les frontières134. Trois décennies plus tard, son compatriote Josias Simmler révèle au public l'existence des glaciers au travers du premier ouvrage entièrement consacré aux Alpes134. C'est à partir de la Renaissance et notamment de la Réforme, que la montagne commence à « se laïciser ». La croyance médiévale selon laquelle le Paradis se trouvait sur terre disparaît avec les Grandes découvertes qui rendent obsolètes toutes les hypothèses d'une localisation à l'extrémité de l'Orient. Luther en conclut que le Paradis a disparu au moment du Déluge. Dès lors, plus aucun lieu sur terre n'est sacralisé donc inaccessible : la montagne peut être fréquentée, découverte et mesurée143.

L'histoire naturelle des XVIIe et XVIIIe siècles inaugure l'approche scientifique avec les « théories de la Terre »146. Jean-Jacques Rousseau fait découvrir la chaîne alpine par le biais de sa botanique, précédé dans sa démarche par Joseph Pitton de Tournefort au mont Ararat, Pierre Bouguer et Charles Marie de La Condamine dans les Andes équatoriennes ; Marc Antoine Louis Claret de La Tourrette, qui entretient une correspondance avec Rousseau, prolonge ce travail au Pilat, Dominique Villars dans le Dauphiné et Louis Ramond de Carbonnières dans les Pyrénées134. Le naturaliste Jean-Louis Giraud-Soulavie décrit en 1780 le climat montagnard dans Histoire naturelle de la France méridionale146 et l'étagement de la végétation dans la partie méridionale du Massif central134 ; Philippe Buache cartographie les montagnes du monde entier dans Essai de géographie physique en 1752146. Alexander von Humboldt apporte une contribution majeure : voyageur amoureux des montagnes, il gravit plusieurs sommets remarquables, notamment le Chimborazo. Il détermine notamment des « tables des hauteurs » pour les associations végétales et dépasse les causalités linéaires des naturalistes précédents pour faire de la montagne un milieu que l'on ne cherche pas à étudier dans sa particularité régionale mais selon les principes de géographie générale134,155. Comme Rousseau et Carl Ritter, Humboldt s'intéresse aussi à l'organisation sociale des populations montagnardes ; ce dernier écrit : « La configuration du sol dans le sens de la hauteur [...] peut jouer un rôle important dans le domaine de l'homme. Tout ce qui fait naître une variété quelconque de formes en un point de la surface terrestre (chaîne de montagne, plateau...), tout accident du sol imprime un cachet particulier à l'état social du peuple qui l'habite »134. Gottlieb Sigmund Gruner, Marc-Théodore Bourrit, Jean André Deluc et son frère Guillaume-Antoine, Pierre Bernard Palassou et Louis Ramond de Carbonnières abordent la haute montagne sous l'angle de sa géologie134.

Sommet pyramidal glacé sur fond de ciel bleu foncé.
 
Vue des faces est (à gauche) et nord (à droite) du Cervin séparées par l'arête du Hörnli empruntée le par Edward Whymper, Charles Hudson, Francis Douglas et Douglas Hadow, avec Peter Taugwalder père et fils et Michel Croz.

C'est avec la même optique que le Genevois Horace-Bénédict de Saussure134, en 1786, offre une prime au premier qui gravirait le mont Blanc ; le guide Jacques Balmat et le docteur chamoniard Michel Paccard parviennent pour la première fois au sommet le . Saussure y parvient lui-même l'année suivante et, par son récit, popularise l'alpinisme en Europe156. L'âge d'or de la conquête des Alpes a lieu de 1854 à 1865, sous l'impulsion de Britanniques. Durant cette décennie, un grand nombre de premières de sommets importants sont réalisées, jusqu'à celle du Cervin38, dernier « géant » alpin invaincu, avec la Meije qui l'est finalement en 1877157,158.

Les montagnes enneigées d'Afrique de l'Est suscitent l'incrédulité de la communauté scientifique qui ne s'attend pas à trouver des neiges éternelles à ces latitudes. Le Kilimandjaro est découvert en 1848 par Johannes Rebmann, le mont Kenya en 1849 par Johann Ludwig Krapf et le Ras Dashan en 1841 par Antoine d'Abbadie d'Arrast, mais il ne révèle son existence qu'après 1849134. L'exploration géographique et le relevé cartographique de l'Himalaya commencent véritablement au XIXe siècle avec notamment les travaux de la Great Trigonometrical Survey menée par George Everest de 1830 à 1843139. Les tentatives de conquête des hauts sommets se développent après la Première Guerre mondiale mais, si plusieurs « 7 000 » sont conquis et la barre des 8 000 mètres dépassée sur l'Everest lors de l'expédition de 1922, la cime d'aucun sommet excédant cette altitude n'est atteinte. Après la Seconde Guerre mondiale, de 1950 à 1960, grâce à l'ouverture politique et l'aide des peuples sherpas et hunzas, treize des quatorze sommets de plus de 8 000 mètres sont gravis, la Chine se réservant le Shishapangma, intégralement sur son territoire, jusqu'en 1964157.

La géographie vidalienne du XIXe siècle concentre les études sur les interactions entre les hommes et les milieux naturels146. Les géographes du XXe siècle de l'École française que ce soit à l'occasion de traités ou de manuels de géographie physique générale ou d'articles (de De Martonne, en 1909, à Pierre Pech et Hervé Regnauld, en 1994, en passant par Jules Blache, en 1933, et Pierre Deffontaines, en 1947) considèrent désormais la montagne comme un agencement de processus et de facteurs qui deviennent les objets même de la recherche scientifique146.

La connaissance de la montagne a été longtemps marquée par le recours à des stéréotypes : les Alpes en particulier comme stéréotype de chaîne ou de région de montagne ; par exemple l'étage alpin comme prototype d'étage écologique, la transhumance comme type de mode de vie montagnard. Puis les recherches comparatives dépassent les monographies et les ouvrages généraux sont plus rares. Par ailleurs, quelques scientifiques ont appelé à fonder une « montologie » et à développer une réflexion sur les paradigmes de la montagne159,160, notamment en termes de services écosystémiques161.

Alexander von Humboldt, en ayant exploré la cordillère des Andes à la même époque que Thaddäus Haenke (en), est parfois considéré comme le précurseur de la recherche comparative sur la montagne30. Celle-ci, avec Carl Troll qui en définit les règles30, devient un objet de recherche qui mobilise progressivement la communauté scientifique internationale. Le programme international biologique (en) des années 1970, portant sur la modélisation des processus naturels, et le programme sur l'homme et la biosphère intitulé « Study of the impact of human activities on mountain »162 mobilisent des spécialistes d'aires géographiques très différentes pour tenter une analyse comparative des systèmes montagnards. Dans les années 1990, à la faveur de la conférence de Rio et de l'agenda 21, la montagne, identifiée comme un écosystème fragile, devient l'objet d'une attention internationale de la communauté scientifique, des organisations non-gouvernementales et des institutions146. Désormais, la recherche mondiale sur les montagnes est conditionnée par l'analyse des problèmes rencontrés et la mise en œuvre de solutions concrètes en matière de protection de l'environnement et de conservation des cultures locales, c’est-à-dire de développement durable (cf. les enjeux pour les sociétés et les économies en aval : gestion des ressources en eau, limitation des risques environnementaux), etc.

Activités

Agriculture

Les pratiques traditionnelles de culture et d’élevage, comme l'abandon des espaces montagnards, ont façonné les paysages de montagne de la zone tempérée à la zone intertropicale163. La montagne est le lieu de nombreuses activités économiques du secteur primaire et de subsistance, tel le pastoralisme transhumant, qui consiste à amener ovins, bovins, caprins, lamas, alpagas, vigognes ou yacks vers les alpages durant l'estive, pour la production de fromage, de lait, de viande et de laine (comme le cachemire). Le pastoralisme est établi généralement dans l'étage alpin, où se trouvent des biotopes de pelouses alpines, la puna, le paramoetc. L'élevage saisonnier s'est établi à cet étage ou sur certains versants en raison d'un environnement trop aride, trop froid, trop peu ensoleillé ou trop pentu pour une agriculture productive4,164.

Rizières en terrasses avec quelques maisons et huttes en arrière-plan et des versants montagneux couverts de végétation.
 

Les cultures montagnardes ont aussi une importante agriculture traditionnelle, centrée sur la pomme de terre, l'orge et le sarrasin qui peuvent être cultivés jusqu'à des altitudes de 4 000 à 4 500 mètres165 dans les Andes et l'Himalaya. L'orge est la culture la plus courante à ces altitudes dans l'Himalaya avant l'introduction de la pomme de terre, alors que cette dernière l'est antérieurement dans les Andes, avec notamment la culture de la coca. D'autres plantes ont des capacités d'adaptation altitudinales moindres comme le maïs, le blé, la luzerne qui peuvent tout de même être cultivés dans les meilleurs secteurs andins et himalayens à des altitudes supérieures à 3 000 mètres166. Des espèces et variétés originellement de climats tropicaux de basse et moyenne altitudes comme le riz, le café et le thé présentent des aires de cultures à moyenne altitude, jusqu'à 2 000 mètres environ. La culture en terrasses permet d'irriguer les sols en pente en évitant le ruissellement et de lutter contre leur érosion38. Elle est répandue dans de vastes régions montagneuses du monde : Asie, particulièrement du Sud-Est, cordillère des Andes, Afrique et bassin méditerranéen (restanque en Provence)167.

Chalets éparpillés sur des prairies alpines et une montagne enneigée en arrière-plan.
 
Vue d'un paysage de moyenne montagne dans les Alpes suisses avec l'Augstmatthorn (2 137 m) en arrière-plan. Le défrichement participe à l'ouverture de prairies alpines.

Comme l'agriculture, la sylviculture façonne les paysages de montagne et assure de surcroît l'accès et l'entretien des zones récréatives. Elle assure également la préservation d'essences locales168. Le défrichement, contrairement à la sylviculture, n'a pas pour but une exploitation durable de la forêt, mais a pour vocation d'ouvrir des parcelles cultivables et des pâturages pour les troupeaux169.

Hydroélectricité

Eaux bleu horizon retenus par un imposant barrage en béton dans un cadre montagneux.
 
Vue du barrage de la Grande-Dixence, plus haut barrage poids du monde, dans les Alpes valaisannes, en Suisse.

Les chutes d'eau permettent, grâce à l'énergie mécanique, de faire tourner des turbines hydrauliques. Elles sont utilisées dès les années 1830 pour les besoins de l'industrie papetière, notamment dans les Alpes où sont disponibles les matières premières : l'eau et le bois. En 1882, Aristide Bergès, qui a inventé la formule de houille blanche, construit une retenue sur le lac du Crozet dans la chaîne de Belledonne, met en place une conduite forcée de 500 mètres de dénivelé pour la relier à ses usines de Lacey et couple à sa turbine une dynamo Gramme170,171. Ainsi, en couplant un générateur électrique à une turbine, il est possible de produire de l'énergie hydroélectrique. Les barrages permettent de stocker une énergie potentielle. La topographie des montagnes et la hauteur de chute les rendent propices à la construction de barrages hydroélectriques et à la formation de lacs artificiels.

Tourisme et loisirs

La combinaison de branches économiques ne s'accordant pas forcément, comme le tourisme et l'agriculture ou la sylviculture, engendrent à partir des spécificités du territoire montagnard de nouveaux potentiels. Ils offrent un environnement favorable aux sports, aux loisirs et à la détente. Ils requièrent toutefois des infrastructures de transport et parfois de logement, ainsi que des services168.

Jadis domaine des pionniers de l'alpinisme, la haute montagne s'est démocratisée, sous la forme des stations de ski et d'« espaces » reliant plusieurs domaines172. Elle n'est pas pour autant devenue un espace de loisirs totalement aseptisé et sécurisé, les risques sont inhérents aux fortes pentes et aux terrains instables susceptibles d'évoluer, selon la saison, en avalanches, éboulements, chutes de pierres, coulées de boue, gouffresetc. S'y ajoutent les dangers que représentent les glaciers, séracs et crevasses ; les phénomènes météorologiques y évoluent très vite et souvent avec intensité173. Les secours en montagne sont mis en œuvre pour porter secours aux malades et victimes d'accidents ou de malaises, dans la majorité des cas à l'aide de l'hélicoptère.

Sommet d'une piste de ski, avec une remontée mécanique et de nombreux skieurs éparpillés.
 
Vue d'une piste de ski alpin très fréquentée sur le Rastkogel en Autriche.

En 2016, les stations de sports d'hiver disposant d'au moins une remontée mécanique se répartissent dans 66 pays, très majoritairement dans l'hémisphère nord. Seuls le Chili, l'Argentine, l'Afrique du Sud, le Lesotho, l'Australie et la Nouvelle-Zélande possèdent des stations dans l'hémisphère sud. Elles se trouvent à 47 % en Europe de l'Ouest, dont 35 % dans les seules Alpes, à 21 % en Amérique, à 19 % en Asie-Pacifique et à 13 % en Europe de l'Est et en Asie centrale174. Hormis les Alpes, les chaînes montagneuses abritant le plus de stations sont successivement les Carpates, les massifs d'Allemagne centrale, les Sudètes, les Appalaches, les Alpes scandinaves, les montagnes japonaises, les chaînes côtières du Pacifique et les montagnes Rocheuses175. Les pays offrant le plus grand nombre de stations de plus de cinq remontées mécaniques se trouvent aux États-Unis, au Japon, en France, en Italie et en Autriche, loin devant les autres pays174. Leurs domaines skiables permettent la pratique notamment du ski alpin176, du snowboard177 et d'autres formes de ski acrobatique sur des sites aménagés, ainsi que de ski nordique sur des terrains plus vallonnés178.

Skieurs de randonnée ayant fait une trace en Z dans de la poudreuse, sous un soleil éblouissant.
 

La raquette à neige permet d'évoluer sur des terrains enneigés hors piste en pleine nature ou sur des itinéraires balisés179. Le ski de randonnée180, ou dans sa version compétition, le ski-alpinisme181, se pratique sur des pentes modérées à fortes en dehors des stations, à l'aide de peaux de phoque collées à la montée sous les skis de randonnée pour éviter tout mouvement de recul.

Deux alpinistes encordées terminant l'ascension d'une arête neigeuse et la vallée en contrebas, en arrière-plan.
 
Vue d'alpinistes terminant l'ascension de l'Imja Tse au Népal.

L'alpinisme est une discipline qui consiste à évoluer en haute montagne, à l'aide de cordes et baudrier, auxquels il faut parfois ajouter crampons et piolets182. Il s'est développé à partir du milieu du XIXe siècle38. Le guide de montagne est un professionnel chargé de former et encadrer les alpinistes amateurs, particulièrement en haute montagne. Quelques décennies plus tard, l'alpinisme donne naissance à l'escalade, avec pour finalité non plus d'atteindre des sommets mais de rechercher la difficulté en grimpant des voies classées par difficultés dans des parois verticales ou sur des rochers (blocs). En milieu naturel, elle se pratique toute l'année183.

Discipline ne nécessitant pas un entraînement régulier, la via ferrata se distingue aussi de l'escalade par l'équipement fixé à demeure dans la paroi et constitué d'agrès comme les  barreaux, échelles, ponts de singe ou passerelles qui facilitent la progression sécurisée par un câble permettant l'assurage184. L'escalade glaciaire, qui consiste à évoluer sur des pentes en glace ou neige dure ou en terrain mixte, et la cascade de glace, variante apparue dans les années 1970, ainsi que le dry-tooling, né à la fin des années 1990 185, ont recours aux techniques de l'alpinisme.

Sept randonneurs portant des sacs à dos sur un sentier à travers une végétation basse dominée par des montagneuses rocheuses.
 

En basse et moyenne montagne, il est possible de pratiquer la randonnée pédestre sur des sentiers186. Lorsqu'elle est effectuée sur plusieurs jours et dans des régions particulièrement sauvages, on parle de trekking187. Les nuits ponctuant les randonnées sur plusieurs jours peuvent être passées en refuge de montagne ou sur le terrain en bivouac, comme en alpinisme qui, selon la difficulté et la longueur de l'ascension, peut comprendre un bivouac en paroi. Le trail est une forme de course à pied de longue distance sur des terrains d'altitude, alors que la course en montagne se pratique sur des sentiers stabilisés. Le vélo tout terrain (VTT) est adapté à la pratique du cyclisme en moyenne montagne188.

Parapente rouge survolant une montagne avec un épais manteau neigeux au-dessus d'une mer de nuages avec quelques autres sommets dépassant à l'horizon.
 
Vue d'un parapentiste au-dessus d'une mer de nuages après son décollage du Brévent à Chamonix-Mont-Blanc.

Le décollage en deltaplane, aile triangulaire sous laquelle le pilote est allongé sur le ventre, comme celui en parapente, voile sous laquelle il s'assoit189, nécessitent de s'élancer depuis un relief après avoir pris un peu de vitesse et permettent de profiter de l'aérologie propre aux montagnes. Le speed riding est un dérivé de voile de parapente conjugué à une paire de skis permettant au pratiquant de descendre une montagne le plus rapidement possible en frôlant ses pentes, en alternant le vol et la glisse. Le paralpinisme est une discipline de BASE jump consistant à sauter depuis le haut d'une falaise puis à ouvrir le parachute190.

Les torrents permettent de pratiquer le canyonisme en progressant dans des gorges et des cascades, alternant des glissades, des sauts dans des vasques naturelles et des descentes en rappel191. Les sports d'eau vive comme le canoë-kayak ou le rafting consistent à descendre les torrents à bord d'embarcations propulsées à l'aide d'une pagaie. La spéléologie permet d'explorer les réseaux souterrains, notamment dans les massifs karstiques192.

Protection environnementale

Les zones montagneuses abritent une importante biodiversité à l'équilibre écologique fragile168. Elles représentent environ 30 % des zones terrestres protégées133,193. En dehors de l'Antarctique, 17193 à 18 %194 des zones montagneuses sont protégées, soit un peu plus que la moyenne de 12194 à 15 %195 de l'ensemble des zones terrestres, mais en Eurasie et en Afrique elles ne représentent que 10 à 15 % de la superficie montagneuse contre 23 à 32 % sur les autres continents194. Sur les 4 000 zones clés de biodiversité recensées en montagne dans le monde, seuls 20 % sont entièrement ou partiellement protégés193. La protection des montagnes a été reconnue comme un objectif majeur pour le développement durable au sommet de Rio en 1992196.

Panorama d'un glacier avec des moraines médianes serpentant dans une vallée entourée de montagnes.
 

Dans la culture

Dans les arts

Enluminure racontant des scènes de chevalerie dans un paysage valloné.
 
Huit moments de la Chanson de Roland (enluminure).

Dans la mythologie celtique irlandaise, la montagne est un lieu merveilleux associé au sidh, l'Autre Monde, où séjournent les Tuatha Dé Danann, habitants mythiques de l'île197 ; c'est aussi un lieu de sépulture198. Dès l'Antiquité, la poésie didactique, par exemple sous la plume du géographe et poète Avienus, dans Description de la terre, évoque des paysages montagneux mystérieux, mais dans un style très normé199. La montagne a une image colossale, aussi bien dans la mythologie grecque, avec Atlas, que dans le roman de chevalerie de Chrétien de Troyes, Yvain ou le Chevalier au lion, au XIIe siècle. Dans la chanson de geste apparaît le mythe de la montagne creuse, comme l'Etna où séjournerait le roi Arthur et sa cour, ou l'Untersberg où, selon les versions, Charlemagne ou Barberousse attendraient tous les cent ans leur résurrection200. Il est fait mention de la montagne également dans la Chanson de Roland, dans le cadre des Pyrénées, dans l'Aspremont, la montagne éponyme étant située à l'extrémité méridionale des Apennins en Calabre, ou encore dans le Moniage Guillaume, qui se déroule sur les contreforts méridionaux du Massif central : elle est tour à tour épique, épouvantable, terrifiante, sauvage, désolée, idyllique200. La montagne, ses grottes, ses cavernes et ses gouffres, conservent généralement jusqu'au XVIe siècle une image maudite, ils « avalent » les hommes qui s'y aventurent ; les volcans en particulier sont vus comme la bouche de l'Enfer dans la tradition judéo-chrétienne201.

L'évocation artistique de la montagne émerge surtout en Chine où, associée à l'eau, elle symbolise le paysage202, puis au Japon203 au VIIIe siècle204, notamment dans la poésie avec le Man'yōshū205. C'est un lieu familier, de retraite spirituelle, où l'on rencontre des esprits, voire de fin de vie ; on retrouve cette vision dans la littérature japonaise d'Izumi Shikibu au Xe siècle jusqu'à nos jours chez Yasushi Inoue, Haruo Umezaki, Jirō Nitta et Kenji Nakagami206. Le mont Fuji est un symbole de la peinture, notamment pour Hokusai et ses Trente-six puis Cent vues du mont Fuji, tout comme de la littérature, par exemple pour Kanoko Okamoto207, à la fois montagne sacrée et destination touristique208.

 
La Vierge aux rochers par Léonard de Vinci, 1483-1486 : paysage de montagne typique introduit par les peintres de la Renaissance en arrière-plan.
 
Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard par David, 1801 : la montagne apparaît comme décor selon la tradition classique209.

Puis, à partir de la fin du XIIe siècle, l'image de la montagne commence à évoluer dans la littérature occidentale, où elle devient le théâtre d'exploits, de découvertes, d'héroïsme210. Ainsi, pour Gervais de Tilbury, dans son Livre des merveilles au XIIIe siècle, elle revêt un caractère magique, rejoignant en cela la vision celte197. Elle apparaît en toile de fond des peintures au XVe siècle en Europe209, éventuellement transmise le long de la route de la soie sous l'influence de la dynastie Song211. Vers 1470, des dessins à caractère scientifique sont réalisés depuis le sommet de montagnes par Antonio Pollaiuolo, Andrea Mantegna, Léonard de Vinci ou encore Albrecht Altdorfer, alors que sont organisées les premières réelles ascensions209. La représentation cartographique des chaînes de montagnes demeure néanmoins longtemps une répétition de « boursouflures » sans tenir compte de l'importance ni de la distance entre les reliefs211. Puis la montagne s'impose plus largement dans l'art occidental au XVIIIe siècle199,203,209. Journal de voyage en Italie, rédigé en 1580-1581 par Montaigne, n'est publié qu'en 1774212. Les Alpes sont surtout évoquées par la littérature classique au travers des témoignages de Tite-Live et Lucain relayant leur traversée par Hannibal. Le mythe est modernisé par le franchissement du col du Grand-Saint-Bernard par Bonaparte212. De fait, jusqu'au début du XIXe siècle, la peinture de montagnes, et de paysages en général, reste reléguée derrière la peinture d'histoire, du fait de la hiérarchie académique et d'une création prédominante en atelier, en particulier en France où elle résiste même au romantisme voire au réalisme209. Elle se popularise toutefois auprès du public209.

Tableau d'un paysage glaciaire inhospitalier en montagne contemplé par deux minuscules personnages dans le coin inférieur droit, au bord d'un torrent.
 
Le glacier inférieur de Grindelwald avec la Lütschine et le Mettenberg par Caspar Wolf, 1774-1777 : représentation réaliste de la montagne.

Si les montagnes ont longtemps conservé un caractère sacré213, comme le mont Sinaï et le mont Ararat214 ou dans la tradition bouddhiste205, métaphysique et onirique209 ou machiavélique199, l'exactitude de leur représentation picturale supplante progressivement l'idéalisme, en premier lieu en Suisse par Caspar Wolf, puis en Angleterre avec William Turner et John Ruskin, et enfin en Allemagne, notamment avec l'école de Dresde, avec Caspar David Friedrich, Carl Gustav Carus, Carl Blechen et le Norvégien Johan Christian Dahl209. Cette évolution se reflète dans la littérature, par exemple avec l'ouvrage de l'historien Jules Michelet, La Montagne, en 1868, ou avec Histoire d'une montagne d'Élisée Reclus en 1876, décrivant tous deux la nature et les hommes215.

Tableau d'une montagne surmontant un chaleureux paysage de type provençal.
 

À la fin du XIXe siècle, la montagne est l'objet d'une recherche esthétique, symbole du cycle de la vie chez Giovanni Segantini, capteur de lumière pour Claude Monet et Ferdinand Hodler, ou encore déclinée sous les traits de la montagne Sainte-Victoire dans près de 80 œuvres par Paul Cézanne209. Dans les films Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene en 1920 et Metropolis de Fritz Lang en 1927, la présence de la montagne est suggérée sous forme géométrique au travers d'un décor urbain. Dans Nosferatu le vampire en 1922, Friedrich Wilhelm Murnau emprunte à Caspar David Friedrich et son Voyageur contemplant une mer de nuages des éléments de la Rückenfigur (de)216. Dans l'œuvre de Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, la montagne véhicule encore les valeurs de solitude, de pureté, de méditation, de puissance et de liberté217. Cette vision est prolongée par Jack Kerouac dans Sur la route218. À une époque où de moins en moins de régions montagneuses sont inviolées, l'imaginaire n'est pas exclu des parutions scientifiques de Raoul Blanchard, et quelques romans continuent à apporter une quête de sens aux ascensions : Premier de cordée de Roger Frison-Roche en 1941, Carnets du vertige de Louis Lachenal en 1950, ou encore Les Conquérants de l'inutile de Lionel Terray en 1961219. Le Tour de France participe lui-même à établir une mythologie populaire de la montagne, notamment du mont Ventoux, et inversement220.

Comme pour la peinture, les premières apparitions cinématographiques de montagnes réelles sont reléguées au rang de décor, avec toutefois le but de prouver que le septième art est capable de refléter la réalité du monde. Cette volonté se heurte toutefois à l'impossibilité de représenter dans un même champ l'immensité de la montagne dans sa globalité et la figure humaine des personnages, sujet même du récit. Ainsi, les premiers westerns s'ouvrent fréquemment avec un champ large sur un paysage de montagne qui se rétrécit progressivement sur des convois, des troupeaux et des silhouettes humaines. Ce procédé permet de dresser le caractère et les valeurs supposées des personnages dans leur environnement. En réduisant la taille de la montagne à la figure humaine dans un même cadre, le personnage apparaît comme familier avec le décor221. Sur le plan technique, un champ large sur la totalité d'un paysage montagneux requiert une caméra à focale courte qui accélère le déplacement des objets mobiles vers les lignes de fuite et déforme les verticales. Pour en assurer l'intégrité, il est nécessaire d'y placer des repères visuels. De plus, les premières pellicules ne possèdent pas la qualité nécessaire pour assurer les contrastes, pas plus que la prise de son ne parvient à s'adapter aux conditions de tournage en extérieur. L'adaptation Premier de cordée par Louis Daquin est donc un défi en 1943222. En plaçant la montagne hors-champ, à la place du spectateur, sa présence est suggérée et permet d'offrir par les mouvements de la caméra un large panorama visuel sur une plaine, à l'instar de La Charge fantastique en 1941 et La Rivière rouge en 1948223.

Finalement, la généralisation des prises de vue aériennes parvient à montrer fidèlement, parfois avec une approche documentaire en dehors du regard humain, l'intégrité de la montagne, comme dans Le Premier Maître en 1965 par Andreï Kontchalovski, La Ballade de Narayama en 1983 par Shōhei Imamura et L'Ours en 1988 par Jean-Jacques Annaud224. La montagne tend à être banalisée par les publications techniques des clubs alpins, par la médiatisation des exploits et par des documentaires comme ceux de Gaston Rébuffat219.

Dans La Montagne, en 1964, Jean Ferrat évoque sans les nommer les Cévennes et effectue une synecdoque pour parler de la nature en général, qu'il oppose au monde citadin, regrettant que l'homme se détourne d'une forme de vie traditionnelle, rude mais authentique, dans un contexte d'exode rural après-guerre225. Pour Jean-Louis Murat, en 1993, dans la chanson Montagne, elle est à la fois femme et amante ; il oppose la chaîne des Puys à la plaine de la Limagne.

Dans la religion et la mythologie

 
Shiva, Parvati et Ganesh recevant l'hommage des devas et des rishis sur les pentes du mont Kailash miniature indienne du XVIIIe siècle.

Les montagnes sont un élément sacré au centre de nombreuses religions et croyances226. Pour beaucoup, l'aspect le plus symbolique est le sommet de la montagne car il est identifié comme le plus proche du Ciel227, celui en particulier où résident les dieux et les esprits, comme le mont Olympe dans la mythologie grecque228, ou celui où les saints et les prophètes ont rencontré Dieu et accompli son œuvre226,229, à l'instar de Moïse au mont Sinaï dans le judaïsme230, ou notamment de Jésus au mont Thabor, ou encore de Mahomet au djébel el-Nour. Parfois, la montagne est considérée comme l'axe du monde227 ; c'est le cas du mont Meru, souvent identifié au mont Kailash, dans le bouddhisme, le jaïnisme et l'hindouisme, qui en fait la résidence de Shiva231. Dans la chrétienté et jusqu'à la Renaissance et ses Grandes découvertes, le Paradis est la plus haute montagne de la Terre et reste inaccessible143. Antoine de La Sale (1442) le décrit ainsi : « Ce Paradis est situé dans l'Orient, c'est-à-dire tout au bout et à l'extrémité des contrées de l'Asie ; il est d'une hauteur extrême. Dans ce Paradis vivent Enoch et Elie, et ils y vivront jusqu'à la destruction de l'Antéchrist. C'est là que se trouve l'Arbre de vie, et de son pied sortent quatre ruisseaux : l'un s'appelle le Pison, l'autre le Guion, le troisième le Tigre et le quatrième l'Euphrate : ils coulent tous les quatre dans les veines du corps formé par la Terre, c'est-à-dire dans la mer et hors de la mer, et font jaillir de grandes sources sur la terre en diverses régions... Personne ne peut entrer ni monter dans ce Paradis, à cause des montagnes escarpées qui l'entourent tout entier, sauf à l'entrée. Il y a tant de sortes de dragons, de serpents, de coquecigrues et d'autres bêtes venimeuses qui vivent là, dans ces très hautes montagnes, que les bêtes de ces montagnes ont une nature très proche de l'élément du feu... le Paradis est la tête de la terre en raison de son extrême hauteur ».

 
Moïse sur le mont Sinaï par Jean-Léon Gérôme, 1895-1900.

Les montagnes ont souvent fait l'objet de substitutions dans la pratique religieuse, pour permettre l'élévation : ziggurats chez les Mésopotamiens, pyramides précolombiennes, tours du silence chez les zoroastriens ou encore colonnes des stylites226. Dès l'Antiquité, la montagne est souvent interdite aux simples croyants et réservée aux moines226. Toutefois, la réalité de la Grèce ancienne est moins stricte. Certes les montagnes naissent immédiatement après la Terre (Gaïa) et le ciel (Ouranos), en se singularisant de la Terre juste avant la mer, et deviennent le séjour des nymphes, en faisant immédiatement un milieu surnaturel et divin (zatheon). Elles sont aussi le théâtre des amours des Dieux, comme les monts Latmos et le Ida, et la résidence des muses qui habitent les monts Hélicon et Parnasse228. Cependant, la montagne (l'oros), opposée à la plaine côtière (la polis), n'est pas pour autant un sanctuaire. Elle est fertile et féconde, peuplée de bergers, tout autant qu'un lieu de quêtes ; ainsi les centaures du mont Pélion sont chassés par Pirithoos, alors qu'Œdipe, nouveau-né, est découvert abandonné sur le mont Cithéron228. Dans la cosmologie andine, la montagne, avec la cordillère, « marque les confins du monde civilisé »232. Prenant le plus souvent la forme humaine lorsqu'elle se manifeste aux hommes, elle a une vie et des occupations propres : elle possède des troupeaux qui se cachent dans les nuages, loin des regards humains, de l'or et de l'argent qu'elle garde jalousement dans ses entrailles et elle est détentrice de l'eau, nécessaire à la vie. Dans la hiérarchie des divinités andines, elle vient aussitôt après la « Terre-Mère » et joue à la fois un rôle protecteur en veillant sur les récoltes, la fertilité du bétail, la santé des humains mais aussi un rôle maléfique lorsqu'elle châtie durement ceux qui ne respectent pas son domaine en n'établissant pas avec elle de pacte d'alliance par des dons avant de prendre ses richesses. Elle est aussi le domaine des morts : avant la christianisation, au Pérou, les morts étaient déposés dans les cavernes naturelles ou les failles de la montagne, aux limites de la zone habitable par les humains. Bien que les évangélisateurs aient combattu cette croyance d'une montagne séjour des morts, « les habitants du Sud andin croient comme à l'époque incaïque que la demeure des morts se trouve au sommet du Coropuna, dans un village situé à l'intérieur même du volcan »232. Axe unissant le ciel, la terre et le monde souterrain, la montagne « permet le passage entre les différentes sphères qui constituent la cosmologie andine »232.

Dans la Bible, que ce soit dans l'Ancien ou le Nouveau Testament, « la montagne est le lieu des théophanies, c'est-à-dire là où Dieu se manifeste »233 comme dans l'Exode où Moïse rencontre Dieu sur le mont Sinaï. La montagne est le « temple du Dieu de Jacob » (Isaïe Michée 4) et il est annoncé que c'est sur « sa montagne » que Dieu préparera le festin messianique (Isaïe 25). Mais c'est le Nouveau Testament qui instaure la montagne comme lieu de rassemblement du peuple et cesse d'en faire une demeure exclusivement divine226. Dans les Évangiles, les grands moments de la vie de Jésus se tiennent sur la montagne, qu'il s'agisse de sa transfiguration, de son entrée dans Jérusalem aux Rameaux ou encore de sa crucifixion233. Ainsi, outre les monts Sinaï et Thabor, les montagnes sont omniprésentes dans la tradition biblique : le mont Sion, le mont du Temple, le mont des Oliviers, le mont Moriah, le mont Horeb, le mont Carmel, le mont Garizim, le mont Ebal, les montagnes de Galaad, le mont Séïr, le mont Nébo ou encore le mont AraratNoé aurait trouvé refuge à bord de son arche au cours du Déluge234.

Resacralisation de la montagne

Si la nature édénique de la montagne s'est effacée à partir de la Renaissance, un phénomène nouveau et occidental d’Éden montagnard a surgi au cours du XXe siècle avec la sacralisation globale de l'Himalaya et du Tibet. Plusieurs facteurs y ont concouru. La félicité procurée par l'altitude extrême (ivresse des hauteurs) a été invoquée comme « climax » des grandes ascensions himalayennes et continue d'être véhiculée par les alpinistes de cette chaîne montagneuse. Toujours en raison de leur altitude suréminente, la métaphore « toit du monde » qui désignait originellement le Pamir a été transférée à l'Himalaya et à l'Everest, participant de cette construction d'un paysage sacré143. Mais c'est la fortune rencontrée par l'ouvrage de fiction fantastique Les Horizons perdus qui finit par servir de substrat à ce phénomène235. Son auteur, James Hilton, a inventé en 1933 Shangri-La qu'il situe dans les montagnes du Nord de l'Inde, sur le plateau tibétain, à plus de 3 000 mètres d'altitude : « une région de hautes terres balayées par les vents, démesurée, inhabitée et presque entièrement inexplorée236 ». Ce roman utopique, porté à l'écran par Frank Capra, a donné une image fantasmée du Tibet que, par leurs récits, les voyageurs et explorateurs britanniques et français ont cristallisée, jetant les bases du « mythe de Shangri-La »237. Ce phénomène prend de l'ampleur avec la diffusion progressive auprès du grand public des récits et romans d'Alexandra David-Néel. Par métonymie238, le Tibet est ainsi devenu le « remède fantasmé aux maux de l'Occident »235. Parallèlement, la théocratie du Tibet et sa spiritualité ont été idéalisées, l'invasion chinoise leur servant de repoussoir. Ainsi s'est créé un discours légendaire qui privilégie une image édénique au mépris de toute réalité143.

Cette forme de resacralisation de la montagne tient aussi à la sensibilité écologique qui s'est développée à partir des années 1970 dans les sociétés industrialisées. La haute montagne a été érigée en bien commun de l'humanité239. Dès 1979, le parc national de Sagarmatha, que domine l'Everest, a été inscrit par le Népal sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité. Depuis 2014, à l'instigation de l'Inde, l'aire de conservation du parc national du Grand Himalaya l'a rejoint sur la liste, au titre de l'extrême richesse de sa biodiversité, tant floristique que faunistique.

Cette sanctuarisation et cette patrimonialisation, qui font la part belle à l'imaginaire occidental, ont fait évoluer le regard que les communautés locales, perçues comme les gardiennes de la nature, portent sur elles-mêmes et sur le rapport qu'elles entretiennent avec leur environnement quotidien. Cela entraîne le risque que cette image positive que leur renvoie le monde occidental ne les conduise à s'efforcer à faire correspondre leur territoire au mythe du Paradis perdu que les Occidentaux voudraient voir se perpétuer239.

Voir aussi

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Article connexe

Bibliographie

Atlas

Généralités

Géodynamique (aspects géologiques et géophysiques de l'orogenèse) et géomorphologie

Biogéographie et géographie humaine

Culture

Autres sources

Liens externes

Notes et références

  1. Isabelle Sacareau, « Quand la nature déplace les hommes : marcher dans l'Himalaya, imaginaires et pratiques », Academia,‎ (lire en ligne [archive], consulté le ).

Source (hydrologie)

 
 
 
Source de la Buèges, Hérault, France.
 
Animation montrant une source dans le sable d'une plage, TrezRouz, Finistère, France

Une source en hydrologie est l'endroit où une eau liquide sort naturellement du sol . Une source est très souvent à l'origine d'un cours d'eau, d'un ruisseau, d'une rivière ou même d'un fleuve. Mais une source peut également être submergée dans un écoulement d'eau, une mare, un lac ou une mer.

Une fontaine est une source où l'eau jaillit, parfois fortement (exemple : fontaine de Vaucluse) et souvent architecturée.

L'eau détectée par un sourcier dans un captage ou puits peut être dite de source alors qu'il s'agit de veine d'eau souterraine.

Une source qui coule en permanence est dite pérenne, sinon elle est dite temporairenote 1 ou intermittente. Dans la plupart des cas le débit d'une source est variable, souvent selon la météorologie (exemple : la pluviométrie), parfois périodiquement (exemple : selon la saison) ou en conséquence d’un phénomène hydraulique de vidange et de remplissage de réservoirs souterrains successifs situés en amont de la source.

L'opposé hydrologique d'une source est une perte et il existe des sources-pertes (estavelles).

La source est un élément de l'hydrosphère et du cycle de l'eau.

Formation

 
 
 

Une source naît de la conjonction de facteurs topographiques et hydrogéologiques comme une meilleure perméabilité locale.

Dans les aquifères karstiques, les sources peuvent ne se mettre à couler qu'en fonction d'un événement pluvieux, ou après auto-amorçage d'un siphon.

Classification

Il existe différentes approches permettant de classer les sources :

Littérature

Le thème de la source est présent dans la poésie et la littérature depuis l'antiquité. Il a inspiré de nombreux écrivains dont au XXe siècle Marcel Pagnol pour son roman L'Eau des collines1 s'organise autour de l'enjeu vital d'une source en Provence ou encore Colline un court roman de Jean Giono2.

Notes et références

Notes

  1. À température respective inférieure, égale (ou n'excédant pas plus de 4 °C) ou supérieure (de plus de 4 °C) à la température moyenne annuelle de l'air du lieu.

Références

  1. Jean Giono, 1929 - Colline. Éd. Grasset

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

 

un torrent, un type de cours d'eau de montagne ;

 

Rivière

 
 
 
Après le torrent, se forme la rivière (Hautes-Pyrénées).
 
Phénomène de surcreusement du lit majeur, pouvant participer à un phénomène d'aridification, le niveau piézométrique de la nappe descendant avec celui de la rivière (Bardenas Reales).
 

En hydrographie, une rivière est un cours d'eau au débit moyen à modéré (supérieur à 2 m3/s), recevant des affluents et qui se jette dans une autre rivière ou dans un fleuve1.

En français courant, une rivière est un cours d'eau d'une certaine importance, inférieure subjectivement à celle d'un fleuve2, sans autre égard à son débouché. Pourtant cette affirmation est erronée au regard de la définition hydrographique. En effet, il n'est pas rare de rencontrer des fleuves qui sont plus « petits » que certaines rivières (à titre d'exemples : la Saône à Lyon, qui présente un lit et un débit importants, reste une rivière. À l'inverse, l'Huveaune, fleuve côtier marseillais, présente un lit et un débit beaucoup plus restreints).

Quand le substrat le permet (porosité suffisante), la rivière peut être accompagnée d'un compartiment écologique parallèle où l'eau s'écoule plus lentement, dit compartiment sous-fluvial.

Présentation

L'origine de la rivière s'appelle la source. La rivière coule dans un chenal appelé le lit, qui chemine dans les terres jusqu'au terme de la rivière, l'embouchure. Celle-ci peut donner dans une autre rivière, un fleuve (on parle alors de confluent pour désigner l'embouchure) ou un lac. Certaines rivières s'assèchent progressivement en arrivant dans une zone aride, et n'ont pas d'embouchure à proprement parler ; on parle alors d'endoréisme.

Chaque rivière collecte et stocke l'eau d'un sous-bassin versant, l'ensemble de ces sous-bassins constituant le bassin versant d'un fleuve. Les rivières ont divers faciès et abritent divers écosystèmes, de la source à leur embouchure. On parle de torrent si la pente est forte et le courant rapide. La berge porte généralement une large bande boisée, la ripisylve. On parle de forêt galerie si la canopée est jointive au-dessus de la rivière.

D'une manière générale, le lit de la rivière suit la topologie des lieux3,4 :

Environnement

 
Rivière Volga (Russie).

Les rivières font partie des zones humides abritant de nombreux habitats et diverses espèces, dont certaines sont migratrices. Dans l'hémisphère nord, des espèces telles que saumons, castors, loutres, écrevisses, invertébrés, et plantes et algues y jouent des fonctions importantes. Certaines de ces espèces sont menacées, inscrites sur des listes rouges ou espèces protégées par la législation environnementale. Certains habitats menacés ou d'intérêt européen peuvent relever de la Directive habitats.

Les rivières en collectant les eaux du micro-bassin versant sont aussi le réceptacle de nombreuses pollutions (domestiques, urbaines, industrielle, agricoles), ce qui explique que les organismes d'eau douce comptent parmi les espèces les plus menacées dans le monde. Certaines rivières sont en contact direct avec la nappe qui les alimente. En France la pollution par les eaux usées domestiques et industrielles a fortement régressée, mais en dépit des plans nitrates successifs et du plan Ecophyto, la plupart des rivières sont encore concernées par une pollution chronique par les nitrates et les pesticides5. En 2010-2011, des pesticides étaient retrouvés sur « 89 % des points de mesure en métropole » (pour 56 % des points des départements d'outre-mer, hors Guyane)5. « Plus de 20 pesticides différents sont décelés sur plus de 26 % des points de mesure »5. Pour l'écologie du paysage, les rivières (et leurs berges et milieux associés) jouent un rôle majeur de corridor biologique, que la loi (Lois Grenelle) demande de ne pas artificiellement fragmenter sans mesure compensatoire efficaces permettant aux espèces de circuler le plus normalement dans tout le cours d'eau.

Selon une étude en 2010, 80 % de la population mondiale vit dans des zones où l'état des rivières menace gravement l'accès à l'eau pour les populations humaines. Cette étude internationale est basée sur une modélisation informatique prenant en compte 23 facteurs de stress (taux d'urbanisation, développement agricole et industriel, captage d'eau, niveau de pollution, etc.) pour évaluer la santé des plus grandes rivières du monde6.

Sur substrat fragile, la rivière sauvage est erratique, avec des zones d'érosion et de dépôt. Dans la nature, ces phénomènes sont normaux et utiles à la diversité des habitats, mais ils sont peu compatibles avec la propriété privée. Le génie végétal ou le génie écologique stabilisent efficacement ce type de berges, largement fragilisées par la disparition des ripisylves. Rats musqués, vaches, chevaux et humains peuvent aussi « dégrader » les berges.

Dans le haut de certains bassins versants, des obstacles naturels et barrages de castor peuvent contribuer à réguler et adoucir le débit de l'eau, en limitant les inondations, sans empêcher la remontée des poissons migrateurs, en posant moins de problèmes que les gros obstacles artificiels (barrages, ponts…) qui peuvent boucher le passage des migrateurs. Ces « gués » naturels peuvent aussi diminuer le caractère fragmentant de nombreuses rivières pour de nombreuses espèces ; les rivières ont été utilisées pour la boisson et la pêche, pour le cresson et comme moyens de transports dès la Préhistoire (transport de personnes ou marchandises ou matériaux).

Elles ont ensuite été utilisées pour l'irrigation, l'arrosage, pour abreuver le bétail, comme source de matériaux (galets, gravier, sable, sédiment) et pour la force de l'eau, utile aux forges et moulins à eau (à grain ou à fouler le drap ou battre le métal, etc.) et plus tardivement pour produire de l'électricité (barrage hydroélectrique, petite hydroélectricité ou comme source de frigories (pour le refroidissement des centrales nucléaires notamment). Au XXe siècle, diverses pratiques de loisir se sont également développées en rivière : raft, canoë, kayak, canyoning, pêche de loisir.

Droit

Selon les pays, divers droits coutumiers et lois précisent ou règlent les droits et devoirs des riverains, des pêcheurs et des usagers. Dans un même pays, une rivière peut avoir des statuts différents selon le segment considéré.

Galerie

Notes et références

  1. (en) Peter McIntyre, « World's rivers in 'crisis state' », Nature,‎ .

Annexes

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Articles connexes

Fleuve

 
 
 
Le fleuve Gambie.
 
Les bassins versants des principaux fleuves d'Europe.
 
Fleuve Faro en saison sèche

Fleuve est un mot pouvant sembler ambigu1,2,3,4 en français, où il désigne :

En effet, jusqu'au XVIIIe siècle, le mot rivière a pu s'appliquer indifféremment à des cours d'eau comme la Seine, l'Oise ou l'Aisne3.

Plus récemment le terme de rivière a pu, de la même façon, être utilisé en français pour qualifier un cours d'eau d'importance plus faible, même s'il se jette dans la mer9 ou tout cours d'eau se jetant dans un fleuve ou une autre rivière.

Cependant le Larousse est sans ambiguïté en la matière en qualifiant ainsi le mot fleuve « Cours d'eau finissant dans la mer et souvent formé par la réunion d'un certain nombre de rivières10. »

Ainsi les cours d'eau côtiers d'importance pourtant mineures sont généralement qualifiés de fleuves côtiers car se jetant dans la mer. Ainsi la Veules, petit cours d'eau de 1,15 km de long, est qualifié de « plus petit fleuve de France »11,12.

En hydrographie contemporaine, la description d'un réseau fait appel à d'autres variables telles que les nombres de Strahler, l'importance des bassins versants et des régimes hydrologiques ; la plupart des fleuves obtenant au regard de ces critères les rangs les plus élevés.

Ambiguïtés face aux éléments physiques et hydrographiques

 
Exemple de classification Strahler de sous-ensemble en arborescence numérotée, utile pour l'étude d'un fleuve.

Aux grandes échelles temporelles et géologiques, la dérive des continents, les transformations morphologiques naturelles, le réchauffement ou le refroidissement planétaire entraîne au rythme des phases glaciaires et interglaciaires des modifications régulières et très importantes des longueurs, largeur, débit et configuration des fleuves sur toute la surface du globe.

Il est difficile de mesurer, modéliser ou cartographier finement la longueur d'un fleuve et d'autres de ses caractéristiques13, pour plusieurs raisons :

Les prospectivistes doivent aussi maintenant prendre en compte le dérèglement climatique et les besoins d'adaptation au changement climatique, pour l'homme comme pour les espèces des milieux aquatiques15,16,17.

Le lit

L'espace qu'occupe un cours d'eau varie selon son hydrologie18 :

La faune et la flore, et en particulier les ripisylves, les grands herbivores et le castor interagissent naturellement avec l'écologie fluviale et la forme et le débit des cours d'eau. Depuis 200 ans, c'est l'homme et ses aménagements qui sont devenus la première cause de changement écologique et morphologique des cours d'eau, avec les barrages notamment.

Dans certains contextes (sols et substrats perméables ou semi-perméables), le lit interagit fortement avec des cours d'eau souterrains, les nappes (Loi de Darcy) et les zones humides adjacentes ou sous-jacentes et avec un compartiment sous-fluvial qui peut abriter une faune une biodiversité spécifique19 généralement plutôt étudiée dans le cadre de l'« écologie souterraine ». L'eau souterraine constitue environ 98 % des ressources en eau contre moins de 2 % pour les lacs et les cours d'eau.

Écologie

Dans l'hydrosphère, les fleuves sont classés parmi les systèmes lotiques, c'est-à-dire caractérisés par un certain débit, par opposition aux systèmes « lentiques » plus lents ou stables.

Ils abritent une succession d'écosystèmes, des sources à l'estuaire, chacun caractérisé par une faune, une flore, des champignons et des micro-organismes, planctoniques notamment20 adaptés à la force du courant, à la profondeur et au débit de l'eau, à sa turbidité, son pH, sa dureté, etc.

La plupart des fleuves sont accompagnés d'« annexes écologiques » (zones humides, bras-morts et restes d'anciens méandres, etc.) et d'un « second fleuve » dit « compartiment sous-fluvial », qui s'écoulent beaucoup plus lentement dans le sol sous le précédent et à ses abords, avec des espèces spécifiques là où les eaux souterraines ou interstitielles permettent la vie.

Tous les fleuves sont aussi des corridors écologiques.

Plus des deux tiers des fleuves dépassant les 1 000 km sont entravés par des constructions humaines créées soit pour éviter les inondations, soit pour générer de l’électricité21.

Quelques chiffres et statistiques

Les trois plus longs fleuves au monde sont le Nil avec 6 718 km22, suivi par l'Amazone avec 6 500 km environ, et le Yangtsé avec 6 300 km.

L'Amazone est cependant le fleuve qui possède, et de loin, le plus grand bassin versant (6 150 000 km2) et le plus grand débit (190 000 m3/s)4.

En Europe, les plus grands fleuves sont la Volga avec 3 700 km et le Danube avec 3 019 km (voir Delta du Danube).

En France le plus petit fleuve est la Veules long de 1 149 mètres.

Les dix plus longs fleuves sur Terre

Les données suivantes correspondent à une longueur moyenne estimée. La mesure de la longueur d'un fleuve dépend largement de la définition de la source, et de l'estuaire. De grandes différences de mesure existent et permettent de ce fait des contestations de ce classement.

Pour les trois premières places :

Les quatrième à septième places font consensus :

  1. Mississippi-Missouri (6 210 km)25,26
  2. Ienisseï-Angara (5 550 km)
  3. fleuve Jaune (5 464 km)
  4. Ob-Irtych (5 410 km)

Pour les trois dernières places :

Notes et références

  1. la localisation de la source de ce fleuve est controversée

Voir aussi

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Voir la palette Morphologie de cours d'eau en fin d'article

Bibliographie

Articles connexes directement liés au fleuve

Listes de fleuves par localisation

Autres articles connexes

Liens externes

Mer

 
 
Mer
Paracas National Reserve, Ica, Peru-3April2011.jpg
Type
Zone aquatique (en)
Caractéristiques
Composé de
 
Photo prise face à la mer sur une plage chilienne.
 
Le grand océan planétaire, mis en valeur par ce mode de cartographie (projection de Fuller)

La mer est l'étendue d’eau salée, qui couvre la plus grande partie (environ 71 %) de la surface terrestre1,2. Globalement interconnectée, avec alors le sens d'océan mondial, elle peut être ouverte comme la mer du Nord et la mer de Chine orientale ou partiellement enclavée comme la mer Méditerranée et la mer du Japon. Lorsqu'elle est totalement enclavée, comme la mer Caspienne et la mer Morte, c'est une mer fermée et même plutôt un lac salé3.

Depuis Magellan4 on y distingue les océans par leurs immenses étendues et leurs profondeurs abyssales5.

En astronomie, on parle de mer lunaire pour désigner une grande étendue sombre à la surface de la Lune.

Les définitions

Grande étendue d’eau salée

Cette définition englobe les océans, les mers ouvertes ou fermées ainsi que les grands lacs salés. Au sens large donc, la mer désigne toute l'étendue (en surface et volume) des eaux salées de surface qui recouvrent les trois quarts du globe terrestre. En ce sens, le mot mer est synonyme d'Océan mondial. On retrouve cette acception générique dans un contexte historique ou familier : par exemple l'opposition de la mer et de la montagne comme cadre préféré pour les vacances, ou encore : « la mer est bonne ? » pour évoquer sa température.

Au sens plus strict, en hydronymie, et quoique le plus souvent en contact avec un océan, la mer se distingue toutefois de ce dernier par sa position géographique généralement enclavée entre des masses terrestres, ou simplement limitée par le plateau continental : par exemple la Manche communique avec l’océan Atlantique par la mer Celtique, et elles partagent le même plateau continental (quoiqu'à une profondeur moyenne différente). Mais la Manche se distingue de la mer Celtique par sa position médiane entre les côtes sud de l’Angleterre et les côtes nord de la France, alors que la mer Celtique se situe entre les côtes sud de l'Irlande, les côtes sud-ouest de l’Angleterre et les côtes nord-ouest de la France. Dans ce sens plus strict et sauf exceptions, une mer est généralement d'étendue et de profondeur moindres qu'un océan.

Une mer en contact avec un océan peut aussi se distinguer de celui-ci par des conditions physiques particulières : par exemple, la Méditerranée communique avec l’océan Atlantique par le détroit de Gibraltar. Mais elle se distingue de l’océan par sa position presque entièrement circonscrite entre l’Europe, l’Asie (Proche-Orient) et l’Afrique et par des conditions maritimes différentes : différentiel de température entre l’océan et la mer, influence climatique différente (par le différentiel de température terre/mer en moyenne plus élevé en Méditerranée par exemple), qui permettent de distinguer le climat océanique du climat méditerranéen ; mais aussi : faune et flore distinctes, marée de plus faible amplitude pour la Méditerrané, etc. Autre exemple : la mer des Sargasses avec son accumulation d’algues brunes au large de la Floride se distingue de façon plus arbitraire de l’océan Atlantique.

Le terme de mer est aussi utilisé pour désigner certains grands lacs, en particulier lorsqu’ils n’ont pas de cours d'eau dans lesquels ils se déversent. C’est le cas par exemple de la mer Caspienne, de la mer Morte ou encore de la mer d'Aral. Au sens strict, il s'agit bel et bien de lacs (salés), mais on parle aussi de « mers fermées ».

Définition selon le droit international Droit de la mer

En droit international, on appelle « mer » l’espace situé au-delà de la laisse de basse mer.

La mer comprend :

Physique

Les mouvements de la mer

La mer est en perpétuel mouvement. Dans l’antiquité, celui-ci était attribué à des divinités : les colères de Poséidon, les jeux des Néréides, les monstrueux Charybde et Scylla.

Les mouvements de la mer sont complexes ; pour mieux les analyser, ils sont décomposés en mouvements élémentaires, dont les causes et les lois peuvent être étudiées séparément.

On distingue des mouvements ondulatoires, sous forme d’oscillations verticales :

Les mouvements des courants sont des déplacements horizontaux :

Des mouvements isolés peuvent être causés par des phénomènes catastrophiques (séismes, éruptions volcaniques, glissements de terrain) sous forme de tsunamis, d’ondes solitaires ou solitons.

Salinité

Une caractéristique de l’eau de mer est d’être salée. Cette salinité est de l’ordre de 37 g/l (3,7 %) en Méditerranée et 300 g/l (30 %) pour la mer Morte, d'environ 35 dans les océans (dont 27 g de chlorure de sodium, 5 g d'autres chlorures et 3 g composés de sulfates, carbonates et bromures). Il y a donc un kilogramme de sels dans environ 28 (= 1000/35) litres d’eau de mer.

Le sel de mer est un composé dont le nom complet en chimie est chlorure de sodium. Il tend à se dissoudre dans l’eau jusqu’à une concentration de saturation de 359 g/l. Si on tente d’augmenter la concentration au-delà de cette valeur, par évaporation de l’eau, une partie du sel revient à l’état solide (solidification ou cristallisation) et se dépose. La valeur de la salinité des mers étant largement inférieure, le sel ne se dépose pas au fond des mers. Comme il ne s’évapore pas non plus, il est piégé dans la mer.

Certains sols et roches continentales contiennent du sel. Lorsque ces roches sont exposées à la pluie ou aux écoulements d’eau souterrains, une partie du sel sera dissous et rejoindra les rivières puis la mer. Étant donné que ce sel ne reste pas mais est constamment évacué, la salinité des rivières restera la plupart du temps très basse.

Les dépôts de sel peuvent se faire naturellement lorsque la concentration en sel d’une mer ou d’un lac salé a augmenté au-delà de la saturation. Cela peut se produire dans des zones continentales où il n’existe aucun écoulement vers les océans, comme la Mer Morte.

Un autre cas est celui de la Méditerranée, qui à certaines époques géologiques a fonctionné comme un marais salant : sa liaison avec les océans au détroit de Gibraltar étant plus étroite, elle ne permettait pas les échanges d’eau dans les deux sens comme cela se produit actuellement. D’autre part, l’évaporation étant plus forte que les précipitations et apports d’eau douce (ce qui est toujours le cas), c’est donc un apport océanique qui compensait le déficit. Il y avait donc une entrée de sel qui n’était compensée par aucun export. Cela a entraîné des dépôts de sel très importants au fond de la Méditerranée et a semble-t-il eu également une influence sur la salinité des océans. En effet l’estimation de l’apport de sel à l’océan global par l’ensemble des rivières au cours des temps géologiques est supérieure d’au moins un ordre de grandeur à la masse de sel dissoute dans les océans.

Niveau des mers

Le niveau des mers s'élève, notamment sous l'effet de la fonte des glaces continentales et une dilatation thermique de l'eau provoquée par le réchauffement du climat. L'élévation du niveau des mers constitue un grave défi pour toutes les populations côtières ainsi que pour l'économie de nombreux pays6.

La mesure précise du niveau des mers est possible depuis 1993 grâce à des satellites (Topex-Poséidon, puis Jason-1 et Jason-2)6.

Cependant, les physiciens ont remarqué que le niveau des océans monte moins vite que ce que la fonte des glaces ne le laisserait supposer. Selon une étude publiée dans la revue Global and planetary change vers , le niveau des mers a monté de 3,3 mm par an de 1993 à 2003 et de 2,5 mm par an depuis 2003. L'étude attribue ce décalage au réchauffement plus lent des mers6.

Depuis 2003, la fonte des glaces contribue pour 1,9 mm par an à la montée des mers, pour moitié due à la fonte des deux calottes polaires et pour moitié à la fonte des glaciers d'altitude6.

Propriétés optiques

 
Intensité en fonction de la longueur d'onde à différentes profondeurs.

Les rayons lumineux en provenance du Soleil sont considérablement atténués au fur et à mesure qu'ils pénètrent profondément dans la mer. L'infrarouge, puis la couleur rouge sont les premières longueurs absorbées (dès les premiers mètres)7.

Classification

Par océan

Une découpe des océans a été faite par l’Organisation hydrographique internationale (OHI)8. Certaines mers présentent également d’éventuelles subdivisions. Voir la liste des mers et océans.

Par type

Plusieurs classifications existent, la classification en droit de la mer ne recoupe que peu la classification océanographique, certains termes synonymes en océanographie prennent une signification plus précise en géologie ou en géographie. La classification utilisée ici est celle généralement utilisée par la géographie bien que d'un ouvrage à l'autre des différences puissent apparaître. Les termes utilisés ne sont pas nécessairement exclusifs, par exemple la Manche est bordée par des masses continentales et recouvre une partie d'un plateau continental aussi est-elle parfois qualifiée de mer intercontinentale et de mer épicontinentale9. Une dénomination en fonction de la température des eaux de surface des mers existe aussi mais est peu employée, on parle dans ce cas de mer tropicale, mer tempérée ou mer polaire.

Mers méditerranéennes

Une mer méditerranéenne est une mer presque fermée communiquant avec l'océan. Les mers méditerranéennes se subdivisent à leurs tours en mer intercontinentale et intracontinentale suivant le nombre de continents les bordant. L'exemple type de ces mers est la mer Méditerranée. Dans ces mers, la profondeur du détroit les liant aux océans est faible ce qui empêche la création de courant profond permettant le mélange des eaux profondes.

Mers épicontinentales

Une mer épicontinentale est une mer recouvrant une portion d'un plateau continental. Pour les océanographes ou les géographes mer marginale est un synonyme, pour les géologues une mer est dite marginale seulement si elle se trouve sur des marges continentales géologiquement actives10, sur les marges de l'océan Pacifique par exemple et non pas sur celles de l'Atlantique qui sont passives.

Mers bordières

Une mer bordière est une mer en communication large avec l'océan qu'elle borde, elles sont souvent épicontinentales et ce terme est parfois utilisé comme un synonyme de mer épicontinentale, ces mers participent généralement à la dynamique des océans qu'elles bordent et la distinction entre ces mers et l'océan proche est plus fréquemment géographique, écologique ou juridique qu'océanographique.

Mers intérieures

Une mer intérieure est une mer ne communiquant qu'avec une autre mer. Les mers intérieures sont fréquemment des mers méditerranéennes.

Mers fermées

Une mer fermée est une mer ne communiquant avec aucune autre mer ou océan.

Singularités : la mer Morte n'est pas une mer intérieure mais un lac salé ; juridiquement, la mer Caspienne n'est pas considérée comme une mer.

Métiers et carrières de la mer

La mer et les océans offrent de nombreuses formations et carrières de tous niveaux et dans différents domaines11. Des formations de master pluridisciplinaires sont proposées dans les universités marines.

Mer et sociétés

Aspects économiques

Le parasol mer constitue une ressource économique majeure pour les régions côtières : pêche, tourisme, transport et logistique (activité portuaire), salines.

Aspects anthropologiques

De plus en plus d’études anthropologiques portent sur la mer par divers cas de figure, dont voici quelques exemples contemporains que Artaud souligne12 :

Les chercheuses et chercheurs en anthropologie commencent à s'intéresser aux rapports multiples des sociétés à la mer autour des années 1970-1980. Deux grandes approches sont d'abord surtout utilisées. D'un côté, une lecture matérialiste à la manière de Hugo13 et de Poggie14, alors qu'un imaginaire de conquête, de lutte et d'étrangeté de la mer était mis de l'avant. De l'autre, une lecture continentale qui implique des parallèles avec la terre, dont la mer serait le prolongement, et offrant des signes pour être comprise par les humains. C'est ce qu'on retrouve entre autres chez Gladwin15 et Lewis. Avec l'arrivée de la mondialisation, les approches pour parler de la mer deviennent plus politiques et impliquent de plus en plus de prises de positions, en raison des enjeux économiques, juridiques et écologiques sous-jacents. Ceci a aussi pour conséquence selon Artaud12 de centrer les recherches moins sur les imaginaires que sur les personnes en lien avec la mer : scientifiques, militants, associations et institutions.

Journées de la mer et des océans

La journée mondiale de la mer a lieu chaque année, le 29 septembre16.

La journée mondiale de l'océan a lieu chaque année, le 8 juin. Elle a été mise en place par l'Assemblée Générale des Nations unies en 200817.

La Commission européenne a proposé en 2008 la date du pour célébrer la mer en Europe18, pour valoriser la culture et le patrimoine maritime. Cette journée pourra se traduire par des opérations « portes ouvertes » (ports ouverts), des actions environnementales impliquant notamment musées et aquariums, conférences, etc. la Commission fournissant gratuitement des informations et brochures sur cette initiative. La Commission organise un European Maritime Day (EMD)19 dans une ville différente chaque année.

Symbolique

Die Möwe und das Meer IMG 0310a.jpg
 

Dans l'Antiquité, les Grecs et les Romains voyaient la mer comme étant un espace réservé aux dieux. Les bains d'eau de mer avaient donc une symbolique purificatrice qui est resté dans la culture chrétienne qui lui fait suite. Poussée par la nécessité de faire oublier les cultures païennes pour se poser en seule religion d'État, l'Église chrétienne a fait de la mer un espace diabolique[réf. souhaitée].

La haute mer, comme la montagne, a longtemps majoritairement été perçue par plusieurs peuples comme un milieu hostile et dangereux (grands-fonds peuplés de créatures mythiques ou fantastiques : Léviathan de la Bible, Scylla dans la mythologie grecque, Isonade dans la mythologie japonaise, kraken dans la mythologie nordique) tout en suscitant la curiosité, servant essentiellement de réserve de ressources naturelles (en particulier de protéines grâce aux poissons).

Cette donnée semble avoir été modifiée en Occident avec le mouvement du préromantisme de la fin du XVIIIe siècle, puis du romantisme du début XIXe siècle. La beauté naturelle de la mer a été célébrée par les poètes romantiques : son apparence infinie, la force de ses tempêtes, etc. La mer s'est alors parée de certaines valeurs humaines, telle la liberté (Le fameux « homme libre, toujours tu chériras la mer » de Baudelaire). Il s'est ensuivi un attrait particulier pour le littoral comme lieu de villégiature pour la bourgeoisie du XIXe siècle.

En France l'arrivée des congés payés en 1936 a permis aux employés les plus aisés de passer des vacances en bords de mer. L'extension des congés payés à 3 puis 4 semaines a finalement démocratisé l'accès à la mer pour en faire aujourd'hui un symbole de vacances. Il s'est ensuivi un attrait particulier pour le littoral comme lieu de villégiature pour la bourgeoisie du XIX° siècle[réf. souhaitée].

Notes et références

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Mer.
 

Océan

 
 
 
Animation montrant les découpages possibles en 5, 4, 3 ou 1 seul océan(s).
 
Le grand océan planétaire, mis en valeur par la projection de Fuller.

Un océan est souvent défini, en géographie, comme une vaste étendue d'eau salée comprise entre deux continents. En fait, il s'agit plutôt d'un volume, dont l'eau est en permanence brassée par des courants marins. Approximativement 70,8 % de la surface de la Terre est recouverte par l'Océan mondial, communément divisé en cinq océans — Pacifique, Atlantique, Arctique, Austral, Indien — et en plusieurs dizaines de mers. Avec une profondeur moyenne de 3 682 mètres1, les océans représentent 96 % du volume biosphérique2.

L'océan mondial, qui abrite la majorité des espèces vivantes sur Terre (50 à 80 % selon les estimations)3,4, génère plus de 60 % des services écosystémiques qui nous permettent de vivre, à commencer par la production de la majeure partie de l'oxygène que nous respirons5. Il absorbe environ 30 % des émissions de CO2 générées par l'humanité, ce qui provoque son acidification6.

L'océan mondial régule à plus de 80 % le climat de la Terre. Il joue un rôle majeur dans la température terrestre.

L'océan normal (appelé aussi océan de Sverdrup) est un concept utilisé en océanographie physique pour désigner un océan homogène en température (T° uniforme de 2 à °C sur les 3 700 mètres de profondeur7), en pH (les ions carbonates et bicarbonates dissous donne à l'eau de mer un pH basique, mais de 1751 à 2004, le pH des eaux superficielles des océans a diminué, passant de 8,25 à 8,14 en raison de leur acidification8) et en salinité (teneur en sels de l'ordre de 35 )9.

Cet article traite principalement de l'océan terrestre actuel mais d'autres océans sont également détaillés.

Généralités

Étymologie

Le mot « océan » vient de la divinité Océan (en grec ancien Ὠκεανός / Ôkeanós)10, l'aîné des Titans dans la mythologie grecque.

Longtemps, pour les Européens, toute étendue d'eau salée s'appelait « mer » et la plus grande d'entre elles, « mer océane ». C'est celle-là que Christophe Colomb a traversée. La nomination des océans évoluera lors de la découverte du  « grand océan » que Magellan a parcouru. Il trouva cette étendue océanique bien calme et la dénomma « océan Pacifique »11. C'est à ce moment-là que sur les cartes apparaissent enfin l'océan Atlantique, l'océan Pacifique, puis l'océan Indien, l'océan Austral et l'océan Arctique.[réf. nécessaire]

Depuis, les géographes et océanographes ont donné des critères : les mers sont donc plus petites, sans qu'il existe une taille limite12.

Découpage

 
Limites des 5 océans.

Sur Terre, on appelle « océan Mondial », « océan Planétaire » ou encore plus simplement « l'Océan » (avec une majuscule)13 la grande étendue d'eau salée ininterrompue encerclant les continents et les archipels. L'Océan a été traditionnellement subdivisé en trois grands ensembles (Atlantique, Indien et Pacifique), séparés par des limites de continents, mais aussi distingués par leurs caractéristiques structurelles, composition et circulation de l'eau.

Découpage grand public

Pour le grand public, on parle généralement des « cinq océans » suivants, par superficie décroissante :

NomSuperficie% des océansRemarques
Océan Pacifique 165 250 000 km2 43,5 C’est le plus grand et le plus profond des océans puisqu'il recouvre 1/3 de la surface de la planète. Le volcanisme aérien ou sous-marin y est important dans sa partie centrale et occidentale. Il est très ouvert au sud vers l'océan Antarctique et quasiment fermé au nord par le détroit de Béring.
Océan Atlantique 106 400 000 km2 28,0 C’est le 2e océan par sa superficie. Il s'étend du nord au sud sur une largeur de 5 000 km de moyenne et présente peu de volcanisme. Le fond de cet océan est jeune et il reçoit une grande quantité d'eau douce avec les nombreux fleuves qui s'y jettent comme l'Amazone, le Congo, le Saint-Laurentetc.
Océan Indien 73 556 000 km2 19,4 Il est situé au sud de l'Asie entre l'Afrique et l'Australie. Il n'est quasiment présent que dans l'hémisphère Sud.
Océan Austral 20 327 000 km2 5,4 Il entoure le continent antarctique et ses limites sont moins nettes que les autres océans.
Océan Arctique 14 090 000 km2 3,7 Il est centré sur le pôle Nord et est de petite taille et peu profond. Il est entouré de nombreuses terres et recouvert d'une épaisse couche de glace. L'océan Arctique a été officiellement adopté par l'OHI, mais sa faible superficie lui vaut d'être parfois qualifié de « mer Glaciale Arctique »13.

Découpage de l'Organisation hydrographique internationale

Si le découpage était à l'origine assez arbitraire, l'Organisation hydrographique internationale propose actuellement des délimitations précises pour chacun d'entre eux.

Le premier texte de référence date de 1928 ; celui-ci délimite sept océans14 :

La troisième édition de Limites des océans et des mers15 est celle qui est en vigueur. Elle est accompagnée de trois cartes :

Les océans Atlantique et Pacifique sont divisés au niveau de l'équateur en océans Atlantique nord et Atlantique sud et Pacifique nord et Pacifique sud. Chacun est à son tour découpé en mers, golfes, baies, détroitsetc. Il existe également des étendues d'eau salée prises à l'intérieur des continents, comme la mer Caspienne, la mer d'Aral, Grand Lac Salé ou encore la mer Morte. Mais, bien que certains soient nommés « mers » en raison de leur taille ou de leur salinité, à proprement parler ils ne sont pas des mers mais des lacs salés, puisqu'ils ne communiquent pas directement avec l'Océan.

Dans l'édition courante de Limites des océans et des mers15, l'océan Austral est inexistant car ses limites font l'objet de désaccords et n'ont pas été ratifiées à ce jour.

« L’océan Austral n’a pas toujours été reconnu. […] il disparaît en 1953 dans la troisième édition du texte de l’OHI. Depuis 2009, un groupe de travail s’occupe de mettre à jour ce texte, mais celui-ci n’a toujours pas été ratifié »

— Christian Grataloup et Vincent Capdepuy14.

Un projet de quatrième édition19 est consultable en ligne. Ce projet découpe le monde maritime ainsi :

  1. Océan Atlantique nord et ses subdivisions ;
  2. Mer Baltique et ses subdivisions ;
  3. Mer Méditerranée et ses subdivisions ;
  4. Océan Atlantique sud et ses subdivisions ;
  5. Océan Indien et ses subdivisions ;
  6. Mer de Chine méridionale et mers des archipels orientaux ;
  7. Océan Pacifique nord et ses subdivisions ;
  8. Océan Pacifique sud et ses subdivisions ;
  9. Océan Arctique et ses subdivisions ;
  10. Océan Austral et ses subdivisions.

Hydronymie

Le Conseil national de l'information géographique20 a défini la nomenclature des espaces maritimes21 en collaboration avec :

La Commission nationale de toponymie du CNIG22 (CNT/CNIG) représente la France auprès du Groupe d'experts des Nations unies pour les noms géographiques (GENUNG, en anglais UNGEGN).

Dimensions

Points les plus profonds des cinq océans23
OcéanProfondeurNom du pointLatitudeLongitude
Arctique 5 669 m Molloy Deep (en) (détroit de Fram) 79,137 ° N 2,817 ° E
Atlantique 8 408 m Axe de la fosse de Porto Rico 19,613 ° N 67,847 ° W
Indien 7 290 m Fosse de Java (en) (point sans nom) 11,20 ° S 118,47 ° E
Pacifique 10 925 m Challenger Deep (fosse des Mariannes) 11,332 ° N 142,202 ° E
Austral 7 385 m Fosse des Sandwich du Sud (point sans nom) 60,33 ° S 25,28 ° W

Les océans recouvrent environ 361 millions de kilomètres carrés27, soit 70,8 % de la surface du globe. Leur volume total atteint 1,37 milliard de kilomètres cubes29 et leur profondeur moyenne est de l'ordre de 3 700 à 3 800 mètres30. Près de la moitié des eaux océaniques dépasse 3 000 m de profondeur ; le point le plus profond est la fosse des Mariannes, avec 11 020 m de profondeur31. La masse volumique de l'eau de mer se situant entre 1 020 et 1 035 kg/m3, la masse totale des eaux océaniques est d'environ 1,4 × 1021 kg, soit 0,023 % de la masse totale de la Terre32,33 (et près de 2 % ou 1/50e de la masse de la Lune qui est de 7,3 × 1022 kg).

Océanographie

L'océanographie est la science étudiant les mers et océans ; elle a véritablement débuté avec les grandes explorations des XVIIIe et XIXe siècles. À la croisée de multiples domaines, on la divise couramment en quatre grandes branches34,35 :

  1. La géologie marine qui étudie les fonds marins ;
  2. L'océanographie physique qui étudie les caractéristiques physiques (vagues, marées, courants…) ;
  3. L'océanographie chimique qui s'occupe de la composition de l'eau et de son interaction avec l'atmosphère ;
  4. La biologie marine qui étudie la vie des océans.

On ajoute parfois à ces disciplines la météorologie maritime et l'ingénierie maritime36. Ces différents aspects des océans sont décrits ci-dessous.

Géologie marine : les fonds sous-marins

 
Ouverture et fermeture d'un océan, décrits sur ce cycle orogénique.
 
Quelques caractéristiques d'un bassin océanique.
 
Si les océans s'asséchaient ?

La géologie marine décrit la structure du fond des océans : géologiquement, un océan est un plancher océanique recouvert par de l'eau. Le plancher ou croûte océanique se distingue de la croûte continentale, par :

  1. Sa composition : le plancher océanique est la fine couche de basalte volcanique solidifié qui recouvre le manteau là où il n'y a pas de continents. La croute océanique a aussi une lithologie plus basique que la croûte continentale ;
  2. Son épaisseur : 5 à 7 km en moyenne, contre 30 km en moyenne pour la croûte continentale ;
  3. Une densité plus importante de 3,24 à 3,27, contre 2,7 à 2,8 pour la croûte continentale.

La croûte océanique est aussi la plus jeune, puisqu'elle est formée par les épanchements de lave au sommet des dorsales océaniques. Ainsi, les plus anciennes roches trouvées provenant de la croûte continentale datent de 3 700 millions d'années, tandis que les plus anciennes provenant de la croûte océanique datent de 220 millions d'années. La transition entre croûtes océanique et continentale s'effectue au niveau du plateau continental, soit de façon graduelle (marge passive), soit de façon plus brutale avec une marge active ou zone de subduction. Les géologues observent que les océans se forment généralement dans des zones déjà fracturées, correspondant à la zone de suture d'anciennes chaînes de montagnes. Ainsi, l'océan Atlantique s'est formé en faisant rejouer des failles qui s'étaient déjà mises en place lors de l'orogenèse hercynienne (à l'origine de la Pangée).

La géomorphologie sous-marine distingue les grandes caractéristiques des fonds. Près des côtes, on trouve le plateau continental, de pente très faible et descendant jusqu'à 130–150 m. La pente plus accentuée (4 à 5° en moyenne, localement plus forte) qui lui succède est le talus continental qui descend jusqu'à 2 000–3 000 mètres, avec à son pied le glacis continental où s'accumulent les sédiments. Ces ensembles forment la marge continentale ou précontinent13. La majeure partie du fond des océans est formée de plaines abyssales entre 3 000 et 6 500 mètres, de pente très faible.

Ces paysages sous-marins connaissent des interruptions : les canyons sous-marins entaillent le talus continental, parfois jusqu'au plateau continental sous forme de gouf. Les plaines abyssales sont parsemées de collines abyssales peu élevées37 et coupées par les longues fosses sous-marines parfois très profondes, et les dorsales, similaires aux chaînes de montagne sur terre. Au milieu des dorsales, le rift profond (1 500 et 1 800 m) est l'endroit où la nouvelle croûte se crée par épanchement de lave. Le volcanisme sous-marin donne aussi d'autres paysages comme les monts sous-marins et les volcans sous-marins, devenant des îles volcaniques lorsqu'ils émergent.

On estime en 2016 que seuls 10 % des fonds marins en dessous de 200 m de profondeur ont été explorés38.

Océanographie chimique : l'eau de mer

L'eau de mer est l'eau salée des mers et des océans de la Terre. On dit qu’elle est « salée » parce qu'elle contient des substances dissoutes, les sels, constitués d'ions, principalement des ions halogénures comme l'ion chlorure et des ions alcalins comme l'ion sodium. On trouve 30 à 40 g de sels dissous pour 1 kg d'eau de mer. L'eau salée s'oppose à l'eau douce, qui contient moins de 1 g de sels dissous par kilogramme. La masse volumique de l'eau de mer à la surface est d'environ 1,025 g/ml, supérieure de 2,5 % à celle de l'eau douce (1 g/ml) à cause de la masse du sel et de l'électrostriction.

Océanographie physique : l'eau en mouvement

L'eau des océans est loin d'être immobile : elle est au contraire constamment en mouvement, même quand l'absence de vent lui fait prendre l'aspect d'un miroir. il existe ainsi des mouvements oscillatoires de faible période (les vagues et la houle) ; des mouvements oscillatoires de plus grande période (marée, oscillation d'inertie, tsunamis et ondes de tempête) ; et les mouvements non oscillatoires, c'est-à-dire les courants marins non liés à des forces périodiques (courant géostrophique, courant d'Ekman). L'océanographie physique étudie les mouvements et propriétés des eaux marines.

Sur une échelle de temps plus longue, l'eustatisme désigne la variation du niveau moyen de la mer (voir l'article sur l'élévation du niveau de la mer).

Vagues

 
Vague déferlante créée par le passage d'un ferry.

Les vagues peuvent être créées par le passage des objets dans l'eau (comme pour le sillage d'un bateau), par la rencontre de courants (comme pour le mascaret créé par la marée), mais le plus souvent sont créées par le vent soufflant à la surface. Les fluctuations de pression associées à la turbulence du vent créent des ondes très courtes, les vagues capillaires, mais aussi plus longues, vagues. La hauteur, la période et la longueur des vagues va s'accroître avec la force du vent (mesurée sur l'échelle de Beaufort), la distance sur laquelle il souffle (le fetch) et la durée pendant laquelle il souffle.

Si la mer du vent désigne les vagues activement générées par le vent local, la houle désigne une mer du vent qui s'est propagée hors de la région où elle a été générée39. Cette « transformation » de la mer du vent en houle se produit aussi lorsque le vent faiblit et n'est capable que d'entretenir les vagues les plus courtes. Si le vent a soufflé suffisamment fort, longtemps et/ou sur une assez grande distance, la houle en sera d'autant mieux formée, avec une longueur plus élevée et une plus grande énergie emmagasinée. La houle peut ainsi parcourir d'immenses distances, même en l'absence de vent40 ; on parle alors de « houle résiduelle ». Malgré leur apparence régulière et sinusoïdale, les vagues et la houle ne sont pas parfaitement périodiques, et ne peuvent pas être réduites à une courbe mathématique simple. On utilise l'analyse spectrale pour les décomposer en somme d'ondes simples.

 
Mouvement de l'eau dans un train de vagues par faible profondeur (Animation).
 
Mouvement de l'eau dans un train de vagues par grands fonds (Animation).

Le mouvement des vagues est circulaire en eau libre, et son amplitude se réduit alors que la profondeur augmente. On considère qu'à une profondeur égale à la moitié de la longueur d'onde, le mouvement peut être considéré comme nul13 ; les vagues ne concernent donc qu'une mince couche de l'océan. En eau peu profonde, en revanche, le mouvement s'aplatit : il devient elliptique près de la surface, et quasiment horizontal près du fond. Les vagues approchant d'une côte finissent donc par s'aplatir sur une pente douce (comme une plage) mais au contraire se cambrent et finissent par déferler lorsque les fonds remontent plus brutalement. La morphologie du littoral entraîne aussi leur diffraction et réfraction.

Parmi les vagues particulières, on peut citer les seiches, ondes stationnaires générées dans les baies très fermées, et les vagues scélérates, vague ou groupe de vagues isolé d'amplitude exceptionnelle rencontrées parfois par des navires.

Ondes de tempête et tsunamis

 
Le tsunami de décembre 2004 arrivant en Thaïlande.

La période de la houle peut atteindre plusieurs dizaines de secondes, mais dépasse rarement trente secondes. Des ondes plus longues existent : il y a d'une part les « infravagues » d'une période de trente secondes à cinq minutes13, associées aux groupes de vagues ; d'autre part, les phénomènes exceptionnels que sont les ondes de tempête et les tsunamis. Les marées sont traitées dans la section suivante.

Les ondes de tempête surviennent sous une dépression ou un cyclone tropical : la baisse de pression atmosphérique fait localement monter le niveau de la mer, ce que le vent et la force de Coriolis peuvent aggraver. Si la configuration des côtes est telle que l'onde ainsi créée se déplace avec la dépression, un effet de résonance amplifie l'onde jusqu'à lui faire atteindre des proportions dévastatrices41.

Les tsunamis sont causés par des phénomènes tectoniques : séisme, glissement de terrain sous-marin, éruption sous-marine. Ils peuvent aussi provenir d'une explosion nucléaire sous-marine ou de l'impact d'une météorite. Créés en profondeur avec une grande longueur d'onde (période de l'ordre de l'heure), ils transportent une énergie bien plus grande que la houle puisque l'onde parcourt toute la hauteur d'eau. Peu visibles en haute mer (leur amplitude ne dépasse guère le mètre), ils se déplacent à haute vitesse (~800 km/h) et déferlent sur les côtes, pouvant dépasser les dix mètres d'amplitude.

Marées

 
Différence entre marée haute et marée basse à La Flotte, île de Ré.

Les marées sont un ensemble d'ondes longues, de période de 12 ou 24 heures généralement. Elles ont pour origine l'attraction gravitationnelle (plus précisément la force de marée) de la Lune et dans une moindre mesure de celle du Soleil. Cette onde se déplace à la surface des océans et se voit affectée par la force de Coriolis et la configuration des terres : au lieu d'avoir une onde unique parcourant la Terre en suivant le mouvement de la Lune, on trouve des configurations complexes, comme des ondes tournant autour de points fixes (les points amphidromiques). L'onde-marée a une vitesse dépendant de la profondeur (de l'ordre de 400 nœuds dans l'Atlantique), et de même pour sa longueur d'onde. Celle-ci atteint 9 000 kilomètres dans l'Atlantique (par 4 000 mètres de fond) et 1 400 kilomètres en Manche par 100 mètres de fond42.

 
Représentation des points amphidromiques, des lignes cotidales, de l'amplitude de la marée et du sens de déplacement de l'onde, pour le terme M2 (influence de la Lune).

La forme des côtes peut créer un effet de résonance amplifiant le marnage ; les plus grandes marées se trouvent ainsi dans des baies formant un entonnoir, comme la baie d'Ungava, la baie de Fundy, le canal de Bristol ou la baie du Mont-Saint-Michel. Inversement, les plus faibles marées se trouvent au milieu des océans très ouverts (0,2 mètre à Tahiti) et dans les mers très fermées comme en Méditerranée ou dans la Baltique42. L'amplitude des marées varie aussi avec les lunaisons : les marées sont plus fortes aux nouvelles lunes et aux pleines lunes, lors des syzygies, ce sont les marées de vives-eaux.

L'onde de marée comprend un terme semi-diurne (de période 12 heures) et un terme diurne (de période 24 heures). Selon les bassins, l'influence de chaque terme peut être plus ou moins grande. Sur les côtes d'Europe occidentale, le terme semi-diurne prévaut, il y a donc deux hautes mers et deux basses mers chaque jour. Le terme diurne prévaut par exemple en mer de Chine méridionale ou dans le golfe du Mexique. La marée peut aussi être mixte (comme à Victoria), semi-diurne avec des inégalités diurnes (comme à Seattle), ou encore être affectée par les côtes, comme à Southampton où deux hautes mers se succèdent ou le détroit de Cook où la basse mer succède rapidement à la haute mer.

Courants marins

 
Carte des courants marins de 1943.

Les courants marins ont différentes origines. Les courants de marée sont en phase avec la marée, et sont donc quasi périodiques ; ils peuvent atteindre plusieurs nœuds à certains endroits, notamment autour des pointes. Les courants non périodiques ont pour origine les vagues, le vent et les différences de densité.

Le vent et les vagues créent des courants de surface (appelés « courants de dérive »). Ces courants peuvent se décomposer en un courant quasi permanent (qui varie à l’échelle de quelques heures) et un mouvement de dérive sous l’effet du mouvement rapide des vagues (à l’échelle de quelques secondes)43. Le courant quasi permanent est accéléré par le déferlement des vagues, et, dans une moindre mesure, le frottement du vent à la surface44.

Cette accélération du courant se fait dans la direction des vagues et du vent dominant. Toutefois, quand l’eau est assez profonde, la rotation de la terre change la direction du courant au fur et à mesure que la profondeur augmente, tandis que les frottements diminuent leur vitesse. À une certaine profondeur, le courant voit même sa direction s’inverser et sa vitesse s’annuler : c’est la spirale d’Ekman. L’influence de ces courants se fait sentir essentiellement dans la couche mélangée à la surface de l’océan, parfois jusqu’à 400 à 800 mètres de profondeur maximum. Ces courants peuvent varier considérablement avec les saisons. Si la couche mélangée est très peu épaisse (10 à 20 mètres), le courant quasi permanent en surface a une direction très oblique par rapport à la direction du vent, et il est quasiment homogène sur la verticale, jusqu’à la thermocline45.

En profondeur en revanche, les courants marins sont causés par les gradients de température et de salinité entre les masses d’eau.

En zone littorale, le déferlement des vagues est si intense et la profondeur si faible, que les courants atteignent souvent 1 à 2 nœuds.

Masses d'eau

 
Bloc diagramme présentant les différentes masses d'eau et structures océaniques de l'océan Austral.

Les courants isolent des masses d'eau qui se caractérisent par leur température, leur salinité et par les communautés d'organismes qu'elles abritent, en particulier les diverses espèces de phytoplancton et de zooplancton. Ces courants se traduisent ainsi par une structuration latitudinale des masses océaniques en fonction de leurs propriétés physiques, chimiques et biologiques46.

Météorologie marine

Biologie marine : la vie dans les océans

 
Les différents biotopes océaniques.

La biologie marine est la science qui a pour objet d'étudier la vie marine, et donc océanique, sous toutes ses formes. Alors que la mer recouvre 71 % de la surface de notre planète, de par leur profondeur, les océans représentent un volume habitable 300 fois supérieur à celui des habitats terrestres. C'est en cela que la vie océanique est particulière : les 3 dimensions de l'espace sont beaucoup plus occupées que sur Terre. La profondeur joue un rôle très important dans la répartition des espèces.

Les espèces sont en général réparties en fonction de leurs rapports avec le milieu. Une dichotomie est fréquemment réalisée entre le domaine pélagique, peuplé par le pélagos, et le domaine benthique, peuplé par le benthos. Le pélagos est l'ensemble des organismes occupant une colonne d'eau, alors que le benthos est l'ensemble des organismes occupant les fonds marins ou leur surface. Le pélagos est subdivisé en plancton et necton, ce dernier étant l'ensemble des organismes dont la capacité de nage est telle qu'il peut se déplacer contre les courants, les organismes du plancton n'en étant pas capables.

Ce genre de classification aura toutefois des limites, car certains organismes peuvent par exemple être benthiques durant la plus grande partie de leur existence et devenir pélagiques pour se reproduire comme certains Annélides Polychètes comme Néréis ou Syllis (de)13, et de la même façon, on peut trouver des espèces qui sont benthiques le jour et pélagiques la nuit, tels de nombreux crustacés du genre Cumacés13.

Relations être humain - océan

Selon des données récentes47 seuls 4 % environ de l'océan mondial serait relativement épargné par les activités humaines et environ 40 % serait très fortement affecté, essentiellement dans l'hémisphère Nord, près des pays industrialisés, en Manche-mer du Nord, mer de Chine et le long des littoraux nord-américains ainsi que du Sri Lanka48.

La perception de la vulnérabilité de l'océan évolue. À titre d'exemple, mi-2009, 76 % des Français interrogés jugeaient mauvaise la santé des océans49, 70 % d'entre eux estimant que les mesures de protection étaient insuffisantes49. 78 % approuvent le développement d’activités plus respectueuses de l’environnement pour protéger la mer, mais seulement 11 % souhaitent une diminution de ces activités49.

Exploration

Si le trajet sur la surface les océans est pratiqué de longue date, l'exploration des fonds marins ne fut possible que récemment[Quand ?].

Le point le plus profond des océans est l'abysse Challenger de la fosse des Mariannes, situé dans l'océan Pacifique près des îles Mariannes du Nord. Complètement exploré en 1951 par le navire britannique Challenger II, un sondeur bathymétrique multifaisceau monté sur le navire Kilo Moana enregistre en 2009 une profondeur de 10 971 m50.

Le plancher océanique est presque inexploré et n'est pas cartographié. Une carte globale des fonds marins avec une résolution de 10 km, créée en 1995 sur la base des anomalies gravitationnelles de la surface océanique, est en constante amélioration51, grâce à l'accumulation des mesures altimétriques [archive], dont on calcule une moyenne.

Ressources naturelles et services écosystémiques

L'écosystème océanique et côtier génère une grande biodiversité marine. En s'appuyant sur une revue de la littérature, il est possible d'identifier 74 services écosystémiques directement liés à la biodiversité marine et côtière52 :

Pollution

L'océan Mondial est le réceptacle de nombreuses pollutions apportées par l'air, par les rivières, par les littoraux ou directement en mer (impacts des forages pétroliers et des extractions de sables, granulats, alguesdéchets, dégazages, sédiments et boues de curage et munitions immergées. Les accidents, dont marées noires en sont une autre source importante.

L'ONU s'inquiète de voir des phénomènes de vastes « zones mortes » apparaître (plus d'une centaine dans le monde en 2003), dont sur de vastes masses d'eau en aval du Mississippi, ou en mer Baltique. Selon l'ONU, « près de 40 % des océans sont considérés comme « lourdement affectés » par les activités humaines, dont la pollution, la diminution des stocks de poisson, la destruction d'habitats côtiers tels que les récifs de coraux, les mangroves et les algues marines, ainsi que l'implantation d'espèces aquatiques envahissantes »38.

Une étude du Global ocean oxygen network (GO2NE), groupe de travail créé en 2016 par la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO, représentant 21 institutions dans 11 pays, révèle qu'au cours des 50 dernières années[Quand ?], la proportion de zones de haute mer dépourvues de tout oxygène a plus que quadruplé et que les sites à faible teneur en oxygène situés près des côtes ont été multipliés par 10 depuis 1950. Les scientifiques estiment que la teneur en oxygène va continuer à chuter dans ces deux types de zones au fur et à mesure que la Terre se réchauffera ; pour mettre un terme à ce déclin, il est nécessaire de limiter le changement climatique et la pollution par les nutriments, en particulier les engrais et les eaux usées58.

Une étude de WWF parue en 2019 indique que la quantité de déchets plastiques accumulée dans l’océan pourrait doubler d’ici 2030 et atteindre 300 millions de tonnes59.

Vortex de déchets

Les gyres océaniques concentrent les matières polluantes mondiales causées par les rejets et les activités humaines. Ces zones polluées, appelées vortex de déchets, sont présentes dans chacun des cinq principaux gyres océaniques, notamment celui du Pacifique nord et celui de l'Atlantique nord. Cette pollution engendre la mort de nombreuses espèces de la faune marine, notamment par ingestion de matières plastiques. Cette pollution étant située dans les eaux internationales, aucun des États ne souhaite engager un nettoyage massif de ces zones de l'océan.

Protection des océans

La sécurité maritime est gérée sous l'égide de l'ONU par l'organisation maritime internationale (OMI).

Une conférence mondiale des océans60 s'est réunie à Manado, en Indonésie, qui engage ses parties à mieux protéger l'océan mondial, et qui s'est conclue par une déclaration (Déclaration de Manado61). La Commission européenne met en place une « stratégie en faveur du développement de la région de la mer Baltique »62, qui invite et veut aider les États de la région balte à mieux prendre en compte l'environnement.

En 2019, les scientifiques indiquent que le réchauffement des océans est beaucoup plus rapide que ce qui était précédemment estimé63. Le nombre de jours de canicule marine a augmenté de 54 % entre les périodes 1925-1954 et 1987-2016. La fréquence des pics de chaleur a augmenté en moyenne de 34 % tandis que leur intensité s’est accrue de 17 %64.

Le réchauffement climatique pourrait, à lui seul, provoquer une disparition de 17 % de la masse des animaux marins d’ici 2100, selon l'Académie nationale des sciences des États-Unis65.

Chaque année, le 8 juin est la journée mondiale consacrée aux océans. En 2020, l'UNESCO prévoit un événement exceptionnel sur la compréhension des mondes marins dans le but d'encourager les bonnes pratiques et d'assurer la protection des milieux66.

Mythologie

La représentation mythologique de l'océan a varié en fonction des époques et des cultures. Une représentation lui a été attribuée au sein des populations vivant à proximité de l'océan, mais également au sein de populations en étant plus éloignées. Parfois, l'océan est assimilé à la mer dans la mythologie et les récits religieux (dans les mythologies sémitiques, par exemple, où le terme mer signifie parfois également océan67). Parfois, il en est distingué (voir ci-dessous).

Mythologie hellénique

Dans la mythologie grecque, Océan est un Titan, fils d'Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre)68. Il est souvent représenté sous la forme d'un vieillard assis sur les vagues de l'océan, avec un pique à la main et un monstre marin à côté de lui. Il tient une urne et verse de l'eau, symbole de la mer, des fleuves et des fontaines69. L'océan Atlantique est associé par Platon à l'île légendaire de l'Atlantide70. Les Grecs le représentent également comme un gigantesque fleuve encerclant le disque plat de la terre71.

Mythologie celtique

Il est difficile d'identifier une représentation unitaire ou dominante de l'océan à travers la mythologie celtique. Néanmoins, l'océan y fait l'objet de diverses légendes et pratiques cultuelles. Chez les Bretons, la mythique cité d'Ys est localisée dans l'océan. Les Dioscures, auxquels certains Celtes auraient voué un culte, étaient considérés comme des êtres venus de l'océan. Dans la mythologie irlandaise, le Manannan Mac Lir est une divinité présentée comme étant le fils de l'océan. Avalon, le paradis celtique, était également représenté comme île de l'Atlantique, aux côtés de nombreuses autres îles légendaires de l'océan, telles que « Tir na n-Og », la Terre des Jeunes, « Tir na m-Beo », la Terre des Vivants, « Mag Meld », la Plaine de plaisir, « Tir Tairngine », la Terre du bonheur, « Mag Mor », la Grande Plaine, « Tir Aill », l'Autre Monde, ou encore « Tir na m-ban », la Terre des Femmes72.

Mythologie méso-américaine

Les populations précolombiennes du Mexique ont, pour certaines, également fait une place mythologique à l'océan. C'est le cas des Aztèques, qui l'ont personnifiée en la divinité de Chalchiutlicue. Dans la mythologie et religion mayas, la divinité Kukulkan a émergé de l'océan.

Mythologie japonaise

L'océan tenait dans la mythologie japonaise, et le shintoïsme, une place importante. Il était associé (sans lui être directement identifié) à Ryujin, dragon-roi des océans, ancêtre du clan impérial japonais. Il est également le théâtre de nombreux récits aïnous comme les Yukar et les uepeker.

Relations entre océans et climat

 

Les océans jouent un rôle majeur dans le contrôle du climat global, notamment en atténuant les différences de température entre les régions polaires et équatoriales : les eaux froides s'enfoncent près des pôles et sont redistribuées par les courants océaniques profonds ; les eaux chaudes sont redistribuées de l'équateur vers les pôles par la circulation océanique de surface. La forme des océans (globalement allongés nord-sud) a une grande importance, dans le passé géologique elle a été différente au gré de la dérive des continents et l'influence des océans sur le climat a été quantitativement différente.

Les océans et les mers épicontinentales jouent également un rôle crucial dans la régionalisation du climat, notamment en assurant un climat plus tempéré et plus humide à proximité des côtes qu'à l'intérieur des continents et en imposant un régime de moussons dans certaines régions du globe. Les courants marins sont également importants, ils sont par exemple à l'origine de la différence climatique entre les bordures occidentale et orientale de l'Atlantique Nord.

Les océans sont aussi des acteurs importants du cycle du carbone, notamment par une forte dissolution du dioxyde de carbone près des pôles, son stockage en profondeur et un certain relargage dans les régions équatoriales. Globalement, les océans absorbent une partie importante du CO2 rejeté dans l'atmosphère par les activités humaines et atténuent ainsi le réchauffement climatique, par rapport à ce qu'il serait en leur absence. Mais l'efficacité de cette absorption diminue au fur et à mesure du réchauffement des eaux. L'augmentation de la concentration des eaux en CO2 augmente aussi leur acidité, avec des conséquences potentiellement critiques pour les organismes vivant en milieu marin.

Autres océans

Océans disparus

 
Au Trias, la Téthys divisait la Pangée en deux supercontinents, Laurasia et Gondwana.

La tectonique des plaques ayant reconfiguré la physionomie de la Terre au cours des ères géologiques, il a existé plusieurs océans par le passé, désormais disparus (cette liste n'est pas exhaustive, et les dates sont approximatives) :

Le terme « Panthalassa » est aussi utilisé pour tous les cas où la plupart des mers du globe se sont retrouvées réunies en un seul bassin principal : son usage est donc sujet à débat chez les géologues, ainsi que ses bornes historiques.

Océans extraterrestres

 

L'existence d'un ancien océan sur l'hémisphère nord de Mars, voir Oceanus Borealis, est actuellement sujet à débat, ainsi que ce qu'il en serait advenu. Des découvertes récentes réalisées par la mission Mars Exploration Rover indiquent que Mars a possédé de l'eau en au moins un endroit.

Il est possible qu'un environnement de type « terrestre » ait existé sur Vénus, avec des mers ou un océan, au début du système solaire lorsque le Soleil était environ 1/4 moins lumineux qu'actuellement. Mais l'effet de serre s'étant emballé, l'eau s'est évaporée, et a été décomposée par les ultraviolets solaires.

Cependant, de l'eau liquide existe sous la surface de plusieurs satellites, protégée du vide et du froid glacial sous une couche de glaces de plusieurs kilomètres, ou dizaines de kilomètres ; comme Europe ou probablement Callisto et Ganymède ; des indices indiqueraient qu'un océan interne ammoniaqué séparerait la croûte de glace externe des couches de glaces hautes pressions sur Titan.

Il est possible que d'autres satellites, Triton entre autres, ou même Pluton, ou Éris, possédèrent des océans internes désormais gelés.

On a trouvé que Titan possède des hydrocarbures liquides à sa surface, sous la forme de grands lacs plutôt que de mers. Il n'y a pas « d'océan(s) » global sur la lune géante de Saturne, caché(s) sous ses nuées, comme on le suggérait parfois auparavant, avant l'arrivée de la mission Cassini-Huygens. Par contre, il pourrait y avoir un océan interne (voir ci-dessus).

À l'intérieur des planètes géantes (Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune dans notre Système solaire), les gaz présents en surface deviennent de plus en plus denses avec la profondeur du fait de la pression. Ce faisant, ils se fondent assez rapidement en un « océan » d'hydrogène et d'hélium supercritiques[réf. nécessaire]. Cependant, ces planètes ne peuvent pas posséder des océans d'eau liquide en dessous de leur atmosphère, les conditions de pression et de température ne correspondant pas à cet état et cette molécule étant extrêmement peu présente.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ocean » (voir la liste des auteurs).
  1. Jean-Pierre Sanchez, « Chapitre III. Les Îles mystérieuses de l'Atlantique », dans Mythes et légendes de la conquête de l'Amérique, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-2442-2, lire en ligne [archive]), p. 49–66

Voir aussi

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Sources et bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Colline

 
 
 
Collines de Swifts Creek (Australie).

Une colline est un relief généralement modéré et relativement peu étendu qui s'élève au-dessus d'une plaine ou d'un plateau et se distingue dans le paysage1. Les collines peuvent être isolées ou se regrouper en champs de collines.

Étymologie

Le mot colline est mentionné pour la première fois en 1555 . Il s’agit d’un emprunt probable à l'italien collina, lui-même issu de la locution bas latin loca collina, le terme collinus étant dérivé du latin collis « colline »2.

La nature récente de l’emprunt explique l'absence du mot colline dans la toponymie française traditionnelle (hormis dans de rares créations très récentes). C'est pourquoi il est généralement rendu par l’appellatif toponymique mont, sous forme préfixée Mont- (exemple : Montgommery, Montmartre) ou suffixée -mont (Chaumont, Caumont, Bracquemont, etc.). On trouve aussi le terme plus récent de butte pour désigner une colline de faible altitude, souvent à sommet aplati. On le reconnaît dans la butte Montmartre, les buttes Chaumont à Paris ou encore la butte Chaumont, une des collines les plus élevées de Normandie. Il s’agit dans ce cas de trois toponymes pléonastiques.

Cependant, il existe une grande variété de termes dialectaux dont la plupart ont aujourd’hui disparu. Ainsi, en Normandie, on dénombre de nombreuses appellations médiévales pour désigner une colline ou une hauteur, dont certains ont pu subsister jusqu’à nos jours. Ainsi, un petit mont se dit-il dialectalement mouchel, d’où les nombreux le Mouchel. Ailleurs, on peut trouver le Moussel, tandis qu'à l'est la forme commune est plutôt Moncel. Ces mots sont des versions dialectales ou anciennes équivalentes au mot monceau du français standard, ce dernier ayant le sens plus restreint de « tas, amas ». Tous sont issus ultimement du bas latin monticellus qui signifie précisément « colline ». On trouve aussi en Normandie l'ancien terme de Hogue ou Hougue (Nord Cotentin), le premier se référant plutôt à une colline boisée, le second ayant simplement le sens de colline ou de hauteur, voire de tas dans les marais de la Dives. Ainsi trouve-t-on par exemple un village Les Hogues dans l'Eure ou Saint-Vaast-la-Hougue dans la Manche. Ils procèdent tous deux de l'ancien scandinave haugr « tumulus, tas, colline » (accusatif pluriel hauga) cf. islandais haugur; norvégien haug « colline ».

Définition

Contrairement aux pays anglophones qui distinguent les collines (hills) des montagnes (mountains) en fonction de leur dénivelé (la limite est à 600 mètres environ), il n'existe pas dans les pays francophones de limite officielle (une particularité dont l'auteur joue dans le titre du film L'Anglais qui gravit une colline mais descendit une montagne).

En particulier, de modestes collines (de 100 à 600 mètres) sont parfois qualifiées de montagne lorsque leur forme est abrupte, lorsque leur présence contraste beaucoup dans un paysage très plat ou lorsqu'elles constituent une barrière assez étendue à l'horizon. En outre, ces collines ont souvent conservé leur dénomination toponymique ancienne de mont.

En français, la dénomination colline est donc très subjective, tout comme celle de mont par le passé. L'emprunt à l'italien a sans doute représenté une tentative imparfaite pour échapper à la polysémie et au champ sémantique très large du terme mont.

Notes et références

  1. « Colline : étymologie » [archive], sur http://www.cnrtl.fr/ [archive], CNRTL (consulté le )

Voir aussi

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Article connexe

Prairie

 
 

Nom commun

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Nom propre

Toponyme

Drapeau du Canada Canada

Drapeau des États-Unis États-Unis

Drapeau de la France France

Nom propre non toponymique

Voir aussi